vendredi 24 novembre 2023

QUAND T'AVONS-NOUS VU ?

 

XXXIV e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A


SOLENNITE

DU CHRIST ROI DE L'UNIVERS

(Mt 25, 31-46)

Jésus disait à ses disciples :    « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,et tous les anges avec lui,alors il siégera sur son trône de gloire.    Toutes les nations seront rassemblées devant lui ;il séparera les hommes les uns des autres comme le berger sépare les brebis des boucs il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite :‘Venez, les bénis de mon Père,recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ;j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ;j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ;j’étais malade, et vous m’avez visité ;j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ Alors les justes lui répondront :‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu...? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ?tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison...Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’  Et le Roi leur répondra :‘Amen, je vous le dis :chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères,c’est à moi que vous l’avez fait.’  

Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche :‘Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits,dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.  Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ;j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ;j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’ Alors ils répondront, eux aussi :‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison,sans nous mettre à ton service ?’


Il leur répondra :
‘Amen, je vous le dis :chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits,c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’ Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel,et les justes, à la vie éternelle. »


La Solennité du Christ Roi de l'Univers fut instituée par le pape Pie XI le 11 décembre de l'année sainte 1925, comme une arme spirituelle contre les forces de destruction à l’œuvre dans le monde, qu'il identifiait avec la montée de l'athéisme et de la sécularisation.

L'année 1925 était aussi le seizième centenaire du premier concile œcuménique de Nicée, qui avait proclamé l'égalité et l'unité du Père et du Fils, et par là même la souveraineté du Christ.

Après Vatican II la fête du Christ Roi vient clore le cycle liturgique, chaque année

La fête du Christ, Roi de l'univers, fut d'abord célébrée le dernier dimanche d'octobre. Plus récemment, elle fut déplacée pour être mise le dernier dimanche de l'année liturgique. C'est un contexte qui lui convient bien, dans la mesure où les lectures bibliques des derniers dimanches de l'année mettent l'accent sur la fin des temps et le terme du pèlerinage de l'Église. ( journal La Croix)

Les dimanches précédents, nous nous sommes attachés à comprendre l'appel du Seigneur à être prêts à tout instant de nos vies pour ne pas manquer le rendez-vous de l'Amour. Venez, les bénis de mon Père,recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde

Aujourd'hui , la clef de cette péricope, me semble particulièrement subtile. Lors d'une première lecture, j'aurais été tentée de m'arrêter et de développer Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits,c’est à moi que vous ne l’avez pas fait mais la question des disciples ne semble pas aussi anodine qu'elle y paraît : quand t'avons-nous vu avoir faim ... ?

Nous sommes sensibles en général aux souffrances de nos frères en humanité. Je ne pense pas que soient nombreux, parmi nous, ceux qui accueillent la grâce inestimable de voir Jésus dans le plus nécessiteux de nos frères en humanité !

Cette personne abandonnée par ses pairs, lors de sa comparution devant les juges pour de multiples délits et infractions avec la complicité d'amis qui lui font porter « le chapeau » , c'est Jésus trahi par l'un des siens, renié par un autre, abandonné par plusieurs, appelé devant Pilate et le Grand Conseil qui le chargent de la croix de l'humanité pécheresse !

Cette personne, accueillie en hôpital psychiatrique, totalement incohérente, violente, proférant des propos irrecevables, c' est Jésus le Bien-aimé du Père couronné, non de perles rares, mais d'épines qui blessent sa tête  !

Cette personne, mon voisin le plus proche, cueilli par les gendarmes au saut du lit, et conduit en prison les menottes aux mains,se prénomme Jésus le Fils unique du Père amené devant Pilate pour être jugé par ceux-là même qu'Il est appelé à juger !

Cette famille douloureusement éprouvée par la disparition d'un tout-petit, que le monde observe sur toutes les coutures ( sa foi, ses choix, son silence prudent, ses gestes interprétés, les rancunes à l'égard d'une arrière grand-mère, l'éducation par trop ferme etc) c'est Jésus mis en cause devant le Sanhédrin !

