samedi 6 décembre 2014

PRÉPAREZ !

           DEUXIÈME  DIMANCHE DE L’AVENT 2014                                                     Mc 1, 1-8      

PRÉPAREZ ! 


Et si nous retenions, aujourd’hui cette seule consigne, proclamée dans le désert, par Jean Baptiste le Précurseur du Seigneur !

Jean Baptiste ! Nous le connaissons tous, ou croyons le connaître ! Il parcourt le désert, vêtu de peaux de bêtes, se nourrit de sauterelles et porte un message étrange, qui plus est, dans le désert !

Ne serait-il pas un tantinet original ce Jean Baptiste ? Pourquoi choisit-il le désert pour annoncer un message aussi important  qui demande pas mal d’énergie si on est en capacité de le recevoir ? Dans le désert, qui peut recevoir son message ?

N’oublions pas trop vite, les premiers mots de l’Évangile de Saint Marc :

« Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert »

Jean Baptiste est, en réalité, « l’envoyé » du Père, pour ouvrir le chemin à Celui qui vient, Jésus, il n’est pas la Parole, il est la Voix, donc un organe qui fait du bruit, pour attirer l’attention de qui pourra l’entendre sur un événement qui va bouleverser le monde ! Une question demeure : pourquoi dans le désert ? Si Jean-Baptiste veut être entendu, il serait préférable qu’il harangue les foules là où elles se trouvent, là où elles se bousculent pour se faire une place au soleil de la vie ! Nous nous heurtons ici à une impasse !

Peut-être faut-il alors se demander de quel désert il est question ?
L’image que nous en avons, est celle d’une immensité de sable, sans ou avec très peu de végétation où le soleil brûle, où l’eau fait défaut et pas une âme qui vive parce qu’elle ne pourrait y survivre ! Alors de quel désert parle-t-on ? J’ai du mal à l’exprimer car ce n’est pas à notre honneur, ne s’agit-il pas du désert de notre monde que par toutes sortes de subterfuges nous vidons de sa dimension spirituelle en donnant la priorité à toutes sortes d’artifices qui nous font croire que nous sommes des dieux, que notre vie n’a pas d’autre but et d’autre intérêt que le terrestre, qu’il faut donc profiter au maximum de tout ce qui s’offre à nous en termes d’avoir, de pouvoir et de plaisirs variés et souvent dégradants ! Dans ce désert, un homme, nommé Jean Baptiste, ose dire, haut et fort :

« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »

Ce message d’hier, est toujours actuel dans un monde où chacun veut dépasser son voisin, en avoir, en pouvoir et en plaisirs, où, dans nos cœurs, se livre une guerre sans merci avec les Puissances du mal qui risquent de nous entraîner, comme il est écrit : « là où nous ne voudrions pas aller ».Ces Puissances qui obscurcissent nos esprits, nous enlèvent toute lucidité, tout discernement pour appeler Mal ce qui est mal et Bien ce qui est bien !

Ces Puissances qui nous dominent, nous aveuglent, nous transforment en accusateurs de nos frères, nous empêchent de dire le mot qui convient à ceux qui s’étourdissent et courent à leur perte. Ce n’est jamais facile certes, mais le Seigneur ne nous demande pas de réussir mais d’annoncer et d’espérer voir se lever la semence jetée dans le désert du monde ! Notre mission c’est DE PRÉPARER la terre des cœurs par notre témoignage, par nos choix de vie qui, un jour ou l’autre, poseront question !

Il n’est pas anodin d’être présents à l’Eucharistie dominicale, nos frères humains, pour qui c’est du temps perdu, finiront bien par se poser la bonne question et, parfois par nous la poser ! Il n’est pas anodin de renoncer aux biens et aux plaisirs  de la terre, de vivre en solitude et dans le silence, cette graine-là germe quelque part dans le monde ! Songeons à Thérèse de Lisieux qui, épuisée, marchait pour un missionnaire exténué et, à l’autre bout du monde un missionnaire ressentait en lui-même le bienfait de l’offrande d’un ou d’une inconnue !

Préparer les chemins du Seigneur c’est avec la grâce de Dieu extirper les mauvaises racines de nos cœurs, pour permettre au Seigneur de grandir en nous, de nous éclairer, de nous sanctifier par ses sacrements, par Sa Parole, par les services rendus à nos frères. N’ayons pas peur des sacrements et notamment du sacrement du pardon qui nous renouvelle et nous dynamise !

