dimanche 28 octobre 2018

HEUREUX !

C'EST LA FÊTE DE LA TOUSSAINT


En ce temps-là,
    voyant les foules, Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
    Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
    « Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
    Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
    Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
    Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
    Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
    Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
    Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! » 



  Il vient en chantant,
le peuple des sauvés;
immense fresque de joie,
amour aux cent visages
qui forment ensemble,
dans la lumière,
la seule icône de gloire:
Jésus Christ !

TRÈS BELLE FÊTE DE LA TOUS SAINTS !


L'Ermite

vendredi 26 octobre 2018

QUE VEUX-TU QUE JE FASSE POUR TOI ?

 XXX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B
(Mc 10, 46b-52)




 Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse,le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth ,il se mit à crier:«Fils de David, Jésus, prends pitié de moi!» 
 Chez Marc, ce récit de Bartimée se trouve juste avant l'entrée messianique de Jésus à Jérusalem. Ce temps fort de la vie de Jésus qui ouvre la Passion et au moment duquel Jésus est acclamé : «  Un grand nombre étendirent leurs manteaux sur le chemin; d'autres, des branchages, qu'ils avaient coupés dans les champs. Et ceux qui allaient devant et ceux qui suivaient criaient : " Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le règne de notre père David ! Hosanna au plus haut des cieux ! " (Marc 11) 
 
Une foule nombreuse accompagne Jésus, qui entend soudain, un homme nommé Bartimée , qui L'interpelle étrangement sous le vocable de « Fils de David » ! Cet homme a sûrement entendu parler de Jésus le Nazaréen que certains considèrent comme le Messie espéré et attendu. L'appeler Fils de David, c'est l'inscrire dans la lignée royale davidique et exprimer l'attente de tout un peuple ! Celle d'un Roi puissant qui changera l'ordre des choses. Cet homme n'a pas tout à fait tort mais, cette dénomination reste incomplète, Jésus est bien plus grand que David et que le roi que certains ont envie de voir en Lui, Il est surtout très différent, Il est ce Verbe incarné qui vient avec douceur et humilité pour révéler « le Dieu plein d'amour et de tendresse » qu'est le Père éternel ! !

Les cris de cet aveugle dérangent la foule qui tente de lui imposer silence. N'est-ce pas
trop souvent notre mode de fonctionnement ? Le pauvre, la personne de la rue, le mendiant , nous dérangent et nous sommes tentés de fermer les yeux pour ne pas voir ou de les renvoyer, parfois avec rudesse. N'oublions-nous pas très souvent, trop souvent, que
le Pauvre , c'est Jésus qui nous demande un simple verre d'eau, un regard de compassion, un peu de considération ? Très souvent, devant notre attitude, le Pauvre, baisse son regard, se replie et continue d'espérer. 
  
Ici l'homme ne se décourage pas et crie plus fort qu'eux tous :Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire,mais il criait de plus belle:«Fils de David, prends pitié de moi!» Si la foule le rabroue Il fait confiance « au Fils de David » il sait, à sa façon, bien limitée, qu'Il vient pour changer l'ordre des choses, Bartimée ne craint donc pas d'insister, de vociférer, pour attirer l'attention de Celui qu'il inscrit dans la lignée de David. 
 
Alors ,Jésus s’arrête ; oui, Jésus , Jésus , par cet arrêt le prend en considération, Il l'a vu et entendu, cette manière de se comporter « renverse » la foule, elle fait autorité d'autant que Jésus précise :«Appelez-le.» Appeler quelqu'un c'est , en soi, une reconnaissance, c'est lui offrir toute son attention, c'est le distinguer dans un ensemble, lui donner d'exister parmi d'autres, ici dans une foule qu'il dérange par sa présence et par ses cris. Lui, qui n'a d'autre place que celle offerte par la rue, qui n'a d'autre avoir, que celui de la pitié, voilà que le Fils de David demande qu'on l'appelle, c'est inimaginable ! Et ce qui est encore plus surprenant, n'est-ce pas le retournement de cette foule ? Il y a un instant elle bâillonnait pour ainsi dire cet homme, le traitait comme moins que rien, le déconsidérait et une parole « d'autorité » pourtant simple, sans moralisation, sans reproche, la retourne « comme une crêpe » puisqu'elle devient capable d'inviter à la confiance !

Tout grand prêtre est pris parmi les hommes ;
il est établi pour intervenir en faveur des hommes...
 Il est capable de compréhension
envers ceux qui commettent des fautes 
par ignorance ou par égarement,....
Il en est bien ainsi pour le Christ :
il ne s’est pas donné à lui-même
la gloire de devenir grand prêtre ;
il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit :
Tu es mon Fils,

On (la foule !) appelle donc l’aveugle, et on lui dit:«Confiance, lève-toi;il t’appelle.Confiance (tu as raison de croire en Lui, Jésus), résurrection (lève-toi) appel (distinction), le ton change, le contenu aussi ! C'est fulgurant ! Il suffit que quelqu'un, ici Jésus ,exprime de l'intérêt pour cette personne, et la foule bascule ! Chers amis ce basculement est aussi un appel pour chacun de nous, pour les disciples de Jésus que nous sommes devenus par le baptême ! C'est ce qui devrait se passer quasi automatiquement en présence d'un vrai chrétien. Qu'est-ce qu'un vrai chrétien me direz-vous ? Ne jouons pas sur les mots, le vrai chrétien, c'est celui qui jour après jour essaie de mettre ses pas dans ceux de Jésus, humblement, petitement, mais fermement et qui jour après jour reconnaît ses erreurs, ses faux pas et redresse le tir pour s'ajuster au plus près à la Parole de Jésus .
 
