jeudi 28 novembre 2019

VEILLEZ !


PREMIER DIMANCHE

DE L'AVENT

Année A

(Mt 24, 37-44)

L’heure du réveil et de la vigilance. Cette nouvelle année liturgique amorcée s’inscrit toutefois dans la continuité des lectures des dimanches précédents. Les références à l’espérance et à la joie s’y font plus puissantes chez Isaïe et dans le psaume. Paul et Jésus appellent à un réveil, à une conversion profonde.(Église catholique)

Jésus disait à ses disciples : " comme il en fut aux jours de Noé,ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.
Dans Luc 24, Jésus dit: "Il faut que le Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour."Mais Jésus est Fils de Dieu. Il y a contradiction ?
Il est nécessaire de savoir ce que signifie Fils de Dieu et ce que veut dire Fils de l'homme.

La Bible, qui est la Parole même de Dieu, dit que avant même que l'Univers existe, Dieu le Père agissait à travers son Fils. (Jean 1)
Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.
Elle était au commencement avec Dieu.
Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
Elle affirme aussi à propos de Jésus:
Colossiens 1:16 Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.
Et par l'apôtre Pierre elle dit (1 Pierre 1:20), qu'il a été prédestiné avant la fondation du monde, il fut manifesté à la fin des temps, à cause de vous;
Jésus pourra dire:
Jean 17:5 Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde soit.
Donc, Jésus existait auprès de Dieu, avec Dieu, et Il était lui-même Dieu, ceci même avant la création de l'Univers... Son titre "Fils de Dieu" est donc la définition de sa position divine.
Mais alors, pourquoi Jésus dit-il qu'il est le "Fils de l'homme" ?
Cette appellation se trouve 83 fois dans le Nouveau Testament, c'est donc une chose importante.Jésus est venu sur terre sous la forme d'un homme, par une naissance miraculeuse. Il a vécu comme un homme - mais sans jamais faire une seule chose contraire à la volonté de Dieu le Père - il a été jugé et condamné comme s'il avait été simplement un homme; et son corps a été crucifié provoquant la mort. Il est (était) donc vraiment homme.
Mais pour comprendre toute l'importance de ce titre, il faut revenir très longtemps en arrière, lorsque Satan a tenté l'être humain, au travers d'Adam et Eve, pour la première fois.Dans ce premier combat entre Satan et l'Homme, l'Homme a perdu. Il a cru ce que Satan, le Diable, lui disait et, poussé par l'orgueil et l'ambition ("vous serez comme des dieux", disait Satan), il a rompu le lien avec Dieu et a abandonné la domination sur la planète Terre à Satan.
Mais Dieu ne laisse jamais le dernier mot à Satan. Ainsi, le Fils de Dieu, prédestiné avant même la fondation de l'Univers, est Celui qui a relevé le défi en combattant contre Satan... et l'a vaincu !
Mais pour remplacer Adam qui avait fait faillite, il fallait que le Fils de Dieu combatte en tant qu'Homme, Fils de l'homme. C'est pour ce combat qu'il est né à Bethléem, qu'il a vécu et qu'il est mort sur la Croix.
Et c'est sur la Croix qu'il a remporté la victoire éternelle. Homme parfait, sans aucune faute, il a accepté cette mort infâme, car il portait là sur lui toutes les fautes commises par tous les hommes de tous les temps.
Représentant parfait de toute l'Humanité: Fils de l'homme, mais aussi Fils de Dieu, son sang a coulé pour que tous ceux qui croient en lui soient purifiés et retrouvent pleine communion avec Dieu, comme cela était avant la faillite d'Adam.
Souvenons-nous donc qu'il y a environ 2000 ans, Jésus est venu sur la Terre pour mourir pour nous. Ne parlons pas de Lui comme s'il était resté un petit enfant, mais comme le Fils de Dieu, qui reviendra bientôt chercher les siens.(notes)
En ces jours-là, avant le déluge,on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari,jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien,jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis :telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.    Alors deux hommes seront aux champs :l’un sera pris, l’autre laissé.    Deux femmes seront au moulin en train de moudre :l’une sera prise, l’autre laissée. 
Que retenir de cet étonnant passage de l’Évangile ? Deux éléments me semble-t-il :
  • le Fils de l'homme viendra, nous devons être en état de veille pour ne pas nous laisser surprendre comme ceux qui vivaient au temps de Noé au point d'être engloutis !
  • Certains seront pris, d'autres pas sans doute avons-nous là une référence au Jugement dernier :
Allez-vous-en loin de moi, les maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger; … Alors il leur répondra: " En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait. " Et ceux-ci s'en iront au supplice éternel, et les justes à la vie éternelle. (Mt 25)
Le Seigneur effectuera le tri plaçant chacun à sa juste place . Un choix défini ni par les qualités, ni par les performances, encore moins par les biens mais par l'amour manifesté à nos frères. C'est un appel à faire taire les rancunes, les violences sous toutes leurs formes et expressions,à développer nos capacités d'amour vrai, fort comme le roc.
Plus j'avance, plus je suis convaincue, et je ne suis certes pas la seule, que seul l'amour a droit de cité en ce monde, lui seul peut changer le monde.Lisons et relisons les Lettres de Saint Jean l’Évangéliste, le chapitre 13 de la première Lettre de Saint Paul aux Corinthiens. Arrêtons nos comparaisons, nos jugements,notre volonté de puissance , qu'importe si nous sommes déconsidérés, incompris , jugés, pris pour des « minus » nous qui avons cette grâce insigne de faire partie du Corps du Christ, AIMONS. C'est sur l' AMOUR que nous serons jugés !
Si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante.
J'aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien.
J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien.

