vendredi 24 juin 2022

JE TE SUIVRAI PARTOUT OU TU IRAS

 

TREZIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année C


(Lc 9, 51-62)


En ce temps ordinaire, nous retrouvons Saint Luc. Il nous fait entrer dans la dernière étape de la vie de Jésus, c'est le sens de ce premier verset :

Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel,Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem.

Le regard de St Luc se porte même au-delà puisqu'il évoque ce moment où Jésus va être enlevé au ciel, à savoir : l'Ascension. Située entre Pâques et la Pentecôte c’est-à-dire entre la Résurrection du Christ et la venue de l’Esprit Saint sur le groupe des apôtres, l’Ascension ne peut être comprise qu’en lien avec ces deux événements. L’Ascension fait partie du déploiement inouï de Pâques : par sa mort et sa Résurrection, le Christ a sauvé l’homme qui, à sa suite, est désormais appelé à rejoindre Dieu pour vivre dans sa gloire. Mais avant cette heure Jésus est en route pour Jérusalem où Il va vivre l'ultime étape de sa vie terrestre : la Passion et la mort. Jésus le sait puisque St Luc nous dit : Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. C'est ce qui est annoncé dans le livre d'Isaïe « c'est pourquoi j'ai rendu ma face semblable à un caillou;( d'autres traductions disent dur comme pierre) et je savais que je ne serais pas confondu ». (Isaïe 50) Nous savons ce que représente l'expression « serrer les dents », c'est un peu ce qui se passe ici. Jésus avance fermement , sans la moindre hésitation vers la Sa Passion. Il sait qu'il est attendu, Il sait où Son chemin de vie le conduit, Il ne recule pas, Il avance délibérément, librement, déterminé.Sur le chemin, Il envisage quelques étapes c'est le sens du verset qui suit :

Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent

dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.    Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Peut-être vous souvenez-vous de l'arrivée de Jésus au tout début de sa vie publique à Nazareth. Bien accueilli au verset 22, Il est violemment rejeté dès le verset 24, ce qui lui fait dire : En vérité, je vous le dis, aucun prophète n'est en faveur dans sa patrie. (Lc 4) Ses compatriotes veulent même Le jeter hors de la ville Mais lui, passant au milieu d'eux, s'en alla. (Lc 4)

Cette seconde partie de l’Évangile commence également par un rejet. Ces Samaritains refusent de recevoir Jésus seulement parce qu'il se rend à Jérusalem ville qui centralise pour eux toutes leurs rancœurs à l'égard des Juifs.

Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent :« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »    Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Les disciples Jacques et Jean ne comprennent pas et n'acceptent pas semblable attitude, ils aiment leur Maître et demandent une punition exemplaire. Peut-être et sans doute, ont -ils présent à l'esprit le différend entre Ochozias et le prophète Élie     «Homme de Dieu, le roi a dit: Descends!» Élie répondit et dit au chef de cinquante: «Si je suis un homme de Dieu, que le feu descende du ciel et vous consume, toi et tes cinquante hommes?» Et le feu descendit du ciel et les consuma, lui et ses cinquante hommes. (2Rois 1) Or Jésus est venu parfaire cette Ancienne alliance, et détruire l'esprit de vengeance et de haine , Il ne peut entrer dans la violence et encore moins la promouvoir. Jésus sait que le moment venu, pour Lui , de la souffrance extrême, Il pourrait appeler Son Père qui enverrait une multitude d'anges pour L'épargner mais Jésus est venu apporter l'amour sur la terre, le feu de l'amour, de l'amour absolu, qui seul guérit les cœurs Il réprimande donc les disciples et choisit de se rendre dans un autre village.Puis ils partirent pour un autre village.

Il est souhaitable et bon pour chacun de nous DE REGARDER Jésus qui nous apprend à régler nos différends de façon pacifique, à ne pas répondre au méchant « Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant (Mt 5) » à savoir garder le silence quand nous sommes insultés  « Heureux serez-vous, lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. (Mt 5) Dans cette perspective il serait bon, pour nous, de relire et lire encore les Béatitudes notre charte par excellence pour vivre en ami de Jésus !

Jésus poursuit son voyage et :

En cours de route, un homme dit à Jésus :« Je te suivrai partout où tu iras. »  Comme cet homme nous sommes remplis d'enthousiasme, nous voyons les foules qui suivent Jésus et nous voulons nous joindre à elles, nous voulons être au plus prés de Jésus, faire partie de Son cercle rapproché . Après une célébration festive, un rassemblement de croyants nous sommes débordants d'enthousiasme, oui mais ...Jésus nous rappelle que Le suivre n'est pas un tapis de pétales de roses, c'est particulièrement exigeant il convient d'accepter de tout perdre pour gagner l'essentiel :«Jésus lui déclara  Les renards ont des terriers,les oiseaux du ciel ont des nids ;mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Il nous dit la même chose aujourd'hui ! Sommes-nous prêts à renoncer à un certain bien-être pour partager avec les réfugiés? Sommes-nous prêts à renoncer à nos aises pour faire de la place aux autres ? Sommes-nous prêts à répondre présents quand l’Église appelle pour visiter des personnes isolées, des personnes handicapées, des malades, abandonnées ? Sommes-nous prêts à donner de notre temps, régulièrement pour apprendre à lire, à écrire à des immigrés ? N'importe quel immigré ? Suivre Jésus est exigeant car TOUT homme est mon frère, ma sœur !