Le vrai chrétien, c'est ce père de famille qui, inquiet pour l'avenir de son fils qui semble mal dans sa peau, traîne ses études comme un boulet de canon , ce père, qui après l'avoir proposé à ce fils de 20 ans, téléphone dans une abbaye où il demande à être accueilli pour une retraite personnalisée, « père-fils » pendant une semaine.

Chaque jour, un moine les reçoit individuellement, une heure le matin et une heure l'après-midi et au terme, père et fils tombent dans les bras l'un de l'autre, le père demande pardon à son fils pour ce qu'il n'a pas compris, n'a pas su voir, le fils accueille , il n'est pas en mesure de demander pardon, trop immature encore mais il reprend ses études et les poursuit ! Le contenu reste confidentiel l'Esprit a agi dans le secret comme Il sait si bien le faire ! Il ne s'agit pas d'imiter, mais d'entendre ce que l'Esprit nous souffle et de répondre présent ! À chacun sa grâce, à chacun son appel.

La foule ne s'excuse pas, elle obéit simplement à la demande de Jésus, elle appelle cet homme en souffrance, son ton a changé, elle l'invite à la « confiance », le terme est fort ici, elle lui demande de se lever, Bartimée n'attend pas qu'on le lui dise deux fois, d'un bond il court vers Jésus en se débarrassant de ce manteau qui tout en le couvrant l'entrave : L’aveugle jeta son manteau,bondit et courut vers !  

L'aveugle court, il ne voit pas mais son ouïe lui permet de s'orienter vers le Verbe de Dieu, il se dirige vers cette « voix » qui détient les paroles de la vie éternelle alors :Jésus.Prenant la parole, Jésus lui dit:«Que veux-tu que je fasse pour toi?»Encore et toujours,Jésus respecte la Liberté de cet homme, Jésus n'intervient que là où nous lui en donnons l'autorisation. N'ayons pas peur de dire à Jésus ce dont nous avons un cruel besoin, c'est exceptionnel qu'Il devance notre attente, Jésus ne s'impose pas, Il se propose. C'est donc à chacun de nous, Agathe, Paul, Ludivine....qu'est posée la question : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Exprimons simplement nos attentes à Jésus dans une prière confiante, soyons certains qu'Il répondra dans la mesure ou notre désir s'inscrit dans la volonté du Père. Ici Il demande à cet homme d'exprimer devant tous, son attente, et Bartimée ne minaude pas, il ne se fait pas prier, dans un élan du cœur L’aveugle lui dit«Rabbouni, que je retrouve la vue!» Pas de périphrase, l'aveugle va droit au but, retrouver ou trouver la vue est important, c'est vital pour lui, il pourra prendre sa vie en main, il ne mendiera plus et la grâce des grâces , il verra « ce Fils de David » dont il a imploré la pitié !

Voici que je les fais revenir du pays du nord,
que je les rassemble des confins de la terre ;
parmi eux, tous ensemble, l’aveugle et le boiteux,
la femme enceinte et la jeune accouchée :
c’est une grande assemblée qui revient.

    Ils avancent dans les pleurs et les supplications,
je les mène, je les conduis vers les cours d’eau
par un droit chemin où ils ne trébucheront pas.
Car je suis un père pour Israël,
Éphraïm est mon fils aîné.
Jérémie dans la première lecture

Et voilà que se réalise cette prophétie :

Et Jésus lui dit:«Va, ta foi t’a sauvé.»Jésus ne dit pas « sois guéri » Il ne se situe pas au niveau d'un bien-être physique mais au niveau du bien-être du cœur ! Tu as cru , tu clamais haut et fort ta confiance , c'est sur ce plan que je te rejoins ,ce n'est pas moi c'est toi qui permets à « la grâce » ce don gratuit du Père, de circuler en toi. C'est ta confiance, ta foi qui te tire de l'abîme des morts et te donne d'exister parmi les vivants !

Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !
(Ps 125, 3)

Bartimée peut s'associer au chant d'action de grâce du psalmiste, avec lui il peut se réjouir, il peut faire la fête et danser sa joie comme David devant l'Arche du Seigneur !

Aussitôt l’homme retrouva la vue,et il suivait Jésus sur le chemin.Et quel chemin ! Jésus, ne l'oublions pas est en route pour Jérusalem, Il avance vers Son Heure, celle pour laquelle Il a partiellement quitté le sein du Père pour clamer, Lui aussi, la folie d'amour de ce Père, tendre et miséricordieux ! Jésus est en marche et Bartimée emboîte le pas! Et nous ? 