Cette personne, assise au pied d'un mur, pouilleuse au propre et au figuré, crasseuse, les yeux rivés au sol, s'appelle Jésus le Fils du Dieu vivant qui tombe sous le poids de la croix !

Cette personne délabrée remplie de vin , que le patron du bar jette dehors sur la chaussée ayant empoché le montant de toutes ses consommations, c'est bien Jésus Le Fils unique du Père éternel dépouillé de Ses vêtements et livré aux soldats pour être cloué sur la croix qu'Il a portée Lui-même !

Cette personne travailleur(se) familial(e) que je surveille goguenard(e) en passant le, doigt sur le meuble où il, elle, a passé le chiffon pour retirer la poussière et lui montre que son travail ne me satisfait pas pour l'humilier et lui prouver qu'il ,elle,n'est pas à la hauteur de mes exigeantes attentes c'est Jésus, raillé sur la chemin qui Le mène au Calvaire !

Cette personne clouée sur un lit de douleur depuis sa naissance,qui ne peut ni marcher, ni parler, abandonnée des siens dans une Institution, c'est Jésus le Maître du monde cloué sur une infâme croix !

Cette personne qui rend son dernier souffle sur un champ de bataille, dans le bruit des canons, pour libérer son Pays de l'envahisseur, c'est Jésus qui meurt seul sur la croix dressée entre deux brigands !

Mon cœur est-il ouvert à toutes ces souffrances d'un Christ-Seigneur Roi de l'Univers en agonie jusqu'à la fin du monde :Jésus est dans un jardin, non de délices comme le premier Adam, où il se perdit et tout le genre humain, mais dans un des supplices, où il s’est sauvé et tout le genre humain.Il souffre cette peine et cet abandon dans l’horreur de la nuit.

Je crois que Jésus ne s’est jamais plaint que cette seule fois : mais alors il se plaint comme s’il n’eût plus pu contenir sa douleur excessive : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » (Mt 26,38 ; Mc 14,34).

Jésus cherche de la compagnie et du soulagement de la part des hommes. Cela est unique en toute sa vie, ce me semble. Mais il n’en reçoit point, car ses disciples dorment.

Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là.

Jésus au milieu de ce délaissement universel et de ses amis choisis pour veiller sur lui, les trouvant dormant, s’en fâche à cause du péril où ils s’exposent, non lui, mais eux-mêmes, et les avertit de leur propre salut et de leur bien avec une tendresse cordiale pour eux pendant leur ingratitude, et les avertit que « l’esprit est prompt et la chair infirme » (Mt 26,41 ; Mc 14,38).

Jésus, les trouvant encore dormant, sans que ni sa considération, ni la leur les en eût retenus, il a la bonté de ne pas les éveiller, et de les laisser dans leur repos.

Jésus prie dans l’incertitude de la volonté du Père, et craint la mort mais l’ayant connue, il va au-devant s’offrir à elle : « Partons… Et il s’avança » (Jn 14,31 ; 18,4).

Jésus a prié les hommes et n’en a pas été exaucé.

Jésus, pendant que ses disciples dormaient, a opéré leur salut. Il l’a fait à chacun des justes pendant qu’ils dormaient, et dans le néant avant leur naissance, et dans les péchés depuis leur naissance.

Il ne prie qu’une fois que le calice passe et encore avec soumission, et deux fois qu’il vienne s’il le faut…

Nous implorons la miséricorde de Dieu, non afin qu’il nous laisse en paix dans nos vices, mais afin qu’il nous en délivre.

Si Dieu nous donnait des maîtres de sa main, oh ! qu’il leur faudrait obéir de bon cœur ! La nécessité et les événements en sont infailliblement.

« Console-toi, tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé ».

« Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles gouttes de sang pour toi ».

