vendredi 27 octobre 2017

L'AMOUR N'EST PAS AIME !

XXX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année A
(Mt 22, 34-40)


En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve :
La controverse évoquée, portait sur la résurrection des morts :" Vous êtes dans l'erreur, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. Car, à la résurrection, on n'épouse pas et on n'est pas épousé; mais on est comme des anges de Dieu dans le ciel. Quant à la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit, en ces termes: Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Dieu n'est pas Dieu des morts, mais des vivants. " Et les foules, en entendant cela, étaient remplies d'admiration pour son enseignement. (Matthieu 22) Les foules sont admiratives, mais les Sadducéens n'ont pas apprécié ; ceci est arrivé jusqu'aux Pharisiens qui ont déjà échoué dans le piège tendu dimanche dernier, et cette nouvelle tension n'est pas faite pour les apaiser ! Nouveau Conseil, nouveau traquenard, les Pharisiens s'endurcissent et tentent une nouvelle fois de «  mettre Jésus à l’épreuve » !
« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »  C'est un docteur de la Loi qui parle, il détient donc des arguments pour éventuellement nourrir et alimenter le conflit ! Il connaît parfaitement les commandements que la Loi explicite et auxquels un croyant doit s'attacher pour vivre en parfait pratiquant. Jésus Lui, souvenons-nous n'est pas venu abolir la Loi, Il est venu la parfaire :« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. (Matthieu 5) Il va même jusqu'à préciser pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. » Notre Docteur de la Loi est donc bien téméraire d'oser poser semblable question à Jésus !
Jésus lui répondit :« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement.Dire qu'il y a un premier permet de supposer qu'il y aura un second ! Mais arrêtons - nous sur cette première partie .
Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, comme Jésus le disait dimanche dernier aux Pharisiens, L'aimer de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit comme Il le dit aujourd'hui au Docteur de la Loi, c'est la même chose : c'est mettre Dieu au-dessus de tout !
Aimer vraiment n'est pas facile, et aimer Dieu que je ne vois pas l'est encore moins ! Comment cela peut-il se concrétiser dans ma vie de chaque jour ? Nous avons un modèle unique et un unique modèle : Jésus Lui-même ! « Courrons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. (Hébreux 12) »Mais écrit Paul Baudiquey « Jésus n'est pas un modèle ( je préfère penser : n'est pas seulement un modèle) Jésus est un appel, un appel à aimer comme Lui seul sait aimer ! Et nous savons où l'Amour l'a conduit! Oui, regarder Jésus, fixer sur Lui notre regard, c'est être appelé par Jésus Lui-même, à vivre comme Lui ! St Augustin écrit : « Porte donc Celui avec qui tu marches, pour parvenir à Celui avec qui tu désires demeurer »
En effet si nous regardons Jésus, nous ne nous tromperons pas, Jésus nous apprend à aimer le Père , parce qu'Il vit étroitement uni au Père, « Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. » (Jean 3)
Parce qu'Il aime son Père, Jésus Le consulte sur la « montagne », avant toute décision importante, Jésus aime le Père et le Père aime Jésus, parce que Jésus fait sans cesse ce qui plaît au Père . « Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d'après ce que j'entends, et ce jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. Si je me rendais ce témoignage à moi-même, mon témoignage ne serait pas vrai ; (Jean 5)
Car la volonté de mon Père, c'est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6)
Aimer c'est préférer le Père à soi, à ses petits caprices du quotidien, aimer c'est choisir Dieu à chaque instant de notre existence. « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi (Matthieu 10)
Souvent, nous sommes surpris par la violence qui nous habite et qui envahit le monde ! Faut-il être surpris ? Dans toutes les couches de la société, dans bon nombre de lieux de rassemblements, Dieu est absent ! Non ! Lui, est présent, mais nous L'ignorons, nous fermons la porte de notre cœur à Sa voix qui murmure au fin fond de notre cœur , là où Il se blottit attendant notre réveil, notre prise de conscience, car, Lui, Dieu ne se lasse pas de nous attendre « de nous espérer » écrit Paul Baudiquey dans l'un de ses poèmes.
Ce Shema Israël est inscrit dans l'histoire humaine depuis les origines «  Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » lisons-nous au chapitre 6 du Deutéronome !
« Il faut que le monde sache que j'aime mon Père, et que je fais tout ce que mon Père m'a commandé. (Jean 14) Pourquoi Jésus veut-Il que le monde sache qu'Il aime le Père si ce n'est pour l'entraîner vers les sommets de l'amour !

