DEUXIÈME DIMANCHE DE L’AVENT 2014 Mc
1, 1-8
PRÉPAREZ !
Et
si nous retenions, aujourd’hui cette seule consigne, proclamée dans le désert,
par Jean Baptiste le Précurseur du Seigneur !
Jean
Baptiste ! Nous le connaissons tous, ou croyons le connaître ! Il
parcourt le désert, vêtu de peaux de bêtes, se nourrit de sauterelles et porte
un message étrange, qui plus est, dans le désert !
Ne
serait-il pas un tantinet original ce Jean Baptiste ? Pourquoi choisit-il
le désert pour annoncer un message aussi important qui demande pas mal d’énergie si on est en
capacité de le recevoir ? Dans le désert, qui peut recevoir son
message ?
N’oublions
pas trop vite, les premiers mots de l’Évangile de Saint Marc :
« Il
est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de
toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert »
Jean Baptiste est, en réalité,
« l’envoyé » du Père, pour ouvrir le chemin à Celui qui vient, Jésus,
il n’est pas la Parole, il est la Voix, donc un organe qui fait du bruit, pour
attirer l’attention de qui pourra l’entendre sur un événement qui va
bouleverser le monde ! Une question demeure : pourquoi dans le
désert ? Si Jean-Baptiste veut être entendu, il serait préférable qu’il
harangue les foules là où elles se trouvent, là où elles se bousculent pour se
faire une place au soleil de la vie ! Nous nous heurtons ici à une
impasse !
Peut-être faut-il alors se demander de
quel désert il est question ?
L’image que nous en avons, est celle d’une
immensité de sable, sans ou avec très peu de végétation où le soleil brûle, où
l’eau fait défaut et pas une âme qui vive parce qu’elle ne pourrait y
survivre ! Alors de quel désert parle-t-on ? J’ai du mal à l’exprimer
car ce n’est pas à notre honneur, ne s’agit-il pas du désert de notre monde que
par toutes sortes de subterfuges nous vidons de sa dimension spirituelle en
donnant la priorité à toutes sortes d’artifices qui nous font croire que nous
sommes des dieux, que notre vie n’a pas d’autre but et d’autre intérêt que le
terrestre, qu’il faut donc profiter au maximum de tout ce qui s’offre à nous en termes d’avoir, de pouvoir et de plaisirs
variés et souvent dégradants ! Dans ce désert, un homme, nommé Jean
Baptiste, ose dire, haut et fort :
« Préparez
le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »
Ce message d’hier, est toujours actuel
dans un monde où chacun veut dépasser son voisin, en avoir, en pouvoir et en
plaisirs, où, dans nos cœurs, se livre une guerre sans merci avec les
Puissances du mal qui risquent de nous entraîner, comme il est écrit : « là où nous ne voudrions pas
aller ».Ces Puissances qui obscurcissent nos esprits, nous enlèvent
toute lucidité, tout discernement pour appeler Mal ce qui est mal et Bien ce
qui est bien !
Ces Puissances qui nous dominent, nous
aveuglent, nous transforment en accusateurs de nos frères, nous empêchent de
dire le mot qui convient à ceux qui s’étourdissent et courent à leur perte. Ce
n’est jamais facile certes, mais le Seigneur ne nous demande pas de réussir
mais d’annoncer et d’espérer voir se lever la semence jetée dans le désert du
monde ! Notre mission c’est DE PRÉPARER la terre des cœurs par notre
témoignage, par nos choix de vie qui, un jour ou l’autre, poseront
question !
Il n’est pas anodin d’être présents à
l’Eucharistie dominicale, nos frères humains, pour qui c’est du temps perdu,
finiront bien par se poser la bonne question et, parfois par nous la
poser ! Il n’est pas anodin de renoncer aux biens et aux plaisirs de la terre, de vivre en solitude et dans le
silence, cette graine-là germe quelque part dans le monde ! Songeons à
Thérèse de Lisieux qui, épuisée, marchait pour un missionnaire exténué et, à
l’autre bout du monde un missionnaire ressentait en lui-même le bienfait de
l’offrande d’un ou d’une inconnue !
Préparer les chemins du Seigneur c’est
avec la grâce de Dieu extirper les mauvaises racines de nos cœurs, pour
permettre au Seigneur de grandir en nous, de nous éclairer, de nous sanctifier
par ses sacrements, par Sa Parole, par les services rendus à nos frères.
N’ayons pas peur des sacrements et notamment du sacrement du pardon qui nous
renouvelle et nous dynamise !
Préparer les chemins du Seigneur, c’est
rendre droits ses sentiers, rendre droit ce qui est tordu, dévoyé, en
nous : ceux qui nous voient, un jour ou l’autre, emboîteront le pas !
« Alors Jean, celui qui baptisait, parut
dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon
des péchés. »
Le baptême de conversion n’est rien d’autre
que ce retournement de nos cœurs, ces petits ou grands ajustements pour vivre
selon la Parole de Dieu.
« Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. »
Nous dit St Pierre dans la première
lecture, Le Seigneur nous laisse le temps de la conversion. L’épreuve, nous le
disions la semaine dernière est parfois le chemin de cette conversion : « nul ne se connaît tant qu’il n’a pas
souffert » écrivait Alfred de Musset. Notre Dieu est patient, Il
attend que notre heure devienne la sienne !
« Car ce que nous attendons, selon la
promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera
la justice. C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout
pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. »
Recevons ce conseil de l’Apôtre avec
reconnaissance, et là où nous en sommes de notre vie de foi, avec les moyens
qui sont les nôtres, soyons les « Jean Baptiste » d’aujourd’hui,
préparons, sérieusement les chemins du Seigneur, tout ce que nous semons de bon
en nous et dans notre environnement germera un jour, à l’heure du
Seigneur !
L'Ermite