Préparer les chemins du Seigneur, c’est rendre droits ses sentiers, rendre droit ce qui est tordu, dévoyé, en nous : ceux qui nous voient, un jour ou l’autre, emboîteront le pas !

« Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. »

Le baptême de conversion n’est rien d’autre que ce retournement de nos cœurs, ces petits ou grands ajustements pour vivre selon la Parole de Dieu.

 « Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. »

Nous dit St Pierre dans la première lecture, Le Seigneur nous laisse le temps de la conversion. L’épreuve, nous le disions la semaine dernière est parfois le chemin de cette conversion : « nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert » écrivait Alfred de Musset. Notre Dieu est patient, Il attend que notre heure devienne la sienne !

« Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. »


Recevons ce conseil de l’Apôtre avec reconnaissance, et là où nous en sommes de notre vie de foi, avec les moyens qui sont les nôtres, soyons les « Jean Baptiste » d’aujourd’hui, préparons, sérieusement les chemins du Seigneur, tout ce que nous semons de bon en nous et dans notre environnement germera un jour, à l’heure du Seigneur !



L'Ermite

mardi 25 novembre 2014

VEILLEZ !

PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT (ANNÉE B)


« VEILLEZ ! »

Marc 13, 33-37

En seulement, quatre versets, Jésus nous dit quatre fois :"VEILLEZ"  et, dans la première lecture nous entendions le Prophète Isaïe parler au Seigneur : 

« Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et qui se souvient de toi en suivant ton chemin. ».

Ces passages de l’Écriture Sainte ouvrent, pour nous, le temps de l’Avent ! Ces quatre semaines qui nous préparent à cette extraordinaire fête de Noël, où le Verbe de Dieu, qui vit dans le sein du Père, qui est une émanation du Père, puisqu’Il en est l’expression-même, où ce Verbe éternel, déchire la voûte céleste,

« Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant  toi. »Isaïe 63

Seigneur, déplie les cieux et descends. Touche les montagnes et qu'elles fument. (Psaume 144)

et s’habille de notre humanité. Cela, dans quel but, sinon, celui de nous rencontrer au plus près. Peut-on être plus proche en effet, qu’en se glissant dans la peau de l’autre ? Dieu seul réussit cette prouesse ! Dieu, en son Fils unique, prend l’initiative de nous rejoindre, là où nous sommes, empêtrés que nous sommes dans notre humanité pauvre et tellement limitée par les passions qui l’empêchent de vivre vraiment. Oui :
« Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et qui se souvient de toi en suivant ton chemin» Isaïe 63

Il n’est pas étonnant dès lors, que Jésus, le Bien Aimé du Père, son expression, Sa Parole incarnée, nous invite, par quatre fois à nous tenir en état de veille, pour ne pas manquer le rendez-vous unique, de l’Amour divin ! Et St Paul n’hésite pas à nous dire qu’il s’agit d’une veille active, car veiller, c’est ATTENDRE. Et attendre quoi, qui ? Rien d’autre que la « révélation de Notre Seigneur Jésus-Christ » ! De qui, en son Père, nous recevons tout, et d’abord, ce que nous sommes puisque :

«  Aucun don spirituel ne vous (nous) manque, à (nous) vous qui (attendons) attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. C'est lui qui vous fera tenir solidement jusqu'au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur. »

Nous attendons, en veillant, Celui qui nous crée sans cesse, Celui qui nous fait et nous fera tenir et nous appelle à vivre dans Sa communion, jusqu’à l’heure éblouissante de la dernière veille, où Lui-même, nous ouvrira les portes de la Vie éternelle !


« Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. » Il peut s’agir de son retour à la fin des temps, mais aussi de ce moment unique de l’émerveillement, quand nous Le verrons de nos propres yeux ! Songeons aux apôtres lors de la Transfiguration, ils ont vu Jésus dans sa gloire en conversation avec Moïse et le Prophète Elie. Ce moment fut tellement intense, tellement lumineux, tellement troublant aussi, qu’ils sont tombés à la renverse et ne voulaient plus quitter les lieux : « Dressons ici trois tentes ! » Or il s’agissait seulement d’un avant-goût afin d’avoir la force de tenir pendant la Passion, après le départ de Jésus, et jusqu’à leur

propre martyr ! 

