vendredi 18 août 2017

QU'IL EST GRAND LE MYSTERE DE LA FOI !



XX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(Mt 15, 21-28)



Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant :« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David !Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot.
Une lecture superficielle et rapide pourrait nous montrer ici, un Jésus, raciste et méprisant, dur même, or, Jésus est le Fils unique de Dieu, Dieu Lui-même, et Dieu ne peut faire des différences entre les hommes . Qui que nous soyons, d'où que nous venions nous sommes aimés , nous sommes fils. St Paul n'écrit-il pas : « vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ.Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse. Gal 3
D'autant plus que cette femme semble, d'entrée de jeu faire un acte de foi même s'il ne s'agit pas encore de la totalité de l'adhésion au Christ, elle Le reconnaît comme Fils de David, donc de cette lignée qui attend et doit donner le Messie ! Alors, pourquoi, Jésus, ne lui répond-t-Il pas un mot? A mon avis, Jésus la met à l'épreuve et Il met aussi les apôtres à l'épreuve. Cette femme, en tant que mère, expose un souci qui bouleverse sa vie et surtout la vie de sa fille. D'ailleurs, la Cananéenne ne parle pas de son souci de mère, elle parle de sa fille, c'est sa fille qui a besoin d'être secourue. Cette mère cible objectivement la situation , elle n'attire pas le Regard de Jésus sur elle-même qui pourtant subit le contrecoup de ce drame, mais sur sa fille et elle seule, cette femme est entièrement tournée vers les autres, en l’occurrence, la libération de sa fille !
Les disciples, nous le verrons immédiatement, sont beaucoup moins clairs et généreux, pour quelle raison demandent-ils à Jésus d'intervenir ?? Les disciples s’approchèrent pour lui demander :« Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Les disciples sont agacés par les cris de cette mère, elle les dérange ! Au fond leur intervention est particulièrement égoïste, ils ne pensent ni à cette maman, ni à la jeune fille, mais à leur tranquillité, ils souhaitent l'éloigner !
N'y-a-t-il pas là une invitation à visiter les motivations de de nos interventions, de nos comportements, de nos choix ? Que cherchons-nous ? Voulons-nous trouver notre tranquillité ? Voulons-nous avoir de l'influence ? Cherchons-nous un soutien ? Qu'est-ce qui motive mes actions ? Mes paroles ? Demandons à Jésus de nous purifier, de nous donner un « cœur libre et magnanime,un cœur simple, magnifique à se donner » comme le dit le P. de Grandmaison dans sa très belle prière à Marie !
D'ailleurs, les disciples ne demandent pas à Jésus de satisfaire la demande de cette femme mais de la renvoyer purement et simplement !
Le silence de Jésus leur permet de s'engouffrer dans ce qu'ils croient être une faille pour aller plus loin, plus dur !
Et nous ? Quel est notre comportement ? N'avons-nous pas tendance à nous ranger du côté du plus fort, de profiter de sa fragilité et de nous en servir comme d'un tremplin pour mieux enfoncer l'autre ?
Demandons à Jésus de nous éclairer dans toutes nos subtilités afin de devenir vraiment libres !
Dans ce qui suit, si Jésus ne répond pas à la demande des apôtres, Il donne l'impression de vouloir enfoncer encore davantage cette mère éplorée :
Jésus répondit :« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Jésus souligne Sa différence, elle ne fait pas partie de Son cercle, de ceux vers qui, en apparence, Jésus est envoyé ! La femme ne se décourage pas, ne se rebiffe pas, une seule chose compte pour elle : « la guérison de sa fille » ! Elle va même jusqu'à se prosterner, un geste fort qui manifeste le respect qu'elle accorde à Jésus, sa soumission aussi . Le fait de se prosterner n'indique-t-il pas la grandeur de celui à qui je m'adresse et ma petitesse personnelle. Se prosterner n'est pas anodin ! Voici ce qu'écrit un Sage Hindou à propos de la prosternation : « mes frères et sœurs j'aimerais vous témoigner du bonheur que l'on ressent lorsque en pleine prosternation le front posé au sol, le dos courbé et les mains de part et d'autre à plat les doigts joints, je me retrouve en totale soumission face à mon créateur...d'autres vous parleront du bonheur que de se retrouver dans les bras de l'être aimé mais moi je vous dis que lorsque je suis en prosternation alors il n'y a rien d'autre au monde qui me procure une telle extase, je suis comme un Roi dans son château fort derrière ses murailles imprenables
 je suis comme le nourrissons "fraîchement" né, fragile dans les bras protecteur de sa mère
 je ressens un amour incommensurable
 je ressens un amour et un bien être qui me ferait rester des heures et des heures dans cette posture sans que le sentiment de lassitude me gagne...
 je ressens une crainte immense entremêlée d'un sentiment d’invulnérabilité car je me livre à celui qui détient mon âme
j'aime faire la prière la nuit quand la vie et ses tumultes s'endorment
 je plonge dans l'obscurité apparente pour ne laisser que la lumière de "Dieu" illuminer mon cœur
 mon tapis de prière devient alors comme une sorte de surface rigide en pleine apesanteur, je suis prosterné comme dans le vide , dans l'espace, il n'y a plus rien autour de moi
 je suis là le front posé au sol et cette prise de conscience de mon être, de ce que je suis, moi, une simple créature, un vulgaire "atome" à l'échelle de l'Univers et là je me rends compte de cette chance que j'ai, moi, mais qui suis je moi ?
 Rien !!
 et je suis là m'adressant à celui qui créa les cieux et la terre, celui qui créa toute chose apparente et invisible
 je suis là moi, la vulgaire créature devant le maître de l'Univers!!!
 d'autres vous raconteront leurs aventures avec plein de ferveur parce qu'ils ont croisé le regard d'une star du show bizz ou serré la main d'une star de foot et au mieux il ne se remettront pas d'avoir partagé deux trois mots avec celle - ci et en prime ils ont réussi à avoir un autographe...
 je leur laisse tout çà.....
 moi lorsque je me prosterne je n'ai besoin de rien d'autre
 lorsque je me prosterne j'ai conscience d'être un privilégié
 lorsque je me prosterne je savoure chaque seconde
 car chaque seconde n'est que pur bonheur
 chaque prière devient un rendez vous que l'on attend qu'avec impatience
 lorsque je prends conscience de cet état d'humilité cela provoque en moi des sentiments qu'en réalité j'ai énormément de mal à exprimer avec des mots
 Si je vous dis tout cela c'est pour vous faire part de ce que cela peut procurer et vous inviter à goûter à ce bonheur vivre sans avoir vécu ces expérience revient en fait à vivre pour rien car j'ai réalisé vraiment que mon âme atteint un tel degré de bien être qu'il y a une seule évidence dans tout cela : nous avons été créés réellement QUE pour cela !!
 c'est comme si vous achetiez une Ferrari pour y élever des poules !!
 cela ne vous viendrait pas à l'esprit ??
 et bien l'homme ne réalise vraiment la cause de son existence que lorsqu'il se soumet à Dieu et la prosternation profonde révèle cette vérité et je vous jure par Le Très Haut que ce que je vous dis est sincère et je vous invite pour l'amour filial de goûter à ce seul vrai et unique BONHEUR!!
 la prosternation révèle le sens profond de la cause de notre existence
 je le répète
 cette prosternation révèle le sens profond de ce pourquoi nous sommes sur terre
 elle est l'essence de notre soumission à Dieu
 elle est notre seule raison d'exister car sans cette soumission, cela reviendrait vraiment à élever des poules dans une Ferrari.... »

