XXX
e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année
A
(Mt 22, 34-40)
En
ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la
bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un
docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à
l’épreuve :
La
controverse évoquée, portait sur la résurrection des morts :"
Vous êtes dans l'erreur, ne comprenant ni les Écritures, ni la
puissance de Dieu. Car, à la résurrection, on n'épouse pas et on
n'est pas épousé; mais on est comme des anges de Dieu dans le ciel.
Quant à la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu
vous a dit, en ces termes: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac
et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas Dieu des morts, mais des vivants.
" Et les foules, en entendant cela, étaient remplies
d'admiration pour son enseignement. (Matthieu
22) Les
foules sont admiratives, mais les Sadducéens n'ont pas apprécié ;
ceci est arrivé jusqu'aux Pharisiens qui ont déjà échoué dans le
piège tendu dimanche dernier, et cette nouvelle tension n'est pas
faite pour les apaiser ! Nouveau Conseil, nouveau traquenard,
les Pharisiens s'endurcissent et tentent une nouvelle fois de «
mettre Jésus à l’épreuve » !
« Maître,
dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
C'est
un docteur de la Loi qui parle, il détient donc des arguments pour
éventuellement nourrir et alimenter le conflit ! Il connaît
parfaitement les commandements que la Loi explicite et auxquels un
croyant doit s'attacher pour vivre en parfait pratiquant. Jésus Lui,
souvenons-nous n'est pas venu abolir la Loi, Il est venu la
parfaire :«
Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je
ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent,
pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi
jusqu'à ce que tout se réalise.
(Matthieu 5)
Il
va même jusqu'à préciser
pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que
tout se réalise. »
Notre
Docteur de la Loi est donc bien téméraire d'oser poser semblable
question à Jésus !
Jésus
lui répondit :« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà
le grand, le premier commandement.Dire
qu'il y a un premier permet de supposer qu'il y aura un second !
Mais arrêtons - nous sur cette première partie .
Rendre
à Dieu ce qui est à Dieu, comme Jésus le disait dimanche dernier
aux Pharisiens, L'aimer de tout son cœur, de toute son âme et de
tout son esprit comme Il le dit aujourd'hui au Docteur de la Loi,
c'est la même chose : c'est
mettre Dieu au-dessus de tout !
Aimer
vraiment
n'est pas facile, et aimer Dieu que je ne vois pas l'est encore
moins ! Comment cela peut-il se concrétiser dans ma vie de
chaque jour ? Nous avons un modèle unique et un unique
modèle : Jésus
Lui-même ! « Courrons
avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les
yeux fixés sur Jésus,
qui est à l'origine et au terme de la foi. (Hébreux
12) »Mais
écrit
Paul Baudiquey
« Jésus n'est pas un modèle (
je préfère penser : n'est pas seulement un modèle) Jésus
est un appel,
un
appel à aimer comme Lui seul sait aimer ! Et nous savons où
l'Amour l'a conduit! Oui, regarder
Jésus,
fixer
sur Lui notre regard,
c'est être appelé par Jésus Lui-même, à vivre comme Lui !
St Augustin écrit : « Porte
donc Celui avec qui tu marches, pour parvenir à Celui avec qui tu
désires demeurer »
En
effet si nous regardons Jésus, nous ne nous tromperons pas, Jésus
nous apprend à aimer le Père , parce qu'Il vit étroitement uni au
Père, « Le
Père
aime le Fils et a tout remis dans sa main.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de
croire en lui ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure
sur lui. » (Jean
3)
Parce
qu'Il aime son Père,
Jésus
Le consulte sur la « montagne », avant toute décision
importante, Jésus aime le Père et le Père aime Jésus, parce que
Jésus fait sans cesse ce qui plaît au Père . « Moi,
je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d'après
ce que j'entends, et ce jugement est juste, parce que je ne cherche
pas à faire ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m'a
envoyé.
