mercredi 4 juin 2014

IL REPANDIT SUR EUX SON SOUFFLE

FÊTE DE LA PENTECÔTE 2014

Évangile - Jean 20, 19-23



Aujourd’hui, en cette grande fête de la Pentecôte, la liturgie nous propose deux récits qui décrivent la venue de l’Esprit : celui de S. Luc, dans les Actes des Apôtres, riche en couleurs, plein d’enthousiasme et de mouvement et le récit de S. Jean, dans son évangile, plus discret, qui nous présente le Christ derrière des portes closes, offrant sa paix et son Souffle de vie.

Le contraste entre les deux récits est évident : tandis que les Actes des Apôtres 
évoquent le feu, le bruit, la chaleur, le récit de saint Jean est fait d’inspiration, d’intériorité et de discrétion. Dans les deux cas, l’Esprit se manifeste comme une force capable de nous recréer au plus profond de nous-mêmes. Ce sont deux manières différentes et complémentaires de parler de l’Esprit qui renouvelle le cœur humain et la face de la terre.

  Saint Jean et Saint Luc mentionnent que la Pentecôte a lieu «le premier jour de la semaine». « C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. »

Ceux et celles qui lisaient ces textes connaissaient le langage biblique et savaient que ce premier jour célébrait la nouvelle création, le monde nouveau offert grâce à la venue de Jésus-Christ. Jean utilise le langage connu par les chrétiens de son temps pour exprimer cette renaissance : « Il répandit sur eux son Souffle». Ceci rappelle le texte de la création d’Adam quand Dieu «insuffla une haleine de vie à l’homme qui devient un être vivant». (Genèse 2, 7)  Il fait aussi allusion au texte du prophète Ézéchiel dans le cimetière des os desséchés: « Viens des quatre vents, Esprit de Dieu, souffler sur ces morts pour qu’ils vivent»." (Ézéchiel 37, 6)

« Les disciples avaient verrouillé les portes car ils avaient peur des Juifs » 


Les apôtres ont vécu, la plupart, de loin, la Passion, la mort mais aussi la Résurrection de Jésus, nous avons eu déjà l’occasion d’évoquer la réaction de l’autorité civile du moment… Jésus, pourtant bien gardé leur échappe au petit matin, des bruits circulent, (ce n’est pas nouveau !) les disciples craignent des représailles, ils prient et réfléchissent ensemble pour envisager une sortie de crise !

Ne reconnaissons-nous pas là nos situations humaines où l’horizon est bouché, où nous ne savons pas comment sortir de nos difficultés du moment, où nous ne voulons plus voir qui que ce soit tant que le jour ne se lève pas sur notre nuit ? Notre esprit est embrouillé, nous sommes incapables de prendre la moindre décision, la peur de l’avenir nous enferme, nous bloque, nous paralyse ! Parfois, nous levons les yeux vers le Seigneur, souvent nous les abaissons très vite, car nous pressentons le petit pas qu’il nous faudrait consentir, mais nous avons peur de l’inconnu, nous avons le vertige, et redoutons le vide ! Nous n’avons pas encore fait l’expérience spirituelle d’un abandon inconditionnel dans les mains du Seigneur nous comptons bien plus sur nos propres forces que sur Sa douce et brûlante intervention ! Et voilà que Jésus vient !

« Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit: «La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur ».

Les apôtres passent de la nuit de l’esprit à la joie profonde : le Seigneur se rend présent dans leurs cœurs verrouillés, Il leur offre la Paix sans cacher les stigmates de la Passion, ces blessures indélébiles qui accompagneront l’Église tout au long de son parcours : blessures qui expriment les déchirures des membres du Corps jusqu’à la fin des temps !

Cette expérience n’est pas réservée aux seuls apôtres, Jésus nous précède aussi dans nos nuits et nous ne savons ni comment, ni pourquoi le jour se lève subitement sur notre tristesse et nous pouvons nous écrier avec Jacob s’éveillant de son sommeil : " Certainement, Dieu est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas"! Gen 28,16 » car, Lui, Jésus a toujours l’initiative et nous offre sans cesse Sa paix et Sa lumière y compris au fond de notre nuit !

N’oublions pas que bien des grâces nous viennent parce que quelqu’un de connu ou d’inconnu prie et offre pour que d’autres aient la vie. Souvenons-nous de Ste Thérèse de Lisieux, qui, épuisée par la maladie, marchait pour un missionnaire à bout de force ! On appelle cela la communion des saints. Nous ne saurons qu’en Dieu, ce que nous devons à l’offrande et à la prière de nos frères.

Jésus leur dit de nouveau: «La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je, vous envoie.»Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son Souffle et il leur dit: «Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.»

Et Jésus insiste chez les apôtres comme pour nous ! Jésus continue à offrir la paix et nous donne la clef pour la recouvrer quand le mal nous domine et que nous lui permettons  d’avoir barre sur nous ! Depuis cette heure, l’Église, par ses ministres, a ce pouvoir extraordinaire de donner la Paix de Jésus, par le sacrement de réconciliation. Plus qu’un pouvoir c’est une mission et un service !

Un chant liturgique de ce temps de Pentecôte nous invite à ouvrir grands nos cœurs au Souffle de Dieu. Ce Souffle se nomme l’Esprit Saint, permettons-lui de s’engouffrer dans nos cœurs avec les sept dons qu’Il apporte :

Esprit de Crainte de Dieu   qui loin de nous établir dans la peur développe en nous le respect filial et l’adoration en nous donnant le sens de la grandeur de Dieu

Esprit de Piété, qui nous fait entrer dans une expérience profonde de la Paternité de Dieu, de sa proximité, de sa tendresse.

Esprit de Conseil, c’est le don du discernement spirituel qui nous éclaire dans les situations concrètes de notre vie. Il nous suggère ce que nous devons faire, éviter, dire ou taire.

Esprit de Force c’est le triomphe de la puissance aimante de Dieu dans la faiblesse de l’homme. Le don de force nous donne le courage de témoigner. Il rend notre témoignage plus ferme, plus fort. C’est l’assurance des apôtres dans la proclamation du Christ mort et ressuscité. Le don de force soutient les martyrs et assure leur fidélité jusqu’au don de leur vie.

Esprit de Science qui permet de reconnaître le Créateur à travers les êtres et les choses de la création Il nous donne aussi le sens de la précarité, de la fragilité, de la fugacité de l’univers et de notre vie, une conscience vive de notre pauvreté radicale.

Esprit d’Intelligence, ce don vise une compréhension juste de la révélation, de la Parole de Dieu, des mystères de la Foi. Il permet de distinguer la vérité de l’erreur ou de ses déformations. : « L’Esprit Saint nous conduit à la vérité tout entière » Jn 16,13

Esprit de Sagesse qui couronne et parachève les autres dons Il nous permet de voir, connaître, saisir à partir du Cœur de Dieu, dans son regard d’amour. Il communique à l’âme la Passion d’amour qui habite le cœur de Dieu pour le salut du monde.

L'Ermite

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