 Cette Cananéenne n'a peut être pas tout cela dans son cœur mais elle se reconnaît petite et soumise devant Celui qui manifeste tant d'amour et de bonté pour les hommes et son cri est toujours le même : « Viens à mon secours ! »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Quant à Jésus Il enfonce « le clou »
Il répondit :« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Je ne peux m'empêcher de repenser à la citation proposée dimanche dernier où St Paul voudrait être anathème pour sauver quelques un de ses frères Juifs ! A mots couverts, Jésus rappelle ici qu'Il est envoyé pour le Peuple d'Israël, qui est le peuple élu, et c'est de et dans ce peuple que naît Jésus , Il a été envoyé pour le rassembler , Il doit s'y consacrer entièrement. Jésus ne rejette pas cette femme mais Il tient à préciser Sa mission première ! Mission qui s’accomplira à la croix où Il souffre non seulement pour Israël mais pour tous les pécheurs du monde entier, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui. La femme est tenace, elle sait ce qu'elle veut et, surtout, elle montre pas son propos qu'elle
reconnaît, dans cet homme-Jésus Celui qui vient pour libérer le peuple de ses servitudes . Il n'y a en elle, aucune rancœur, pas la moindre véhémence , sa réponse est admirable :
Elle reprit :« Oui, Seigneur ;mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »Elle ne demande pas le meilleur, les morceaux de choix, comme un petit chien, elle se contentera des miettes que le Maître laissera tomber. Elle reste dans cet esprit de soumission mais aussi de vénération et d'espérance. Elle attend la manifestation de la magnanimité de Celui qui vient pour sauver, elle ne comprend sans doute pas tout, mais elle sait intuitivement qu'Il vient pour répandre l'amour, cette femme ne se décourage pas, elle reste ferme dans sa demande et croit !
Quelle est mon attitude quand le Seigneur semble « se faire tirer l'oreille » pour répondre à mes prières ? Ai-je l'humilité de me dire qu'Il sait où et comment Il me conduit ? La simplicité de Lui faire confiance ? Est-ce que je crois profondément à Son amour certain(e) qu'Il va répondre à Son heure, à sa manière ? Ai-je assez de confiance pour entendre cette réponse :
Jésus répondit :« Femme, grande est ta foi,que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Grande est ta foi ! Que tout se passe comme tu le veux ! Jésus en vient à s'émerveiller de la FOI de cette cananéenne , et, comme un « papa gâteau » agit comme elle le veut ! Ce n'est plus la femme qui se soumet, c'est Jésus qui est soumis à la demande de cette personne. Oui, Jésus est capable de se soumettre à notre attente s' Il perçoit notre sincérité. Dieu, en Jésus, soumis à l'humain, en sommes-nous conscients ? Dieu en Jésus, prend les limites de l'humain en s'incarnant . Et l'apothéose en découle : « à l’heure même, sa fille fut guérie. »Jésus ne dit pas, je le veux qu'elle soit guérie, non, c'est la FOI DE CETTE FEMME QUI GUERIT SA PROPRE FILLE !
Mais qu'il est GRAND LE MYSTERE DE LA FOI ! Cette femme a forcé l'aurore à se lever dans la vie de sa fille !




Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble !
 (Ps 66, 4)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture
sur la terre, tu conduis les nations.

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

L'Ermite

15 AOUT !


15 AOÛT : FÊTE DE L'ASSOMPTION 
DE MARIE !


« Une Femme, ayant le soleil pour manteau 
et la lune sous les pieds »
(Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)
Lecture de l'Apocalypse de saint Jean
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit,
    et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.

         Un grand signe apparut dans le ciel :
une Femme,

ayant le soleil pour manteau,
la lune sous les pieds,
et sur la tête une couronne de douze étoiles.
    Elle est enceinte, elle crie,
dans les douleurs et la torture d’un enfantement.
    Un autre signe apparut dans le ciel :
un grand dragon, rouge feu,
avec sept têtes et dix cornes,
et, sur chacune des sept têtes, un diadème.
    Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel,
les précipita sur la terre.
Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter,
afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.
    Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle,
celui qui sera le berger de toutes les nations,
les conduisant avec un sceptre de fer.
L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône,
    et la Femme s’enfuit au désert,
où Dieu lui a préparé une place.
    Alors j’entendis dans le ciel une voix forte,
qui proclamait :
« Maintenant voici le salut,
la puissance et le règne de notre Dieu,
voici le pouvoir de son Christ ! »




A chacune et à chacun, TRES BELLE FETE DE L'ASSOMPTION ! Contemplons Marie couronnée de douze étoiles et accueillie, corps et âme par Jésus, dans l'éternité! Ô qu'il est grand le mystère de la foi !

L'Ermite

vendredi 11 août 2017

D'UNE MONTAGNE A L'AUTRE !



XIXe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année A

D'UNE MONTAGNE A L'AUTRE
(Mt 14, 22-33)


« Tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur » (1 R 19, 9a.11-13a)
Jésus connaissait bien ce verset du Livre des Rois ! Mais, chez Lui, il est naturel de se retirer sur la montagne, à l'écart, dans le silence, la solitude, c'est là, Il le sait, qu'Il peut trouver les conditions qui conviennent le mieux à Ses rencontres intimes avec le Père ! Même s'Il est constamment relié, Jésus a besoin de s'arrêter pour une plus intense proximité. C'est là que chacun d'entre nous, s'il le souhaite, peut se refaire une santé spirituelle . C'est ce que nous découvrons dès l'ouverture de la liturgie de ce dimanche, en écoutant cette première lecture :
En ces jours-là, lorsque le prophète Élie fut arrivé à l’Horeb, la montagne de Dieu,
 il entra dans une caverne et y passa la nuit. Le Seigneur dit :« Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. »À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ;et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau,il sortit et se tint à l’entrée de la caverne.
Bien sûr que Dieu est partout présent puisque, comme le dit une antienne byzantine, « Il
emplit tout ! » Mais, pour Le reconnaître dans le tumulte de notre monde, pour L'entendre, il est indispensable de choisir des lieux éloignés des vacarmes de la cité pour entendre sa voix discrète et aimante qui parle à notre cœur.O Roi céleste, Consolateur, Esprit de Vérité,toi qui es partout présent et emplis tout.trésor des biens et source de vie,viens, fais ta demeure en nous;purifie-nous et sauve-nous, toi qui est bonté. Prière issue de l'office byzantin de la Pentecôte.
Dieu est habituellement discret, nous devons tendre l'oreille de notre cœur pour apprendre à reconnaître Ses passages et distinguer Sa voix au fond de notre être. Dieu nous parle, mais Dieu agit surtout et les événements de notre vie deviennent Parole,, c'est chaque jour, chaque instant, que nous pouvons nous émerveiller de Son action. Une amie, vient d'être confrontée à une série d'épreuves, elle baigne malgré tout dans l'Action de grâce. Elle a tout remis entre les mains du Seigneur, s'est abandonnée en lui faisant confiance et se retrouve éblouie par la présence agissante du Seigneur qui coordonne tout, lui permettant de gérer la situation de manière étonnante ! Elle sait, dans la foi, que sans Lui c'eut été la panique . Je rends très mal cette expérience de foi, mais je peux vous affirmer qu'elle est réelle et forte, il suffirait, de tout remettre, instant, après instant dans le cœur du Seigneur ,
comme nous serions sereins alors, détendus, confiants « comme l'enfant tout contre sa mère » ! Trop souvent, nous nous dressons contre , alors qu'il conviendrait de marcher au pas et à l'écoute de notre Dieu !
Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.
Jésus vient d'enseigner et de nourrir la foule, Il aspire à un certain répit, Il éprouve le besoin d'être seul, Il ordonne ( l'expression est forte, peut-être veut-Il, à cet instant leur permettre de prendre conscience de la dimension de l'obéissance chez un disciple) aux apôtres de gagner l'autre rive et renvoie tout le monde , puis Il gravit la montagne ce lieu béni où Il peut retrouver son Père dans l'intimité.
Nous croyons être indispensables, à chaque instant nous avons, pour la plupart, beaucoup de difficultés à faire confiance aux autres, à leur permettre de se prendre en mains et de prendre les situations en mains, nous croyons que sans nous, nos collaborateurs seront perdus ! C'est au contraire l'occasion de leur faire confiance et s'ils sont un peu secoués par des vents contraires, c'est une façon de leur permettre de prendre conscience de certaines limites qu'ils n'auraient pas vues sans cette distance et que, par conséquent, ils n'auraient pas pu corriger !
Quant à nous, « gravir la montagne » nous permettrait de faire le point , de mesurer notre investissement, la place que nous laissons aux autres, d'écouter en vérité les attentes du Seigneur pour repartir joyeux et toujours plus libres donc plus abandonnés en comptant non sur nos forces personnelles mais sur la Présence agissante de Dieu dans nos vies. Comment apprendre à voir, si nous ne regardons pas ?

