samedi 28 juin 2014

POUR VOUS QUI SUIS-JE ?


DIMANCHE 29 JUIN 2014

Mt 16, 13-19

Solennité des Saints Apôtres Pierre et Paul


LE 29 juin, la liturgie de l’Église nous invite à honorer à la fois Saint Pierre et Saint Paul. Ils sont les deux Princes et piliers de l’Église et la Tradition ne les a jamais fêtés l’un sans l’autre. Pierre était un Galiléen et pécheur, installé à Capharnaüm au bord du lac de Tibériade, c’était un manuel, il savait réparer les filets de pêche et il jetait souvent le filet pour vivre et nourrir les siens. Dans la première lecture nous le voyons prisonnier du Pouvoir politique. Le roi Agrippa maltraite l’Église naissante. Cette Église a expérimenté la force de la prière, aussi demande-t-elle à Dieu, dans sa prière, de libérer ce frère emprisonné. Dieu entend et répond, Pierre retrouve la liberté de façon étonnante, et il poursuit sa mission d’évangélisation.

Paul est un intellectuel, aussi versé dans les Lettres grecques que dans les Écritures rabbiniques, activiste et audacieux Dans la seconde lecture, Paul donne son Testament à son disciple Timothée. Paul est alors en prison à Rome. « Le moment de mon départ est venu », écrit-il, il parle ici de sa mort prochaine. Il dit sa foi à Timothée qui devra continuer la mission d’évangélisation. L’annonce de l’Évangile a été toute sa vie à partir de l’instant où il a rencontré Jésus. Il a conscience que c’est Dieu qui l’a appelé, l’a délivré de ses errances, et lui a donné la force nécessaire pour remplir sa mission.

Tous deux, Pierre et Paul voient leur vie bouleversée par la rencontre personnelle avec le Christ et du jour au lendemain, ils quitteront tout pour suivre Jésus.

Quand Jésus entre dans une vie Il la bouleverse parce qu’Il la place en présence des vraies valeurs, de ce qui est important, juste et vrai. Quand Jésus nous invite à Le suivre il y a forcément, même si l’on est déjà sur la route, comme le sont les disciples d’Emmaüs, un retournement, une conversion aux valeurs évangéliques tellement différentes de celle de notre monde !

 « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »

Cette question, Jésus la pose à chacun de nous aujourd’hui. Dans le silence de notre cœur, nous sommes invités à lui répondre loyalement. Qui est Jésus pour moi ? Quelle place je Lui offre dans ma vie personnelle ? Dans ma vie de famille, de  communauté ? Est-Il à ce point important que je Le consulte sérieusement
avant d’entreprendre une quelconque démarche, d’effectuer  un choix ? Est-ce que je sais Le remercier quand je reconnais Ses passages dans ma vie ? Or c’est à tout instant que Jésus se rend présent, c’est à tout instant qu’Il me manifeste son amour !

«  Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Matthieu 6) ?  Où est mon trésor ? Quel est mon trésor ? Les affaires de ce monde prennent-elles le pas sur la place que j’offre à Jésus dans ma vie ? « Nul ne peut servir deux maîtres: car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse. » (Matthieu 6) Dans l’épreuve, quand c’est plus difficile, quand je suis malmené(e), suis-je capable de Lui dire comme St Pierre que nous fêtons aujourd’hui « à qui irions-nous Seigneur, tu as les Paroles de la vie éternelle ! «  Quand la tentation fait rage, suis-je capable de m’en référer à des écrits comme la lettre aux Hébreux dont l’auteur nous dit : « Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans votre lutte contre le péché. »  (Hébreux  12)

Oui, qui est Jésus pour moi ? Est-Il  premier comme Il le fut pour tant d’hommes et de femmes parvenus à la sainteté ? Ou bien je m’adresse à Lui quand je ne sais plus vers qui me tourner ? Est-Il une simple roue de secours ? Suis-je capable de passer une journée entière sans Lui adresser une parole, un regard d’amour ? Et, quand vient le soir suis – je heureux de m’arrêter quelques instants en sa compagnie, pour Lui exprimer mon merci, pour Lui demander pardon aussi !

