XVIIe
DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
ANNÉE B
(Jn 6, 1-15)
Dimanche
après dimanche, en cette année liturgique B, nous méditons
l’Évangile selon Saint Marc or, ce dimanche et ceux qui suivront
du moins en août, l’Église nous propose l' Évangile selon Saint
Jean, il est légitime de s'en étonner et d'en chercher la
raison !J'ai cherché à m'informer mais , pour le moment je
n'ai pas obtenu de réponse !
Vous
connaissez sans doute tous, la synopse des évangiles, c'est-à-dire,
la mise en parallèle de ceux-ci, ce qui prouve la véracité des
faits rapportés par les quatre évangélistes. En réalité, les
récits de Matthieu, Marc et Luc se recoupent presque toujours ,Jean,
dans certains cas, mais moins souvent.
L’Évangile
de Notre Seigneur Jésus-Christ selon Saint Jean est une méditation
très profonde sur Jésus, Verbe de Dieu. écrit peut être vers
95-100, dans la rédaction que nous avons, il témoigne de plus de
recul que les trois autres évangiles. Matthieu, Marc et Luc sont
issus de la même souche : la prédication de Pierre (c'est pourquoi
on les nomme " synoptiques " - qui peuvent être " vus
ensemble ").
Apôtre
lui-même, et témoin oculaire privilégié, Saint Jean use de sa
liberté. On peut le reconnaître dans le "disciple que Jésus
aimait". Jean ne s'est pas senti tenu par une chronologie :
il montre surtout une pénétration plus intime du mystère du
Christ. Pour lui, Jésus n'est pas seulement le messie qui accomplit
les prophéties et fonde le Royaume, ni le fils de Dieu qui subjugue
les masses, ni le sauveur qui vient proclamer un message de
mansuétude, c'est le Verbe incarné, Dieu lui-même, qui révèle
aux hommes le Dieu invisible.
Le plan même en est transformé :
Prologue - la gloire du Verbe (1), la gloire de Jésus (1-12), Jésus
dans l'intimité de ses disciples (13-17), la Gloire de la passion
(18-19), la Gloire de la résurrection (20) et l'appendice (21). Les
antithèses s'y bousculent et font de cet écrit l'un des plus lus et
des plus difficiles à pénétrer. Pour s'y essayer, une piste est
d'étudier les couples de mots clefs qui rythment le récit : Dieu -
Verbe, lumière - ténèbres, vie - mort, témoignage - foi, monde -
reconnaissance, chair - esprit, unité - péché, gloire - don, loi -
vérité, adoration – Jérusalem...
Il
se trouve que la première multiplication des pains que nous offre la
Liturgie de ce
dimanche est rapportée par les quatre évangélistes, c'est peut-être la raison pour laquelle pendant quelques dimanches nous basculons sur l’Évangile de St Jean.
dimanche est rapportée par les quatre évangélistes, c'est peut-être la raison pour laquelle pendant quelques dimanches nous basculons sur l’Évangile de St Jean.
Souvenons-nous
du 16e dimanche, Jésus a traversé le lac avec Ses Apôtres leur
proposant de prendre un peu de repos, à l'écart, car les foules
allaient et venaient au point qu'ils n'avaient même plus le temps de
prendre un repas ! La Parole de ce Jour n'est pas une
parenthèse, ce passage figure en effet chez les quatre évangélistes
.
Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée,
le lac de Tibériade.
Une grande foule le suivait,
parce qu’elle avait vu les signes
qu’il accomplissait sur les malades.
Jésus gravit la montagne,
et là, il était assis avec ses disciples.
Jésus
était assis parce que, nous disait Marc, Il avait entraîné ses
disciples à l'écart pour leur permettre de se reposer à
l'abri du brouhaha de la foule, Marc précisait aussi que cette foule
aux aguets, avait compris l'intention de Jésus, et s'était massée
avant Son arrivée sur l'autre rive où Jésus, saisi de
compassion se mit à les instruire longuement » St Jean
n'évoque pas l'enseignement, chez lui, le souci de Jésus est de
permettre à cette foule de se restaurer :
Or,
la Pâque, la fête des Juifs, était proche.