Tandis que Jésus goûte la solitude, la « barque-Église » est chahutée par le vent.... Jésus,
Lui, continue de goûter la solitude parce qu'Il en a besoin, parce que les apôtres doivent découvrir dans cette expérience «  que sans Lui ils ne peuvent rien faire ». Toute épreuve, sur le chemin de la foi, est porteuse d'un message, elle devient école de Vie et si nous restons à l'écoute, nous permet de grandir et de déployer nos voilures ! Toute épreuve regardée avec foi est transformante !
Remarquons : Jésus ne se précipite pas pour « chouchouter » Ses apôtres Il attend la fin de la nuit pour s'approcher d'eux ! Souvenons-nous : lors de la Transfiguration, Jésus s'approcha, les toucha et leur dit relevez-vous, soyez sans crainte et ils ne virent plus personne que Jésus, seul ! N'est-ce pas beau et grand ! Quand Jésus « s'approche » de nous, Il nous rassure, nous invite à la confiance et nous y établit, nous apprend à Le voir, Le reconnaître !
Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent :« C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.
Jésus qui a dit « soyez sans crainte » crée la stupéfaction, au point que les disciples le
prennent dans un premier temps, pour un fantôme ! Ils perdent leurs moyens, ne maîtrisent plus rien, ils ont franchement peur et crient ! C'est encore la parole de Jésus, n'est-Il pas La Parole par excellence, qui apporte un début d'apaisement .
Mais aussitôt Jésus leur parla :« Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »
Dans toutes nos tempêtes, dans toutes nos agitations, Jésus nous apaise, si nous mettons notre confiance en lui, et même sans cela bien sûr ! Mais si nous osons Le regarder, L'appeler, déposer dans son cœur un fardeau que nous trouvons trop lourd pour nous, Jésus commande aux éléments de se taire et nous rassérène, car Jésus est Paix, miséricorde, Amour, jamais Il ne laisse sombrer l'un des siens si celui-ci, même subrepticement, effleure son vêtement ! Alors qu'attendons-nous, ne craignons pas de nous approcher de « l'Amour », Il nous embrasera !
Pierre a bien entendu mais il doute ! Est-ce vraiment Celui qu'Il a vu transfiguré ? Celui qui a nourri les foules ? Celui qui marche à leur côté au quotidien ? Serait-ce un mirage ? Une hallucination ? Lui, marchant sur les eaux, qu'est-ce que cela signifie ? Pierre a besoin de concret, si Toi, Jésus , tu prends ce risque , permets que j'agisse de même, non, ORDONNE , manifeste une fois encore,Ton autorité !
Pierre prit alors la parole :« Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » et Jésus s'exécute :Jésus lui dit :« Viens ! » Jésus n'est pas cabotin, à Son tour Il obéit. 
Qu'aurions-nous répondu à Sa place ? N'aurions-nous pas été dépité ? « Comment, tu ne Me reconnais pas ? Il y a tellement de temps que nous partageons tout et tu ne Me reconnais pas ? Tu ne te souviens pas de l'eau changée en vin, des guérisons, de la foule rassasiée, des démons expulsés ...tu ne me crois pas ? » Sans doute aurions-nous tourné les talons vexés par un tel doute ! Jésus, avec ce même calme, cette même bonté, cette insondable miséricorde, garde Son cœur ouvert et répond positivement à la demande de Pierre : « viens » . Jésus lui permet d'expérimenter non pas la « prouesse » de marcher sur les eaux, mais la confiance en Celui vers qui il demande d'avancer , pour cela , selon la lettre aux Hébreux qui est aussi la devise épiscopale de notre évêque, PIERRE DOIT GARDER SON REGARD FIXE SUR JESUS ! Pas sur ses pieds, pas sur les eaux, pas dans le ciel, non, sur Jésus qui sauve, Jésus Sauveur, son regard et sa pensée doivent tendre vers Jésus ! « Donc, nous aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins, rejetons tout ce qui nous appesantit et le péché qui nous enveloppe, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, les yeux fixés sur Jésus, l'auteur et le consommateur de la foi, lui qui, au lieu de la joie qu'il avait devant lui, méprisant l'ignominie, a souffert en croix, et " s'est assis à la droite du trône de Dieu ". (Hébreux 12) Il en est de même pour chacun de nous ! Si nous perdons Jésus de vue, si nous nous centrons sur nous-mêmes, nous perdons pied et risquons de couler , regardons Pierre ici : il s'élance joyeux à l'invitation de Jésus, mais le vent ne lâche pas prise , bien au contraire :Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria :« Seigneur, sauve-moi ! »
