vendredi 25 février 2022

QUE DIT MA BOUCHE ?

 

HUITIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année C


(Lc 6,39-45)



Avec la péricope de ce dimanche, nous sommes dans la conclusion du chapitre sur les béatitudes et leur développement . Aujourd'hui, Jésus appuie son enseignement sur des images en racontant des paraboles. 

Petit rappel : Une parabole est une histoire racontée en vue de présenter des vérités du Royaume des cieux au travers d’exemples de la vie quotidienne et d’observations de la nature. C’est ainsi que pour introduire ses paraboles, Jésus commence généralement en disant : le royaume des cieux est semblable à…” Du domaine de l’agriculture à celui de la relation maître-serviteur, le Seigneur utilise des images naturelles qui parlent à tous pour expliquer des réalités spirituelles.

Jésus disait à ses disciples en parabole :« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? A l'évidence , non ! Jésus donne d'ailleurs Lui-même la réponse. Par contre, même s'il semble également évident, le verset suivant exprime une subtilité à laquelle il convient de s'attarder.  Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé,chacun sera comme son maître.Y a-t-il un lien entre ces deux versets ? Si c'est le cas, quel est-Il ? Je pense en effet qu'il y a un lien et un appel . Il serait étonnant que Jésus prenne pour exemple un handicap physique. Ne parle-t-Il pas plutôt de nos aveuglements spirituels, bien plus dangereux ceux-ci que le handicap physique ? Si je me complais dans ma nuit de l'esprit, si je ne cherche pas le sens de ma vie, si je n'ai pas de but précis , si au lieu de construire je vais dans tous les sens et ne brasse que du vent, je suis aveugle !

Si ma profession me place en situation, d'éclaireur, de guide pour mes frères soit auprès d'apprentis, soit parce qu'une équipe m'est confiée, je deviens un aveugle dangereux parce que j'entraîne les autres dans un gouffre ! Le Maître Jésus s'est fait Serviteur, Il reçoit la lumière de Son Père qu'Il consulte dans et par la prière en se retirant dans des endroits déserts et moi j'aurais la prétention de me suffire ? Plus un homme ignore qu'il ne voit pas et plus il met en danger ceux qui l'entourent et lui font confiance. C'est cette illusion redoutable que Jésus, dans saint Matthieu, reproche par deux fois aux Pharisiens : "Malheureux êtes-vous, guides aveugles !" (23,16.19); et il met ses disciples en garde contre leurs prétentions : "Laissez-les: ce sont des aveugles qui guident des aveugles" (15,14), Jésus m'appelle à une profonde humilité, simplicité. En acceptant et en voulant me mettre au service d'autrui en regardant et écoutant le Seul qui détient la vérité parce qu'Il est la Vérité et Se donne tout entier pour que le Salut soit offert à tous les hommes de bonne volonté.

Ne pas voir la vérité, n'est pas forcément une faute, mais ce qui fausse la conscience, c'est de se croire détenteur de cette vérité. C'est ainsi que Jésus répliquait à ses adversaires Pharisiens : "Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché. Mais à présent vous dites : 'Nous voyons', et votre péché demeure"(Jn 9,41). Cet aveuglement volontaire, qui mène aux ténèbres du refus, Jésus le stigmatise au moment où l'aveugle-né, guéri, se prosterne devant lui :"Je suis venu dans ce monde pour un jugement, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles." (Jn 9) Nous connaissons, nous aussi, cette cécité coupable, l'aveuglement par refus de la lumière. Nous en faisons l'expérience avec tristesse lorsque nous occultons en nous des zones de la pensée ou du senti profond que nous n'avons pas envie d'éclairer ni de convertir, lorsque nous nous fermons à des dialogues qui seraient libérateurs, lorsque, tournant le dos au bien communautaire et à toute réciprocité, nous défendons des privilèges, des coins d'ombre, ou des manières de voir gratifiantes.

Plus surprenante encore est notre propension à voir ou à penser que nous voyons clair comme à travers une vitre translucide, dans la vie de nos frères, au point que Jésus poursuit sa mise en garde et Il ne ménage pas l'hypocrite qui peut se cacher en moi  :

Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère,alors que la poutre qui est dans ton œil à toi,tu ne la remarques pas ?    Comment peux-tu dire à ton frère :‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’,alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.Très facilement, trop facilement, parce nous sommes souvent soupçonneux, méfiants, un tantinet jaloux, parfois tourmentés, nous épions les faits et gestes de nos frères et nous nous affichons en redresseurs de torts, outrés que nous sommes par tel ou tel comportement ou parole , ou .... Nous sommes sûrs et certains de bien voir, et nous nous octroyons le droit, parfois comme un devoir, d'avertir notre frère, un groupe, quand ce n'est pas l’Église, sa hiérarchie de faire attention, de réfléchir, sous couvert, qui plus est, qu'il, elle se porte tort à lui (elle) même , ou à un groupe ou... Si nous sommes conduits à un moment à « éveiller » un frère il convient, si je peux me permettre que « le jeu, en vaille la chandelle ! » car :

La correction fraternelle est un art subtil et délicat qui demande comme dans la première partie de notre péricope, beaucoup d'humilité, la connaissance de soi-même, de ses propres limites, un contexte d'amour fraternel sincère, loyal, réel , un regard purifié, un souci réel du bien de l'autre et des autres , une grande discrétion, un motif valable et avéré...La correction fraternelle suppose également qu'il ne s'agisse pas d'un règlement de compte, d'une vengeance, ou de tout autre passion cachée !