C'est Saint François d'Assise qui parcourait les rues d'Assise en criant à qui voulait l'entendre : « L’amour n’est pas aimé, et c'est ce qu'il aurait dit au sultan Al-Kamil. Alors
que les croisés assiègent Damiette, en Égypte, François veut rencontrer le sultan pour lui annoncer l’Évangile. Fou, inconscient aux yeux des croisés qui tentent de le retenir, il manque de peu d’être exécuté par les musulmans mais finit par s’entretenir avec le sultan. Celui-ci, autant que nous le sachions, porte grande attention aux propos de François, à l’annonce de l’Evangile, à l’annonce de l’amour y compris des ennemis.
Mais qu'elle est donc cette volonté du Père ? « la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour. (Jean 6)
C'est pour cela que Jésus est venu, c'est dans ce but qu'Il s'est offert et continue de s'offrir parce que :
Aimer c'est tout donner, aimer c'est tout donner,
aimer c'est tout donner, et se donner soi-même ;


Quand je parlerais les langues des hommes et des anges,
Si je n'ai pas l'Amour
je suis comme l'airain qui sonne ou la cymbale qui retentit ,


Si je prophétisais et connaissais tous les mystères,
Si j'avais la foi à transporter les montagnes
sans l'Amour je ne suis rien !


Quand je distribuerais ce que je possède en aumônes
Et si je livrais mon corps à brûler dans les flammes
cela ne me sert de rien.

N'est-ce pas le message de ce chant liturgique qui reprend l'hymne à la charité de la Lettre aux Corinthiens ? N'est-ce pas ce que vite Jésus dans Sa Passion, Sa mort et Sa Résurrection ? Jésus ayant aimé les siens qui étaient dans le monde , les aima jusqu'au bout. (Jean 13)
      Peut-être pouvons-nous faire nôtre la si belle prière de Saint François d'Assise :
      « Seigneur, je T'en prie, que la force brûlante et douce de ton Amour prenne possession de mon âme et l'arrache à tout ce qui est sous le ciel, afin que je meure par amour de ton Amour, comme Tu as daigné mourir par Amour de mon amour. Amen. » 
      Nous savons que nous resterons toujours en deçà mais nous pouvons le désirer et, le désirant, le demander ! Nous savons aussi qu' Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. (Matthieu 7)
      Et pour que cet amour ne reste pas éthéré, Jésus nous invite à le concrétiser au quotidien en aimant sincèrement nos frères ! C'est tout le sens de la deuxième partie de l’Évangile de ce jour « Et le second lui est semblable :Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »Faut-il encore s'aimer soi-même ! Se recevoir chaque matin de Dieu, Lui rendre grâce pour Sa présence dans nos vies, dans notre cœur, sur notre route. Nous n'aurons jamais fini de reconnaître Dieu à l’œuvre dans nos vies depuis cet instant de notre conception jusqu'à l'instant suprême où Il ouvrira Ses bras en disant : Venez les bénis de mon Père : j'ai eu faim , soif, j'étais nu, découragé, prisonnier de mes frères et de moi-même, replié, malade, seul, abandonné et vous M'avez nourri, désaltéré, vêtu, encouragé, libéré, soigné, accueilli ...
      En effet :Si quelqu'un dit : « J'aime Dieu », alors qu'il a de la haine contre son frère, c’est un menteur.nous dit St Jean dans sa première Lettre « En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et Si tu n'aimes pas ton frère que tu vois alors que tu dis aimer Dieu que tu ne vois pas, tu es un menteur ! »
La première lecture de ce jour , qui remonte à l'Exode, nous éclaire sur la façon d'aimer son frère en vérité :« Tu n’exploiteras pas l’immigré,tu ne l’opprimeras pas,car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte.Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin.Si tu les accables et qu’ils crient vers moi,j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée :


vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins. Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple,à un pauvre parmi tes frères,tu n’agiras pas envers lui comme un usurier :tu ne lui imposeras pas d’intérêts.Si tu prends en gage le manteau de ton prochain,tu le lui rendras avant le coucher du soleil.C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ;c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir.S’il crie vers moi, je l’écouterai,car moi, je suis compatissant ! »

N'avons-nous pas là une excellente trame pour un examen de conscience ? Très , trop, souvent nous entendons dire :  «  je ne demande pas le sacrement de la Réconciliation  parce que je ne sais pas quoi dire », c'est que, soit, nous ne lisons pas l’Écriture Sainte, soit en la lisant notre esprit est ailleurs, soit encore nous la recevons comme une Parole du ou d'un passé révolu ! Mais quelle erreur ! Ce passage de l'Exode n'est-il pas actuel et de tous les temps ? L’Évangile n'est-il pas actuel et de tous les temps ? Chaque verset est un appel à vivre autrement, à vivre mieux ! Non pas pour nous culpabiliser, nous écraser mais pour nous dynamiser, nous élancer vers plus de vie, plus de joie, plus de paix ! Nous n'aurons jamais fini d'appliquer l’Évangile à notre vie. J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire dans ce blog : « aucun homme, lisons-nous dans Ecclésiaste 6, n'est assez juste ( entendons saint) sur terre pour faire le bien sans pécher » Oui, nous lisons bien ! On peut pécher en faisant le bien ! Par vanité, par orgueil s'estimant l'auteur de ce bien etc ...Par-nous mêmes écrit quelque part St François, nous ne sommes que péché ! Et encore une fois nous ne devons ni culpabiliser, ni désespérer, ni dire à quoi je sers ou à quoi cela sert-il, non ! Non, avec St Paul nous devons vivre pour nous laisser saisir par le Christ « Pour moi, frères, je ne pense pas l'avoir saisi, mais je ne fais qu'une chose: oubliant ce qui est derrière moi, et me portant de tout moi-même vers ce qui est en avant, je cours droit au but, pour remporter le prix auquel Dieu m'a appelé d'en haut en Jésus-Christ. » (Philippiens 3) Oui nous devons courir de tout notre être vers Jésus en semant le bien, jusqu'à l'heure de l'épanouissement de notre vie dans la Vie !
Quant aux Prophètes cités par Jésus ils n'ont fait rien d'autre, que signifier le lien étroit qu'il y a entre l'amour de Dieu et l'amour du frère : « Le jeûne que je préfère, ne consiste t-il pas , écrit Isaïe , en ceci: détacher les chaînes injustes, délier les nœuds du joug, renvoyer libres les opprimés, briser toute espèce de joug? Ne consiste-t-il pas à rompre
ton pain à celui qui a faim, à recueillir chez toi les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, à le couvrir, à ne point te détourner de ta propre chair? Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi; la gloire de Yahweh sera ton arrière garde. Alors tu appelleras, et Yahweh répondra tu crieras, et il dira: "Me voici!" Si tu bannis du milieu de toi le joug, le geste menaçant, les discours injurieux; si tu donnes la nourriture à l'affamé, et si tu rassasies l'âme affligée; Ta lumière se lèvera au sein de l'obscurité, et tes ténèbres brilleront comme le midi. (Isaïe 58)
Et : « On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bon, et ce que le Seigneur demande de toi : c'est de pratiquer la justice, d'aimer la miséricorde, et de marcher humblement avec ton Dieu. (Michée 6)
Est explicité ci-dessus ce que Jésus exprime quand Il dit ;Il ne suffit pas de me dire : 'Seigneur, Seigneur !, mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. (Matthieu 7) Et c'est cela que Jésus veut faire comprendre au Pharisiens et à ce qui se cache de pharisaïsme en chacun de nous !
Peut-être pouvons-nous supplier notre Dieu et Père de nous faire entrer toujours plus profondément dans Sa volonté sainte qui nous nous conduit à l'Amour !
« Dieu Tout-Puissant, éternel, juste et bon, par nous-mêmes nous ne sommes que néant et pauvreté ; mais Toi, à cause de Toi-même, donne-nous d'agir selon Ta volonté, telle que nous La connaissons, et de vouloir toujours ce qui Te plaît ; ainsi nous deviendrons capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, et par Ta seule grâce, de parvenir jusqu'à Toi, Très-Haut, qui, en Trinité parfaite et très simple Unité, vis et règnes et reçois toute gloire, Dieu Tout-Puissant dans tous les siècles des siècles. Amen. » 