Si
je me rendais ce témoignage à moi-même, mon témoignage ne serait
pas vrai ;
(Jean 5)
Car
la volonté de mon Père, c'est que tout homme qui voit le Fils et
croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai
au dernier jour. » (Jean
6)
Aimer
c'est préférer le Père à soi, à ses petits caprices du
quotidien, aimer c'est choisir Dieu à chaque instant de notre
existence. « Celui
qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ;
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de
moi (Matthieu
10)
Souvent,
nous sommes surpris par la violence qui nous habite et qui envahit le
monde ! Faut-il être surpris ? Dans toutes les couches de
la société, dans bon nombre de lieux de rassemblements, Dieu est
absent ! Non ! Lui,
est présent,
mais nous L'ignorons, nous fermons la porte de notre cœur à Sa voix
qui murmure au fin fond de notre cœur , là où Il se blottit
attendant notre réveil, notre prise de conscience, car, Lui, Dieu ne
se lasse pas de nous attendre « de
nous espérer » écrit
Paul Baudiquey dans l'un de ses poèmes.
Ce
Shema Israël est inscrit dans l'histoire humaine depuis les origines
«
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme
et de tout ton esprit » lisons-nous
au chapitre 6 du Deutéronome !
« Il
faut que le monde sache que j'aime mon Père, et que je fais tout ce
que mon Père m'a commandé. (Jean
14) Pourquoi
Jésus veut-Il que le monde sache qu'Il aime le Père si ce n'est
pour l'entraîner vers les sommets de l'amour !
Mais
qu'elle est donc cette volonté du Père ? « la
volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de
ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier
jour.
(Jean 6)
C'est
pour cela que Jésus est venu, c'est dans ce but qu'Il s'est offert
et continue de s'offrir parce que :
Aimer
c'est tout donner, aimer c'est tout donner,
aimer
c'est tout donner, et se donner soi-même ;
Quand
je parlerais les langues des hommes et des anges,
Si
je n'ai pas l'Amour
je
suis comme l'airain qui sonne ou la cymbale qui retentit ,
Si
je prophétisais et connaissais tous les mystères,
Si
j'avais la foi à transporter les montagnes
sans
l'Amour je ne suis rien !
Quand
je distribuerais ce que je possède en aumônes
Et
si je livrais mon corps à brûler dans les flammes
cela
ne me sert de rien.
N'est-ce
pas le message de ce chant liturgique qui reprend l'hymne à la
charité de la Lettre aux Corinthiens ? N'est-ce pas ce que vite
Jésus dans Sa Passion, Sa mort et Sa Résurrection ?
Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde , les aima
jusqu'au bout. (Jean 13)
Peut-être
pouvons-nous faire nôtre la si belle prière de Saint François
d'Assise :
Nous
savons que nous resterons toujours en deçà mais nous pouvons
le désirer et, le désirant, le demander ! Nous savons
aussi qu' Il
ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !, pour entrer
dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de
mon Père qui est aux cieux.
(Matthieu 7)
Et
pour que cet amour ne reste pas éthéré,
Jésus
nous invite à le concrétiser au quotidien en aimant
sincèrement nos frères ! C'est tout le sens de la
deuxième partie de l’Évangile de ce jour « Et
le second lui est semblable :Tu aimeras ton prochain comme
toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi,
ainsi que les Prophètes. »Faut-il
encore s'aimer soi-même ! Se recevoir chaque matin de
Dieu, Lui rendre grâce pour Sa présence dans nos vies, dans
notre cœur, sur notre route. Nous n'aurons jamais fini de
reconnaître Dieu à l’œuvre dans nos vies depuis cet
instant de notre conception jusqu'à l'instant suprême où Il
ouvrira Ses bras en disant : Venez les bénis de mon
Père : j'ai eu faim , soif, j'étais nu, découragé,
prisonnier de mes frères et de moi-même, replié, malade,
seul, abandonné et vous M'avez nourri, désaltéré, vêtu,
encouragé, libéré, soigné, accueilli ...