« Il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. » Ici nous pouvons penser aux jeunes filles étourdies qui ont oublié l’huile pour renouveler la flamme ! Cette
huile, pour nous, ce sont les sacrements, le souci du plus petit, l’attention au pauvre, pour entendre le moment venu, cette Parole de Jésus, « venez les bénis de mon Père, j’ai eu faim, j’étais nu, sans abri et vous m’avez reconnu » ! Car,Jésus, s’identifie à toute forme de détresse !

« Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. » Il n’y a pas d’âge, il n’y a pas de lieu précis, il n’y a pas d’heure non plus, notre attention à l’amour doit être de tous les instants, « L’un sera pris et l’autre laissé ! » Ne voyons-nous pas cela tous les jours ou presque dans les catastrophes naturelles et dans celles causées par la violence des hommes ?

« Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là je le dis à tous : Veillez ! » Et Jésus insiste et termine sur cette expression qui, du coup, prend une densité insoupçonnée : « Veillez ! » Nous devrions l’écrire en lettres d’or dans nos maisons et encore plus dans nos cœurs ! Car veiller, c’est traverser l’épreuve de la nuit, une épreuve menaçante et parfois épuisante, toujours fécondante et fondatrice. Et quand je parle de nuit, je parle des épreuves de la
vie, ces épreuves qui ne nous détruisent pas mais nous rendent plus forts, plus perspicaces, plus vigoureux. Bien vécues, elles font de nous ces rochers sur lesquels les plus faibles peuvent s’appuyer !

Veiller c’est traverser la nuit dans l’attente de l’aurore ! Veiller engage Dieu autant que nous ! Veilleur est son nom ! Il nous a gravés sur les paumes de sa main, nous sommes l’argile dont il est le potier. Veiller engage Dieu, nous sommes dans de bonnes mains. Dieu veille sur nous en effet : mais Dieu veille en nous : Il fait don de sa lumière aux croyants. Veiller, c’est refuser que la vie s’éteigne c’est la continuer dans la Vie qui est éternelle.

Que retiendrons-nous du message de ce jour ? Trois mots essentiels pour ce temps de l’Avent :

-      RENCONTRER  Dieu vient à notre rencontre : ne manquons pas le rendez-vous avec le Nouveau-né de la mangeoire !

-      VEILLER restons en tenue de service comme un veilleur attend l’aurore Dieu veille sur nous, là encore ne manquons pas son passage !

-      ATTENDRE car l’attente est riche de promesses, soyons de ceux qui attendent dans la joie, la paix, la confiance, le Seigneur vient ! Soyons au rendez-vous de l’Amour !


VEILLONS !

L'Ermite

samedi 22 novembre 2014

C'EST A MOI QUE VOUS L'AVEZ FAIT !

FÊTE DU CHRIST "ROI DE L’UNIVERS"

    Mat 25, 31-46 
   


Cette fête fut instituée  le 11 décembre de l’Année Sainte de 1925 par le Pape Pie XI comme une arme spirituelle contre les forces de destruction à l’œuvre dans le monde qu’il identifiait avec la montée de l’athéisme et de la sécularisation. Nous baignons dans cette ambiance, il est donc encore plus important, aujourd’hui, de nous référer à cette Seigneurie du Christ Roi.

L’année 1925 était aussi le seizième centenaire du premier Concile œcuménique de Nicée, qui avait proclamé l’égalité et l’unité du Père et du Fils et, par là même, la souveraineté du Fils.

Cette solennité, clôt le cycle des dimanches du temps ordinaire, et nous ouvre sur une nouvelle année liturgique préparée par le temps de l’Avent.

Cette fête me remplit de joie ! Elle nous révèle vraiment qui est notre « chef de file » et un chant liturgique qui occupe mon esprit depuis plusieurs jours nous présente un Roi bien différent de nos monarques terrestres devant qui on déroule tapis rouge, or, protection rapprochée et autres artifices !
               