L'amour prend patience ; l'amour rend service ; l'amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais. Un jour, les prophéties disparaîtront, le don des langues cessera, la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l'achèvement, ce qui est partiel disparaîtra. Quand j'étais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j'ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant. Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai vraiment, comme Dieu m'a connu. Ce qui demeure aujourd'hui, c'est la foi, l'espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c'est la charité. (1Cor 13)

Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, car l'amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Il a manifesté son amour pour nous en envoyant son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. (1Jean 4)

« Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses sur la Terre », « Je reviendrai sur la Terre pour faire aimer l’Amour », 
« Je t’assure que le Bon Dieu est bien meilleur que tu le crois. Il se contente d’un regard, d’un soupir d’amour… » (LT 191)
« Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit… je L’aime !… car Il n’est qu’Amour et Miséricorde ! » (LT 266) Ste Th de l’Enfant Jésus.

Cet AMOUR se découvre peu à peu en regardant et en suivant Jésus pas à pas de « la
crèche à la croix ! » Ne nous lassons pas de regarder Jésus , de tenter de l'imiter, d'ajuster nos pas aux siens, c'est de Lui que nous apprendrons l'amour !
Nous sommes en route pour quatre semaines de préparation à Sa venue chez les hommes, redressons-nous comme le commande l’Écriture Sainte « redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » (Luc 21), réveillons-nous, montrons à tous les hommes de bonne volonté que le bonheur n'est pas dans la course à l'argent, aux biens sous toutes les formes, au clinquant, mais à l'Amour, au VERITABLE AMOUR ! L'Amour qui se donne , se laisse manger comme un bon pain, comme le fait Jésus lui-même, tout en sachant que l'Amour est crucifiant, c'est sur la croix que Jésus nous montre le plus d'amour , l’Amour absolu ! Oui, réveillons-nous et comme nous le demande Jésus Lui-même, VEILLONS pour ne pas passer à côté de la Vérité qui est venue, qui vient et qui reviendra !

