vendredi 29 janvier 2016

LUI, PASSANT AU MILIEU D'EUX ALLAIT SON CHEMIN.

QUATRIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 4, 21-30)


En ce temps-là,
dans la synagogue de Nazareth,
après la lecture du livre d’Isaïe,
    Jésus déclara :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »

    Tous lui rendaient témoignage
et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche.

Ce verset illustre parfaitement nos comportements humains ! « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. » Nous espérerions en rester là et nous réjouir de ce témoignage. Nous souhaiterions exprimer notre admiration, voire notre action de grâce devant ce que nous pressentons, parce nous reconnaissons, en Jésus, un être hors du commun, un être exceptionnel, captivant ! Toutefois, le verbe « s'étonnaient » apporte une nuance ambiguë qui trouve une confirmation immédiate dans le verset suivant :

Ils se disaient :
« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »

Les participants s'étonnent vraiment. La famille de Jésus est bien connue, Jésus n'a pas fréquenté les grandes écoles, il appartient à une famille modeste qui travaille manuellement ( déjà à cette époque comme aujourd'hui, à la nôtre, le travail manuel était sous-estimé, il y aurait tellement à dire à ce propos ! ) et lui-même a appris le métier de charpentier auprès de son père putatif. Un bon métier certes, mais qui ne l'inscrit pas dans la classe sacerdotale ou dirigeante. Tout cela surprend, dérange, interroge, crée même un malaise, comme ce sera le cas lors du discours sur le Pain de Vie en St Jean :"N'est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère? »

Il n'est pas rare, en effet, dans nos relations, d'entendre faire l'éloge d'une personne et de l'accompagner immédiatement, d'un bémol dépréciatif. Écoutons - nous ! Observons nos comportements personnels et ceux de notre environnement, que remarquons-nous ?N'avons-nous pas des
difficultés à reconnaître les talents de nos frères et sœurs surtout quand ceux-ci appartiennent à un milieu qui nous est étranger ? Que peut-il sortir de bon de cette famille ? Son père est comme ceci, sa mère est comme cela, son frère a fait de la prison, sa sœur … N'avons-nous pas des difficultés à reconnaître la personne dans sa valeur personnelle, avec ses dons propres, ce qui fait sa valeur pour la promouvoir. Pourtant, nous le savons, c'est à chacun d'entre nous qu'il est dit : Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime, je donne des humains en échange de toi, des peuples en échange de ta vie. Isaïe 43, 4

Ne jugez point sur l'apparence, mais jugez selon la justice." Jn 7,24

Jésus n'est pas dupe, ce malaise ne lui échappe pas, et il exprime tout haut ce que les gens n'osent pas dire mais pensent si fort que c'est un peu comme si Jésus entendait le murmure de leurs cœurs qu'Il lit sur leurs visages :

  il leur dit :
« Sûrement vous allez me citer le dicton :
‘Médecin, guéris-toi toi-même’,
et me dire :
‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm :
fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’
« Amen, je vous le dis :
aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays..

Jésus est confronté – cela ne fait que continuer d'ailleurs, n'a-t-il pas dû fuir en Égypte pour échapper à Hérode ? - à toutes nos bassesses, nos rivalités et jalousies … Ce qui anime le cœur de ses contemporains, nous habite souvent et contribue à édifier des murs entre nous. Nous oublions, qu'en agissant ainsi, aujourd'hui encore, c'est Jésus que nous rejetons, que nous malmenons. Quand j'empêche mon frère de devenir ce qu'Il est au fond de lui-même, j'empêche Jésus de se faire connaître et de révéler le Père. C'est tout-à-fait ce que nous dit Jésus, en Matthieu dans la péricope parallèle à celle de Luc : »" Un prophète n'est sans honneur que dans sa patrie et dans sa maison. Et il ne fit pas là beaucoup de miracles à cause de leur incrédulité. »

En cette année jubilaire de la Miséricorde comme il serait agréable au Seigneur Dieu si nous nous arrêtions sérieusement pour faire le point dans notre vie spirituelle et l’Évangile est l'outil par excellence pour tenter de

mettre notre vie en parallèle avec les exigences de Jésus. Le mot qui s'imposait à mon esprit, est mettre sa vie en « synopse »avec les paroles et les actes de Jésus : chaque verset est appelé à éclairer ma vie concrète !
Faut-il parler d'exigences ? Je ne le crois pas réellement, plus que d'exigences il s'agit tout simplement d'aimer à la manière de Jésus, il s'agit d'imiter Jésus, de Le regarder vivre, de L'entendre parler, d'écouter Ses enseignements et de permettre à tout cela de produire de bons fruits.