« Veux-tu qu’il me coûte toujours du sang de mon humanité, sans que tu me donnes des larmes ? »

« C’est mon affaire que ta conversion ; ne crains point, et prie avec confiance comme pour moi ».

« Je te suis plus ami que tel ou tel ; car j’ai fait pour toi plus qu’eux, et ils ne souffriraient pas ce que j’ai souffert pour toi et ne mourraient pas pour toi dans le temps de tes infidélités et cruautés, comme j’ai fait et comme je suis prêt à le faire et le fais dans mes élus et au Saint Sacrement ».

Blaise Pascal, Pensées

« Quand est-ce que nous t’avons vu ? Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? »...
Nous qui nous demandons parfois si le salut est réservé à une élite, nous avons ici une réponse : visiblement,Jésus nous le constatons ne regarde,ni l'origine , ni le rang social,ni la race, ni la religion,   : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,et tous les anges avec lui,alors il siégera sur son trône de gloire.    Toutes les nations seront rassemblées devant lui ;il séparera les hommes les uns des autres, oui,toutes les nations,, donc tous les hommes quelle que soit sa race, sa religion, s'il aime et a aimé peut espérer entendre le Christ ROI DE L'UNIVERS dire : venez les bénis de mon Père, «chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits,c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.

Ainsi parle le Seigneur Dieu :
Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis,
et je veillerai sur elles.
    Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau
quand elles sont dispersées,

ainsi je veillerai sur mes brebis,
et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées
un jour de nuages et de sombres nuées.
    C’est moi qui ferai paître mon troupeau,
et c’est moi qui le ferai reposer,
– oracle du Seigneur Dieu.
    La brebis perdue, je la chercherai ;
l’égarée, je la ramènerai.
Celle qui est blessée, je la panserai.
Celle qui est malade, je lui rendrai des forces.
Celle qui est grasse et vigoureuse,
je la garderai, je la ferai paître selon le droit.

    Et toi, mon troupeau
– ainsi parle le Seigneur Dieu –,
voici que je vais juger entre brebis et brebis,
entre les béliers et les boucs.


Et « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Mt 5, 17)

QUE TES OEUVRES SONT BELLES

(Rimaud/Berthier/CNPL Éditions-Studio SM)

Refrain
Que tes oeuvres sont belles,
Que tes oeuvres sont grandes !
Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie.
Que tes oeuvres sont belles,
Que tes oeuvres sont grandes !
Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie.

1
C'est toi, le Dieu qui nous as faits,
Qui nous as pétris de la terre !
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu !
Ton amour nous a façonnés
Tirés du ventre de la terre !
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu !
Tu as mis en nous ton Esprit :
Nous tenons debout sur la terre !
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu !

2
La terre nous donne le pain,
Le vin qui réjouit notre coeur.
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu !
Tu fais germer le grain semé,
Au temps voulu, les fruits mûrissent !
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l´image de Dieu !
Tu rassasies tous les vivants ;
Les hommes travaillent pour vivre.
Tout homme est une histoire sacrée,
L´homme est à l'image de Dieu !

3
C'est toi qui bâtis nos maisons,
Veilleur, tu veilles sur la ville !
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu !
Tu bénis chez nous les enfants ;
Tu veux la paix à nos frontières !
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu !
Tu tiens le registre des peuples ;
En toi chacun trouve ses sources !
Tout homme est une histoire sacrée,
L'homme est à l'image de Dieu !

L'Ermite

vendredi 17 novembre 2023

IL LEUR CONFIA !

