vendredi 25 août 2023

POUR TOI, QUI SUIS-JE ?

 

XXI e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A




(Mt 16, 13-20)

« Au dire des gens,qui est le Fils de l’homme ? »Demande Jésus à Ses disciples .La réponse fuse :« Pour les uns, Jean le Baptiste ;pour d’autres, Élie ;pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Cette réponse, ne vous surprend-t-elle pas ? Je reconnais être vraiment surprise pour la toute première fois ! En fait, Jésus ne semble pas connu pour Lui-même, pour qui Il est, pour Sa façon de vivre , Ses choix de vie, la Parole qu'Il dispense, les Enseignements, les actes qu'Il pose au service de Ses frères et sœurs en humanité, mais Il est comparé à Jean le Baptiste , à Élie, Jérémie, où l'un des Prophètes , personne ne Le situe dans son contexte de vie,Sa personnalité, Sa mission ! Pourtant, Jésus est terriblement controversé , les désirs de Le faire disparaître ne manquent pas , les rejets non plus ! On dirait même qu'Il n'a pas d'existence propre !Voilà une triste manière d'ignorer quelqu'un, de Le nier ! Quand on cherche à faire disparaître quelqu'un je pense qu'on ne peut pas mieux s'y prendre ! Jésus, en tant qu' entité, suscite l'indifférence, sauf quand on a besoin de Lui, pour une guérison, une délivrance , ou autre service à la personne !

Ne serions-nous pas de la catégorie de ces « aficionados » ?Je pense à Toi quand j'ai besoin : examen, maladie, accident, météo favorable ... puis, je Te mets de côté quand tout va bien ! Il n'est pas étonnant qu'après cette étape Jésus fasse une Première annonce de Sa Passion !

Chers amis soyons honnêtes et prenons le temps de nous poser les bonnes questions sur nos relations avec Le Maître de la Vie ! Est-ce que j'entretiens avec Lui une relation de proximité, une relation aimante, est-ce que je Le consulte avant un choix, est-ce que je rends grâce et reconnais Sa Présence dans ma vie ou bien j'attribue cela à la chance, à mon intelligence , mon habileté, mes relations... humaines etc ?N'ayons pas peur de la vérité :"Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres."(Jn8)

Après ce petit tour d'horizon qui n'apprend pas grand chose à Jésus , Lui connaît le cœur de l'homme : Le cœur de l'homme est compliqué et malade: Qui le connaîtra? (Jér 17) Jésus demande à Ses disciples et à chacun de nous d'engager une parole de vérité. Il ne s'agit plus de rapporter ce que je vois et entends, ni ce que les gens disent autour de soi, mais d'exprimer ma conviction personnelle qui engage ma vie !

« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Nul ne peut répondre pour autrui mais, en tant que baptisé(e), il est souhaitable de répondre soi-même à la question de Jésus, dans un cœur à cœur sincère. Nous pouvons tromper nos frères, nous ne tromperons pas Jésus , Jésus connaît le cœur de l'homme disions-nous plus haut . Répondre à cette question, permettra à chacune et à chacun, de faire le point sur sa relation personnelle avec le Christ et sur la façon dont il, elle gère (pour employer une expression à la mode qui nous parle aujourd'hui) cette relation et, d'inventorier les lacunes, dont, la gratuité, ou pas . Est-ce que j'aime le Christ pour les dons qu'Il m'accorde ou pour Lui-même ? Voici un passage des Confessions de St Augustin qui peut nous éclairer et nous aider :

Voici que tu as aimé la vérité, puisque celui qui fait la vérité vient à la lumière. Je veux donc la faire devant toi, dans mon cœur, par cette « confession », et devant de nombreux témoins par ce livre.Du reste, Seigneur, le gouffre de la conscience humaine est à découvert devant tes yeux : qu'est-ce qui pourrait donc demeurer caché en moi, même si je ne voulais pas te le confesser ? C'est toi que je cacherais à moi-même, sans pouvoir me cacher à toi

La réponse de l'Apôtre Pierre illustre parfaitement ce que dit Saint Augustin :« Tu es le Christ,le Fils du Dieu vivant ! » Pierre, par grâce, Jésus le lui dira ,est entièrement tourné vers le Maître. Il ne Lui dit pas tu es Celui qui nous donne ceci et cela, Celui qui guérit, Celui qui... non, Pierre révèle ce que le Père lui permet de comprendre : Tu es l'oint ( Le choisi) le Fils du Dieu Vivant. Comprend-il lui-même exactement cette extraordinaire Profession de foi ? Ne nous arrive-t-il pas d'exprimer une pensée qui nous dépasse parce qu'elle vient de l'Ailleurs, de Dieu justement ? D'ailleurs Jésus saisit cette déclaration et : Prenant la parole à son tour, lui dit « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,mais mon Père qui est aux cieux.