Heureusement, il appelle Jésus ! Savons-nous L'appeler dans nos combats, dans nos
tempêtes, quand des vents contraires nous font vaciller, vers qui nous tournons-nous alors ? Vers Jésus ? Vers un quelconque gourou, le dernier à la mode ( Jésus n'est plus à la mode que pour ces naïfs que sont les croyants, les prêtres, les religieux!) vers les nouvelles doctrines, les nouvelles techniques de remises en forme ? Vers qui nous tournons-nous ? Sommes-nous capables, comme Pierre, de crier : « Jésus, Sauve-moi ! » Savons-nous, alors, saisir la main qui se tend pour ne plus la lâcher ?
Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit :« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
A travers Pierre c'est à chacun de nous que s'adresse Jésus : « Homme, femme de peu de foi pourquoi doutes-tu ? De qui, de quoi as-tu peur ? Je suis ton Sauveur et Ton Dieu ! Ne crains pas ! Confiance, c'est Moi ! » Tentons cet abandon, nous ne serons pas déçus, JAMAIS JESUS N'ABANDONNE CEUX QUI COMPTENT SUR LUI ! Il peut avoir l'air de dormir au fond de la barque de notre cœur comme cela arrivera une autre fois : »Ses disciples s'approchèrent, le réveillèrent et lui dirent: " Seigneur, sauvez-nous, nous périssons! " Il leur dit: " Pourquoi êtes-vous peureux, hommes de peu de foi? " Alors il se dressa et commanda avec force aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme. (Matthieu 8) En réalité, Jésus est toujours en éveil, prêt à intervenir si nous l'appelons même secrètement, car Jésus nous connaît dans toutes nos fragilités, et Il entend les murmures de notre cœur, nos silences également, et même nos pensées ! « Comme nos oreilles entendent nos voix, c'est ainsi que Dieu entend nos pensées », écrit St Augustin.
Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Il fallait tout cela pour Le reconnaître non seulement comme ami mais COMME FILS DE DIEU ! Quelle splendide profession de foi ! Et c'est l'immense souffrance de St Paul ; j’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Moi-même, pour les Juifs, mes frères de race je souhaiterais être anathème, séparé du Christ : ils sont en effet Israélites, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen. Sous entendu , ils ne Le reconnaissent pas , ils sont empêchés de Le reconnaître, leurs yeux sont aveuglés ! Paul est tellement blessé par ce constat qu'il souhaiterait être anathème si cela leur permettait d'ouvrir leurs yeux sur LA LUMIERE !« Pour les Juifs, mes frères, je souhaiterais être anathème » (Rm 9, 1-5) Sommes-nous capables d'aimer jusque-là ? Jésus s'est fait l'un de nous, Il a pris notre humanité avec ses fragilités hormis le péché bien sûr, Il s'est « fondu » dans la pâte humaine au risque d'être rejeté, pris pour un imposteur , et cela pour nous révéler l'amour du Père, un amour sans limites, un amour fou , et nous ? Ecoutons encore St Paul « ce fou de Jésus » :
En effet, annoncer l'Évangile, ce n'est pas là mon motif d'orgueil, c'est une nécessité qui s'impose à moi ; malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile !
Certes, si je le faisais de moi-même, je recevrais une récompense du Seigneur. Mais je ne le fais pas de moi-même, je m'acquitte de la charge que Dieu m'a confiée.
Alors, pourquoi recevrai-je une récompense ? Parce que j'annonce l'Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, ni faire valoir mes droits de prédicateur de l'Évangile.
Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible.
Et avec les Juifs, j'ai été comme un Juif, pour gagner les Juifs. Avec ceux qui sont sujets de la Loi, j'ai été comme un sujet de la Loi, moi qui ne le suis pas, pour gagner les sujets de la Loi.
Avec les sans-loi, j'ai été comme un sans-loi, moi qui ne suis pas sans loi de Dieu, mais sous la loi du Christ, pour gagner les sans-loi.
Avec les faibles, j'ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns.
Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut.
Vous savez bien que, dans les courses du stade, tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l'emporter.
Tous les athlètes à l'entraînement s'imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. Moi, si je cours, ce n'est pas sans fixer le but ; si je fais de la lutte, ce n'est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps, et je le réduis en esclavage, pour ne pas être moi-même disqualifié après avoir annoncé aux autres la Bonne Nouvelle. (1Corinthiens 9)

