vendredi 29 septembre 2023

QUEL FILS SUIS-JE ?

 

XXVI e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A

(Mt 21, 28-32)

L’Évangile de dimanche dernier nous mettait en présence d'un Dieu parfaitement LIBRE de Ses dons, il est évident qu'Il ne serait pas Dieu si ce n'était pas le cas . Ne nous trompons pas de LIBERTE, si notre Père est LIBRE, Il est JUSTE, d'une Justice qui n'a d'égale que Sa Sainteté, aussi restons dans la confiance absolue car nous savons qu'Il sonde les reins et les cœurs et qu'Il sait, Lui, ce qu'il y a dans l'homme et ce qui est bon pour lui  !

Seigneur de l'univers, toi qui juges avec justice, qui scrutes les reins et les cœurs, (Jr 11)

Mets fin à la rage des impies, affermis le juste, toi qui scrutes les cœurs et les reins, Dieu, le juste. J'aurai mon bouclier auprès de Dieu, le sauveur des cœurs droits. (Ps7)

Nous avons contemplé un Dieu magnanime et libre à l'égard des ouvriers du Royaume. Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'ouvriers mais des propres enfants de Notre Père.

La liturgie laisse encore une fois certains passages tels que la troisième annonce de la Passion, l'étonnante demande de la Mère des fils de Zébédée Jacques et Jean, cette péricope où Jésus , en réponse à leurs ambitions leur révèlent que « celui qui voudra devenir grand, parmi vous, se fera votre serviteur; (Mt 20) – de quoi leur apprendre et nous apprendre, à demeurer à leur ( à notre) juste place - la rencontre avec les deux aveugles de Jéricho où Jésus manifeste Sa compassion pour l'homme handicapé, nous laissons de côté

l'Entrée messianique à Jérusalem, épisode qui fait l'objet de toute la liturgie des Rameaux au moment de l'Entrée dans la semaine Sainte. La sainte colère pouvons-nous dire, de Jésus chassant les vendeurs du Temple où il refuse de voir la « Maison de Son Père » réduite à un lieu d'échanges financiers , suivi du figuier desséché et la fameuse question des grands prêtres et des Anciens du Peuple à qui Jésus « cloue le bec » en les mettant adroitement et finement dans l'embarras :" Moi non plus, je ne vous dis pas par quel pouvoir je fais cela. (Mt 21) avant de leur proposer la Parabole qui retient notre attention en ce jour. C'est en effet aux Grands Prêtres et aux Anciens du Peuple que Jésus raconte cette histoire :

Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :    « Quel est votre avis Un homme avait deux fils.Il vint trouver le premier et lui dit :‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’    Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.    Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’et il n’y alla pas.    Lequel des deux a fait la volonté du père ? »Ils lui répondent :« Le premier.  »

Question et réponse nous font sourire! Si les relations de Jésus avec les personnages cités n'étaient pas si difficiles on pourrait y voir un jeu d'enfants et même, une certaine dérision ! Or c'est loin d'être le cas ! Nous savons à quel point les Grands Prêtres et les Docteurs de la Loi si fiers de leurs connaissances sont dérangés :par « la science infuse » de Jésus

« D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?  N’est-il pas le fils du charpentier ? Mt 13, 54

Ils se mirent alors à le guetter et lui envoyèrent des espions. Ceux-ci jouaient le rôle d'hommes justes pour le prendre en défaut en le faisant parler, afin de le livrer au pouvoir et à l'autorité du gouverneur. (Lc 20)

par son autorité sur les puissances du mal, au point qu'ils Le remettent souvent en question et cherchent constamment à Le piéger, à le mettre à l'épreuve.

Tous furent effrayés, et ils se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? Car il commande avec autorité et puissance aux esprits mauvais, et ils sortent ! » (Luc 4)

On était frappé par son enseignement parce que sa parole était pleine d'autorité. (Lc 4)

Jésus acheva ainsi son discours. Les foules étaient frappées par son enseignement, car il les instruisait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. (Mt 7)

« A mon tour, je vais vous poser une seule question ; et si vous me répondez, je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela : Le baptême de Jean, d'où venait-il ? du ciel ou des hommes ? » Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement : « Si nous disons : 'Du ciel', il va nous dire : 'Pourquoi donc n'avez-vous pas cru à sa parole ?' Si nous disons : 'Des hommes', nous devons redouter la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. » Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela. (Mt 21)

Nous savons aussi, comment, sans violence, Jésus déjoue leurs plans et leur échappe constamment  car l'Heure fixée par le Père n'est pas venue !

