XX V I e DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A
(Mt 21, 28-32)
L’Évangile de dimanche dernier nous mettait en présence d'un Dieu parfaitement LIBRE, il est évident qu'Il ne serait pas Dieu si ce n'était pas le cas . Ne nous trompons pas de LIBERTE, si notre Père est LIBRE, Il est JUSTE d'une Justice qui n'a d'égal que Sa Sainteté, aussi restons dans la confiance absolue car nous savons qu'Il sonde les reins et les cœurs et qu'Il sait, Lui, ce qu'il y a dans l'homme !
Seigneur de l'univers, toi qui juges avec justice, qui scrutes les reins et les cœurs, (Jr 11)
Mets fin à la rage des impies, affermis le juste, toi qui scrutes les cœurs et les reins, Dieu, le juste. J'aurai mon bouclier auprès de Dieu, le sauveur des cœurs droits. (Ps7)
Dans cet évangile nous avons contemplé un Dieu magnanime et libre à l'égard des ouvriers du Royaume. Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'ouvriers mais des propres enfants de Notre Père.
Nous laissons encore une fois certains passages tels que la troisième annonce de la Passion, l'étonnante demande de la Mère des fils de Zébédée Jacques et Jean, cette péricope où Jésus , en réponse à leurs ambitions leur révèlent que « celui qui voudra devenir grand, parmi vous, se fera votre serviteur; (Mt 20) – de quoi leur apprendre à demeurer à leur juste place - la rencontre avec les deux aveugles de Jéricho où Jésus manifeste Sa compassion pour l'homme handicapé, nous laissons de côté l'Entrée messianique à Jérusalem épisode qui fait l'objet de toute la liturgie des
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis Un homme avait deux fils .Il vint trouver le premier et lui dit :‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et
par « la science infuse » de Jésus
« D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Mt 13, 54
Ils se mirent alors à le guetter et lui envoyèrent des espions. Ceux-ci jouaient le rôle d'hommes justes pour le prendre en défaut en le faisant parler, afin de le livrer au pouvoir et à l'autorité du gouverneur. (Lc 20)
par son autorité sur les puissances du mal au point qu'ils Le remettent souvent en question et cherchent constamment à Le piéger, à le mettre à l'épreuve.
Tous furent effrayés, et ils se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? Car il commande avec autorité et puissance aux esprits mauvais, et ils sortent ! » (Luc 4)
On était frappé par son enseignement parce que sa parole était pleine d'autorité. (Lc 4)
Jésus acheva ainsi son discours. Les foules étaient frappées par son enseignement, car il les instruisait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. (Mt 7)« A mon tour, je vais vous poser une seule question ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d'où venait-il ? du ciel ou des hommes ? » Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : 'Du ciel', il va nous dire : 'Pourquoi donc n'avez-vous pas cru à sa parole ?' Si nous disons : 'Des hommes', nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela. (Mt 21)
Nous savons aussi comment, sans violence, Jésus déjoue leurs plans et leur échappe constamment tant que l'Heure fixée par le Père n'est pas venue !
En posant cette question Jésus souhaite réveiller les Grands Prêtres et les Docteurs de la Loi, leur permettre de rentrer en eux-mêmes pour regarder et voir la réalité en face . Ne sont-ils pas en effet ceux qui attendent le Messie promis depuis des siècles ? Ce Messie qui vient pour mettre un peu d'ordre dans ce monde divisé ? Or, le Messie attendu est là, devant eux, et ils sont empêchés de Le reconnaître ! Mais pourquoi n'adhèrent-ils pas comme les foules qui Le suivent, Le précèdent souvent pour ne pas Le laisser s'échapper ! Ces foules bigarrées venues de tous bords, y compris les païens qui ne craignent pas d'enfreindre la loi justement, pour L'approcher, solliciter Son aide, souvent une guérison ? Ces foules qui viennent de L'accueillir à Jérusalem en criant leur joie, :Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna au plus haut des cieux! (Mt 21) ! Tout est dit non ? Louange au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au NOM DU SEIGNEUR ! Tressaille d'une grande joie, fille de Sion! Pousse des cris d'allégresse, fille de Jérusalem! Voici que ton Roi vient à toi; Il est juste, lui, et protégé de Dieu; il est humble; monté sur un âne, et sur un poulain, petit d'une ânesse. Je retrancherai d'Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux, et l'arc du combat sera détruit. Il parlera de paix aux nations; sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, du fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. (Za 9) Les Docteurs connaissent parfaitement cette prophétie de Zacharie mais ils sont aveuglés, sans doute par leur orgueil, ils sont empêchés d'effectuer le rapprochement ! Les louanges de la foule au lieu de les éclairer enveniment leur colère, ils observent Jésus de plus près, veulent trouver la faille mais Jésus , sans colère, les renvoie dans leurs buts !
