vendredi 4 février 2022

AVANCE AU LARGE !

 


CINQUIEME DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année C


(Lc 5, 1-11)



Après Nazareth , Jésus fait une halte à Capharnaüm et, au lever du jour :

il sortit et alla dans un lieu désert. Les foules se mirent à sa recherche et vinrent jusqu'à lui; et elles voulaient le retenir, pour qu'il ne les quittât point. mais il leur dit: " Il faut que j'annonce aussi aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de Dieu, car j'ai été envoyé pour cela. " Et il prêchait dans les synagogues de la Judée. (Luc 4)

La foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Génésareth, Kinnereth, mer de Galilée, et mer de Tibériade quatre noms pour définir un seul et même lac sur les bords duquel nous trouvons Capharnaüm la ville où demeure Pierre et où Jésus aime se refaire. C'est donc au bord de ce lac que la foule s'entasse pour écouter Jésus.

Jésus vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient

descendus et lavaient leurs filets.   Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Les pêcheurs assument leur profession et ses contraintes Jésus semblerait presque désinvolte puisqu’il demande à Simon, en pleine action professionnelle, de Le prendre dans sa barque, de L'éloigner du rivage ce sera plus facile ainsi, pour Lui, de donner un enseignement à une foule qui se bouscule pour L'approcher, voire Le toucher.

Jésus peut sembler déconcertant parfois dans nos vies. Il Lui arrive, directement ou indirectement , par le truchement, d'une connaissance, d'un(e) ami(e), d'un enseignant, d'un collègue , d'un membre de notre famille, alors que nous sommes concentré sur une action bien précise, de nous faire faire volte face et de réorienter notre projet ! Décontenancé, déconcerté, comment réagissons-nous ? Sommes-nous prêt à lâcher prise , et, avec une ardeur renouvelée, à consentir simplement à une nouveauté que nous ne comprenons pas immédiatement en donnant notre confiance étape, après étape ?

Simon ( car il n'est pas encore Pierre) ici, abandonne momentanément les filets, prend le large, et devient écoutant alors que son travail est suspendu !

Quand il eut fini de parler, il dit à Simon :« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Jésus n'est pas indifférent à la situation, à nos situations humaines. Si Jésus demande quelque chose d'inattendu, d'inhabituel, de déconcertant Il ne laisse pas le (la) dérouté(e) dans le trouble.Jésus ouvre une issue même apparemment incertaine . Simon est revenu de la pêche bredouille il va le préciser dans le cas où Jésus n'aurait pas compris, mais sans animosité, simplement comme un fait concret, tangible, devant lequel il s'est trouvé impuissant, en apportant à sa remarque une note personnelle de très grande importance :

Simon lui répondit :« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Simon fait état de sa toute récente expérience, mais il ne maugréait pas, il accepte d'effectuer cet effort sur la parole de Jésus ! Autrement dit, « je te fais confiance, j'ai confiance en toi » Simon manifeste un grand respect pour la Parole de Jésus, il la prend au sérieux, tout simplement , Simon croit et aussitôt il agit. Et stupeur, saisissement Simon doit appeler ses compagnons à l'aide :

Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.

Jésus ne fait rien à moitié, quand Il intervient dans nos vies, si nous Lui donnons notre confiance, si nous Le laissons agir, si nous ne montons pas de barricades pour garder, ne serait-ce qu'un minuscule coin de jardin secret, si nous Lui permettons d'aller et venir à Son aise dans notre vie, Jésus s'engage totalement à notre égard, Il met sur notre route les acteurs humains, les outils nécessaires,( les sacrements, l’Écriture Sainte...) pour nous permettre d'avancer .Par contre si nous jouons les fines bouches , si nous agissons en fortes têtes, si nous voulons montrer que nous sommes des grands, que nous n'avons besoin de personne pour avancer, alors Jésus nous laisse patauger, mais jamais Il ne nous abandonne, Il attend seulement que nous soyons en mesure de prononcer notre « amen » et là, Il reprend nos vies en mains et nous conduit, comme le décrit le Psaume 22, « par de justes chemins, » les chemins de la sainteté, juste signifiant ici « saint ».

