vendredi 27 avril 2018

RELIES ?

CINQUIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES
(Jn 15, 1-8)
  La péricope qui est proposée à notre méditation en ce cinquième dimanche après la fête de Pâques nous fait passer, du chapitre 10 au chapitre 15 de St Jean. Dans cet intervalle, il y a eu la résurrection de Lazare , l'onction à Béthanie, l'entrée à Jérusalem, l'annonce par Jésus lui-même, de Sa glorification par Sa mort, le Lavement des pieds et l'annonce de la trahison de Judas, les adieux, durant lesquels Pierre exprime son immense amour à Jésus qui l'invite à plus de réalisme :"Seigneur, lui dit Pierre, pourquoi ne puis-je vous suivre à présent? Je donnerai ma vie pour vous." Jésus lui répondit: "Tu donneras ta vie pour moi! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois." (Jean 13) remarque suivie de certaines recommandations et promesses encourageantes pour les aider à tenir dans l'épreuve :
-Que votre cœur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Ce qui laisse sous-entendre qu'ils n'ont pas compris que Jésus est Dieu à l'égal du Père ! Nous en avons la preuve dans les versets qui suivent :

  • Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père; s'il en était autrement, je vous l'aurais dit, car je vais vous y préparer une place. Et là où je vais, vous en savez le chemin."Thomas lui dit: "Seigneur, nous ne savons où vous allez; comment donc en saurions-nous le chemin?" Jésus lui dit: "Je suis le chemin, la vérité et la vie; nul ne vient au Père que par moi.Si vous m'aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père… Dès à présent, vous le connaissez et vous l'avez vu." Philippe lui dit: "Seigneur, montrez-nous le Père, et cela nous suffit."Jésus lui répondit: "Il y a longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu? Philippe, celui qui m'a vu, a vu aussi le Père. Comment peux-tu dire: Montrez-nous le Père! Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi?

  • Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.Si vous m'aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour qu'il demeure toujours avec vous;
  • Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous.
  • Mais le Consolateur, l'Esprit-Saint, que mon Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
  • je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; je ne la donne pas comme la donne le monde. Que votre cœur ne se trouble point et ne s'effraye point.
  • Et maintenant, je vous ai dit ces choses avant qu'elles n'arrivent, afin que, quand elles seront arrivées, vous croyiez.Mais afin que le monde sache que j'aime mon Père, et que j'agis selon le commandement que mon Père m'a donné, levez-vous, partons d'ici.

Et Jésus reprend son enseignement avec une image très suggestive et facile à comprendre pour des personnes proches de la nature. Mais ne nous y fions pas, certains termes engagent les apôtres et soi-même, jusque dans les fibres de l'être.
 
« Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Le Vigneron est « propriétaire » de Sa vigne, c'est Lui qui prend les décisions et prend soin de Sa vigne c'est donc Lui qui veille à son bon développement .Ici, la vigne, c'est Jésus et cette vigne-Jésus , comme tout pied de vigne, est constituée de différentes parties : la Souche c'est Jésus , les rameaux ou sarments ce sont les disciples et chacun de nous, la grappe, le fruit , c'est ce que produisent les sarments, c'est le fruit de leur travail, de leur investissement, du don d'eux-mêmes pour le champ du Père. Régulièrement, le Père-Vigneron, visite Sa vigne et Il la taille pour lui permettre de porter davantage de fruits. Bien sûr, Il ne touche pas à la souche elle est le corps sur lequel sont greffés les sarments, le Père -Vigneron, taille les sarments que nous sommes. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage.Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Nous sommes ces sarments que taille le Père-Vigneron et comment s'y prend-Il ?
 
Le Père-Vigneron, pour nous aider à grandir en amour , donc en sainteté, nous donne la « Parole -Souche » pour nous permettre de vivre dans son esprit ! C'est ce que décrit St Paul dans la Lettre aux Romains : « Je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas. Si je fais ce que je ne voudrais pas, alors ce n'est plus moi qui accomplis tout cela, c'est le péché, lui qui habite en moi. Moi qui voudrais faire le bien, je constate donc en moi cette loi : ce qui est à ma portée, c'est le mal. Au plus profond de moi-même, je prends plaisir à la loi de Dieu. Mais, dans tout mon corps, je découvre une autre loi, qui combat contre la loi que suit ma raison et me rend
prisonnier de la loi du péché qui est dans mon corps. Quel homme malheureux je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui appartient à la mort ? (Romains 7) C'est ce que l’Église appelle le combat spirituel ! Notre être profond est tiraillé, nous sommes constamment confrontés à des choix « Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. Car je te prescris aujourd'hui d'aimer le Seigneur, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d'observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que le Seigneur, ton Dieu, te bénisse dans le pays dont tu vas entrer en possession Dt 30,15 

 Mais pour que la sève circule et donne son fruit le sarment doit :
"Demeurez en moi, comme moi en vous.De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne,de même vous non plus,si vous ne demeurez pas en moi". 
Jésus , comme Il le fait souvent, nous parle à l'impératif : nous devons DEMEURER rattachés à Jésus comme Il L'est Lui-même au Père , ainsi c'est la même sève qui circule et alimente tout le corps. Un sarment qui se détache du pied de vigne meurt et il ne reste plus qu'à le jeter au feu Si quelqu’un ne demeure pas en moi,il est, comme le sarment, jeté dehors,et il se dessèche.Les sarments secs, on les ramasse,on les jette au feu, et ils brûlent. ils deviennent cendres ! Si nous voulons continuer de vivre éternellement nous devons être reliés à la « souche-Jésus ». Quels moyens avons-nous pour cela ?