« Qui es-tu Roi d’humilité demande l’auteur de ce chant, Roi sans Palais Roi sans armée … » A la place d’un Palais, une mangeoire d’animaux ! Pour Palais, une étable ! A l’âge adulte, même pas une pierre où reposer sa tête, et son armée est constituée d’esprits invisibles, les anges,  qui ne cessent de chanter Sa gloire et qu’Il envoie en toute discrétion, sur nos routes humaines pour nous guider et nous protéger !
Un Roi  qui s’identifie totalement à l’affamé, l’assoiffé, l’homme qui n’a rien pour se vêtir, le malade réduit à l’impuissance, l’incarcéré qui a perdu ses droits et souvent sa dignité, voilà notre Roi ! C’est ce que nous avons entendu dans l’Évangile de ce jour. Et  n’est-ce pas ce que dit Pilate au cours de la Passion ?
« Les soldats ayant tressé une couronne d'épines, la mirent sur sa tête, et le revêtirent d'un manteau
de  pourpre;  s'approchant de lui, ils disaient: "Salut, roi des Juifs !" et ils le souffletaient. Pilate dit aux Juifs: "Voici votre roi." Mais ils se mirent à crier: "Qu'il meure! Qu'il meure ! Crucifie-le." Pilate leur dit: "Crucifierai-je votre  roi ?" les Princes des prêtres répondirent: "Nous n'avons de roi que César." (Jean  19)

Notre Roi se fait berger, le plus pauvre des métiers à l’époque,

« C'est moi qui ferai paître mon troupeau, et c'est moi qui le ferai reposer, l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice. »

 Et Il ne délaisse pas les plus opulentes, non, Il s’occupe de toutes les brebis, les fragiles, les blessées, les grasses aussi, Il donne à chacune ce dont elle a besoin pour être heureuse et se sentir bien ! 

«  J’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. »

 Il n’envoie pas de serviteurs, Il va Lui-même à la recherche des égarées !

Notre Roi se laisse malmener, railler, bafouer, crucifier, et cela par amour ! Pour tirer notre humanité de son péché ! Pour nous entraîner sur ce chemin de l’Amour ! Notre Roi ne recherche pas la compagnie des grands de ce monde, Il se trouve bien avec les publicains et les pécheurs dont les prostituées, et on ne se gêne pas pour le lui reprocher. Il aime les petits, « laissez venir à moi les petits enfants » Il renverse toutes les situations de puissance, « s’agenouille au pied de Ses disciples et les leur lave  ».

 Notre Roi ne roule pas dans un carrosse rutilant d’or, Il rentre à Jérusalem à dos d’âne, de plus, un âne emprunté parce qu’Il n’a rien à Lui ! Quand le moment est venu de Se donner en nourriture pour demeurer avec nous jusqu’à la fin des temps, il emprunte « la chambre haute » d’un habitant du coin. Au moment de l’ensevelissement  « il est placé dans un tombeau prêté » après avoir été exposé « sur une infâme croix » devenue Sa gloire et, par ricochet la nôtre ! Oui voilà notre Roi ! Et, c’est cette pauvreté absolue, choisie, voulue qui fait de Lui notre émule.

« Les rois des nations commandent en maîtres pour vous qu’il n’en soit pas ainsi » ! » Au contraire que le plus grand d’entre vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne, comme celui qui sert »(Luc 22,25)

Pour comprendre un peu ce qu’est la Royauté du Christ, nous devons avoir conscience que la croix est une prise de pouvoir. Pas seulement la Résurrection, prise de pouvoir sur le « dernier ennemi, la mort » 1Cor 15,26 et, la croix elle-même, sur tout ce qui dans l’humanité va à la mort.
Paul appelle ces vertiges maléfiques, puissances, dominations « les esprits du mal répandus dans les airs »Eph 6,12 Nous pouvons traduire, ce qui flotte dans l’air du temps, ce qui habite et détermine la mentalité d’une collectivité et pèse sur les libertés individuelles. L’emballement unanime d’un groupe de supporters en est un exemple bénin. Plus grave est la contagion d’un lynchage..Moins visible, la conviction généralisée que plus on possède plus on est important, que rien ni personne ne compte au regard de notre réussite, que « la fin justifie les moyens ; » et l’on pourrait continuer longtemps, mais nous ne sommes pas rassemblés pour faire de la politique.

Nous le comprenons, la Royauté de Dieu dans et par le Christ ne s’exerce pas sur nous mais en notre faveur. L’onction que nous recevons au baptême est l’onction royale qui fait de nous des « Christs »

« J’avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi !' 