Seigneur, je voudrais être de ceux qui risquent leur vie

Qui donnent leur vie.
A quoi bon la vie si ce n'est pour la donner.
Seigneur, vous qui êtes né au hasard d'un voyage
Et êtes mort comme un malfaiteur,
Après avoir couru sans argent toutes les routes,
Tirez-moi de mon égoïsme et de mon confort.
Que, marqué de votre Croix, je n'aie pas peur de la vie rude
rendez-moi disponible pour la belle aventure où vous m'appelez.
J'ai à engager ma vie, Jésus, sur votre Parole.
J'ai à jouer ma vie, Jésus, sur votre Amour.
Les autres peuvent bien être sages;Vous m'avez dit qu'il fallait être fou.
D'autres croient à l'ordre;Vous m'avez dit de croire à l'amour.
D'autres pensent qu'il faut conserver;Vous m'avez dit qu'il faut donner.
D'autres s'installent;Vous m'avez dit de marcher
Et d'être prêt à la joie et à la souffrance,
Aux échecs et aux réussites,
De ne pas mettre ma confiance en moi, Mais en vous,
de jouer le jeu chrétien sans me soucier des conséquences;
Et finalement de risquer ma vie en comptant sur votre Amour.
Seigneur, délivrez-moi de moi-même.
Donnez-moi Seigneur une âme accueillante
Un cœur ouvert, une main toujours prête à l'amitié,
Une âme prête à recevoir de vos mains souffrances et Joies
Une âme qu'aucun bouleversement n'effraie Qu'aucun appel ne surprend
Et qui soit prête à s'envoler vers Vous au jour où vous voudrez bien l'appeler
En votre béatitude.
Amen ! Alléluia !

Abbé JOLY
Le beau risque de la Foi 


 
L'Ermite

vendredi 19 octobre 2018

AU PLUS PRES DE JESUS !

 XXIX e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B
Mc 10, 35-45)
«  Saint Marc n’a rien caché des ambitions et des querelles au sein du groupe des Douze et des malentendus entre eux et Jésus. Ce qui d’ailleurs plaide en faveur du caractère authentique de son Évangile, et en faveur de l’humilité des apôtres, puisqu’ils n’ont pas censuré les passages où ils donnaient d’eux-mêmes une image peu glorieuse. Il leur a fallu beaucoup de temps pour découvrir qui était Jésus et pour accepter de le suivre sur les chemins de sa mission de Messie-Serviteur et non pas se servir de lui dans leur campagne électorale, et l’amener à se soumettre à leurs projets. Ils ont l’honnêteté de montrer en quoi ils ont manqué de courage, de lucidité, et comment ils se sont trompés au sujet de leur maître et même parfois l’ont abandonné ou trahi.
A l’occasion du Concile Vatican II, après des siècles de chrétienté, l’Église a reconnu que sa mission universelle reçue du Christ a pu la conduire au cours des siècles à des pratiques parfois violentes de pression sur les consciences, de domination culturelle, d’obligation de rites et de rubriques pour tous, de gouvernance dictatoriale. Dans leurs manières de vivre et de célébrer ensemble, les communautés chrétiennes de tous temps, elles aussi, n’ont pas été et ne sont pas encore exemptes de rivalités, de recherches de pouvoir et de grandeur semblables à celles que manifestent Jacques et Jean dans l’Évangile de Marc. Tout cela nous invite à nous laisser remettre en cause à chaque instant par l’Évangile que nous proclamons, car nous ne sommes pas meilleurs que nos Pères. La réponse de Jésus à la demande des deux apôtres nous interpelle encore aujourd’hui P. M. Scouarnec »

En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent :« Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » 
En accueillant ce verset, je suis reportée bien des années en arrière, quand, tout enfant, je souhaitais obtenir quelque chose de maman, et qu'il me semblait que « ce n'était pas gagné »! Nos deux apôtres, ne sont-ils pas puérils en présentant de la sorte leur requête  au Maître ? Voilà une façon bien enfantine de se comporter qui, chez des adultes, s'apparente à de la manipulation.

A nous de faire très attention à la façon dont nous exposons nos désirs, veillons à respecter la liberté de nos interlocuteurs, c'est à eux de juger, et à eux seuls de l'opportunité de répondre positivement ou non à nos requêtes! Jésus n'est pas dupe, Il ne s'engage pas sans connaître de quoi il s'agit.

Il leur dit :« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Avant de s'engager Jésus invite Ses deux disciples à préciser leur attente . Jésus, n'est pas pour rien la Sagesse éternelle du Père ! Quant aux fils de Zébédée, « ils persistent et signent », dirions-nous aujourd'hui. Ils aiment Jésus, ils apprécient Son enseignement, Sa proximité au quotidien et souhaitent vivre de ce bonheur pour l'éternité. Avouons que semblable demande, si elle révèle une certaine naïveté, voire de l'ambition, n'est pas dépourvue de bons sentiments, seule, la précision « de la place de choix revendiquée », nous permet de tiquer !

Ils lui répondirent :« Donne-nous de siéger,l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,dans ta gloire. » Sous entendu, là nous serons bien ! Peut-être voient-ils la glorification de Jésus comme le développement de Son passage sur terre ! Ce qui est partiellement vrai,. Jacques et Jean ne tarderont pas à l'apprendre : la Gloire est l'épanouissement d'une vie donnée, où Lui, Jésus, accomplit avec minutie la volonté du Père et cela jusqu'à l'extrême de L'amour , jusqu'au don extrême de sa vie sur l'ignominie de la croix, ils ne vont pas tarder à le découvrir. 
 