Pierre ayant été éclairé de l'intérieur par l'Esprit du Père et du Fils Jésus, peut Lui confier le « Pouvoir des clefs » : Et moi, je te le déclare :Tu es Pierre,et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.    Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux,et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »  Jésus va donc édifier Son Église sur le disciple qui a su écouter et reconnaître la voix du Père qui a parlé dans son cœur et s'engager devant tous en exprimant publiquement ce qu'Il avait reçu .Pierre s'est montré à la fois attentif et responsable, il n'a pas eu peur d'engager une Parole forte en exprimant sa foi devant tous !

Comme promis nous arrêtons là aujourd'hui en demandant au Seigneur de nous donner une foi inébranlable et responsable celle-là même qui est capable de déplacer les montagnes , les montagnes de nos inerties, de nos peurs, de notre respect humain !

Jésus, tu es le Christ

(De Labarthe/L\'Emmanuel)

R. Jésus, tu es le Christ,
Le Fils du Dieu vivant,
Toi seul as les paroles
De la vie éternelle !
Je te suivrai, Jésus, où tu me conduiras,
Toi seul es le chemin, la vérité et la vie.

1. Prenez mon joug, vivez à mon école,
Car je suis doux, je suis humble de cœur.
Vous qui peinez, venez à moi,
Je vous soulagerai.

2. Qui veut me suivre et être mon disciple
Doit renoncer à lui-même et au monde.
Celui qui perd sa vie pour moi
Sans fin la sauvera.


4. Tu as posé tes yeux sur ma misère,
M’as libéré du poids de mon péché.
Tu vois mon cœur, oui, tu sais tout,
Tu sais bien que je t’aime !

5. Jésus, mon Dieu, je t’aime et je t’adore.
Je suis à toi, Jésus, viens vivre en moi.
Que ton amour brûle en mon cœur !
Sois mon maître et Seigneur.

Stance
Jésus, Jésus.
Jésus, Jésus.
Jésus, Jésus.
Jésus, Jésus.


 L'Ermite

vendredi 18 août 2023

SEIGNEUR, VIENS A MON SECOURS

 

VINGTIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A


(Mt 15, 21-28)


Je laisse de côté le contexte géographique , sociologique et ethnique, ...de la péricope de ce jour, pour m'intéresser seulement aux personnes .

Nous avons Jésus, une femme païenne et les apôtres .

Cette femme, connue sous le nom de Cananéenne, païenne, s'adresse à Jésus, pas à quelqu'un d'autre, dont elle connaît certainement la réputation d'homme qui passe en faisant le bien puisqu'elle « crie » vers Lui et implore sa pitié :

« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. »    Mais il ne lui répondit pas un mot. 

Dimanche dernier, nous évoquions le Psaume 33 : « Quand un pauvre crie, le Seigneur entend » et nous avons souvent noté que Jésus est venu accomplir l'Ancien Testament d'où nous tirons les Psaumes. D'autre part nous n'avons jamais vu Jésus faire la sourde oreille , Il va plutôt au devant des timides, des oubliés, des laissés pour compte, son silence surprend ! Cette attitude inattendue nous surprend et conduit les apôtres à réagir :

« Renvoie-la,car elle nous poursuit de ses cris ! »Cette remarque est intéressante car elle touche aux motivations de ses auteurs ! Ils ne semblent pas réagir par compassion, mais parce que cette femme dérange ! Il ne semble pas voir la personne en grande souffrance ,mais le désordre qu'elle génère ! Ils ne demande même pas à Jésus d'intervenir pour l'éloigner , mais de la renvoyer purement et simplement ! C'est une importune, on l'exclut !