Posons-nous sérieusement la question : qui est Jésus pour moi ? Quelle place je lui permets d’avoir dans ma vie ? Quelle parole suis-je capable d’engager devant mes frères pour exprimer ma foi, celle que j’ai reçue en cadeau lors de mon baptême ? La réponse appartient à chacun de nous, et, si nous prenons conscience de notre fragilité, de notre superficialité c’est encore l’occasion de remercier Celui qui nous permet d’être et de devenir, c’est l’occasion de nous reprendre, de Lui dire notre faiblesse et de Lui demander de nous soutenir dans le combat, comme Il a soutenu
Pierre, comme Il a tiré Paul de sa nuit, de sa violence, de sa haine !

 « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux, répond Jésus »

Avec Pierre nous sommes heureux de faire partie de cette Église ! Certes, Elle reste très humaine mais c’est Jésus qui la tient debout ! L’Église ne périra jamais, parce que Jésus la tient debout, parce que Jésus l’anime, parce que Jésus a dit et nous redit : « je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ».N’ayons pas peur ! C’est encore Jésus qui nous le demande dans l’Évangile : » : " Prenez confiance, c'est moi, ne craignez point. "  Et il monta auprès d'eux dans la barque, et le vent tomba.  (Marc  6)

Quand notre barque est ballottée par des vents contraires cultivons la confiance, Jésus ne nous abandonnera pas ! Même si la nuit domine, une lumière se lèvera et c’est la lumière de Jésus : « confiance, c’est Moi » ! Quand la barque-Église
est ballottée par des vents contraires ne craignons pas, Jésus est en son sein. Si des frères nous font mal,  ne rejetons pas tout, nous restons tous de pauvres pécheurs et entendons ce que Jésus disait à Paul en pleine rébellion : « je suis Jésus que tu persécutes » Prions pour ceux qui nous malmènent, prions pour ceux qui font du mal à l’Église, directement, ou indirectement par des contre témoignages. Je reste persuadée que ceux qui nous font du mal, nous font du bien en réalité, et je suis sérieuse en affirmant cela ! Sans le chercher, ils participent à notre purification, ils nous évitent de nous croire arrivés, ils nous ouvrent à des horizons plus larges, plus profonds, ils nous permettent de regarder Jésus durant sa vie et surtout au cours de Sa Passion. « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent,  afin que vous deveniez enfants de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes. »   (Matthieu  5) Voilà ce que nous dit Jésus parmi bien d’autres Paroles ! Pierre, Paul et tant d’autres ont connu la prison pour avoir courageusement annoncé le Nom de Jésus, ce n’est pas notre cas, mais il y a des piqûres d’épingle qui peuvent nous blesser profondément .Que nos seules armes soient la prière et l’amour !


Je ne peux pas terminer sans nous inviter à prier pour tous nos frères qui en cette fête ou dans les jours qui la précèdent ou la suivront seront ordonnés diacres ou prêtres.  Que le Seigneur les bénisse et veille sur chacun de leurs pas. 

l'ermite

samedi 21 juin 2014

IMPENSABLE ! Je suis, tu es LA DEMEURE DE DIEU !

FÊTE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST

Évangile : Jn 6,51-58

IMPENSABLE ! Je suis, tu es la DEMEURE  de Dieu !



Dans cet extrait du chapitre 6 de l’évangile de Saint Jean que nous connaissons comme étant le discours de Jésus sur le Pain de Vie, il est essentiellement question de VIE :
-      Je suis le Pain VIVANT !
-      Celui qui mange de ce Pain VIVRA éternellement
-      Ma Chair donnée pour que le monde ait la VIE
-      Si vous ne mangez pas ma Chair, si vous ne buvez pas mon Sang vous n’aurez pas la VIE en vous
-      Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang a la VIE éternelle
-      De même que le Père qui est VIVANT, m’a envoyé et que moi, je VIS par le Père, de même aussi celui qui me mangera VIVRA par moi
-      Celui qui mange de ce Pain VIVRA éternellement

