XX I I I e DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A
(Mt 18, 15-20)
Se perdre pour se trouver, tel était le thème de notre dernière méditation .
Cette semaine, nous passons du chapitre 16 de St Matthieu au chapitre 18 laissant derrière nous le merveilleux événement de la Transfiguration où Jésus se laisse voir dans Sa Gloire cachée et future, pour conforter ses apôtres au moment de la Passion et pour les fortifier dans la mission qu'Il leur confiera !
La surprenante question sur Élie, la guérison du démoniaque épileptique, la deuxième annonce de la Passion, très brève celle-là, et qui attriste fortement le groupe !
La redevance du Temple acquittée par Jésus et Pierre, où Jésus, Seigneur et Maître de nos vies ne se soustrait pas aux obligations de la loi, et règle comme tout bon citoyen la redevance imposée ( à nous de réfléchir sur notre façon d'accueillir les contraintes imposées par les exigences sanitaires du moment : les acceptons nous , les esquivons-nous ou les rejetons-nous en cherchant par tous les moyens à justifier notre désapprobation ??)
L'insidieuse question sur « qui est le plus grand » à laquelle Jésus répond en plaçant un enfant dans le cercle des intéressés qui comprennent alors la vacuité de leur questionnement,
Suivie du scandale contre un petit enfant qui donne lieu à une mise en garde sévère face à tout ce qui, en nous et autour de nous, peut conduire au péché.
Et la brebis égarée, brève Parabole choisie par Jésus pour nous révéler à quel point nous sommes aimés par le Père de toute tendresse qui fait tout pour que toute personne soit sauvée !
Dans ce grand discours Jésus aborde les relations fraternelles :Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi,va lui faire des reproches seul à seul.S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.S’il ne t’écoute pas,prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter,dis-le à l’assemblée de l’Église ;s’il refuse encore d’écouter l’Église,considère-le comme un païen et un publicain.
Jésus nous invite à réfléchir sur une question particulièrement épineuse qui appelle une profonde humilité . C'est la seule vertu qui permette d'entretenir des relations saines avec nos sœurs et frères ! Qu'il s'agisse des relations familiales, fraternelles au sein d'une même fratrie, ou dans le cercle familial élargi, ou de voisinages ou encore de frères et sœurs avec qui nous partageons la même foi, sans oublier ceux qui, chrétiens aussi, appartiennent à des Églises réformées et apparentées, ou à d'autres religions ! Disciples de Jésus nous avons un devoir d'exemplarité !
Les relations humaines, nous en faisons tous l'expérience, sont une question brûlante, Jésus les évoque bien souvent et de différentes façons , c'est dire leur importance !
Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. (Luc 6)
Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu'ils aient en eux l'amour dont tu m'as aimé, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jean 17)
Mes petits enfants, je suis pour peu de temps encore avec vous. Vous me chercherez
A l'écoute de ces paroles de Jésus comment nous sentons-nous ? N'éprouvons-nous pas un sentiment de gêne, voire de honte? Le rouge n'accentue-t-il pas nos pommettes ? La question qui jaillit ou devrait jaillir ,n'est-ce pas : qui suis-je ? Suis-je vraiment un ami de Jésus Lui qui dit « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître. (Jean 15)
Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. (Jean 15) et ce que Jésus nous commande en premier lieu c'est DE NOUS AIMER ! Et quand je pense que certains parmi nous , ne voient pas la nécessité de s'approcher du sacrement de la réconciliation : « je n'ai rien à dire » expliquent-ils ? Rien à dire ? Notre responsabilité est insondable, comme est insondable l'Amour de Dieu ! Écoutons - nous personnellement parler de nos frères et sœurs, penser à nos frères et sœurs en humanité, réagir en cas de désaccord !
Jésus dit encore :
il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » (Luc 18)
Est bassement riche en effet celui qui se croit supérieur aux autres, celui qui juge, son prochain, qui l'insulte , Jésus ne dit-Il pas :
Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal. Si quelqu'un insulte son frère, il en répondra au grand conseil. Si quelqu'un maudit son frère, il sera passible de la géhenne de feu. (Mt 5)
Tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Aussi tout ce que vous aurez dit dans l'ombre sera entendu au grand jour, ce que vous aurez dit à l'oreille dans le fond de la maison sera proclamé sur les toits. Je vous le dis, à vous mes amis : ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d'envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c'est celui-là que vous devez craindre. (Lc 12)
« L'amour est crucifiant » écrit Paul Baudiquey (prêtre) . Je me souviens de ce prêtre, décédé voilà quelques années, avec qui j'ai travaillé en catéchèse, il avait une organiste exécrable, d'un caractère particulièrement difficile,violente, jalouse et j'en passe, jamais ce prêtre « n'est sorti de ses gonds » par contre il prenait tellement sur lui-même pour ne pas céder au moindre mouvement d'humeur, qu'il faisait de terribles crises de foie à force de se contenir ! Voilà un aspect de l'amour du frère !