 

XXXIII e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A

(Mt 25, 14-30)

Jésus disait à ses disciples cette parabole :    « C’est comme un homme qui partait en voyage :il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.    À l’un il remit une somme de cinq talents,à un autre deux talents,au troisième un seul talent,à chacun selon ses capacités.Puis il partit.Aussitôt,  celui qui avait reçu les cinq talents
s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres.    De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.    Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes.    Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha,présenta cinq autres talents et dit :‘Seigneur,tu m’as confié cinq talents ;voilà, j’en ai gagné cinq autres.’    Son maître lui déclara :‘Très bien, serviteur bon et fidèle,tu as été fidèle pour peu de choses,je t’en confierai beaucoup ;entre dans la joie de ton seigneur.’    Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit :‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ;voilà, j’en ai gagné deux autres.’    Son maître lui déclara :‘Très bien,serviteur bon et fidèle,tu as été fidèle pour peu de choses,je t’en confierai beaucoup ;entre dans la joie de ton seigneur.’

    Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit :‘Seigneur,je savais que tu es un homme dur :tu moissonnes là où tu n’as pas semé,tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.    J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre.Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’    Son maître lui répliqua :‘Serviteur mauvais et paresseux,tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé,que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.    Alors, il fallait placer mon argent à la banque ;et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.    Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.    À celui qui a, on donnera encore,et il sera dans l’abondance ;mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien,jetez-le dans les ténèbres extérieures ;là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »


 À celui qui a, on donnera encore,et ilsera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Si l'un de nous prononçait semblable parole , nous serions choqués! Il n'est pas dit, d'ailleurs, que certains, parmi nous,ne s'étonnent d'un tel propos dans la bouche de Jésus ! En nous posant, en parcourant l’Évangile, en y regardant « l'agir » du Seigneur, nous comprenons vite qu'il y a une erreur d'interprétation .

En effet, dans l'Evangile,nous voyons Jésus réconforter ceux qui pleurent, annoncer la Bonne Nouvelle du Salut aux pauvres ( de cœur) essentiellement, guérir les malades, donner du pain aux affamés, secourir les affligés, accueillir l'étranger ...Et nous savons que si Jésus agissait autrement, Il ne serait pas Dieu, car Dieu ne fait pas de différences entre les hommes , Dieu est amour nous dit St Jean :Dieu, car Dieu est amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici à quoi se reconnaît l'amour : ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés. (1Jn 4)

Et St Paul, au chapitre 13, de sa première Lettre aux Corinthiens écrit :

L'amour est patient, il est est bon; l'amour n'est pas envieux, l'amour n'est point inconsidéré, il ne s'enfle point d'orgueil; il ne fait rien d'inconvenant, (1Co 13)

Dès lors, il nous revient d'essayer de comprendre ce que Jésus nous dit dans ce verset que nous avons déjà entendu dans la Parabole du semeur :

Car on donnera à celui qui a, et il y aura (pour lui) surabondance; mais à celui qui n'a pas, on lui ôtera même ce qu'il a. (Mt 13, 12 ; Mc 4)

Et pour comprendre, il convient de situer le verset que nous retenons , dans son contexte. Ce verset est la conclusion d'une parabole qui commence ainsi : Jésus disait à ses disciples cette parabole :    « C’est comme un homme qui partait en voyage :il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.Le terme à retenir n'est autre que ce verbe « confier ».Confier, c'est faire confiance, c'est-à-dire, donner sa foi, se sentir en sécurité. En confiant ses biens, l'homme qui part en voyage est parfaitement tranquille, serein, il n'a aucun souci, il sait que ses biens sont en sécurité , il peut compter sur les serviteurs qu'il a choisis, ils agiront comme lui aurait agi. Et comment un propriétaire agit-il ? Son souci n'est-il pas la fructification de ses biens dans le but de subvenir aux besoins de sa famille, de développer son entreprise, de mettre de côté pour les années de disette, pour s'assurer aussi une retraite paisible ? Qui pouvait envisager ce qui se passe ici ? Qui pouvait deviner que Jésus donne ici un aperçu du mode de fonctionnement de notre Père du ciel ?Car c'est bien de cela, dont il s'agit !

À celui qui a, on donnera encore,et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a

rien se verra enlever même ce qu’il a.