Les gens se bousculent pour être au plus près de Jésus disais-je, alors, Jésus en repère un et, à brûle-pourpoint lui dit :

« Suis-moi. »Vous percevez l'étonnement, la surprise, l'émotion dans le cœur de celui qui, sans s'y attendre, entend cet appel ? Une multitude de pensées contradictoires tourbillonnent dans son esprit : joie d'être appelé , choisi ! Peur de l'inconnu, de l'engagement ! Joie d'avoir été remarqué par Jésus , mis à part ! Peut être, peur du regard des autres, du « qu'en dira-t-on » ! Tout cela se bouscule, toutes sortes de pensées plus contradictoires les unes que les autres, et, plus fort que tout, l'événement récent dont l’intéressé s'est un moment soustrait pour voir Jésus, un peu à la manière de Zachée qui veut voir mais préférerait ne pas être vu ! Et c'est justement sur celui-là que se pose le regard aimant de Jésus. L'appelé expose alors, le cœur partagé, son grave problème du moment ::« Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Qu'y-a-t-il de plus légitime ? C'est même surprenant que cette personne ait voulu voir Jésus alors que la famille est réunie auprès de la dépouille paternelle pour lui rendre les honneurs qui lui sont dus, pour l'entourer de son affection filiale ! Jésus, pouvons-nous penser, il aura d'autres occasions de Le rencontrer une autre fois, pourquoi aujourd'hui, en cette circonstance ? Il nous arrive d'être pris dans un étau où nous devons trancher, choisir entre deux biens, deux devoirs aussi noble l'un que l'autre ! Quel est notre critère de décision ?

Jésus répliqua :« Laisse les morts enterrer leurs morts.Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »

Jésus lui dit en quelque sorte : «  ton Père n'est pas abandonné, ta famille supplée, la situation sera prise en charge dignement, comme il est juste et bon de s'en acquitter, pour toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » il y a urgence ! Des vivants vivent comme des morts, il te revient de leur annoncer la Parole de Vie ! » Dans la première et dans la troisième situation que nous présente cet évangile, ce sont les personnes qui proposent leurs services à Jésus , ici, et c'est important de le noter, c'est Jésus qui appelle cette personne, c'est Jésus qui l'enjoint de Le suivre sans doute sommes-nous dans une situation vocationnelle, Jésus choisit qui Il veut, quand Il veut ! Pourquoi ? Il n'y a pas de réponse à cette question. Il convient de savoir seulement que cet appel est exigeant et réclame des choix radicaux, sur lesquels on ne revient pas, sauf trahison ! Quel que soit l'appel il est important de savoir que l'objectif à viser c'est d'accomplir la mission qui nous est confiée.

Peut-être, le troisième , a-t-il entendu ses deux compatriotes, aussi prend-il les devants : Un autre encore lui dit :« Je te suivrai, Seigneur ;mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Nous reconnaissons , dans ce cas de figure, l'attitude d’Élisée dans la première lecture. Quand Élie, inspiré par l'Esprit du Seigneur, lui jette son manteau sur le dos alors qu'il labourait en signe d'appel à le suivre pour lui succéder , spontanément, Élisée lui demande de lui laisser le temps d'aller saluer ses parents. Élie le renvoie à son travail et passe sous silence sa demande , comme fin de non-recevoir, cela suffit pour qu’Élisée comprenne que l'appel reçu ne permet aucun retard dans l’exécution , il s'empresse de sacrifier son attelage et il emboîte les pas du Prophète ! C'est tout le sens de la réponse de Jésus à Son interlocuteur :

Jésus lui répondit :« Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » Le Royaume n'attend pas. La personne qui tergiverse , hésite, regarde ce qu'elle laisse, ce qu'elle doit quitter n'est pas en mesure de répondre à un appel aussi exigeant que celui d'un ministère. Certes il convient de réfléchir, de discerner pour bien voir s'il s'agit d'un appel du Seigneur ou d'un emballement affectif mais cette étape franchie l'appelé doit regarder droit devant lui, fixer son regard sur Jésus qui lui montre le chemin. Un chemin qui passera forcement par la croix. Souvenons-nous que ces conversations ont toutes lieu sur la route qui conduit Jésus vers sa Passion. Servir l'Amour, c'est regarder Jésus rappelons-nous cette autre parole de Jésus en St Matthieu chapitre 10 :«Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi; celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.» Cette déclaration semble irrecevable quand on la comprend mal. Jésus nous dit très précisément que rien ne peut prendre le pas sur l'engagement pris à un moment st Paul l'exprime ainsi dans la Lettre aux galates de ce jour:c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés.Alors tenez bon,ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage.    Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté.Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ;au contraire, mettez-vous, par amour,au service les uns des autres.    Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici :Tu aimeras ton prochain comme toi-même.    Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres ,prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.    Je vous le dis :marchez sous la conduite de l’Esprit Saint,et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair.    Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez.    Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit,vous n’êtes pas soumis à la Loi.

