vendredi 27 janvier 2023

HEUREUX!

 

HEUREUX !


QUATRIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année A


(Mt 5, 1-12a)


Nous avons plusieurs fois médité le passage d’Évangile que nous offre la liturgie de ce Dimanche. Il est certain que nous ne parviendrons jamais à en extraire toute la profondeur ,et surtout, la lumière qu'il communique à nos vies de croyants.

Plutôt que de reprendre chaque béatitude, je choisis, cette année, d'aborder ce Sermon sur la Montagne, à partir du terme « HEUREUX » repris neuf fois dans ce passage par St Matthieu , treize fois dans l'ensemble de son écrit. Nous trouvons le même terme 13 fois chez Saint Luc dont cinq fois pour le passage parallèle , pas du tout chez Saint Marc, et deux fois seulement chez Saint Jean.

C'est au tout début de Sa vie Publique que Jésus nous offre ce Sermon sur la Montagne. Jésus a choisi Ses premiers disciples, puis, Il continue Ses déplacements à travers la Galilée, où il est confronté à de bien nombreuses souffrances :et on lui amenait tous les malades atteints d'infirmités et de souffrances diverses, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques, et il les guérissait. Et des foules nombreuses le suivirent de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d'au delà du Jourdain. Mt 4.

C'est devant et avec ces foules nous dit l’Évangéliste, que Jésus éprouve la nécessité de gravir la Montagne ( nous reviendrons sur le sens de ce lieu) Voyant les foules,Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : pour enseigner et livrer en quelques paroles, un résumé des plus dense, de Son Message évangélique. Neuf fois de suite Jésus proclame HEUREUX , heureux qui ? On peut être surpris par cette répétition adressée à une foule en souffrance et pourtant :

«Heureux les pauvres de cœur, .Heureux ceux qui pleurent,.Heureux les doux, .Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, .Heureux les miséricordieux, .Heureux les cœurs purs, .Heureux les artisans de paix, .Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, .Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,

Jésus évoque le pauvre de cœur, des gens qui pleurent, d'autres persécutés ...et Il ose affirmer haut et fort qu'ils peuvent dans la vie qui est la leur , traversée par l'épreuve, être Heureux !

En écoutant ou en lisant une telle proclamation certains s'étonnent et voient en Jésus un « doux illuminé, un rêveur ». Pour accueillir ce condensé de l’Évangile, il convient d'avoir reçu et cultivé le don de la foi que nous communique le Baptême ! Et même, pourvu de ce don, il est indispensable , comme Marie le faisait pour les événements de sa vie, de les conserver et de les méditer dans notre cœur, de les « ruminer » : nous n'aurons jamais fini d'en extraire la quintessence. En Dieu, nous pourrons nous émerveiller et vraiment comprendre !

Il n'est pas inutile, je pense de nous arrêter, et de nous interroger sur le sens le plus pur, le plus juste du terme : heureux

Nous reconnaissons, intuitivement, que « le bonheur » et le fait d'être « heureux » sont étroitement liés. J'ai consulté quelques points de vue et voici ce que j'en retiens :

Le bonheur, est au sens courant, un état émotionnel agréable , équilibré et durable dans lequel se trouve quelqu'un qui estime être parvenu à la satisfaction des aspirations et désirs qu'il juge importants . Il perçoit alors sa propre situation de manière positive et ressent un sentiment de plénitude et de sérénité , d'où le stress, l'inquiétude et le trouble sont absents. Le bonheur ne doit pas être confondu avec la sensation passagère de plaisir car le bonheur est un état d'équilibre , agréable, qui dure dans le temps .Qui jouit du bonheur est durablement content , heureux de son sort.

J'ai été plus particulièrement touchée cette semaine par la prière conclusive d'un office de Complies . Je vous la partage :

Seigneur, notre part d’héritage, donne-nous de ne chercher qu’en toi notre bonheur et d’attendre avec confiance, au-delà de la nuit de notre mort, la joie de vivre en ta présence. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

Et une antienne ( il s'agit de ces brefs refrains qui encadrent les Psaumes au cours de la Liturgie des heures ,ils sont tirés habituellement de l’Écriture Sainte ) affirme : Rester proche de Dieu fait tout mon bonheur .