 Veillez donc,car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.De fait, le Seigneur ne cesse de venir en nos vies mais nos yeux sont aveuglés, nos cœurs fermés ! Si nous sommes tant soit peu attentifs c'est à chaque instant que nous sommes invités à choisir l'autre, et l'autre, mon frère, c'est Jésus dans ce frère ! Mais nous sommes tellement légers,
parfois vindicatifs, que nous voulons prouver que nous existons, que nous ne voulons rien perdre. Pourtant Jésus nous dit : « Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. (Mt 10)
Jésus , en ce Premier dimanche de l'Avent, nous invite à veiller , à rester en éveil justement, pour reconnaître Sa Présence, Ses appels, dans les petits et grands événements de notre quotidien . Nous savons tous ce que disait la Servante de Dieu Élisabeth LESEUR : « Toute âme qui s'élève, élève le monde ». Je ne grandis pas tout seul , c'est ce qu'écrivait Tagore à propos de l'éducation des enfants, mais c'est vrai pour les grands aussi ! «  Ces enfants, ils te regardent vivre, que tu le veuilles ou non tu as une responsabilité vis à vis d'eux » Nous sommes responsables les uns des autres , les actes que nous posons ont une répercussion sur nos frères, dans leur vie !
Comprenez-le bien :si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait,il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.    Tenez-vous donc prêts, vous aussi :c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Nous savons tous, et c'est normal, protéger notre bien pour aussi minime soit-il or nous sommes souvent totalement irresponsables dans ce qu'il y a d'essentiel, le don de la Foi reçu au baptême, nous le bafouons même, nous l'ignorons comme si rien ne c'était passé et le « voleur Satan » en profite !
Chers amis prenons une décision ferme « restons éveillés » pour accueillir Jésus qui vient à Noël certes, mais à chaque instant également, ainsi nous ne serons pas surpris quand Il nous appellera pour le grand Voyage de notre propre transfiguration !


Tenons en éveil

Notre Dieu fait toujours ce qui est bon pour l'homme
Alléluia ! Bénissons-Le !
Il engendre le corps des enfants de sa grâce
Alléluia ! Bénissons-Le !
Pour Lui rendre l'amour dont Il aime le monde

R / Tenons en éveil la mémoire du Seigneur :
Gardons au cœur le souvenir de ses merveilles !

Notre Dieu a voulu voir en nous son image,
Alléluia ! Bénissons-Le !
Sa tendresse nous dit de rechercher sa face,
Alléluia ! Bénissons-Le !
Pour lui rendre la joie dont l’Église est heureuse.

Notre Dieu nous choisit pour sa Bonne Nouvelle
Alléluia ! Bénissons-Le !
Il suscite partout des énergies nouvelles,
Alléluia ! Bénissons-Le !
Pour Lui rendre la vie qu'il nous donne à mains pleines.

Notre Dieu nous permet de chanter sa louange,
Alléluia ! Bénissons-Le !
Il écoute son Fils dans le cri de nos hymnes,
Alléluia ! Bénissons-Le !
Pour lui rendre la voix qu’il a mise en nos bouches,


Frères, vous le savez :
 c’est le moment,l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil.
Car le salut est plus près de nous maintenant
qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants.
    La nuit est bientôt finie,
le jour est tout proche.
Rejetons les œuvres des ténèbres,

revêtons-nous des armes de la lumière.
    Conduisons-nous honnêtement,
comme on le fait en plein jour,
sans orgies ni beuveries,
sans luxure ni débauches,
sans rivalité ni jalousie,
    mais
revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ.
Rom 13


  Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur.
Isaïe 2
L'Ermite

vendredi 22 novembre 2019

CHRIST ROI DE L'UNIVERS



XXXIV e DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

Année C

(Lc 23, 35-43)

Par fr. Patrick Prétot, Institut Supérieur de Liturgie, Institut Catholique de Paris

C’est avec la fête du Christ-Roi de l’Univers, instituée en 1925 par le Pape Pie XI, que s’achève l’année liturgique.


