vendredi 26 février 2021

ECOUTEZ-LE

 

DEUXIEME DIMANCHE DE CARÊME


Année B


(Mc 9, 2-10)




Pourquoi l’Évangile de la Transfiguration en ce deuxième dimanche de Carême ? C'est la question qui peut nous tarauder … Il y a sans nul doute, bien des points de vue, j'opte pour celui qui me semble être le plus pertinent pour notre montée vers Pâques .

Lors de cette étape de la vie de Jésus, ne s'agit-il pas en effet d'une montée ? Qui dit « montée », dit, montagne, et c'est bien sur une montagne, celle du Tabor, que Jésus entraîne trois de Ses disciples et nous avec eux !

Pourquoi le Mont Tabor ?( s'écrit aussi Thabor) Peut-être parce qu'il s'agit d'une montagne plus isolée que les autres et Jésus sait vers quoi Il va et pourquoi Il choisit ce lieu particulier en vue de l'expérience spirituelle hors du commun qu'Il va permettre de vivre à Ses trois disciples .Du haut de ses 588 mètres, le mont Tabor domine de près de 450 mètres la plaine en contrebas, la tavor Kfar. C'est une colline isolée ou une petite montagne s'élevant brusquement d'une terre légèrement en pente ou plate, et qui n'est pas volcanique. Il a presque la forme d'une demi-sphère, surgissant d'un environnement assez plat. Dans le récit de cet événement, les Évangiles parlent, sans précision aucune, d’une haute montagne. C’est la tradition chrétienne, avec Origène, Cyrille de Jérusalem et Jérôme qui a localisé, dès les premiers siècles, la transfiguration de Jésus au Tabor. 

Et nous savons que la montagne est le lieu classique des manifestations divines . Dieu se manifeste à Moïse sur la montagne du Sinaï, à Élie sur le Mont Horeb, autre nom du Sinaï.

« Notre montagne à nous » , à cette étape de notre cheminement , le sommet vers lequel nous tendons dès notre entrée en Carême, n'est-ce pas la Résurrection de Jésus qui se lève vainqueur en cette nuit pascale ? Et les quarante jours de préparation qui sont offerts ne sont-ils pas comme une longue retraite pour retrouver un peu d'intimité avec le Seigneur et faire le point ?

Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.

Avec, Pierre Jacques et Jean, Jésus nous fait signe et nous convie à mettre nos pas dans Ses pas pour mener ce combat spirituel qui, avec Sa grâce, devrait nous ouvrir à la « transfiguration » de nos vies souvent bien terre à terre, trop terre à terre, pour avancer joyeux, de transfiguration, en transfiguration, jusqu'à notre propre « passage » qui nous conduira à notre résurrection au jour choisi par le Père.

Mais que signifie « être transfiguré » ? Au premier niveau c'est donner à une personne humaine, à son visage et à son expression, un éclat inhabituel : un sourire transfigure, la joie transfigure , l'amour vrai transfigure , autant de sentiments qui illuminent un visage, et lui donnent un éclat particulier.

Dans la foi, nous vivrons lors de notre « passage » une transformation telle que notre matérialité s'estompera au bénéfice de la lumière , nous serons les mêmes et pas tout-à-fait les mêmes, parce que nous serons transformés, transfigurés, illuminés par et dans la gloire de Dieu.

Dans Sa Transfiguration, Jésus nous donne un avant-goût de notre vie future et
d'abord de la Sienne. C'est l'expérience unique vécue par les trois témoins de ce jour . Si Jésus leur permet de voir l'invisible, l'inaccessible, de Sa personnalité, c'est pour les fortifier et les encourager, quand Son Heure, celle des ténèbres, sera venue , à rester debout et fermes dans la foi en Celui qu'ils ont connu homme , avec qui ils ont fait route, absolument sûrs que la croix est le chemin qui conduit à la Lumière de la vie. Cette Lumière les a éblouis, ils ne pourront pas au plus profond de leur être croire que la belle aventure s'arrête là ! Même s'ils connaissent un moment de découragement, ils ne pourront pas en rester là et les évangiles de la résurrection en témoignent.

Quant à nous, si l’Église nous propose cet Évangile en début de Carême n'est-ce pas pour nous encourager sur le chemin escarpé de la conversion, à tenir bon pendant ces quarante jours pour nous « lever » avec Lui en cette Nuit à nulle autre pareille et chanter, à pleins poumons, l' ALLELUIA PASCAL ?

En quels pays de solitude,
Quarante jours, quarante nuits,
Irez-vous poussés par l'Esprit ?
Qu'il vous éprouve et vous dénude !
Voyez : les temps sont accomplis,
Et Dieu vous convoque à l'oubli
De ce qui fut vos servitudes.

Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

Six jours avant cet événement, Jésus avait annoncé Sa Passion future, Pierre bouleversé par les propos de Jésus, L'a entraîné à l'écart pour Lui faire de vifs reproches, quant à Jésus, en réponse aux paroles de Pierre, Il n'hésita pas à l'admonester vivement : « Passe derrière moi Satan ! Car tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » Mc 8, 33b

Cette remarque de Jésus peut nous paraître excessive, elle veut simplement permettre à Pierre de se situer dans un registre très différent de celui de l'humain. Jésus veut lui révéler qu'Il est venu pour une mission bien précise et que rien ne peut, et ne doit, L'en détourner, et même pas l'amitié, une amitié qui se révèle ici particulièrement humaine. Aimer ce n'est pas faire barrière à la souffrance, aimer vraiment, c'est rester proche, se faire proche , accompagner celui qui souffre sur le chemin qui est le sien et pas celui que nous voudrions pour lui.

Quand nos frères souffrent nous ne sommes pas appelés à supprimer leur souffrance , c'est la plupart du temps impossible, mais nous devons leur être présents dans l'amitié et les accompagner sur ce chemin de vie.