Le Seigneur nous donne tout, la création tout entière est à notre disposition pour qu'elle donne du fruit et un fruit qui demeure. Chacun de nous est doté de dons personnels pour organiser cette création et sa vie personnelle. Plus nous utilisons les dons reçus et plus ils se développent et plus il donne du fruit. Quand nous donnons tout de nous-même, Dieu se réjouit et inspire à nos supérieurs de nous demander davantage , de nous confier davantage, parce que nous prouvons que nous sommes capables de nous dépenser corps et âmes pour le service de l'humanité c'est :À celui qui a, on donnera encore,et il sera dans l’abondance .

Mais le timoré, le paresseux que fait-il de ses dons ? Ils les laisse s'étioler, dormir et , à terme, les dons non développés, enfouis, s'altèrent jusqu'à disparaître ! Qui donnera sa confiance à un paresseux, à un poltron ? mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a.

Dans St Marc , dans un autre contexte, Jésus  leur disait : " Prenez garde à ce que vous entendez. Avec la mesure avec laquelle vous aurez mesuré, on vous mesurera, et on y ajoutera encore pour vous qui entendez. "Car on donnera à celui qui a, et à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé.(Mc 4, 24)

" Prenez garde à ce que vous entendez. »Jésus nous demande de bien écouter et bien entendre Sa Parole de Vérité et d'amour . Il ne s'agit pas de foncer tête baissée comme un mulet têtu et borné, nous devons apprendre à faire confiance à Jésus. Quand Jésus parle, c'est toujours avec bienveillance, pour nous permettre de grandir, non pour nous écraser. En St Matthieu, comme ici en st Marc" : Car on donnera à celui qui a, et à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé » Jésus n'a d'autre dessein que celui de rendre nos vies fructueuses , de leur donner du goût !« Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent. (Mt 5 ; Lc ; Mc) Si nous sommes le sel de la terre nous sommes appelés à donner du goût à cette terre, à la valoriser ! C'est le projet de Dieu sur chacune de nos vies ! Pour cela, nous devons être et rester, branchés au cep , nous dit-Il dans l'allégorie de la vigne en St Jean « le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. (Jn 15)Jésus ne punit pas l'improductif, c'est lui qui se punit lui-même, il se prive de la joie du partage, de la joie du don ! La plupart du temps nous sommes les acteurs de nos difficultés en cédant aux passions qui nous ligotent. La peur paralyse, elle empêche d'avancer, elle cloue sur place et c'est bien ce qui arrive à notre troisième homme, à chacun de nous, quand nous nous laissons paralyser par toutes sortes de peurs, de fausses représentations de notre Dieu d'Amour. J'écoutais récemment une intervention du Cardinal Barbarin dans laquelle il méditait le Magnificat , il concluait, et n'avait pas assez de mots et de superlatifs pour exprimer son émerveillement à propos du verset : « Sa miséricorde s'étend d'âge en âge » Oui, la miséricorde du Seigneur est insondable, alors, n’ayons pas peur de Lui, Il est Amour et seulement Amour, c'est par Amour qu'Il nous crée, soyons dans la confiance, « Sa miséricorde s’étend d'âge en âge » elle n'a pas de limites pour ceux qui Le reconnaissent !

Il en va de notre Salut, poursuit Jésus : Quant à ce serviteur bon à rien,jetez-le dans les ténèbres extérieures ;là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ » c'est-à-dire des regrets bien trop tardifs ! Souvenons-nous de l'homme riche qui faisait bombance et du pauvre Lazare ! « Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare pour qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt et me rafraîchisse la langue, car je souffre dans cette flamme. " Abraham dit: " Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et pareillement Lazare ses maux. Maintenant il est consolé ici, et toi tu souffres. Et avec tout cela, entre nous et vous a été établi un grand abîme, de sorte que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le pourraient pas, et que de là-bas ne traversent pas non plus vers nous ». (Lc16)

Le projet de cette parabole et plus particulièrement du verset retenu aujourd'hui, c'est justement de faire tomber toute peur, de tordre le cou à notre imagination pour vivre dans la confiance, qui dynamise et féconde notre vie. Puisse cette Parole nous bousculer, non pour nous paralyser, mais pour nous permettre de produire un fruit qui demeure pour la vie éternelle !