TRES BELLE ET SAINTE FETE DE LA «  TOUS SAINTS » demandons à ceux qui louent sans cesse le Seigneur dans le Royaume de nous entraîner dans leur sillage pour nous permettre de connaître cette allégresse quand notre vie s'épanouira en Dieu !
Saint François, ce chantre de l'Amour de Dieu n'hésite pas à louer les vertus, cette louange peut nous éclairer et nous aider dans notre marche vers le Père !


Saint François d'Assise (1182-1226)
« Salut, reine Sagesse, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte et pure Simplicité. Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte Humilité. Dame sainte Charité, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte Obéissance. Vous toutes, saintes Vertus, que le Seigneur vous garde, Lui de qui vous procédez et venez. Nul homme en ce monde, si d'abord il ne meurt, ne peut posséder une seule d'entre vous. Qui possède l'une et ne blesse pas les autres, il les possède toutes. Qui blesse l'une les blesse toutes et n'en possède aucune. Chacune d'elles met en déroute les vices et péchés : Sainte Sagesse confond Satan et toutes ses malices. Pure et sainte Simplicité confond toute sagesse de ce monde et toute sagesse de la chair. Sainte Pauvreté confond cupidité, avarice, et les soucis matériels de ce monde. Sainte Humilité confond l'orgueil et tous les vaniteux de ce monde et toutes les prétentions de ce monde. Sainte Charité confond toutes les tentations qu'elles viennent du diable ou de la chair et toutes les craintes égoïstes. Sainte Obéissance confond toute volonté propre et tout charnel attachement et toute charnelle obstination. C'est elle qui tient le corps mortifié pour qu'il obéisse à l'esprit, pour qu'il obéisse à son frère. C'est elle qui rend l'homme docile et soumis à n'importe quel homme de ce monde, et non seulement aux hommes, mais aux bêtes et aux fauves eux-mêmes, les laissant disposer de lui comme ils veulent, autant que d'en haut leur permet le Seigneur ! Amen .

L'Ermite

vendredi 20 octobre 2017

ET A DIEU CE QUI EST A DIEU !

XXIX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année A
(Mt 22, 15-21)

ET A DIEU CE QUI EST A DIEU !