Si Jésus est transfiguré ici devant Ses trois disciples, c'est pour les fortifier, leur permettre de garder l'espérance quand ils Le verront défiguré, ne dit-Il pas à Pierre à un moment : «  Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point, quand tu seras revenu, affermis tes frères. Lc 22 Jésus fait ici allusion à la trahison de Pierre et à Sa propre Passion.

En Se montrant le « TOUT AUTRE » en manifestant en somme Sa divinité, Jésus veut très certainement entraîner Ses apôtres plus loin que ce qu'ils en voient et découvrent au fil des jours sur les routes de Palestine. Il souhaite leur permettre de comprendre, maintenant, ou plus tard, que Celui qu'ils touchent, regardent, voient agir, Celui dont ils partagent les repas, les fatigues , Celui-là est l'enfant qui a grandi à Nazareth certes, mais Il est en même temps habité par Sa propre divinité.

Quant à la présence de Élie qui leur apparut avec Moïse, et qui tous deux s’entretenaient avec Jésus. Si elle les renvoie à l'Ancien Testament qu'ils connaissent bien , Moïse représentant la loi et Élie les Prophètes, ce que Jésus résume Lui-même en Saint Matthieu par ces mots « Donc, tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le aussi pour eux; car c'est la Loi et les Prophètes. (Mt 7) Jésus révèle ici qu'Il s'inscrit bien dans la continuité, qu'Il est venu, non pour abolir mais pour accomplir . Jésus veut leur permettre de comprendre que ce qu'ils vivent au jour le jour, s'inscrit dans la longue et belle Histoire du Salut de l'humanité. Moïse et Élie, l’un fondant les structures et l’autre forgeant les cœurs et les âmes du peuple d’Israël. Et Jésus en conversation avec eux sur la montagne, n’était-ce pas la confirmation qu’avec Jésus, Dieu conduisait toujours la même histoire de libération et d’amour ? Jésus a voulu le montrer aux apôtres. Dieu parle, Il ne parle pas à Jésus, ni à Moïse ou Élie. Dans son infinie miséricorde, Il parle à Pierre, Jacques et Jean, qui vont encore avoir à supporter tant d’incertitudes, de peines, d’événements intolérables, demain « Voici mon Fils bien-aimé, écoutez-le !

Sur les sommets d'incandescence
Entendrez-vous le Bien-Aimé
Vous parlant depuis la nuée ?

Qu'il vous prépare à ses souffrances !
Suivez Jésus transfiguré :
Demain il sera crucifié
En signature d'Alliance.

Les apôtres sont littéralement renversés, c'est tellement grand, tellement fort ce qui
leur est donné de vivre et dont ils comprennent d'ailleurs très peu, tant l'événement les dépasse qu'ils resteraient là indéfiniment. Pierre n'hésite pas à s'exprimer et aimerait le concrétiser : Pierre alors prend la parole et dit à Jésus :« Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Il avait à peine formulé son projet qu'une voix se fait entendre et pas n'importe laquelle : disais-je plus haut : Encore une fois Dieu parle. Il ne parle pas à Jésus, ni à Moïse ou Élie. Dans son infinie miséricorde, il parle à Pierre, Jacques et Jean, qui vont encore avoir à supporter tant d’incertitudes, de peines, d’événements intolérables, demain :Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre :« Celui-ci est mon Fils bien-aimé :écoutez-le ! » Cette Parole est à la fois pour les apôtres et pour les hommes de tous les temps. C'est à chacun de nous que le Père dit en ce deuxième dimanche :Celui-ci est mon Fils bien-aimé :écoutez-le ! Faites-Lui confiance, recevez Son message , qu'il devienne votre charte de vie , que Ses Paroles vous habitent car ce qu'Il vous dit est source de Vie, Lui seul est le chemin, la Vérité et la Vie, c'est Lui qui détient les Paroles de la Vie éternelle . Le Père confirme l'appartenance de Jésus à la famille divine . Les apôtres ne se rendent pas exactement compte de ce qui se passe en cet instant, c'est tellement hors du commun , mais ils ne pourront pas oublier et tout cela reviendra au bon moment pour les fortifier à l'heure où tout semble chavirer.

Et nous , dans ce monde où le Satan s'acharne, où l’église est ébranlée par toutes sortes d'accusations, les unes vraies, d'autres ô combien fausses , quelle est notre attitude intérieure, comment réagissons-nous ? Restons-nous dans la confiance ou faisons-nous partie de ceux qui aboient et colportent, le vrai et le faux sans discernement au lieu d'entrer dans la puissance du silence de Dieu et d'ADORER ?

Pourquoi rester sur vos ornières,
Baissant vos fronts d'aveugles-nés ?

Vous avez été baptisés !
L'amour de Dieu fait tout renaître.
Croyez Jésus : c'est l'Envoyé !
Vos corps à son corps sont branchés :
Prenez à Lui d'être lumière.

De grâce soyons lumières et non ténèbres, soyons des croyants en esprit et en vérité, aimons notre Église !

Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. C'est un peu comme après une retraite spirituelle, où pendant des jours on a goûté la Parole, le silence, la fraternité, la prière, en un mot on a goûté Dieu, mais il faut reprendre le cours de la vie ordinaire, redescendre de la montagne , retrouver le quotidien avec ses soucis et ses tracas, sa routine parfois... Jésus est toujours là, Jésus ne nous abandonne pas , Il est avec nous dans les moments de ferveur et Il reste avec nous dans l'ordinaire , à nous de savoir fixer notre regard sur Lui, de rester en état de veille, de devenir d' authentiques veilleurs . Quand les apôtres redescendent, quand nous redescendons de ces moments euphorisants Jésus reste avec eux, avec nous ! Jésus est le même, hier,

aujourd'hui et Il sera le même demain dans la grisaille ! Demandons-Lui, les uns pour les autres de dépasser les aspects sensibles des heures de « transfiguration » pour nous attacher fermement, profondément, à Sa Personne sans retour en arrière, même quand l'obscurité envahit la terre comme au moment de Sa mort sur la croix ! Cette obscurité symbole et signe de nos trahisons , de nos peurs, de nos pas hésitants

Ne forez plus vos puits d'eau morte :
Vous savez bien le don de Dieu
Et quelle est sa grâce et son jeu :
Il vous immerge, il vous rénove !