En entendant cela, ils furent tous remplis de colère dans la synagogue, et s'étant levés, ils le poussèrent hors de la ville, et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne, sur laquelle leur ville était bâtie, pour le précipiter. Mais lui, passant au milieu d'eux, s'en alla. (Lc 4)

En posant cette question Jésus souhaite réveiller les Grands Prêtres et les Docteurs de la Loi, leur permettre de rentrer en eux-mêmes pour regarder et voir la réalité en face . Ne sont-ils pas en effet ceux qui attendent le Messie promis depuis des siècles ? Ce Messie qui vient pour mettre un peu d'ordre dans ce monde divisé ? Or, le Messie attendu est là, devant eux, et ils sont empêchés de Le reconnaître ! Mais pourquoi n'adhèrent-ils pas comme les foules qui Le suivent, Le précèdent souvent, pour ne pas Le laisser s'échapper ! Ces foules bigarrées venues de tous bords, y compris les païens qui ne craignent pas d'enfreindre la loi justement, pour L'approcher, solliciter Son aide, souvent une guérison ? Ces foules qui viennent de L'accueillir à Jérusalem en criant leur joie, :Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna au plus haut des cieux! (Mt 21) ! Tout est dit non ? Louange au Fils de David ! Béni soit Celui qui vient au NOM DU SEIGNEUR ! Tressaille d'une grande joie, fille de Sion! Pousse des cris d'allégresse, fille de Jérusalem! Voici que ton Roi vient à toi; Il est juste, lui, et protégé de Dieu; il est humble; monté sur un âne, et sur un poulain, petit d'une ânesse. Je retrancherai d'Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux, et l'arc du combat sera détruit. Il parlera de paix aux nations; sa domination s'étendra d'une mer à l'autre, du fleuve jusqu'aux extrémités de la terre. (Za 9) Les Docteurs connaissent parfaitement cette prophétie de Zacharie, mais ils sont aveuglés, sans doute par leur orgueil, ils sont empêchés d'effectuer le rapprochement ! Les louanges de la foule au lieu de les éclairer enveniment leur colère, ils observent Jésus de plus près, veulent trouver la faille mais Jésus , sans colère, « les renvoie dans leurs buts » !

Quand ils eurent répondu Jésus va même jusqu'à les provoquer, toujours avec le désir de dessiller leurs yeux d'aveugles-nés

Jésus leur dit :« Amen, je vous le déclare :les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu.Voilà de quoi exacerber leur fierté intrinsèque ! Oser leur dire que publicains et prostituées les précèdent dans le Royaume , ces pécheurs notoires, montrés du doigt par tous, dénoncés par la loi qu'ils prônent haut et fort, voilà ce qui devrait les retourner, ouvrir leurs yeux, leurs oreilles leurs cœurs , mais eux restent campés sur leurs positions ! Ce Jésus, fils du charpentier de Nazareth n'est qu'un imposteur, ils ne se posent même pas la question ou, si certains , dans le brouillard, entrevoient un ersatz de vérité ,ils ont peur du pouvoir en place et préfèrent se ranger du côté des Puissants de ce monde !

N'y-a-t-il pas matière à nous ébranler personnellement dans ces versets ? Car l’Évangile n'est pas écrit seulement pour les Grands Prêtres, les Docteurs de la loi, les foules du temps de Jésus, l’Évangile s'adresse à chacun de nous, AUJOURD'HUI dans la situation qui est la nôtre, en cet instant ! C'est là un des aspects étonnamment vivant de la Parole de Dieu comme le dit la Lettre aux Hébreux : « Elle est vivante la parole de Dieu; elle est efficace, plus acérée qu'aucune épée à deux tranchants; si pénétrante qu'elle va jusqu'à séparer l'âme et l'esprit, les jointures et les moelles; elle démêle les sentiments et les pensées du cœur. Aussi nulle créature n'est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. (Hb 4)

Et pourtant comme nos Pères dans la quête de Dieu,nous sommes bien souvent aveugles, sourds, muets ! Nous regardons sans voir ! Nous entendons sans entendre ! Nous parlons , parlons, parlons sans « bien dire » et parfois sans »rien dire »! A chacun de nous de permettre à Jésus d'entrer chez nous, de nous délivrer de nos carapaces, pour nous habiller du vêtement de la Lumière d'un cœur éclairé par La Parole de Vérité !

Et Jésus va donner le sens de ce rapprochement avec les publicains et les prostituées :    

Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice,et vous n’avez pas cru à sa parole ;mais les publicains et les prostituées y ont cru.Tandis que vous, après avoir vu cela,vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »

Eux ils ont CRU, ils ne se sont pas enfermés dans leur éventuelle science , ils ont fait confiance et ce n'est pas votre cas ! Eux ils se sont repentis « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : 'Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.' Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : 'Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !' Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. » (Lc18)

La femme lui répondit: "Je sais que le Messie (celui qu'on appelle Christ) va venir; lorsqu'il sera venu, il nous instruira de toutes choses." Jésus lui dit: " Je le suis, moi qui vous parle." Et à ce moment arrivèrent ses disciples, et ils s'étonnèrent de ce qu'il parlait avec une femme; néanmoins, aucun ne dit: "Que demandez-vous?" ou: "Pourquoi parlez-vous avec elle?" La femme, alors, laissant là sa cruche, s'en alla dans la ville, et dit aux habitants: "Venez voir un homme qui m'a dit ce que j'ai fait; ne serait-ce point le Christ?" (Jn 4)

Humilité ! voilà le maître mot : reconnaître en vérité nos limites « amour et vérité se rencontrent » dit le psaume 84 ! Sont-ils dans la vérité quand ils cherchent la réponse qui les mettra à l'abri : si on dit ça ? Et si on dit ceci ? Ils préfèrent opter pour l'ignorance ! Où est leur sincérité ?