Le premier, c'est évidemment, l'intégration au CORPS - ÉGLISE par le sacrement du baptême et par l'Eucharistie et la Confirmation, ces trois sacrements dits de l'initiation. Ce
préalable posé, nous devons vivre de ce don , l'entretenir au maximum de nos possibilités.Comment ?

Par la fréquentation assidue de l’Écriture Sainte et plus particulièrement des Évangiles où Jésus nous donne toutes les clefs pour vivre en mettant nos pas dans les Siens. C'est le deuxième moyen. St Matthieu nous donne un résumé de ce vivre avec Jésus en déployant le magnifique sermon sur la montagne suivi par le grand commandement de l'Amour fraternel : « Et moi je vous dis: Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous deveniez enfants de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre la pluie sur les justes et sur les injustes. Si en effet vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5)

Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ,et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé.Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu,et Dieu en lui ;et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous,puisqu’il nous a donné part à son Esprit. 1 Jn 3 c'est la deuxième lecture de notre Liturgie.

Et, comme nous sommes fragiles, faibles, les aspérités de la route nous font facilement trébucher, parfois tomber, il nous reste alors à suivre le fils du Père miséricordieux de la Parabole et à nous jeter dans les bras du Père pour accueillir Son Pardon Lui qui guette sans cesse notre retour quand nous commençons à flancher. Ses bras restent grands ouverts pour nous accueillir et nous serrer sur Son cœur. Il nous mettra le vêtement de fête, enfilera à notre doigt l'anneau de l'alliance et nous ouvrira le festin des forts , l'Eucharistie ! C'est le troisième moyen !

Avec les sacrements nous avons la prière personnelle et communautaire.C'est le quatrième moyen. Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est présent dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Matthieu 6) Et nous pouvons rentrer dans la chambre de notre cœur n'importe où , y compris au milieu d'une foule compacte. Quand nous nous sentons en danger, quand nous craignons de fléchir, de nous laisser entraîner, même dans le vacarme de nos grandes cités, un appel intérieur suffit à rétablir l'équilibre. Le Père envoie ses armées célestes pour nous garder, mais nous devons le désirer car Dieu, nous le rappelions plus haut, nous laisse toujours libres de nos choix.

Prière personnelle et prière communautaire . C'est bien , même très bien de prier en soi, chez soi, mais il est existentiel de rejoindre la Communauté des croyants pour se fortifier ensemble, s'entraider. Il y a l'assemblée dominicale mais nous avons toutes sortes de lieux pour nous retrouver en frères et sœurs, groupes de prières,, mouvements qui correspondent à notre sensibilité, notre appel. Nous avons besoin de la foi de nos frères et sœurs pour soutenir la nôtre, la développer, la partager ! 
 
Cinquième moyen : N'oublions pas enfin le service, le don de soi dans des lieux qui nous permettent de soutenir les plus faibles . : « Que sert-il, mes frères, à un homme de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas les œuvres? Est-ce que cette foi pourra le sauver? Si un frère ou une sœur sont dans la nudité et n'ont pas ce qui leur est nécessaire chaque jour de nourriture, et que l'un de vous leur dise: "Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez " sans leur donner et qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il? Il en est de même de la foi: si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. (Jacques 2) 

 Une foi éthérée n'est pas la foi de Jésus-Christ nous dit Saint Jacques. La prière ? Oui ! Les sacrements ? Oui ! Mais tout cela doit s'épanouir dans le service de la Communauté des frères et sœurs et, notamment des plus faibles, la « Souche-Jésus » ne nous donne -t-elle pas l’exemple ? Jésus, soigne, Jésus guérit, Jésus remet debout, Jésus remet en état de marche : « prends ton grabat et va ! » Quand les premiers missionnaires sont partis en terre étrangère on ne leur demandait pas de faire à la place de, mais de donner les moyens d'accomplir soi-même. Nous devons travailler à mettre nos frères debout, en état de marche et de service.

Sacrements, fréquentation de l’Écriture Sainte, prière seul et en Communauté, don de soi voilà les éléments qui maintiennent les Sarments reliés au cep pour produire des fruits savoureux et abondants.