Quand ils eurent répondu Jésus va même jusqu'à les provoquer, toujours dans le but de dessiller leurs yeux d'aveugles nés
Jésus leur dit :« Amen, je vous le déclare :les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Voilà de quoi exacerber leur fierté intrinsèque ! Oser leur dire que publicains et prostituées les précèdent dans le Royaume , ces pécheurs notoires, montrés du doigt par tous, dénoncés par la loi qu'ils prônent haut et fort, voilà ce qui devrait les retourner, ouvrir leurs yeux, leurs oreilles
leurs cœurs , mais eux restent campés sur leurs positions ! Ce Jésus, fils du charpentier de Nazareth n'est qu'un imposteur, ils ne se posent même pas la question ou si certains , dans le brouillard, entrevoient un ersatz de vérité ,ils ont peur du pouvoir en place et préfèrent se ranger du côté des Puissants de ce monde !
N'y-a-t-il pas matière à nous ébranler personnellement dans ces versets ? Car l’Évangile n'est pas écrit seulement pour les Grands Prêtres, les Docteurs de la lois, les foules du temps de Jésus, l’Évangile s'adresse à chacun de nous, AUJOURD'HUI dans la situation qui est la nôtre, en cet instant ! C'est là un des aspects étonnamment vivant de la Parole de Dieu comme le dit la Lettre aux Hébreux : « Elle est vivante la parole de Dieu; elle est efficace, plus acérée qu'aucune épée à deux tranchants; si pénétrante qu'elle va jusqu'à séparer l'âme et l'esprit, les jointures et les moelles; elle démêle les sentiments et les pensées du cœur. Aussi nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. (Hb 4)
Et pourtant comme nos Pères dans la quête de Dieu, nous sommes bien souvent aveugles, sourds, muets ! Nous regardons sans voir ! Nous entendons sans entendre ! Nous parlons , parlons, parlons sans « bien dire » et parfois sans »rien dire »! A chacun de nous de permettre à Jésus d'entrer chez nous, de nous délivrer de nos carapaces, pour nous habiller du vêtement de la Lumière d'un cœur éclairé par La Parole de Vérité !
Et Jésus va donner le sens de ce rapprochement avec les publicains et les prostituées :
Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ;mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »
Eux ils ont CRU, ils ne se sont pas enfermés dans leur éventuelle science , ils ont fait confiance et ce n'est pas votre cas ! Eux ils se sont repentis « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : 'Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.' Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : 'Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !' Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. » (Lc18)
La femme lui répondit: "Je sais que le Messie (celui qu'on appelle Christ) va venir; lorsqu'il sera venu, il nous instruira de toutes choses." Jésus lui dit: " Je le suis, moi qui vous parle." Et à ce moment arrivèrent ses disciples, et ils s'étonnèrent de ce qu'il parlait avec une femme; néanmoins, aucun ne dit: "Que demandez-vous?" ou: "Pourquoi parlez-vous avec elle?" La femme, alors, laissant là sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux habitants: "Venez voir un homme qui m'a dit ce que j'ai fait; ne serait-ce point le Christ?" (Jn 4)
Humilité ! voilà le maître mot : reconnaître en vérité nos limites « amour et vérité se rencontrent » dit le psaume 84! Sont-ils dans la vérité quand ils cherchent la réponse qui les mettra à l'abri : si on dit ça ? Et si on dit ceci ? Ils préfèrent opter pour l'ignorance ! Où est leur sincérité ?
Justice et paix s'embrassent poursuit le même psaume, sont-ils dans la justice quand ils cherchent à faire disparaître Jésus simplement parce que Sa Parole les dérange, qu'Elle les remet en question, qu'Elle leur montre leurs incohérences ?
Frères, sœurs, avons-nous vraiment le souci d'harmoniser notre vie avec la Parole de Dieu , de nous laisser bousculer par cette Parole pour mettre chaque jour davantage nos pas dans ceux de notre Maître et Seigneur : Jésus-Christ ?
« Dieu très haut et glorieux,
viens éclairer les ténèbres de mon cœur ;
donne-moi une foi droite, une espérance solide
et une parfaite charité ;
donne-moi de sentir et de connaître,
afin que je puisse l'accomplir,
Ta
volonté sainte qui ne saurait m'égarer. Amen. »
Saint
François d'Assise (1182-1226)
L'Ermite