Introduction

Pour la Constitution sur la Liturgie, toute célébration liturgique actualise l’œuvre du salut en plaçant au centre de la vie chrétienne, le mémorial de la croix, centre de la foi chrétienne :

« Parce que la mort du Christ en croix et résurrection constituent le contenu de la vie quotidienne de l’Église et le gage de sa Pâque éternelle, la liturgie a pour première tâche de nous ramener inlassablement sur le chemin pascal ouvert par le Christ, où l’on consent à mourir pour entrer dans la vie ».

En entretenant cette mémoire pascale, la liturgie cultive une distance à l’égard de tout pouvoir. A la requête de la mère des fils de Zébédée, « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume » (Mt 20,21), Jésus répond : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire? » (Mt 20, 22), ce qui évoque la Passion. Et il le fait en précisant qu’il n’a pas le pouvoir d’accorder ce qui est demandé : « vous boirez ma coupe; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas d’accorder cela, mais c’est pour ceux à qui mon Père l’a destiné » (Mt 20,23). La suite du texte, qui souligne la jalousie entre les disciples, traduit cette transformation fondamentale, opérée par la foi au Christ, du rapport chrétien au pouvoir :
« Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. Il n’en doit pas être ainsi parmi vous: au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier d’entre vous, sera votre esclave » (Mt 20, 25b-27).

Toutefois ceci ne doit pas être compris seulement comme une exhortation à la modestie : il en va de la condition même du disciple du Christ, de sa configuration au maître qui s’est fait serviteur : « C’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20,28). C’est pourquoi la Fête du Christ Roi de l’univers, célébrée le dernier dimanche de l’année liturgique, exprime de manière spécifique la relation que la liturgie instaure entre royauté du Christ et mystère de la croix.

De la Fête du « Christ-Roi» à la fête du « Christ, Roi de l’univers »


Instituée par l’Encyclique Quas Primas du Pape Pie XI (1925), et placée au dernier dimanche d’octobre, la fête du Christ-Roi apparaissait comme une fête autonome célébrant le « règne social de Jésus-Christ ». Son instauration avait fait l’objet de quelques critiques car on s’écartait de la grande tradition liturgique, qui normalement célèbre des événements du salut manifestant l’unique mystère du Christ (Nativité, Pâques, Ascension etc.). Dans la période post-conciliaire, cette fête a suscité une certaine gêne tant il est vrai que sa dimension socio-politique était liée à une vision des rapports entre l’Église et la société qui semblait éloignée de l’enseignement du Concile Vatican II. Pouvait-on encore dire par exemple : « aux catholiques il appartiendra de faire rentrer triomphalement le Christ -Roi ans les conseils de leurs gouvernements et dans les relations sociales de leurs semblables » ? . En 1966, dans la première série Assemblées du Seigneur (avant donc la réforme de Vatican II), l’introduction du fascicule consacré à cette fête, traduit bien cette gêne :

« Instituée à l’époque moderne, commentée par une encyclique aux implications sociales et politiques qui correspondent à un contexte sociologique pour une bonne part dépassé, la fête du Christ-Roi pourrait sembler à beaucoup avoir perdu son actualité sinon sa signification ».

En effet, certains aspects en faisaient largement la célébration d’une « idée ». Ainsi, s’adressant au Christ (désigné comme « Prince de tous les siècles », « Roi des nations », « vrai Prince de la Paix » et encore « arbitre des pouvoirs du monde ») l’hymne des vêpres demandait : « Puissent les gouvernants des peuples vous offrir un culte public, maîtres, juges, vous honorer ; arts et lois chanter votre gloire ! » . Le thème de la royauté du Christ abritait, en faveur de l’Église et de la religion, la revendication d’une place dans une société en voie de sécularisation accélérée.

Et, en rappelant la dimension sociale de la religion, l’instauration de cette fête cherchait à s’opposer au mouvement de privatisation du religieux qui caractérise le monde contemporain.