    En vérité, je vous le dis :
Au temps du prophète Élie,
lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie,
et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre,
il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
    pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles,
mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon,
chez une veuve étrangère.
    Au temps du prophète Élisée,
il y avait beaucoup de lépreux en Israël ;
et aucun d’eux n’a été purifié,
mais bien Naaman le Syrien. »

En poursuivant par des exemples pris dans l'Ancienne Alliance Jésus veut nous faire comprendre qu'Il n'est la propriété de personne. Jésus est un homme libre qui appelle à la liberté , son message s'adresse à tous les hommes de bonne volonté, à tous ceux qui sont prêts à mettre leurs pas dans les siens, de quelque Pays qu'ils soient car Dieu ne fait pas de
différences entre les êtres, Il ne délaisse aucune de Ses créatures : « votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des Seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point acception des personnes et qui ne reçoit point de présent, qui fait droit à l'orphelin et à la veuve, qui aime l'étranger et lui donne de la nourriture et des vêtements. Dt 10,1 »

« Car Dieu ne fait pas acception des personnes. Rom 2,11 »

« Quant à ceux qu'on tient en si haute estime, - ce qu'ils ont été autrefois ne m'importe pas: Dieu ne fait point acception des personnes, Ga 2,6 »

Dieu aime chaque personne, à chacun, Dieu donne sa chance, sa grâce est plus juste. La veuve de Sarepta et Naaman le Syrien étaient païens, leur cœur était ouvert, aussi ont-ils été capables d'accueillir le don de Dieu mieux que son peuple ! Dieu ne fait pas de différences entre les hommes je
le redis ici sans craindre de me répéter,Il nous appelle tous à entrer dans son projet d'amour universel. « L’amour ne passera jamais. » nous dit St Paul.

    À ces mots, dans la synagogue,
tous devinrent furieux.
    Ils se levèrent,
poussèrent Jésus hors de la ville,
et le menèrent jusqu’à un escarpement
de la colline où leur ville est construite,
pour le précipiter en bas.
    Mais lui, passant au milieu d’eux,
allait son chemin.

J'apprécie vraiment beaucoup ce verset il me parle beaucoup ! J'y vois la grandeur de Jésus, son infinie liberté ! Ses propos déplaisent, Ses interlocuteurs veulent se débarrasser de Lui, mais Lui, Jésus, poursuit son chemin, Il continue Sa route ! Aucune parole blessante ne sort de Ses
lèvres, Il va, magnanime, doux et humble, miséricordieux… Cette attitude ne le quittera jamais, sur la croix, Il est capable de dire : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ! » C'est parce qu'Il est infiniment libre que Jésus passe à travers la foule et échappe à Ses détracteurs. Il y a en Lui la noblesse d'une âme entièrement orientée vers le Père, à Son écoute et qui ne fait rien d'autre que ce que Lui demande ce Père tendrement aimé !

« ils te combattront,
mais ils ne pourront rien contre toi,
car je suis avec toi pour te délivrer »

Cette prophétie de Jérémie ne s'applique-t-elle pas parfaitement à Celui « qui passe au milieu d'eux et va son chemins ! » Agissons de même et nous vivrons dans l 'allégresse des sauvés !


L'Ermite

vendredi 22 janvier 2016

CHRIST N'A QUE NOS MAINS... NOS PIEDS...

DEUXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)



CHRIST N'A QUE NOS MAINS, NOS PIEDS ...

 St Luc



Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole.C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début,d’écrire pour toi, excellent Théophile,un exposé suivi,afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus.

J'ai pensé, un moment, ignorer l'introduction de l’Évangile de saint Luc, je me suis immédiatement ravisée supposant que certains resteraient sur une question : « Qui est ce Théophile  à qui s'adresse St Luc » ?