Justice et paix s'embrassent poursuit le même psaume, sont-ils dans la justice quand ils cherchent à faire disparaître Jésus simplement parce que Sa Parole les dérange, qu'Elle les remet en question, qu'Elle leur montre leurs incohérences ?

Frères, sœurs, avons-nous vraiment le souci d'harmoniser notre vie avec la Parole de Dieu , de nous laisser bousculer par cette Parole pour mettre chaque jour davantage nos pas dans ceux de notre Maître et Seigneur : Jésus-Christ ?

« Dieu très haut et glorieux,

viens éclairer les ténèbres de mon cœur ;

donne-moi une foi droite, une espérance solide

et une parfaite charité ;

donne-moi de sentir et de connaître,

afin que je puisse l'accomplir,

Ta volonté sainte qui ne saurait m'égarer. Amen. »

Saint François d'Assise (1182-1226)

L'Ermite

vendredi 22 septembre 2023

… PARCE QUE MOI JE SUIS BON ?


XXV e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A

(Mt 20, 1-16)


Dimanche dernier, en réponse au questionnement de Pierre, Jésus comparait le Royaume des cieux, à un roi qui de retour de voyage, veut mettre de l'ordre dans ses comptes avec le serviteur chargé d'assurer la continuité en son absence . La continuité dans la gestion, autant financière que comportementale . Le serviteur apprendra, expérimentalement que la miséricorde du Père-Roi est sans limite et ne fait pas de différences entre les personnes.

Aujourd'hui, Jésus, toujours dans le souci de formation de Ses disciples (apôtres), raconte une nouvelle parabole toujours instructive, pour leur apprendre, et nous apprendre, à nous habiller des mœurs du Père qui sont bien loin de nos petits calculs mesquins et étriqués !

Les premières lectures de ce jour donnent le ton, et nous invitent à être et à rester éveillés :

Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche.notre Dieu qui est riche en pardon.    Car mes pensées ne sont pas vos pensées,et vos chemins ne sont pas mes chemins,– oracle du Seigneur.    Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins,et mes pensées, au-dessus de vos pensées.

C'est clair : nous devons absolument changer notre façon de voir, d'appréhender les situations, nous devons impérativement apprendre à nous couler dans le moule divin, pour en épouser la forme et, surtout, la pensée pour ne pas Le faire mentir quand Il déclare en Genèse 1,37 :Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance. Ce que St Paul exprime ainsi dans la seconde lecture :Quant à vous,ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ. Or l’Évangile, c'est Le Christ Lui-même !

Jésus disait cette parabole à ses disciples :  

« Le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne.    Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée :un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent,et il les envoya à sa vigne.    Sorti vers neuf heures,il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire.    Et à ceux-là, il dit :‘Allez à ma vigne, vous aussi,et je vous donnerai ce qui est juste.’    Ils y allèrent.Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures,et fit de même.Vers cinq heures, il sortit encore,en trouva d’autres qui étaient là et leur dit :‘Pourquoi êtes-vous restés là,toute la journée, sans rien faire ? Ils lui répondirent :‘Parce que personne ne nous a embauchés.’Il leur dit :‘Allez à ma vigne, vous aussi

Le Maître du domaine n'est autre que Dieu le Père et ce n'est pas seulement le matin à neuf heures, à midi ...mais c'est instant après instant , c'est-à-dire constamment, que Dieu Père, par Son Fils Jésus, nous fait signe pour un engagement profond , authentique sur le chemin de l'amour évangélique. Dieu ne laisse personne sur le bord du chemin : « la moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux » alors viens ! Murmure-t-Il dans le cœur de tout homme de bonne volonté. « Dieu nous accueille en Sa Maison, Dieu nous invite à Son festin » dit un chant liturgique bien connu ; nous sommes tous invités mais il y a tant de bruit, tant de sollicitations , tant de dispersions que Sa voix est la plupart du temps étouffée ! Prions pour un réveil spirituel dans notre monde et participons, à notre niveau , là où nous sommes, à ce réveil !