La vie s'élève peu à peu,
Les champs sont dorés sous vos yeux :
Embauchez-vous où Dieu moissonne !

Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

Cette montagne il convient de la laisser derrière soi pour le moment, et de repartir avec Jésus sur les routes de Palestine (Embauchez-vous où Dieu moissonne !) où l'on va retrouver les difficultés du quotidien. Où l'on va suivre Jésus parfois avec enthousiasme, d'autres fois en « rechignant » devant l'effort, l'incompréhensible. Jésus ne nous demande pas de réussir, Jésus nous demande d'avancer, de Lui faire confiance. L'événement « Transfiguration » n'est autre qu'un témoin sur lequel s'appuyer pour rester debout. Quand on a vécu semblable expérience spirituelle on peut fléchir mais jamais rompre.

Je pense à cette jeune, baptisée à 25 ans, saisie par Jésus , devant les difficultés, elle a lâché un moment, la main de Jésus , nous l'avons portée dans la prière, nous restions dans la confiance, certains qu'elle se réveillerait.. En effet, après quelques années d'errance, elle s'est jetée dans le Cœur de Jésus pour reprendre sa place dans sa « Famille- Église » .

Les apôtres vont se disperser, ils vont prendre peur quand les ténèbres vont recouvrir la terre , quand ils vont voir leur Maître livré, exposé sur une croix infamante, un moment désorientés, accablés ils vont se retrouver, se rassembler, attendre dans la prière avec Marie, la Mère de Jésus. Et ils ont bien fait d'attendre, car l'Esprit de Jésus les a comblés et propulsés aux quatre coins du monde .

En quittant la Montagne Jésus leur demande une discrétion absolue leur expliquant d'attendre le bon moment pour s'en servir comme d'un tremplin, justement au moment où tout basculera .

Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :« ressusciter d’entre les morts ». Sans comprendre, ils ont gardé le secret, ils ont fait confiance. Tout ce qu'ils ont vécu avec Jésus s'entrechoquait dans leurs esprits, ils ne pouvaient croire que la belle histoire se terminait ainsi. Certes ils sont repartis à la pêche, mais sans enthousiasme, les paroles de la Parole Incarnée résonnaient dans leurs esprits :

« tu es heureux Simon, fils de Jonas car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela mais c’est Mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16 ,17)

« veillez et priez afin que vous ne tombiez pas dans la tentation… » (Mt 26 ,41)

Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Mt 4, 19

Déjà vos tombes se descellent
Sous la poussée du Dieu vivant.
Regardez : Jésus y descend !
Appelez-le : Il vous appelle.
Venez dehors ! C'est maintenant
Le jour où la chair et le sang
Sont travaillés de vie nouvelle.

Le Carême est pour chacun de nous un temps de grâce, si nous le voulons, pour nous laisser transfigurer avec et par Jésus ! C'est aussi un temps d'action de grâce pour faire mémoire de tous les passages du Seigneur dans nos vies : ce peut être le moment de notre première communion, de notre Profession de Foi, de notre confirmation, d'une retraite précise, d'un engagement …

Demandons à Jésus la grâce de nous attacher à Lui non pour ce qu'Il nous donne, mais pour ce qu'Il EST vraiment : le Fils Bien Aimé du Père qui a pleinement consenti à Sa Volonté en passant par notre humanité limitée, quand Il a pris un corps d'homme, par la croix où Il a anéanti le péché , pour rejaillir le matin de Pâques plus grand et plus beau encore qu'au moment de la Transfiguration dans Sa stature de RESSUSCITE  !



Chant de l'Exultet

"Amour infini de notre Père,
Suprême témoignage de tendresse,
Pour libérer l'esclave,
Tu as livré le Fils !
Bienheureuse faute de l'homme,
Qui valut au monde en détresse
Le seul Sauveur !

O Père, accueille la flamme
Qui vers toi s'élève en offrande,
feu de nos cœurs !"


L'Ermite

vendredi 19 février 2021

LES YEUX FIXES SUR JESUS

 

PREMIER DIMANCHE DE CARÊME


Année B


(Mc 1, 12-15)


Le Carême  commence le Mercredi des Cendres, mercredi 17 février 2021, et s’achève le Jeudi Saint, le 1er avril 2021, avant la célébration de la Cène du Seigneur. La Semaine Sainte, qui commence avec le dimanche des Rameaux , commémore la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix. Le Samedi Saint au soir et le dimanche de Pâques, le 4 avril 2021, les chrétiens célèbrent la Résurrection du Christ.


La durée du Carême – quarante jours sans compter les dimanches – fait en particulier référence aux quarante années passées au désert par le peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise ; elle renvoie aussi aux quarante jours passés par le Christ au désert entre son baptême et le début de sa vie publique. Ce chiffre de quarante symbolise les temps de préparation à de nouveaux commencements.


Un temps de conversion

Au désert, le Christ a mené un combat spirituel dont il est sorti victorieux. À sa suite, il ne s’agit pas de faire des efforts par nos propres forces humaines mais de laisser le Christ nous habiter pour faire Sa volonté et nous laisser guider par l’Esprit.