Ce Théophile, est, sans doute, chacun de ceux « qui aiment Dieu » (c'est le sens de ce prénom), chacun de nous qui cherchons à accueillir le message de Jésus, à le comprendre pour mieux en vivre. C'est donc, à nous, personnellement, que s'adresse Saint Luc. Alors que, « Egophile »,c'est celui qui s’aime tellement qu’il pense qu’il n’a besoin de personne d’autre pour savoir qui est Dieu. Or, Dieu, utilise toujours des médiations pour se révéler et, comment connaîtrions-nous la Vie de Jésus si les évangélistes n'avaient pas fait l'immense effort de mettre par écrit (eux ou leur secrétaire) ce qu'ils ont vécu, et, pour Saint Luc, les témoignages qu'il a recueillis ?

Par ailleurs, on sait que Saint Luc écrit à des chrétiens d'origine païenne. Ce
Théophile est, peut être, un homme que Luc connaît bien, un converti comme lui-même, qui a reçu une annonce orale de l’Évangile. Certains pensent même qu'il pourrait être le commanditaire de l’Évangile écrit par Luc. Nous n'avons aucune certitude sur son identité et son existence ou non !

L'introduction de l’Évangile selon St Luc, est suivie des récits de l'enfance, de la mission de Jean le Baptiste, du baptême de Jésus , de son séjour au désert et de son retour au Pays, où, comme Il en avait l'habitude, Jésus rentre à la synagogue et se lève pour faire la lecture.

Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat,
et il se leva pour faire la lecture.
    On lui remit le livre du prophète Isaïe.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
    L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.

Le Fils vient pour révéler le Père et le Père inaugure la vie publique du Fils par cette extraordinaire intervention lors du Baptême dans le Jourdain, où 


les Trois, le Père, le Fils et l'Esprit Saint sont présents. Nous découvrirons, plus tard, qu'il s'agit ici du Mystère de la Très sainte Trinité, les Trois ne faisant qu'un seul et même Dieu.

Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,

Il (le Père) m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres.

« Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la loi, afin de nous conférer l’adoption filiale (Épître de St Paul aux Galates 4, 4-5). Voici la Bonne Nouvelle touchant Jésus-Christ, Fils de Dieu : Dieu a visité son peuple. Il a accompli les promesses faites à Abraham et à sa descendance. Il l’a fait au-delà de toute attente : Il a envoyé son ‘Fils bien-aimé’ (Évangile selon St Marc 1,11) (CEC 422) ».Catéchisme de l’Église Catholique

Jésus, Verbe du Père, vient annoncer LA BONNE NOUVELLE, et, Il est en même temps cette BONNE NOUVELLE, parce qu'Il fait corps avec ce qu'Il annonce, Jésus EST ce qu'Il annonce !

- Jésus vient annoncer aux captifs la libération, Il est Le Libérateur, « Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit: " Le libérateur viendra de Sion » Rom 11,26

- aux aveugles qu'ils retrouveront la vue, Il est la Lumière, « Je suis venu dans le monde comme une lumière, afin que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. » Jn 1

- remettre en liberté les opprimés Il est la Liberté, Pour vous, mes frères, vous avez été appelés à la liberté; Gal 5,13

- Il vient annoncer une année favorable, on traduit aussi une année de grâce, n'est-Il pas la gratuité par excellence, n'est-Il pas l’Envoyé du Père ? «  la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ Jn 1,17

    Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.


Ne reconnaissons-nous pas la solennité de l'heure en écoutant ce verset ? Jésus doit éprouver dans son être, l'immensité de la Mission qui Lui incombe, son poids aussi et on peut comprendre qu'Il s'assoit pour se reprendre.

Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.Cela aussi on le comprend, car la façon dont Jésus a reçu LE LIVRE, la façon dont Il a proclamé cette parole et dont Il a ensuite remis le Livre au servant , tout cela suscite des interrogations , une attente aussi :

 Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »

Les participants ont-ils compris le message ?« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »Ils sont sans doute dans l'étonnement, l'émerveillement mais incapables de soupçonner tout ce qu'induit cette péricope.

Et qu'en est-il aujourdhui ? Nous sommes chargés de continuer l’œuvre missionnaire de Jésus, au sein de l’Église, sous le regard bienveillant de la hiérarchie , avec son aide, en obéissance à Ses directives. Jésus, Fils unique du Père, deuxième personne de la sainte Trinité « ne fait rien qu'il ne voie faire au Père », de même un chrétien, ne se donne pas sa mission, il la reçoit, et, en tant que baptisés, nous avons le devoir d'annoncer la Bonne nouvelle car :

Christ n'a pas de mains :
Il n'a que nos mains
Pour faire son travail aujourd'hui.