La parabole qui suit peut nous éclairer :

« Sur un siège de bus est assis un vieil homme qui tient à la main un bouquet de fleurs fraîchement cueillies. De l’autre côté de l’allée se trouve une jeune fille dont le regard vient sans cesse se poser sur les fleurs. Le bus arrive à la station où le vieil homme doit descendre. Avant de quitter le bus, il dépose le bouquet sur les genoux de la jeune fille : « Je vois que vous aimez les fleurs, dit-il, et je pense que ma femme aimerait que vous les ayez, je vais lui dire que je vous les ai données ». La jeune fille n’a pas le temps de réagir que le vieillard est déjà descendu du bus. Elle regarde par la fenêtre et le voit… pousser la grille d’un petit cimetière ».

Antoine Nouis, Le Nouveau Testament. Commentaire intégral, verset par verset, Olivétan-Salvator, 2018.

Laissez-vous mener par l'esprit

Bernard/Roux

Refrain
LAISSEZ-VOUS MENER PAR L’ESPRIT
SUR LES CHEMINS DE LA JUSTICE.
LE VENT DE DIEU QUI VOUS A PRIS
FERA DE VOUS DES HOMMES LIBRES.

1.
Brisez le fer des vieilles lois
Sur les chemins de l’esclavage.
L’amour est votre unique loi,
Prenez sans crainte ses passages.
2.
Fini le temps des pas comptés,
Finies les peurs qui défigurent !
L’amour se donne sans compter,
Il est pour vous la vraie mesure.

4.
L’Esprit se joint à votre esprit
Pour murmurer « Dieu notre Père ».
L’amour vous donne un coeur de fils
Et sa chaleur vous fait renaître.

5.
Souvenez-vous qu’au dernier soir
Dieu jugera sur le partage.
L’amour a-t-il ouvert vos bras ?
Vous recevrez son héritage.


Jésus, je te suivrai (Sébastien Corn)


Dans la joie, quand le soleil m’inonde,

Sur les monts où ta présence abonde,

Jésus, je te suivrai.


Dans la peine, quand mon âme sombre

Jésus, je te suivrai.

Dans la vallée du deuil et de l'ombre

Jésus je te suivrai


Car tu es mort pour moi, je vivrai pour toi.

Tu t’es offert sans rien garder,

Tu as souffert pour me sauver.

Jésus, je te suivrai.


Je t’aimerai plus que la vie

Te servirai malgré le prix,

Jésus, je te suivrai.


Confiant quand ma foi est profonde

Dans le doute quand ma paix semble fondre


Oh Oh !Jésus, je te suivrai.(bis)


L'Ermite

La plupart des images sont la propriété de Bernadette LOPEZ

vendredi 17 juin 2022

CINQ PAINS, DEUX POISSONS , CINQ MILLE HOMMES !


SOLENNITE DE LA FÊTE 


DU SAINT SACREMENT

Année C

(Lc 9, 11b-17)



Origines de la fête du Saint-Sacrement

La fête du Saint-Sacrement, que les anciens appelaient la Fête-Dieu, est une fête catholique et anglicane, célébrée en principe le jeudi qui suit la fête de la Trinité (en référence au jeudi saint), c’est-à-dire soixante jours après Pâques. Mais, en vertu d'une dérogation prévue par les livres liturgiques, elle est reportée au dimanche qui suit la Sainte-Trinité dans les pays où elle n'est pas inscrite au nombre des jours chômés (France, Italie, etc.) Actuellement, le nom officiel de la fête, dans l’Église catholique, est « Solennité du corps et du sang du Christ ». Elle commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, sous les espèces du pain et du vin consacrés au cours de la messe.

Les origines de la fête remontent au XIIIe siècle. L'élévation de l'hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Mais l'impulsion décisive en vue d'une fête spéciale fut donnée par sainte Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège. La fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV.

C'est un jour férié dans certains pays catholiques. Pendant la procession de la Fête-Dieu, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisées de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par quatre notables. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin de la procession.

L'histoire de la solennité s'inscrit dans le sillage du débat théologique suscité par l'hérésie de Béranger de Tours, qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Dans la bulle Transiturus qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu'« il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement ». Les évolutions de la théologie sacramentelle et son développement dans les écoles du XIIe siècle et du XIIIe siècle ont été décisives. Le facteur déterminant qui a permis l'invention et la réception de la solennité de la Fête-Dieu a surtout été l'évolution de la religiosité populaire qui a accompagné ces évolutions théologiques grâce au développement de la prédication. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe : c'est à Paris, vers 1200, que l'existence du rite de « l'élévation », au moment de la consécration, est attestée pour la première fois. (Article de La Croix)

Pourquoi prier devant le Saint-Sacrement?

Les chrétiens croient en la présence réelle de Dieu dans l’hostie consacrée. À lamesse, lorsque les paroles du Christ ont transformé le pain et le vin en son Corps et son Sang, Dieu est là. Depuis le Moyen Âge, les chrétiens adorent le Saint-Sacrement en dehors de la messe.

L’Évangile retenu pour la fête du Saint Sacrement peut nous surprendre, nous attendions plutôt , celui de l'Institution de la Sainte Eucharistie par Jésus . Pourquoi l’Église nous propose t-Elle ce récit de la multiplication des pains ?