Durant le temps du Carême, nous sommes invités à nous donner des moyens concrets, dans la prière, la pénitence et l’aumône pour nous aider à discerner les priorités de notre vie.

Le temps du Carême est un temps autre qui incite à une mise à l’écart pour faire silence et être ainsi réceptif à la Parole de Dieu.

En chaque diocèse est célébré ce dimanche , l'appel décisif, par l'évêque, des catéchumènes.


Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages,
et les anges le servaient.

Voilà un Évangile bien succinct si nous le mettons en parallèle avec le même épisode chez Matthieu et chez Luc !

Les trois évangélistes situent cette épreuve immédiatement après le Baptême de Jésus et avant Son entrée dans la vie publique, et c'est normal. En effet, il était important que Jésus, après trente années de silence qui étaient déjà une préparation, soit entraîné au désert dans la solitude absolue pour s'élancer ensuite à la Rencontre de Ses frères pour leur parler de Son Père et leur Père.

C'est également ce qui est demandé aux futurs prêtres , religieux(ses) avant d'engager leur vie dans les pas de Jésus. La durée n'est pas la même, toutefois ce temps est souvent appelé temps de désert ou retraite* (silence, solitude, réflexion à l'écoute de la Parole) pour bien enraciner sa vie dans l'essentiel avant le oui définitif.

*Une retraite est un temps privilégié, d’une durée de quelques jours à plusieurs semaines au cours de laquelle on se met en retrait de ses activités ordinaires pour se consacrer exclusivement à la réflexion, la méditation et la prière. La retraite se présente donc comme un temps à la fois de rupture et d’approfondissement. Église Catholique de France

Matthieu consacre 11 versets à ce moment fort de la vie de Jésus, Luc 13, et les deux se retrouvent sur ces trois grandes tentations de l'avoir, du pouvoir et de la Gloire . Marc n'y consacre apparemment que quatre versets , il n'évoque pas les différentes tentations mais si nous lisons attentivement son Évangile nous les trouverons « diluées » dans l'ensemble de son texte, pourquoi une telle discrétion ?

Peut-être Marc, veut-il attirer notre regard et surtout notre réflexion sur des thèmes tels que le désert, les quarante jours, la présence du Satan mais surtout celle du Seigneur Dieu Lui-même qui accompagne Ses enfants en balisant leur route avec la proximité des anges gardiens qui éclairent et accompagnent chacun de nous tout au long de la vie. En avons-nous conscience ?

LE DESERT :

Pour l’Ancien Testament, le désert est avant tout le lieu de la tentation et de l’épreuve : « Souviens-toi de tout le chemin que le Seigneur ton Dieu t’a fait faire pendant les quarante ans au désert, afin de t’humilier, de t’éprouver, et de connaître le fond de ton cœur : allais-tu ou non garder ses commandements ? » (Dt 8,2)

Après la sortie d’Égypte, le peuple a eu faim. Il a succombé aux tentations : il a regretté l’Égypte « Toute l'assemblée des enfants d'Israël murmura dans le désert contre Moïse et Aaron. Les enfants d'Israël leur dirent: "Que ne sommes-nous morts par la main du Seigneur dans le pays d’Égypte, quand nous étions assis devant les pots de viande, que nous mangions du pain à satiété? car vous nous avez amenés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude." (Ex 16),

il a tenté Dieu Alors le peuple chercha querelle à Moïse, en disant: "Donnez-nous de l'eau à boire." Moïse leur répondit: "Pourquoi me cherchez-vous querelle? Pourquoi tentez-vous le Seigneur?" Et le peuple était là, pressé par la soif, et il murmurait contre Moïse; il disait: "Pourquoi nous as-tu fait monter hors d’Égypte, pour nous faire mourir de soif avec mes enfants et mes troupeaux?" Moïse cria vers le Seigneur, en disant: "Que ferai-je pour ce peuple? Encore un peu, et ils me lapideront" (Ex 17)

et adoré le veau d’or , « Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s'assembla autour d'Aaron et lui dit: "Allons, fais-nous un dieu qui marche devant nous. Car pour ce Moïse, l'homme qui nous a fait monter du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il en est devenu." Aaron leur dit: "Ôtez les anneaux d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi." Tout le monde ôta les anneaux d'or qu'ils avaient aux oreilles, et ils les apportèrent à Aaron. Il les reçut de leurs mains façonna l'or au burin, et en fit un veau en fonte. Et ils dirent: "Israël, voici ton Dieu, qui t'a fait monter du pays d'Égypte." (Ex 32)

au lieu de reconnaître le Dieu vivant qui libère de l’oppression.

LIEU DE LA RENCONTRE

Mais le désert est aussi le lieu où Dieu visite son peuple. C’est là qu’il va lui donner la Loi qui permet de vivre en société et qu’Il va conclure avec lui l’Alliance "Monte
vers moi sur la montagne, et restes-y; je te donnerai les tables de pierre, la loi et les préceptes que j'ai écrits pour leur instruction." Moïse se leva, avec Josué, son serviteur, et Moïse monta vers la montagne de Dieu. Il dit aux anciens: Attendez-nous ici, jusqu'à ce que nous revenions auprès de vous. Voici Aaron et Hur serons avec vous; si quelqu'un a un différend, qu'il s'adresse à eux." Moïse monta vers la montagne, et la nuée couvrit la montagne; la gloire du Seigneur reposa sur la montagne de Sinaï, et la nuée la couvrit pendant six jours. Le septième ,jour, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée. L'aspect de la gloire du Seigneur était, aux yeux des enfants d'Israël, comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne. Moïse entra au milieu de la nuée, et monta à la montagne; et Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits. (Ex 24), Alliance qui est signe de Sa bonté et de Sa sollicitude. C’est dans le désert que Dieu va conduire et soutenir son peuple. Jésus, conduit par l’Esprit au désert : L’Esprit conduit Jésus au désert pour affronter son adversaire le plus important dans son propre royaume. A la différence du peuple hébreu, Jésus sera le vainqueur.