Si je suis en communion avec l’Église, quand le ministre ordonné donne les sacrements, quand je soigne les malades, que je rends service, viens au secours de personnes en difficultés, c'est Jésus qui agit, nous lui offrons simplement nos mains...notre être ...

Christ n'a pas de pieds :
Il n'a que nos pieds
Pour conduire les hommes sur son chemin.

Quand je visite les prisonniers, les malades, quand j'accompagne des
enfants, des jeunes … c'est Jésus qui agit, je mets simplement mes pieds à sa disposition !

Christ n'a pas de lèvres :
Il n'a que nos lèvres
Pour parler de lui aux hommes.

Quelles paroles expriment mes lèvres ? Annoncent-elles la paix, l'espérance, l'amour, ou bien l'amertume, la colère, la violence ? Jésus n'a que mes lèvres pour révéler, aujourd'hui, l'Amour fou du Père… Est-ce que je lui permets de s'exprimer à travers mes paroles mes comportements ?

Christ n'a pas d'aides :
Il n'a que notre aide
Pour mettre les hommes à ses côtés.
Nous sommes la seule Bible
Que le public lit encore.
Nous sommes le dernier message de Dieu
Écrit en actes et en paroles.

Prière anonyme du XVème siècle

Quelle responsabilité , en sommes-nous conscients ? Pour beaucoup nous sommes la seule Bible qu'ils approcheront . Nos contemporains peuvent-ils découvrir Jésus en nous regardant vivre ?

Et n'allez pas imaginer qu'une personne ermite soit dispensée d'offrir qui elle est au Seigneur Jésus, pour qu'Il continue son œuvre de salut;, l'Ermite, certes, vit dans la prière et la solitude mais ne peut et ne doit pas se dispenser d'annoncer par sa vie et par ses actes, son accueil, sa disponibilité, les merveilles de Dieu pour l'humanité !

Chrétiens, le baptême fait de nous d'autres Christs, la confirmation fait de nous des témoins et nous envoie, chacun, là où nous plante le don de Dieu, nous sommes consacrés, mis à part, pour annoncer , consoler, accueillir, proclamer, célébrer, répandre la bonne odeur de Jésus : « En effet, nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui se perdent » 2 Cor 2,15

L'Esprit de Dieu repose sur moi, 
l'Esprit de Dieu m'a consacré,
l'Esprit de Dieu m'a envoyé proclamer la paix, la joie.

1 - L'Esprit de Dieu m'a choisi
pour étendre le règne du Christ parmi les nations,
pour proclamer la Bonne Nouvelle à ses pauvres,
j'exulte de joie en Dieu mon Sauveur.

2  - L'Esprit de Dieu m'a choisi
pour consoler les cœurs accablés de souffrance,
pour proclamer la Bonne Nouvelle à ses pauvres,
j'exulte de joie en Dieu mon Sauveur.

3  - L'Esprit de Dieu m'a choisi
pour accueillir le pauvre qui pleure et qui peine,
pour proclamer la Bonne Nouvelle à ses pauvres,
j'exulte de joie en Dieu mon Sauveur.

4  - L'Esprit de Dieu m'a choisi
pour annoncer la grâce de la délivrance,
pour proclamer la Bonne Nouvelle à ses pauvres,
j'exulte de joie en Dieu mon Sauveur.

5  - L'Esprit de Dieu m'a choisi
pour célébrer sa gloire parmi tous les peuples,
pour proclamer la Bonne Nouvelle à ses pauvres,
j'exulte de joie en Dieu mon Sauveur.




L'Ermite

samedi 16 janvier 2016

MAINTENANT PUISEZ !

PREMIER DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Jn 2, 1-11)






    il y eut un mariage à Cana de Galilée.
La mère de Jésus était là.
    Jésus aussi avait été invité au mariage
avec ses disciples.
    Or, on manqua de vin.
La mère de Jésus lui dit :
« Ils n’ont pas de vin. »

Marie constate un manque : discrètement, Marie en fait la remarque à Jésus, c'est sa première intercession ! Marie a vu parce qu'Elle est attentive à ce qui se passe. Comme Jésus, Elle est invitée et loin d'être repliée sur elle-même, elle observe avec bienveillance et repère immédiatement le malaise qu'engendrera cette situation. Elle se met à la place des jeunes mariés et veut leur éviter semblable déconvenue.