En Matthieu 18, Jésus Lui-même nous indique comment procéder :Si ton frère a péché contre toi, va reprends-le entre toi et lui seul; s'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends avec toi encore une ou deux (personnes), afin que toute chose se décide sur la parole de deux ou trois témoins. S'il ne les écoute pas, dis-le à l’Église; et s'il n'écoute pas même l’Église, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain. En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. (Mt 18)

L'enjeu de la correction fraternelle n'est pas en premier lieu de rétablir le droit ou d'éviter la contagion du mal il s'agit de permettre à son frère, sa sœur de devenir ce que Dieu espère de lui , d'elle, à savoir : un fils, une fille crée(e) à Son image et ressemblance.

La correction fraternelle vue par le St Père François :« Si tu dois corriger un petit défaut chez l'autre, pense tout d'abord que tu en as personnellement de tellement plus gros. La correction fraternelle est une action pour guérir le corps de l'Église. Il y a un trou, là, dans le tissu de l'Église, qu'il faut absolument recoudre. Et il faut le recoudre à la manière de nos mères et de nos grands-mères qui, lorsqu'elles reprisent un vêtement, le font avec beaucoup de délicatesse. Si tu n'es pas capable d'exercer la correction fraternelle avec amour, avec charité, dans la vérité et avec humilité, tu risques d'offenser, de détruire le cœur de cette personne, tu ne feras qu'ajouter un commérage qui blesse et tu deviendras un aveugle hypocrite, comme le dénonce Jésus. Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil… Hypocrite ! Reconnais que tu es plus pécheur que ton prochain, mais que toi comme frère tu dois le corriger. Nous ne pouvons corriger une personne sans amour et sans charité. On ne peut en effet réaliser une intervention chirurgicale sans anesthésie : c’est impossible, parce que sinon le patient meurt de douleur. Et la charité représente comme une anesthésie qui aide à recevoir le traitement et accepter la correction. Il faut donc prendre notre prochain à part, avec douceur, avec amour et lui parler. Il faut également parler en vérité, ne pas dire des choses qui ne sont pas vraies. Il arrive si souvent que dans notre entourage nous disions des choses à propos d’autres personnes qui ne sont pas vraies : cela s’appelle de la calomnie. Ou si elles sont vraies, on s’arroge le droit de détruire la réputation de ces personnes. Quand quelqu’un te dit la vérité, ce n’est pas facile de l’entendre, mais si cette vérité est dite avec charité et avec amour, c’est plus facile de l’accepter. Un signe qui peut-être peut nous aider, c’est le fait de ressentir « un certain plaisir » quand l’on voit quelque chose qui ne vas pas et que l’on estime qu’il nous faut exercer une correction : il faut être attentifs parce qu’alors cela ne vient pas du Seigneur. Quand cela vient du Seigneur, il y a toujours la croix, et l’amour qui nous porte, la douceur. Ne nous transformons pas en juge. Nous chrétiens nous avons cette fâcheuse tentation : nous extraire du jeu du péché et de la grâce comme si nous étions des anges… Et bien non ! C’est ce que Paul nous dit : « Il ne faut pas qu’après avoir prêché aux autres, nous soyons ensuite disqualifiés ». Et si un chrétien, dans sa communauté, ne fait pas les choses – également la correction fraternelle - dans la charité, en vérité et avec humilité, il est disqualifié ! Il est tout sauf un chrétien mature. Prions donc afin que le Seigneur nous aide à exercer ce service fraternel, si beau mais si douloureux, d'aider nos frères et nos sœurs à devenir meilleurs, et qu'il nous aide à le faire toujours avec charité, en vérité, et avec humilité. Ainsi soit-il »

C'est parce que l'autre est mon frère, ma sœur, que je viens vers lui, par amour et parfois humour, pour lui ouvrir un horizon plus large, où il respirera mieux où il portera de meilleurs fruits .C'est un peu le sens de la troisième parabole :

Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.    Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.    L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche,c’est ce qui déborde du cœur. »

L'homme croyant et chrétien de surcroît est le Temple de l'Esprit Saint : « Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous? (1Co 3) interroge St Paul. Si l'Esprit Saint habite le chrétien celui-ci en produit forcément les fruits décrits encore par St Paul dans Galates : « Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Contre de pareils fruits, il n'y a pas de loi. Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. Si nous vivons par l'esprit, marchons aussi par l'esprit. » (Ga 5)