Retrouvons notre Parabole en soulignant un détail qui a son importance, le Maître de Maison a convenu d'un salaire précis avec les premiers embauchés ( pour le croyant, c'est la vie éternelle ) par contre, ceux qui sont appelés à des heures différentes, ne réclament rien et le Maître ne propose rien non plus ! C'est surprenant non ? C'est que le Maître a une petite, ou grande idée en tête ! Nous ne tarderons pas à comprendre le but recherché par Jésus qui n'a pas Son pareil pour faire réfléchir les Apôtres et chacun de nous et nous maintenir en haleine Continuons à Le suivre attentivement et n'oublions surtout pas que Jésus S'est revêtu de notre humanité pour nous faire connaître l'Amour fou du Père pour chacun d'entre nous .D'ailleurs, quand nous abordons une page d’Évangile nous devrions toujours garder cela dans notre esprit :que me dit Jésus de L'ÊTRE du Père dans cette séquence ou / et que veut-Il me dire à moi, personnellement ?

Le soir venu,le maître de la vigne dit à son intendant :‘Appelle les ouvriers et distribue le salaire,en commençant par les derniers pour finir par les premiers.’    Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier.    Quand vint le tour des premiers,ils pensaient recevoir davantage,mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier.    En la recevant,ils récriminaient contre le maître du domaine :    ‘Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure,et tu les traites à l’égal de nous,qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !’    Mais le maître répondit à l’un d’entre eux :‘’

En commençant par remettre le salaire aux derniers , puis aux avant-derniers et avant avant-derniers, les premiers doivent se réjouir espérant que le Maître de la vigne agit ainsi par discrétion . Apprenant que les derniers reçoivent le salaire qui avait été arrêté avec eux, les premiers doivent légitimement espérer qu'un bonus leur sera alloué ,aussi, quand ils découvrent qu'il n'en est rien ils sont retournés et furieux , c'est
compréhensible ! C'est justement là que Jésus nous attend :‘Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ?Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?’

Pensons à ce qui s'est passé sur le calvaire ! Jésus est crucifié avec deux brigands, l'un persiste et signe sa vie de débauche, l'autre est ébranlé en voyant l'innocent, Jésus, condamné, il reconnaît là le signe évident de Sa divinité et à sa demande , il obtient la grâce immédiate du Paradis , voilà bien un dernier qui devient premier dans l'ordre du Salut ! C'est justement un des aspects que nous révèle Jésus dans cette Parabole :Que le méchant abandonne sa voie, et le criminel ses pensées; qu'il revienne au Seigneur, et il lui fera grâce; à notre Dieu, car il pardonne largement, Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, -- oracle du Seigneur Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. (Is 55)

Il y a , je pense un autre aspect, Jésus, d'ailleurs se montre plus explicite :Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?’Dans la Bible il est fait 211 fois référence à la miséricorde divine,dont 47 fois dans le Nouveau Testament

Que le Seigneur lui donne de trouver miséricorde auprès de Dieu au dernier Jour. (2Tm 1)

Un instant, un moment, je t'ai abandonnée, mais avec une grande miséricorde je te rassemble. (Is54)

La sagesse qui vient de Dieu est d'abord droiture, et par suite elle est paix, tolérance, compréhension ; elle est pleine de miséricorde et féconde en bienfaits, sans partialité et sans hypocrisie. (Jc 3)

Maintenez-vous dans l'amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ en vue de la vie éternelle. (Jd 1)

Il a montré sa miséricorde envers nos pères, il s'est rappelé son Alliance sainte (Lc 1)

Si vous n’êtes pas convaincus de la bonté de Dieu, prenez soin de rechercher les 211 citations ! Souvenons-nous simplement et inscrivons-le en lettres d'or dans notre cœur, sur les paumes de nos mains , sur notre front comme autrefois nos aînés dans la foi, DIEU EST BON ! DIEU EST MISERICORDE !DIEU EST BON ! Et Il est LIBRE de Ses dons ! Parce que Lui seul connaît le fond des cœurs !

Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés,et alors que nous étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec le Christ (c'est par grâce que vous êtes sauvés); il nous a ressuscités, ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les cieux en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi; et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu; (Eph 2)

« C’est ainsi que les derniers seront premiers,et les premiers seront derniers. »

L'essentiel n'est-il pas d'avoir une demeure auprès de Dieu ? Jésus l'affirme « Il y a beaucoup de demeures dans la Maison de mon Père »Jn 14,2  Pour nous, aimons, soyons bons comme est bon notre Père du ciel !

1-Admirable grandeur,

étonnante bonté du Maître de l’univers

Qui s’humilie pour nous

au point de se cacher dans une petite hostie de pain.

R/ Regardez l’humilité de Dieu, regardez l’humilité de Dieu,
Regardez l’humilité de Dieu, et faites-Lui l’hommage de vos cœurs.