LA DUREE : QUARANTE JOURS

Quarante jours : Le nombre 40 est chargé de sens pour un lecteur de milieu juif. Il évoque Noé et le déluge « Voici l'histoire de Noé. Noé était un homme juste, intègre parmi les hommes de son temps; Noé marchait avec Dieu. Noé engendra trois fils, Sem, Cham et Japheth. Or la terre se corrompit devant Dieu et se remplit de violence. Dieu regarda la terre, et voici qu'elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre... Le déluge fut quarante jours sur la terre; les eaux grossirent et soulevèrent l'arche, et elle s'éleva au-dessus de la terre. Les eaux crûrent et devinrent extrêmement grosses sur la terre, et l'arche flotta sur les eaux. Les eaux, ayant grossi de plus en plus, couvrirent toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel tout entier. Les eaux s'élevèrent de quinze coudées au-dessus des montagnes qu'elles recouvraient. (Gn 6 ; 7).

Le peuple d’Israël est resté quarante ans au désert, exposé et soumis aux

tentations, après sa sortie d’Égypte. Ce temps, celui d’un changement de génération, indique une longue période.

Moïse est resté 40 jours et 40 nuits sur la montagne de l’Horeb, le temps de recevoir la parole de Dieu « Moïse entra au milieu de la nuée, et monta à la montagne; et Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits. (Ex 24), comme pour indiquer l’ampleur, l’intensité de l’expérience spirituelle

Matthieu, avec ces références à l’Écriture, montre que, pour Jésus, la victoire sur le mal et la tentation est complète. Tenter Dieu Lorsque le peuple était dans le désert, il a connu la faim et la soif. Il s’est vite découragé et s’en est pris à Dieu, doutant qu’il soit au milieu de lui et demandant des « preuves » de sa puissance Moïse cria vers Le Seigneur, en disant: "Que ferai-je pour ce peuple? Encore un peu, et ils me lapideront" Le Seigneur dit à Moïse: "Passe devant le peuple et prends avec toi des anciens d'Israël; prends aussi dans ta main ton bâton, avec lequel tu as frappé le fleuve, et va. Voici, je me tiendrai devant toi sur le rocher qui est en Horeb; tu frapperas le rocher, et il en sortira de l'eau, et le peuple boira." Moïse fit ainsi en présence des anciens d'Israël. Et il donna à ce lieu le nom de Massah et Méribah, parce que les enfants Le Seigneur est-il au milieu de nous, ou non?" (Ex 17) . Se mettre dans des situations sans issue et en accuser Dieu, ou adorer d’autres dieux sont des façons de mettre Dieu à l’épreuve, ou de « le tenter ». La Bible les condamne parce qu’elles ruinent l’Alliance conclue entre Dieu et le peuple.

(cf notes dans Biblia magazine)

Et nous savons faire cela ! Quand les choses ne vont plus selon nos critères dans nos vies nous n'hésitons pas à incriminer Dieu et à Lui tourner le dos quitte à fabriquer notre « propre veau d'or » ! Oh nous ne l'appelons pas ainsi, ce serait nous mettre en

accusation devant nos frères, mais la réalité est-celle-là ! Notre veau d'or remplace allégrement les sacrements de l’Église il devient notre coach principal et Jésus passe, sinon à la trappe, du moins après toutes les propositions que la société de « consommation - transformation » nous offre ! Oui, car notre société nous apprend à garder une jeunesse éternelle en prenant soin à l’excès de notre corps , elle nous apprend à être super bien dans notre tête avec régulièrement de nouvelles méthodes de bien-être mental et physique et j'en passe. Je me garde de citer quoique ce soit de façon précise mais je nous invite durant ce Carême à réfléchir sérieusement sur notre veau d'or, pour notre véritable bien-être intérieur qui se reflétera sur tout notre être et fera de chacun des témoins de l'amour !

Notre CARÊME sera digne de ce nom dans nos vies personnelles, si durant cette période de QUARANTE JOURS qui nous est offerte, nous prenons les moyens de revenir vers le vrai Seigneur de nos vies en rejetant tous nos petits et grands veaux d'or qui encombrent nos vies et nous empêchent d'avancer libres et joyeux sur nos chemins de Foi . Alors OUI, nous rencontrerons notre Seigneur et Maître et serons heureux de Le servir.

Peut-être pourrions-nous faire nôtres les paroles de ce chant liturgique et nous laisser habiter par son message en le chantonnant , pendant ces QUARANTE JOURS, à la place des tubes de notre temps !


Seigneur, avec toi nous irons au désert,

Poussés comme toi par l’Esprit,

Et nous mangerons la Parole de Dieu,

Et nous choisirons notre Dieu,

Et nous fêterons notre Pâque au désert :

Nous vivrons le désert avec toi.



Seigneur, nous irons au désert pour guérir,

Poussés comme toi par l’Esprit,

Et tu ôteras de nos cœurs le péché,

Et tu guériras notre mal,

Et nous fêterons notre Pâque au désert :

Ô Vivant qui engendre la Vie !



Seigneur, nous irons au désert pour prier,

Poussés comme toi par l’Esprit

Et nous goûterons le silence de Dieu,

Et nous renaîtrons dans la joie,

Et nous fêterons notre Pâque au désert :

Nous irons dans la force de Dieu.



Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de


Dieu
; il disait :« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

Après le séjour au désert d'où Jésus sort victorieux du Satan, Matthieu déclare :Dès lors Jésus commença à prêcher, en disant: " Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.