En tant que chrétien je ne devrais pas produire d'autres fruits, et pour produire de tels fruits Jésus nous dira  « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s'il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. (Jn 15) c'est on ne peut plus clair ! Lorsque Jésus exprime cela Il précise :Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l'enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu'il en donne davantage. (Jn15) Nous l'entendons c'est le Père qui a les commandes car tout vient de Lui, c'est donc le Père qui veille à la qualité du fruit et prend les initiatives pour que ce fruit soit sain et saint ! Dans la première lecture, Ben Sira le Sage affirme C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre. Alors qu'en est-il du sarment que je suis par grâce ? Suis-je bien en phase avec le CEP-JESUS ou bien

je me laisse envahir par toutes sortes de parasites qui polluent et pourrissent le fruit que je suis sensé porté ? Parasites qui bloquent l'arrivée de la sève , étouffent les bons élans et s'extériorisent en maladies de l'âme traduites par des paroles venimeuses et parfois vénéneuses ! la parole fait connaître les sentiments. Lisons -nous encore dans la première lecture et Jésus conclut la péricope en ces termes :  «  ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. » A chacun de nous de sonder la teneur de nos propos !

 Débarrassez-vous donc du mensonge, et dites la vérité, chacun à son prochain, parce que nous sommes membres les uns des autres.Si vous êtes en colère, ne tombez pas dans le péché ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. Ne donnez pas prise au diable... Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il en est besoin, que ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui vous écoutent. N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, qui vous a marqués de son sceau en vue du jour de votre délivrance. Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. (Eph 4)


Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce ! 

(cf. Ps 91, 2)

Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits !

Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira dans la maison de notre Dieu.

Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
pour annoncer : « Le Seigneur est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »


L'Ermite

vendredi 18 février 2022

AMBITION DIVINE

 

Soyez miséricordieux

comme votre Père est miséricordieux


SEPTIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année C

(Lc 6, 27-38)



Nous sommes toujours dans le grand discours inaugural de Jésus. Après avoir donné en quelque sorte, l'ossature de la charte du disciple, Jésus va entrer dans le concret et détailler des situations qui demanderont une abnégation et une générosité supérieures, flirtant avec l'héroïsme. N'est-elle pas héroïque l'attitude de David dans la Première lecture de ce dimanche ?

David , alors qu'il se sait en danger, obligé de fuir pour échapper à la vindicte du Roi Saül jaloux, se trouve dans une situation des plus favorables pour éliminer celui qui cherche à le tuer. Au lieu de charger sa conscience d'un crime qu'il ne se serait jamais pardonné, car il s'agissait du Messie de Dieu qui avait reçu l'onction royale, David prend une preuve de la possibilité qui s'offrait à lui pour prouver sa loyauté à l'égard de son supérieur et lui laisse la vie sauve .Dieu seul jugera !

Mais David dit à Abishaï :« Ne le tue pas !Qui pourrait demeurer impuni après avoir porté la main sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur ? »    David prit la lance et la gourde d’eau qui étaient près de la tête de Saül, et ils s’en allèrent. Personne ne vit rien, personne ne le sut, personne ne s’éveilla : ils dormaient tous, car le Seigneur avait fait tomber sur eux un sommeil mystérieux.    David passa sur l’autre versant de la montagne et s’arrêta sur le sommet, au loin, à bonne distance.    Il appela Saül et lui cria :« Voici la lance du roi. Qu’un jeune garçon traverse et vienne la prendre !    Le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité. Aujourd’hui, le Seigneur t’avait livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu porter la main sur le messie du Seigneur. »

Dans notre péricope aujourd'hui, Jésus continue de s'adresser à ceux qui sont là, assis, parce que venus pour L'écouter :

Jésus déclarait à ses disciples :    « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez :

Et que dit-Il ? Que demande-t-Il à Ses disciples ? Rien moins, il convient de le reconnaître, qu'une bonne dose d'héroïsme !

Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.Première interrogation : Qu'est-ce qu'un ennemi? Nous voyons essentiellement, et dans un premier temps, l’envahisseur, celui qui veut exercer son pouvoir sur un pays qui n'est pas le sien , celui que se croit maître du monde et cherche les moyens de le devenir …

Le Larousse s'exprime ainsi : une personne qui veut du mal à quelqu'un, qui cherche à lui nuire, qui lui est très hostile.

Et l’Écriture Sainte en parle-t-elle et comment ? Cent soixante deux fois nous trouvons ce terme dans trente huit documents sur soixante treize, je suis donc aller voir et n'ai retenu que deux citations, avec, en arrière pensée, cette déclaration de Jésus : « Je ne suis pas venu abolir mais accomplir »

Ne te réjouis pas de la chute de ton ennemi, ne saute pas de joie quand il perd pied, de peur que le Seigneur ne regarde, que ce soit mal à ses yeux et qu'il ne détourne de lui sa colère. Ne t'échauffe pas contre les malfaisants, ne jalouse pas les méchants; car il n'y a pas d'avenir pour le malfaisant et la lampe des méchants s'éteindra. (Pr 24)

Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s'il a soif, donne-lui à boire. Ce faisant, tu prendras, toi, des charbons ardents sur sa tête. Mais le Seigneur te le revaudra. (Pr 25)

Jésus va plus loin en effet que l'A.T., Il efface tout esprit de vengeance, toute recherche de représaille à l'encontre de l'ennemi, il nous demande, en S'adressant aux disciples de tous les temps : de faire gratuitement du bien à ceux qui nous haïssent : Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.  À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Voilà l'exigence chrétienne, voilà l'esprit des béatitudes ! Et je me dis qu'au fond, l'ennemi, en cherchant à me faire du mal travaille paradoxalement à ma sanctification sans le vouloir , ni le savoir. En effet, si dans ces situations d'épreuves je me tourne davantage vers le Seigneur, si je cherche en Lui à comprendre ce qui m'arrive, le Seigneur permet que ce mal qui m'est fait, devienne un
bien . La souffrance générée par ces attaques injustes, devient matériau de purification de mon être et me rapproche du Seigneur . N'est-ce pas ce qu'écrira plus tard St Paul dans la Lettre aux Romains chapitre 8 :
« Nous savons , du reste , que toutes choses concourent au bien de ceux qui sont appelés selon Son dessein. Car ceux qu'Il a connus d'avance, Il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils. »

Notre arme face aux méchants c'est la prière . Et c'est encore St Paul qui, dans sa Lettre aux Éphésiens, nous dit quelle tenue revêtir, dans les combats de la vie , c'est splendide : « fortifiez-vous dans le Seigneur et dans sa vertu toute-puissante. Revêtez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches du diable. Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l'air. C'est pourquoi prenez l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister au jour mauvais, et après avoir tout surmonté, rester debout. Soyez donc fermes, les reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de justice, et les sandales aux pieds, prêts à annoncer l’Évangile de paix. Et surtout, prenez le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin. Prenez aussi le casque du salut, et le glaive de l'Esprit, qui est la parole de Dieu. »

En effet, derrière celui qui me veut du mal ce n'est pas tel frère , ou telle sœur, mais le malfaisant, le démon qui s'est installé en lui et, le plus malheureux dans cette situation c'est lui, elle ! Je dois donc prier afin qu'il, elle, soit délivré(e) et trouve la Paix qui vient de Dieu ! Et Jésus nous dit comment garder ou trouver cette paix fruit de l'Esprit ( cf Gal 5) :

 Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.Or, nous le savons, sauf déséquilibre flagrant, nous recherchons une certaine harmonie, nous recherchons une paix du cœur durable, et profonde, alors faisons en sorte qu'il en soit ainsi pour nos semblables n'est-ce pas de cette façon que le Créateur avait envisagé le jardin d’Éden avant la faute ?

Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ?Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant.    Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ?Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.    Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour.Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. A ce propos, dans son chapitre du sermon sur la Montagne ( les Béatitudes) l’Évangéliste Matthieu note :

Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. (Mt 5)

Ailleurs n'est il pas écrit « Dieu ne fait pas de différences entre les hommes » Nous sommes tous enfants de Dieu, c'est Dieu qui nous donne la vie et nous maintient en vie, Dieu nous donne tout , nous recevons tout de Son amour indéfectible mais le « Diviseur » sème la zizanie chaque fois qu'il le peut, si nous faisons des différences, nous entrons dans son jeu, nous ne sommes plus les enfants de Celui qui fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons ! Un fils de Dieu est appelé à se démarquer , à répandre , là où il passe, la « bonne odeur du Christ » : « De fait, nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ, pour ceux qui se sauvent et pour ceux qui se perdent; pour les uns, odeur de mort qui conduit à la mort, pour les autres, odeur de vie qui conduit à la vie. » (2Co 2)

Jésus ici montre à quel point Il a de l'ambition pour chacun de nous ! A quel point Il nous croit capables de dépassement, de grandeur d'âme puisqu'il ose ponctuer cette séquence en nous demandant  de faire nôtre l'attitude du Père des cieux à l'égard de chacun de nous, car , je le répète, Dieu ne fait pas de différence , Il propose Son amour, son adoption à tout humain, bon ou méchant ! Qu'ose Jésus ici ?

Soyez
miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Mais d'abord qu'est-ce que la MISERICORDE ? St Thomas nous livre un point de vue :En latin Miseri veut dire « les pauvres » et Cor, « le cœur ». Miseri-cor, c’est le cœur vers les pauvres. La miséricorde consiste à avoir le cœur qui bat pour les pauvres. Quoi de plus beau, de plus chaleureux, de plus courageux ! Le mot miséricorde, dit Saint Thomas d’Aquin, signifie un cœur rendu misérable par la misère d’autrui. La miséricorde, c’est la compassion pour toutes les formes de souffrances ; c’est la patience bienveillante devant la lenteur de la conversion ; c’est le pardon généreux envers qui se reprend ; c’est le cœur qui s’ouvre devant la misère du prochain. Ce cœur sensible à la misère ne se réduit pas à des sentiments à de l’émotion. Ce cœur est une attitude de toute la personne, un engagement de la volonté, à la fois une disposition de l’âme et une manière d’agir. Il pousse à vouloir faire cesser la misère du prochain comme on le ferait pour la sienne.

