vendredi 31 mars 2023

"Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur"


DIMANCHE DES RAMEAUX


et de la PASSION du SEIGNEUR

Année A


Le dimanche des Rameaux et le dimanche de Pâques je serai très brève. Il me semble bon de laisser la place à la Parole dépouillée pour que chacun se recueille et la reçoive, vraiment, comme « le trésor caché », que nous n'aurons jamais fini de découvrir. De plus, nos paroisses donneront une nourriture spirituelle abondante qui assouvira notre appétence spirituelle.

Voici ton roi qui vient vers toi

plein de douceur

monté sur une ânesse et un petit âne

le petit d'une bête de somme.

Mt,21

Souvenons-nous, après la résurrection de Lazare, dimanche dernier , le grand Conseil décida de faire mourir Jésus, qui devenait vraiment trop gênant :

« A partir de ce jour-là,( le retour à la vie de Lazare) le grand Conseil fut décidé à le faire mourir. C'est pourquoi Jésus ne circulait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d'Éphraïm où il séjourna avec ses disciples. Or, la Pâque des Juifs approchait, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la fête. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : « Qu'en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! » Les chefs des prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu'on puisse l'arrêter. (Jn 11)

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, celui qu'il avait ressuscité d'entre les morts. On donna un repas en l'honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était avec Jésus parmi les convives. ...

Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu'il avait ressuscité d'entre les morts.

Les chefs des prêtres décidèrent alors de faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s'en allaient, et croyaient en Jésus.

Le lendemain, la grande foule qui était venue pour la fête, apprenant que Jésus arrivait à Jérusalem, prit des branches de palmier et sortit à sa rencontre. Les gens criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d'Israël ! » Jésus, trouvant un petit âne, monta dessus. Il accomplissait ainsi l'Écriture : N'aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d'une ânesse. Les disciples de Jésus ne comprirent pas (Jn 12)

Ici l’Évangile de Jean rejoint celui de St Matthieu qui ouvre la célébration de ce dimanche :

Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ;d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient :« Hosanna au fils de David !Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !Hosanna au plus haut des cieux ! »    Comme Jésus entrait à Jérusalem,toute la ville fut en proie à l’agitation,et disait :« Qui est cet homme ? »    Et les foules répondaient :« C’est le prophète, Jésus de Nazareth en Galilée. »

Je, tu,(toi) nous, sommes membres de cette foule en ce dimanche des Rameaux , nous acclamons notre Roi avec la foi qui est la nôtre et qui ne se mesure pas avec un « mètre ruban », nous chantons à pleines voix : « Hosanna au fils de David !Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !Hosanna au plus haut des cieux ! » en agitant joyeusement un rameau qui sera béni et que nous apporterons à la maison, peut-être même, aurons-nous la délicatesse d'en offrir un, à une personne de notre voisinage qui ne peut pas se déplacer.

Si quelqu'un , sur notre chemin de retour nous demande : « que se passe-t-il ? Qui acclamiez-vous ? » Que lui répondrons-nous ? Sans pression, sans prosélytisme, saurons-nous lui dire simplement, ce que L’Église universelle célèbre en ce jour et dans les jours qui suivent ?

Et Jeudi, vendredi, samedi où serons-nous ? Ce rameau que je suis venu(e) agiter à l’Église est-ce mon gris-gris protecteur pour l'année qui vient, un point c'est tout ! Ou bien, j'ai célébré aujourd'hui mon ENTREE dans la GRANDE SEMAINE des chrétiens durant laquelle je vais m'organiser, autant que faire se peut, pour participer physiquement à cette semaine UNIQUE durant laquelle je vais suivre Jésus, pas à pas , Jésus qui Se LIVRE, qui se laisse bafouer, injurier, humilier SANS MOT DIRE pour prendre sur LUI mon péché et payer ma dette ?

Une amie, m'a prêté récemment un DVD qui rend compte de la vie de St NEKTARIOS un évêque Orthodoxe Catholique qui peut aider à mieux comprendre concrètement, ce que signifie « Vraiment c'était nos maladies qu'il portait, et nos douleurs dont il s'était chargé; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé de Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. (Is 53) ( Titre du DVD :l'Homme de Dieu : Sage Distribution)

Je demande au Seigneur, par l'intercession de St NEKTARIOS, de nous permettre d'entrer, avec tout notre être, dans cette grande et belle et unique Semaine Sainte, où Jésus nous manifeste Son incommensurable Amour ! Prions les uns pour les autres et faisons silence en nous-mêmes, pour entendre ce que Jésus veut nous dire ! Amen



Un petit rameau…
A quoi cela sert?
Ce n’est pas très beau
Et si ordinaire!


Alors, le rameau
Ouvrit grand ses branches
Et en quelques mots
Me dit ce dimanche:


«Je ne suis que buis
Mais un buis béni,
Promesse de vie
Pour tous ceux qui prient.

Dans votre demeure,
Je serai repère
De Jésus Sauveur
Et de Dieu son Père…»

Ce petit rameau
Savait bien parler…
Chacun de ses mots
A su me toucher.

Aussi, je l’ai pris
Et je l’ai gardé,
Sur table de nuit,
Je l’ai déposé.

A chaque sommeil,
Moi, je le regarde…
Je sais qu’il me veille
Et que Dieu me garde.


L'Ermite

vendredi 24 mars 2023

JE SUIS LA RESURRECTION ET LA VIE !