Jésus leva les yeux
et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.
Il dit à Philippe :
« Où pourrions-nous acheter du pain
pour qu’ils aient à manger ? »
Jésus leva les yeux
et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.
Il dit à Philippe :
« Où pourrions-nous acheter du pain
pour qu’ils aient à manger ? »
Nous
sommes loin d'une zone habitée, Jésus le sait puisque c'est Lui qui
a choisi ce lieu pour se retrouver avec Ses apôtres, la question
posée à Philippe est plus que malicieuse , au sens positif du
terme, Jésus sait pourquoi Il la pose :
Il
disait cela pour le mettre à l’épreuve,
car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
Ceci
est intéressant également pour nos vies personnelles : dans
l'épreuve ne nous arrive-t-il pas de poser la question : « Pourquoi
mon Dieu ? Pourquoi moi ? »Avons-nous pensé
parfois que l'épreuve peut être une forme d'éducation pour nous
apprendre d'une part la patience, d'autre part à y reconnaître
« Dieu qui passe » dans ma vie et me parle .
Aujourd'hui, c'est l'événement qui est Parole de Dieu, c'est à
travers les événements que je découvre la volonté de Dieu. Il est
rare de comprendre ce langage immédiatement , nous comprenons
souvent longtemps après, que Dieu, nous parlait ! Les hommes de
la Bible, n'ont-ils pas fait cette expérience souvenons-nous
d'Abraham,de Jacob, de Moïse et de tant d'autres !
« Après
cela, Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui dit: " Abraham! "
Il répondit: " Me voici. " Et Dieu dit " Prends ton
fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t'en au pays de
Moria, et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je
t'indiquerai...Isaac
interrogea son père Abraham : « Mon père ! - Eh bien, mon fils ? »
Isaac reprit : « Voilà le feu et le bois, mais où est l'agneau
pour l'holocauste ? »
Abraham répondit : «
Dieu saura bien trouver l'agneau pour l'holocauste, mon fils »,
(Genèse 22) »
« Jacob
resta seul. Or, quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore.
L'homme, voyant qu'il ne pouvait pas le vaincre, le frappa au creux
de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat.
L'homme lui dit : « Lâche-moi, car l'aurore s'est levée. » Jacob
répondit : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis. » L'homme lui
demanda : « Quel est ton nom ? - Je m'appelle Jacob. -
On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël (ce qui
signifie : Fort contre Dieu), parce que tu as lutté contre Dieu
comme on lutte contre des hommes, et tu as vaincu. » (Genèse
32) »
« Un
jour, Moïse dit au Seigneur : « Je t'en prie, laisse-moi contempler
ta gloire. » Dieu répondit : « Je vais
passer devant toi avec toute ma splendeur, et je prononcerai devant
toi mon nom qui est : YAHVÉ, LE SEIGNEUR. Je fais grâce à qui je
veux, je montre ma tendresse à qui je veux. » Il dit encore : «
Tu ne pourras pas voir mon visage, car on ne peut pas me voir sans
mourir. » (Exode 33) »
La
réponse de Philippe est réaliste, il se situe sur le plan humain et
immédiat nous verrons que le regard de Jésus va bien au-delà de
l'apparence. Humainement, Philippe a parfaitement raison , nourrir
pareille foule est impossible !
