TROISIÈME DIMANCHE DE L’AVENT 2014
(Jn 1, 6-8.19-28)
AU MILIEU DE VOUS SE TIENT
CELUI QUE VOUS NE CONNAISSEZ PAS !
Sur la route de la nativité,
le troisième dimanche de l’Avent, est
désigné comme étant celui de la joie. Quand c’est possible, la liturgie propose
une étole et une chasuble de couleur rose, celle-ci étant admise comme
l’expression de la joie. Petite fille de quatre ans j’avais dû pressentir
cela, j’avais en effet dit à ma maman qui choisissait des couleurs
sobres pour sa garde-robes : « moi, quand, je sera
grande, je te fera des robes roses » !
Y-a-t-il, en effet, plus
grande joie, plus grand bonheur que de remettre debout ceux qui sont écrasés
par la souffrance, de rendre la liberté aux captifs, de libérer les personnes
injustement incarcérées, tel, notre otage libéré mardi dernier, d’annoncer de
bonnes nouvelles, voire, une année de bienfaits comme le décrit Isaïe dans
la première lecture ?
« Il m’a envoyé
annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé,
proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération,
proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. »
Comment ne pas exploser de
joie lorsque l’on est les heureux bénéficiaires de semblables faveurs ?
N’est-ce pas l’invitation de Saint Paul dans la deuxième lecture :
« Soyez toujours
dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance
: c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. »
Dans un monde souvent
morose, empêtré dans ses problèmes politiques, financiers et autres, où trouver
cette source, ce jaillissement, cette exultation, ce bonheur que rien ni
personne ne peut nous ravir, et dont il est question dans la liturgie de ce
jour ?
C’est l’Apôtre et
Évangéliste St Jean qui nous donne la clef dans l’Évangile de ce jour !
« Au milieu de
vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient
derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa
sandale. »
Telle est la source de
notre vrai bonheur ! Il y a, au milieu de nous, QUELQU’UN que nous
n’aurons jamais fini de connaître parce qu’Il est l’INFINI de l’Amour et de l’humilité,
Jésus, le Fils unique, venu nous sauver !
Ne nous
trompons pas sur la sens de la joie, elle ne vient ni de l’avoir, ni du
pouvoir, encore moins de je ne sais quelle satisfaction de soi ou de relations
diverses et variées, la joie est une attitude intérieure qui remplit le cœur de
paix, la joie est l’un des fruits de l’Esprit saint, nous dit St Paul dans sa
lettre aux Galates : « le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est l’amour,
la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur,
la tempérance. » (Galates 5).
Regardons Jean Baptiste,
regardons Marie, regardons les apôtres, les saints et, plus près de nous nos
frères d’Afrique, d’Amérique Latine, de ces parties du monde où sévit la pauvreté matérielle :
qu’est-ce qui étonne quand on les regarde ? N’est-ce pas cette paix,
ce sourire, cette joie intérieure ? Cela ne vient nullement de leur avoir
mais de leur être ! La joie est nourrie par la qualité d’être : je
n’ai rien, mais ce rien, je peux encore le partager !
Je ne suis rien, tel
Jean-Baptiste interrogé parce qu’il dérange, parce que sa pauvreté gêne ceux
qui regorgent de biens : « je suis la voix ! » et quelle
voix ? Celle qui invite à se reprendre, à redresser ce qui est
tortueux ? La joie naît de ce désir, de cette volonté de mettre sa vie en
ordre, de redresser ce qui est tordu, recroquevillé en soi, de mettre de
l’ordre dans sa vie, et, surtout, comme Marie, d’accorder son vouloir au saint
vouloir de Dieu : »qu’il me soit fait selon ta Parole ! » Choisie par Dieu, Marie
vient d’apprendre la prochaine maternité de sa cousine déjà avancée en âge, elle
ne se replie pas sur ce don qui l’habite, elle part en hâte dit l’Écriture, non
pas pour se raconter, mais pour assister celle qui ne tardera pas à être dans
le besoin ! La joie naît aussi, du don et de l’oubli de soi ! La
preuve, à peine arrivée à destination, Marie n’a rien à dire ce sont les deux
enfants qui se reconnaissent et suscitent la joie d’Élisabeth qui conduit Marie
à dévoiler la sienne : « mais d’où me vient ce bonheur dit la première, tandis
que la seconde laisse libre cours à son bonheur Mon âme exalte le
Seigneur ! La joie
partagée est communicante, elle fait boule de neige et tout cela vient
d’où ? De quoi ? De qui ? Cela monte du plus profond de l’être
habité non par des biens, mais par le seul Bien, Jésus.
Il y a quelqu’un au milieu
de vous que vous ne connaissez pas c’est lui qui vient derrière moi et dont je
ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. »
La joie, la vraie joie,
naît dans le cœur pauvre, dépouillé, voire éprouvé.
Je pense ici à François d’Assise
qui allait par les chemins accompagné de Frère Léon à un moment François dit
ceci :
« O frère Léon, alors même que les frères
Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne
édification, néanmoins écris et note avec soin que là n’est pas point la joie
parfaite. »
Il continue
ainsi en décrivant ce que n’est pas la joie parfaite : »elle n’est ni
dans le don des miracles, ni dans un savoir extraordinaire, ni dans le don de
lire dans les consciences, ni dans celui de la prophétie, ni dans la capacité
éventuelle de retourner les cœurs …
Et comme de tels propos avaient bien duré
pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l’interrogea et dit : « Père, je
te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint
François lui répondit : (je résume) Tu vois, frère
Léon, petite brebis de Dieu quand nous arriverons au couvent et que nous
frapperons à la porte, si le Frère Portier ne nous reconnaît pas, qui’il nous
chasse comme des malfrats, nous injurie, nous poursuit avec un bâton alors que
nous avons froid et faim, et si nous au lieu de nous rebeller nous gardons la
paix et acceptons cette situation sans trouble, sans murmurer ô frère Léon tu
peux écrire que là est la joie parfaite
Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon :
au-dessus de toutes les grâces et dons de l’Esprit-Saint que le Christ accorde
à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers
pour l’amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les
incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier,
puisqu’ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l’Apôtre : «
Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu de Dieu ? et si tu l’as reçu de lui, pourquoi
t’en glorifies-tu comme si tu l’avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la
tribulation et de l’affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est
à nous, c’est pourquoi l’Apôtre dit : « Je ne
veux point me glorifier si ce n’est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus
Christ. »
Chers amis, puisse, le Seigneur nous combler de
Sa joie, en ce temps de Noël et nous permettre de découvrir toujours davantage
Celui qui est la source véritable et indiscutable de la joie. Jean-Baptiste ne
cherche pas à être quelqu’un d’autre, il est la voix, la Parole, la Lumière,
c’est Jésus ! Réjouissons-nous d’être ses disciples et amis.
L'ERMITE