Si le ministère « ordinaire » de Jésus permettait déjà de reconnaître en lui les traits du Messie, le miracle des pains et des poissons vient cependant parfaire son profil messianique. Selon les croyances juives de l’époque, l’arrivée du Messie devait s’accompagner d’actes prodigieux rappelant les miracles accompagnant les événements de salut du Premier Testament. Or, le miracle de Galilée n’est pas sans rappeler à la foule qui en sera témoin certains autres miracles alimentaires que la tradition biblique a retenus, impliquant des hommes de Dieu célèbres. Parmi ces actes prodigieux, on pense d’emblée au don de la manne au désert qui nourrit les Israélites durant leur longue marche vers la terre promise. On pense aussi aux miracles alimentaires d’Élie et d’Élisée qui, avant Jésus, multiplièrent huile, farine et pains (1 R 17,7-16 ; 2 R 4,1-7 ; 2 R 4,42-44). Ici, le pain que Jésus donne est plus abondant que ne l’était la manne qui était mesurée pour chaque jour (Ex 16,4.16), de plus, il y a des restes alors que la manne ne pouvait être conservée pour le lendemain (Ex 16,19). Et la multiplication des pains opérée par Jésus est plus spectaculaire que celle d’Élisée : avec cinq pains, Jésus nourrit plus de 5000 convives avec douze paniers de restes ! Élisée dispose de vingt pains initialement pour un nombre indéterminé de convives et de restes non précisés. Oui, ce récit a certainement comme but de nous présenter Jésus comme le Messie des derniers temps, dépassant en gloire Moïse, Élie ou Élisée. ( Patrice Bergeron Professeur de Bible à Montréal)

Le moment est venu, me semble-t-il, de regarder avec notre cœur et d'écouter Jésus nous parler à travers ces versets :

Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,et guérissait ceux qui en avaient besoin.

Nous oublions très souvent, trop souvent que vivante, est la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l'âme, jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. (He 4)

Peut-être serait-il bon, et souhaitable, avant d'entrer dans l’Évangile qui nous est proposé, de faire un acte de foi, en disant au Seigneur : « Je crois Seigneur que tu me parles aujourd'hui, comme hier aux foules qui te suivaient, je crois que Ta Parole est vivante et qu'elle peut pénétrer ma vie tout entière AUJOURD'HUI. Non seulement, je le crois, mais je le veux et Te le demande avec force.Tu veux me guérir, et je Te demande de me guérir de toutes mes infirmités spirituelles, psychologiques et physiques Amen ! »

Le jour commençait à baisser. Ceci ne vous rappelle-t-il pas un moment grave de la vie de Jésus avec Ses apôtres ? « Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas,repas, il leur déclara : « Amen, je vous le dis : l'un de vous va me livrer. » (Mt 26 ; Mc 14 ; Lc 22) C'est au moment de l'Institution de l'Eucharistie dans Matthieu, Marc et Luc. Les Douze seront au rendez-vous comme ils le sont en Luc au moment de la multiplication des pains. Mais il y a un autre épisode qui se situe après la Résurrection que nous trouvons chez Saint Luc seulement, c'est la rencontre avec les disciples d'Emmaüs cette fois, ce sont les disciples qui évoquent l'heure tardive :« " Reste avec nous, car on est au soir et déjà le jour est sur son déclin. " Dès l'introduction de cette péricope nous sommes plongés dans l'ambiance du repas Eucharistique qui aujourd'hui encore nourrit la foule des croyants affamés de vérité !

Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :« Renvoie cette foule :qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ;ici nous sommes dans un endroit désert. » Discrets mais réalistes les apôtres savent que la nuit rend difficile toute démarche , de plus, à cette heure tardive, il sera plus compliqué de se procurer de quoi satisfaire la faim d'une telle foule, ils suggèrent donc une démarche humainement sage qui permettra à chacun de s'organiser en fonction de ses besoins et , sans doute de ses moyens ! Là où les apôtres semblent voir une forme de respect des possibilités de chacun, Jésus , qui est venu  pour rassembler les enfants de Dieu dispersés « Et non seulement pour la nation, mais aussi afin de réunir en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés. «  (Jn 11), Jésus voit un risque de dispersion et sans doute le risque d'exacerber les différences et de ce fait, de nuire à l'unité recherchée . Jésus fait une autre proposition, ô combien déconcertante pour les apôtres, plus démunis que quiconque :

3 à manger »  cette parole n'est pas au passé mais bel et bien au présent ! C'est à chacun de nous qu'elle est dite AUJOURD'HUI ! Jésus nous demande d’être inventifs , généreux et attentifs pour ne laisser personne sur le bord du chemin ! Inventifs en trouvant la façon discrète de soutenir nos frères en difficultés. Généreux en partageant mais aussi en nous mettant au service de ceux qui ont moins de possibilités pour exister dignement. Attentifs pour discerner les vrais besoins de nos frères, besoins matériels, besoins psychologiques, besoins spirituels.

Ils répondirent :« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. »    Il y avait environ cinq mille hommes.

Les apôtres reconnaissent leur indigence, ils sont démunis devant semblable situation, mais ils sont prêts à donner le peu dont ils disposent et à se mettre au service de cette foule si Jésus le juge opportun ! Ils dressent un constat juste, et laisse Jésus prendre la décision qui convient, ils Lui font confiance .Ils se conduisent en vrais disciples respectueux et aimants.

Ce simple verset est chargé d'enseignements pour chacun de nous si nous consentons à nous mettre à l'école «  de la Parole Vivante et agissante ».

Savons-nous regarder et partager les situations humaines telles qu'elles sont, sans exagération en plus ou en moins ?