Me vient en mémoire la parabole de Jésus sur l'ami importun où Jésus nous montre l'importance de la prière persévérante : : « je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour lui donner parce qu'il est son ami, du moins à cause de son importunité, il se lèvera pour lui donner tout ce dont il a besoin. (Lc11)

Peut-être pouvons-nous nous interroger sur notre manière d'accueillir ou non, nos frères et sœurs maladroits, dérangeants, différents ! Sur les motivations de nos réactions ? C'est ce qu'on appelle la pureté d'intention ! « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu » proclame Jésus dans les Béatitudes !

 Jésus répondit :« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »je laisse ce verset , il demanderait un développement trop important pour comprendre la pensée de Jésus à cet instant! Retenons plutôt l'insistance de cette femme qui va même jusqu'à se prosterner devant Jésus :

Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :« Seigneur, viens à mon secours ! » 

Se prosterner, c'est s'incliner profondément devant quelqu'un en signe de grand respect, d'adoration, d'humilité, de soumission, d'obéissance. Se prosterner devant quelqu'un c'est reconnaître sa supériorité, son autorité, éprouver un amour intense et lui offrir avec une très grande humilité un signe d'hommage et d'adoration. 

Cette femme reconnaît donc la supériorité de Jésus , très certainement Sa divinité car demander une guérison est audacieux et engage des deux côtés. Cette femme se démarque de son peuple elle ne pense pas aux éventuelles représailles, ce qui compte, pour elle, c'est de voir sa fille en bonne santé parce que son amour pour cette enfant n'a pas de limite. Il y a en elle, dès cet instant, quelque chose de divin car seul Dieu en Jésus, par amour, peut accepter de se nier pour sauver : bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. (Ph 2)

Cette femme, étrangère, païenne, jusque-là ennemie par sa naissance dans le peuple des cananéens, la voilà qui s'approche et se prosterne

Jésus entend puisqu’il va répondre, mais Il sonde aussi la profondeur des sentiments qui habitent cette personne. Cette prosternation devant son ennemi est lourde de sens. Jésus, en effet, est son ennemi puisqu’Il est Juif ,soit elle veut Le compromettre, soit elle reconnaît son Dieu . Que lui répond Jésus ?

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »

 Les enfants sont les Israélites, qui ont part à l'alliance divine ; les chiens, animaux impurs, représentent les païens, cette femme est encore païenne.Mais Jésus adoucit ce mot, et, par un gracieux diminutif, il désigne ces « petits chiens » favoris qui ont accès dans la maison et jusque sous la table où ils se nourrissent. C'est même à cette intention délicate de Jésus que la Cananéenne s'attache dans son admirable réponse.La cananéenne manifeste une grande finesse et une non moins grande humilité ! Elle s'identifie à une païenne indigne et s'en remet à la Miséricorde de Jésus . Sa seule raison de vivre c'est de mettre sa fille DEBOUT. Elle fait abstraction de tout le reste , elle aime sa fille et veut son bonheur. Cette femme accepte d'être ce petit chien qui se contenterait des miettes trouvées sous la table DU MAITRE ! Elle considère déjà Jésus comme son Maître , l’important, l'urgent c'est cette miette qu'elle ne veut pas laisser s'échapper . Le Maître est là, elle ne va pas Le laisser partir sans obtenir, même ce qui traîne parterre ! Avec des restes on fait de bons plats, il n'y a aucun mépris chez cette femme , aucune colère, elle est prête à tout, accepte tout, le possible dénouement espéré en vaut la peine !

Elle reprit :« Oui, Seigneur ;mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » 

Cette femme, et elle a raison, considère les petits chiens comme des privilégiés : ils ont accès aux miettes ! Cette mère n'en demande pas davantage ! Les miettes lui suffiront ! Elle ne demande pas son intégration, elle ne demande pas un quelconque honneur, dans son humilité elle accepte de rester sous la table pour recueillir ce que les autres laissent tomber, négligent avec indifférence !

Quelle aurait été notre attitude en recevant cette parole plutôt blessante de Jésus? Quand tel frères, un ami, tel prêtre, religieux, religieuse nous renvoie à nous-mêmes comment réagissons-nous ? Faisons-nous confiance à Jésus qui sait intervenir au bon moment, de la meilleure des façons dans nos vies ou bien répandons-nous notre mauvaise humeur autour de nous chargeant cette personne de tous les défauts du monde ? A nous de nous poser les bonnes questions qui nous permettront de grandir .