 

CINQUIEME DIMANCHE


DE CARÊME


Année A


(Jn 11, 1-45 )



 Il y avait quelqu’un de malade,Lazare, de Béthanie,le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux.C’était son frère Lazare qui était malade.
Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus :« Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit :
« Cette maladie ne conduit pas à la mort,elle est pour la gloire de Dieu,afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade,il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.

Nous sommes en présence d'une fratrie liée à Jésus et leur amitié est telle, que les deux sœurs se permettent de dépêcher un messager auprès de Jésus pour qu'Il vienne auprès de Son ami Lazare, pour le guérir. Les deux sœurs expriment ainsi leur immense confiance en Jésus. Jésus ne panique pas, Il ne se précipite pas, Il continue ce qu'Il est entrain de vivre en précisant qu'il s'agit d'une maladie qui ne conduit pas à la mort elle est pour la gloire de Dieu,afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Il arrive que le Seigneur fasse la sourde oreille quand nous L'appelons, et nous nous impatientons, parfois nous nous révoltons , souvent, nous agissons en enfants capricieux : « je veux tout, et tout de suite » ! Ces comportements induisent plusieurs réflexions :

Quand je reconnais un appel du Seigneur dans mon cœur,ou bien quand un membre de ma famille, un ami, me demande un service, quelle est ma réponse ? « Aussitôt » comme les apôtres, ou bien je laisse traîner jusqu'à oublier parfois ?

Est-ce que je sais reconnaître un message du Seigneur quand Sa réponse tarde à venir ? Soit, Il attend que je sois prêt(e) à recevoir Ses dons, soit, Il attend les conditions qui feront éclater Sa gloire pour moi, pour mon entourage !

Peut-être ma demande est-elle inadaptée et je comprendrai par la suite où le Seigneur me conduit !

Demandons la grâce, les uns pour les autres de rester dans la confiance, de cultiver la confiance et l'abandon, Notre Père nous aime et sait, Lui, ce qui est le meilleur pour chacun et chacune de nous.

Puis, après cela, il dit aux disciples :« Revenons en Judée. »    Les disciples lui dirent :« Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider,et tu y retournes ? »    Jésus répondit :« N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ?Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas,parce qu’il voit la lumière de ce monde ;    mais celui qui marche pendant la nuit trébuche,parce que la lumière n’est pas en lui. » 

Les apôtres , et c'est justifié, veulent protéger leur Maître, plusieurs fois déjà, ils L'ont vu confronté aux reproches de Ses opposants et tout récemment, lors de la fête de la Dédicace « Là-dessus, ils cherchèrent de nouveau à se saisir de lui, mais il s'échappa de leurs mains ». (Jn 10) Jésus n'a en tête et dans Son cœur, qu'une seule chose l'accomplissement de l’œuvre du Père rien ne l'arrêtera avant Son heure. N'est-Il pas « la lumière du monde », c'était l'un des messages de dimanche dernier !

Après ces paroles, il ajouta :« Lazare, notre ami, s’est endormi ;mais je vais aller le tirer de ce sommeil. »    Les disciples lui dirent alors :« Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. »    Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement :« Lazare est mort,  et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais, allons auprès de lui ! »    Thomas,appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),dit aux autres disciples :« Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »

Il est intéressant de constater, qu'au-delà de l'amitié qui lie Jésus à la famille de Béthanie, en se déplaçant à Son rythme, Jésus voit surtout la formation de Ses apôtres et l'enracinement de leur foi. Certaines expériences sont indispensables pour fortifier les apôtres ; quand l'Heure de Jésus sera venue, ils accepteront mieux l'incompréhensible ! Et c'est celui qui dira « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (Jn 20) qui, aujourd'hui, entraîne ses frères à se risquer de retourner en Judée avec Jésus !

À son arrivée,Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà.    Comme Béthanie était tout près de Jérusalem– à une distance de quinze stades(c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –,    beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.    Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre,tandis que Marie restait assise à la maison.

Nous retrouvons Marthe, la femme d'action et Marie plus contemplative, recueillie à la maison.Marthe ne se déplace pas uniquement pour accueillir Jésus, elle a hâte de lui faire remarquer Sa lenteur à réagir, nous ne tarderons pas à l'entendre. On ne sait pas ce que couvre l'attitude de Marie ! Sans doute retrouve-t-elle son bien-aimé frère dans la prière et le souvenir, peut-être nourrit- elle une pointe d'amertume à l'égard de Jésus qui a tardé.Ce qui est certain, c'est Marthe, la meneuse, l'aînée aussi,qui prend les choses en mains !