Seigneur, quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?' 

'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.' 


Je le disais au début, Jésus s’identifie au plus petit des petits, son royaume est celui de l’Amour. Il n’y a rien de commun entre Jésus et les soit disant puissants de ce monde ! Sa Royauté, sa puissance, sa domination c’est que nul ne pourra jamais être plus petit, plus humble, plus pauvre, plus ajusté à la volonté du Père. Jésus règne parce qu’Il aime jusqu’à l’extrême.


« Qui es-tu Roi d’humilité, Roi sans Palais, Roi sans armée, nous sommes venus t’adorer…Petit Roi Juif et Roi du ciel, notre grand Roi, l’Emmanuel, Nous traversons ton Israël, pour en renaître ! » Nous t’en supplions avec St Paul, puisse, notre fierté, être dans ta croix dressée sur l’humanité pour la relever. Amen !


l'Ermite

mercredi 12 novembre 2014

LONGTEMPS APRES

DIMANCHE 16 SEPTEMBRE

TRENTE TROISIÈME DIMANCHE 
DU TEMPS ORDINAIRE

Mat 25, 14




Notre Dieu est le Dieu de la confiance ! Dieu, nous ne le dirons jamais assez, nous aime à la folie, à chacune de ses créatures Il donne les moyens de vivre heureux, selon ses capacités. L’histoire  racontée par Jésus aujourd’hui est un appel :

-    à la vigilance : «Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes  »

-    à la confiance aussi : « J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. »

-    à l’espérance enfin : « Jésus parlait à ses disciples de sa venue »
                                               
Appel à la vigilance : en effet, nous ne savons pas quand viendra le Seigneur et heureusement, car nous serions sur le « qui vive ». Nous perdrions un temps précieux à regarder à droite, à gauche, à nous tâter pour savoir si la machine de notre corps fonctionne et démarre au quart de tour, au lieu de vivre simplement notre vie de notre mieux, avec un maximum d’amour, au service de nos proches et de ceux que le Seigneur place sur notre route ! « Longtemps après … » dit Jésus,  mais, en Dieu « un jour est comme mille ans, " et mille ans sont comme un jour ". (2Pierre  3)  l’essentiel est d’accomplir notre mission en conscience afin de ne pas être surpris.

N’est-ce pas le comportement de la femme vaillante décrit dans la  première lecture de ce jour ?

« Elle a fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain. Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s'ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. » 

 « Elle est infiniment plus précieuse que les perles. Son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter, elle l'enrichira. »

Cette personne ne se soucie que de sa famille et du pauvre, elle ne perd pas son temps en futilités, elle va à l’essentiel et fait fructifier au maximum les dons reçus pour le service de tous ! Elle ne passe pas son temps à attendre par peur d’être surprise. On n’est pas surpris quand on est là où on doit être !

Que feriez vous, demandait- on à des enfants, si vous saviez que le Seigneur vient vous chercher là, maintenant ?

L’un répondit : « j’irai me confesser »
Un autre : « je rectifierai ce qui ne va pas… !
Un autre enfin : « Je continuerai ce que je fais en ce moment ! »

Il s’agit, me semble-t-il, de la réponse du futur St Louis de Gonzague.

Ce dernier, parce qu’il se sent à sa juste place, parce qu’il accomplit ce qui est bon, est dans la confiance et ne change rien à son comportement, il est dans l’amour du Seigneur ! Ne doit-il pas en être ainsi pour chacun de nous ?

Appel à la confiance : « J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton Talent dans la terre. » La peur paralyse, elle bloque nos possibilités, elle nous empêche de nous développer et d’avancer ! Un proverbe populaire ne dit-il pas que la peur est mauvaise conseillère ? La troisième situation décrite par Jésus n’en est-elle pas la meilleure illustration ? Ce serviteur, parce qu’il a peur des exigences de son maître, ne cherche en rien à développer le Talent reçu, il ne réfléchit même pas quels moyens il pourrait envisager pour le valoriser, bien au contraire il l’enfouit pour être sûr de pouvoir le rendre intact. N’est-ce pas ce que lui reproche  le Maître ?

« Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. »

S’il était à ce point paralyser sans doute un peu de réflexion, lui aurait ouvert au moins une perspective, il choisit au contraire de se replier, de s’enfermer, et d’enterrer ce Talent, et, d’une certaine façon, lui avec, pour le protéger. Ce que lui reproche son maître, c’est son inertie absolue, il n’a rien tenté, frileux, il n’a pris aucune initiative, aucun risque. Le Seigneur ne nous demande pas de réussir mais de faire preuve de bonne volonté. La réussite n’est pas de notre ressort, l’effort, par contre révèle notre bonne volonté et c’est de cela que le Seigneur tient compte. Quand le Seigneur nous invite à servir faisons-Lui confiance Il nous aidera à avancer. Souvenons-nous  « Qui est fidèle dans les petites choses est fidèle aussi dans les grandes, et qui est malhonnête dans les petites choses est malhonnête aussi dans les grandes.  (Luc 16) 
Répondons par la confiance au Seigneur qui nous donne Sa confiance !

Appel à l’espérance enfin : « Jésus parlait à ses disciples de sa venue »  entendons de son retour ! C’est Lui qui parle, donc Il est bien présent ! Il s’agit de son retour à la fin des temps quand, comme l’écrit St Paul « Il sera tout en tous ! » (Col 3,11 –Eph 1,23 – 1 Cor)

« Au sujet de la venue du Seigneur, il n'est pas nécessaire qu'on vous parle de délais ou de dates. Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. »  St Paul est encore plus clair il nous indique de plus que le Seigneur viendra comme un voleur. C’est une invitation à rester vigilants et à attendre activement et sereinement l’heure de Son retour !Et St Paul précise que nous n’avons rien à craindre :

« Mais vous, frères, comme vous n'êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur. En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n'appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. »

Être vigilants, faire confiance et attendre, sans tension, dans l’espérance qui ne sera pas déçue, parce que Dieu ne ment pas ! A nous de vivre sérieusement en « enfants de la lumière » avec ce souci constant et discret de communiquer cette lumière à nos frères. Que notre foi ne reste pas un trésor enfermé dans la vie privée. Qu’elle nous ouvre au monde que Dieu nous a confié pour y répandre son Souffle et qu’elle éclaire le monde :

 « On n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.  Qu'ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. (Matthieu 5) »


Il nous faut semer l’amour immense dont nous sommes comblés, c’est notre façon de rendre grâce et d’attendre joyeusement et activement le retour du Seigneur. Soyons ces semeurs de Paix, de Joie et d’Espérance !




L'Ermite

vendredi 7 novembre 2014

VOUS ETES LE TEMPLE DE DIEU



DIMANCHE 9 NOVEMBRE

FÊTE DE LA DÉDICACE

DE LA BASILIQUE St JEAN DE LATRAN
    Jn 2, 13-22 

     

La basilique du Latran est la cathédrale du Pape ; construite vers 320 sur l’ordre de l’Empereur Constantin, elle est la première en date et en dignité de toutes les églises d’Occident. La fête de sa Dédicace nous rappelle que le ministère du Pape, successeur de Pierre, est de constituer, pour le Peuple de Dieu, le principe et le fondement visible de son unité.

La "dédicace" de la grande basilique romaine de Saint-Jean de Latran reste une valeur, un symbole, un modèle pour toute l’Église.

Le rôle d’accueil et de formation des premiers chrétiens dans la capitale de l’Empire a fait de cette belle église la véritable cathédrale de Rome. On retrouve sur le fronton central de la façade la devise « Mère et chef de toutes les églises de Rome et du monde ». Pour les croyants, Latran est la mère des autres églises. Elle est plus ancienne que St Pierre de Rome. Elle est bâtie sur les terrains d’une ancienne famille patricienne, les Latérani qui donnèrent leur nom à l’édifice.

La messe de la Dédicace est particulièrement riche ; chaque fois que nous célébrons la Dédicace, ce qui arrive quatre fois par an, c’est la fête de l’Église catholique que nous célébrons. Cette messe est une action de grâces, pour les bienfaits et les bénédictions que nous procure la Maison de Dieu, mais elle nous expose aussi dans ses textes le riche symbolisme de la Maison de Dieu.