Dès lors, et en plaçant la fête du Christ Roi au dernier dimanche de l’année liturgique, comme une sorte d’inclusion avec le premier dimanche de l’Avent, la réforme de Vatican II a transformé profondément le sens de cette célébration et lui a conféré une dimension eschatologique fondamentale qu’atteste d’ailleurs le titre nouveau qui lui est donné dans le Missel romain de 1970 : « Fête du Christ Roi de l’Univers ». Si on les compare à ceux de 1926, les formulaires liturgiques actuels sont très révélateurs de la réinterprétation de cette fête dans le cadre de l’enseignement du Concile Vatican II.

Les changements dans la liturgie de la Parole

Dans le missel de 1962, les deux lectures de la messe de cette fête sont l’hymne de l’Épître aux Colossiens (Col 1, 12-20) (comme épître) alors que l’Evangile était celui de la rencontre entre Pilate et Jésus au cours de Passion (Jn 18, 33-37). Le commentaire dans le « missel à l’usage des fidèles » de Dom Lefebvre insistait déjà sur le caractère spirituel de la royauté du Christ, ce qui opérait une prise de distance à l’égard d’une vision où la fête était conçue avant tout comme protestation contre le laïcisme . Au-delà de cet horizon social et politique, et dans le cadre d’une théologie de la Rédemption, le formulaire liturgique mettait surtout en lumière, la primauté du Christ sur la création et sur les nations : « Dieu (…) accordez dans votre bonté, à la grande famille des nations, déchirée par la blessure du péché, de se soumettre à son joug plein de bénignité ».

Dans le lectionnaire de 1969, il y a trois formulaires, un pour chaque année liturgique, et comportant chacun trois lectures et un psaume : les textes scripturaires sont nettement plus nombreux et confèrent à la fête des harmoniques diversifiées.

L’année A insiste sur la figure du roi berger dont David est la figure annonçant le Christ.Comme roi et berger de son peuple, c’est le Christ qui lors de son retour en gloire à la fin des temps – « Jésus parlait à ses disciples de sa venue… » (Mt 25, 31) – présidera au grand jugement de l’amour dont l'Evangile de Matthieu dessine la scène grandiose : « il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche » (Mt 25, 32-33)

L’année B insiste sur la différence entre les royautés de ce monde et celle que Jésus revendique devant Pilate : « Ma royauté ne vient pas de ce monde (…) non ma royauté ne vient pas d’ici »(Jn 18, 36). Mais surtout la relation entre l’Ancien et le Nouveau Testament qui structure la liturgie de la Parole dans le lectionnaire de 1969, désigne cette royauté comme accomplissement eschatologique de la prophétie du livre de Daniel : « Moi Daniel (…) je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme (…) Et il lui fut donné domination, gloire et royauté (…). Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite » (Dn 7, 13-14).
L’année C tourne le regard vers le Christ en croix avec la scène des deux larrons, propre à l’Evangile de Luc. C’est sur la Croix qu’apparaît le caractère royal du crucifié qui conteste tout pouvoir. C’est même à un délinquant que cette royauté est annoncée avec solennité : mais si le bon larron demande au crucifié de se souvenir de lui « quand tu viendras inaugurer ton Règne » (Lc 23,42), la réponse fait passer du règne (basileia) au paradis (paradeisos) :

« aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis »
(Lc 23, 43)