Peut-être pouvons-nous retenir trois éléments :

- la discrétion de Marie : Marie n'impose rien, elle souligne simplement une situation inconfortable. Dans semblables situations, quelle est ma conduite ?
Est-ce que je parle haut et fort, est-ce que je fais savoir à qui veut l'entendre que je suis intervenu «  c'est grâce à moi si la situation s'est inversée ! » ou je ferme les yeux, ou , comme Marie, j'attire discrètement l'attention de la personne la mieux placée pour remédier au manque ?

- d'entrée, Marie intercède, Elle est une Mère secourable, même sans notre supplication, Marie voit nos attentes et les soumet à Jésus, toutefois, il est bon de lui en parler, pour lui manifester notre confiance.Nous pouvons compter sur l'intercession de Marie.

- Si Marie intercède c'est parce qu'Elle s'identifie à ces jeunes et ressent profondément la gêne qui sera la leur : en cette année jubilaire n'est-il pas bon de réfléchir sur notre propre comportement dans nos relations. Souvent nous entendons, « c'est leur problème », « je ne me sens pas concerné » « qu'il, qu'elle se débrouille, ça ne me regarde pas » n'est-ce pas alors le, « je m'en lave les mains de Pilate » ?

Un seul verset et nous voilà, si nous le voulons vraiment, entrés dans cette année jubilaire, si nous voulons vraiment renaître, nous plonger dans la miséricordieuse tendresse de Dieu, Père, et Fils et Esprit Saint, nous voilà confrontés au tamis de l’Évangile !

« Il (Jésus) tient en main sa pelle à vanner il va nettoyer son aire de battage et amasser le blé dans son grenier. Quant à la balleil la brûlera dans un feu qui ne   ne s'éteindra jamais. »

    Jésus lui répond :
« Femme, que me veux-tu ?
Mon heure n’est pas encore venue. »

Ce verset a fait couler beaucoup d'encre, a suscité bien des commentaires, des questions. Je pense, quant à moi, que cette traduction ne rend pas exactement la pensée de Jésus, ou bien ce dialogue porte une profondeur qui nous échappe. Aussi, j'emprunte l'explication qu'en donne Le Pape émérite Benoît XVI

« Je crois que nous pouvons très bien comprendre l'attitude et les paroles de Marie; il nous est cependant d'autant plus difficile de comprendre la réponse de Jésus. Déjà, l'appellation ne nous plaît pas: "Femme" - pourquoi ne dit-il pas : mère ? En réalité, ce titre exprime la position de Marie
dans l'histoire du salut. Il renvoie à l'avenir, à l'heure de la crucifixion, où Jésus lui dira: "Femme, voici ton fils - Fils, voici ta mère" (cf. Jn 19,26-27). Il indique donc à l'avance l'heure où Il fera devenir la femme, sa mère, mère de tous ses disciples. D'autre part, ce titre évoque le récit de la création d’Ève: Adam, au milieu de la création et de toute sa richesse, se sent seul, comme être humain. Ève est alors créée, et en elle, il trouve la compagne qu'il attendait et qu'il appelle du nom de "femme". Ainsi, dans l’Évangile de Jean, Marie représente la femme nouvelle, définitive, la compagne du Rédempteur, notre Mère : l'appellation apparemment peu affectueuse exprime en revanche la grandeur de sa mission éternelle.

Mais ce que Jésus dit ensuite à Marie, à Cana, nous plaît encore moins: "Que me veux-tu, femme? Mon heure n'est pas encore arrivée" (Jn 2, 4). Nous serions tentés de répondre: Tu as beaucoup à voir avec elle ! C'est elle qui t'a donné ta chair et ton sang, ton corps.

Et pas seulement ton corps : avec son "oui", provenant du plus profond de son cœur, elle t'a porté dans son sein et, avec amour maternel, elle t'a donné le jour et introduit dans la communauté du peuple d'Israël. Mais si nous parlons ainsi avec Jésus, nous sommes déjà sur la bonne voie pour comprendre sa réponse. Car tout cela doit rappeler à notre esprit que lors de l'incarnation de Jésus, deux dialogues vont de pair et se fondent l'un avec l'autre, devenant une seule chose.