L'attitude de la Cananéenne touche Jésus :

« Femme, grande est ta foi,que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »Et, à
l’heure même, sa fille fut guérie.

je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes :
dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations,
j’honore mon ministère,
    mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair,
et d’en sauver quelques-uns.

    Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu
quand ils ont été mis à l’écart,
qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ?
Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !

    Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance.
    Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu,
et maintenant, par suite de leur refus de croire,
vous avez obtenu miséricorde ;
    de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire,
par suite de la miséricorde que vous avez obtenue,
mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi.
    Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire
pour faire à tous miséricorde.

Ro 11

2ème lecture du jour


Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,

...........

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

Ps 66


L'Ermite



vendredi 11 août 2023

VIENS !

 

DIX NEUVIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A



(Mt 14, 22-33)

Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert,    Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules.    Quand il les eut renvoyées,il gravit la montagne, à l’écart, pour prier.
Le soir venu, il était là, seul.
    La barque était déjà à une bonne distance de la terre,elle était battue par les vagues,car le vent était contraire.

Dimanche dernier, la très grande et très belle fête de la Transfiguration du Seigneur, a prévalu sur le dix-huitième dimanche du temps ordinaire, c'est la raison pour laquelle nous n'avons pas médité la Multiplication des pains selon St Matthieu. Je profite de cette entrée en matière, pour vous prier de m'excuser pour la méditation de ce dernier dimanche, je ne suis pas arrivée à partager la profondeur de cette page, peut-être, étais-je, un peu trop bousculée à ce moment-là !

Rejoignons Pierre sur les eaux agitées de la mer de Galilée :

Même si ce n'est pas le plus important de cette péricope, je soulève une question qui nous habite pour la plupart, et nous étonne !

Pourquoi Jésus OBLIGE-T-IL ses disciples à monter dans la barque et à Le précéder ? « Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, » Ce terme semble indiquer une urgence ! Quelle peut-être cette urgence ? D'autant que nous retrouvons Jésus sur la montagne où Il s'est isolé pour prier !  Quand il les eut renvoyées,il gravit la montagne, à l’écart, pour prier.

Je vois trois éventualités :

Jésus s'est trouvé dans une situation extrêmement délicate : une foule immense, et rien à manger ! Renvoyer cette foule ,chez elle ,à la tombée de la nuit, affamée, fatiguée, est un risque qu'Il ne prendra pas. Il va donc nourrir cette foule à partir de cinq petits pains et deux poissons ! Il lève les yeux, là où Il rencontre Son Père : «Il  leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction, (Mt14) il est juste et bon, comme le disent nos Préfaces qui précèdent la Consécration , que Jésus prenne un temps d'action de grâce pour remercier le Père qui, comme Il le dit L' écoute toujours :Pour moi je savais que vous m'écoutez ( d'autres traduisent : vous m'exaucez) toujours; (Jn 11)

Certains exégètes, voient deux autres possibles raisons :

Jésus est dans l'urgence de l’Évangélisation, il n'y a pas de temps à perdre comme il n 'y en avait pas après la longue journée à Capharnaüm où Jésus a accompli de nombreuses guérisons. Jésus s'était retiré pour prier, Pierre et ses compagnons L'ayant retrouvé après une longue recherche auraient voulu Le retenir parce que la foule Le réclamait , Jésus leur répondit :« Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, pour que j’y proclame aussi l’Évangile : car c’est pour cela que je suis sorti. » (Mc 1,39).

Quant à Matthieu, dans l'épisode des Tentations, il montre clairement comment Jésus a dû résister aux tentations de l'avoir, du pouvoir, et de la gloriole ! Peut-être qu'après la multiplication des pains ,Jésus a craint pour Lui et pour Ses disciples la tentation du spectaculaire, certains ne voulaient-ils pas le faire Roi ? Nous trouvons cela dans Chez St Jean , mais Lui se déroba : Sachant donc qu'ils allaient venir l'enlever pour le faire roi, Jésus se retira de nouveau, seul, sur la montagne. (Jn 6)

Rejoignons maintenant la barque de Pierre malmenée par les vagues à cause d' un vent contraire.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer.    En le voyantmarcher sur la mer, les disciples furent bouleversés.
Ils dirent :« C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.    Mais aussitôt Jésus leur parla :« Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »    Pierre prit alors la parole :« Seigneur, si c’est bien toi,ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. Jésus lui dit :« Viens ! »Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.    Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria :« Seigneur, sauve-moi ! »  