N'est-il pas surprenant d'entendre cet Évangile en ce jour où , en Église, nous célébrons la fête du Christ Roi de l'Univers ? Jésus crucifié, Jésus moqué, Jésus bafoué, Ses Paroles galvaudées, mais où est donc Sa Royauté ? Comment reconnaître le ROI DE L'UNIVERS dans cet homme suspendu au gibet entre deux malfaiteurs ? C'est là tout le paradoxe de notre foi chrétienne, de notre engagement de baptisé, c'est quand je suis faible écrira Saint Paul, que je suis fort !
C'est pourquoi j'accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. (2Co 12)
Saint Paul peut dire cela parce que Jésus a montré le chemin ! Ce n'est pas dans les miracles, que Jésus révèle Sa grandeur , Sa puissance, Sa force, Sa divinité, non ! C'est sur la croix ! Il faut être extraordinairement fort, extraordinairement puissant, Il faut être extrêmement aimant pour rester digne dans semblable situation ! Tout simplement il faut être Royal ! Jésus n'est pas venu pour nous en remontrer , Jésus vient en SERVITEUR ! Avons-nous rencontrer beaucoup de puissants de ce monde capables de se mettre à genoux devant leurs subordonnés pour leur laver les pieds ? Essayons de suivre Jésus pas à pas dans l'ultime étape de Son passage terrestre, Lui qui a dit « mon Royaume n'est pas de ce monde » et encore .Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi." (Jn 12)
On venait de crucifier Jésus,et le peuple restait là à observer. Comme très souvent le
peuple n'a pas la parole ! Soit il ne comprend pas ce qui se passe, soit il comprend trop bien et risque sa propre vie s'il intervient. Il faut être très fort dans son esprit, avoir un bon capital psychologique, spirituel, moral pour se dresser devant des adversaires sans entrer dans des débordements souvent inévitables , sans devenir violent à son tour, verbalement ou physiquement. Quelle est mon attitude quand quelqu'un sous mes yeux, se fait lyncher ? De quel côté je me place ? Du côté du plus fort ou du côté du faible ? Suis-je capable , ne serait-ce que par mon attitude, de ramener la paix au lieu d'envenimer ?
Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient :« Il en a sauvé d’autres :qu’il se sauve lui-même,s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Jésus se tait ! Jésus a tous les atouts en mains pour réagir, et comme le dira un soldat, Il pourrait même demander l'aide de Son Père pour être secouru par une légion d'anges, Jésus, librement, choisit le silence . Demander l'aide de Son Père serait une provocation qui engendrerait encore plus de violence, plus de railleries, plus d'humiliations, Jésus se tait parce qu'Il est venu sauver aussi ceux qui Le provoquent. C'est même surtout pour eux qu'Il là, sur la croix ! Sa réplique enfoncerait encore plus profond ses bourreaux dans leur péché, parce qu'ils en rajouteraient encore, Jésus n'est pas venu pour cela, Jésus vient nous sauver, Il vient nous tirer de nos bourbiers ! On ne sauve pas en rendant le mal pour le mal, on sauve en répondant au mal par le bien ! Le Bien ici, c'est la force du silence et c'est en cela que Jésus est supérieur, c'est en cela qu'Il est Roi !
Les soldats aussi se moquaient de lui ;s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant :« Si tu es le roi des Juifs,sauve-toi toi-même ! »Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui :« Celui-ci est le roi des Juifs. » Et voilà la perversion : c'est de retourner contre l'intéressé les propos qui circulent dans la région ! Jésus n'a jamais dis je suis roi par contre les gens qu'Il rencontre pressentent Sa grandeur d'être, Sa grandeur d'âme, Sa magnanimité, Sa transcendance, Sa noblesse divine j'ose dire : Nathanaël lui dit : « Rabbi, c'est toi le Fils de Dieu ! C'est toi le roi d'Israël ! » (Jn 1)
Bien au contraire Jésus se dérobe quand certains veulent Le porter en triomphe : Jésus, sachant qu'on allait venir l'enlever pour le faire roi, se retira à nouveau, seul, dans la montagne. (Jn 6)
Lors de l'entrée à Jérusalem c'est la foule qui l'ovationne, cette foule qui peu de temps après le rejettera pour certains, se taira pour d'autres :
Les gens criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le roi d'Israël ! » Jésus, trouvant un petit âne, monta dessus. Il accomplissait ainsi l'Écriture : N'aie pas peur, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, monté sur le petit d'une ânesse. (Jn 12)
A tel point que Pilate qui ne connaît Jésus que par « ouïe dire » se prendra lui-même « les pieds dans le tapis » ce que Jésus ne manquera pas de lui faire remarquer avant de préciser la raison essentielle de Sa venue en ce monde au point de le déstabiliser :
Alors Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d'autres te l'ont dit ? Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C'est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. » Pilate lui dit : « Qu'est-ce que la vérité (Jn 18)
Pilate est à ce point déstabiliser qu'il s'en remet à la foule pour l'ultime décision : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c'est la coutume chez vous que je relâche quelqu'un pour la Pâque : voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? » ...Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : « Voyez, je vous l'amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » (Jn 18 / 19)
Pilate laisse faire, Jésus se laisse faire ! D'un côté la lâcheté, de l'autre la grandeur, la dignité et cela n'échappe pas à ceux qui regardent, assoiffés de justice et d'amour ,c'est le cas de ce malfaiteur qui expire lui aussi, sur une croix à côté de Jésus ! Lui aussi a observé et parce que son cœur n'est pas totalement perverti il a su RECONNAITRE la grandeur de Jésus bafoué, humilié , raillé au point de reprendre son compagnon révolté et de demander pour lui-même, le salut à Jésus ! Cet homme a compris que Jésus, dans ce corps de chair mutilé, est habité par le mystère d'une Royauté différente de celle du monde , une royauté spirituelle qui le dépasse mais lui permet d'espérer, malgré son péché personnel qu'il confesse publiquement, et de croire en une vie meilleure :
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait :« N’es-tu pas le Christ ?Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »Mais l’autre lui fit de vifs reproches :« Tu ne crains donc pas Dieu !Tu es pourtant un condamné, toi aussi !    Et puis, pour nous, c’est juste :après ce que nous avons fait,nous avons ce que nous méritons.Mais lui, il n’a rien fait de mal. »    Et il disait :« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Le terme est lancé ! Qui dit royaume, dit Roi le malfaiteur reconnaît la Royauté de Jésus , et c'est sur la CROIX !
La grandeur de Jésus dans Son abaissement n'échappe à personne, la plupart se taisent mais le centurion romain ne résiste pas ! C'est le cri du cœur, c'est le cri de celui qui est dépassé, bouleversé par ce qu'il voit :Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant
comment il avait expiré, s'écria : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15)
Le centurion ne dit pas un fils de Dieu, ou, plus simplement , fils de Dieu, un parmi d'autres mais LE FILS DE DIEU ! Quant à Jésus jusque dans la déréliction Il reste capable de se dépasser et d'accorder la grâce demandée au malfaiteur repenti , n'est-Il pas venu pour sauver ce qui était perdu ?
:« Amen, je te le dis :aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » La Porte du Royaume s'ouvre pour cet homme et reste ouverte pour ceux qui se reconnaissent dans ce ROI D'HUMILITE !


