VINGT SIXIÈME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
(Mt 21, 28-32)
« Que pensez-vous de ceci ? »
Avons-nous entendu cette question de Jésus ? Posée, en son
temps, à son entourage, cette question s’adresse à nous aujourd’hui. Sans doute
Jésus veut-il attirer notre attention sur la parabole qui suit, nous tenir en éveil pour susciter une vraie
réflexion sur l’attitude des deux fils et sur la conclusion, pas moins
surprenante, qui devrait nous piquer au vif : les prostitués ? Les
publicains ? Pourraient nous devancer dans le Royaume ? Comme
souvent, Jésus va droit là où Il veut nous conduire ! A savoir : une
remise en question de nos agissements, de notre regard souvent perverti, de nos
jugements qui ont vite fait de classer nos frères, et de dire, en nous
redressant comme le Pharisien venu au Temple pour se recueillir :
« O Dieu,
je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont
rapaces, injustes, adultères, ni encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois
la semaine; je paie la dîme de tout ce que j'acquiers. (Luc 18)
Ailleurs nous lisons :
« L’homme regarde le visage, mais
Dieu regarde le cœur.» (1Samuel 16)
En effet, Dieu ne s’arrête pas aux
apparences, ce que nous avons tendance à faire, Dieu Lui, regarde le cœur, les
attitudes et intentions profondes de l’homme.
Ici, quand Jésus demande notre avis, Il
sait très bien que dans un premier mouvement notre regard se portera sur nos
voisins. En réalité, Jésus pose une question pour nous inviter à réfléchir sur
notre manière de nous conduire, personnellement. Ne sommes-nous pas, chacun,
ces deux fils qui, parfois disent oui et font non, et d’autres fois disent
non, et, par un retour sur soi-même font oui ? Il ne s’agit pas du tout du
voisin, mais de soi ! Ces deux hommes, c’est, moi, c’est vous, c’est chacun
de nous ! St Paul n’en a-t-il pas fait la cuisante expérience quand il
écrit :
« Je ne comprends rien à ce que
je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais. Vouloir
le bien est à ma portée, mais non pas l'accomplir, puisque le bien que je veux,
je ne le fais pas et le mal que je ne
veux pas, je le fais, ce n'est pas moi qui agis, mais le péché qui
habite en moi. (Romains 7)
Nous sommes en effet des êtres
terriblement complexes. Je ne peux m’empêcher de penser à cette personne qui me
disait : « merci
de prier pour moi, pour que je ne critique pas mes frères ! » Cette personne ne veut pas critiquer et,
cependant elle tombe facilement dans ce piège ! Et nous pourrions ici,
faire mémoire de toutes nos bonnes intentions avortées, nous voulions le bien,
le bon, et nous sommes tombés dans le mal, le mauvais ! Nous avons envie
de penser et de dire : « c’est
le propre des enfants ! » mais
non chers amis, c’est notre façon d’agir, aujourd’hui quel que soit notre âge,
notre situation ! Et l’évangile de ce jour nous permet de comprendre à
quel point notre cœur est malade d’être divisé ! Cette parabole nous
invite à prier Dieu, Notre Père pour qu’Il unifie notre cœur, pour que « notre OUI, soit OUI, et notre NON un vrai
Non ! » comme Jésus nous
le demande ailleurs. Pour que ce Père nous affermisse dans nos bons désirs,
dans notre volonté de nous conduire en vrais fils de Son cœur.
Avez-vous remarqué, le nombre de fois
où nous disons OUI, au Seigneur au cours de la liturgie Eucharistique ?
Notre OUI, se traduit par AMEN, si nous disons AMEN c’est que nous sommes
d’accord avec ce qui est exprimé et que faisons-nous ce ces « AMEN »
répétés au cours de nos semaines ? Le risque est d’en faire un
automatisme, alors qu’il s’agit d’affirmer notre adhésion. Il serait
intéressant de se poser et de regarder, dans notre missel le nombre de fois où
nous avons dit « OUI-AMEN » et où nous avons fait « NON »
tournant le dos, sans même nous rendre
compte de notre engagement, je vous assure que nous ne serions pas fiers du
tout ! Nous disons facilement OUI ; nous prenons des
résolutions, nous nous engageons à pardonner et à faire la paix ; mais rien ne
bouge. Notre OUI est bien vite oublié. Alors nous t’en prions : viens à notre
secours Seigneur. Aide-nous à mettre notre vie en accord avec nos paroles.