 Marthe dit à Jésus :« Seigneur, si tu avais été ici,mon frère ne serait pas mort.    Mais maintenant encore, je le sais,tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. »    Jésus lui dit :« Ton frère ressuscitera. »    Marthe reprit :« Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection,au dernier jour. »    Jésus lui dit :« Moi, je suis la résurrection et la vie.Celui qui croit en moi,même s’il meurt, vivra ;    quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.Crois-tu cela ? »   Elle répondit :« Oui, Seigneur, je le crois :tu es le Christ, le Fils de Dieu,tu es celui qui vient dans le monde. »

Arrêtons-nous sur le doux dialogue entre Marthe et Jésus , c'est Marthe qui ouvre la conversation, elle est pressée d'exprimer son regret de l'absence de Jésus au moment précis où la famille avait vraiment besoin de Lui, toutefois, sans permettre à Jésus de s'exprimer, elle enchaîne, dans le cas où Il n'y penserait pas , « maintenant encore, je le sais,tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Affectueuse simplicité qui exprime le fond de sa pensée, merveilleuse foi qui force un peu la main de Jésus et en même temps qui affirme la relation unique qu'Il entretient avec le Père, Son Père et notre Père! Jésus , d'ailleurs, dira un peu plus tard : « Je savais que tu m'exauces toujours » Marthe montre qu'elle connaît bien Jésus, qu'elle a en Lui,une immense confiance . Avons-nous cette spontanéité dans nos rencontres avec Jésus, lui parlons-nous librement , simplement, lui livrons-nous le fond de nos pensées, avec cette foi , cette confiance inébranlable !

Cette fois Jésus répond, mais en maintenant le suspens. Il ne dit pas si c'est maintenant ou à la fin des temps« Ton frère ressuscitera. » ce qui n'échappe pas à Marthe qui répond promptement « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection,au dernier jour. »  Sous-entendu moi, je te parle de l'instant ! En même temps Jésus conduit Marthe à dire sa foi en la résurrection devant tous les amis présents, et elle n'hésite pas ! Ce qui permet à Jésus de Se présenter , comme étant en personne, Résurrection et vie, de quoi troubler bien des esprits chagrins, et Il demande à Marthe de se prononcer là, en l'instant , devant tous :« Moi, je suis la résurrection et la vie.Celui qui croit en moi,même s’il meurt, vivra ;    quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.Crois-tu cela ? »  C'est très subtil de la part de Jésus, Il annonce en effet ce qui se passera dans quelques jours pour Lui, au terme de la Passion et pour nous à l'Heure du Père ! A Marthe, Jésus révèle qu'Il est la RESURRECTION ET LA VIE , a-t-elle mesuré la densité de ces réalités ? Dire cela, c'est affirmer ÊTRE EN SOI, RESURRECTION ET VIE , c'est tout simplement divin ! Qui peut dire qu'il est la VIE , qu'il est la RESURRECTION sinon DIEU ? Et Jésus affirme que celui, l'humain, qui croit, vit ( sous-entendu de Sa vie, de Son Évangile) ne mourra JAMAIS ! La mort n'étant que l'accés à l'autre rive !Et Marthe, dans son élan, dans sa confiance, dans la profondeur de sa foi, affirme ce que nous proclamerons la nuit de Pâques :« Oui, Seigneur, je le crois :tu es le Christ, le Fils de Dieu,tu es celui qui vient dans le monde. » Quelle est belle et profonde la Profession de Foi de Marthe : Je crois que Tu es l'oint du Père, je crois que tu es Son Fils , je crois que tu es Son envoyé sur terre , c'est ce que nous proclamons chaque Dimanche au cours de la célébration Eucharistique : « Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :Il est Dieu, né de Dieu,lumière, née de la lumière,vrai Dieu, né du vrai Dieu Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ;et par lui tout a été fait.Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel.

Sans attendre Marthe s'éclipse, en sœur aimante, elle va chercher sa sœur Marie  :

Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie,et lui dit tout bas :« Le Maître est là, il t’appelle. »    Marie, dès qu’elle l’entendit,se leva rapidement et alla rejoindre Jésus.    Il n’était pas encore entré dans le village,mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe L'avait rencontré !

Marie n'était pas seule à la maison de Béthanie,des amis la soutenaient et tentaient d'alléger sa douleur, ils ne la laissent pas partir seule, ils l'accompagnent :

Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient,la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ;ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit,elle se jeta à ses pieds et lui dit :« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »Quand il vit qu’elle pleurait,et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi,Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé,    et il demanda :« Où l’avez-vous déposé ? »Ils lui répondirent :« Seigneur, viens, et vois. »    Alors Jésus se mit à pleurer.    Les Juifs disaient :« Voyez comme il l’aimait ! »    Mais certains d’entre eux dirent :« Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle,ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »    Jésus, repris par l’émotion,arriva au tombeau.

Marie,qui ignore tout du contenu de la rencontre de Marthe avec le Maître ,dès qu'elle Le voit, sans autre entrée en matière, parce que sa douleur est immense et qu'elle ne peut plus que penser à cette absence, Marie, se jette aux pieds de Jésus et, parce qu'elle a confiance en Lui, parce qu'elle reconnaît, et connaît Sa compassion, Son

amour de l'humain, parce qu'elle a en tête ce qu'Il est capable de faire pour quiconque est en détresse ( ce que souligneront certains amis de la famille) Marie exprime sa douleur « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »Marie, à son tour exprime sa foi en la puissance d'amour de Jésus avec une limite, cependant ; pour elle désormais, c'est terminé ! Quant à Jésus Il laisse apparaître toute Son humanité, Il ne transcende pas la situation, Il laisse monter en Lui et apparaître Ses émotions : fut saisi d’émotion, il fut bouleversé,et quand à Sa demande on Lui montre le lieu de la « déposition » Jésus se mit à pleurer. Jésus est pleinement homme,Il souffre vraiment avec ceux qui souffrent, Il pleure avec ceux qui pleurent . Parce qu'il a compris cet aspect du cœur de Jésus, St Paul écrira aux Romains :