Et Jésus ne nous en demande  pas moins ! Quel programme ! Quelle confiance nous fait Jésus en exprimant cela ! Quelle ambition déploie-t-Il pour et sur chacun de nous ! Quelle sera ma réponse ? Ta réponse ? Quand la Lettre aux Hébreux nous dit de la Parole de Dieu « qu'Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l'âme, jusqu'aux jointures et jusqu'aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. » (Hé 4) nous percevons mieux ce qu'attend Jésus du disciple !N'ayons pas peur, c'est le travail de tout une vie . St Paul, ce géant de l'imitation de Christ nous encourage en laissant entendre que ce n'est pas acquis mais que c'est le but vers lequel nous devons tendre, constamment en restant toujours tendus vers, à nous de garder notre regard fixé sur l'Amour qui est JESUS ! :

Frères, je ne pense pas l'avoir déjà saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l'avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus ! Nous tous qui sommes adultes dans la foi, nous devons tendre dans cette direction ; et, si vous tendez dans une autre direction, Dieu vous révélera le vrai but. En tout cas, étant donné le point que nous avons déjà atteint, restons dans la même ligne. (Ph 3)

Et dans le cas où nous n'aurions pas compris Jésus insiste :

Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ;Comment pourrions-nous nous autoriser à juger la vie de nos frères et sœurs alors que nous ne connaissons, et si peu d'ailleurs, que ce qui apparaît extérieurement, et ce qui apparaît, n'est pas nécessairement ce qui est, c'est ce que mon imaginaire traduit ! Dieu Seul connaît le fond des cœurs ! Si j'admets cela, et comment ne pas l'admettre, c'est flagrant , je ne peux qu'appliquer le second membre du verset : ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés.

Pardonnez, et vous serez pardonnés Attention à la subtilité de ce verset et osons inverser sa formulation : vous serez pardonnés si vous pardonnez ! N'oublions pas, Jésus, le Fils unique du Père a donné Sa vie , sur la Croix pour nous laver de nos souillures, le terme est bien léger , de nos turpitudes et nous continuons allègrement à traîner nos rancunes, à chercher comment nous venger ! En réalité, c'est notre propre vie que nous traînons, car en refusant de pardonner, d'aimer, je m'étouffe et fais peser sur le monde entier ma colère, mon indigence !

Et comme disait si bien St Augustin, « la mesure de l'amour c'est d'aimer sans mesure »après Jésus, bien sûr qui nous l'a, ô combien montré. Jésus poursuit sur Sa lancée :

. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » A chacune et à chacun de décider !


LE CHANT D'ASSISE ( Léon CHANCEREL )


O mes bien-aimés, soyez humbles.

O mes bien-aimés soyez doux.
Ne vous inquiétez ni d’honneurs.

Ni de dignité, ni de louanges.
Fuyez les vanités. Toutes les vanités.

Et dites-vous que le savoir des anges
Ne suffit même pas pour comprendre

Ce qui de Dieu seul est compris 

Ai m e z

Aimez et ne jugez pas.

Si vous voyez une homme pécher mortellement,

Haïssez le péché, mais ne jugez pas l’homme.
Ne le méprisez pas. Ne méprisez personne.

Car vous ne savez pas le jugement de Dieu.
Et tel semble damné qui est sauvé, peut-être.

Et tel semble sauvé qui est déjà damné.
Vous ne savez qui sont ceux à qui Dieu tendra la main.


O vous tous, gens de la terre,

qui cheminez si douloureusement.

Ayez d’abord la Charité.
Aimez-vous les uns les autres.

Consolez-vous les uns les autres.
Soutenez-vous les uns les autres.

Fût-on brûlé d’amour à en mourir.
On n’aime pas encore assez.

On n’aime jamais assez.

L’amour est tout qui est Dieu même.



Et que votre amour ne soit pas borné.

Car le Seigneur, mon Dieu, n’admet.
Ni vos frontières, ni vos murs..

A Dieu, pour chacun d’entre vous, je demande.

La grâce de Force pour renoncer au mal.
La grâce de Sérénité dans l’oblation.

La grâce de Joie dans l’épreuve.
Et que, par la vertu de la Croix acceptée.

Par la parole et par le sang de Jésus-Christ.
La terre enfin soit délivrée du mal.

Ainsi soit-il ! Ainsi soit-il !

Ainsi, sur Assise endormie.

Où le tombeau basilical si lourdement proclame.
Que son chant ne fut pas compris. L’âme du petit pauvre.
Chante inlassablement pour le salut des hommes.

ASSISE ! ASSISE ! ASSISE !

Capitale spirituelle du monde.

Lieu de l’amour et de la joie de l’Évangile.

Luira-t-elle jamais cette aube. Où tous nos vains orgueils.
Où tous nos vains espoirs viendront, pieds nus, vers saint François.
Faire leur amende honorable !