Quant à Sophonie, sept siècles avant Jésus , ne nous indique-t-il pas la voie, la seule voie, pour un croyant, qui conduit à l'harmonie du bonheur, dans notre Première Lecture  :

Cherchez le Seigneur,vous tous, les humbles du pays,qui accomplissez sa loi.Cherchez la justice,cherchez l’humilité :peut-être serez-vous à l’abri au jour de la colère du Seigneur.Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ;il prendra pour abri le nom du Seigneur.Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ;ils ne diront plus de mensonge ;dans leur bouche, plus de langage trompeur.Mais ils pourront paître et se reposer,nul ne viendra les effrayer.

Dans les livres sapientiaux de la Bible le terme heureux est utilisé soixante treize fois dont trente deux fois dans les Psaumes et cent treize fois dans vingt documents sur les quarante six de l'Ancien Testament.

Heureux qui a trouvé la sagesse, qui s'est procuré la raison ! Car sa possession vaut mieux que possession d'argent et son revenu est meilleur que l'or. (Pr3)

Heureux l'homme qui m'écoute, qui veille à ma porte jour après jour, qui monte la garde devant chez moi. Car celui qui me trouve a trouvé la vie, il obtiendra la faveur du Seigneur. » (Pr 8)

Qui méprise son prochain pèche, mais qui a pitié des humbles est heureux. (Pr 14)

Qui réfléchit mûrement à une affaire s'en trouvera bien; qui se confie dans le Seigneur, heureux est-il! (Pr 16)

Voyez et appréciez combien le Seigneur est bon. Heureux l'homme dont il est le refuge! Craignez le Seigneur, vous qu'il a consacrés, car rien ne manque à ceux qui le craignent. (Ps 34)

Heureux celui dont la transgression a été remise, dont le péché est pardonné!Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude! (Ps 32)

Heureux ceux qui habitent ta maison! ils peuvent te louer encore. - .

Heureux les hommes qui ont en toi leur force; ils ne pensent qu'aux saintes montées. Lorsqu'ils traversent la vallée des Larmes ils la changent en un lieu plein de sources, et la pluie d'automne la couvre aussi de bénédictions.

Pendant la marche s’accroît la vigueur, et ils paraissent devant Dieu à Sion: (Ps 84)

Heureux ceux dont la conduite est intègre et qui suivent la Loi du Seigneur.

Heureux ceux qui se conforment à ses exigences, de tout cœur ils le cherchent. (Ps 119)

En somme, vivre heureux, connaître le bonheur , dépend en très grande partie , de la qualité de notre relation avec la Trinité Sainte, de notre abandon au dessein du Père, de notre adéquation à Sa Parole : Jésus, de notre attention aimante au Souffle de l'Esprit !

Treize fois disions-nous plus haut ,nous rencontrons le terme HEUREUX chez St Matthieu et chez Saint Luc ? Chez ce dernier, c'est d’Élisabeth qu'émane une première béatitude à l'adresse de sa jeune cousine, Marie : « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». (Lc) 1)


Marie est déclarée HEUREUSE pourquoi ? Parce qu'Elle a cru à l'inimaginable, l'inconcevable du point de vue humain  ! Parce qu'Elle a fait confiance , Elle s'est abandonnée totalement à cette bouleversante annonce qui chamboulait sa vie ! Marie aurait pu souligner le « ridicule » de cette situation à des yeux humains, non, Marie a dit OUI , AMEN, c'est tout simplement époustouflant, stupéfiant ! C'est St François d'Assise qui déclare dans Sagesse d'un Pauvre de Éloi LECLERC ( Livre à découvrir) « si nous avions la FOI, nous traverserions la vie comme un grand fleuve tranquille ! »

Le bonheur, être heureux, dépend de nous, de notre entière adhésion à l'amour de Dieu.Toute âme qui peut vivre ainsi exalte le Seigneur, comme l'âme de Marie a exalté le Seigneur, et comme son esprit a exulté en Dieu son Sauveur. Écrivait St Ambroise au IV e siècle .Mais, notre foi est défaillante, déficiente, nous ne savons, ni écouter, ni entendre, et encore moins adhérer !