En
effet :Si
quelqu'un dit : « J'aime Dieu », alors qu'il a de la haine contre
son frère, c’est
un menteur.nous
dit St Jean dans sa première Lettre
« En
effet, celui qui n'aime pas son frère, qu’il voit, est incapable
d'aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et Si tu n'aimes pas ton
frère que tu
vois alors
que tu dis aimer Dieu que
tu ne vois pas, tu
es un menteur ! »
La
première lecture de ce jour , qui remonte à l'Exode, nous éclaire
sur la façon d'aimer son frère en vérité :« Tu
n’exploiteras pas l’immigré,tu
ne l’opprimeras
pas,car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte.Vous
n’accablerez pas la veuve et l’orphelin.Si
tu les accables et qu’ils crient vers moi,j’écouterai leur
cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par
l’épée :
vos femmes deviendront veuves, et vos fils,
orphelins. Si
tu prêtes de l’argent
à quelqu’un de mon peuple,à un pauvre parmi tes frères,tu
n’agiras pas envers lui comme un usurier :tu
ne lui imposeras pas d’intérêts.Si
tu prends en gage le manteau de ton prochain,tu
le lui rendras avant le coucher du soleil.C’est tout ce qu’il a
pour se couvrir ;c’est le manteau dont il s’enveloppe, la
seule couverture qu’il ait pour dormir.S’il crie vers moi, je
l’écouterai,car moi, je suis compatissant ! »
N'avons-nous
pas là une excellente trame pour un examen de conscience ? Très
, trop, souvent nous entendons dire : «
je ne demande pas le sacrement de la Réconciliation parce que
je ne sais pas quoi dire »,
c'est que, soit, nous ne lisons pas l’Écriture Sainte, soit en la
lisant notre esprit est ailleurs, soit encore nous la recevons comme
une Parole du ou d'un passé révolu ! Mais quelle erreur !
Ce passage de l'Exode n'est-il pas actuel et de tous les temps ?
L’Évangile n'est-il pas actuel et de tous les temps ? Chaque
verset est un appel à vivre autrement, à vivre mieux ! Non pas
pour nous culpabiliser, nous écraser mais pour nous dynamiser, nous
élancer vers plus de vie, plus de joie, plus de paix ! Nous
n'aurons jamais fini d'appliquer l’Évangile à notre vie. J'ai
déjà eu l'occasion de l'écrire dans ce blog : « aucun
homme, lisons-nous dans Ecclésiaste 6, n'est
assez juste
( entendons saint) sur terre pour
faire le bien sans pécher »
Oui,
nous lisons bien ! On
peut pécher en faisant le bien !
Par vanité, par orgueil s'estimant l'auteur de ce bien etc
...Par-nous
mêmes
écrit quelque part St François, nous
ne sommes que péché ! Et
encore une fois nous ne devons ni culpabiliser, ni désespérer, ni
dire à quoi je sers ou à quoi cela sert-il, non ! Non, avec St
Paul nous devons vivre pour nous laisser saisir par le Christ
« Pour
moi, frères, je ne pense pas l'avoir saisi, mais je ne fais qu'une
chose: oubliant ce qui est derrière moi, et me portant de tout
moi-même vers ce qui est en avant, je cours droit au but, pour
remporter le prix auquel Dieu m'a appelé d'en haut en
Jésus-Christ. » (Philippiens
3) Oui
nous devons courir de tout notre être vers Jésus en semant le bien,
jusqu'à l'heure de l'épanouissement de
notre vie dans la Vie !