De ces derniers versets, je retiens seulement, « Seigneur, sauve-moi ! »  Pierre eut peur, nous dit l’Évangéliste . Pourtant c'est bien lui, Pierre, qui a demandé à Jésus de prouver qu'il s'agit bien de Lui, Jésus, présent et marchant sur les eaux agitées , pour rejoindre l'équipage ! Pierre en somme, demande une preuve , or la foi en la Parole du Maître ne se prouve pas , la foi donne sa confiance absolue, inconditionnelle , comme l'enfant abandonné dans les bras aimants d'un parent, père ou mère.  . «  La foi ne se prouve pas elle s'éprouve » disait un certain Maurice Chapelain Alors pourquoi Pierre coule-t-il ?

Pierre coule , parce que sa demande est une vérification de la Parole de Jésus qui lui a dit « viens » et parce que le mouvement des vagues l'effraie, il ne regarde plus Jésus , mais ses pieds qui suivent le mouvement des vagues , Pierre a cessé de regarder Jésus !

Ainsi donc, cette foule immense de témoins est là qui nous entoure. Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d'abord du péché qui nous entrave si bien ; alors nous courrons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l'humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui. (Hb 12)

Pierre ne pensant plus qu'à lui, oubliant la Présence de l'Aimé, s'enfonce dans son égoïsme, il se tourne vers lui-même et se détourne de l'Aimé ! Alors quand son corps alourdi par son narcissisme, s'enfonce,il a peur, il a quand même ce sursaut extraordinaire : « Seigneur sauve-moi » Il ne dit pas, Jean, André, Thomas, venez à mon aide , mais du fond de son être , remonte la confiance , le regard vers Celui qui l'a appelé et qui est le seul Sauveur : et Jésus le généreux, étendit la main, le saisit !

 Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit :« Homme de peu de foi,pourquoi as-tu douté ? »Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba.    Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent :« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Qu'il est beau le cri de Pierre, qu'il est beau ce geste de Jésus ! L'un crie, l'Autre tend la main !

Seigneur mon Dieu, j'ai crié vers toi, et tu m'as guéri; Seigneur, tu m'as fait remonter des enfers, (Ps 30)

Tu as entendu ma voix suppliante quand j'ai crié vers toi. (Ps 31)

Pour moi, je crie vers Dieu, et le Seigneur me sauvera. (Ps 55)

Seigneur, mon Dieu et mon salut, dans cette nuit où je crie en ta présence,

que ma prière parvienne jusqu'à toi, ouvre l'oreille à ma plainte. (Ps 87)


Dans ma détresse, j'ai crié vers le Seigneur, et lui m'a répondu. (Ps 119)


N'ayons surtout pas peur de CRIER vers le Seigneur, de Lui exposer nos demandes, nos attentes, de déposer nos fardeaux, le Seigneur ne nous renvoie jamais à nos erreurs, Il nous tend une main secourable et aimante , Il nous redit , comme à Pierre « viens » Même après une trahison , souvenons-nous de Pierre justement, Jésus par trois fois lui demandera « Pierre m'aimes-tu » pour effacer le triple reniements . Jésus ne lui dit pas tu as fait ceci, tu as fait cela , Jésus lui demande, malgré ta fragilité , M'aimes-tu ? Jésus nous pose la même question aujourd'hui , Il ajoute, en nous tendant la main : « VIENS »


N’AIE PAS PEUR,
LAISSE-TOI REGARDER PAR LE CHRIST ;
LAISSE-TOI REGARDER, CAR IL T’AIME.

1
Il a posé sur moi son regard, Un regard plein de tendresse.
Il a posé sur moi son regard,Un regard long de promesse.

2
Il a posé sur moi son regard,Et m’a dit « Viens et suis-moi ».
Il a posé sur moi son regard,Et m’a dit « Viens, ne crains pas ».

3
Il a posé sur moi son regard,Et ses yeux en disaient long.
Il a posé sur moi son regard,C’était celui du pardon.

VIENS !


L'Ermite

vendredi 4 août 2023

ECOUTEZ-LE


FETE DE LA TRANSFIGURATION


DIX HUITIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année A


(Mt 17, 1-9)

Le Christ apparaît dans toute sa gloire à Pierre, Jacques et Jean, ses apôtres, sur le mont Thabor, préfigurant sa Résurrection

« Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante » (Luc, 9, 29 b-30).