Sommes-nous prêts à mettre à la disposition du Seigneur, en l’Église le peu que nous sommes et le peu que nous avons ?

Sommes-nous disposés à nous laisser enseigner par Jésus, à nous mettre à Son service quels que soient nos maigres moyens ?

A chacun de répondre dans l'intimité de son cœur !

Jésus a le champ libre ! Les apôtres ne manifestent aucune tension, ils s'abandonnent au discernement du Maître, Jésus, Lui, ne tient pas à agir seul, Il permet aux disciples bien intentionnés, de participer, d'être Ses coopérateurs , St Paul en parle avec assurance dans la première lettre aux Corinthiens ! : « Nous sommes les collaborateurs de Dieu, et vous êtes le champ de Dieu, vous êtes la maison que Dieu construit. Comme un bon architecte, avec la grâce que Dieu m'a donnée, j'ai posé les fondations. D'autres poursuivent la construction ; mais que chacun prenne garde à la façon dont il construit. Les fondations, personne ne peut en poser d'autres que celles qui existent déjà : ces fondations, c'est Jésus Christ. (1Cor 3)

Ici, les apôtres sont à la fois les collaborateurs, parce qu'ils vont aider Jésus, mais aussi le champ de Dieu, Jésus en agissant ainsi et à travers tout ce qu'Il leur permet de vivre, laboure la terre de leur cœur pour qu'ils portent un maximum de fruits. Jésus agit de la même façon avec chacun d'entre nous !

Jésus dit à ses disciples :« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »    Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde.

Jésus leur apprend à organiser l’Église par groupes à taille humaine. N'est-ce pas ce qui s'est toujours fait , depuis les débuts ? Les paroisses ne sont-elles pas ces groupes animés par un envoyé du Seigneur et l'ensemble de ces groupes ne constituent-ils pas l’Église Universelle ! Nous n'avons rien inventé, Jésus a donné l'impulsion nous apprenant à nous adapter aux lieux et aux temps ! C'est encore vrai aujourd'hui avec l'exode rural et une apparente diminution des vocations. Je m'exprime ainsi parce que je suis persuadée que le Seigneur appelle toujours autant, mais c'est la réponse qui n'est pas à la hauteur du don de Dieu !

Et que deviennent nos cinq pains et nos deux poissons évoqués timidement, tellement l'offre paraît dérisoire dans semblable contexte ? Nous allons voir que, pour Jésus, rien n'est insignifiant. Jésus n'a peur ni de la faiblesse de nos dons, ni de nos faiblesses personnelles , « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Mc 2)

Après Jésus, St Paul ne se prive pas de faire l'éloge de la faiblesse, de la fragilité, car la conscience des limites permet à Dieu d'agir plus aisément :

C'est pourquoi j'accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. (2Cor 12)

Qui est faible, que je ne sois faible ? Qui tombe, que cela ne me brûle ? S'il faut s'enorgueillir, je mettrai mon orgueil dans ma faiblesse. Dieu, le Père du Seigneur Jésus, qui est béni pour l'éternité, sait que je ne mens pas. (2Cor 11)

Avec les faibles, j'ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l'Évangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut. (1Cor 9)

Accueillez celui qui est faible dans la foi, sans critiquer ses raisonnements. L'un a une foi qui lui permet de manger de tout, l'autre, étant faible, ne mange que des légumes. (Ro14)

Jésus ne méprise rien, ni personne, Il attend seulement notre participation. Nous sommes invités à donner tout ce que nous sommes et pouvons avoir, même si c'est peu, et Jésus accomplit, comme Il le dit ailleurs : « je ne suis pas venu abolir mais accomplir » Mt 5,17 Les apôtres lui remettent ici le peu qu'ils ont ou qui leur a été donné .

Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,et, levant les yeux au ciel ,il prononça la bénédiction sur eux,

Jésus ne fait aucune remarque, Il accueille, comme d'ailleurs Il nous accueille tels que nous sommes,( ne sommes-nous pas Son œuvre?) avec ce que nous voulons bien lui remettre de nous-mêmes, de notre avoir, de notre savoir...

Jésus lève les yeux au ciel , nous avons déjà rencontré cette expression. En agissant ainsi, Jésus entre, même s'Ils ne se quittent jamais, en relation étroite et directe avec Son Père de qui Lui-même se reçoit et reçoit tout don . C'est Sa façon de remercier le Père, de Lui rendre grâce de reconnaître ouvertement que sans le Père Il ne peut rien faire. Ces cinq pains et ces deux poissons , même s'il y a eu un ou plusieurs intermédiaires, viennent du Père qui est la source de tout bien, de tout don ! Par ce simple geste, Jésus apprend aux Apôtres, à la foule rassemblée, à chacun de nous, à reconnaître que tout, absolument tout, nous est donné. Quand nous pensons offrir quelque chose au Seigneur nous ne faisons que reconnaître que « tout vient de Lui » St François d'Assise dit «  nous n'avons en propre que notre péché » et St Paul :.Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu? (1Cor 4) Quand on a compris cela on baigne dans l'action de grâce, dans la liberté !