Bénissez ceux qui vous persécutent: bénissez et ne maudissez pas. Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie; pleurez avec ceux qui pleurent.Ayez les mêmes sentiments entre vous; n'aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux; ne rendez à personne le mal pour le mal; veillez à faire ce qui est bien devant tous les hommes. (Rm 12)

Jésus pleurera sur Jérusalem juste avant la semaine de la Passion et après Son entrée triomphale dans la ville Sainte :Et quand il fut proche, voyant la ville, il pleura sur elle, (Lc 19) et par la Lettre aux Hébreux nous apprenons qu'Il a pleuré durant la Passion « dans les jours de sa chair, ayant avec de grands cris et avec larmes offert des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé pour sa piété, a appris, tout Fils qu'il est, par ses propres souffrances, ce que c'est qu'obéir; et maintenant que le voilà au terme, il sauve à jamais tous ceux qui lui obéissent. (Hb 5)

Jésus est pleinement homme, Il S'est réellement chargé de nos souffrances ( cf Le Serviteur Souffrant ) et quand il arrive au tombeau de Lazare Il est sincèrement saisi par l'émotion, Ses détracteurs eux-mêmes le reconnaissent :« Voyez comme il

l’aimait ! »C’était une grotte fermée par une pierre.    Jésus dit :« Enlevez la pierre. »Marthe, la sœur du défunt, lui dit :« Seigneur, il sent déjà ;c’est le quatrième jour qu’il est là. »    Alors Jésus dit à Marthe :« Ne te l’ai-je pas dit ?Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »    On enleva donc la pierre.  Après cela, il cria d’une voix forte :« Lazare, viens dehors ! » 

La grotte, comme tout tombeau, était évidemment fermée, de plus, par une lourde pierre qu'on pouvait faire rouler pour accéder à l'intérieur . Dans quelques jours, Jésus, le mal-aimé, connaîtra la même situation, sans doute se projette-t-il vers ce qui L'attend, mais en ce moment, c'est Lui qui est , si j'ose dire, de service . Jésus demande que cette pierre soit retirée , Marthe lui rappelle que Lazare est dans ce lieu de mort, depuis quatre jours, au fond d'elle-même, elle espère, mais à sa façon, ouvrir le tombeau n'est-ce pas disproportionné ? Oui Marthe sait, elle vient même de redire à Jésus « Mais maintenant encore, je le sais,tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » mais Lazare est enfermé depuis quatre jours, elle a peur . Peut-être est-elle sous pression en raison du pur et de l'impur de la Loi Mosaïque, comment vont réagir les amis qui les entourent ? Devant l'apparemment impossible , nous reconnaissons le combat qui se joue dans son esprit et dans le nôtre, quand nous croyons sans croire vraiment, quand il y a au fond de notre être ce petit pincement qui nous empêche de lâcher prise , de nous abandonner , de croire que Dieu est le Dieu de l'impossible ! «Cela est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu. (Mt 19) Devant le trouble de Marthe, Jésus Lui rappelle ce qu'Il lui disait plus haut :« Ne te l’ai-je pas dit ?Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »  L'entourage à la fois impatient et curieux et dubitatif n'attend pas davantage et roule la pierre et Jésus comme lors de la multiplication des pains, où de la grande et belle Prière Sacerdotale Jésus commence par se tourner plus explicitement vers Son Père et notre Père de qui Il Se reçoit, et de qui Il reçoit tout à tout instant pour rendre grâce de l'exaucement de Sa prière.Dans Son Cœur Il sait que Son Père ne Lui refuse rien parce qu'Il accomplit constamment Sa Volonté . Jésus donc prie, non pour Lui, mais pour que ceux qui attendent , sans savoir ce qu'ils attendent : qui peut en effet imaginer la suite. Lazare , gît, enfermé dans un tombeau et ligoté , enserré, dans des bandelettes . Tous sont en haleine et voient et entendent :

Jésus leva les yeux au ciel et dit :« Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé.    Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ;mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure,afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »  

Prenons le temps de nous arrêter personnellement sur la prière de Jésus, de nous demander si nous savons rendre grâce avant d'avoir reçu sachant que d'une façon ou d'une autre, nous sommes toujours exaucés, pas nécessairement en recevant ce que nous demandons, notre demande étant parfois à l'image de l'enfant de deux ans qui veut un couteau alors qu'il ne saura pas s'en servir. Croyons-nous vraiment que Dieu est le Maître de l'impossible ? Demandons, les uns pour les autres la foi , cette foi à déplacer les montagnes de nos difficultés, de nos attentes , de nos espérances et, comme Jésus qui poursuit Sa mission , ayant prié agissons, sûrs que Dieu est à l’œuvre :

 Après cela, il cria d’une voix forte :« Lazare, viens dehors ! » Instant de frémissement, de souffle coupé , certains ferment les yeux parce qu'ils ne croient pas à l'impossible et pourtant : le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire.