Jésus prononce ces paroles alors qu’Il vient de nourrir la foule qui Le suivait, Il tente ensuite, de prendre un peu de repos mais les foules le rejoignent et Jésus ne se trompe pas sur leurs intentions :
" En vérité, en vérité je vous le dis, vous me cherchez,  non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains  et que vous avez été rassasiés.
 Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure pour la vie  éternelle, et que le Fils de l'homme vous donnera. Car c'est lui que le Père, Dieu, a  marqué d'un sceau." (Jean  6)
Jésus ne méprise pas les nourritures terrestres puisqu’Il vient de multiplier les pains et les deux poissons offerts par un enfant pour rassasier une foule affamée mais il veut nous aider à comprendre qu’il y a une nourriture supérieure et qu’Il est venu pour celle-là, afin que nous ayons la vie en abondance. Jésus parle de la Vie de Dieu, cette Vie de l’esprit qui nous fait participer, à notre mesure, au don de Dieu Lui-même ! Il en parle en des termes difficiles à admettre sans la foi, en effet, certains de ses disciples trouveront dures les paroles de Jésus :
"Dès ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui," précise Jean
Au point que Jésus demandera à ses apôtres : "Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller?" (Jean  6)
Ce qui lui vaut cette magnifique Profession de Foi de Pierre, au nom des Douze :
"Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la  vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nous avons connu que Tu es le Saint de Dieu."  (Jean 6)
Non seulement Jésus a les Paroles de la VIE éternelle mais Il est cette Vie éternelle : "Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang a la VIE éternelle." En recevant ce don de Dieu, nous accueillons en nous, dès à présent, la VIE éternelle ! parce que la Vie éternelle c’est Jésus Lui-même ! Jésus nous introduit dans cette communion Trinitaire dont nous parlions dimanche dernier. La Vie qu’Il reçoit du Père le VIVANT par excellence, la source de toute Vie, Jésus nous la communique dans et par ce don merveilleux de l’Eucharistie. Il se donne à nous, Il vient demeurer en nous ! Il est important que nous préparions cette demeure afin qu’Il s’y trouve le moins mal possible, je ne dis pas le mieux possible car nous sommes des êtres fragiles, mais Jésus tient compte essentiellement de notre désir d’être à Lui, de Lui appartenir, de Lui être unis, incorporés comme l’écrit Saint Paul dans la seconde lecture de ce jour
« Partager le pain de vie et la coupe du salut, c’est communier au corps du Christ livré pour nous et au sang du Christ, versé pour nous. Cette communion nous incorpore au Christ ressuscité et, par là même, unit tous les chrétiens au Corps du Christ ».
« Qui mange ma chair et boit mon sang » s’applique au réalisme de la vie de Jésus qui nous est offerte et non à la matérialité de la chair et du sang. La chair et le sang désignent la personne vivante de Jésus : « La Parole s’est faite chair et il a habité parmi nous ». Communier au Corps et au Sang du Christ, c’est participer au don que le Père, dans son amour, a fait de son Fils au monde afin que nous vivions par lui. Communier au Corps et au Sang de Jésus c’est s’ouvrir toujours davantage à l’Amour, l’Amour de Dieu, et l’Amour des frères.
« C’est en écoutant sa Parole, en nous nourrissant de son Corps et de son Sang, que le Christ nous fait passer de l’état de multitude à l’état de communauté, de l’anonymat à la communion », disait le pape François dans son homélie pour la Fête-Dieu 2013.
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. »
Là encore, avons-nous conscience qu’en recevant le Corps et le Sang du Christ nous devenons  l’habitation de Dieu, la maison de Dieu et que partout où nous allons, nous portons Dieu ? Mais quelle merveille ! Quelle grâce ! C’est inouï ! Nous sommes transformés en carrosse de Dieu ! Oui, en carrosse de Dieu, nous véhiculons Dieu dans la rue, dans notre maison, au marché, partout où nous passons ! Et, si nous le véhiculons, c’est Lui qui, à travers nous salue, sourit, aime, accueille… C’est infiniment grand, parce que l’infiniment grand ne dédaigne pas la modeste demeure de notre cœur ! Alors comme il est important d’orner la maison de notre cœur par des actes de générosité, de tendresse, des actes porteurs de lumière afin que Dieu se trouve bien dans notre petite mais chaleureuse maison ! 