Jésus leur dit :« Vous ne savez pas ce que vous demandez.Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire,être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Comprennent-ils la profondeur de la question de Jésus ? Comprennent-ils que le disciple n'est pas plus grand que son Maître «  Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : Le serviteur n'est
pas plus grand que son maître. Si l'on m'a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si l'on a observé ma parole, on observera aussi la vôtre. (Jean 15) » Ils lui dirent :« Nous le pouvons. » 

Ne sont-ils pas présomptueux ? Ils ne semblent pas avoir compris que, par eux-mêmes, ils ne sont rien sans la force de l'Esprit qui leur sera envoyé quand Jésus remontera vers le Père. Jacques et Jean se situent ici au niveau terre à terre de leur désir, de ce compagnonnage que leur offre Jésus, mais que viennent les épreuves alors, quelle sera leur conduite ? A l'exception de Jean tous prennent la fuite au moment de la Passion, Jésus sait bien qu'Il leur demande et leur demandera beaucoup , ici, les disciples sont encore dans l'euphorie de la rencontre avec ce Maître incomparable, comme chacun de nous l'est aux moments des grands événements qui jalonnent une vie: baptême, pour ceux qui le reçoivent adultes, communion, confirmation, mariage, entrée dans les ordres .. ; Mais que viennent les difficultés, les trahisons de toutes sortes, comment réagissons-nous à ces moments de doute ?

Et Jésus développe Sa pensée :
« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche,ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. » Il ne les trompe pas ! Et le message passe puisque Jean, dans sa première lettre deviendra capable d'écrire :

« Et voici par quoi nous savons que nous le connaissons: si nous gardons ses commandements. Celui qui dit le connaître et ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n'est point en lui. Mais celui qui garde sa parole, c'est en lui véritablement que l'amour de Dieu est parfait; par là nous connaissons que nous sommes en lui. Celui qui dit demeurer en lui doit lui aussi marcher comme il a marché lui-même. (1Jean 2) 
Et comment a-t-Il marché ce Jésus à qui plus jeunes, les fils du tonnerre (Jacques et Jean) demandent une telle faveur ? Isaïe nous en brosse un tableau difficile à imiter, et c'est à boire cette coupe que Jésus les invite :
Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera.Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes.  

Voilà le chemin que les apôtres et, après eux, tout vrai disciple doit emprunter pour être un véritable ami de Jésus ! Boire à « la coupe de Jésus » c'est en premier lieu se laisser purifier par l'amour d'un Dieu qui nous désire resplendissants de sainteté ! Or, la purification passe forcément par la souffrance , c'est Luc qui écrit dans les Actes, à propos des difficultés rencontrées par Paul et Barnabé :
Quand ils eurent évangélisé cette ville ( Paul et Barnabé) et fait un assez grand nombre de disciples, ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche, affermissant l'âme des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi et (disant) que c'est par beaucoup de tribulations qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. Après leur avoir établi des Anciens dans chaque église par imposition des mains, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru. (Actes 14)

C'est aussi , avec Jésus, entrer dans la compassion en partageant et portant la souffrance de nos frères en humanité, selon notre grâce propre , car c'est cela alléger, avec Jésus, le fardeau de nos frères !

Il y a Jacques et Jean mais il y a les dix autres ! Ils ont entendu la demande audacieuse de leurs frères , cela ne leur plaît pas du tout : Les dix autres, qui avaient entendu,se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Au fond, ils ne sont pas meilleurs, au lieu de tenter de comprendre , d' éclairer leurs frères , ils laissent leur colère exprimer les passions qui les troublent et Jésus n'a pas besoin de les interroger pour discerner ce qui les habite, leur réaction les dévoile, Jésus les appelle et enchaîne immédiatement Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez :ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ;les grands leur font sentir leur pouvoir.Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi.Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.Celui qui veut être
parmi vous le premier sera l’esclave de tous :car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,mais pour servir,et donner sa vie en rançon pour la multitude. »  

Jésus révèle aux dix qu'ils sont habités par d'autres passions pas plus louables que celles de Jacques et de Jean. Dans l'ordre évangélique pour « être grand, il faut être infiniment petit » et Jésus sait parfaitement de quoi Il parle Lui «  qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix. C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père. (Philippiens 2) 

 Lui, Jésus, le Fils bien-aimé, l'égal du Père s'est fait infiniment petit pour s'approcher de l'humanité et lui permettre de se laisser approcher, de se laisser aimer. Lui, Jésus, l'égal du Père se mettra à genoux aux pieds de Ses apôtres pour les leur laver ; en précisant « c'est un exemple que je vous donne » ce qui laisse entendre qu'il leur revient d'en chercher et de trouver bien d'autres façons humbles et désintéressées de se mettre au service de leurs frères pour que ceux-ci comprennent que seul l'Amour sauve le monde ! C'est aussi ce que souligne la seconde lecture de notre liturgie :
« en Jésus, le Fils de Dieu,nous avons le grand prêtre par excellence,celui qui a traversé les cieux ;tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. » 
Pour s'approcher du Trône de la grâce, ou de la Gloire réclamée par Jacques et Jean, il nous faut apprendre nous aussi à servir nos frères avec Amour de façon désintéressée et en payer le prix ! 