Le 6 août, quarante jours avant l’Exaltation de la Croix, la Transfiguration du Seigneur rappelle comment le Christ voulut « préparer le cœur de ses disciples à surmonter le scandale de la Croix», mais elle est aussi une annonce de la « merveilleuse adoption » qui fait de tous les croyants des fils de Dieu en son Fils Jésus, et de la clarté dont resplendira un jour le corps entier de l’Église.

Le quarantième jour avant l’Exaltation de la sainte Croix, nous célébrons la Transfiguration du Seigneur. La fête est connue en Orient dès la fin du V ème siècle. Elle commémore vraisemblablement la Dédicace des basiliques du Mont Thabor.

Cette  fête du Seigneur, la Transfiguration, célèbre la vision de la Gloire du Christ qu’eurent Pierre, Jean et Jacques, huit jours après la confession de Pierre à Césarée et la première annonce de la Passion Le Seigneur voulait fortifier leur cœur à la perspective des souffrances qui l’attendaient, et leur dire déjà, comme il le décla­rera aux disciples d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa Gloire ? » (Lc 24, 26).

La Transfiguration est donc une fête de la Gloire, une percée jusqu’au terme de l'histoire du Salut, qui est l’entrée plénière dans la vie divine trinitaire. Si Moïse et Elie sont « vus dans la Gloire » (Lc 9, 31), c’est en raison de l’expérience partielle qu’ils eurent de cette Gloire au Sinaï (cf. Ex 33, 18-23 ; 1 R 19, 9-14) ; la mention des tentes par Pierre — même s’il ne savait pas ce qu’il disait (Lc 9, 33) — est une allusion à la Tente de la Rencontre où Dieu et Moïse conversaient face à face (Ex 33, 7-11).

La nuée évoque aussi la présence de Dieu à son Peuple dans l’Exode (13, 21-22 ; 19, 9 ; 33, 9-10). La voix du Père, qui dit la parole même en laquelle il engendre le Fils, manifeste que l’entrée dans la Gloire — celle du Fils (cf. Jn 17, 22-24) — n’est possible pour nous que si nous écoutons Jésus pour le suivre. La Transfiguration est un appel à la Gloire et un rappel du chemin de souffrances qui y mène.( notes diverses)

Je maintiens ma décision d'être brève. Cela reste bien difficile car l’Évangile est tellement riche qu'il est difficile de le quitter en laissant en suspens tellement de richesses à approfondir !

Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.  Il fut transfiguré devant eux ;son visage devint brillant comme le soleil,et ses vêtements, blancs comme la lumière. 

Voici que leur apparurent Moïse et Élie,qui s’entretenaient avec lui.  Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :« Seigneur, il est bon que nous soyons ici !Si tu le veux,je vais dresser ici trois tentes,une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »  Il parlait encore,lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre,et voici

que, de la nuée, une voix disait :« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,en qui je trouve ma joie :écoutez-le ! »  Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte.  Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »  Levant les yeux,ils ne virent plus personne,sinon lui, Jésus, seul.  En descendant de la montagne,Jésus leur donna cet ordre :« Ne parlez de cette vision à personne,avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »

J'ai souligné en caractères gras les trois versets retenus pour notre rencontre d'aujourd'hui :

  • « Seigneur, il est bon que nous soyons ici !Si tu le veux,je vais dresser ici trois tentes,une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » 

Pierre Jacques et Jean vivent une expérience exceptionnelle dont ils ne voudraient pas voir la fin,. Pierre ne cache pas son bonheur , il fait une proposition enthousiaste au Seigneur comme pour suspendre le temps. Plus rien n'existe pour lui, il oublie même les frères restés à la Maison , on pourrait dire, qu'il est en dehors du temps .

A l'occasion de la Profession de foi, du Sacrement de confirmation, pour certains, du sacrement de mariage, pour d'autres, lors de l'Ordination ou de la Consécration religieuse, souvent, d'une retraite spirituelle, n'avons-nous pas éprouvé ce désir de « demeurer » tellement l'expérience nous établissait dans une paix et une joie profondes ! Nous n'avions nullement envie de redescendre « de notre montagne » pour retrouver les soucis et les tracas du quotidien ?