Je laisse la parole encore une fois à St Ambroise :

Elle(Marie) qui était maintenant remplie de Dieu, où pouvait-elle se rendre avec
empressement, sinon vers les hauteurs ? La grâce du Saint-Esprit ne connaît pas les hésitations ni les retards. L'arrivée de Marie et la présence du Seigneur manifestent aussitôt leurs bienfaits, car, au moment même où Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle, et elle fut remplie de l'Esprit Saint. Remarquez les nuances et l'exactitude de chaque mot. Élisabeth fut la première à entendre la parole, mais Jean fut le premier à ressentir la grâce : la mère a entendu selon l'ordre naturel des choses, l'enfant a tressailli en raison du mystère ; elle a constaté l'arrivée de Marie, lui, celle du Seigneur ; la femme, l'arrivée de la femme, l'enfant, celle de l'enfant ; les deux femmes échangent des paroles de grâce, les deux enfants agissent au-dedans d'elles et commencent à réaliser le mystère de la piété en y faisant progresser leurs mères ; enfin, par un double miracle, les deux mères prophétisent sous l'inspiration de leur enfant.Jean a tressailli, la mère a été comblée. La mère n'a pas été comblée avant son fils, mais, comme le fils était comblé de l'Esprit Saint, il en a aussi comblé sa mère. Jean a exulté, et l'esprit de Marie a exulté, lui aussi. L'exultation de Jean comble Élisabeth ; cependant, pour Marie, on ne nous dit pas que son esprit exulte parce qu'il est comblé, car celui qu'on ne peut comprendre agissait en sa mère d'une manière qu'on ne peut comprendre. Élisabeth est comblée après avoir conçu, Marie, avant d'avoir conçu. Heureuse, lui dit Élisabeth, toi qui as cru

Lâcher prise, comme on le conjugue à tous les temps aujourd'hui ! Faire confiance au Père, écouter Jésus dans Son Évangile et par l'Esprit Saint qui nous inspire, voilà l'unique source du bonheur ! Nous courrons la plupart du temps après des chimères, nous voulons toujours plus , toujours autrement, mais nous posons-nous pour écouter ce que Dieu veut pour notre bonheur ? Nous courrons à perdre haleine vers ce que le monde appelle bonheur et qui n'est qu'appétit désordonné, rivalité, jalousie, parce que nous cherchons la performance à tout prix, la gloriole, le paraître et non l'être  ! Nous voulons être le meilleur, le plus fort, le plus malin, le plus subtil, et comme nous n'y arrivons pas nécessairement, nous sommes tristes, désabusés, désappointés, démunis, et nous nous replions au lieu, comme Marie , d'exulter en Dieu notre seul Sauveur !

Gravissons la Montagne des béatitudes ( Heureux, les pauvres, les doux, les cœurs purs et même, les persécutés AU NOM DE JESUS) c'est là et seulement là que nous trouverons le BONHEUR, le VRAI , celui que rien ne pourra ébranler et qui ne déstabilisera pas notre vie !

Quand Jésus veut prier, quand Il veut avoir un moment d'intimité avec Son Père,Il gravit la Montagne. La Montagne, c'est un lieu où on peut trouver le silence, où règne la paix de Dieu. C'est le lieu de la RENCONTRE de Dieu, c'est sur la Montagne que Dieu révèle Son Nom à Moïse, c'est là qu'Il donne les dix commandements , c'est là qu'Il se révèle à Élie...c'est un lieu où l'homme se sent plus près de Dieu comme s'il se rapprochait de Lui, mais aussi où l'homme sent Dieu se pencher vers Lui ! Dans le Nouveau Testament, outre la proclamation des Béatitudes, et Ses temps de mise à l'écart pour prier, c'est sur la montagne que Jésus sera Transfiguré, c'est au mont des Oliviers qu'Il entre dans la Passion et c'est sur le mont Calvaire qu'Il se livre par amour !

si l'âme agit de façon juste et religieuse, elle exalte cette image de Dieu, à la ressemblance de qui elle a été créée ; et par conséquent, en exaltant cette image, elle s'élève par une certaine participation à sa sublimité, dit encore St Ambroise

Ô oui ,Seigneur, notre part d’héritage, donne-nous de ne chercher qu’en toi notre bonheur et d’attendre avec confiance, au-delà de la nuit de notre mort, la joie de vivre en ta présence. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

M: J-M Morin
Ed: 
Editions de l’Emmanuel

Heureux, bienheureux,

Heureux, bienheureux qui écoute la parole de Dieu.
Heureux, bienheureux qui la garde dans son cœur.