Moi, je suis la vigne,et vous, les sarments.Celui qui demeure en moi et en qui je demeure,celui-là porte beaucoup de fruit,car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Du moins, rien de fructueux pour l'avancement du Royaume ! Certes nous pouvons réaliser bien des choses , nous enrichir et devenir de parfaits égoïstes centrés sur nous-mêmes et fermés à tout ce qui n'est pas notre moi ! Quel bien en retirerons-nous ? Quels fruits ? Du verjus ! Déjà Isaïe nous le disait :Il en remua le sol, il en ôta les pierres, il la planta de ceps exquis. Il bâtit une tour au milieu, et il y creusa aussi un pressoir. Il attendait qu'elle donnât des raisins, mais elle donna du verjus. - "Et maintenant, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, jugez, je vous prie, entre moi et entre ma vigne! Qu'y avait-il à faire de plus à ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle? Pourquoi, ai-je attendu qu'elle donnât des raisins, et n'a-t-elle donné que du verjus? "Et maintenant, je vous ferai connaître ce que je vals faire à ma vigne j'arracherai sa haie, et elle sera broutée; j'abattrai sa clôture, et elle sera foulée aux pieds. J'en ferai un désert; et elle ne sera plus taillée, ni cultivée; les ronces et les épines y croîtront, et je commanderai aux nuées de ne plus laisser tomber la pluie sur elle." -- Car la vigne du Seigneur des armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda sont le plant qu'il chérissait; il en attendait la droiture, voici du sang versé; la justice, et voici le cri de détresse. (Isaïe 5) Dieu le Père donne tout à Son peuple et à chaque personne en particulier, nous avons tout en nous pour donner un
fruit savoureux et abondant mais pas sans la sève, la grâce qui coule de Jésus en chacun de nous et dans le Corps entier. Pour être productifs pour le Royaume nous devons rester reliés à la souche, au « Cep-Jésus »
L’écrivain Soljenitsyne pouvait affirmer : « Si je devais résumer la cause profonde de cette révolution désastreuse qui a détruit 60 millions d’humains, je ne saurais donner qu’une explication : l’homme a oublié Dieu »
Oublier Dieu, c'est vouloir être son propre maître et s'ériger en maître du monde . Or le seul vrai et unique Maître c'est Celui qui donne Sa vie , qui ne fait rien de Lui-même, se laisse informer à tout instant par le Père, et parce qu'Il est relié au Père Il permet à la grâce de circuler dans les sarments – les membres – du corps.
Si vous demeurez en moi,et que mes paroles demeurent en vous,demandez tout ce que vous voulez,et cela se réalisera pour vous.Ce qui fait la gloire de mon Père,c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » Jésus insiste : nous ne porterons du fruit,qu'à condition de rester reliés.

Dieu qui as envoyé Ton Fils pour nous sauver et pour faire de nous tes enfants d'adoption, regarde avec bonté ceux que Tu aimes comme un Père ; puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et la vie éternelle, par Jésus Christ ton fils notre Seigneur qui vit et règne avec Toi en l'unité du Saint esprit, Dieu pour les siècles des siècles Amen !


« Seigneur, tu n'étais pas un hésitant.
Ce que tu aimais le mieux, c'était l'impératif :
Veillez, donnez, marchez quand vous voyez clair,
faites-le, luttez.
Même à Gethsémani, après l'écrasement terrible,
tu t'es redressé et tu as secoué les endormis.
Secoue-moi, ne me laisse pas dormir dans les velléités et les nostalgies.
Je sais que tu peux faire des saints des pécheurs et des mauvaises têtes.
Mais pas avec des mous.
Je t'en prie, Seigneur, secoue-moi. Amen. »
( pour que je Te reste relié(e))

Père André Sève (1913-2001) 
 
L'Ermite

vendredi 20 avril 2018

LE RÊVE DE DIEU !

QUATRIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES
(Jn 10, 11-18)
LE RÊVE DE DIEU ! Non ! SA VOLONTÉ AIMANTE!


En ce temps-là,Jésus déclara :« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger,qui donne sa vie pour ses brebis.

Quelle densité dans le premier verset de la péricope du jour !
  1. Je suis le bon Pasteur , ces quelques mots sous entendent qu'il peut y avoir de mauvais pasteurs . Un bon Pasteur qu'est-ce que c'est ? C'est quelqu'un qui prend soin de ses brebis et de chacune en particulier. C'est quelqu'un qui connaît chaque entité du troupeau, et qui respecte chacune.Il aime les regarder et les voir s'ébattre, si l'une d'elles s'éloigne il s'empresse de la ramener vers le troupeau, qu'il ne cesse de rassembler, pour en faire l'unité . Les connaissant bien, son regard lui permet d'avoir immédiatement conscience de l'absence de celle qui joue à la chèvre de Mr Séguin et se hâte de la rechercher ! Pour elles, il choisit les meilleurs pâturages, il sait leur accorder des temps de repos, dans des herbages frais et agréables...

    Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. (Isaïe 40)

    Nous sommes ces brebis-là. Sommes-nous conscients que Jésus prend soin de chacun d'entre nous pour aussi invraisemblable que cela puisse paraître?Reconnaissons-nous la main du Bon Berger dans notre vie ? Les contretemps, les contrariétés, les retards, les voyons-nous comme des obstacles ou comme une Parole du Seigneur qui prend soin de nous ? Demandons à Jésus de nous apprendre à « lire Dieu » dans notre vie, à reconnaître Ses passages qui nous expriment son amour attentif et bienveillant. 
     