En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège
en le faisant parler.
Nous savons pertinemment que les Pharisiens supportent mal les interventions de Jésus mais l'introduction de cette péricope me semble particulièrement virulente. Chaque membre de cette phrase a une portée belliqueuse et manifeste des esprits rusés.
Ils prennent soin de tenir conseil, pour se mettre d'accord sur la stratégie de leur intervention dans le but de piéger Jésus, donc, de Le mettre en difficulté en Le poussant à tenir des propos qui Le condamneraient ! C'est ce qu'ils cherchent !. Ils montrent ici leur méconnaissance de qui est Jésus et affichent leur malice sournoise ! Ne pointons pas trop vite notre index pour les stigmatiser car celui qui touche à son frère touche à Jésus ! « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez » (Mat. 25, 40)  en bien, comme en mal ! Alors n'hésitons pas à rentrer dans la chambre de notre cœur pour nous interroger sur nos agissements en famille, au travail, dans nos loisirs, dans tous les lieux où nous rencontrons des frères en humanité !
Après délibération, nos Pharisiens : lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : » Pour mieux piéger Jésus, ils espèrent que Jésus ne verra pas le subterfuge, ils ne se déplacent pas eux-mêmes, ils Lui adressent leurs disciples, moins connus pensent-ils, à qui ils adjoignent des partisans d'Hérode ! Quelle malsaine subtilité !
Là encore, rentrons dans la chambre de notre cœur, faisons silence et clarifions nos intentions ! Il est des petites ritournelles que nous n'ignorons pas : peut-être serait-il souhaitable d'envoyer tel ou tel il ne se méfiera pas ! Ou, vas-y, toi, il, elle a toute ta confiance ! Cela s'appelle de la manipulation, mais aussi de la fourberie !
Suit la pommade ou, dit plus élégamment, la flatterie ce qui n'est pas moins répugnant :« Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Comment peuvent-ils penser, même un instant, que Jésus va se laisser endormir par de tels compliments ! Jésus est un homme libre , ce que ne manquent pas de souligner les pharisiens : « tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens » sans le croire d'ailleurs ! Mais ils espèrent, naïvement, faire tomber Jésus , créer une fissure , faire chanceler Jésus , brouiller les pistes pour Le déstabiliser. Croient-ils sérieusement que Jésus a oublié leurs murmures, leurs controverses, leurs agissements et questionnements dénoncia-teurs : « Quel est cet homme qui dit des blasphèmes ? Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » (Luc 5)
« Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? (Luc 5)
« Les disciples de Jean jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, tes disciples mangent et boivent ! » (Luc 5)
« Malheur à vous, Pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synago-gues et les saluts sur les places publiques! (Luc 11)

« Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l'un de vous a cent brebis (Luc 15)

Nous pourrions continuer longtemps encore mais est-ce bien nécessaire ? Ne sommes-nous pas convaincus de la fourberie des propos tenus ici ? Bien sûr que si ! Mais, si c'est flagrant en ce qui concerne Jésus, l'est-ce autant dans notre propre vie ? Que nous soyons auteurs de flatteries ou victimes ! N'y-a-t-il pas là un appel à cette liberté intérieure qui se traduit dans la vie par des relations simples et vraies au risque de perdre une position sociale, voire un emploi ? Quand nous choisissons Jésus, Jésus s'occupe de tout dans notre vie, c'est la qualité, la profondeur de notre foi qui fait la différence. Si je fais confiance à Jésus, Jésus, Lui prendra ma vie en mains, nous pouvons en être certains ! Ô, bien sûr, il peut y avoir un moment de passage à vide où nous serons en roue libre, mais Jésus ne nous laissera pas sombrer, Il éprouve seulement notre capacité d'abandon !


Dieu très haut et glorieux,
viens éclairer les ténèbres de mon cœur;
donne-moi une foi droite,
une espérance solide et une parfaite charité;
donne-moi de sentir et de connaître,
afin que je puisse l'accomplir,
ta volonté sainte qui ne saurait m'égarer. Amen
St François d'Assise
Après cette litanie audacieuse et artificielle dans la bouche des envoyés, les voilà qui 
posent la question, que nous dirions de confiance :

Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non,de payer l’impôt à César,
l’empereur ? »  Nous le savons depuis l'introduction ce qui est recherché ici c'est de prendre Jésus en défaut, l'intention est loin, très loin d'être droite ! Jésus lucide sur leurs intentions et « connaissant leur perversité, leur dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? J'emprunte les propos qui suivent au commentaire qu'en donne Marie-Noëlle Thabut :
« Pourquoi « hypocrites » ? Parce que cette soi-disant question n’en est pas une... Hypocrites pour deux raisons : hypocrites, premièrement, parce que cette question, il y a longtemps qu’ils l’ont résolue. À Jérusalem, où se passe la scène, il n’est pas question de faire autrement, sauf à se mettre hors-la-loi, ce qu’ils n’ont pas l’intention de faire, ni les uns ni les autres, qu’ils soient Pharisiens ou partisans d’Hérode. Payer l’impôt à l’empereur, « Rendre à César ce qui est à César », ils le font et Jésus ne leur donne pas tort.
Mais hypocrites, aussi, deuxièmement, parce qu’ils ne posent pas une question, ils tendent un piège, ils cherchent à prendre Jésus en faute... » Et le ton faussement respectueux qui précède la question force encore le trait : « Maître, lui disent-ils, nous le savons, tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ». Toutes ces amabilités ne sont qu’un préambule pour une question-piège ; et ce piège-là, logiquement, Jésus ne devrait pas s’en sortir ; de deux choses l’une : ou bien il incite ses compatriotes à refuser l’impôt prélevé au profit de l’occupant romain et il sera facile de le dénoncer aux autorités, comme résistant ou même comme révolutionnaire et il sera condamné... ou bien il conseille de payer l’impôt et on pourra le discréditer aux yeux du peuple comme collaborateur, ce qui va bien dans le sens de ses mauvaises fréquentations... mais pire, il perd toute chance d’être reconnu comme le Messie ; car le Messie attendu doit être un roi indépendant et souverain sur le trône de Jérusalem, ce qui passe forcément par une révolte contre l’occupant romain. Et puisqu’il a prétendu être le Messie, aux yeux du peuple et des autorités religieuses, il méritera la mort, ce n’est qu’un imposteur et un blasphémateur.
Le piège est bien verrouillé ; de toute manière il est perdu et c’est bien cela qu’on cherche : la première occasion sera la bonne pour le faire mourir ; la Passion se profile déjà à l’horizon, nous sommes dans les tout derniers moments à Jérusalem. Dans sa réponse, Jésus montre bien qu’il a compris : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? » Il n’est pas dupe du piège qu’on lui tend...Pourtant il est interdit de penser qu’il pourrait chercher à embarrasser ses interlocuteurs ; Jésus n’a jamais cherché à mettre quiconque dans l’embarras ou à tendre un piège à quelqu’un ; ce serait indigne du Dieu dont la lumière éclaire les bons et les méchants.
Jésus ne répond donc pas au piège par un autre piège. Il traite la question comme une question et il y répond vraiment. Sa réponse tient en trois points : « Rendez à César ce qui est à César » ... « Ne rendez à César que ce qui est à César » ... « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ».
Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit :« Cette effigie et cette inscription,de qui sont-elles ? »Ils répondirent :« De César. »Alors il leur dit :« Rendez donc à César ce qui est à César,et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Ils ont tout prévu, y compris la pièce de monnaie susceptible de faire trébucher
Jésus ! »Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. » mais Jésus n'entre pas en discussion, Il ne fait aucune remarque désobligeante, son cœur est bien trop pur pour cela, Jésus renverse la situation en leur demandant de qui est l'effigie qu'ils voient :« Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? » Ses interlocuteurs ne peuvent pas passer à côté de l'évidence ! « Ils répondirent :« De César. » Jésus peut alors livrer Son point de vue réaliste : « il leur dit :« Rendez donc à César ce qui est à César,et à Dieu ce qui est à Dieu. » Ceux qui voulaient piéger, se sont eux-mêmes enfermés dans leur traquenard ! L'incident, pourrions-nous dire est clos et chacun peut repartir qui à ses occupations, qui à Sa mission, car l'Heure n'est pas encore venue mais elle approche malgré tout !