2.Faites-vous tout petits,

vous aussi devant Dieu pour être élevés par Lui,

Ne gardez rien pour vous,

offrez-vous tout entiers à ce Dieu qui se donne à vous. R/



L'Ermite

vendredi 15 septembre 2023

JUSQU'A SOIXANTE DIX FOIS SEPT FOIS

 

XXIV e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A




(Mt 18, 21-35)

Dimanche dernier Jésus nous enseignait à propos de la correction fraternelle et nous avons vu qu'il s'agissait de personnes qui ne reconnaissaient pas leur erreur, leur péché. .Aujourd'hui, suite à cet enseignement , Pierre pose une question à Jésus nous y faisions allusion également dimanche dernier ? Il s'agit ici d'un récidiviste et, ne l'oublions pas , nous faisons partie de cette catégorie dans notre relation avec le Seigneur et donc avec nos frères  :

Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander :« Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ?Jusqu’à sept fois ? »    Jésus lui répondit :« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois,mais jusqu’à 70 fois sept fois.

Cette réponse nous semble surprenante et bien exigeante : 70 fois sept fois c'est parler d'infini, Jésus, à travers la question de Pierre, nous demande de pardonner à l'infini , sans jamais nous lasser ! N'est-Il pas, le Premier de cordée , Lui, Jésus, en la matière ? Nous retombons souvent dans nos vieilles ornières et Jésus nous accueille et nous pardonne sans sourciller, indéfiniment si nous manifestons un regret sincère etun désir sérieux d'y remédier . Pierre a dû faire une drôle de tête devant cette réponse du Seigneur , c'est peut-être pour cette raison que Jésus va utiliser une nouvelle fois, une parabole pour lui permettre et nous permettre, de comprendre Son point de vue et surtout d'aller plus loin  :

Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait,quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).   Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser,le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens,en remboursement de sa dette.    Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait :‘Prends patience envers moi,et je te rembourserai tout.Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

Nous retrouvons le Royaume des cieux, nous sommes donc dans notre Maison d’Éternité et le Roi c'est Dieu le Père. Nous sommes infiniment nombreux à être en dette à Son égard et il est préférable, pour notre part , d'éviter tout calcul. Jésus s'y hasarde pour nous faire prendre conscience de nos comportements. Jésus avance une somme exorbitante qui reste en dessous , malgré tout, de notre dette, incalculable celle-ci ! Et Jésus sait très bien que ce n'est pas l'esprit de Son Père , mais, Il voit plus loin ! Jésus choisit un serviteur lambda qui est dans l'incapacité, comme chacun de nous, de rembourser et qui en appelle à la patience du Père-Roi, lequel, comme le Père Miséricordieux de la Parabole de la Miséricorde, efface toute l'ardoise, et renvoie libre ce serviteur en détresse !

Et c'est là précisément que chacun de nous, Pierre en tête , est attendu .Le serviteur libéré ne contient pas son bonheur et sort joyeux et sautillant, c'est sans compter avec le caillou qu'il heurte au passage ! Il, lui, toi, je, Pierre, nous, sommes libérés grâce à l'incommensurable amour du Père qui veut notre Salut mais voilà qu'un gravillon rentre dans notre chaussure, ce gravillon c'est un nos compagnons de route qui nous a fait une entourloupette que il, lui,toi, je Pierre, nous, ne digère pas. C'est le second volet de notre Parabole :

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent.Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant :‘Rembourse ta dette !’    Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait :‘Prends patience envers moi,et je te rembourserai.’    Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.    Ses compagnons, voyant cela,furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.    Alors celui-ci le fit appeler et lui dit :‘Serviteur mauvais !je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.    Ne devais-tu pas, à ton tour,avoir pitié de ton compagnon,comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’    Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

Le caillou ,c'est ce compagnon de route, Mr Entourloupette, le voisin , le cousin quand ce n'est pas le frère, la sœur, auteur de l'entourloupette que «  je » ne digère pas : une parole maladroite, une jalousie, un héritage dont les parts paraissent inégales, etc Le serviteur, pourtant encore sous l'effet d'une libération inattendue lui saute dessus fou-furieux, le menace de mort et, refusant d'écouter ses supplications, il jette sans scrupule, Mr Entourloupette en prison ! Il, lui, toi, je, Pierre, nous , capables , chacun pour sa part d'en faire autant, s'insurge et fait remonter l'ignoble réaction jusqu'au Père-Roi qui cette fois , ne se montre pas tendre. Ce pourrait-être un avant-goût du jugement dernier où celui, ceux, qui s'enferment dans leur péché et refusent à faire miséricorde, seront confrontés à la justice du Père-Roi.

 “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »Mt 25,46

 Ne devais-tu pas, à ton tour,avoir pitié de ton compagnon,comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?