1- Heureux ceux qui ont une âme de pauvre
Car le royaume des cieux est à eux.
Heureux les doux car ils posséderont la terre.

2- Heureux les affligés car ils seront consolés.
Heureux les affamés et assoiffés de justice, car ils seront rassasiés.

3-Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu.

4- Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux les persécutés pour la justice car le Royaume des cieux est à eux.


Heureuse celle qui a cru !

L'Ermite

vendredi 20 janvier 2023

POUR QUE SOIT ACCOMPLIE LA PAROLE D'ISAÏE.

 

TROISIEME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE


Année A


(Mt 4, 12-23)


Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste,il se retira en Galilée.    Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm,ville située au bord de la mer de Galilée,
dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.

Le Baptême de Jésus signe le début de Sa vie Publique ; ce fut Sa première manifestation de Messie de Dieu après cette merveilleuse intervention où le Père Lui-même, Le présente comme Son Fils Bien-Aimé tandis que l'Esprit Saint descend sur Lui. Jésus se retire alors au désert pendant quarante jours. Selon le quatrième évangile, Il aurait baptisé ensuite de Son côté, parallèlement à Jean le Baptiste. Il semble que ce soit l'arrestation du Précurseur qui Le lance sur les routes de Palestine.C'est ce que déclare Matthieu au tout début de l’Évangile de ce jour en présentant cette mise en route comme l'accomplissement de la parole des Prophéties .

C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :    Pays de Zabulon et pays de Nephtali,route de la mer et pays au-delà du Jourdain,Galilée des nations !    Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière.Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort,une lumière s’est levée. 

L'Evangéliste soulignera plusieurs fois par la suite que Jésus est Celui qui accomplit la loi et les Prophètes :

Annonce de la nativité :

Tout cela arriva pour que s'accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète (Isaïe) : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d'Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». (Mt 1)

Le massacre des saints innocents par Hérode auquel Jésus échappe par l'intervention divine de Son Père :

Alors s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Jérémie : Un cri s'élève dans Rama, des pleurs et une longue plainte : c'est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus. (Mt 2)

La Parole de Jésus Lui-même où Il affirme venir pour accomplir :

Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car, je vous le dis en vérité, jusqu'à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota ou un seul trait de la Loi ne passera pas, que tout ne soit accompli. (Mt 5)

Cette autre Prophétie d'Isaïe à propos des libérations et guérisons :

Le soir venu, on lui amena de nombreux démoniaques. Il chassa les esprits d'un mot et il guérit tous les malades,pour que s'accomplisse ce qui avait été dit par le prophète Isaïe: C'est lui qui a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies. (Mt 8)

À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer :« Convertissez-vous,car le royaume des Cieux est tout proche. »   

Tant que Jean-Baptiste accomplit la Mission confiée par le Père, Jésus reste discret, Il ne veut ni interférer, ni susciter des mouvements de foule , des comparaisons qui nuiraient à l'un, et à l'autre. Jésus a passé trente années dans l'anonymat , Il attend Son Heure , celle voulue par le Père.. Nous verrons plus tard St Paul confronté à ce genre de problème, et le dénoncer :

Je m'explique. Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j'appartiens à Paul », ou bien : « J'appartiens à Apollos », ou bien : « J'appartiens à Pierre », ou bien : « J'appartiens au Christ ». Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce donc Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? (1Co 1)2ème lecture de ce dimanche

Quand l'un de vous dit : « Moi, j'appartiens à Paul », et un autre : « J'appartiens à Apollos », n'est-ce pas un langage tout humain ? En fait, qui est Apollos ? et qui est Paul ? Rien que des ministres de Dieu, par qui vous êtes devenus croyants, et qui ont agi selon les dons du Seigneur à chacun d'eux. Moi, j'ai planté, Apollos a arrosé ; mais c'est Dieu qui donnait la croissance. Donc celui qui plante ne compte pas, ni celui qui arrose ; seul compte celui qui donne la croissance : Dieu. (1Co 3)