Luc est le seul à rapporter la lecture d'Isaïe dans la Synagogue de Nazareth « Ayant roulé le livre, il le rendit à l'employé et s'assit; et tous, dans la synagogue, avaient les yeux attachés sur lui. Il se mit à dire à leur adresse: " Aujourd'hui cette Écriture est accomplie devant vous

Matthieu et Marc rapportent un appel à la conversion , Marc et Luc font allusion à l'accomplissement des Ecritures, les trois situent l'annonce de la Bonne Nouvelle après l'arrestation de Jean le Baptiste. Bonne Nouvelle qui déroule sous nos yeux la longue et belle et tumultueuse Histoire du Peuple de Dieu en Marche pour acquérir et conquérir sa Liberté .

Pour nous, en ce début de Carême, l'urgent est d'entendre cet appel à la conversion et à la foi indéfectible en cette Parole de Dieu, qui nous conduiront, à renouveler nos engagements du Baptême en cette lumineuse Nuit Pascale qui éclaire l'histoire de l'Humanité tout entière.



                                                     Ô nuit, de quel éclat tu resplendis !

Ô nuit, de quel éclat tu resplendis !
La mort n'a pu garder dans son étreinte
Le Fils unique.
Jésus repousse l'ombre
Et sort vainqueur :
Christ est ressuscité !
Mais c'est en secret,
Et Dieu seul connaît
L'instant
Où triomphe la vie.



Quelqu'un, près de la croix, n'a pas douté ;
La Femme jusqu'au jour a porté seule
L'espoir du monde.

Sa foi devance l'heure
Et sait déjà :
Christ est ressuscité !
Mais c'est en secret,
Et Dieu seul connaît
La joie
Dont tressaille Marie.


Jésus, lumière et vie, demeure en nous !
Pourquoi chercher encore au tombeau vide
Un autre signe ?

L'amour jaillit et chante
Au fond du cœur :
Christ est ressuscité !
Mais c'est en secret,
Et Dieu seul connaît
Le feu
Qui s'éveille aujourd'hui.

L'Ermite

vendredi 12 février 2021

JESUS TOUCHA LE LEPREUX ET DIT

SIXIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


ANNEE B


(Mc 1, 40-45)



Un lépreux vint auprès de Jésus . Au temps de Jésus et jusqu'au Moyen Âge, parfois plus tard dans certains pays, non seulement la lèpre était une maladie honteuse mais elle pouvait être considérée comme la conséquence du péché personnel ou familial .

«  Dans les années 30 en Palestine. Être malade n’était pas que biologique, c’était une expérience de vie à interpréter avec les yeux de la foi. Dans cette culture, on croyait que la maladie était la conséquence d’un péché commis par le malade ou un de ses ancêtres. Dans cette culture aussi, Dieu était à l’origine de la vie, de la santé et de la maladie. La lèpre, comme toute maladie, était vue comme un châtiment divin. Les malades étaient abandonnés par les autres puisqu’on croyait qu’ils étaient abandonnés de Dieu. Par exemple, aucun malade ne pouvait entrer au Temple. » (notes)

La tragédie des lépreux n’était pas seulement la dégradation physique de leur corps, mais davantage encore la honte de se voir rejetés par tous les autres. Ils étaient complètement exclus de la communauté.

Ils ne pouvaient plus vivre avec leurs proches, ne pouvaient pas se marier ni avoir d’enfants. Il leur était interdit de participer à une fête religieuse ou à toute autre activité sociale. En réalité, ces gens n’étaient pas nécessairement victimes de la lèpre telle que nous la connaissons aujourd’hui, mais de diverses maladies de la peau (psoriasis, teigne, éruptions cutanées, tumeurs, eczéma…). Ces affections cutanées s’étendaient
sur leur corps et les rendaient répugnants. Il fallait éviter tout contact avec eux car on croyait que leur maladie était contagieuse et qu’un contact avec eux rendait impur. Le sort des lépreux était le pire parmi les malades. Selon le livre du 
Lévitique, ils devaient crier : “Impur, impur!” Tant que durera son mal, il sera impur et étant impur, il demeurera à part«  Le lépreux, atteint de la plaie, portera ses vêtements déchirés et laissera flotter ses cheveux, il se couvrira la barbe et criera: Impur! impur! Aussi longtemps que durera sa plaie, il sera impur. Il est impur; il habitera seul; sa demeure sera hors du camp. ( Lv 13,45-46)

Ils devaient eux-mêmes annoncer leur exclusion quand quelqu’un approchait d’eux. Les lépreux étaient les personnes les plus marginalisées de la société. De plus, ils se sentaient complètement abandonnés de Dieu et des humains.

On peut lire les chapitres 13 et 14 du Lévitique .

Souvenons-nous: Jésus vient de quitter la Maison de Pierre où Il a accompli de nombreuses guérisons. Il s'est retiré dans un endroit désert où Pierre a su le retrouver et contrairement aux attentes du moment Il précise Sa volonté de parcourir les bourgs voisins pour y proclamer l’Évangile." Allons ailleurs dans les bourgs voisins, afin que j'y prêche aussi; car c'est pour cela que je suis sorti. " Et il alla, prêchant dans leurs synagogues, par la Galilée entière, et chassant les démons. (Mc 1)

C'est dans ce cadre que surgit cet homme atteint de lèpre. Cet homme est audacieux ou déjà habité par une confiance sans limite , il fallait en effet un courage sans mesure pour braver devant tous, les prescriptions du Lévitique et s'approcher à ce point de Jésus . Il est tout proche puisque Jésus peut le toucher !

il (Le lépreux) le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit :« Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit :« Je le veux, sois purifié. »

Remarquons la densité de ce verset

L'homme supplie, tombe à genoux et affirme « Si tu le veux, tu peux me purifier. »

Le terme SUPPLIER a une connotation spirituelle . J'ai cherché et retenu trois définitions de ce verbe :

SUPPLIER c'est :

Prier avec soumission et instance. Je vous en supplie.