Il y a tout d'abord le dialogue que Marie entretient avec l'Archange Gabriel, et dans lequel elle dit: "Qu'il m'advienne selon ta parole!" (Lc 1, 38).
Mais il existe un texte parallèle à celui-ci, un dialogue, pour ainsi dire, à l'intérieur de Dieu, qui nous est rapporté par la Lettre aux Hébreux, quand il est dit que les paroles du Psaume 40 sont devenues comme un dialogue entre le Père et le Fils - un dialogue dans lequel commence l'incarnation. Le Fils éternel dit au Père: "Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps... Voici je viens... pour faire [...] ta volonté" (He 10, 5-7; cf. Ps 40, 6-8). Le "oui" du Fils: "Je viens pour faire ta volonté", et le "oui" de Marie : "Qu'il m'advienne selon ta parole" - ce double "oui" devient un unique "oui", et ainsi, le Verbe devient chair en Marie. Dans ce double "oui", l'obéissance du Fils prend corps ; Marie, avec son "oui" lui donne un corps.

"Que me veux-tu, femme?". Ce qu'au plus profond ils ont à voir l'un avec l'autre, c'est ce double "oui", dans la concomitance duquel a eu lieu l'incarnation. C'est ce point de leur très profonde unité que le Seigneur vise à travers sa réponse. C'est précisément là que renvoie la Mère. Là, dans ce "oui" commun à la volonté du Père, se trouve la solutionNous devons nous aussi apprendre toujours à nouveau à nous acheminer vers ce point ; là apparaît la réponse à nos interrogations.

A partir de là, nous comprenons à présent également la deuxième phrase de la réponse de Jésus: "Mon heure n'est pas encore venue". Jésus n'agit jamais seulement de lui-même ; jamais pour plaire aux autres. Il agit toujours en partant du Père, et c'est précisément cela qui l'unit à Marie, car c'est là, dans cette unité de volonté avec le Père, qu'elle a voulu elle aussi, déposer sa demande.

C'est pourquoi, après la réponse de Jésus, qui semble repousser la demande, elle peut dire de manière surprenante aux serviteurs avec simplicité: "Tout ce qu'il vous dira, faites-le" (Jn 2, 5). Jésus n'accomplit pas un prodige, il ne joue pas de son pouvoir dans un événement qui est au fond entièrement privé. Non, il accomplit un signe, avec lequel il annonce son heure, l'heure des noces, l'heure de l'union entre Dieu et l'homme. »

Et c'est parce que Jésus et Marie sont sur la même longueur d'onde que cette dernière poursuit avec une tranquille simplicité ; Elle sait, d'une conviction profonde et intérieure, que Jésus ne laissera pas ces jeunes dans l'embarras, Jésus et Marie se comprennent parfaitement :

    Sa mère dit à ceux qui servaient :
« Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Cette remarque nous rejoint dans notre aujourd'hui, Marie s'adresse à chacun de nous, c'est chacun qu'Elle invite « à faire tout ce que Jésus dira ».Jésus s'adresse à chacun de nous, là où nous sommes, et là où nous en sommes, dans notre vocation spécifique. A nous de nous recueillir, d'établir un silence profond dans notre être, pour entendre ce que Jésus nous demande de précis, notamment en cette année Jubilaire. Ne négligeons pas le don de Dieu !

« 
Voici, j'envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé. Tiens-toi sur tes gardes en sa présence, et écoute sa voix; ne lui résiste point, parce qu'il ne pardonnera pas vos péchés, car mon nom est en lui ».… Ex 23

L'ange peut-être une personne envoyée par Dieu, il peut être un événement à travers lequel Dieu s'exprime, demandons-Lui de ne pas passer à côté, de ne pas tourner le dos, demandons Lui de savoir « reconnaître » Ses passages, sa Présence et d'emboîter le pas allègrement, la joie dans le cœur et débordant d'action de grâce d'avoir « été choisi » pour entrer dans le « oui » de Jésus et de Marie.

    Or, il y avait là six jarres de pierre
pour les purifications rituelles des Juifs ;
chacune contenait deux à trois mesures,
(c’est-à-dire environ cent litres).
    Jésus dit à ceux qui servaient :
« Remplissez d’eau les jarres. »
Et ils les remplirent jusqu’au bord.