Philippe lui répondit :
« Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas
pour que chacun reçoive un peu de pain. »
Remarquons
la sage pédagogie de Jésus , sa patience aussi ! Jésus donne,
à Ses apôtres, la possibilité de réfléchir, peut-être veut-il
leur faire découvrir qu'ils doivent prendre soin de la personne tout
entière : âme et corps. Nous ne sommes pas de purs esprits,
nous devons prendre soin de nos frères dans TOUT ce qui fait leur
vie ! Jésus leur donne aussi, la possibilité d'exprimer leur
point de vue, à leur niveau, c'est quand ils auront épuisé leur
argumentation que leurs esprits seront libérés de toute velléité
de questionnement, qu'Il pourra, Lui, Jésus, être écouté
pleinement et entendu ! Jésus marche à leur pas, à notre pas
. Si nos esprits sont encombrés nous sommes incapables d'entendre la
PAROLE SILENCIEUSE de Celui, Jésus, qui habite en nous . Nous
entendons le fracas enchevêtré d'une multitude de questions qui
parasitent notre pensée, or Jésus ne peut être entendu que dans un
esprit apaisé, serein, libéré de tout encombrement.
André
n'a pas la solution miracle mais il ne craint pas d'ouvrir une
brèche. Il est conscient du dérisoire de la remarque mais il
n'hésite pas , au risque d'être raillé, de signaler ce qu'Il
voit !
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :
« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge
et deux poissons,
mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
André
est lucide sur l'incongruité de sa remarque, toutefois, il essaie de
trouver une solution, il fait ce qui est en son pouvoir ! C'est
très intéressant ! Jésus ne nous demande pas l'impossible, Il
attend simplement que nous allions au bout de notre possible et Lui
assume le reste ! L'important dans nos vies est d'aller au bout
de nos possibilités, abandonnés et confiants dans l'intervention du
Seigneur qui prend le relais quand nous ne pouvons pas davantage!
C'est justement sur ce « peu » que Jésus va rebondir et
déployer Son immense, Son insondable compassion ! Ne
l'oublions pas, il en est de même dans nos vies !
Jésus dit :
« Faites asseoir les gens. »
Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit.
Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Notons
que le lieu est agréable, Jean le souligne en disant : « Il
y avait beaucoup d’herbe à cet
endroit. » il est donc possible de s'asseoir de façon
confortable. Si Jésus demande de faire asseoir la foule c'est qu'Il
a l'intention d'intervenir, on peut penser que les apôtres en ont
pris conscience mais ils sont bien loin d'imaginer ce qui va suivre.
Jésus n'en finit pas de les surprendre comme Il nous surprend dans
nos vies personnelles si nous avons un peu d'humilité pour Le
reconnaître à l’œuvre . Si nous acceptions de nous abandonner,
de Lui faire une confiance absolue nous baignerions dans l'action de
grâce ! « C'est la nuit qu'il est beau de croire en la
lumière » écrivait Edmond ROSTAND, la nuit est toujours
chassée par la lumière et, pour nous qui avons la grâce de croire,
la LUMIÈRE n'est autre
que Jésus, lequel ne peut pas nous laisser sombrer, pas plus qu'Il ne laisse sombrer Ses apôtres dans la mer déchaînée, ou Pierre qui perd pied sur le lac ! De même qu'aux jours de création Dieu, à partir de rien crée l'univers, Jésus qui nous respecte infiniment ,et nous aime, avec « nos riens » fait des merveilles . Ces cinq pains et ces trois poissons ridicules pour nourrir une foule Jésus ne les dédaigne pas Il va les faire fructifier comme Il fait fructifier nos insignifiantes générosités. Pour Jésus tout est respectable : tout, tous et chacun !
que Jésus, lequel ne peut pas nous laisser sombrer, pas plus qu'Il ne laisse sombrer Ses apôtres dans la mer déchaînée, ou Pierre qui perd pied sur le lac ! De même qu'aux jours de création Dieu, à partir de rien crée l'univers, Jésus qui nous respecte infiniment ,et nous aime, avec « nos riens » fait des merveilles . Ces cinq pains et ces trois poissons ridicules pour nourrir une foule Jésus ne les dédaigne pas Il va les faire fructifier comme Il fait fructifier nos insignifiantes générosités. Pour Jésus tout est respectable : tout, tous et chacun !