  2. Le vrai berger c'est celui qui ne triche pas, qui ne fait pas semblant, Il aime vraiment et prend soin de chaque brebis, Il n'a d'autre préférence que de veiller sur la plus faible, celle qui a des difficultés à trouver Sa place dans le troupeau. C'est encore la façon d'agir de Jésus , Le Bon Pasteur par excellence « Maintenant, j'irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d'obscurité. (Ezéchiel 34)

  3. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis .Au lendemain de Pâques nous savons jusqu'où va l'amour infini du Bon Pasteur . Non seulement Il nous donne tout, absolument tout « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu? (1Corinthiens 4) mais Il se livre Lui-même
    et, ressuscité Il nous entraîne dans son sillage «  Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire, celle que tu m'as donnée parce que tu m'as aimé avant même la création du monde. (Jean 17) Il ne nous laisse pas seuls «  parce que je vous ai parlé ainsi, votre cœur est plein de tristesse. Pourtant, je vous dis la vérité : c'est votre intérêt que je m'en aille, car, si je ne m'en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l'enverrai. Quand il viendra, il dénoncera l'erreur du monde sur le péché, sur le bon droit, et sur la condamnation. Il montrera où est le péché, car l'on ne croit pas en moi. Il montrera où est le bon droit, car je m'en vais auprès du Père, et vous ne me verrez plus. (Jean 16) 
     Nous savons que Jésus est le « chemin, la Vérité et la Vie », ce qu'Il dit, Il le réalise, Sa Parole est efficace, elle ne revient pas sans avoir accompli Sa mission. Avons-nous la foi ? Croyons-nous vraiment que Jésus fait ce qu'Il dit ? Lui faisons-nous confiance, une confiance « aveugle » certains, que nous sommes, que, quels que soient nos méandres, Il nous conduit au port ! Quelles que soient les barrières dressées sur notre route, Il nous aide à les contourner et nous conduit là où notre vie Lui rendra gloire ! Le croyons-nous vraiment ! Croyons-nous qu'Il nous aime per-son-nelle-ment ? Qu'Il veut notre bonheur ? Qu'Il a pour nous, adapté à notre personnalité, un pâturage sur mesure ? Un pâturage (notre vocation ) où notre vie Lui rendra gloire, où elle exprimera Sa Présence. Le Bon-Pasteur-Jésus , nous aime vraiment, mais nous jouons très souvent,trop souvent avec le feu ! Allons-nous prendre conscience une bonne fois pour toutes que Ce-Bon-Pasteur-Jésus ne veut que notre bonheur, ou continuerons-nous à jouer à la chèvre de Mr Séguin ? A cabrioler à droite et à gauche , à nous disperser, à goûter à tous les râteliers, apprendrons-nous enfin, à reconnaître le vrai-Bon-Pasteur, du berger mercenaire ?
Le berger mercenaire n’est pas le pasteur,les brebis ne sont pas à lui :s’il voit venir le loup,il abandonne les brebis et s’enfuit ;le loup s’en empare et les disperse.Ce berger n’est qu’un mercenaire,et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. 
En effet, le berger mercenaire cherche son propre intérêt, il travaille pour un salaire et seulement pour cela, il n'a aucun souci du bien-être des brebis, il accomplit une tâche sans la moindre empathie, qu'un danger se présente, il sauve « sa peau » peu lui importe la vie des autres. «  Le véritable amour jamais n'est mercenaire, Il n'est jamais souillé de l'espoir du salaire, Il ne veut que servir, et n'a point d'intérêt qu'il n'immole à celui de l'objet qui lui plaît. »(Corneille)

Le mercenaire est intéressé, facile à corrompre pour de l'argent. Voici ce que Dieu dit par le prophète Jérémie, à propos de ces mauvais bergers : « Malheur aux pasteurs qui perdent et dispersent les brebis de mon pâturage, dit le Seigneur! C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, Dieu d'Israël, Touchant les pasteurs qui paissent mon peuple: Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, Vous n'en avez pas pris soin; Voici que je vais prendre soin de vous Pour punir la méchanceté de vos actions, . (Jérémie 23)

Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes
brebis. Nous avons quelques difficultés à croire que Dieu puisse connaître CHACUNE des brebis , que nous sommes, dans l'immense troupeau de l'humanité ! Nous nous faisons un Dieu à notre image, oubliant que c'est Lui l'initiateur qui nous fait à Son image et ressemblance. Nous prenons pour mesure, l'étroitesse de nos instruments humains, oubliant que Dieu est tellement plus grand, plus beau, plus intelligent . Dieu est Dieu écrivait Olivier Clément et parce qu'Il est Dieu Son horizon est incomparable, Son regard et Sa vue sont illimités , le temps ne se fractionne pas, Il voit, et connaît chacune et chacun. Se savor pris au sérieux par ce Dieu d'Amour est une expérience indicible, se savoir reconnu est une expérience incomparable. Nous sommes bien limités pour envisager comprendre comment Dieu se comporte avec les humains c'est, entre autres, pour cette raison , qu'Il a envoyé Son Fils, Son unique, pour S'approcher de nous. au Nom du Père et de l'Esprit Saint, seul Jésus, qui S'est revêtu de nos limites, du vêtement étroit de notre chair,peut affirmer sans hésitation je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père, parce qu'Il est le seul à avoir expérimenté QUI EST LE PÈRE . Nous connaissons Dieu à travers Jésus, et nous Le connaissons si mal ! Plus nous fréquentons l’Évangile,et c'est merveilleux, plus nous disons, « mais je n'avais pas encore compris cela, saisi cela ... ». Même si nous vivions plusieurs vies, nous n'arriverions pas à tout savoir, voir, comprendre de Dieu parce qu'Il est le TOUT AUTRE . Je me souviens de ce prêtre qui commentant l’Évangile et se sentant dépassé, ne cessait de dire « c'est immense » oui, Dieu est immense , Dieu est géant et nos mots sont fades pour en exprimer l’Être, Et Dieu, dans Son humilité, Lui seul est vraiment humble, accepte nos approximations, Il ne les méprise pas, comment mépriserait-il ceux qu'Il a Lui-même créés ? Et c'est pour ces infiniment petits, que nous sommes, que Dieu permet que Jésus, Son unique donne sa vie .