Je te dis que si tu crois tu verras la Gloire de Dieu, tu verras la gloire de Dieu, tu verras, la gloire de Dieu ! Je te dis que si tu crois tu verras la gloire de Dieu (Motet liturgique) tous sont sans voix, tous sont dépassés et nous aussi ! A ce moment, nous n'avons que l'adoration :Et ravis d'une admiration sans bornes, ils disaient : " Il a fait tout très bien : il a fait entendre les sourds et parler les muets. (Marc 7) et nous ajoutons et ressusciter les morts ! En réalité, ici il s'agit plutôt d'un retour à la vie, , Lazare a son même corps, il reprend sa vie familiale comme auparavant , Jésus n'avait-il pas dit :« Cette maladie ne conduit pas à la mort,elle est pour la gloire de Dieu,afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » A la fin des temps lorsque nous ressusciterons St Paul explique :Aussi bien, quiconque est en Jésus-Christ est une nouvelle créature; les choses anciennes sont passées, voyez tout est devenu nouveau. (2C 5) Nous serons des êtres nouveaux !

Jésus leur dit :« Déliez-le, et laissez-le aller. » Tiens ! Jésus ne le délie pas Lui-même ? Pourquoi?Jésus a guéri récemment l'aveugle de naissance en apposant, sur ses yeux , de la boue fabriquée avec de la terre et Sa salive, Il s'est laissé toucher par un lépreux, Il a mis de Sa salive sur la langue d'un muet pour lui permettre de parler, avec le sourd ….pourquoi ne délie-t-il pas Lazare ? Pour nous très certainement ! Il arrive, en effet, que nous ligotons des frères, des sœurs, dans un acte, une parole que nous n'admettons pas, nous leur tournons le dos et parfois jusque à leur mort et au-delà Jésus nous demande semble-t-il ici de délier nos frères, vivants ou défunts, de faire taire nos rancunes, nos vengeances , parce que seul, l'Amour a « droit de cité » quand on est fils et fille de Dieu ! Les défunts , pensez-vous, c'est terminé ! Mais non, mais non ! Je te dis que si tu crois les défunts, sont vivants en Dieu, dans notre prière, nous pouvons les rejoindre et leur souhaiter la « Paix de Dieu » les assurant de notre affection, leur accordant notre pardon, en leur demandant le leur , ils trouveront la paix totale et nous également ! De plus, surtout en ce temps où Jésus se livre nous pouvons déposer ce « fardeau » au sacrement de la réconciliation et notre paix sera entière ! Je te dis que si tu crois tu verras la Gloire de Dieu !

Aujourd'hui Jésus vient, par contre, de signer « Sa condamnation ! Si beaucoup de juifs , comme le dit notre péricope , crurent en lui, comme lors de la merveilleuse rencontre avec la Samaritaine

Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

D'autres par contre : allèrent trouver les Pharisiens, et leur racontèrent ce que Jésus avait fait. Les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent donc le Sanhédrin et dirent: "Que ferons-nous? Car cet homme opère beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui, et les Romains viendront détruire notre ville et notre nation." L'un d'eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit: "Vous n'y entendez rien; vous ne réfléchissez pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas." Il ne dit pas cela de lui-même; mais étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation; Et non seulement pour la nation, mais aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés. Depuis ce jour, ils délibérèrent sur les moyens de le faire mourir. (Jn 11)

Dans une semaine nous célébrerons l'Entrée de Jésus à Jérusalem , entrons avec Lui, ne Le Laissons pas seul !



Voici que s'ouvrent pour le roi

(Rimaud/Berthier/

REFRAIN


Dieu sauveur,Oublie notre pêché.
Mais souviens-toi de ton amour.
Quand tu viendras dans ton Royaume.

1
Voici que s'ouvrent pour le Roi les portes de la ville :
Hosanna! Béni sois-tu, Seigneur!
Pourquoi fermerez-vous sur moi la pierre du tombeau,
dans le jardin?

2
Je viens, monté sur un ânon en signe de ma gloire:
Hosanna! Béni sois-tu, Seigneur!
Pourquoi me ferez-vous sortir au rang des malfaiteurs,
et des maudits?

3
Vos rues se drapent de manteaux jetés sur mon passage :
Hosanna! Béni sois-tu, Seigneur!
Pourquoi souillerez-vous mon corps de pourpre et de crachats,
mon corps livré?

4
Vos mains me tendent les rameaux pour l'heure du triomphe :
Hosanna! Béni sois-tu, Seigneur!
Pourquoi blesserez-vous mon front de ronce et de roseaux,
en vous moquant?


L'Ermite

Les illustrations sont la propriété de Bernadette LOPEZ

vendredi 17 mars 2023

SERIONS-NOUS AVEUGLES NOUS AUSSI ?

 

QUATRIEME DIMANCHE


DE CARÊME


Année A


(Jn 9, 1-41)



Après avoir parcouru la Galilée Jésus est monté discrètement à Jérusalem parce que les Juifs cherchaient à Le faire mourir. C'était la fête des Tentes et Il se mit à enseigner dans le Temple, les Juifs lui dirent :

"Vous n'avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham?" Jésus leur répondit: "En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fut, je suis."Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha, et sortit du temple. (Jn 8)

En sortant du Temple,    Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance.    Ses disciples l’interrogèrent :« Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents,
pour qu’il soit né aveugle ? »
Il me semble juste de prendre quelques instants pour entendre cette question des apôtres qui peut résonner encore dans certains milieux de nos jours et d'accueillir avec foi, la réponse de Jésus :Jésus répondit :« Ni lui, ni ses parents n’ont péché.Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.Jésus veut attirer notre attention sur les épreuves de nos vies au terme desquelles la gloire de Dieu sera manifestée.Jésus révèle que la souffrance n'est jamais une malédiction, une punition, mais une occasion pour chacun de nous, de nous interroger sur le sens de cette épreuve dans notre vie personnelle ? Il s'agit, avec la grâce de l'Esprit Saint, de découvrir le message que le Seigneur Dieu nous adresse à travers cette situation précise. Dieu est Parole dans les événements de nos vies. Avec le temps, nous comprendrons que telle épreuve m'a protégé(e) du pire personnellement ou la personne éprouvée dans ma famille, mon entourage Retenons essentiellement , que Dieu est PAROLE dans tous les événements de nos vies , qu'ils soient heureux ou douloureux, à nous de les accueillir dans la foi et d'essayer d'en découvrir le message. 

Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé,tant qu’il fait jour ;la nuit vient la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.    Aussi longtemps que je suis dans le monde,je suis la lumière du monde. » Nous avons parlé de l'Oeuvre du Père dimanche dernier . Pour Jésus, « tant qu'il fait jour » est ce temps où Il accomplit les Écritures, « la nuit » sera le temps de la Passion / Résurrection, quant à Sa Mission de Lumière du Monde elle est de toujours à toujours, mais plus manifeste , là, au milieu de Ses apôtres. Jésus EST toujours notre Lumière mais nous devons nous efforcer , avec Sa grâce, de discerner, car l'ange des ténèbres peut très bien se faire passer pour un ange de lumière , ne soyons pas crédules mais croyants  Saint Paul fait cette recommandation :N'éteignez pas l'Esprit. Ne méprisez pas les prophéties; mais éprouvez tout, et retenez ce qui est bon; abstenez-vous de toute apparence de mal. (1Th 5)

Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ;puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,    et lui dit :« Va te laver à la piscine de Siloé »– ce nom se traduit : Envoyé.L’aveugle y alla donc, et il se lava ;quand il revint, il voyait.    Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant– car il était mendiant –dirent alors :« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »    Les uns disaient :« C’est lui. »Les autres disaient :« Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »Mais lui disait :« C’est bien moi. »    Et on lui demandait :« Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »    Il répondit :« L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue,il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit :‘Va à Siloé et lave-toi.’J’y suis donc allé et je me suis lavé ;alors, j’ai vu. »    Ils lui dirent :« Et lui, où est-il ? »Il répondit :« Je ne sais pas. »    On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.    Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir.Il leur répondit :« Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé,et je vois. »    Parmi les pharisiens, certains disaient :« Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. »D’autres disaient :« Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? »Ainsi donc ils étaient divisés.    Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle :« Et toi, que dis-tu de lui,
puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »Il dit :« C’est un prophète. »    Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir.C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents    et leur demandèrent :« Cet homme est bien votre fils,et vous dites qu’il est né aveugle ?Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »    Les parents répondirent :
« Nous savons bien que c’est notre fils,et qu’il est né aveugle.    Mais comment peut-il voir maintenant,nous ne le savons pas ;et qui lui a ouvert les yeux,nous ne le savons pas non plus.Interrogez-le,il est assez grand pour s’expliquer. »    Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs.En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ.    Voilà pourquoi les parents avaient dit :« Il est assez grand, interrogez-le ! »    Pour la seconde fois,les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle,et ils lui dirent :« Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »    Il répondit :« Est-ce un pécheur ?Je n’en sais rien.Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. »    Ils lui dirent alors :« Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »  

La semaine dernière Jésus rencontrait la Samaritaine, une femme installée, si j'ose dire, dans une vie désordonnée, mais une femme de désir, prête à boire l'eau vive proposée par Jésus . C'est Jésus qui prend l'initiative de la rencontre en occupant la margelle du puits où la femme venait puiser l'eau.En avançant pas à pas avec Jésus, cette samaritaine devient missionnaire de la Bonne Nouvelle, en invitant le village à rencontrer Celui qui lui a rendu sa liberté originelle.

Aujourd’hui, nous contemplons une nouvelle rencontre du Verbe Incarné , c'est encore Lui qui a l'initiative, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. C'est Jésus, en effet qui voit . Première question : savons-nous VOIR ce qu'il est juste et bon de voir ? Savons-nous REGARDER avec un regard aimant les hommes et les femmes de notre temps ? Savons-nous , quand c'est nécessaire, leur apporter le secours qui leur offrira une vie meilleure ? Les apôtres , bien enracinés dans la culture de leur temps,cherchent la raison de cette cécité , Jésus, venu accomplir l'Oeuvre du Père, sans attendre la moindre demande de l'aveugle intervient et , l'envoie se laver à la piscine pour le rendre acteur de sa guérison, car Dieu ne fait rien sans notre participation : quand il revint, il voyait ! Et là, tout bascule . Jusque-là cet homme était observé , il n'était pas regardé amicalement avec compassion, mais observer avec ce que ce terme véhicule de questionnement : est-il vraiment aveugle ? Joue-t-il avec les sentiments des passants pour remplir son escarcelle ? Subitement, il existe pour ceux qui le dévisageaient sans lui adresser la parole . D'ailleurs, s'il commence à exister, il suscite bien des commentaires, nous dirions même qu'il  « fait jaser ».

Quand une situation nouvelle, inattendue, nous surprend quelle est notre réaction ? A chacun de « se » répondre !