Alors Jésus prit les pains
et, après avoir rendu grâce,
il les distribua aux convives ;
il leur donna aussi du poisson,
autant qu’ils en voulaient.
Ne
reconnaissons-nous pas là les paroles de la consécration ?
« Il prit le pain
dans Ses mains très saintes, et, les
yeux levés au ciel, vers Toi, Dieu Son Père Tout-Puissant,
Il le bénit et le rompit, et le donna à ses disciples en
disant : »prenez et mangez
en tous ! » Chez St Marc nous trouvons : Et
il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel,
prononça la bénédiction, rompit les pains et les donna aux
disciples » Faut-il
voir ici un avant goût de l'Institution de la Sainte Eucharistie ?
Je n'ai pas la réponse, mais je n'ai pas de difficultés à croire
que là encore Jésus prépare Ses apôtres et nous-mêmes, à ce
sommet de Sa vie donnée, livrée « afin que le monde croie »
Et Jésus ne fait rien à moitié :
Quand ils eurent mangé à leur faim,
il dit à ses disciples :
« Rassemblez les morceaux en surplus,
pour que rien ne se perde. »
Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers
avec les morceaux des cinq pains d’orge,
restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.
Il
n'est pas inutile de noter en parallèle la première lecture de ce
jour :
« un
homme vint de Baal-Shalisha et, prenant sur la récolte
nouvelle, il apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt
pains d’orge et du grain frais dans un sac.
Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. » Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? » Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : ‘On mangera, et il en restera.’ » Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur. »
Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. » Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? » Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : ‘On mangera, et il en restera.’ » Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur. »
Nous
reconnaissons les grands points de l'expérience des apôtres et de
la foule en ce jour, prémices de la merveille qui nous est offerte
chaque dimanche, voire chaque jour si nous le voulons et le pouvons !
De toujours à toujours, Dieu a le souci de Ses créatures et
donne à
chacun sa part d'amour, sa part de pain ; Je sens sourdre
l'objection : mais alors, pourquoi des peuples meurent-ils de
faim ? Je crois du fond du cœur que l'humanité est responsable
de cette aberration par son péché ! Les uns amassent, et
amassent encore souvent, presque toujours sur le dos des autres. Nous
réduisons nos frères en esclavage, nous leur volons leurs richesses
à des prix dérisoires constituant ainsi notre propre richesse !
N'oublions pas : « c'est sur
l'amour que nous avons les uns pour les autres, que nous serons
jugés » J'aurai, nous aurons des comptes à rendre au
Maître de la vie !
À
la vue du signe que Jésus avait accompli,
les gens disaient :
« C’est vraiment lui le Prophète annoncé,
celui qui vient dans le monde. »
Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever
pour faire de lui leur roi ;
alors de nouveau il se retira dans la montagne,
lui seul.
les gens disaient :
« C’est vraiment lui le Prophète annoncé,
celui qui vient dans le monde. »
Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever
pour faire de lui leur roi ;
alors de nouveau il se retira dans la montagne,
lui seul.
Jésus,
nous le voyons souvent, ne cherche ni la notoriété, ni la Gloire ,
Jésus aime, Jésus nous aime et quand Il voit, comprend que les
bénéficiaires de cet amour inconditionnel veulent L'utiliser pour
Le porter en triomphe et faire de Lui leur roi, alors Jésus se
soustrait à leur attention et se retire seul sur la montagne. La
montagne, les zones désertiques, la solitude, la prière voilà Ses
lieux de prédilection. C'est là qu'Il se plonge dans la vie
Trinitaire où Il peut converser avec le Père et l'Esprit pour
continuer Son action de grâce et nous y associer :
Que
tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Ne
sommes-nous pas l’œuvre de Dieu ? Ne sommes-nous pas Ses
fidèles ? Appelés que nous sommes pour rendre grâce à notre
tour, bénir Dieu, dire Sa gloire par notre vie, et faire que nos
vies expriment Ses exploits ?(ceux de Jésus bien sûr !)
Et
le visite à chaque instant
L'Ermite