Paul et Apollos et Pierre, le monde et la vie et la mort, le présent et l'avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. (1Co 3)

Frères, j'ai pris ces comparaisons pour parler d'Apollos et de moi-même ; ainsi, vous pourrez comprendre le proverbe : « Rien de plus que ce qui est écrit », afin qu'aucun de vous n'aille se gonfler d'orgueil en prenant le parti de l'un contre l'autre. Qui donc t'a mis à part ? As-tu quelque chose sans l'avoir reçu ? Et si tu as tout reçu, pourquoi t'enorgueillir comme si tu ne l'avais pas reçu ? (1Co 4)

Jésus, Sagesse éternelle du Père connaît fort bien l'état d'esprit de Jean le Baptiste

Jean répondit: "Un homme ne peut prendre que ce qui lui a été donné du ciel.""Vous m'êtes vous-mêmes témoins que j'ai dit: je ne suis point le Christ, mais j'ai été envoyé devant lui.Celui qui a l'épouse est l'époux; mais l'ami de l'époux qui se tient là et qui l'écoute, est ravi de joie à la voix de l'époux. Or cette joie qui est la mienne, elle est pleinement réalisée.Il faut qu'il croisse et que je diminue. Jn 3

L'incarcération du Précurseur , parce qu'il a dit la Vérité, va laisser le champ libre à Jésus , c'est brutal, c'est violent, la voix se tait , la Parole va se faire entendre , Jean s'efface, Jésus prend la relève ! Il en est souvent ainsi dans la vie, une œuvre disparaît, une autre naît. Le grain de blé meurt et porte beaucoup de fruit et un fruit qui demeure : En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul;Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra; et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle. (Jn 12)

Jean Baptiste a préparé la route" Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.(Mt3)c'est effectivement sur cette parole que Jésus rebondit :« Convertissez-vous,car le royaume des Cieux est tout proche. » Ne lisons-nous pas dans le Livre de la Genèse :   « La royauté n’échappera point à Juda, ni le commandement à sa descendance, jusqu’à ce que vienne celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront. » (Gn 49,10) Celui- là c'est justement Jésus , c'est en Lui que la Seigneurie de Dieu s'est approchée au Jour de l'Incarnation ; « Le Verbe s'est fait Chair et Il a demeuré parmi nous »Non seulement le Royaume de Dieu est tout proche, mais Il est là, en Jésus, Fils de Dieu . Jésus ne peut le dire aussi brutalement , Sa Mission est de permettre de le découvrir à ceux qui ouvriront leur cœur pour Le reconnaître. Et cet appel à la conversion est lancé à Capharnaüm ville portuaire où Jésus habite après avoir été éconduit de Nazareth.

Cette ville se trouve en Galilée région considérée, au temps de Jésus, comme le carrefour des nations. Son Histoire a entraîné un grand brassage de peuples.C'est un lieu de passage , de commerce et de trafic , une population mélangée . Une ville qui a mauvaise réputation pour les Juifs de stricte observance . Capharnaüm est devenu synonyme de fourre-tout. Expression qui est arrivée jusqu'à nous. Ne disons-nous pas lorsque nous entrons dans un lieu surchargé : « un vrai capharnaüm ! »Il n'est pas étonnant que Jésus commence en ce lieu l'annonce de la Bonne Nouvelle , c'est là, comme nous allons le voir, que Jésus choisit Ses Premiers disciples . En choisissant d'y habiter, Jésus accomplit la Prophétie d'Isaïe, notre première lecture :

Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ;mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain,et la Galilée des nationsLe peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ;et sur les habitants du pays de l’ombre,une lumière a resplendi.    Tu as prodigué la joie,tu as fait grandir l’allégresse :ils se réjouissent devant toi,comme on se réjouit de la moisson,comme on exulte au partage du butin.    Car le joug qui pesait sur lui,la barre qui meurtrissait son épaule,le bâton du tyran,tu les as brisés comme au jour de Madiane.