En somme, l’Eucharistie, c’est Jésus qui s’incarne, en nous, aussi souvent que nous nous approchons de Lui pour le recevoir en nous ! Nous sommes tout à la fois la crèche où grandit Jésus, le Palais où Il demeure, le tabernacle où Il s’expose à notre adoration, le vêtement qui le couvre, le serviteur, la servante qui lui offre bras et jambes pour aller vers les frères n’est-ce pas extraordinaire cela ? Marie a été le premier ostensoir de Dieu, la Première communiante, elle qui a accueilli sa chair en son sein, nous pouvons lui demander de nous accompagner dans cette grâce incommensurable d’être et de devenir des « porteurs de Dieu » Je conclurai justement en passant par Marie, en utilisant la si belle salutation de St François d’Assise à la Mère de Jésus, qui est aussi notre mère puisque du haut de la croix Il nous l’a donnée pour Mère et Nous a confiés à Elle comme ses enfants :


« Salut, Marie, Dame sainte, Reine, Sainte mère de Dieu, vous êtes la Vierge devenue Église ; choisie par le très saint Père du ciel, consacrée par lui comme un temple avec son Fils bien-aimé et l'Esprit Paraclet ; vous en qui fut et demeure toute plénitude de grâce et Celui qui est tout bien. Salut, Palais de Dieu ! Salut, Tabernacle de Dieu ! Salut, Maison de Dieu ! Salut, Vêtement de Dieu ! Salut, Servante de Dieu ! Salut, Mère de Dieu ! Et salut à vous toutes, saintes Vertus, qui, par la grâce et l'illumination de l'Esprit-Saint, êtes versées dans le cœur des fidèles, vous qui, d'infidèles que nous sommes, nous rendez fidèles à Dieu ! Amen. »
Marie, Mère de Dieu !
L'Ermite

samedi 14 juin 2014

DIEU A TANT AIME LE MONDE

FÊTE DE LA SAINTE TRINITÉ



15 JUIN 2014
Évangile : Jn 3,16-18
 Je ne résiste pas à la joie de partager avec vous cette très belle prière qu’Élisabeth de La Trinité, décédée à 26 ans au Carmel de Dijon, adressait à Dieu Père, et Fils et Esprit Saint. 



Ô mon Dieu, Trinité que j'adore,
aidez-moi à m'oublier entièrement
pour m'établir en vous, immobile et paisible,
comme si déjà mon âme était dans l'éternité.
Que rien ne puisse troubler ma paix
ni me faire sortir de vous, ô mon immuable,
mais que chaque minute m'emporte plus loin
dans la profondeur de votre Mystère...

Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel,
votre demeure aimée et le lieu de votre repos;
que je ne vous y laisse jamais seul
mais que je sois là tout entière
tout éveillée en ma foi, tout adorante,
toute livrée à votre action créatrice...

Ô Verbe éternel, Parole de mon Dieu,
je veux passer ma vie à vous écouter,
je veux me faire tout enseignable
afin d'apprendre tout de vous;
puis à travers toutes les nuits, tous les vides,
toutes les impuissances,
je veux vous fixer toujours
et demeurer sous votre grande Lumière...


Ô mon Astre aimé, fascinez-moi
pour que je ne puisse plus sortir
de votre rayonnement...

Élisabeth de la Trinité

Voilà ce qu’une toute jeune femme est capable de dire à son Seigneur et Maître dans le silence de son couvent à 26 ans seulement !

Essayons d’entrer maintenant dans la Liturgie de la Parole de ce jour !

La Trinité c’est la fête de « Dieu UN en trois Personnes » ! Un seul Dieu trois Personnes au service de l’Amour ! Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, l’Esprit Saint est Dieu, la source est UN Dieu qui s’exprime de façon différente et complémentaire en trois Personnes qui n’ont pas d’autre nom que : AMOUR !