Nous pesons (notre poids n'est pas à calculer en kilos mais en densité d'amour) la VIE DE DIEU, nous sommes « rachetés » par Dieu Lui-même, en Son Unique, ce Fils bien- aimé en qui Il met tout Son Amour. Nous ne pouvons qu' ADORER et dire et redire, avec Saint Thomas : Mon Seigneur et mon Dieu! MERCI !
 
Jésus ne se contente pas de considérer les brebis qui ont le bonheur d'être intégrées au troupeau, Il voit toutes celles qui n'ont pas encore accueilli la LUMIÈRE, celles qui la refusent, celles qui La rejettent parce que c'est trop grand pour elles, aussi continue-t-Il la Parabole et les porte à notre connaissance, Il veut nous mettre en route pour qu'avec Lui nous en portions ce souci :

J’ai encore d’autres brebis,qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise.Elles écouteront ma voix :il y aura un seul troupeau et un seul Pasteur. Voilà l'ambition de Jésus un seul troupeau et un seul Pasteur. !  

 J'ai fait un rêve, écrivait Martin Luther King

Je vous dis aujourd'hui, mes amis, que malgré les difficultés et les frustrations du moment, j'ai quand même fait un rêve. C'est un rêve profondément enraciné dans le rêve
américain. 

J'ai fait un rêve, qu'un jour, cette nation se lèvera et vivra la vraie signification de sa croyance : "Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux."

J'ai fait un rêve, qu'un jour, sur les collines de terre rouge de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d'esclaves pourront s'asseoir ensemble à la table de la fraternité.

J'ai fait un rêve, qu'un jour même l’État de Mississippi, un désert étouffant d'injustice et d'oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

J'ai fait un rêve, que mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère. J'ai fait un rêve aujourd'hui 

J'ai fait un rêve, qu'un jour l’État de l'Alabama, dont le gouverneur actuel parle d'interposition et de nullification, sera transformé en un endroit où des petits enfants noirs pourront prendre la main des petits enfants blancs et marcher ensemble comme frères et sœurs.

J'ai fait un rêve aujourd'hui.

J'ai fait un rêve, qu'un jour, chaque vallée sera levée, chaque colline et montagne sera nivelée, les endroits rugueux seront lissés,  les endroits tortueux seront faits droits, et la
gloire du Seigneur sera révélée, et tous les hommes la verront ensemble. ( un seul troupeau, un seul Pasteur Jésus-Christ)

Ceci est notre espoir. C'est avec cet espoir que je rentre au Sud. Avec cette foi, nous pourrons transformer les discordances de notre nation en une belle symphonie de fraternité. Avec cette foi, nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, lutter ensemble, être emprisonnés ensemble, nous révolter pour la liberté ensemble, en sachant qu'un jour nous serons libres. UN SEUL TROUPEAU !

Quand ce jour arrivera, tous les enfants de Dieu pourront chanter avec un sens nouveau cette chanson patriotique: "
Mon pays, c'est de toi, douce patrie de la liberté, c'est de toi que je chante. Terre où reposent mes aïeux, fierté des pèlerins, de chaque montagne, que la liberté retentisse."

Et si l'Amérique
(le MONDE) veut être une grande nation, ceci doit se faire. Alors, que la liberté retentisse des grandes collines du New Hampshire. Que la liberté retentisse des montagnes puissantes de l'état de New York. Que la liberté retentisse des hautes Alleghenies de la Pennsylvanie! 

Que la liberté retentisse des Rocheuses enneigées du Colorado ! 

Que la liberté retentisse des beaux sommets de la Californie!

Mais pas que ça,
que la liberté retentisse des Stone Mountains de la Georgie! 

Que la liberté retentisse des Lookout Mountains du Tennessee! 

Que la liberté retentisse de chaque colline et de chaque taupinière du Mississippi! 

Que la liberté retentisse!

Quand nous laisserons retentir la liberté, quand nous la laisserons retentir de chaque village et de chaque lieu-dit, de chaque État et de chaque ville, nous ferons approcher ce jour quand tous les enfants de Dieu, Noirs et Blancs, Juifs et Gentils, Catholiques et Protestants,et plus, pourront se prendre par la main et chanter les paroles du vieux spiritual noir: "Enfin libres! Enfin libres! Dieu Tout-Puissant, merci, nous sommes enfin libres!"
 
Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout. (Colossiens 3)
il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. (Galates 3)

Or vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. (Galates 5)

Or, le Seigneur, c'est l'Esprit, et là où l'Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. (2Corinthiens 3)

Parlez et agissez comme des gens qui vont être jugés par une loi de liberté. (Jacques 2)
Pourtant, elle a gardé ( la création) l'espérance d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage, de la dégradation inévitable, pour connaître la liberté, la gloire des enfants de Dieu. (Romains 8)

Si un homme , (Martin Luther King) manifeste une telle grandeur d'âme, que penser du rêve de Dieu ?