Le moissonneur reçoit son salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, afin que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble. (Jn 4)

Le Seigneur reviendra
Le Seigneur reviendra
Il l'a promis
Il reviendra la nuit
Qu'on ne l'attend pas
Le Seigneur reviendra
Le Seigneur reviendra
Il l'a promis
Ne sois pas endormi
Cette nuit-là

P. Aimé DUVAL


L'Ermite

vendredi 10 novembre 2023

PRÊTS ?

 

XXXIIe DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A


(Mt 25, 1-13)

Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces,qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.Cinq d’entre elles étaient insouciantes,et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes,des flacons d’huile.Comme l’époux tardait,elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.    Au milieu de la nuit, il y eut un cri :‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’    Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes :‘Donnez-nous de votre huile,car nos lampes s’éteignent.’    Les prévoyantes leur répondirent :‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous,allez plutôt chez les marchands vous en acheter.’Pendant qu’elles allaient en acheter,l’époux arriva.Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces,et la porte fut fermée.    Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent :‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’    Il leur répondit :
‘Amen, je vous le dis :je ne vous connais pas.’
    Veillez donc,car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Nous aurions bien des thèmes à approfondir dans cette parabole , prévoyance / imprévoyance, réserve d'huile/ manque d'huile ; partage, refus justifié de ne pas partager...Je ne retiens que le dernier verset , « Veillez donc,car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » étroitement lié à l'arrivée de l'époux et à la Première Lecture « la Sagesse qui se laisse trouver par ceux qui la cherchent ! » Encore faut-il la désirer pour la chercher, cette Sagesse étant le Christ Lui-même !

La Sagesse est resplendissante,elle ne se flétrit pas.Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent.    Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première.    Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas :il la trouvera assise à sa porte.    Penser à elle est la perfection du discernement,et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci.    Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ;au détour des sentiers,elle leur apparaît avec un visage souriant ;dans chacune de leurs pensées,elle vient à leur rencontre.

Veillez donc,car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » où l'époux viendra, arrivera, vous tendra la main pour vous entraîner sur la Route qui conduit à la Maison d’Éternité !

Ce n'est pas la seule fois que Jésus nous demande d'être en état de veille . Nous voyons cela en St Marc :Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. Il en est comme d'un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » (Mc 13, 33)

Jésus précise qu'Il dit cela à tous ses disciples et pas seulement à Ses proches, à tous et à chacun de nous, et en toutes circonstances, à n'importe quelle étape de notre vie, quel que soit notre âge  !

Au chapitre 24 de St Matthieu , chapitre que la Commission liturgique n'a pas retenu dans ce cycle , et un peu comme une introduction à la Parabole qui nous est aujourd'hui proposée, Jésus insiste sur la nécessité de rester en état de veille , seul moyen de ne pas se laisser surprendre par l'irruption du Fils de l'homme dans notre vie ::

Deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé. Deux femmes seront au moulin : l'une est prise, l'autre laissée. Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra. Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra. (Mt 24, 42)

Se tenir en éveil est une chose, être prêt(e) en est une autre , c'est sans doute le cœur de la Parabole des dix jeunes filles. Toutes, en effet, l'époux tardant à venir, ont succombé au sommeil, et, quand le cri a retenti :Au milieu de la nuit, il y eut un cri :‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. Toutes ont bondi ,les insouciantes ou imprévoyantes comme les prévoyantes ou les sages, mais ces dernières, précautionneuses, avaient pensé à la réserve d'huile ( on ne sait jamais se disaient -elles !) Les premières, la « bouche en cœur » et l'esprit « évaporé » n'ont rien prévu, leur réflexion n'allant pas plus loin que le bout de leur nez !