Face à l'insondable générosité de Jésus :

 à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : Simon prend la mesure de l'immense , quasi insoutenable allocentrisme de Jésus et prend conscience de ses non moins immenses limites personnelles, de son égocentrisme, de sa pauvreté intrinsèque. Simon ne peut rien faire de plus grand, à sa petite mesure, que de tomber à genoux devant Jésus qui vient de lui manifester tant d'amour,et de s'écrier humblement : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En un

instant, Simon est retourné, bouleversé, transfiguré aussi mais il y a quelque chose qu'il n'a pas perçu , il demande à Jésus de s'éloigner ! L'expérience de son rien en présence de la magnificence de Jésus l'affole, l'effraie, il demande au Saint de Dieu de se mettre à distance alors qu'il devrait , lui, Simon, petit vermisseau, s'approcher, se jeter à Ses pieds, les enlacer pour ne plus les lâcher ! C'est d'ailleurs, toujours porté par l'amour miséricordieux de Jésus ce qu'il va consentir quand Jésus va reprendre la main ! Simon est le « copié/collé d'Isaïe dans notre Première lecture « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »    L’un des séraphins vola vers moi,tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel.    Il l’approcha de ma bouche et dit :« Ceci a touché tes lèvres,et maintenant ta faute est enlevée,ton péché est pardonné. »    J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait :« Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? »Et j’ai répondu :« Me voici : envoie-moi ! »

instant, Simon est retourné, bouleversé, transfiguré aussi mais il y a quelque chose qu'il n'a pas perçu , il demande à Jésus de s'éloigner ! L'expérience de son rien en présence de la magnificence de Jésus l'affole, l'effraie, il demande au Saint de Dieu de se mettre à distance alors qu'il devrait , lui, Simon, petit vermisseau, s'approcher, se jeter à Ses pieds, les enlacer pour ne plus les lâcher ! C'est d'ailleurs, toujours porté par l'amour miséricordieux de Jésus ce qu'il va consentir quand Jésus va reprendre la main ! Simon est le « copié/collé d'Isaïe dans notre Première lecture « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »    L’un des séraphins vola vers moi,tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel.    Il l’approcha de ma bouche et dit :« Ceci a touché tes lèvres,et maintenant ta faute est enlevée,ton péché est pardonné. »    J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait :« Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? »Et j’ai répondu :« Me voici : envoie-moi ! »

Dans sa surprenante expérience mystique Isaïe est dérouté et se sent perdu mais le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le fortifie immédiatement , non seulement Isaïe est purifié mais envoyé comme prophète.

Remarquons que Dieu ne s'impose pas , Il pose la question de confiance, laissant un choix à l'homme qui tremble : Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » Et l'homme Isaïe ne se désiste pas purifié, pardonné, changé, il n'hésite plus :« Me voici : envoie-moi ! »

Comme Isaïe Simon En effet, est retourné, bouleversé, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;    et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon alors Jésus dit à Simon :« Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Notons  que Jésus s'adresse à Simon  : tu prendras.Jésus ne dit pas « vous prendrez » Peut-être pouvons-nous pressentir la mission de « Serviteur des serviteurs » qui lui sera prochainement confiée ! Que comprend Simon à ce stade de la rencontre ? Simon sait sans doute que la mer est un lieu à double symbolique : elle ne peut pas être totalement néfaste puisqu'elle est l’œuvre de Dieu mais comme tout, ici-bas, elle a aussi son côté tragique. Par gros temps elle peut engloutir l'homme, Simon peut comprendre que Jésus l'appelle à extraire l'homme de tous les aspects mortifères non seulement de la mer mais du monde en général matériel et vivant . Le plus surprenant, le plus déstabilisant, c'est que quelque chose s'est passé entre Jésus et ces hommes . La péricope se termine sur ce verset qui nous laisse une fois de plus pantois :

Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. Nous voyons non seulement Simon mais ses associés avec lui, ramener les barques, leur outil de travail , sur le rivage et laissant tout, ils le suivirent !