En mettant à la disposition de Jésus ces cinq pains et ces deux poissons, les apôtres manifestent leur liberté à l'égard d'un quelconque bien et quand Jésus s'en saisit Il peut prononcer la bénédiction, c'est à dire, dire du bien de ces dons, qui feront du bien, parce qu'ils sont bons, à ceux qui les consommeront. C'est cela le sens de toute bénédiction. Après ces précautions ô combien légitimes, Jésus

les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Le fait de « rompre le pain » porte en lui-même le sens de partage et c'est bien ce qui se passe, puisque Jésus donne les morceaux en chargeant les apôtres de les distribuer à la foule, ce qu'ils firent en toute confiance et, merveille,

Ils mangèrent (la foule) et ils furent tous rassasiés ;puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :cela faisait douze paniers.

Tous sont rassasiés et il reste 12 paniers ! Quand Jésus donne, c'est la surabondance ! Cinq pains, deux poissons, une foule est rassasiée et il en reste  douze paniers ! N'ayons pas peur dès lors de donner toute notre indigence à Jésus, de Lui remettre ce que nous avons et ce que nous sommes, car avec notre rien, Jésus fera des merveilles, il suffit de Lui faire une entière confiance. C'est la recommandation de Saint François d'Assise : « Ne gardez pour vous rien de vous afin que vous reçoive tout entier Celui qui se donne à vous tout entier ».Rappelons-nous l'acte créateur : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide; les ténèbres couvraient l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit: " Que la lumière soit! " et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne; ….Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici cela était très bon. (Gen 1) N'ayons pas peur avec notre rien Dieu fera du très bon si nous Le laissons agir en nos vies.

En reconnaissant dans la péricope de ce jour une préfiguration de la Sainte Cène, nous reconnaissons , dans les douze corbeilles, le don de la Sainte Eucharistie qui est offerte,à qui reconnaît la Présence de Jésus dans ce morceau de pain que le célébrant consacre chaque fois qu'il célèbre la sainte Eucharistie et ceci depuis le premier Jeudi Saint, jusqu'à la fin des temps que nous appelons la Parousie. Ce jour où Dieu sera TOUT en tous ! Depuis ce jour où Jésus prit du pain,  puis, ayant rendu grâce,il le rompit, et dit :« Ceci est mon corps, qui est pour vous.Faites cela en mémoire de moi. »  Après le repas, il fit de même avec la coupe,en disant :« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » 2e lecture
    


Sion, célèbre ton Sauveur,

chante ton chef et ton pasteur
     par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
     tu ne peux trop le louer.


Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
     comme objet de tes louanges.

Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
     au groupe des douze frères.

Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
     l’allégresse de nos cœurs !

C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
     la première institution.

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Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
     nous le fassions après lui.

Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
     sous chacune des espèces.
.

* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
     qu’on ne peut jeter aux chiens.


Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
     dans la terre des vivants.

Amen.

L'Ermite

vendredi 10 juin 2022

L'ESPRIT DE VERITE VOUS CONDUIRA

 

SOLENNITE


DE LA Ste TRINITE

Année C


(Jn 16, 12-15)

Le dimanche après la Pentecôte, l’Église Catholique fête la Sainte Trinité. On fête la réalité mystérieuse d'un seul Dieu dans l'unité de l'amour de Trois Personnes distinctes, égales et indivisibles, le Père, le Fils, l'Esprit.

La Trinité est un mystère vivant que la foi permet d'appréhender. Ce mystère est lié à une histoire qui culmine dans celle de Jésus : «  Fils unique de Dieu, conçu de l'Esprit Saint, né de la Vierge Marie qui a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux Enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux et est assis à la droite de Dieu ».(symbole des apôtres )

« Connaître Dieu et dire quelque chose de Lui a toujours été, comme en témoigne l’histoire de la pensée, la préoccupation de l’esprit humain. La foi chrétienne, sans mépris pour cette recherche, accueille le mystère divin qui déroute la raison et la contraint à se dire que Dieu n’est jamais ce qu’elle en pense. Pourtant la foi n’écarte pas la raison. Elle requiert son entendement à l’intérieur même de l’adhésion qu’elle donne au mystère révélé. Tant demeure actuel l’adage ancien de la foi qui cherche à comprendre ».(Conférence des évêques de France)

«  Le mystère de la Très Sainte Trinité est le Mystère central de la Foi et de la vie chrétienne. Il est le Mystère de Dieu en lui-même. Il est donc la source de tous les autres mystères de la foi. ; il est la lumière qui les illumine. Il est l'enseignement le plus fondamental et essentiel dans la hiérarchie des vérités de la foi. » Catéchisme de l’Église Catholique.

Quand il viendra, il dénoncera l'erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation.

C'est votre intérêt que je m'en aille, car, si je ne m'en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l'enverrai. Quand il viendra, il dénoncera l'erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation.