Pour Moi, déclare Dieu, ce n'est pas seulement un rêve, c'est ma seule volonté celle par et
pour laquelle j'ai donné mon Unique, pas seulement pour l'Amérique, la France, le Portugal ou une quelconque nation, MAIS-POUR-L'HUMANITE-ENTIERE : 

 QUE TOUS SOIENT UN COMME LE PÈRE ET MOI, dit Jésus NOUS SOMMES UNS : UN SEUL TROUPEAU, UN SEUL PASTEUR ! Entends-tu petite brebis, infiniment petite ?

Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie,pour la recevoir de nouveau.Nul ne peut me l’enlever :je la donne de moi-même.J’ai le pouvoir de la donner,j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau :voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. « C'est pour ce rêve, non, cette volonté de mon Père que je suis venu et que je me livre » dit Jésus !

Écoutez, nations, la parole du Seigneur, annoncez-la dans les îles lointaines : celui qui disperse Israël le rassemblera et le gardera, comme un berger son troupeau. Car le Seigneur a racheté Jacob, l’a délivré de la main d'un plus fort. (Jérémie 31)

je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai dispersées. Je les ramènerai dans leurs pâturages, elles seront fécondes et se multiplieront. (Jérémie 23

Maintenant, j'irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles.
Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d'obscurité. (Ezéchiel 34)

« Aimer jusqu'à l'impossible » dit une chanson, notre Bon Pasteur est Celui qui AIME JUSQU’À L'IMPOSSIBLE ! Le rêve du Père, Sa volonté d'amour, c'est cela !


Peut-être qu'en ce dimanche, nous pouvons remercier le Seigneur pour tous nos Pasteurs, les prêtres d'aujourd'hui, et demander au Bon Pasteur par excellence, Jésus, d'envoyer son Esprit Saint aux jeunes appelés de notre temps afin qu'ils soient nombreux à dire oui, pour le service de l’Évangile . Le Père continue d'appeler, comme Il l'a toujours fait, mais les cœurs sont-ils ouverts ? 
 
Parents éveillons-nous nos enfants à cette éventualité ou préférons-nous gonfler le torse en disant à nos proches, nos amis : mon fils, ma fille est premier (e) Magistrat(e) de France ! Ou polytechnicien(e) ? ou … ou …. ce n'est d'ailleurs pas incompatible avec le sacerdoce ou la Vie Consacrée ! Qu'on se le dise !

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.

Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.


L'Ermite

jeudi 12 avril 2018

TOUT EST ACCOMPLI !

 

TROISIÈME DIMANCHE APRÈS PÂQUES
(Lc 24, 35-48)

En ce temps-là,les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route,et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Nous connaissons bien ou croyons connaître, cet épisode de la manifestation de Jésus ressuscité, aux disciples d’Emmaüs, abattus par cette mort en pleine force de l'âge, de Celui de qui ils espéraient tant ! Nous croyons connaître, en effet, comme St Jean l'écrit pour l'ensemble des actes de la vie de Jésus ; cet épisode . si nous le creusions vraiment, demanderait des heures et des jours et des pages, pour en extraire toute l'essence. Nous ne retiendrons, aujourd'hui ,que ce que cette séquence souligne pour nourrir notre foi, et, surtout notre vie spirituelle personnelle.

Complètement retournés par ce qu'ils viennent de vivre, les deux disciples ne traînent pas, ils retournent sur leurs pas pour partager cette extraordinaire expérience de vie avec les apôtres, enfermés eux aussi, dans leur marasme.

Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit :« La paix soit avec vous ! »
Jésus, remarquons-le, est mobile , Il ne tarde pas à se rendre présent , avec cet extraordinaire souhait que nous connaissons maintenant, mais dont nous ne mesurons sans doute, ni la portée, ni l'étonnante profondeur, ni le lien avec la vie terrestre de Jésus !
Dès Sa naissance en effet, alors qu'Il est ce tout nouveau-né, couché dans une mangeoire d'animaux, au fond d'une étable obscure, des anges chantent la Gloire de Dieu, laissant présager la divinité inscrite dans cet Être de chair, : «  Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il aime. » (Luc 2)

La paix est citée, annoncée, vingt cinq fois dans les évangiles et quatre vingt dix sept fois si l'on y ajoute les écrits du Nouveau Testament.C'est ainsi que Paul salue ses frères lorsqu'il leur écrit :
Que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur. (1Corinthiens 1)

Que la grâce et la paix vous soient accordées en abondance. (1Pierre 1)

Que la grâce et la paix soient avec vous. (1Thessaloniciens 1)

Moi, Jean, je m'adresse aux sept Églises qui sont en Asie mineure. Que la grâce et la paix vous soient données, de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône, (Apocalypse 1)

Paix à toi ! Les amis te saluent. Et toi, salue les amis, chacun par son nom. (3Jean 1)

Chez les disciples la grâce est presque toujours associée à la paix, nous y reviendrons ! Et n'oublions pas que Jésus recommande aux apôtres envoyés en mission : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : 'Paix à cette maison.'S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. (Luc 10)

La Paix est au cœur du message évangélique, Jésus nous invite à saluer nos frères en leur souhaitant la paix , l’Église s'inscrit dans cette tradition, la paix est proposée, souhaitée, dans la liturgie sacramentelle, mais de quelle paix s'agit-il ?