Avec St Paul, avec tous les « fous de Dieu » courons, non pour une couronne périssable mais  par pur amour! Demandons cette grâce les uns pour les autres, demandez-la pour votre ermite ! Merci !


L'Ermite

jeudi 3 août 2017

JESUS S'APPROCHA ET LES TOUCHA !

FÊTE DE LA TRANSFIGURATION
 DU SEIGNEUR
(Mt 17, 1-9)


Bien-aimés, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires, sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur.Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie. Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. Et ainsi se confirme pour nous la parole prophétique ; vous faites bien de fixer votre attention sur elle,comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs.(2 Pierre 1, 16-19)
Voici ce qu'écrit St Pierre dans sa deuxième lettre ! Si nous sommes tentés par des doutes, ce témoignage nous remet vite les idées en place . Notre foi s'appuie sur les actes, les paroles et les écrits de ceux qui ont fait route avec Jésus, ont reçu un enseignement direct, ont eu, pour certains, le privilège de mesurer son intimité avec Le Père dont ils ont pu ENTENDRE LA VOIX ! Si notre foi se fissure à certaines heures revenons aux Écrits des Prophètes, des apôtres et des Pères de l’Église, nous serons réconfortés, rassérénés, nos fondations sont solides, bien ancrées en Jésus, le Bien-Aimé du Père !
Après avoir accueilli un témoignage aussi fort et aussi vivant, nous pouvons aborder sereinement le « récit » de la Transfiguration, sans avoir la prétention d'en faire le tour et de tout comprendre,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Pierre, qui a reçu mission de Lui succéder, Jacques, le premier Martyr, Jean le disciple qui reposera sa tête sur la poitrine de Jésus lors de la Cène. Aucun n'est parfait, les trois font route à l'écoute de Jésus. Pourquoi Trois ? Sans doute pour la crédibilité du témoignage. A deux, on peut toujours acheter l'autre, à trois, on peut espérer qu'en cas de litige, il y en aura un pour confirmer ou infirmer les dires, pour départager les différents. Jésus, nous l'avons souvent remarqué, est un fin pédagogue.De plus, en Matthieu 16, nous avons la magnifique Profession de foi de Pierre, où Jésus , justement, établit Pierre comme chef suprême de l’Église :
Simon Pierre, prenant la parole, dit: " Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. " Jésus lui répondit: " Tu es heureux, Simon Bar-Jona, car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux: tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. " Alors il défendit sévèrement aux disciples de dire à personne qu'il était le Christ.
Et c'est dans ce climat de confiance qu'Il commence à parler de Sa Passion