AIMEZ ET NE JUGEZ PAS !


L'Ermite

(le texte du chant d'Assise est une traduction ne soit pas borné n'est pas le terme propre!?Pas plus que tombeau basilical, Je ne retrouve pas l'original!)

vendredi 11 février 2022

RECETTE DU SEUL VRAI BONHEUR

 

SIXIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année C


(Lc 6, 17.20-26)


Or, en ces jours-là, il s'en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu. Quand il fut jour, il appela ses disciples, et il choisit douze d'entre eux, à qui il donna le nom d'apôtres:Simon, à qui aussi il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélemy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d'Alphée, et Simon surnommé Zélote, Judas fils de Jacques, et Judas Iscarioth, qui devint traître. (Luc 6)

Au terme d'une nuit de prière sur la montagne, Jésus choisit Ses douze apôtres ceux qui vont L'accompagner sur les routes, ceux qu'Il va former et qui deviendront le socle de l’Église naissante fondée par Jésus Lui-même. Après cet acte fondateur de l’Église en marche, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon. Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.

Avant d'entrer dans la méditation de ce jour, voici deux remarques qui m'ont immédiatement habitée :

Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, Jésus se prépare à faire une déclarationimportante , Il s'adresse à tous ceux qui se sont mis en route , souvent en attente d'un bienfait , mais plus particulièrement ici, à Ses disciples, ceux qui Le suivent de plus près, les apôtres en premier lieu ,mais aussi le cercle des amis dont certains pourvoient aux nécessités immédiates et que nous appelons « les disciples » ; parmi eux, les saintes femmes qui L'accompagnent et Le soutiennent ! C'est à ceux-là, en premier lieu, que Jésus annonce les béatitudes et Il le signifie « en posant son regard sur eux » . Un peu comme pour leur dire : « d'accord , vous me suivez, sachez toutefois que me suivre est exigeant, si vous voulez être témoins, voilà votre charte de vie » Par ricochet, les chrétiens sont invités à recevoir le message de ce jour, en sentant ce Regard, à la fois exigeant et aimant posé sur soi .

HEUREUX ! l'autre remarque concerne ce terme que Jésus reprend quatre fois chez St Luc, neuf fois chez Saint Matthieu. Tout de suite a jailli dans mon esprit le verset du psaume 40 que nous retrouvons également au Psaume 1, dans la liturgie de ce jour : Heureux est l'homme, qui met sa foi dans le Seigneur » Ps 40,5 Et je suis vite allée chercher dans la Bible combien de fois nous rencontrons cette expression et dans quels contextes:

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Détails par livre (ordre logique) 

:Deutéronome :12(7,45%) ;2Samuel :1(0,62%) ;1Rois10(1,86%) ;2Chroniques :2(1,24% ;Esdras :1(0,62%) ;Tobie3 (1,86%) ;1Maccabées 2 (1,24%) ;2Maccabées 2(1,24%) ;Job :5(3,11%) ;Psaume :32(19,88%) ;Proverbes :10(6,21%) ;Ecclésiaste 4 (2,48%) ;Sagesse 4 (2,48%) ;Sirac 18 (11,18%) ;Isaïe 5 (3,11%) ;Jérémie 2 (1,24%) ;Lamentations1(0,62%) ;Baruch2(1,24%) ;Daniel 2 (1,24%) ;Malachie 2 (1,24%) ; Matthieu 13 (8,07%) ;Luc 13 (8,07%) ;Jean : 2(1,24%) ;Actes 1 (0,62%) ;Romains :3(1,86%) ;1Corinthiens :1 (0,62%)2Corinthiens1(0,62%);Galates :1(0,62%) ;Éphésiens :1(0,62%) ;Colossiens :1(0,62%) ;Jacques :1(0,62%) ;1Pierre 3 (1,86%) ;Apocalypse 7 (4,35%).

la Sagesse est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent et celui qui s'y attache est heureux. (Pv3) (La Sagesse étant Dieu Lui-même)

Heureux l'homme qui m'écoute, qui veille à ma porte jour après jour, qui monte la garde devant chez moi. Car celui qui me trouve a trouvé la vie, il obtiendra la faveur du Seigneur. » (Pr 8)

Qui méprise son prochain pèche, mais qui a pitié des humbles est heureux. (Pr 14)

Qui se confie dans le Seigneur, heureux est-il! (Pr16)

Heureux l'homme qui ne prend pas le parti des méchants, ne s'arrête pas sur le chemin des pécheurs et ne s'assied pas au banc des moqueurs, mais qui se plaît à la loi du Seigneur et récite sa loi jour et nuit! (Ps 1)

Voyez et appréciez combien le Seigneur est bon. Heureux l'homme dont il est le refuge! (Ps 34)

Seigneur tout-puissant, heureux l'homme qui compte sur toi! (Ps 84)

Heureux ceux dont la conduite est intègre et qui suivent la Loi du Seigneur.