Il montrera où est le péché, car l'on ne croit pas en moi. Il montrera où est le bon droit, car je m'en vais auprès du Père, et vous ne me verrez plus. Il montrera où est la condamnation, car le prince de ce monde est déjà condamné. (Jn 7, 16) Tels sont les versets qui introduisent la péricope de ce dimanche. Jésus vient d'annoncer Son départ imminent, Il en explique la nécessité : pour envoyer l'Esprit, Jésus doit rejoindre le Père. Notons que Jésus , sans la nommer, fait déjà l'annonce de la Très Sainte Trinité . Nous

sommes en présence des Trois Personnes divines qui sont UN SEUL ET MÊME DIEU : Le Défenseur annoncé : l'Esprit de Vérité ; je m'en vais , c'est le Fils qui remonte vers qui ? Vers le Père ! L'heure est grave, les apôtres qui suivent Jésus depuis trois années, bientôt ne Le verront plus ! Jésus sait, Lui, qu'Il ne tardera plus à les investir de la lourde charge d'annoncer l’Évangile à toutes les créatures et de les baptiser « au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit » Il sait aussi que trois années c'est bien peu pour former à une telle mission, Il sait qu'il est indispensable qu'ils soient accompagnés, éclairés, soutenus au quotidien pour mener au mieux la responsabilité qui leur sera prochainement confiée. Jésus sait pertinemment qu'en si peu de temps Il n'a pas pu tout donner de Lui-même, d'où cette remarque pleine de bon sens :

     C'est peu à peu que Dieu s'est révélé et qu'Il se révèle dans notre quotidien ! Bien que partageant la vie de Jésus, bien que Le voyant agir, bien que témoins d'une multitude de miracles, les apôtres avancent à tâtons Un jour , par la voix de Pierre ils adhérent « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.C'est en effet peu à peu, dans le concret des situations, que l'Esprit nous accompagne et nous parle soit au fond de notre cœur, soit à travers les événements ! Ni les apôtres hier, ni nous-mêmes aujourd'hui, ne pouvons comprendre ou connaître le dessein de Dieu pour nos vies. L'Esprit marche pas à pas avec nous comme Il marchait aux côtés du Peuple de Dieu au temps des Patriarches et des grands Prophètes. L'Esprit a toujours été sur les routes humaines . N'était-Il pas là au commencement ? Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était

    informe et vide; les ténèbres couvraient l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit: " Que la lumière soit! " et la lumière fut. (Gn 1)« tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » un autre ils hésitent « montre-nous l le Père ». Ils ont besoin d'être rassurés, éclairés, fortifiés ...il en est de même pour nous qui, dans certains cas, sommes avides de signes et nous rassurons autant que faire se peut, en parlant de « clins d’œil » du Seigneur dans nos vies . Ce chemin de connaissance de Dieu, reste un chemin, qui continuera jusqu'à l'accomplissement du projet de Dieu. On peut alors se lamenter des tiraillements, voire des disputes, à l'intérieur de l’Église et entre Églises ...quel dommage ! Quel temps perdu ! Un seul détient LA VERITE, TOUTE LA VERITE Jésus ne manque pas de nous avertir :

    Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,il vous conduira dans la vérité tout entière. Mais Il ne précise ni l'heure, ni le jour, ni l'année, car Il vient un peu comme un goutte à goutte, à la mesure de ce que nous pouvons porter, assimiler .Il m'arrive assez souvent, quand des personnes pinaillent sur des sujets de casuistique , de règles liturgiques et autres de me dire : « quel temps perdu ! Où est l'important ? » Souvent , les uns et les autres sortent blessés de ses tiraillements où chacun oublie la règle d'or de l'amour ! Certes il est opportun de donner son avis, mais quand cet avis devient source de discorde, il est encore plus important de se taire et de prier, l'Esprit accomplit Sa mission, dans la Paix non dans la guerre ! C'est sur l'amour que nous serons jugés non sur notre science même sacrée ! Jésus nous le rappelait récemment : je vous donne un commandement nouveau aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » c'est-à-dire jusqu'à l'oublie de soi, jusqu'à la croix ! L’Église, Elle-même, ne nous demande pas de nous déchirer, Elle nous demande d'AIMER dans le sillage de Son Fondateur Jésus le Bien-aimé du Père ! Aucun de nous ne peut prétendre posséder la Vérité tout entière , la Vérité c'est Jésus : « Je suis le chemin, la Vérité et la vie ! »Jn 14,6 répond-Il à Thomas déstabilisé par Son propos du moment.

    Quant à cette VERITE, ce n'est pas une science à proprement parler, elle ne s'apprend ni sur les bancs de l'école, ni sur ceux de la faculté, il ne s'agit pas d'un savoir faire, mais d’un SAVOIR ÊTRE . La VERITE dont parle Jésus, c'est avant tout une EXPERIENCE spirituelle :

    En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître.