Jésus seul donne la paix du cœur. Avant de quitter cette terre, Jésus a dit à ses disciples: « Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu et croyez en moi. Jean 14:1 » Même des disciples, des enfants de Dieu peuvent avoir un cœur troublé, mais Jésus est en train de nous dire que nous pouvons, et même, nous devons éviter ces troubles du cœur. Il est vrai que chaque jour, il y a mille choses qui peuvent troubler notre vie. Jésus un peu plus tard, leur dira:
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point et ne s’alarme point. Jean 14:27 »

Avec Jésus, nous entrons dans une nouvelle dimension de la paix, une paix que le monde ne peut donner. Pour le monde, la paix c’est ne pas avoir de contrariétés, ne pas avoir de problèmes, que tous autour de nous, nous aident et nous sourient, que les armes se taisent ! Le monde peut donner un moment de paix temporaire. Nous ne cherchons pas les contrariétés et les épreuves, mais ce sont les contrariétés et les épreuves qui nous cherchent.

Que nous propose Jésus ? D’abord, une réconciliation avec Lui. Nos péchés nous éloignent de Dieu, ils nous culpabilisent, ils pèsent lourdement sur nos consciences. Mais Jésus nous a tendu la main: sur la Croix, ses deux mains sont étendues et ouvertes. Il reçoit des coups sur tout son corps, il est puni injustement, mais écoutez cette bonne nouvelle: Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui. Isaïe 53:5 
 
La Paix est don de Dieu, seul le péché peut nous la ravir parce que le péché détruit, déséquilibre, il implique notre être profond, l'épreuve pour aussi douloureuse soit-elle n'altère pas ce lieu secret, où Dieu habite en nous. Nous pouvons connaître bien des souffrances, physiques et morales, mais il y a en nous un lieu particulièrement profond, inaltérable, qui, si nous sommes unis à Jésus, n'est jamais troublé, perturbé, agité. «Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ.» (Ph 4:7) et cela, dans n'importe quelles circonstances . Quand nous sommes reliés à Jésus, tout peut nous arriver, c'est comme si nous étions enveloppés d'une mandorle de douceur et de paix que rien ne peut percer, les flèches du malin butent et n'atteignent pas le cœur de l'être .

« en Dieu seul mon âme trouve la paix » Ps 62,2 La paix véritable, celle qui transcende les états d’âme et les situations diverses et multiples, ne peut venir que de Dieu. Jésus, ici s'étonne et continue de s'étonner aujourd'hui quand nous nous laissons troublés par les événements de notre vie et du monde. Rappelons-nous ce poème de Thérèse d' Avila dont on ne cite souvent que les premiers vers : Que rien ne te trouble que rien ne t'effraie,tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit.( en fait l'homme ne possède pas Dieu, mais il est saisi par Lui,il est en harmonie avec son Dieu.
Élève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble.
Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'effraie.
Tu vois la gloire du monde ? C' est une vaine gloire ; il n' a rien de stable tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi vive, maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout.Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs,celui qui possède Dieu. Même si lui viennent abandons, croix, malheurs,si Dieu est son trésor,il ne manque de rien. Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l'on vient à tout perdre , Dieu seul suffit.  »  
Accueillir en soi la paix de Jésus c'est tout un programme de vie, et ce programme ne peut pas nous décevoir ! Dieu ne déçoit jamais !
 
 La suite de cet Évangile nous montre que malgré le compagnonnage de Jésus pendant ces trois années, les apôtres en sont toujours au B/A BA ! Et nous aussi ! Dieu est tellement Autre, tellement aimant, tellement beau de cette beauté de la grâce qu'Il est et dont Il est donateur !
 
Saisis de frayeur et de crainte,ils croyaient voir un esprit.Jésus leur dit :« Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ?Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez :un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. Jésus doit donner des preuves de son identité, un peu comme nos sans papiers d'aujourd'hui ! Jésus, relevé du tombeau, est un sans papiers , pas tout-à-fait cependant, son identité est désormais inscrite dans Sa chair « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! » Jésus, ressuscité, conserve les stigmates de sa route terrestre, Jésus peut prouver qu'Il est passé de la mort à la Vie ! De la nuit à la Lumière !

Après cette parole,il leur montra ses mains et ses pieds.Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire,et restaient saisis d’étonnement. C'est tellement invraisemblable, tellement différent de nos manières humaines, que les apôtres ont bien du mal à laisser remonter en eux les récents événements et tout ce qu'ils ont vécu ensemble sur les routes de Palestine ! La Transfiguration, sur le montagne devrait suffire à les éclairer semble t-il, mais nous sommes, car nous pouvons à notre tour nous identifier aux apôtres – si lents à croire – si durs de l'oreille spirituelle, si aveugles ! Et Jésus continue de se manifester, de donner des preuves de Son relèvement, Il va jusqu'à demander à manger, Lui, corps glorieux ,se fond dans la matérialité pour rejoindre Ses frères . Depuis l'Incarnation, Jésus se fait proche et Il continue aujourd'hui de se faire proche, dans et par Ses sacrements, ne l'avait-Il pas
promis ? « Je ne vous laisserai pas seuls … Faites ceci en mémoire de Moi, »  :
Jésus leur dit :« Avez-vous ici quelque chose à manger ? »Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. » 