« Père, c'est à Toi que je m'adresse ce soir avec une confiance tranquille et paisible. Ton Fils m'a appris que Tu étais mon Père... Je viens donc simplement Te dire que je suis Ton enfant, et je Te le dis sérieusement, et pourtant avec l’envie de rire et de chanter, tellement c'est beau d’être Ton fils ; mais, c'est aussi sérieux, car Tu m'as tellement aimé, et moi si peu ! Père, fais de moi ce que Tu veux. Ta volonté, je le sais, elle est que je devienne semblable à ton Unique, le frère aîné qui m'a appris ton Nom : que je marche sur le même chemin. Je n'ai point de force pour cela, mais j’ai la Tienne... Père, me voici : travaille en moi, taille et coupe, je ne Te ferai jamais l'injure d'avoir peur ou de croire que Tu m’oublies ; et si je trouve la croix très lourde, je pourrai du moins Te répéter inlassablement que je crois à ton Amour et que j’accepte Ta volonté.je sais, Père, je n'ai jamais fini de Te faire de la peine, mais Tu ne finiras jamais de me pardonner. Quant à l'amour, je serai toujours battu ; non pourtant, car Tu me donneras le Tien. Tu me donneras ton Amour, ton Fils en qui je pourrai tout. Ainsi soit-il. » P. Lyonnet prêtre Jésuite

et la conclusion d'une autre prière du même prêtre :

Tu ne pourras empêcher que partout où Tu m’enverras, joyeux et désolé, malade ou bien portant, comblé ou humilié, l’Esprit en moi ne clame vers Toi, véhément, appelant ton Amour impérieusement, pour mes frères les hommes qui ne savent pas que Tu es Père. Ô Père, voici ma vie, mais donne-moi mes frères, que je Te les rende. Amen. » 
 
N'avons-nous pas là une belle conclusion pour la journée des missions ?


L'Ermite

vendredi 12 octobre 2018

ASSURANCE-VIE-ETERNELLE !

 XXVIII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B
(Mc 10, 17-30)


 Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda :« Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit :« Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :

Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère. »

Ce jeune homme a-t-il été troublé par la première partie de la réponse de Jésus ? Il ne semble pas , la suite le montrera ! Quant à nous, peut-être pouvons-nous discerner une subtilité qui pourrait inviter l'entourage immédiat à la réflexion ! Dieu seul est bon, dit Jésus ; soit, Jésus use d'un stratagème pour voiler Sa divinité, soit, au contraire Il la dévoile tout en finesse avec, en toile de fond, cette pensée, comme Il le dira ailleurs :comprenne qui pourra ! Souligner que « Jésus est bon » n'est-ce pas en effet l'identifier comme l'égal de Dieu ? Jésus « les plante-là » si j'ose dire, libre à eux de réfléchir et poursuit, en rappelant ce que Dieu attend de tout bon israélite depuis Sa manifestation au Sinaï , ce que tout croyant est sensé connaître !

 L’homme répondit :« Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. » C'est donc le cas, ce jeune homme est un observant, il est en quête d'un plus ! Cette observance, même rigoureuse, ne le comble pas, il désire aller plus loin , ceci plaît à Jésus, qui « posa son regard sur lui, et il l’aima » Jésus, touché par cette générosité le regarde d' un amour intense et lui propose une plongée dans l'absolu de la confiance en Dieu, la remise totale de soi dans les mains de cet Autre qui prendra soin de lui s'il ne compte que sur Lui, ce Dieu de Bonté et de tendresse, un dépouillement qui fera de cette homme embarrassé et alourdi par sa richesse, un être libre, totalement libre pour aimer ! Jésus lui dit :« Une seule chose te manque :va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ;alors tu auras un trésor au ciel.Puis viens, suis-moi. »Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste,car il avait de grands biens.

Jésus donne à ce jeune homme les clefs du bonheur, Il lui propose de se délester l'assurant que tout ce qu'il distribuera aux pauvres lui constituera un trésor inestimable dans le ciel ! Jésus l'invite, non seulement à donner ses richesses mais Il lui fait l'immense honneur de l'inviter à Sa suite ! D'abandonner l' AVOIR pour l 'ÊTRE, à Sa suite. Hélas , ce jeune est « envoûté » par ses biens , matériels sans doute, mais peut-être davantage par sa position sociale et tout ce qu'elle lui apporte d'éphémère mais il n' est pas conscient de cela, aveuglé par l'immédiat . Venu joyeux , le voilà déstabilisé et attristé et il tourne les talons , vieilli par sa tristesse.
 
La crise des vocations actuelle, n'a pas d'autre fondement ! Nous avons tout, et cela très facilement , trop facilement, les parents sont aux petits soins pour leurs enfants, ils répondent aux plus infimes besoins, or, suivre Jésus induit un total renoncement, une totale remise de soi , une foi, comme le dira Jésus, à déplacer les montagnes, peu sont prêts à vivre cet absolu .
Dieu ne cesse d'appeler, soyons-en certains, mais dans le monde actuel seule une générosité héroïque peut permettre de faire ce pas ou une expérience spirituelle bien précise qui permette de goûter la véritable liberté qu'apporte un total dépouillement, et une éducation à et de l'effort !. Prier pour les vocations aujourd'hui ne serait-ce pas prier pour demander la générosité de répondre à la voix discrète du Seigneur ? Prier pour que les parents et les éducateurs donnent le goût de l'effort à nos jeunes et moins jeunes ?

Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples :« Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »Jésus, le Verbe Incarné est touché, peiné , par la réaction de ce jeune homme qui met son espérance dans du matériel et Il ne le cache pas !Il n'hésite pas à faire une remarque qui devrait nous conduire tous à une sérieuse réflexion au regard de l'importance que nous attachons aux biens que nous accumulons tout au long de nos vies!Ne dira-t-Il pas ailleurs : «  Que sert à un homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme ? » Nous le savons bien , ce que nous appelons « nos biens » non seulement ne nous suivront pas, mais déclencheront bien souvent, des tiraillements au sein de la famille ! Mettons nos valeurs à leur juste place , et nos enfants, en nous regardant apprendront à faire de même ! Je remercie vraiment mes parents de m'avoir indiquer la route de la simplicité, et de la gratuité.

A la remarque de Jésus, les disciples sont déstabilisés au point que Jésus n'hésite pas à enfoncer le clou, toutefois , devant leur trouble Jésus leur livre la clef de ce difficile dilemme, à savoir la confiance en Celui de qui nous vient tout bien  : Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.Jésus reprenant la parole leur dit:« Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés,les disciples se demandaient entre eux :« Mais alors, qui peut être sauvé ? »    Jésus les regarde et dit:« Pour les hommes, c’est impossible,mais pas pour Dieu ;car tout est possible à Dieu. » Voilà la clef qui ouvre grand les portes du Royaume : vivre au maximum de nos possibilités en nous abandonnant totalement dans les mains aimantes de Notre Père qui est aux cieux ! Il n'y a pas d'autre chemin. Dieu est Amour, JAMAIS Il n'abandonnera le fils qui Lui fait confiance ! 
 
J'ai porté la communion, cet après-midi, à une dame récemment arrivée dans le coin et qui a énormément souffert, elle était rejetée par son entourage, rabaissée, écrasée. Comme j'exprimais ma joie d'avoir trouvé le chemin de son habitation sans difficulté ( sous-entendu je savais bien grâce à qui) cette dame m'a devancée et dit : « dans ces cas-là, il faut demander l'aide du Bon Dieu, Lui ne nous manque jamais ! » Voilà une belle et extraordinaire confiance ! Or, cette dame n'a pas une grande culture religieuse , sa formation s'est arrêtée à la communion solennelle, mais elle a cette intelligence du cœur à cœur avec son Dieu.

Cette « assurance - vie - éternelle » dans la remise inconditionnelle de soi au Père ne suffit pas à Pierre qui s'inquiète et renchérit ; « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Sous entendu « quelle sera notre récompense ? »Matthieu en effet complète la remarque de Pierre par ces mots « alors, qu'est-ce qu'il y aura pour nous ? » (Matthieu 19)  nous sommes bien loin de l'esprit de la première lecture où Salomon ne demande que – et c'est énorme – la Sagesse pour mieux servir :J’ai prié,et le discernement m’a été donné.J’ai supplié,et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ;à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ;je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ;tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable,et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue.Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimée ;je l’ai choisie de préférence à la lumière,parce que sa clarté ne s’éteint pas.Tous les biens me sont venus avec elleet, par ses mains, une richesse incalculable »

 Les apôtres ont encore pas mal de chemin à parcourir pour comprendre qu'être avec Jésus, est en soi leur récompense, être avec Jésus en effet est la récompense suprême pour chacun de nous ! Je ne sais plus qui écrivait : » même si je me suis trompé de voie, même s'il n'y avait pas de Vie après mon parcours terrestre, je ne regretterai pas d'avoir mis mes pas dans ceux de Jésus-Christ, être avec Lui , avoir tout misé sur Sa Parole me comble dès cette terre » 
 
La question de Pierre ne dérange pas Jésus qui répond non sans une pointe d'humour « Amen, je vous le dis :nul n’aura quitté,à cause de moi et de l’Évangile,une maison, des frères, des sœurs,une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »

Qui répond à l'appel de Jésus ne manque pas en effet de pères, de mères, d'enfants, de maisons qui l'accueillent, d'épreuves aussi de toutes sortes et il sait qu'au terme, Jésus lui ouvrira largement Ses bras s'il a été fidèle. Nous devons apprendre à vivre et à penser dans un esprit d'absolue gratuité ! Tout est reçu, parce que TOUT EST DON du Père. Cette Vie
éternelle ne se gagne pas, ne s'achète pas, elle se reçoit comme un cadeau de l'Amour ? Voilà ce que Jésus veut nous faire comprendre aujourd'hui, plus nous vivons et vivront de Lui, pour Lui, en Lui, plus nous nous approchons de l'illumination. Le but n'est pas d'occuper telle ou telle place, le but n'est pas d'être bien vu, bien perçu, le but c'est de trouver notre bonheur en devenant ce que nous sommes par grâce ! Ni AVOIR, NI FAIRE mais ETRE pleinement fils comme le Fils Bien Aimé nous en montre la route  et , pour nous y aider, nous avons les sacrements et la Parole de Dieu!

elle est vivante, la parole de Dieu,
énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ;
elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit,
des jointures et des moelles ;
elle juge des intentions et des pensées du cœur.
    Pas une créature n’échappe à ses yeux,
tout est nu devant elle, soumis à son regard ;
nous aurons à lui rendre des comptes.
He 4

R/ Rassasie-nous de ton amour, Seigneur :
nous serons dans la joie.
(cf. Ps 89, 14)

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.


Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous connaissions le malheur.


Fais connaître ton œuvre à tes serviteurs
     et ta splendeur à leurs fils.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l’ouvrage de nos mains.


L'Ermite

vendredi 5 octobre 2018

AIMONS !

 XXVII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

ANNÉE B
Mc 10, 2-16)




Car tout homme sera salé au feu. C'est une bonne chose que le sel ; mais si le sel cesse d'être du sel, avec quoi allez-vous lui rendre sa force ? Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. » (Marc 9)

Ce verset que l’Église n'a pas retenu sans doute parce qu'à lui seul, il suppose une longue méditation , conclut le chapitre neuf de Saint Marc. Je tiens à le souligner sans toutefois m'y attarder, pour noter, seulement, l'importance de la remarque de Jésus  et de Son injonction : « Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. » Ne parle-t-on pas du sel de la sagesse ? La péricope qui suit réclame en effet une insondable sagesse pour ne pas se laisser enfermer dans la problématique soulevée par les Pharisiens !

 des pharisiens abordèrent Jésus
et,
pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

Les pharisiens, pourtant, n'ignorent pas l’Écriture sainte, ils sont donc sensés connaître ce que nous rapporte la première lecture à propos des origines :l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme,et tous deux ne feront plus qu’un. Dès le récit de la Genèse, Dieu Créateur veut cette Alliance sacrée de l'homme et de la femme au point de la traduire sur le modèle Trinitaire. En effet , si Dieu est Un en trois personnes, le couple est Un en deux personnes, dans l'Esprit créateur ils deviennent donc indissociables.
Dans une première approche, Jésus, comme Il le fait souvent, ne répond pas directement à la question, Il se contente d'évoquer Moïse et d'inviter les Pharisiens à engager une parole : Jésus leur répondit :« Que vous a prescrit Moïse ? » La loi de Moïse est incontournable à l'époque , Jésus le sait et veut les sonder comme eux-mêmes cherchent à le faire pour savoir, sans doute, s' Il connaît , Lui, Jésus , les subtilités de cette loi.
 
Ils lui dirent :« Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus avance pas à pas, pour tenter d'ouvrir leurs yeux d'aveugles-nés : Jésus répliqua :« C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Si Moïse a agi de la sorte, ce n'est pas en raison de sa conviction personnelle mais pour clarifier et statuer sur un constat d'échec, conséquence, du péché ! 
 
Hier, comme aujourd'hui, des lois sont édictées pour pallier à une carence ! Et Jésus va les entraîner plus loin dans le temps, plus haut dans la conception initiale de la cellule familiale originelle : Mais, au commencement de la création,Dieu les fit homme et femme.À cause de cela,l’homme quittera son père et sa mère,il s’attachera à sa femme,et tous deux deviendront une seule chair.Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.Donc, ce que Dieu a uni,que l’homme ne le sépare pas ! » Voilà, le vrai, le beau, l'unique projet de Dieu . Comme je le disais au départ, si le couple humain est à l'image et ressemblance de Dieu il est indivisible, indissoluble. Dieu, qui n'a pas, Lui, de commencement est UN en Trois personnes pour l'éternité et son fonctionnement le montre parfaitement puisque Jésus dit et répète : je ne fais rien que je ne voie faire par le Père ! Je fais toujours ce que le Père Me demande ! Le Père et moi nous sommes UN .le Père est en moi, et moi dans le Père. » Dieu nourrit cette même ambition pour l'union de l'homme et de la femme ! 
 
De plus, la question des Pharisiens , laisse percevoir une main mise de l'homme sur la femme, car c'est l'homme qui renvoie, il n'est pas question de réciproque.
En Dieu les Trois Personnes sont égales , dans le couple, présenté par les Pharisiens l'homme exerce l'autorité et a droit de vie et de mort sur son épouse, elle devient une chose qu'on peut prendre et laisser au gré sinon de ses humeurs, du moins de ses critères d'évaluation. Nous sommes loin , très loin du projet initial du Père : « et tous deux ne feront plus qu’un. »