« Dieu A TANT AIME le monde qu'IL A DONNE SON FILS UNIQUE » :
Le Père donne Son Fils, son unique Fils « Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en  lui-même; (Jean 5) Et, un peu plus loin, Jésus précisera : « C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont  esprit et vie. (Jean 6) Le Père  a la Vie en Lui, cette Vie Il la communique au Fils dont les Paroles sont Esprit et Vie parce que l’Esprit les vivifie ! Nous sommes en présence des Trois, Père, et Fils et Esprit qui président à notre vie. Quel en est le but ?
« Ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ».
Dieu Père donne Son Fils unique par Amour, pour que nous ayons la vie en
abondance dans le but de nous établir dans la vie éternelle par l’Esprit qui nous vivifie !
C’est tellement grand tellement impensable, tellement puissant, que l’évoquer nous donne le vertige ! Moïse dans la première lecture en est stupéfait, il tombe à terre et se prosterne :
Le Seigneur descendit dans la nuée et vint se placer auprès de Moïse. Il proclama lui-même son nom ; il passa devant Moïse et proclama : « JE SUIS, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de fidélité, Aussitôt Moïse se prosterna jusqu'à terre !
La tendresse, la miséricorde, l’amour, la fidélité, c’est Dieu dès lors qu’avons-nous à craindre ? Si nous écoutons Jésus, son Fils Bien-aimé : « Celui-ci est mon Fils Bien-aimé écoutez-le » si nous sommes  fidèles à son Évangile Dieu ne peut que nous envelopper de sa tendresse, de sa miséricorde, de son amour, de sa fidélité.
Donner son Fils par Amour ! Cela paraît invraisemblable ! Quel père peut donner son fils parce qu’il aime ses semblables ? Est-ce envisageable ? Il faut pour cela aimer à la folie ! Et Dieu nous aime à la folie, pouvons-nous l’imaginer simplement un ersatz de seconde ? Et nous garderions nos distances ? C’est l’Amour qui le guide, c’est par Amour qu’Il a voulu l’Incarnation de son Fils, pour se faire connaître comme Père et Jésus, le Fils, dira : « un Père donnera-t-il un serpent à l’enfant qui lui demande du pain ? » N’ayons pas peur de ce Dieu qui nous aime, permettons-Lui de nous approcher, Il nous comblera ! Lui sait ce qui est bon pour nous, s’Il semble nous refuser quelque chose, ou nous faire attendre c’est que notre cœur n’est pas prêt à recevoir et, plus tard, nous comprendrons le pourquoi de cette attente ! 

Trois fois Saint est notre Dieu ! Saint est le Père, Saint est le Fils, Saint est l’Esprit, amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père. N’oublions pas que nous sommes marqués du SIGNE DE LA SAINTE TRINITÉ et que chaque fois que nous traçons sur nous ce signe, nous louons le Père et le Fils et l’Esprit alors que ce geste soit beau et qu’il ne ressemble pas à un chasse-mouches ! Si je dis cela, c’est qu’il est parfois difficile , pour un incroyant, de comprendre quel geste nous effectuons en rentrant dans une église. Ce fut le cas du P. Loew qui, à 20 ans, ne connaissait que de mauvaises bribes de ce Dieu que les chrétiens rencontraient dans la prière. En repos en Suisse (je passe sur son cheminement) il a voulu en savoir plus, il se refaisait une santé dans un établissement proche d’une abbaye. Un dimanche il est allé voir ce qui se passait, avec l’intention de rencontrer le P. Abbé et comme il ne savait pas trop comment se présenter, il est resté au fond de l’abbatiale et il a observé que les fidèles, en rentrant, plongeaient la main dans
une forme de bassin (le bénitier) et la promenaient  dans tous les sens sur leur poitrine, dans un geste aussi imprécis que possible ! Lorsque il eut obtenu le rendez-vous espéré avec le P. Abbé il est arrivé en se tortillant, (ce voulait être une génuflexion) et en baladant sa main sur sa poitrine de façon aussi désordonnée que ce qu'il avait  compris ! Le P. Abbé fut saisi d’un éclat de rire magistral comprenant d’emblée la méprise, ce fut la première catéchèse qu’il donna à ce jeune qui devint prêtre par la suite, puis prêtre de la mission et enfin fondateur de la congrégation St Pierre et St Paul ! Vous l’avez compris, ce geste caricatural voulait être un signe de croix ! Quand nous effectuons ce signe sur nous-mêmes avons-nous le souci d’honorer la Sainte Trinité et de lui exprimer notre amour ? Et je termine avec les termes de St Paul dans la seconde lecture 


"Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié. Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous."
L'Ermite
                                           

mercredi 4 juin 2014

LA GLOIRE DE DIEU C'EST L'HOMME VIVANT !

SEPTIÈME DIMANCHE DE PÂQUES 2014

Évangile : Jn 17,1-11
Saint Jean situe cette grande et belle prière connue sous le nom de Prière Sacerdotale, juste avant la Passion de Jésus



À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie.
Glorifie, gloire que signifie cette expression ? Plus qu’une expression, la gloire de Dieu nous révèle Son rayonnement, Sa Présence. Personnellement je la perçois comme une Lumière, cela rejoint le rayonnement, une Lumière bienfaisante, qui nous éclaire et nous rend forts. St Irénée n’écrivait-il pas : La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ».Être vivant c’est vivre au maximum de la grâce de Dieu ! La conférence des évêques de France la définit ainsi :
"Le mot hébreu kâbôd veut dire l'importance, le poids, l'influence de quelqu'un dont la puissance agit effectivement dans tout le vaste domaine où il règne. C'est le rayonnement d'une force divine ou royale qui s'impose objectivement et se traduit en actes. Dans le Nouveau Testament le mot gloire signifie souvent la présence invisible mais dynamique de Jésus après Pâques."

Quand Jésus prie de cette façon, Il sait que Sa Passion approche, Il connaît notre humanité versatile, capable de l’acclamer un jour et de Le livrer le lendemain, Jésus qui sonde les reins et les cœurs éprouve dans son esprit « l’avant goût » des jours douloureux qui arrivent, Il ne demande pas d’en être épargné mais d’être associé pleinement au rayonnement du Père qui s’est manifesté plusieurs fois au cours de sa vie terrestre (nativité, baptême,  Transfiguration…) rayonnement dont Il est Lui-même issu.

« Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j'avais auprès de toi avant le commencement du monde. »

Jésus demande d’être associé à la Gloire du Père non pas pour son seul bénéfice personnel, pour un rayonnement vaniteux, mais pour que les apôtres qu’Il a formé durant ces trois années ne faiblissent pas. N’est-ce pas d’ailleurs tout le sens de la Transfiguration ? Si Jésus associe à cette manifestation Pierre, Jacques et Jean ce n’est pas pour un « faire valoir » ou parce qu’Il nourrirait une préférence affective pour ces trois compagnons de route, mais pour que le moment venu ils puissent affermir leurs frères. Il sait très bien que Simon Pierre le reniera, toutefois, Jésus le prévient, afin que le moment venu, Pierre ait non seulement la force de se ressaisir mais celle de soutenir ses frères !

« Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères.  (Luc 22) Revenu signifie ici « quand tu auras pris conscience de ton péché sans désespérer. »

Jésus demande à son Père d’être glorifié mais Jésus dit aussi qu’Il a glorifié Son Père en accomplissant Son œuvre, celle qu’Il Lui avait confiée :

«  Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée ».

Là où nous sommes, dans notre contexte de vie, si nous sommes fidèles aux inspirations de l’Esprit, en accomplissant avec Amour ce que nous comprenons des attentes du Père, alors nous aussi, toute proportion gardée, nous rendons gloire au Père parce que nous accomplissons ce qu’Il attend de nous !
Un autre verset sur lequel nous ne pouvons pas faire l’impasse c’est celui où Jésus demande :

« Je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi ».