L'ancien aveugle n'est pas dupe, il sent bien qu'il dérange , il a l'intelligence de clarifier espérant, peut-être, calmer les esprits :« C’est bien moi. » Ses interlocuteurs non seulement veulent en savoir davantage , mais les Pharisiens ne sont jamais bien loin et «On l’amène » à ces derniers ! L'expression est intéressante , on ne lui demande pas son avis, on le conduit , comme pour lui faire rendre des comptes , c'est dire le bouillonnement sous-jacent dans les esprits, la cocotte est prête à éclater ! Nous n'allons pas tarder à savoir qui sont les vrais aveugles: trois fois l'homme qui a recouvré la vue, va devoir raconter son aventure, ses parents eux-mêmes sont convoqués pour rendre des comptes ! Son récit reste inchangé : « L’homme qu’on

appelle Jésus a fait de la boue,il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit :‘Va à Siloé et lave-toi.’J’y suis donc allé et je me suis lavé ;alors, j’ai vu. » C'est aussi simple que ça ! Sauf que, Jésus a guéri cet homme un jour de Sabbat et, pour les Pharisiens, la Loi passe avant l'amour, et tout œuvre interprétée comme servile est interdite le jour du Sabbat, Jésus, le Saint de Dieu , le Fils Bien-Aimé du Père dès lors qu'Il a fait de Ses mains de la boue, qu'Il l'a appliquée sur les yeux de Son nouvel ami , JESUS, oui, JESUS est un pécheur ! Il a déjà, bien des fois, essayer d'ouvrir les yeux du cœur de Ses compatriotes , tel ce jour au début de Son ministère où Il a, en face de Lui, un homme à la main desséchée Est-il permis, le jour du sabbat, demande-t-Il , de faire du bien ou de faire du mal, de sauver une vie ou de tuer? " Et ils ( ses compatriotes) se taisaient. (Mc 3) . Personne ne répond ! Aujourd'hui, on cherche à le mettre au ban des accusés, de Le confondre d'imposture auprès de la population, parce qu'il faut l'éliminer , le faire disparaître « Dieu a parlé à Moïse ;mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »  La plupart sont enfermés dans un passé,que jésus ne réfute pas puisqu’il est venu l'ACCOMPLIR, mais leurs yeux sont aveuglés, leurs oreilles bouchées, leurs cœurs fermés « C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce que voyant ils ne voient pas, et entendant ils n'entendent ni ne comprennent. Pour eux s'accomplit la prophétie d'Isaïe qui dit: Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez point; vous verrez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple s'est épaissi, et ils sont durs d'oreilles, et ils ferment leurs yeux: de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n'entendent, que leur cœur ne comprenne, qu'ils ne se convertissent et que je ne les guérisse. (Mt 13) déclare Jésus en St Matthieu. Ils sont figés, ils attendent bien un Messie libérateur, mais pas celui-là, qui est « doux et humble de cœur »(Mt 28,30) qui place l'homme au-dessus de la Loi, non pour la contourner, mais pour la parfaire, aimer la Loi, oui, la respecter, oui, mais comme Il le dira du Sabbat « Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat; si bien que le Fils de l'homme est maître même du sabbat. (Mc 2) et nous pouvons remplacer Sabbat par Loi ! N'est-ce pas un risque pour nous aussi aujourd'hui ? N'oublions-nous pas souvent que nous sommes un Peuple, une Église en marche et non statique ? « On a toujours fait comme ça » ! Certes, mais l'évolution saine ça existe non ? La société évolue, ne la laissons pas prendre les commandes seule , soyons présents, actifs, imaginatifs pour semer la Bonne nouvelle dans tous les milieux, dans toutes les strates de la société : Jésus allait partout, rendons-Le présent partout !

Cet ancien aveugle se retrouve bien seul, ses parents eux-mêmes craignent d'engager une parole de foi, ils ont peur « Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs.En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ.    Voilà pourquoi les parents avaient dit :« Il est assez grand, interrogez-le ! » Ici encore il est bon de nous interroger sur notre manière de nous comporter quand des proches, des amis, remettent en question notre appartenance à l’Eglise, nos engagements au service de nos frères, nos choix fondés sur l’Évangile de Jésus-Christ !

Les Pharisiens n'arrivent pas à déstabiliser notre ancien aveugle,qui maintient sa version, il ne varie pas d'un iota, il va les piquer au vif :

Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ?Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ?

En réplique, se sentant pris à leur propre piège, les Pharisiens n'ont d'autre défense que l'injure ! L' homme les ignore, il ne s'abaisse pas à répondre sur le même ton mais enfonce malicieusement le clou ! :« Voilà bien ce qui est étonnant !Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux.    Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.    Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.    Si lui n’était pas de Dieu,il ne pourrait rien faire. » Le voilà éclairé, non seulement grâce à ses yeux mais par l'Esprit qui visite les personnes droites Lorsqu'on vous livrera, ne vous préoccupez ni de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous aurez à dire: ce que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même. 20 Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous. (Mt 10) dira Jésus chez St Matthieu .Vexés, leur réplique ne se fait pas attendre, et nous retrouvons sous forme d'affirmation, le questionnement des apôtres au tout début

Ils répliquèrent :« Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance,et tu nous fais la leçon ? »Pour les Pharisiens, le handicap est la rançon du péché ! Cet homme était aveugle, donc, lui ou ses parents, ont péché et ils ne manquent pas l'occasion de le lui jeter à la figure ! Il n'y en a pas un pour envisager une autre façon de penser ,de « voir », ils sont dans leur bon droit, dans la (leur) vérité ! Ils se croient justes,saints, irréprochables ! Ils ne savent pas, ils ne peuvent pas se remettre en question, les aveugles, ce sont eux ! Jésus les gêne , Jésus doit disparaître, ils ne veulent rien savoir d'autre, ils enferment l'ancien aveugle dans un supposé péché et ferment leurs yeux à une possible nouveauté : cette Bonne Nouvelle que vient annoncer le Fils de Dieu :

" Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute! (Mt 11)

A qui est-ce que je ressemble ?