« Aimer ne va pas de soi, il y faut un intense, un incessant et toujours neuf investissement de soi, une vigilance que rien n'épuise , que rien ne lasse » (P.Baudiquey)
Ce même prêtre, responsable pastoral du doyenné, m'a demandé un soir d'automne de l'accompagner pour célébrer les 90 ans d'un autre prêtre, toujours en activité ministérielle. Il avait apporté une bouteille de champagne, je portais un gâteau, et nous avons célébré , dans la surprise et une grande discrétion cet anniversaire ! Voilà un autre aspect de l'amour !
Aimer c'est toujours aller plus loin, l'amour est porteur de lumière, c'est un feu qui brûle sans se consumer, nous n'aurons jamais fini d'aimer , car aimer s'apprend chaque jour, chaque instant !
Ce n'est pas facile d'aimer vraiment le frère qui nous agresse, nous bouscule, veut avoir raison à n'importe quel prix, conteste tout, fait ostensiblement le contraire de ce qui est demandé … et pourtant nous sommes appelés à l'aimer ! Il ne s'agit pas de s'exposer à ses sarcasmes, à ses violences, à ses intimidations, mais d' être prêt à le secourir le cas échéant et surtout, de prier quotidiennement et chaque fois que son souvenir se présente à notre esprit, pour qu'il, elle , ouvre son cœur au don de Dieu et que le mien, lui reste ouvert ! Car poursuit Jésus :
Amen, je vous le dis :tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel,et tout
ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
En effet, Jésus nous demande de délier nos frères dès cette terre et il ne s'agit pas ici du seul sacrement de réconciliation dont les prêtres seuls sont les ministres, mais chaque fois que nous refusons de pardonner les offenses de nos frères, chaque fois que nous entretenons une rancune, nous lions nos frères , nous les enfermons dans le Mal ! S'ils partent ainsi vers le Royaume leur pensée nous tourmentera, ils ne jouiront pas pleinement du don de Dieu et nous - mêmes seront tourmentés ! D'où l'urgence de nous réconcilier, et d'offrir le pardon ! Voici ce qu'écrivait SAINT JEAN CHRYSOSTOME :
Le premier chemin de la conversion, c'est la condamnation de nos fautes.
Il y en a un deuxième, qui n'est pas inférieur à celui-là : c'est de ne pas garder rancune à nos ennemis, de dominer notre colère pour pardonner les offenses de nos compagnons de service, car c'est ainsi que nous obtiendrons le pardon de celles que nous avons commises contre le Maître ; c'est la deuxième manière d'obtenir la purification de nos fautes. Si vous pardonnez à vos débiteurs, dit le Seigneur, mon Père, qui est au ciel ,vous pardonnera aussi.
Mais, direz-vous, « il, elle se moquera de moi ! Il, elle me prendra pour un faible ! »,( Jésus n'a-t-Il pas été raillé, insulté sur le chemin du Calvaire ?) il, elle se détournera de moi, il, elle triomphera, se gaussera ! C'est possible et cela arrive effectivement, l'important n'est-il pas de cultiver un cœur libre et serein ? Si la personne s'endurcit il nous reste la prière ! Jésus nous le demande, «Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous deveniez enfants de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes.Si en effet vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt 5)
Ce que Saint Paul traduit en ces termes :
Ne soyez en dette avec personne, si ce n'est de l'amour mutuel; car celui qui aime son prochain a accompli la loi. : L’amour ne fait rien de mal au prochain.Donc, le plein accomplissement de la Loi,c’est l’amour. (Rm 13)
Oui,ayons à cœur de délier nos frères, c'est à ce prix que nous le serons nous-mêmes !
Et pareillement, amen, je vous le dis,si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit,ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom,je suis là, au milieu d’eux. »
Si nous poursuivons la lecture d’Ézéchiel de la Liturgie de ce jour nous accueillons un exemple particulièrement éloquent de la Parole de Jésus : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Mt 5)
Lorsque tu entendras une parole de ma bouche,tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’,et que tu ne l’avertisses pas,si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise,lui, le méchant, mourra de son péché,mais à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite,et qu’il ne s’en détourne pas,lui mourra de son péché,mais toi, tu auras sauvé ta vie. »
L'évangile de ce jour nous dit :« Si ton frère a commis un péché contre toi,va lui faire des reproches seul à seul. S'il t'écoute , tu as gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas prends en plus avec toi une
Comment Saint François, cheminant avec frère Léon, lui exposa ce qu'est la joie parfaite.
Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte Marie des Anges avec frère Léon, au temps d'hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n'est pas point la joie parfaite. »
Et saint François allant plus loin l'appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait voir les aveugles, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l'ouïe aux sourds, la marche aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est un plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »
Marchant encore un peu, saint François s'écria d'une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu'il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »
Allant un peu plus loin, saint François appela encore d'une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu'il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »
Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d'une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu'il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n'est point la joie parfaite. »
Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l'interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu'il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu'il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Et si nous persistons à frapper, et qu'il sorte en colère, et qu'il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d'ici misérables petits voleurs, allez à l'hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.
Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l'amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu'il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s'il sort avec un bâton noueux, et qu'il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les nœuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu'en cela est la joie parfaite.
Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu'ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l'Apôtre : « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu de Dieu ? et si tu l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu l'avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. »
Paix, Joie, Amour sont condensés dans : AMOUR !
L'Ermite
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