Aide-nous à mettre ce OUI en pratique. Car :
« Dieu
ne désire pas la mort du méchant, nous disait Ézéchiel dans la première lecture,
mais qu’il se convertisse et qu’il vive ! »
Dieu
Notre Père veut notre bonheur et notre bonheur est d’être établi dans la paix
du cœur ! N’est-elle pas, cette paix un des fruits de l’Esprit
Saint ? N’est-elle pas le don par excellence de l’Amour de
Jésus ? :
« Je vous laisse la paix, je vous
donne ma paix. Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que
votre cœur cesse de se troubler et de craindre. » (Jean 14)
Le moment est peut-être venu de
demander à Jésus « pourquoi Il nous parle ici des publicains et des
prostitués ? Cela ne vous paraît-il pas étrange ? Le patron, ou
protecteur des publicains pourrait être celui qui apparaît avec le Pharisien
dans l’Évangile, au chapitre 18 de St Luc, écoutons-le :
« Le
publicain, se tenant à distance, n'osait pas même lever les yeux au ciel; mais
il se frappait la poitrine en disant: " O Dieu, ayez pitié de moi le
pécheur ! " (Luc 18)
N’est-il pas le modèle de ceux qui
savent se remettre en question ? De ceux qui savent rentrer en eux-mêmes
et reconnaissent que leurs actes de collent pas vraiment avec les attentes de
Jésus dans l’Évangile ? Demandons-lui de nous éclairer, de nous apprendre
à nous interroger sur l’adéquation de nos actes avec la Parole de Jésus.
La protectrice des prostituées serait
Marie Madeleine dont les larmes ont lavé les pieds de Jésus chez le Pharisien
Simon. Sa vie désordonnée la remplissait de contrition au point qu’elle se
tenait derrière Jésus, tendue vers ses pieds qu’elle inondait de ses larmes et
essuyait de ses cheveux. Oui, ses cheveux qui constituaient sa parure hier,
étaient utilisés ici comme un torchon de pieds ! Son attitude induisait
des pensées peu glorieuses dans l’esprit de Simon :
« S'il
était prophète, il saurait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche,
que c'est une pécheresse. « (Luc 7)
Jésus sait fort bien et Il va le lui prouver :
Simon:
" Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu n'as pas versé
d'eau sur mes pieds; mais elle, elle a arrosé mes pieds de (ses) larmes et les
a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as
point donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle ne cessait pas
d'embrasser mes pieds. Tu n'as pas oint ma tête d'huile; mais elle, elle a oint
mes pieds de parfum. C'est pourquoi, je
te le dis, ses nombreux péchés lui sont pardonnés, parce qu'elle a beaucoup
aimé; mais celui à qui l'on pardonne peu, aime peu. " Et à elle, il dit:
" Tes péchés sont pardonnés. (Luc 7)
Jésus ne fait pas ici l’éloge du péché mais celui du repentir humble, sincère et confiant. Et c’est cela qu’Il nous demande d’imiter. Jésus nous invite à nous remettre en question comme le « saint » publicain et à regretter profondément nos égarements comme « sainte » Marie Madeleine ! Prenons exemple sur eux, Dieu nous appelle, en Jésus à une profonde conversion, à un total
retournement.
Que
notre Oui soit OUI, que notre Non soit NON dans toutes les circonstances de
notre vie.
« Si
le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice,
il sauvera sa vie. Parce qu'il a ouvert les yeux, parce qu'il s'est détourné de
ses fautes, il ne mourra pas, il vivra. »
Ce
sera ma conclusion emprunté à la première lecture et, surtout mon souhait !
L'Ermite