Quand St Jean parle « du monde » il évoque le monde des ténèbres, donc du Mal, du péché, c’est de ce monde que Jésus parle, Il ne peut pas, Il ne veut pas aller contre la liberté des puissances du mal qui délibérément optent pour la ténèbre. Jésus demande à son Père de garder ses apôtres Il insiste sur la relation qu’Il entretient avec le Père et vice versa Il projette cette relation unique sur celle qu’Il entretient avec ceux qui se laissent instruire par son amour ! Dès cet instant, Jésus considère qu’Il n’est plus là pour les soutenir, pour les éveiller, aussi insiste-t-Il auprès du Père pour qu’Il veille sur eux et les garde de succomber aux puissances ténébreuses ! Jésus va très loin quand Il affirme « je trouve ma Gloire en eux ». Jésus trouve sa force, son rayonnement, dans ceux qui ont cheminé avec Lui, et dans nous tous qui « cahin-caha » avançons en essayant de mettre nos pas dans les siens ! « Portes Christ » par notre Baptême, nous avons cette responsabilité de rayonner Jésus sur le chemin de la vie pour éveiller dans nos frères le désir de Connaître ce Dieu qui nous aime jusqu’à donner sa vie pour que nous ayons la Vie. En sommes-nous conscients ?


La Gloire de Dieu, c'est l'homme vivant ! (St Irénée)

L'Ermite

IL REPANDIT SUR EUX SON SOUFFLE

FÊTE DE LA PENTECÔTE 2014

Évangile - Jean 20, 19-23



Aujourd’hui, en cette grande fête de la Pentecôte, la liturgie nous propose deux récits qui décrivent la venue de l’Esprit : celui de S. Luc, dans les Actes des Apôtres, riche en couleurs, plein d’enthousiasme et de mouvement et le récit de S. Jean, dans son évangile, plus discret, qui nous présente le Christ derrière des portes closes, offrant sa paix et son Souffle de vie.

Le contraste entre les deux récits est évident : tandis que les Actes des Apôtres 
évoquent le feu, le bruit, la chaleur, le récit de saint Jean est fait d’inspiration, d’intériorité et de discrétion. Dans les deux cas, l’Esprit se manifeste comme une force capable de nous recréer au plus profond de nous-mêmes. Ce sont deux manières différentes et complémentaires de parler de l’Esprit qui renouvelle le cœur humain et la face de la terre.

  Saint Jean et Saint Luc mentionnent que la Pentecôte a lieu «le premier jour de la semaine». « C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. »

Ceux et celles qui lisaient ces textes connaissaient le langage biblique et savaient que ce premier jour célébrait la nouvelle création, le monde nouveau offert grâce à la venue de Jésus-Christ. Jean utilise le langage connu par les chrétiens de son temps pour exprimer cette renaissance : « Il répandit sur eux son Souffle». Ceci rappelle le texte de la création d’Adam quand Dieu «insuffla une haleine de vie à l’homme qui devient un être vivant». (Genèse 2, 7)  Il fait aussi allusion au texte du prophète Ézéchiel dans le cimetière des os desséchés: « Viens des quatre vents, Esprit de Dieu, souffler sur ces morts pour qu’ils vivent»." (Ézéchiel 37, 6)

« Les disciples avaient verrouillé les portes car ils avaient peur des Juifs » 


Les apôtres ont vécu, la plupart, de loin, la Passion, la mort mais aussi la Résurrection de Jésus, nous avons eu déjà l’occasion d’évoquer la réaction de l’autorité civile du moment… Jésus, pourtant bien gardé leur échappe au petit matin, des bruits circulent, (ce n’est pas nouveau !) les disciples craignent des représailles, ils prient et réfléchissent ensemble pour envisager une sortie de crise !

Ne reconnaissons-nous pas là nos situations humaines où l’horizon est bouché, où nous ne savons pas comment sortir de nos difficultés du moment, où nous ne voulons plus voir qui que ce soit tant que le jour ne se lève pas sur notre nuit ? Notre esprit est embrouillé, nous sommes incapables de prendre la moindre décision, la peur de l’avenir nous enferme, nous bloque, nous paralyse ! Parfois, nous levons les yeux vers le Seigneur, souvent nous les abaissons très vite, car nous pressentons le petit pas qu’il nous faudrait consentir, mais nous avons peur de l’inconnu, nous avons le vertige, et redoutons le vide ! Nous n’avons pas encore fait l’expérience spirituelle d’un abandon inconditionnel dans les mains du Seigneur nous comptons bien plus sur nos propres forces que sur Sa douce et brûlante intervention ! Et voilà que Jésus vient !

« Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit: «La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur ».

Les apôtres passent de la nuit de l’esprit à la joie profonde : le Seigneur se rend présent dans leurs cœurs verrouillés, Il leur offre la Paix sans cacher les stigmates de la Passion, ces blessures indélébiles qui accompagneront l’Église tout au long de son parcours : blessures qui expriment les déchirures des membres du Corps jusqu’à la fin des temps !

Cette expérience n’est pas réservée aux seuls apôtres, Jésus nous précède aussi dans nos nuits et nous ne savons ni comment, ni pourquoi le jour se lève subitement sur notre tristesse et nous pouvons nous écrier avec Jacob s’éveillant de son sommeil : " Certainement, Dieu est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas"! Gen 28,16 » car, Lui, Jésus a toujours l’initiative et nous offre sans cesse Sa paix et Sa lumière y compris au fond de notre nuit !

N’oublions pas que bien des grâces nous viennent parce que quelqu’un de connu ou d’inconnu prie et offre pour que d’autres aient la vie. Souvenons-nous de Ste Thérèse de Lisieux, qui, épuisée par la maladie, marchait pour un missionnaire à bout de force ! On appelle cela la communion des saints. Nous ne saurons qu’en Dieu, ce que nous devons à l’offrande et à la prière de nos frères.

Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je, vous envoie.»Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son Souffle et il leur dit: «Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.»

Et Jésus insiste chez les apôtres comme pour nous ! Jésus continue à offrir la paix et nous donne la clef pour la recouvrer quand le mal nous domine et que nous lui permettons  d’avoir barre sur nous ! Depuis cette heure, l’Église, par ses ministres, a ce pouvoir extraordinaire de donner la Paix de Jésus, par le sacrement de réconciliation. Plus qu’un pouvoir c’est une mission et un service !

Un chant liturgique de ce temps de Pentecôte nous invite à ouvrir grands nos cœurs au Souffle de Dieu. Ce Souffle se nomme l’Esprit Saint, permettons-lui de s’engouffrer dans nos cœurs avec les sept dons qu’Il apporte :

Esprit de Crainte de Dieu   qui loin de nous établir dans la peur développe en nous le respect filial et l’adoration en nous donnant le sens de la grandeur de Dieu

Esprit de Piété, qui nous fait entrer dans une expérience profonde de la Paternité de Dieu, de sa proximité, de sa tendresse.

Esprit de Conseil, c’est le don du discernement spirituel qui nous éclaire dans les situations concrètes de notre vie. Il nous suggère ce que nous devons faire, éviter, dire ou taire.

Esprit de Force c’est le triomphe de la puissance aimante de Dieu dans la faiblesse de l’homme. Le don de force nous donne le courage de témoigner. Il rend notre témoignage plus ferme, plus fort. C’est l’assurance des apôtres dans la proclamation du Christ mort et ressuscité. Le don de force soutient les martyrs et assure leur fidélité jusqu’au don de leur vie.

Esprit de Science qui permet de reconnaître le Créateur à travers les êtres et les choses de la création Il nous donne aussi le sens de la précarité, de la fragilité, de la fugacité de l’univers et de notre vie, une conscience vive de notre pauvreté radicale.

Esprit d’Intelligence, ce don vise une compréhension juste de la révélation, de la Parole de Dieu, des mystères de la Foi. Il permet de distinguer la vérité de l’erreur ou de ses déformations. : « L’Esprit Saint nous conduit à la vérité tout entière » Jn 16,13

Esprit de Sagesse qui couronne et parachève les autres dons Il nous permet de voir, connaître, saisir à partir du Cœur de Dieu, dans son regard d’amour. Il communique à l’âme la Passion d’amour qui habite le cœur de Dieu pour le salut du monde.

L'Ermite