Heureux ceux qui se conforment à ses exigences, de tout cœur ils le cherchent. (Ps 119)

Heureux celui qui s'adonnera à ces enseignements ! Celui qui les recueille dans son cœur deviendra sage; car s'il les met en pratique, il triomphera de tout, parce que la lumière du Seigneur est son sentier. (Sir 50)

Amen, amen, je vous le dis : le serviteur n'est pas plus grand que son maître, le messager n'est pas plus grand que celui qui l'envoie. Si vous savez cela, heureux êtes-vous, pourvu que vous le mettiez en pratique. (Jn 13)

Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi (Lc 7)

Puis il se tourna vers ses disciples et leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez (Lc 10)

: « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Lc 11)

Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. (Lc 12)

Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. (Luc 12)

Que signifie être heureux ? J'ai bien sûr ma conception enracinée dans l’ÉcritureSainte et reçue dès le berceau , mais je suis allée traîner sur Internet.Globalement HEUREUX est synonyme de bonheur et vice-versa

Le bonheur est un état de satisfaction complète caractérisé par sa stabilité et sa durabilité. ... En tant qu'optimum de la vie humaine, le bonheur est universellement recherché. On le présente souvent comme le but le plus élevé de l'existence. Celui que tout être humain cherche à atteindre, consciemment ou non. Il ne suffit pas de ressentir un bref contentement pour être heureux. Une joie intense n'est pas le bonheur. ... Être heureux est une expérience individuelle et humaine.

J'ai franchi un échelon en écoutant Sénèque philosophe né à Cordoue , dans le Sud de l'Espagne entre l'an 4 av Jésus-Christ et l'an 1 après Jésus Christ , voici ce qu'il en dit  et qui, après l’Écriture me convient mieux :

 “Être heureux, c’est apprendre à choisir. Non seulement les plaisirs appropriés, mais aussi sa voie, son métier, sa manière de vivre et d’aimer. Choisir ses loisirs, ses amis, les valeurs sur lesquelles fonder sa vie. Bien vivre, c’est apprendre à ne pas répondre à toutes les sollicitations, à hiérarchiser ses priorités. L’exercice de la raison permet une mise en cohérence de notre vie en fonction des valeurs ou des buts que nous poursuivons. Nous choisissons de satisfaire tel plaisir ou de renoncer à tel autre parce que nous donnons un sens à notre vie – et ce, aux deux acceptions du terme : nous lui donnons à la fois une direction et une signification.”

Sénèque

Et dans les versets de l’Écriture Sainte relevés plus haut, donc avant Jésus nous lisons :

celui qui s' attache à la Sagesse est heureux. Heureux l'homme qui m'écoute, qui a pitié des humbles Qui se confie dans le Seigneur ,qui, se plaît à la loi du Seigneur et récite sa loi jour et nuit !, l'homme dont il est le refuge , l'homme qui compte sur toi !ceux dont la conduite est intègre et qui suivent la Loi du Seigneur.Heureux ceux qui se conforment à ses exigences, qui s'adonnera à ces enseignements ! Celui qui les recueille dans son cœur deviendra sage;

Voilà ceux qui sont heureux ! Dans un autre langage c'est aussi ce que proclame Jérémie dans la Première lecture. Quand il annonce : « béni soit »c'est une autre façon de proclamer « heureux soit »

Béni soit l’homme, (entendons : heureux) qui met sa foi dans le Seigneur,dont le Seigneur est la confiance.Il sera comme un arbre, planté près des eaux,qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur :son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude :il ne manque pas de porter du fruit.

Et Saint Paul confirme par ces mots dans 1 Cor 15 Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement,nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.

Jésus est venu non abolir, mais accomplir toute l’écriture, le Sermon sur la montagne, (autre nom des Béatitudes chez St Matthieu en raison du contexte), proclamé par Jésus, vient compléter tout ce qui précède et le parfaire. Si nous reprenons ces béatitudes attentivement nous comprenons qu'à travers cette charte Jésus nous donne « LA RECETTE DU SEUL VRAI BONHEUR »

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Surtout ne voyons pas ici une critique des riches mais une invitation à laisser grandir en nous riche ou pauvre, l'esprit de Pauvreté de Jésus, à savoir : son abandon absolu, à la volonté du Père, Son écoute du Père,  « Le fils ne fait rien qu'il ne voie faire au Père …. » On peut être riche et avoir un cœur de pauvre, un cœur qui écoute, qui partage avec ses frères et on peut être pauvre de biens et riche dans son cœur enviant les biens des autres ...préoccupé de son bien être, tourné égoïstement vers soi, replié sur soi ….

Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.Bien sûr que nous devons être attentifs aux besoins de nos frères, ne jamais supporter que quelqu'un manque de l'essentiel à nos côtés ! Souvenons-nous de la Parabole du riche et du pauvre Lazare ! Il s'agit ici de la faim de Dieu, ne jamais être rassasié, repu de sa Parole, de Ses Sacrements, de Ses appels au service, de Ses appels à répandre la Bonne nouvelle auprès de ceux qui ne la connaissent pas. Oh il ne s'agit pas de gaver de paroles, même saintes, à tout prix, nos frères jusqu'à l'indigestion, mais d'être attentifs à ce qu'ils attendent, à ce qu'ils cherchent pour proposer le bonheur que nous éprouvons en fréquentant le Seigneur Jésus !

Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.Pouvons-nous nous réjouir de voir pleurer autour de nous ? Pouvons-nous nous réjouir de la douleur de la famille de l'enfant Rayan décédé d'une chute accidentelle dans un puits et déclarer aux parents qui le pleurent qu'ils sont heureux ! NON ! Par contre nous sommes appelés à pleurer avec Jésus ( souvenons-nous de son ami Lazare où il est dit de Jésus « voyez comme Il l'aimait ») avec ceux qui connaissent une quelconque forme de détresse en essuyant leurs larmes parce nous écoutons en nous la voix divine qui nous murmure : engage-toi auprès des plus démunis, auprès des émigrés, auprès des sans voix, des sans travail ….

Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.Voilà ce qui est hautement important : à cause du Fils de l’homme.Si je suis méprisé(e) à cause de mon inconduite, de mes frasques, de mon égoïsme, de mes prétentions à moi de réfléchir et de changer de vie, mais si c'est parce que je sers le Christ, parce que je Le reconnais comme Seigneur et Maître, parce j'ai choisi résolument de mettre mes pas dans les Siens alors oui, je suis heureux dès cette terre car la Paix de Dieu est en moi !

Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. La récompense est déjà là ! Il ne s'agit même pas d'attendre la ciel pour la recevoir elle commence dès ici bas ! Qu'y-a-t-il de grand , de plus apaisant que d'être en harmonie avec une conscience bien formée ? Que de connaître la paix intérieure, cette joie que nul ne peut nous ravir les saints, même au fond d'une fosse comme Daniel, ont connu cela !(D 14,31) Le vrai bonheur le voilà !

Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! N'est-ce pas ce qui se passe dans la Parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare ? Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir. (Lc16) En venant au monde, nous recevons tout, mais ce tout nous est prêté, pour le faire fructifier et le partager non pour thésauriser pour soi et ses proches seulement !

Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Un dicton familier ne dit-il pas : « la roue tourne », pour signifier qu'aucune situation pour aussi dorée soit-elle, n'est acquise éternellement ! Avoir tout et de tout et ignorer celui qui est dans le besoin est-ce concevable ? Tout garder pour soi et ses proches et n'avoir que mépris pour celui qui erre en traînant sa misère est-ce juste?Est-il possible de dormir en faisant fie de ses frères en humanité ?

Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous

pleurerez ! Certains peuvent passer leur vie dans toutes sortes de jouissances mais que reste-t-il au soir de ces vies ? Un vide absolu et parfois une immense détresse. Certains , après avoir côtoyé les grands de ce monde et les avoir « régalé » après avoir fait la fête jusqu'à satiété se retrouvent seuls, abandonnés et ont le début de leur récompense dans une misère sans nom, une solitude insupportable, une tristesse qui les écrase et quand ils rejoignent le Père ils continuent leur éternité dans le marasme des dernières heures ! Le nombre de nos années sur terre est limité mais la vie en Dieu c'est pour l'éternité ! Voilà ce qu'évoque ici l’Évangéliste !

Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »

Le Prophète est "celui qui parle au nom de Dieu" Il y a, dans l’histoire biblique des grands prophètes parmi lesquels : Isaïe, Jérémie, Osée. On utilise aujourd’hui ce terme pour qualifier quelques fortes personnalités du christianisme s’exprimant avec conviction et liberté. Tout baptisé est prophète lorsqu’il accepte de témoigner de sa foi autour de lui.et de s’engager à bâtir un monde meilleur. (Église Catholique de France) Ce vrai Prophète-là,dit la Vérité de Dieu, il ne cherche pas à plaire aux hommes mais à Dieu . Forcément un Prophète selon le cœur de Dieu, s'il met Ses pas dans ceux de Jésus , ne peut pas plaire à tous les hommes, il se trouve en porte - à - faux avec l'esprit du monde car il va à contre courant des idées toutes faites , des idées reçues. Le vrai prophète annonce la Parole de Dieu sans fioriture , sans chercher à plaire à qui que ce soit il annonce la vérité. S'il agit ainsi un jour ou l'autre il sera contesté, parfois bafoué, rejeté . Si les frères disent trop de bien de soi il convient de s'arrêter un peu pour réfléchir à ce que nous disons et comment nous vivons.

En résumé, être disciple de Jésus suppose que nous fassions des choix radicaux, quel que soit notre état de vie ( célibataire, mariés, engagés dans la vie consacrée, le sacerdoce). Plus que les grands discours c'est notre manière de vivre qui dira Jésus et qui sera une invitation , une interrogation pour ceux qui n'ont pas encore rencontré le Christ vivant et vrai ! Il serait bon de reprendre l’Exhortation apostolique de Mars 2018 du Pape François dans l'introduction nous lisons ceci :

1. « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5, 12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1).




L'Ermite