« comme moi-même » par cette invitation, Jésus nous invite à adopter de plus en plus les façons d'agir du Père-Roi ? C'est un appel à nous remettre en question, à regarder comment j'agis avec mes proches et moins proches. Notre attitude envers les autres restera toujours le meilleur critère de discernement. Agissons-nous à la manière de Dieu dans nos relations avec nos frères ? A chacun de répondre !

Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera,si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. » Aurons-nous ce qui convient pour rembourser notre dette ? Au chapitre 6 de St Matthieu, les apôtres demandent à Jésus de leur apprendre à prier, Jésus leur répond en leur enseignant le Notre Père qui se termine ainsi :remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes remettons à ceux qui nous doivent; et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivrez-nous du Malin. Et Jésus de conclure cette séquence par ces mots :

Car si vous remettez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous remettra aussi (les vôtres). Mais si vous ne remettez pas (les leurs) aux hommes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos offenses. (Mt 6)

Le Pardon est source de paix et de joie et de liberté intérieure !


Tu pardonnes sans compter

(Bernard/Michel Wackenheim/ADF-Musique)

Refrain
Tu pardonnes sans compter,
Dieu plus grand que notre cœur.
Apprends-nous à pardonner,
Prends pitié de nous, Seigneur !

1
Depuis l’aurore de nos jours
Tu nous as tant et tant donné :
Trésors de vie, trésors d’amour,
La table offerte et l’amitié…
Tu sais aussi quelle est l’offense
Quand tous ces dons sont oubliés.

2
Seigneur et Maître de nos temps,
Qui parmi nous t’a bien compris ?
Tu nous fais don de ces talents
Aux dimensions de l’infini.
Quand notre dette est sans mesure,
Comment te dire un vrai merci ?

3
À ton image tu nous veux
Des serviteurs au cœur aimant.
Répands, Seigneur, en nous le Feu
Qui fait aimer tous tes enfants.
Que nos pardons envers un frère
Te rendent gloire, Dieu vivant !




L'Ermite

samedi 9 septembre 2023

DELIONS NOS FRERES !

 

XXIII e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE

Année A


(Mt 18, 15-20)

LA MISSION DES DISCIPLES
ET LES DISCOURS DE JÉSUS
EN SAINT MATTHIEU

S’asseoir et partir

La Loi nouvelle de l’Évangile est enseignée par Jésus, nouveau Moïse, en cinq discours qui structurent le témoignage de saint Matthieu. On peut dire qu’ils sont les pendants des cinq premiers livres de la Loi ou Torah, ceux qui ouvrent la Bible. Jésus rappelle en effet dans son premier discours qu’il n’est pas venu abolir, mais accomplir (5, 17). Ces cinq discours constituent le fondement de l’enseignement de Jésus à ses disciples. Ils intéressent particulièrement la formation des disciples-missionnaires que nous voulons être. + fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse

La péricope que nous méditerons aujourd'hui, s'inscrit dans le cinquième discours de St Matthieu appelé « Discours Ecclésiastique »

Si vous désirez connaître l'intégralité de la présentation de l’Évangile de St Matthieu par Mgr Le Gall, il vous suffit de taper la phrase qui suit dans votre moteur de recherche et vous aurez l'intégralité de cette étude.

S’ASSEOIR ET PARTIR, LA MISSION DES DISCIPLES ET LES DISCOURS DE JÉSUS

Les trois lectures de la liturgie de ce jour se rejoignent et se complètent :

Celle d’Ézéchiel indique que nous sommes responsables les uns des autres le Seigneur Dieu fait de chacun de nous un guetteur, entendons, un veilleur, il ne s'agit pas d'épier, mais de veiller les uns sur les autres  « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël.

Chacun de nous est appelé, par Dieu lui-même, à veiller sur le bonheur des frères et celui qui ne prend pas cette responsabilité au sérieux aura à en rendre compte « mais à toi, je demanderai compte de son sang. ». Dieu, nous rend responsables les uns des autres !

St Paul , dans la seconde lecture, nous demande, au nom du Seigneur Dieu n’ayez de dette envers personne,sauf celle de l’amour mutuel,car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi.. Quand St Paul parle d'une éventuelle dette, il s'agit, bien évidemment, de celle de L'amour , sous-entendu, il nous demande de vivre en paix les uns avec les autres : pas de rancune, pas de provocation non plus ! Il nous rappelle ensuite quelques uns des dix commandements dictés par Dieu et qu'il résume dans cet autre commandement de Jésus Tu aimeras ton prochain comme toi-même.le complétant par cette touche personnelle qu'il développe dans sa première Lettre aux Corinthiens :   L’amour ne fait rien de mal au prochain.et il conclut par cette allusion subtile à cette Parole du Maître« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Mt 5) : le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. C'est bien ce que Jésus nous apprend en donnant Sa vie par pur amour, pour le Salut de l'humanité !