    Je me souviens, lorsque j'étais enfants, avoir été très impressionnée lorsque le prêtre de mon école bordelaise nous disait : « soyez-en certaines les enfants, nous trouverons au ciel des personnes qui ne savaient ni lire ni écrire mais qui savaient aimer et prier , prier et aimer » Comme le Fils se reçoit du Père , dans les moindres détails de Sa vie, l'Esprit se reçoit du Fils et donc du Père qui est la source unique de l’Être. Plus nous sommes unis à la Trinité Sainte qui demeure en chacun de nous depuis notre Baptême et plus nous nous laisserons habiter par cette Présence, plus nous connaîtrons Dieu. Les sciences humaines nous permettent de comprendre les mots , le fonctionnement de la cité terrestre mais c'est en se laissant envahir par l'Esprit de Dieu, l'Esprit Saint, l'Esprit de Vérité, l'Esprit de Lumière que nous approcherons un peu de qui EST DIEU. L'illumination parfaite étant réservée à l'heure de la Rencontre éternelle ! Connaître ici, c'est naître avec , souvenons-nous du dialogue de Jésus avec Nicodème au chapitre 3 de St Jean :Nicodème lui dit: "Comment un homme, quand il est déjà vieux, peut-il naître? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère, et naître de nouveau?" Jésus répondit: " En vérité, en vérité, je te le dis, nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu Car ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est esprit. Ne t'étonne pas de ce que je t'ai dit: il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va: ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit." (Jn 3) Or, nous n'aurons jamais fini de naître à l'Esprit de Dieu car La sagesse qui est l'un des sept dons de l'Esprit en effet, il y a un esprit intelligent, saint, unique, multiple, immatériel, actif, pénétrant, sans souillure, infaillible, impassible, aimant le bien, sagace, ne connaissant pas d'obstacle, bienfaisant, bon pour les hommes, immuable, assuré, tranquille, tout-puissant, surveillant tout, pénétrant tous les esprits, les intelligents, les purs et les plus subtils. Car la sagesse est plus agile que tout mouvement; elle pénètre et s'introduit partout, à cause de sa pureté. Elle est le souffle de la puissance de Dieu, une pure émanation de la gloire du Tout-puissant; aussi rien de souillé ne peut tomber sur elle. Elle est le resplendissement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l'activité de Dieu, et l'image de sa bonté. Étant unique, elle peut tout; restant la même, elle renouvelle tout; se répandant, à travers les âges, dans les âmes saintes, elle en fait des amis de Dieu et des prophètes. Dieu, en effet, n'aime que celui qui habite avec la sagesse. Car elle est plus belle que le soleil, et que l'arrangement harmonieux des étoiles. Comparée à la lumière, elle l'emporte sur elle; car la lumière fait place à la nuit, mais le mal ne prévaut pas contre la sagesse. (Sg 7) cette Sagesse-là demande une vie entière pour se laisser pétrir par le divin Potier.

    Lui me glorifiera ,car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

    Lui « l'Esprit de Vérité » me glorifiera, me fera honneur, me rendra présent parce qu'Il ne dira pas autre chose, ni autrement que ce que Je vous ai dit durant ces trois années de compagnonnage , et ce que Je vous ai dit , enseigné, ne vient pas de Moi mais du Père : « Mon père et moi nous sommes un." (Jn 10) Nous avons là une nouvelle affirmation de la Trinité Sainte:l'Esprit Saint, l'Esprit de Vérité qui reçoit du Fils ce que Lui-même reçoit du Père. Trois en un seul Dieu qui vivent en parfaite unité, en parfaite harmonie . Et c'est la grande ambition de Jésus Lui-même quand au chapitre 17 de St Jean Il prie le Père en ces termes :

    Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, par leur prédication, croiront en moi, pour que tous ils soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous, pour que, eux aussi, ils soient un en nous, afin que le monde croie que vous m'avez envoyé. (Jn 17) En somme, quand nous célébrons la fête de la Très Sainte Trinité ; nous célébrons déjà le grand rassemblement de l'humanité dans la Maison d’Éternité ! C'est un avant-goût du ciel !

    Je fais miennes et conclus avec les paroles du P.Léon Paillot prêtre du diocèse de Belfort (Dcd) et amoureux de Dieu :

Or, « le langage est infirme pour dire Dieu ». Il faut se le redire, pour avancer. A travers nos mots infirmes, nous visons une réalité indicible. Le seul mot qui dise Dieu en vérité est une personne : Jésus Christ. Or, une personne, on ne la connaît qu’en la fréquentant, en échangeant avec elle, en l’aimant. La Trinité n’est accessible que par la prière. Quant aux formules, elles ne sont valables que si elles sont la trace d’une expérience. Je vous souhaite de pouvoir dire Dieu comme échange, relation, donc donné et reçu. Je vous souhaite de pouvoir entrer dans cette relation, à vous unir à la Sagesse qui « prenait ses ébats sur la face de la terre. » Dieu est Amour. Un point c’est tout. Et chaque fois que nous aimons en vérité, nous participons à la vie même de Dieu, dans cette réalité en laquelle Dieu est à la fois l’aimant, l’aimé et l’amour qui les unit.

Je nous invite fortement à lire et relire les deux premières lectures et à prier la si profonde louange de Ste Élisabeth de La Trinité canonisée Par Le Pape François en octobre 2016


Ô mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité. Que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire Sortir de vous, ô mon Immuable , mais que chaque minute m'emporte plus loin dans la profondeur de votre Mystère.

Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi , tout adorante , toute livrée à votre Action créatrice.

Ô mon Christ aimé crucifié par amour, je voudrais être une épouse pour votre Cœur, je voudrais vous couvrir de gloire, je voudrais vous aimer... jusqu'à en mourir
! Mais je sens mon impuissance et je vous demande de me « revêtir de vous même », d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m'envahir , de vous substituer à moi, afin que ma vie ne soit qu'un rayonnement de votre Vie. Venez en moi comme Adorateur, comme Réparateur et comme Sauveur. Ô Verbe éternel, Parole de mon Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable, afin d'apprendre tout de vous. Puis, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière ; ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.

Ô Feu consumant , Esprit d'amour, « survenez en moi » afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe
: que je Lui sois une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son Mystère. Et vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite créature, « couvrez-la de votre ombre », ne voyez en elle que le « Bien-Aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances »

Ô mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds , je me livre à vous comme une proie . Ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs .


L'Ermite