Jésus clos la conversation, il ne va pas plus loin avec les Pharisiens, Il se contente de rappeler la volonté de Dieu qui fait tout son bonheur, par contre, Il doit continuer de former Ses apôtres, de les instruire, de leur donner des éléments justes de discernement , n'est-ce pas à eux qu'Il dira : « allez de toutes les nations faites des disciples » ? Les apôtres doivent transmettre une doctrine saine et juste, aussi , Jésus continue avec eux et
va plus loin : De retour à la maison,les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara :« Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre,elle devient adultère. »
Deux remarques :
  • Jésus note la réciproque. Jésus souligne le cas où le mari renvoie son épouse mais il enchaîne sur le cas où c'est la femme qui renvoie son mari. Il les place sur un pied d'égalité.
  • Jésus ne porte aucun jugement Il insiste, sans le dire, sur l'indissolubilité du mariage et contrevenir à cet état de fait, induit une situation d'adultère.
Ceci clairement défini, nous avons les bases pour l'organisation de la cellule familiale mais nous ne pouvons aucunement juger des situations concrètes. Tant d'éléments entrent en jeu pour qu'il y ait sacrement. Il nous appartient de rester proches de ceux qui sont conduits à de douloureuses séparations et de les encourager à rencontrer, dans nos diocèses, ceux qui sont chargés de ces délicates questions. Bien souvent, il n'y a pas eu mariage, surtout en nos temps où, beaucoup de nos frères et sœurs affichent une immaturité flagrante ! Et n'allons pas dire que l’Église rejette les personnes en situation de séparation, l’Église a toujours accueilli les personnes séparées.J'ai déjà eu l'occasion de le dire, enfant, j'avais souvent une « oreille qui traîne » et, sans en avoir l'air, je m'informais en écoutant les conversations des aînés.Je me souviens de mes parents évoquant le divorce d'un proche qui était accueilli, écouté par un prêtre et qui, à certaines conditions, participait aux assemblées du dimanche. 
 
Certes, il y a eu, et il y a, ici et là de graves maladresses, mais elles sont souvent le fruit d'une mauvaise compréhension, y compris chez des prêtres, le rejet est souvent plus redoutable de la part des chrétiens qui, par manque de formation, éloignent leurs frères en souffrance de la Mère Église en colportant des informations erronées.

J'apprécie particulièrement ce passage du chant d'Assise : ô vous tous gens de la terre qui cheminez si douloureusement, ayez d'abord la charité, aimez-vous les uns les autres... , ne jugez pas, car tel semble damné qui est sauvé peut-être et tel semble sauvé qui est déjà damné ! Vous ne savez pas à qui Dieu tendra la main !( j'ajoute : et les raisons pour lesquelles Dieu tend la main) Aimez et ne jugez pas ! »

Avec Thérèse de l'Enfant Jésus que nous célébrions ces jours derniers, il nous suffit d'aimer et d'aimer pleinement. L'Amour est tout qui est Dieu même dit encore le chant d'Assise ! Dès lors : AIMONS !

Cette séquence de l’Évangile se termine, merci Seigneur, sur un rayon de soleil ! Voilà que des gens ont l'excellente idée de présenter des enfants pleins de vie, au Seigneur, hélas un nuage vient assombrir cette lumière, et il vient – n'est-ce pas regrettable ? - des apôtres eux-mêmes ! C'est-à-dire, de ceux qui devraient au contraire, accueillir ces têtes blondes, même bruyantes et remuantes ! Ces enfants, ne sont-ils pas les adultes de demain ? N'ont-ils pas droit eux aussi à s'approcher de Jésus, même quand ils dérangent l'ordre établi ? Heureusement, Jésus leur ouvre Son cœur et les accueille, Il enjoint même aux apôtres, de les laisser s'approcher ,les apôtres n'oublieront pas je pense cette remarque du Seigneur ! D'ailleurs, l’Église n'a-t-elle pas perpétué cette tradition d'accueil : par le baptême le plus tôt possible, par la première communion dès que l'enfant peut comprendre la grandeur de cette démarche ? Notons ici la remarque presque cinglante de Jésus :


    Des gens présentaient à Jésus des enfants
pour qu’il pose la main sur eux ;
mais les disciples les écartèrent vivement.
    
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
« Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas,

car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.

Le Royaume appartient à ceux qui cultivent en eux les valeurs de l'enfance : confiance, abandon, joie, simplicité, spontanéité, curiosité,(c'est ainsi que l'enfant découvre et apprend) imagination ...

 Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu
à la manière d’un enfant
n’y entre ra pas. »

    Il les embrassait
et les bénissait en leur imposant les mains.

Aïe ! Jésus nous les propose même comme modèle , si nous n'accueillons pas le Royaume avec la simplicité, la confiance d'un enfant, eh bien ? Vous avez bien entendu, vous avez sans nul doute compris NOUS N' EN-TRE-RONS PAS DANS LE ROYAUME ! « Celui qui peut comprendre, qu'il comprenne ! » (Matthieu 19) Demandons à Marie, avec le P. Léonce de GRANDMAISON, de nous donner ce cœur d'enfant pour bien entendre et comprendre le message évangélique :


Sainte Marie, Mère de Dieu,
garde-moi un cœur d’enfant,
pur et transparent comme une source ;
obtiens-moi un cœur simple,
qui ne savoure pas les tristesses ;
un cœur magnifique à se donner,
tendre à la compassion,
un cœur fidèle et généreux
qui n’oublie aucun bienfait
et ne tienne rancune d’aucun mal.
Fais-moi un cœur doux et humble,
aimant sans demander de retour,
joyeux de s’effacer dans un autre cœur
devant ton divin Fils ;
un cœur grand et indomptable,
qu’aucune ingratitude ne ferme,
qu’aucune indifférence ne lasse ;
un cœur tourmenté de la gloire de Jésus-Christ,
blessé de son amour
et dont la plaie ne guérisse qu’au ciel.

L'Ermite