Nous voyons bien, ici que Jésus et Marie se sont parfaitement compris. Dans le cas contraire, Marie aurait-Elle invité les serviteurs à accomplir ce que demanderait Jésus et, Jésus, aurait-Il demandé de remplir les jarres ?

Préparer six cents litres d'eau est une démarche bien étrange : à quoi cette eau va-t-elle servir ? Où Jésus veut-Il en venir ? Ne nous arrive-t-il pas de nous étonner jusqu'à maugréer à l'écoute d'un ordre que nous estimons stupide ? Il est évidemment recommandé de dialoguer mais vient le moment d'avancer sans nécessairement bien comprendre, c'est l'heure de la foi, de la confiance absolue car nous le savons avec St Paul : «  toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein. » Rom 8,28 Soyons ces êtres de Foi qui avancent dans la confiance à ce Dieu qui nous aime et ne nous demande jamais rien d'impossible ! C'est souvent après que nous comprenons !

    Il leur dit :
« Maintenant, puisez,
et portez-en au maître du repas. »
Ils lui en portèrent.
    Et celui-ci goûta l’eau changée en vin.
Il ne savait pas d’où venait ce vin,
mais ceux qui servaient le savaient bien,
eux qui avaient puisé l’eau

.
L'eau changée en vin ! Une noce ! Une eau préparée dans des jarres réservées à la purification avant la prière : que veut nous dire Jésus ?

La noce n'évoque-t-elle pas l'Alliance entre deux personnes ? Les ablutions ne sont-elles pas un rite de l'ancienne Alliance ? 0r, Jésus vient faire toute chose nouvelle :« Voici, je fais toutes choses nouvelles » Ap

« Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens: Et moi , je vous dis... » Mt 5, 20

Nous sommes ici, à l'écoute du PREMIER MIRACLE DE JÉSUS, un miracle qui doit, sans nul doute marquer les esprits, pas nécessairement dans l'immédiat, mais là encore, quand l'Heure sera venue, cette Heure à la fois

- désirée

« Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu'il soit accompli!  Luc 12,50

- et redoutée

« Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »Mt 26,39.

Cette fête de Cana n'inaugure-t-elle pas pour l’Église naissante, la longue marche de Jésus vers le don de Sa vie pour le Salut de l'humanité ? N'entre-t-elle pas dans cette succession de signes qui lève le voile sur le Père, sur le Fils et sur l'Esprit d'Amour, jusqu'à l'HEURE, où Jésus verse Son Sang après l'avoir donné en boisson de la Nouvelle Alliance le Jeudi Saint lors du Repas d'adieu ?" Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous»

La remarque qui suit ne peut pas nous étonner :« Tout le monde sert le
bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon.Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Le Bon vin en effet ne peut être que Jésus « Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul. » Lc 18,19 Même si Jésus attribue ce don à son Père, nous savons, nous, qu'Il y participe en tant « que Fils qui ne fait rien qu'Il ne voie faire au Père ! »

L' « heure est venue » pour nous, de rendre grâce : Jésus est venu pour nous permettre de participer à la joie des noces éternelles qu'Il scelle en Son sang, mais Il ne nous laisse pas seuls, Il est avec nous « jusqu'à la fin des temps » par Ses sacrements, dont l'Eucharistie, par son Église, qui en est gardienne. Comme le Maître de cérémonie puise dans l'eau changée en vin, puisons, sans modération à la source d'abondance que sont les sacrements qui nous façonnent, nous pétrissent, nous abreuvent et nous nourrissent ! Devenons des affamés et des assoiffés du don de Dieu !

    Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit.
C’était à Cana de Galilée.
Il manifesta sa gloire,
et ses disciples crurent en lui.


Il semble évident que ce premier miracle de Jésus conforte les apôtres dans leur « sequela Christi ». certes ils ont beaucoup de chemin à faire, tout est à découvrir mais un chemin de confiance s'ouvre, ils pourront, sans crainte, lui poser toutes les questions utiles à leur propre cheminement et à celui de leurs frères en humanité . Ils se feront secouer parfois, remettre à leur juste place, mais ils ne pourront pas douter de Son amour, à l'exception de Juda qui s'en est exclus dans sa désespérance.

Puisons maintenant,
ne craignons pas,
cette source-là est inépuisable !

l'Ermite