 La Maison de Dieu considérée en soi, est digne de la plus haute vénération 

- parce que Dieu y a établi sa demeure et parce qu’il l’a choisie comme lieu, où, par sa présence, Il nous distribue ses grâces (prière d’entrée) ;

Fais abonder dans ton Église les fruits de l’Esprit

-       parce que c’est le lieu où le Souverain Prêtre, Jésus-Christ, offre son sacrifice (évangile)

Le Temple dont Il parlait, c’était son corps.

-      et où Dieu a établi le centre de la prière (oraison alléluia et
communion).

L’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et vérité.

-      Elle est aussi l’image et le symbole de l’Église catholique ici-bas, de l’épouse immaculée du Christ qui est descendu du ciel sur notre terre (2° lecture), 

Les fondations, personne ne peut en poser d’autres que celles qui existent déjà : ces fondations, c’est Jésus-Christ.

-      qui célèbre sans cesse, de nouveau, au saint Sacrifice, ses noces avec son Divin Époux. Elle est vraiment l’image de l’âme chrétienne sanctifiée par le Baptême et l’Eucharistie. (prière après la communion)

Accorde-nous, par cette communion, d’être ici-bas le Temple de ta grâce et d’entrer un jour dans la demeure de ta gloire.

« N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous. »

Après le Christ et avant les constructions faites de mains d’hommes, pour aussi belle qu’elles soient, nous avons l’homme qui, par son baptême est la demeure de la Très Sainte Trinité ! Celui qui blesse l’homme, qui le salit, le détériore, celui-là  blesse Dieu et participe lourdement à la Passion de Jésus. Nous sommes des « porte-Dieu » il est bon de se le rappeler pour se respecter soi-même et pour respecter ses frères.

En chassant les vendeurs du Temple dans l’Évangile de ce jour, Jésus démontre, veut faire comprendre que nous en avons terminé avec les sacrifices d’animaux, le seul, le vrai, l’authentique sacrifice qui relève l’humanité enfermée dans le péché, c’est l’offrande que Jésus fait de sa vie par pur amour !

Il nous rappelle aussi, que tout lieu, dédié à la Gloire de Son Père,
appelle le respect, la dignité, le recueillement. 
Ceci s’applique à nos lieux de culte du plus insignifiant au plus somptueux. Chacun de ces lieux en effet est signe de la Présence de Dieu au sein de notre humanité. Tout lieu de culte est un espace sacré offert à chacun pour faire silence, écouter, se laisser informer par le Seigneur qui l’habite. Toute personne est également cet espace sacré à qui je dois ce respect : « tout homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu » proclame un chant liturgique.

« Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment. »

Les interlocuteurs présents ne comprennent pas le geste de Jésus, ils réagissent immédiatement :

 « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »

Jésus répond sur un terrain bien différent qui reste incompréhensible pour eux :

 « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »

Jésus est Présence de Dieu parmi les hommes, Il est loin d’être accueilli pour ce qu’Il est, à savoir : « le Fils Bien aimé du Père », Il sait qu’Il est globalement rejeté et que de rejet en rejet, Il poursuivra sa route jusqu’au sommet de la Croix ! Tandis que ses compatriotes parlent de l’édifice de pierres Lui, nous dit St Jean, parle de son corps, livré pour la Vie du monde !

« Le Temple dont il parlait, c'était son corps. »

Aussi, quand Il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’Il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l’Écriture et à la Parole que Jésus avait dite.

Que retenir des textes de ce jour ? 

1e Plus que les pierres, plus que les lieux, même s’ils sont extrêmement importants, le lieu de la Présence de Dieu c’est Jésus
Lui-même. 
Perdu au fin fond du monde, là où il n’y a que du sable et de la caillasse, je peux célébrer mon Seigneur parce que, par le baptême Il habite en moi.

2e Tout homme, parce qu’il est créé à l’image de Dieu, est Le Temple de la Très Sainte Trinité, je lui dois le respect.

3e Si nous nous rassemblons chaque dimanche à l’église, c’est pour puiser à la même source de l’amour qui est en Dieu. Le seul véritable Temple c’est Dieu et c’est autour de Lui que nous sommes appelés à être rassemblés pour l’éternité. Nous sommes en marche vers cette grande fête qui n’aura pas de fin.

Nous te supplions Seigneur, aide-nous à former ensemble ce « Temple des cœurs où l’amour est premier ».


L'Ermite