Cette réaction profondément humaine, s'appelle « la gourmandise spirituelle. ». Ces moments exceptionnels de grâce ne sont permis, par le Seigneur, que pour mieux servir ensuite, et l’Évangile et les frères et sœurs! Quand Dieu donne, nous donne, c'est pour redistribuer ,pensons à la multiplication des pains, par exemple !

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le !

L'important pour nous c'est ce « écoutez-le ! ». Le Père nous demande d'écouter Son Fils comme le Fils nous demande d'écouter le Père et ce faisant, une connexion intérieure s'établit, à laquelle l'humain n'échappe pas, car Jésus ne dissocie pas , en vertu de Sa propre humanité, l'homme des Personnes divines .Il a pris chair de notre chair !

Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé. (Lc 10)

Toutefois Jésus, conscient de nos fragilités nous demande impérativement  :

Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car celui qui a recevra encore, et celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il paraît avoir. » (Lc 8)

Nous pouvons avoir l'air d'écouter alors que notre esprit se promène partout ailleurs, il entend, sans écouter et peut écouter sans entendre. L'écoute réclame toute notre attention elle demande d'apprendre à développer l'intériorité, le recueillement, le silence que nous apprenons, peu à peu, à imposer à nos sens susceptibles de nous éparpiller.

Écouter comme nous le demande le Père c'est regarder vivre Jésus dans l’Évangile et accomplir ce qu'Il nous demande.

Écouter c'est nous recentrer sur l'essentiel et définir cet essentiel ,pour et dans notre vie d'enfants adoptifs.En tout cela

Jésus lui dit: "Je suis le chemin, la vérité et la vie; nul ne vient au Père que par moi. (Jn14)

  • Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »  Levant les yeux,ils ne virent plus personne,sinon lui, Jésus, seul. 

Jésus-Dieu qui vient d'être manifesté dans la gloire qui est Sa véritable identité, Jésus-Dieu, tout en douceur, tout en simplicité, dans le silence de la montagne, s'approcha, se fit proche, au plus près de l'humanité dans ces trois témoins, Jésus-Dieu ( c'est inconcevable, inimaginable, troublant) Dieu s'approcha et les toucha. Jésus-Dieu toucha spirituellement et physiquement ( sentez-vous cette main de Dieu, affectueuse, rassurante,apaisante ) l'humanité et, tout en nuance, l'appelle à se relever, il serait plus juste de dire, à se laisser relever, mettre debout pour avancer ! Doucement ils sortent de leur torpeur contrôlée, maîtrisée et se tiennent debout les yeux toujours baissés parce que intimidés : Dieu est là devant eux ! Le réalisent-ils ? Le réalisons-nous ?

Jésus ne fait aucune allusion au désir d'installation Il les entraîne vers la plaine où la Mission les attend : « la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux » Suivons-Le nous-aussi !

Chers amis, chacun de nous est appelé à se laisser transfigurer, illuminer, irradier , jour après jour, en ECOUTANT Jésus qui nous parle, au présent, à travers l’Écriture Sainte, à travers les sacrements de l’Église, jusqu'à l'heure, notre heure, du Passage, où nous entrerons dans le Royaume de LUMIERE ET D'AMOUR !


Nous avons quitté nos chemins

(CFC/Berthier/Langree/Studio SM

1

    Nous avons quitté nos chemins de peine
    pour goûter près de Toi le repos
    ;
    Seigneur, tu le sais, nous cherchons le Père,
    apprends-nous à prier.
    2.
    Saurons-nous veiller quand la chair est faible ?
    Ton désir nous soutient dans la foi ;
    Seigneur, nous croyons : Tu connais le Père,
    montre-nous sa beauté.

    3.
    Un instant, nos yeux ont surpris ta gloire :
    Te voici rayonnant de splendeur ;
    Seigneur, notre joie, Tu as vu le Père,
    Ton visage est clarté.

    4.
    Dans la nuit des temps se cachait ta face :
    les prophètes annonçaient ta venue;
    Seigneur, aujourd’hui, à la voix du Père,
    nous t’avons reconnu.

    5.
    Il nous faut encore soutenir l’épreuve,
    traverser avec Toi d’autres nuits ;
    Seigneur, Fils de Dieu, conduis-nous au Père,
    transfigure nos vies.



L'Ermite