Quant
aux Prophètes cités par Jésus ils n'ont fait rien d'autre, que
signifier le lien étroit qu'il y a entre l'amour de Dieu et l'amour
du frère : « Le
jeûne que je préfère, ne consiste t-il pas , écrit Isaïe , en
ceci: détacher les chaînes injustes, délier les nœuds du joug,
renvoyer libres les opprimés, briser toute espèce de joug? Ne
consiste-t-il pas à rompre
ton pain à celui qui a faim, à recueillir chez toi les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, à le couvrir, à ne point te détourner de ta propre chair? Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi; la gloire de Yahweh sera ton arrière garde. Alors tu appelleras, et Yahweh répondra tu crieras, et il dira: "Me voici!" Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux; si tu donnes la nourriture à l'affamé, et si tu rassasies l'âme affligée; Ta lumière se lèvera au sein de l'obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi. (Isaïe 58)
ton pain à celui qui a faim, à recueillir chez toi les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, à le couvrir, à ne point te détourner de ta propre chair? Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi; la gloire de Yahweh sera ton arrière garde. Alors tu appelleras, et Yahweh répondra tu crieras, et il dira: "Me voici!" Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux; si tu donnes la nourriture à l'affamé, et si tu rassasies l'âme affligée; Ta lumière se lèvera au sein de l'obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi. (Isaïe 58)
Et :
« On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bon, et ce que
le Seigneur demande de toi : c'est de pratiquer la justice, d'aimer
la miséricorde, et de marcher humblement avec ton Dieu. (Michée
6)
Est
explicité ci-dessus ce que Jésus exprime quand Il dit ;Il
ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !, mais il faut faire
la volonté de mon Père qui est aux cieux.
(Matthieu 7) Et
c'est cela que Jésus veut faire comprendre au Pharisiens et à ce
qui se cache de pharisaïsme en chacun de nous !
Peut-être
pouvons-nous supplier notre Dieu et Père de nous faire entrer
toujours plus profondément dans Sa volonté sainte qui nous nous
conduit à l'Amour !
« Dieu
Tout-Puissant, éternel, juste et bon, par nous-mêmes nous ne sommes
que néant et pauvreté ; mais Toi, à cause de Toi-même,
donne-nous d'agir selon Ta volonté, telle que nous La connaissons,
et de vouloir toujours ce qui Te plaît ; ainsi nous deviendrons
capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le
feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils, Notre Seigneur
Jésus-Christ, et par Ta seule grâce, de parvenir jusqu'à Toi,
Très-Haut, qui, en Trinité parfaite et très simple Unité, vis et
règnes et reçois toute gloire, Dieu Tout-Puissant dans tous les
siècles des siècles. Amen. »
TRES
BELLE ET SAINTE FETE DE LA « TOUS SAINTS »
demandons à ceux qui louent sans cesse le Seigneur dans le Royaume
de nous entraîner dans leur sillage pour nous permettre de connaître
cette allégresse quand notre vie s'épanouira en Dieu !
Saint
François, ce chantre de l'Amour de Dieu n'hésite pas à louer les
vertus, cette louange peut nous éclairer et nous aider dans notre
marche vers le Père !
Saint
François d'Assise (1182-1226)
« Salut,
reine Sagesse, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte et
pure Simplicité. Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te garde,
avec ta sœur, sainte Humilité. Dame sainte Charité, que le
Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte Obéissance. Vous toutes,
saintes Vertus, que le Seigneur vous garde, Lui de qui vous procédez
et venez. Nul homme en ce monde, si d'abord il ne meurt, ne peut
posséder une seule d'entre vous. Qui possède l'une et ne blesse pas
les autres, il les possède toutes. Qui blesse l'une les blesse
toutes et n'en possède aucune. Chacune d'elles met en déroute les
vices et péchés : Sainte Sagesse confond Satan et toutes ses
malices. Pure et sainte Simplicité confond toute sagesse de ce monde
et toute sagesse de la chair. Sainte Pauvreté confond cupidité,
avarice, et les soucis matériels de ce monde. Sainte Humilité
confond l'orgueil et tous les vaniteux de ce monde et toutes les
prétentions de ce monde. Sainte Charité confond toutes les
tentations qu'elles viennent du diable ou de la chair et toutes les
craintes égoïstes. Sainte Obéissance confond toute volonté propre
et tout charnel attachement et toute charnelle obstination. C'est
elle qui tient le corps mortifié pour qu'il obéisse à l'esprit,
pour qu'il obéisse à son frère. C'est elle qui rend l'homme docile
et soumis à n'importe quel homme de ce monde, et non seulement aux
hommes, mais aux bêtes et aux fauves eux-mêmes, les laissant
disposer de lui comme ils veulent, autant que d'en haut leur
permet le Seigneur ! Amen .
L'Ermite