DEUXIÈME DIMANCHE DE L'AVENT 2016
(Mt 3, 1-12)
DES
SAUTERELLES ET DU MIEL SAUVAGE
En
ces jours-là, paraît Jean le Baptiste,qui proclame dans le désert
de Judée : « Convertissez-vous car le royaume des Cieux
est tout proche. »
Plus
j'écoute - avec le cœur - la Parole de Dieu, plus je « bêche »
profond
plus
je suis impressionnée par la puissance de l'Annonce, par la Présence
agissante du Père dans le cœur des hommes avant même que se
manifeste le Christ Sauveur ! Oui, comme le proclame un très beau
chant liturgique : « Dieu
est à l’œuvre en cet âge, » !
Jésus
n'est pas encore « entré en scène » et pourtant, Jean
le Baptiste est cette « voix et voie » qui appelle à la
conversion . Pourquoi ? parce que le Royaume –
Jésus -
est tout proche ! Cela ne s'invente pas ! Ne faut-il pas
être inspiré pour oser semblable affirmation ! Jésus est de
sa génération, Il ne s'est pas encore manifesté publiquement, et,
pourtant, Jean
le Baptiste appelle à la conversion,
parle
du Royaume tout proche !
Invitons, ceux dont la foi vacille, à s'asseoir, à lire semblable
passage de l’Écriture, à réfléchir sérieusement, ils
comprendront d'eux-mêmes que l'homme est bien plus qu'un corps !
Ils ne pourront plus nier l'existence de Dieu !
Me
vient en mémoire Jacques Loew, prêtre de la mission St Pierre St
Paul, il était incroyant, c'est en observant tomber de magnifiques
cristaux de neige qu'il a pris conscience que rien n'existe sans un
préalable, ce fut, pour lui, le début de son chemin de
conversion !
Jean
est celui que désignait la parole prononcée par le prophète
Isaïe : Voix
de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du
Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Jésus
sera reconnu comme la
Parole, le Verbe du Père,
Jean le Baptiste est cette
voix,
indiquée par Isaïe. Jean se considère comme un son , car c'est
cela la voix, dont Jésus
est le contenu, l'expression, le révélateur du Père.
Jean, dans son humilité est la voix, celui qui fait du bruit, qui
crie , ne le dit-il pas lui même ? Celui qui émet des sons
dans le désert spirituel du monde, il n'est là que pour inviter à
préparer la route au Fils éternel du Père, cette Parole incarnée.
Jean ne retient pas ceux qu'il rencontre, il les éveille seulement
afin qu'ils soient attentifs pour reconnaître, le moment venu, Celui
qui vient dire le Père ! Jean est Un
chemin, Jésus est LE
chemin !
Lui,
Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de
cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles
et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la
région du Jourdain
se rendaient auprès de lui, et ils étaient
baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Outre
son apparence et son mode de vie austères, Jean le Baptiste attire
des foules. Chose étonnante encore, ces foules demandent et
reçoivent le baptême qui se traduit par une immersion dans les eaux
du Jourdain tout en reconnaissant leurs péchés . Jean le Baptiste
sait pertinemment qu'il prépare ainsi « les chemins du
Seigneur qui vient ».
Ces
comportements ne révèlent-ils pas cette quête spirituelle de
l'homme ? Ne révèlent-ils pas que l'homme est créé grand,
par cet Être Supérieur, Dieu, qui lui insuffle Son Esprit avant
même sa manifestation, Lui permettant de différencier le Bien du
Mal, éveillant en lui ce besoin vital de rejeter ce dernier, de s'en
laver par un bain de régénération (notre sacrement de
réconciliation) ? Après cela laisserons-nous encore, nos
frères accuser l’Église d'avoir inventer les sacrements ?
Jésus les a sanctifiés, mais les prémices précèdent la Nouvelle
Alliance acquise dans le Sang de Jésus !
N'avons-nous
pas là , s'il en est besoin, une démonstration d'un Dieu qui
propulse l'homme et le fait plus grand que les apparences ?
Voyant
beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son
baptême, il leur dit :« Engeance de vipères ! Qui
vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un
fruit digne de la conversion. N’allez
pas dire en vous-mêmes :
‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis des
pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham.
Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre
qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Sans
doute est-on surpris par les invectives de Jean le Baptiste à
l'adresse de ceux qui lui demandent le baptême, ses propos n'ont
rien d'encourageant ! « Engeance
de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?
Produisez donc un fruit digne de la conversion. » Remarquons
que le Précurseur parle aux pharisiens et aux Sadducéens ceux-la
mêmes que nous retrouverons à tous les moments clefs de la vie de
Jésus cherchant à Le mettre en difficulté, à le provoquer, à
trouver la faille qui leur permettrait de Le mettre à mort !
Les propos de Jean le Baptiste sont violents parce qu'il a conscience
du décalage entre leur demande et leur vécu ! Produisez donc
un fruit digne de la conversion, clame-t-il ! Là est le nœud,
dans ce décalage entre leur vécu et leur apparente quête d'un
renouvellement par le baptême !
Attention,
cette parole est aussi pour chacun de nous : Jésus est venu,
Jésus ne cesse d'advenir en nos vies, nous avons Sa Parole pour
accorder notre vie à la Sienne, que faisons-nous de cette Parole ?
Essayons-nous de la faire coller aux actes que nous posons, ou,
plutôt, nos actes sont-ils conformes à cette Parole que nous sommes
sensés vivre ? Prends et mange dit
Dieu au Prophète Ézéchiel : « Il
me dit : Fils de l'homme, mange ce que tu trouves, mange
ce rouleau,
et va, parle à la maison d'Israël!…
Ez 3. La
bouche parle de l'abondance du cœur, si je ne me nourris pas de la
Parole je ne peux prétendre transmettre la vie qu'elle communique.
Et le Baptiste ne nous trompe pas : «tout
arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au
feu » pas
plus qu'il ne trompait ceux qui venaient vers lui .
Le
fait d'être de la descendance d'Abraham n'est pas une garantie de
salut. La vraie conversion doit produire un fruit visible. Si nous ne
vivons pas ce que nous avons reçu, si nous n'annonçons pas le
message évangélique nous serons coupés et jetés au feu !
Mais, en réalité, c'est nous qui nous coupons, c'est nous qui nous
éloignons !
Moi,
je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui
vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de
lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et
le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son
aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ;
quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Dans
son humilité, Le Baptiste reconnaît que le baptême qu'il propose
n'est qu'une étape - c'est cela aussi préparer les chemins du
Seigneur - et il annonce Celui qui baptisera dans l'Esprit Saint. Ne
faut-il pas connaître l’Écriture de la première Alliance pour
savoir qu'il existe un Esprit Saint ? On ne relève que cinq
mentions explicite de l'Esprit Saint dans l'Ancien Testament, dont
deux en Isaïe 63, une dans le psaume 51 et deux autres dans le Livre
de la Sagesse. Ne faut-il pas être éclairé de l'intérieur, être
inspiré par plus grand que soi pour annoncer Celui qui vient et que
le Baptiste reconnaît comme étant plus grand que Lui mais agi par
une force qui le dépasse, lui, le Précurseur ? Et que Isaïe
annonce en ces termes
« Sur lui (Jésus) reposera l’esprit du Seigneur :
esprit de sagesse et de discernement,esprit de conseil et de
force,esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui
inspirera la crainte du Seigneur.Il ne jugera pas sur l’apparence ;
il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec
justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles
du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du
souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice
est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture
de ses reins... Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute
ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le
pays »
La
porte de l'année jubilaire de la Miséricorde vient de se refermer,
la plupart d'entre nous , ont vécu ce temps comme une grâce
incomparable, mais ce serait une erreur de se croire arrivé !
Qui d'entre nous d'ailleurs, oserait prétendre n'avoir plus rien à
changer dans sa vie ? Si c'était le cas, alors reprenons vite
notre Évangile un crayon à la main, comme je le dis souvent, parce
que je le crois, si nous sommes sincères, nous serons vite
renseignés sur nous-mêmes !
Comme
nous y invite Jean Le Baptiste, laissons-nous convertir par le don de
Dieu , demandons à Jésus qui vient, les uns pour les autres, de
nous laisser renouveler afin qu'en ce Noël 2016, nous soyons
délivrés du mal ! Et
En
ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin
des temps. Ps 71
L'Ermite
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