Prier avec humilité et instance.

Demander avec insistance et humilité, de manière pressante

Cet homme, isolé par sa maladie, obligé de se cacher, de disparaître quand d'autres compatriotes s'approchent de son territoire en criant pour être entendu : « impur impur » tout en agitant une crécelle, cet homme franchit les obstacles au risque de se

faire lyncher , brave tous les interdits pour supplier le Saint de Dieu avec soumission et humilité, ( il tombe à genoux) instance et insistance puisqu'il ose affirmer « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Dire cela, en public, devant la foule, c'est reconnaître dans la personne du Maître une autorité qui a le pouvoir de le relever, de le laver. Il y a en effet une grande différence entre guérir et purifier .

Guérir c'est redonner la santé corporelle, purifier c'est assainir ou rendre pur quelque chose qui ne l'est pas !

C'est presque un défi qui est lancé à Jésus « si tu le veux , tu le peux » cet homme affirme que Jésus peut le purifier … Jusqu'où le conduit sa pensée, son attente ? Il est difficile de le dire, cependant, il semble certain que Jésus peut lui rendre sa place au sein de la communauté humaine et lui permettre non seulement de participer à la vie sociale mais également, à vie religieuse en se rendant à la Synagogue comme tout un chacun.

Quand je prie, ai-je cette force de persuasion, cette confiance, cette audace ? Est-ce que je crois vraiment Jésus capable d'entendre et de répondre à mon attente dans la mesure évidemment ou celle-ci est légitime et pour mon bien ou pour le bien de celui pour qui j'intercède?

Et que fait, que dit Jésus ? La formulation : « si tu veux, tu peux » semble un peu provocatrice. A la place de Jésus comment réagirions-nous ? Jésus , Lui, est saisi aux « entrailles » la confiance de cet homme exclu, L'ébranle , Jésus voit d'abord cela : d'un côté l'extrême confiance et, de l'autre l'extrême solitude de quelqu'un qui ne cherche qu'une chose , réintégrer la communauté à laquelle il appartient, retrouver sa place, pouvoir évoluer normalement au milieu de ses frères . Alors que fait-Il ?

Quant à Jésus saisi de compassion Il étendit la main, le toucha et dit « je le veux sois purifié

Jésus ne se contente pas de la compassion, comme dimanche dernier en prenant sur Lui le mal-être du frère, de la sœur, Il franchit les limites du correctement pensable, Jésus ose toucher l 'INTOUCHABLE, celui qui est montré du doigt comme tel, celui que nul n'ose approcher et joignant au geste, la Parole de guérison, Il reprend à Son compte les mots de l'homme prosterné à Ses pieds :« je le veux sois purifié » et que

dit le texte ? Ce faisant, et ce disant, Jésus comme il est dit dans l’Écriture, se charge de nos maux Celui qui n'a point connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. (2 Co 5) Le Lépreux reçoit ici la « pureté » de Jésus et Jésus reçoit son impureté ! On peut parler alors de ce merveilleux échange dont il est question à propos de l'Incarnation mais aussi de l'Eucharistie : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu » : c’est là une pensée qui revient souvent dans les écrits des Pères de l’Église d’Orient comme d’Occident : elle est devenue un point ferme de la foi et de l’enseignement ecclésial.  (Jean Paul II)

« Oh quel admirable échange ! Dieu se donne à nous ! Pour nous Dieu s'est fait pain et vin pour habiter en nous . Oh quel beau mystère ! Amour merveilleux , c'est le Créateur qui s'unit à sa créature! (notes)

Il était méprise et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face; en butte au mépris, nous n'en faisions aucun cas. Vraiment c'était nos maladies qu'il portait, et nos douleurs dont il s'était chargé; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé de Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. (Is 53)

À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Fidèle à Sa Mission Jésus qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Luc 19) extrait cet homme de sa zone d'exclusion , le restaure, lui rend sa liberté première , le renouvelle tout entier , fait de lui un homme nouveau capable de prendre sa place dans la communauté humaine ! Ne nous dit-il pas « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. » (Mc 1) Jésus non seulement le dit, mais le traduit en actes .

Le verset suivant nous déroute Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant :«

Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Les interprétations de ce verset sont assez différentes selon les auteurs . Ce qui nous surprend c'est l'expression « avec fermeté » Jésus tient absolument à la discrétion sur ce qui vient de se passer mais Il recommande à l'homme exaucé d'aller se montrer au prêtre et d'accomplir l'offrande prescrite par la loi mosaïque. Concernant la discrétion Jésus ne veut sans doute pas brûler les étapes Il veut prendre le temps de rencontrer pour évangéliser. Il redoute ce que nous rappelions récemment à savoir :que la foule veuille le faire Roi, Sachant donc qu'ils allaient venir l'enlever pour le faire roi, Jésus se retira de nouveau, seul, sur la montagne. (Jn 6) or Jésus ne cherche pas la royauté terrestre mais celle de l'amour et son Royaume, Il le dira n'est pas de ce monde« Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d'ici. » (Jn 18)

Quant à « se montrer au prêtre » Jésus témoigne manifestement son attachement à l'Ancienne Alliance, Il n'est pas venu la supprimer mais l'accomplir . En demandant au Lépreux d'accomplir la loi, Jésus se montre ami de cette loi qu'Il veut conduire à son achèvement. Sans doute manifeste t-Il aussi, qu'au-dessus de toute loi, aussi bonne soit-elle, il y a l'amour. S'Il a répondu à la supplique de cet homme c'est par amour de compassion, de Celui qui souffre avec, de Celui qui par amour s'est habillé de notre chair, pour la sanctifier, la diviniser. C'est aussi pour nous montrer qu'un chrétien ne peut pas faire semblant quand il est confronté à la souffrance de ses frères quelle que soit cette souffrance, il est appelé selon sa grâce et selon son état, à la partager pour la sublimer. Concernant les lépreux c'est ce qu'a fait le P. Damien À Kalawao, dans l'île de Molokai en Océanie, l'an 1889, Damien de Veuster, prêtre de la Congrégation des Missionnaires des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, qui se dévoua tellement de tout son cœur au service des lépreux qu'il contracta lui-même la lèpre et en mourut.