Jésus disait à ses disciples :    « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.    S’il ne t’écoute pas,prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.    S’il refuse de les écouter,dis-le à l’assemblée de l’Église ;s’il refuse encore d’écouter l’Église,considère-le comme un païen et un publicain.    Amen, je vous le dis :tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel,et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.

Ce n'est évidemment pas la première fois que je médite cette Parole mais, à mon souvenir, c'est bien la première fois que je bute dessus ! Le premier verset m'a bousculée et j'ai cru voir une contradiction alors que Jésus ne se contredit jamais !Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. (Mt 18) Le problème est ailleurs ! J'ai cherché chez les autres évangélistes et c'est St Luc qui m'a permis d'ouvrir les yeux :Même si sept fois par jour il commet une faute contre toi, et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : 'Je me repens', tu lui pardonneras. »Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » (Lc 17)

Toute la différence est là :et que sept fois de suite il revienne à toi en disant : 'Je me repens', tu lui pardonneras. » Jésus, comme Il le fait avec chacun de nous, nous demande de pardonner à l'infini quand un frère reconnaît sa faute, mais aujourd’hui, il s'agit de quelqu'un qui refuse de reconnaître le préjudice causé . Dans semblable situation, Jésus conseille à la personne offensée de procéder par étape pour établir une relation fraternelle. Dans une première démarche la personne offensée rencontre personnellement l'offenseur pour tenter une prise de conscience .

Si la personne reste fermée, si elle ne veut rien entendre, la personne offensée peut avoir recours à deux ou trois frères , bien choisis pour leur sagesse, leur esprit fraternel, leur respect d'autrui , par des arguments nouveaux et éclairés ils essaieront d'ouvrir une brèche vers une conciliation.

Si l'offenseur s'emmure, et que son ou ses actes sont un réel contre témoignage il conviendra de faire appel à l'ensemble de la communauté ecclésiale locale afin d'éveiller chez le frère offenseur, pécheur, un retour à la raison !

Cette démarche proposée par Jésus suppose un amour authentique chez l'offensé et chez les éventuels intervenants. Il ne s'agit pas d'un règlement de compte mais avec délicatesse, sans vouloir écraser le fautif, l'offensé est invité à permettre d'ouvrir les yeux du cœur de l'offenseur pour qu'il prenne conscience de son erreur, la reconnaisse et fasse amende honorable, si son cœur est resté tant soit peu ouvert !

C'est ce que nous appelons la correction fraternelle , laquelle réclame l'assistance de l'Esprit pour désirer vraiment le bien de l'autre,allant jusqu'à oublier sa propre blessure pour permettre au pécheur de retrouver et reprendre sa juste place dans la Communauté ! St Grégoire le Grand enseigne clairement dans un commentaire sur le livre de Job la manière de renouer une relation :

« Nous nous sommes faits tout petits au milieu de vous »

Entends mes paroles, Job, écoute tous mes discours. ~

 Ainsi parle un de ses amis. L'enseignement des hommes arrogants a ceci de caractéristique qu'ils ne savent pas présenter avec humilité ce qu'ils enseignent, et qu'ils sont incapables de transmettre de façon véridique les vérités qu'ils possèdent. Ils montrent par leurs paroles, lorsqu'ils enseignent, qu'ils se considèrent comme installés sur un sommet, qu'ils regardent leurs auditeurs comme situés très en dessous d'eux. S'ils daignent leur adresser la parole, ce n'est pas pour les aider, mais seulement pour les dominer.

C'est donc à juste titre que le Seigneur leur dit, par la bouche du prophète : Vous les gouverniez avec violence et dureté. En effet, ils gouvernent avec violence et dureté, ceux qui s'empressent non pas de redresser leurs inférieurs par de paisibles raisonnements, mais de les courber en les dominant avec âpreté.

Au contraire, le véritable enseignement fuit d'autant plus vivement ce vice de l'orgueil, même en pensée, qu'il attaque plus ardemment par les flèches de ses paroles celui qui est en personne le maître de l'orgueil. Il veille à ne pas mettre en valeur par ses manières hautaines celui qu'il combat avec de saintes paroles dans le cœur de ses auditeurs. Il s'efforce de recommander par ses paroles et de manifester par sa vie l'humilité qui est la maîtresse et la mère de toutes les vertus, afin de l'inculquer aux disciples de la vérité par la conduite plus encore que par la parole.

C'est pourquoi Paul a dit aux Thessaloniciens, comme s'il oubliait la grandeur de sa propre fonction d'Apôtre : Nous nous sommes faits tout petits au milieu de vous. L'Apôtre Pierre disait d'abord : Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous. Et il ajoutait, pour montrer la manière dont on doit enseigner, tout en faisant connaître la doctrine : Mais faites-le avec douceur et respect, en gardant une conscience droite.