 Oui, Jésus mange avec eux, Jésus S'invite à la table des pécheurs, notre table ! Souvenons-nous du repas chez Simon ! Jésus est heureux partout, Il est heureux avec les pécheurs, que nous sommes, c'est pour nous qu'Il est venu, qu'Il a ouvert Ses bras sur la croix, qu'Il est descendu aux Enfers et qu'Il se relève pour nous entraîner jusque dans cette Ailleurs où il « Il n'y aura plus de nuit, et ils n'auront besoin ni de la lumière de la lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera; et ils régneront aux siècles des siècles. (Apocalypse 22)   et que « Dieu sera Tout en tous ! » Col 3,11

Puis il leur déclara :« Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous :“Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” »Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit :« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait,qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,et que la conversion serait proclamée en son nom,pour le pardon des péchés, à toutes les nations,en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Déjà , dans Isaïe, nous lisions : ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche elle ne revient pas à moi sans effet, mais elle exécute ce que j'ai voulu, et accomplit ce pour quoi je l'ai envoyée. (Isaïe 55) Or LA PAROLE c'est Jésus Lui-même qui dès le début de Sa vie publique nous annonce :« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas une lettre, pas un seul petit trait ne disparaîtra de la Loi jusqu'à ce que tout se réalise. (Matthieu 5) 
 
Toute la vie de Jésus est l'accomplissement de l'Ancienne Alliance qu'Il est venu parfaire jusque dans l'offrande de Sa vie pour la salut de l'humanité. «  Pour que soit accompli ce qui avait été dit par … revient dix fois chez St Matthieu. Ces notations de détail visent à nous faire comprendre que tout l'Ancien Testament est orienté vers la révélation de Jésus . Les accomplissements qui y étaient soulignés n'étaient qu'une lente préparation à la pleine réalisation du dessein de Dieu dans l'existence terrestre de Jésus . Tous les accomplissements de l'Histoire Sainte sont donc orientés vers la venue de Jésus et, dans la vie de Jésus, tous les accomplissements culminent en son sacrifice. C'est ainsi qu'en Lui, toutes les promesses de Dieu ont eu leur oui, leur Amen. « Car, pour autant qu'il y a de promesses de Dieu, elles sont oui en Jésus; c'est pourquoi aussi, grâce à lui, l'amen est prononcé, à la gloire de Dieu, par notre ministère. » (2Corinthiens 1)

Et qu'Il dit Lui-même au moment d'expirer :Tout est consommé", ( accompli) et baissant la tête il rendit l'esprit. (Jean 19) et quelques versets avant Jésus ne dit-Il pas;Je T' ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l’œuvre que Tu m'avais donnée à faire. (Jean 17) Jésus peut revenir dans le sein du Père, la boucle est bouclée , si j'ose dire, Il est allé au bout de Sa mission rédemptrice, c'est aux apôtres et à chacun de nous de prendre le relais , c'est la conclusion de cette séquence : « À vous d’en être les témoins. » Quelle immense confiance nous fait Jésus ! Il a pourtant l'expérience cuisante de nos trahisons, de nos reniements, de nos abandons, malgré cela Jésus nous propulse vers nos frères pour leur partager la merveille de Son amour ! Et Jésus ne nous abandonne pas, Il ne nous laisse pas seuls et désemparés c'est tout le thème de la deuxième lecture  en St Jean :

Mes petits enfants,
je vous écris cela pour que vous évitiez le péché.
Mais si l’un de nous vient à pécher,
nous avons un défenseur devant le Père :
Jésus Christ, le Juste.
C’est lui qui, par son sacrifice,
obtient le pardon de nos péchés,
non seulement des nôtres,
mais encore de ceux du monde entier.

Voici comment nous savons que nous le connaissons :
si nous gardons ses commandements.


Mais attention ! Jésus nous fait confiance, nous devons travailler à rester dignes de cette confiance . Les seuls témoins oculaires sont les apôtres , «Et celui qui l'a vu en rend témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez. Car ces choses sont arrivées afin que l'Écriture fut accomplie: "Aucun de ses os ne sera rompu."Et il est encore écrit ailleurs: "Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé." (Jean 19), les apôtres, donc, l’Église, Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Notre témoignage doit rester dans la Vérité ecclésiale, à l'écoute du Magistère ! Et n'oublions pas que le premier témoignage est celui d'une vie en adéquation avec l’Évangile et avec l’Église qui le dispense ! Nous ne sommes pas nos propres maîtres, nous n'avons qu'un seul Maître Jésus, et ce que l’Église nous dit de Jésus .
 
Celui qui dit : « Je le connais »,et qui ne garde pas ses commandements,
est un menteur :

la vérité n’est pas en lui.
Mais en celui qui garde sa parole,
l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection

et la gardienne de la Parole c'est l’Église !


Sur nous, Seigneur,
que s’illumine ton visage !


Quand je crie, réponds-moi,
Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !
Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,
le Seigneur entend quand je crie vers lui.
Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !
Dans la paix moi aussi,
je me couche et je dors,
car tu me donnes d’habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance.
(4, 2, 4.7, 9)
 
L'Ermite