Aux voisins cités plus haut ? Dubitatifs, curieux,qui, sans lui demander son avis l'amènent aux Pharisiens dont ils connaissent les prétentions et les agissements  ?

Aux Pharisiens ? Qui cherchent à le déstabiliser, à mettre en doute l'honnêteté de Celui qui a guéri et que personne ne nomme , qui se permettent même de convoquer ( le terme est fort) ses parents ?

A ses parents ? apparemment peu courageux qui laissent le nouveau « voyant » se débrouiller seul parce qu'ils ont peur d'éventuelles représailles ?

A l'ancien aveugle qui ne sait pas, mais garde son cœur ouvert pour découvrir ?

Oui, quelles sont mes réactions quand une personne subit une forme de rejet de discrimination? J'aboie et vocifère avec les loups, je m'en « lave les mains » et me défile ,je tente des stratégies de déstabilisation, d'intimidation ? Oui, quelle est mon attitude ?

En attendant, les Pharisiens furieux de se sentir floués : le jetèrent dehors. A cours d'arguments valables, les Pharisiens posent un acte, non d'autorité mais autoritaire , ils préfèrent éloigner de leurs yeux aveuglés celui qui titille, leur regard, leur intelligence, leur âme , l'ancien aveugle n'a pas tort :

Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ?

Ce n'est pas encore leur heure ! Par contre, c'est peut-être bien celle de notre ami, car Jésus n'est jamais loin de celui que l'on rejette :

Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors.Il le retrouva et lui dit :« Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit :« Et qui est-il, Seigneur,pour que je croie en lui ? »    Jésus lui dit :« Tu le vois,et c’est lui qui te parle. »    Il dit :« Je crois, Seigneur ! »Et il se prosterna devant lui.    Jésus dit alors :« Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement :que ceux qui ne voient pas puissent voir,et que ceux qui voient deviennent aveugles. »

Pendant tout ce temps, comme souvent, Jésus est resté dans l'ombre , ce qui évoque dans mon esprit, ce passage de la vie de Catherine de Sienne, en butte à toutes sortes d'épreuves. La tempête calmée elle interroge Jésus : mais où étiez-vous Seigneur tandis que je me débattais, ? J'étais au cœur de tes épreuves mais tu étais absente ! »  

Notre ancien aveugle est bien présent , quand Jésus l'interroge il conserve la même simplicité, il ne joue pas à l'homme bien informé, il exprime sans faire de manières, son ignorance, sa pauvreté. Comme la Samaritaine dimanche dernier il est ouvert à la nouveauté :« Et qui est-il, Seigneur,pour que je croie en lui ? » Jésus peut se manifester à cet homme sans prétention, sans à-priori, sans préjugé :« Tu le vois,et c’est lui qui te parle. » 

Peut alors jaillir l'adhésion, la reconnaissance , la foi pure, simple, vraie suivie de d'une prosternation qui exprime la reconnaissance, la soumission, l'adoration :

« Je crois, Seigneur ! »Et il se prosterna devant lui. 

« Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement :que ceux qui ne voient pas puissent voir,et que ceux qui voient deviennent aveugles. »

Certains Pharisiens ont une oreille qui traîne,de loin ils observent, regardent écoutent et tendent la perche à Jésus pour être fustigés à bon escient :   

Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent :« Serions-nous aveugles, nous aussi ? »    Jésus leur répondit :« Si vous étiez aveugles,vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’,votre péché demeure. »

En ce temps de Carême qui nous est offert pour nous renouveler au service de Jésus le Bien-Aimé du Père, au service de l'évangélisation du monde de ce temps, ne disons pas :« Serions-nous aveugles, nous aussi ? » mais supplions Jésus de mettre un peu de boue sur nos yeux infirmes afin de voir le monde et nos frères, comme Lui les voit et prions – Le avec foi : Seigneur, s'Il te plaît, fais que je voie !


Ouvre mes yeux, Seigneur
(IEV 16-09)

R. Ouvre mes yeux, Seigneur, fais que je voie !
Jésus Sauveur, je crois en toi !
Ouvre mes yeux, Seigneur, fais que je voie !
Ton amour me conduira.

1. J’étais dans la nuit, dans la détresse et dans la mort.
Du fond de l’abîme j’ai crié vers toi, Seigneur.
Tu m’as délivré, tu m’as guéri, tu m’as sauvé,
Mon âme est en paix, car tu m’aimes.


2. Aux pauvres, aux petits, Dieu garde toujours son appui.
Il guérit l’aveugle, à l’affligé il rend la joie.
Lui qui a créé tout l’univers entend ma voix,
Jamais il n’oublie ceux qu’il aime

      .Je veux te louer, Seigneur, Dieu de fidélité,
      Chanter ta bonté, te célébrer tant que je vis.
      J’ai confiance en toi, Seigneur, tu es toute ma joie,
      Je veux proclamer tes merveilles !




l'Ermite