Peut-être n'est-il pas inutile de nous arrêter sur ce qui vient de se passer et qui doit éclairer notre marche de disciples si elle tente de s' ajuster, au plus près, aux pas de Jésus !
Rendez donc à César ce qui est à César Jésus leur demande tout simplement d'accomplir leur devoir à l'égard de l'autorité en place à ce moment précis de l'Histoire d'Israël ! Jésus n'exprime aucun engagement, Il ne prend pas parti, Il fait constater ce qu'Il sait bien sûr et renvoie Ses interlocuteurs à leurs responsabilités. Jésus ne dit pas « faites ceci ou cela » Il les met en face de l'évidence que nul ne peut contester. Par la réponse que suscite sa question, Jésus semble toutefois les mettre en garde, il s'agit ici de rendre à César ce qui lui revient, à savoir, l'impôt et rien de plus. Il n'est pas question d'aller au-delà , alors que César exige qu'on lui rende un culte ! Ce serait alors idolâtrer celui qui n'est qu'un homme aussi puissant qu'il s'estime lui-même. A nous de discerner quelles sont nos idoles !
Rendez à Dieu ce qui est à Dieu est un appel discret et cependant manifeste, de les éveiller à reconnaître en Lui, Jésus, ce qu'ils sont empêchés de voir : le Fils unique du Père, Son Envoyé, le Messie attendu depuis des siècles ! C'est tenter de les éveiller à faire la distinction entre le temporel éphémère, et le spirituel qui demeure pour l'éternité. C'est aussi, s'ils le veulent, leur ouvrir l'horizon infini d'un Royaume qui n'est pas de ce monde
« Mon royaume n'est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais maintenant mon royaume n'est point d'ici-bas. »Jean 18
C'est nous réveiller, nous inciter à donner à Dieu ce qui Lui revient . Nous savons que si nous ne payons pas l'impôt, les taxes multiples et variées... nous nous exposons à de plus graves problèmes, mais Dieu, Lui ! Dieu reste silencieux ! Sauf si notre conscience n'est pas totalement anesthésiée, il reste alors un petit recoin, exposé à la lumière de l’Évangile fréquenté dans l'enfance , qui nous titille, nous met mal à l'aise et nous suggère de nous arrêter pour faire le point pour évaluer où nous en sommes avec ce Dieu d'Amour ! Rendons-nous à Dieu ce qui est à Dieu dans notre vie de chaque jour ? Quelle place Lui faisons-nous ? Savons-nous Lui demander conseil dans la chambre de notre cœur ? Lui faisons-nous confiance quand les choses ne vont pas comme nous le souhaitons dans notre vie ? Quelle place pour Lui dans notre vie de famille, dans notre vie professionnelle, dans notre vie sociale, nos loisirs ? Quand nous réussissons l’œuvre entreprise, savons-nous remercier ce Dieu de qui nous tenons tout, absolument tout, y compris nos moindres réussites ?
TOUT VIENT DE TOI Ô PERE TRES BON
NOUS T'OFFRONS LES MERVEILLES DE TON AMOUR !
Le moment est sans doute venu , de demander à ce Dieu qui nous aime mieux que nous nous aimons nous-mêmes, quand nous nous aimons ! de Lui demander, comme autrefois le grand Salomon, l'Esprit de Sagesse qui nous conduira à la Vérité tout entière.

Seigneur Jésus, donne-moi cette sagesse
qui juge de haut, qui prévoit de loin.
Donne-moi ton Esprit
qui laisse tomber l'insignifiant en faveur de l'essentiel.
En face des tâches et des obstacles
apprends-moi à ne pas me troubler, à ne pas m'agiter,
mais à chercher dans la foi ta volonté éternelle.
Donne-moi l'activité calme
qui sait envelopper d'un seul regard tout l'ensemble de mes tâches.
Aide-moi à accepter paisiblement les contradictions,
à y chercher ton regard et à le suivre.
Évite-moi l'émiettement dans le désordre,
la confusion du péché
mais donne-moi de tout aimer en union avec Toi.
O Jésus, ô Père, ô Esprit saint, sources de l'être,
unissez-moi à vous et à tout ce qui va dans le sens de l'éternité et de la joie.
Père Sertillanges
Demandez-le également à mon intention ! Merci.
L'Ermite