Le bienheureux P.Damien de Veuster descendit dans la léproserie de Molokaï- considérée alors « le cimetière de l'enfer des vivants » - et dès sa première prédication, il embrassa tous ces malheureux en disant simplement « nous lépreux ». Et au premier malade qui lui dit : attention Père, vous pourriez attraper mon mal » il répondit «  Mon fils, si la maladie m'emporte le corps, Dieu m'en donnera un autre, »

En ce qui concerne la discrétion demandée ici par Jésus, je ne peux m'empêcher à tort ou à raison, de faire un rapprochement avec le sacrement de la Réconciliation . Ce sacrement est par excellence celui de la discrétion, le Ministre ordonné, le prêtre, qui accueille le pénitent, ( le lépreux qui veut déposer son péché dans le Cœur de Jésus pour se relever renouvelé ) ce Ministre, est tenu par le SECRET ABSOLU . JAMAIS vous n'entendrez dire qu'un prêtre a failli à cet engagement . Par contre, il n'est pas rare d'entendre, l'un ou l'autre pénitent, soit s'étonner de telle ou telle pénitence reçue, soit de tel propos du célébrant qu'il déforme parfois par incompréhension . Qu'il me

soit permis de préciser que, si le ministre est tenu au secret absolu, cette norme appelle en écho le même secret du côté du pénitent. Si je suis troublé(e) si quelque chose me reste en « travers de la gorge » si je n'est pas compris le propos du célébrant , il m'appartient de prier, de prendre rendez-vous et , en expliquant le contexte, de lui demander de m'expliquer son point de vue, en aucun cas je ne peux divulguer ce qui m'a été dit je suis tenu(e) au même respect du secret que le célébrant . Divulguer quoique ce soit, c'est ouvrir la porte à une multitude de diablotins susceptibles de nuire au Ministre du Sacrement, à l’Église aussi. Et le Ministre n'a ici, AUCUN DROIT de réponse ! On a vu des prêtres condamnés à de la prison simplement parce qu'ils refusaient de se défendre au nom de leur engagement. REFLECHISSONS !

Marie, Joseph, Elisabeth, Zacharie ont su garder le secret s'en remettant totalement au Père dans une confiance absolue...

Marie pouvait craindre de perdre Joseph, elle a remis son « à-venir » dans les mains de Celui qui lui a fait signe et Il s'est chargé d'annoncer l'insondable Nouvelle !

Lorsqu'Elle se rend chez Elisabeth Marie ne dit rien du don de Dieu , les enfants se « RE- CONNAISSENT » Elisabeth annonce le Mystère et les deux femmes s'unissent dans une même action de grâce ! Que c'est grand et beau la confiance ! Où en sommes-nous de notre abandon dans les Mains de ce Dieu qui veille sur chacun de nos pas? Ne craignons pas de nous arrêter pour nous poser la question.

Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte

que Notre frère lépreux est fou de joie, il ne la contient pas, c'est au-dessus de son entendement. Hier exclu, rejeté, privé de vie familiale et sociale, interdit de synagogue , en « une parole et un geste compromettants pour Jésus », le voilà beau et frais comme un nouveau-né, et c'est un nouveau-né, un « rené » puisqu'il va de nouveau goûter les bonheurs du quotidien. Notre frère laisse éclater sa joie il répand la NOUVELLE ! D'ailleurs est-ce qu'il a besoin de la proclamer, elle se voit , sa peau est renouvelée , elle témoigne naturellement pour lui ! Oui, mais Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui. D'une certaine façon, la LEPRE change de camp , c'est Jésus qui doit prendre des précautions. C'est Jésus qui ne peut plus aller et venir librement , c'est Jésus qui doit rester à l'écart dans des endroits déserts , c'est la porte ouverte à ce qu'Il vivra plus tard : rejeté par les hommes : Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison... Parmi ses
contemporains, qui s’est inquiété qu’il ait été retranché de la terre des vivants, qu'il ait 
été frappé pour le crime de son peuple ?... A la suite de l’épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé. Par sa connaissance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes. C’est pourquoi il aura sa part parmi les multitudes, et avec les puissants il partagera le butin, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et qu’il a été compté parmi les criminels, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les criminels. Is 53

C'est aussi en dehors de la ville qu'Il sera crucifié ! Jésus ne fait pas semblant , Jésus s'implique entièrement dans le don de Lui-même, Jésus devient un paria pour que l'homme soit déifié : Voilà jusqu'où va l'amour d'un Dieu qui prend chair de notre chair ? Jusqu'où irons-nous dans le don de nos vies au service de l'amour ?

C’est pourquoi il habitera ( le lépreux) à l’écart,
son habitation sera hors du camp. »
1ère lect.

Tu es un refuge pour moi ;
de chants de délivrance, tu m’as entouré.
 
 (31, 7acd)



Heureux l’homme dont la faute est enlevée,
et le péché remis !
Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,
dont l’esprit est sans fraude !

Je t’ai fait connaître ma faute,
je n’ai pas caché mes torts.
J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur
en confessant mes péchés. »

Toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.
Que le Seigneur soit votre joie !
Exultez, hommes justes !
Hommes droits, chantez votre allégresse !

L'Ermite

TRES BONNE ENTREE EN CARÊME