Et cette réserve d'huile symbolise justement le fameux trésor qui, lorsqu'on a la chance de l'avoir trouvé, rencontré, mérite qu'on renonce à toutes les futilités qui nous sollicitent pour le faire fructifier ! Et comment lui fait-on porter du fruit ? Par la prière, l'union à Dieu, la vie sacramentelle, le service , l'amour des frères .

Le Saint Curé d'Ars définit ainsi ce trésor :Voyez, mes enfants : le trésor d'un chrétien n'est pas sur la terre, il est dans le ciel. Eh bien ! notre pensée doit aller où est notre trésor.

L'homme a une belle fonction, celle de prier et d'aimer. Vous priez, vous aimez : voilà le bonheur de l'homme sur la terre !

La prière n'est autre chose qu'une union avec Dieu. Quand on a le cœur pur et uni à Dieu, on sent en soi un baume, une douceur qui enivre, une lumière qui éblouit. Dans cette union intime, Dieu et l'âme sont comme deux morceaux de cire fondus ensemble ; on ne peut plus les séparer. C'est une chose bien belle que cette union de Dieu avec sa petite créature. C'est un bonheur qu'on ne peut comprendre.

En St Luc Jésus fait cette recommandation :

Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l'homme. » (Lc 21, 36)

Pour ne pas être séparés de notre Maître et Seigneur il convient de rester éveillés en tout temps, c'est de cette façon que nous serons prêt(e)s au bon moment, à l'heure où arrivera l'époux pour nous entraîner dans son sillage et nous revêtir de la robe nuptiale, éternelle celle-là . « Toujours prêts » est la devise des scouts, toujours prêts, pour agir en cas d'urgence afin de ne jamais être pris par surprise. Il ne dépend que de soi d'être , d'essayer d'être prêt(e)s à accueillir notre Seigneur et Maître qui nous dit : Voici que je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille . (Ap 16)

LE SEIGNEUR REVIENDRA

Paroles et  musique : Aimé DUVAL

 

1.- Seigneur reviendra
Le Seigneur reviendra
Il l'a promis
Il reviendra la nuit
Qu'on ne l'attend pas

Le Seigneur reviendra
Le Seigneur reviendra
Il l'a promis
Ne sois pas endormi
Cette nuit-là !..


Dans ma tendresse, je crie vers Lui
Mon Dieu serait-ce pour cette nuit ?
Le Seigneur reviendra
Ne sois pas endormi
Cette nuit-là !..


2.- Tiens ta lampe allumée
Tiens ta lampe allumée
Ton âme clair’
Qu'il y ait de la lumière pour ses pas

Tiens ta lampe allumée
Tiens ta lampe allumée
Ton âme clair’
Pour qu'Il n'ait pas peine à te trouver

Dans ma tendresse, je crie vers Lui
Mon Dieu serait-ce pour cette nuit ?
Tiens ta lampe allumée
Pour qu'Il n'ait pas peine à te trouver.


3.- Attends-le dans ton cœur
Attends-le dans ton cœur

Ne rêve pas de prendre loin de lui ton petit bonheur
Attends-le dans ton cœur
Attends-le dans ton cœur
Ne rêve pas qu'il fasse clair et bon dans ta maison.

Dans ma tendresse, je crie vers Lui
Mon Dieu serait-ce pour cette nuit ?
Attends-le dans ton cœur
Qu'il fasse clair et bon dans ta maison

4.- Nous serons tout pour Lui
Nous serons tout pour Lui
Quand il viendra Il essuiera les pleurs de toute la vie
Nous serons tout pour Lui
Nous serons tout pour Lui
Tout pour sa joie puisqu'Il est tout pour nous pendant la vie.

Dans ma tendresse, je crie vers Lui
Mon Dieu serait-ce pour cette nuit ?
Nous serons tout pour Lui
Puisqu'il est tout pour nous pendant la vie.


L'Ermite