Le choix de Jésus est délibérément missionnaire . Jésus quitte le lieu où il a grandi pour s'installer là où Sa Présence et Sa Parole sont le plus nécessaires, là où se trouvent davantage de brebis perdues de la Maison d'Israël « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël. » (Mt15)

Et quand Il envoie Ses disciples en mission Jésus ne leur demande pas autre chose : « n'entrez dans aucune ville des Samaritains; allez plutôt aux brebis perdues de la maison d'Israël. » (Mt 10)

C'est donc dans cette ville que Jésus choisit d'habiter, c'est en marchant au bord de

l'eau, que Jésus appelle Ses premiers disciples ! Il commence Sa mission en appelant des hommes du terroir, des hommes de terrain :

Comme il marchait le long de la mer de Galilée,il vit deux frères,Simon, appelé Pierre,et son frère André,qui jetaient leurs filets dans la mer ;car c’étaient des pêcheurs.    Jésus leur dit :« Venez à ma suite,et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »    Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.De là, il avança et il vit deux autres frères,Jacques, fils de Zébédée,et son frère Jean qui étaient dans la barque avec leur père,en train de réparer leurs filets.Il les appela.    Aussitôt, laissant la barque et leur père,ils le suivirent.

Les premiers, Simon et André, jettent les filets pour subvenir aux nécessités de la famille, les seconds, Jacques et Jean, sont avec leur père et réparent les filets pour de prochaines sorties en mer.Ce qui me frappe, c'est la promptitude des uns et des autres , ils ne demandent pas d'explication, ils ne cherchent pas à savoir où ce « Nouveau venu » va les entraîner AUSSITÔT ils laissent tout y compris un Père déjà âgé, et emboîtent le pas ! C'est sidérant ! La force d'attraction de Jésus était telle, qu'aucun d'eux n'a, semble-t-il, tant soit peu résisté ! Sur le champ, ils emboîtent le pas ! Simon et André,faisaient partie des disciples de Jean Baptiste, ils ont très certainement une petite idée de l'identité de Jésus, peut-être Jacques et Jean ont-ils entendu parler de Lui, mais de-là à se mettre en route AUSSITÔT il y a de quoi s'étonner, s'émerveiller se poser quelques questions !.

Certains demanderont un délai, mais Jésus sera ferme car le Royaume n'attend pas , à l'un deux, Jésus dira même :" Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts. (Mt 8) Une manière de dire que la mission presse, ce qu'Il répondra une autre fois, dans un autre contexte, à celui qui souhaite saluer ses amis « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d'abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait pour le royaume de Dieu. » (Lc 9)

Suivre Jésus c'est exigeant, Jésus n'a que faire de cœurs partagés, et il semble que les quatre premiers appelés ont compris cela ! Ils nous invitent, par leur décision prompte et radicale , à réfléchir sur notre façon de répondre aux appels du Seigneur .

Suivre Jésus, suppose qu'on partage Son quotidien or :

« Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris, mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer la tête. (Mt 8)

Suivre Jésus c'est Lui faire confiance, s'abandonner : « Ne vous inquiétez pas pour

(votre) âme de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez; car l'âme est plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. Considérez les corbeaux, qui ne sèment ni ne moissonnent, qui n'ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit. Combien plus valez-vous que les oiseaux! (Lc 12)

Suivre Jésus c'est renoncer à sa profession, à ses ambitions professionnelles pour devenir pêcheurs d'hommes ! C'est aller à la rencontre des hommes de son temps pour les inviter à monter dans la Barque-Eglise où ils seront initiés à vivre en frères, à accueillir le Baptême dans l'Esprit Saint et à le donner : « Allez donc, de toutes les nations, faites des disciples , les baptisant : Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit . Mt 28,19

Suivre Jésus, c'est, comme Lui, accomplir la volonté du Père :

« Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. (Jn 4)

Est-ce notre cas également ?

Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d'après ce que j'entends, et ce jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. (Jn 5)

Pour entendre Dieu parler à notre cœur , il convient, comme Lui , de nous retirer dans le silence pour L'écouter nous parler !

je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m'a envoyé. Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. (Jn 6)

Partageons-nous vraiment ce souci avec Jésus? Quand des frères s'éloignent de la foi, les portons-nous dans notre prière ? Leur Tendons-nous une main fraternelle, qui ne moralise pas, qui ne cherche pas à convaincre à tout prix, qui aime simplement, vraiment !

la volonté de mon Père, c'est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6)

Avons-nous le souci des personnes malades, savons-nous les visiter, leur proposer le sacrement qui donne la force de vivre l'épreuve ?

En un mot, suivre Jésus c'est se mettre à Son école, c'est, avec Son secours, vivre l’Évangile au quotidien ! A l'invitation du Pape François, nous célébrons aujourd'hui le dimanche de la Parole, l’Évangile c'est LA PAROLE de Jésus, c'est Jésus Lui-même, la Bible tout entière est PAROLE DE DIEU. Voici le propos du Saint Père François à ce sujet :

Consacrer de façon particulière un dimanche de l’Année liturgique à la Parole de Dieu permet, par-dessus tout, de faire revivre à l’Église le geste du Ressuscité qui ouvre également pour nous le trésor de sa Parole afin que nous puissions être dans le monde des annonciateurs de cette richesse inépuisable

J’établis donc que le IIIe Dimanche du Temps Ordinaire soit consacré à la
célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu. Ce dimanche de la Parole de Dieu viendra ainsi se situer à un moment opportun de cette période de l’année, où nous sommes invités à renforcer les liens avec la communauté juive et à prier pour l’unité des chrétiens. Il ne s’agit pas d’une simple coïncidence temporelle : célébrer le Dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur œcuménique, parce que l’Écriture Sainte indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide. Les communautés trouveront le moyen de vivre ce dimanche comme un jour solennel. (Lettre Apostolique en forme de Motu Proprio Aperuit illis, 2 et 3)

Ce jour consacré à la Bible veut être non pas « une seule fois par an », mais un événement pour toute l’année, parce que nous avons un besoin urgent de devenir familiers et intimes de l’Écriture Sainte et du Ressuscité, qui ne cesse de rompre la Parole et le Pain dans la communauté des croyants. C’est pourquoi nous avons besoin d’entrer constamment en confiance avec l’Écriture Sainte, sinon le cœur restera froid et les yeux resteront fermés, frappés comme par d’innombrables formes de cécité. (Aperuit illis, 8)

Petite parenthèse : quelle place donnons-nous au Livre de la Parole de Dieu dans nos familles ? Dans nos églises ? Dans nos vies ?

Revenons à la Parole de ce jour ; après avoir appelé Ses premiers disciples, que fait Jésus :

Jésus parcourait toute la Galilée ;il enseignait dans leurs synagogues proclamait l’Évangile du Royaume,guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

Jésus, si j'ose dire, retrousse Ses manches ,et se met au service de l'humanité, Il va même jusque dans les synagogues , pour annoncer que le Royaume est LA, ,AU MILIEU DE NOUS ! Bien sûr, dès cet instant, les nouveaux disciples sont associés à la mission, c'est sur le terrain qu'ils apprennent à suivre Jésus ! N'oublions pas ce que nous dit Jésus en St Jean : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure ». (Jn 15)

C'est un honneur que d'être choisi par Dieu, et travailler avec Lui c'est produire un fruit qui demeure pour la Vie éternelle ! En sommes-nous conscients ?

Dieu parmi les hommes

(Scouarnec/Akepsimas/Studio SM)


Dieu parmi les hommes
Dieu sur nos chemins
Proche est ton Royaume
Viens ! Viens !
1
Pour dire l’amour de ton Père
Qui aura ta voix ?
Pour suivre la route des pauvres
Qui aura ton cœur ?
2
Pour être lumière du monde
Qui aura tes yeux?
Pour être la joie de ses frères
Qui aura tes mains ?
3
Pour être affamés de justice
Qui voudra ta faim ?
Pour vaincre le poids de la haine
Qui voudra ta croix ?
4
Pour être le sel de la terre
Qui prendra ton corps ?
Pour vivre aujourd’hui de ta vie
Qui vivra de toi ?


L'Ermite