. Qui es-Tu, Roi d'humilité,
Roi sans palais, roi sans armée ?
Nous sommes venus t'adorer
Des bouts du monde.


Regarde donc autour de Toi
Dans les richesses qui sont là,
Les nations qui ne savent pas
Que Tu les aimes.


Petit roi juif et Roi du ciel,
Notre grand Roi, l'Emmanuel,
Nous traversons Ton Israël
Pour en renaître !




Jésus, Seigneur, Tu es Roi de Roi,
Lumière de Lumière, Toi !
Lumière de Lumière.

Ô Verbe, avant d’accomplir la Loi,
Tu as fait ciel et terre, Toi !
Tu as fait ciel et terre.

Tu es l’Alpha, Tu es l’Oméga,
Le centre du Mystère, Toi !
Le centre du Mystère.

Tu as pris chair, Vérité de foi,
Unique Fils du Père, Toi !
Unique Fils du Père.

Sauveur, ô Christ, homme mort en croix,
Dieu même nous libère, Toi !
Dieu même nous libère.




L'Ermite
J'aurais aimé mieux partager ce que je reçois de cette grande fête du Christ Roi de l'univers, je ne crois pas y être arrivée ! Ce qui certain c'est, qu'en Jésus, la grandeur est petitesse, et c'est parce que Jésus est le plus petit des petits que Son Amour devient LUMIERE pour les femmes et les hommes de bonne volonté !