N'est-ce pas impressionnant ? Ils laissent tout c'est-à-dire leur travail, leurs village , leur famille, leurs différentes attaches et tâches, et ils suivent cet « encore mal connu » ! Il faut croire que Jésus a une puissance étonnante d'attraction, pour que des hommes bien enracinés dans leur milieu de vie laissent tout et se lancent dans une aventure incertaine mais prometteuse sans doute parce que dès cet instant ils sont habités par plus grand, plus puissant, plus dynamisant que tout ce qu'ils ont connu jusqu'à ce jour : le Souffle de l'Esprit qu'ils ne tarderont pas à découvrir en accompagnant Jésus sur les routes de Palestine et que Paul , dans la seconde lecture appelle la grâce :

ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi.

La grâce est une et multiple c'est en même temps la Présence de Dieu qui agit dans l'homme et le fait agir, c'est ce Souffle de l'Esprit qui l'éclaire et le propulse, le dynamise, la grâce comme le dit le terme lui-même, c'est la gratuité de Dieu qui se donne à nous pour nous faire goûter dès ici-bas, si nous le voulons, les bienfaits d'être avec Lui, de vivre sous Son regard, à l'écoute de Sa Parole.. On peut lui attribuer l'éloge qui est fait de la Sagesse dans le Livre des Proverbes et plus encore , car Dieu est tout !

La sagesse, ouvrière de toutes choses, me l'a enseigné. En elle, en effet, il y a un esprit intelligent, saint, unique, multiple, immatériel, actif, pénétrant, sans souillure, infaillible, impassible, aimant le bien, sagace, ne connaissant pas d'obstacle, bienfaisant, bon pour les hommes, immuable, assuré, tranquille, tout-puissant, surveillant tout, pénétrant tous les esprits, les intelligents, les purs et les plus subtils.

(Pr 7)

En s'adressant à Simon, Jésus voit et appelle l’Église entière, celle d'aujourd'hui comme celle d'hier.

Là, aujourd'hui, en cet instant, Jésus me dit , te dit, avance au large, jette le filet de l'écoute, de la compassion, de la fraternité, va vers tes frères, va aussi vers ceux qui te regardent de travers, qui te jugent , qui médisent, se moquent , offre-leur ton cœur, offre-leur la paix qui t'habite !

Va vers les frères touchés par le deuil, la maladie, le chômage, l'épreuve sous ses différentes formes, dis-leur,simplement en les aimant, bien plus que par la parole , qu'ils sont aimés de Dieu !

N'oublie pas que, pour faire œuvre divine, tu dois te délester « laissant tout » oui tudois te délester de ce qui t'encombre, tes prétentions, ton savoir faire, ton savoir sous quelque forme que ce soit, te délester pour devenir une oreille qui écoute, un cœur qui aime, un regard qui donne confiance, qui permet à l'autre d'exister, de se sentir reconnu !

Es-tu prêt(e) à renoncer pour te rendre libre, pleinement libre, à la manière de Jésus , donc à Le suivre , Lui, partout où Il te fait signe d'avancer, de jeter le filet !

C'est à chacun(e) de répondre !

Si le Père vous appelle


Si le Père vous appelle à aimer comme il vous aime
Dans le feu de son esprit, bienheureux êtes-vous
Si le monde vous appelle à lui rendre une espérance
À lui dire son salut, bienheureux êtes-vous
Si l'Église vous appelle à peiner pour le Royaume
Aux travaux de la moisson, bienheureux êtes-vous

Tressaillez de joie, tressaillez de joie
Car vos noms sont inscrits pour toujours dans les cieux
Tressaillez de joie, tressaillez de joie
Car vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu

Si le père vous appelle, à quitter toute richesse
Pour ne suivre que son fils, bienheureux êtes-vous
Si le monde vous appelle à lutter contre la haine
Pour la quête de la paix, bienheureux êtes-vous
Si l'Église vous appelle à tenir dans la prière
Au service des pécheurs, bienheureux êtes-vous

Si le père vous appelle à montrer qu'il est tendresse
À donner le pain vivant, bienheureux êtes-vous
Si le monde vous appelle
au combat pour la justice
Au refus d'être violents, bienheureux êtes-vous
Si l'Église vous appelle
à l'amour de tous les hommes
Au respect du plus petit, bienheureux êtes-vous

Paroliers : Jacques Berthier / Didier Rimaud


La plupart des illustrations sont la propriété de Bernadette LOPEZ artiste peintre Suisse


L'Ermite

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