Jésus commença depuis lors à déclarer à ses disciples qu'il fallait qu'il allât à Jérusalem, qu'il souffrît beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, qu'il fût mis à mort et qu'il ressuscitât le troisième jour. Pierre, le prenant à part se mit à le reprendre, disant: " A Dieu ne plaise, Seigneur! cela ne vous arrivera pas. " Mais lui, se tournant, dit à Pierre: " Va-t'en! Arrière de moi, Satan! tu m'es scandale; car tu n'as pas le sens des choses de Dieu, mais (celui) des choses des hommes. (Matthieu 16)

Jésus, par l'événement qui suit, veut fortifier leur foi. S' Il se manifeste ainsi dans Sa gloire, n'est-ce pas pour que cette vision leur permette de tenir dans l'épreuve de la Passion ? Jésus ne dit-il pas ailleurs, à Pierre : « Simon j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ! » L'épreuve sera rude, aussi auront-ils besoin de ce réconfort pour tenir.
Il en est de même pour chacun de nous, dans l'épreuve, relisons notre parcours de vie et souvenons-nous dans l'action de grâce, de ces moments inoubliables où nous avons été touchés par le Seigneur. Chacun a fait, au moins une fois l'expérience de l'immanence de Dieu.

Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui.
Il n'y a pas de temps mort, dès l'arrivée sur la montagne, Jésus est transfiguré, Il apparaît dans la Gloire qui est la sienne au sein du Père . Tout son être rayonne ! Souvenons-nous de Moïse descendant de la montagne où il s'entretenait avec Dieu cette rencontre le transfigurait au point qu'il devait se couvrir le visage ! Nul n’était dupe d'ailleurs puisque la Tradition nous rapporte ce phénomène.
Moïse descendit de la montagne de Sinaï ; Moïse avait dans sa main les deux tables du témoignage, en descendant de la montagne; et Moïse ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante pendant qu'il pariait avec Le Seigneur Dieu. Aaron et tous les enfants d'Israël virent Moïse, et voici, la peau de son visage rayonnait; et ils craignirent de s'approcher de lui. Moïse les appela, et Aaron et tous les princes de l'assemblée vinrent auprès de lui, et il leur parla. Ensuite tous les enfants d'Israël s'approchèrent, et il leur donna tous les ordres qu'il avait reçus du Seigneur sur la montagne de Sinaï. Lorsque Moïse eut achevé de leur parler, il mit un voile sur son visage. Quand Moïse entrait devant le Seigneur pour parler avec lui, il ôtait le voile, jusqu'à ce qu'il sortit; puis il sortait et disait aux enfants d'Israël ce qui lui avait été ordonné. Les enfants d'Israël voyaient le visage de Moïse, ils voyaient que la peau du visage de Moïse était rayonnante; et Moïse remettait le voile sur son visage, jusqu'à ce qu'il entrât pour parler avec le Seigneur. (Exode 34)
Cette Gloire de Jésus, est celle qui jaillit au moment de la résurrection, ici nous sommes invités à reconnaître le Dieu fait homme. Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu, c'est ce qui est manifesté par les vêtements blancs comme la lumière, le visage brillant comme le soleil !
Que signifie la présence de Moïse et du Prophète Élie ? Plusieurs choses sans doute :
  • Jésus s'inscrit dans l'Histoire du Peuple des croyants
  • Jésus s'inscrit dans la loi et les Prophètes, Il ne renie rien, nous le disions dimanche dernier me semble-t-il , Jésus vient accomplir !
  • Jésus est Lui-même Prêtre, Prophète et Roi et, par le baptême, il fait de nous des prêtres, des prophètes et des rois ! C'est dire l'immense dignité qu'Il nous accorde.
    Pierre est bouleversé par l'événement ( j'apprécie beaucoup l'icône où les trois disciples tombent à la renverse, il y a de quoi !) il est bouche bée, ne sait comment reprendre souffle, comment rompre sans le rompre, ce moment qui le dépasse, alors il voudrait éterniser cet instant, le figer , il propose l'impensable . Où trouverait-il des tentes sur la montagne ? Quant à Moïse et Élie leur présence spirituelle ne peut se fixer dans un espace matériel !
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :« Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux,je vais dresser ici trois tentes une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Ne nous est-il jamais arrivé, notamment après une retraite, d'éprouver ce désir irrésistible de rester sur « la montagne du don de Dieu » ? De craindre la descente vertigineuse dans la vallée des humains où nous retrouverons, non seulement les activités coutumières, mais avec elles, les combats du quotidien ? N'est-il pas bon à ces moments-là de se souvenir du séjour sur la montagne spirituelle, de s'en servir pour faire le point et de continuer la route au service de l'amour !
Ici, Le Père intervient et coupe la parole à Pierre, pour le tirer de son imaginaire, le faire redescendre sur terre et les fortifier :
Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait :« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
Le Père vient aussi les rassurer et les inviter à continuer la route dans la confiance.Le Père semble leur dire qu'ils avancent, eux aussi et avec eux le monde entier, vers cette vie de Lumière, mais pour cela ils doivent, nous devons écouter Jésus, Parole éternelle et vivifiante du Père !
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.
C'est beaucoup d'émotions, les apôtres sont renversés, la face contre terre, ils n'osent pas, plus, lever la tête , regarder et, comme toujours, comme Il le fera après la résurrection Jésus les « touche » ( nous voyons là l'importance du contact,) les invite à la confiance. Le toucher et la Parole sont des constantes dans les rencontres de Jésus. Chaque fois qu'Il se manifeste après la résurrection, ne souhaite-t-Il pas la paix ? N'est-ce pas l'équivalent du « soyez sans crainte » que nous accueillons ici ?
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :« Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Une autre expression, et pas la moindre, que nous trouvons ici sur les lèvres de Jésus :« Relevez-vous » Jésus fait de nous des vivants : n'est-il pas venu dans ce but ? (Nous trouvons 45 fois lève-toi dans les Actes et les Évangiles,) Nous pourrions chercher aussi « debout » « relever » il s'agit de termes hautement familiers dans le vocabulaire de Jésus . Jésus est venu « pour que nous ayons la Vie et que nous l'ayons en abondance ». Si nous sommes éteints comment communiquer, la lumière, la vie, le dynamisme évangélique ? Si Jésus a offert cette grâce incomparable de la Transfiguration à Ses apôtres ce n'est pas pour les bluffer, les épater, c'est pour leur permettre de faire face durant la Passion, pour leur permettre de rester debout en tenue de service, dans l'attente de l'Esprit de Vérité qui les conduira à la Vérité tout entière qui est Dieu même ! Apaisés, que font les apôtres ? Ils osent lever les yeux vers Celui qu'ils ont vu dans une dimension surprenante :
Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
La tension est retombée, tout est redevenu comme à l'ordinaire, Jésus est comme avant, la route continue mais avec une recommandation :
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre :« Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
Voilà une parole de poids que le quotidien va hélas balayer ! Ne rien dire jusqu'à la résurrection ! Sans doute ne comprennent-ils pas sur le moment, c'est après que tout ces événements reviendront à leur mémoire et qu'ils comprendront !
Ces cadeaux de Dieu dans nos vies personnelles sont difficiles à partager, il est même souhaitable de les taire pour ne pas les abîmer... En parler, sauf à son accompagnateur qui peut éclairer, confirmer ou infirmer, c'est un peu comme toucher les fleurs qui, du coup se flétrissent ! J'ai toujours un mouvement de retrait lorsque quelqu'un touche les fleurs si délicates, si somptueuses aussi par leur beauté inégalable même par le meilleur des peintres ! Nos travaux ne sont que des approches, Dieu seul est BEAUTE !


Le Seigneur est roi,
le Très-Haut sur toute la terre

Le Seigneur est roi ! Exulte la terre !
Joie pour les îles sans nombre !
Ténèbre et nuée l'entourent,
justice et droit sont l'appui de son trône.
Quand ses éclairs illuminèrent le monde,
la terre le vit et s'affola ;
les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur,
devant le Maître de toute la terre.

Les cieux ont proclamé sa justice,
et tous les peuples ont vu sa gloire.
Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre,
tu domines de haut tous les dieux.
(Ps 96, 1a.9a)

l'Ermite

Le jour viendra, où, dans Son sillage, nous serons transfigurés !

Gloire à Jésus le Premier de cordée !

Il conviendrait aussi de s'arrêter sur : Jésus s'approcha ! N'y-a-t-il pas là un rappel de l'Incarnation ?