Lorsque saint Paul dit à son disciple Timothée : Voilà ce que tu dois prescrire et enseigner avec autorité, il ne lui recommande pas une domination tyrannique, mais cette autorité qui vient de la façon de vivre. En effet, on enseigne avec autorité ce que l'on pratique avant de le professer. Car on manque de confiance pour enseigner, lorsque la mauvaise conscience fait obstacle à la parole. Aussi est-il écrit, au sujet du Seigneur : Il parlait comme un homme qui a autorité, et non pas comme les scribes et les pharisiens. Car il fut le seul, d'une façon unique et primordiale, à parler en vertu d'une parfaite autorité, parce qu'il n'a jamais commis aucun mal par faiblesse. La puissance de sa divinité lui permettait de nous servir ainsi par l'innocence de son humanité.

Demandons, les uns pour les autres, la grâce de devenir petits ! Jésus s'est fait infiniment petit pour nous élever et nous relever ! Souvenons-nous également du Pharisien et du Publicain c'est ce dernier qui repart justifié ! De la Cananéenne qui ne refuse pas les miettes réservées aux petits chiens et obtient l'énorme miette de la guérison de sa fille . Ce qu'il faut avoir inscrit au fond de notre cœur, c'est un désir brûlant de communion fraternelle, c'est le propos de Jésus , dans la séquence conclusive,

Et pareillement, amen, je vous le dis,si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.    En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom,je suis là, au milieu d’eux. »


Amen
signifie ici : en vérité je vous le dis! Et c'est Celui qui est La VERITE qui parle ainsi :si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.    En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom,je suis là, au milieu d’eux. » Je ne vois pas une meilleure illustration après la Sainte Trinité, que ces quatre êtres réunis lors de la Visitation ! Les plus grands, dans l'ordre de l'Amour sont encore invisibles, et pourtant, c'est bien eux qui suscitent l'explosion d'action de grâce des deux mamans émerveillées par l'action invisible et pourtant éminemment concrète de l'Amour incarné !La charité est patiente, elle est bonne; la charité n'est pas envieuse, la charité n'est point inconsidérée, elle ne s'enfle point d'orgueil; elle ne fait rien d'inconvenant, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne tient pas compte du mal; elle ne prend pas plaisir à l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.

La charité ne passera jamais. (1Co 13) Quand nous lisons « charité » pensons : Amour, car la Charité c'est l'amour !

L'Amour ne s'enfle pas d'orgueil, il peut ainsi approcher le pécheur sans l'humilier et lui permettre de trouver, ou retrouver, sa place dans une communauté vraiment fraternelle. C'est bien dans l'amour, au Nom de Celui qui est, que ces deux femmes sont réunies et font de leur rencontre, un émerveillement, une prière, une action de grâce. Ces quatre personnes, deux mamans et deux enfants réunis au nom de l'un d'eux , Jésus, vivent une parfaite communion ! C'est à cela que nous sommes

appelés, c'est cela que nous demande Jésus dans ces derniers versets !Prier, c'est être en communion avec les Personnes divines, avec Marie qu'on ne peut séparer de Jésus, c'est engendrer de nouveaux enfants pour le Royaume, c'est ainsi qu'on peut y ramener ceux qui s'en éloignent, mais pour cela, nous devons cultiver un cœur d'enfant, sans artifice, sans prétention, humble, pur, petit : Celui donc qui se fera humble comme ce petit enfant est le plus grand dans le royaume des cieux. (Mt18)

Celui qui reçoit en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il reçoit. Mais celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui suspende une meule à âne autour de cou et qu'on le précipite au fond de la mer. (Mt 18)

Que vous en semble? Si un homme a cent brebis, et qu'une d'elles vienne à s'égarer, ne laissera-t-il pas sur les montagnes les quatre-vingt-dix-neuf autres pour aller à la recherche de celle qui s'est égarée? Et s'il lui arrive de la retrouver, je vous le dis en vérité, il a plus de joie pour elle que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. De même, n'est-ce pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux, qu'il ne se perde pas un seul de ces petits? (Mt 18)

Ces versets précédent la péricope d’aujourd’hui et on peut dire qu'ils la préparent ! Si nous aimons Jésus nous ferons absolument tout pour ramener l'égaré !

Tout petits devant Toi

(Fau/Studio SM)

REFRAIN
Tout petits devant toi, nous voici, Seigneur,
Nous voici tout petits devant toi.
Donne-nous ton amour, purifie nos cœurs,
Garde-nous tout petits devant toi.
1
Comme un enfant tout ébloui
Devant l’amour de ses parents,
Comme un enfant tout ébloui,
Garde-nous tout petits.
2
Comme un enfant émerveillé,
Sur la montagne, un jour d’été,
Comme un enfant émerveillé,
Garde-nous tout petits.
3
Comme un enfant les yeux au ciel,
Dans le matin blanc de soleil,
Comme un enfant les yeux au ciel,
Garde-nous tout petits.


L'Ermite