jeudi 7 janvier 2016

UN PEUPLE ARDENT A FAIRE LE BIEN

BAPTÊME DE NOTRE SEIGNEUR

 (Lc 3, 15-16.21-22)



En ce temps-là,
    le peuple venu auprès de Jean le Baptiste 

était en attente,

Voilà une expression qui doit retenir notre attention et qui nous invite à une profonde réflexion ! Est-ce que je fais partie de ce peuple en attente, ou bien, suis-je désabusé, n'attendant plus rien, n'espérant plus rien ! Que signifie, pour moi, être en attente ? Qu'est-ce que j'attends ? Comment j'attends ?

Il y a, au moins, deux façons d'attendre : l'une passive, l'autre active. Nous nous limiterons à la façon active de l'attente et remarquerons qu'il s'agit ici d'un état d'esprit, puisqu'il s'agit « d'être en attente » et non pas d'attendre. Par ailleurs, il ne s'agit pas d'une personne en attente,mais « de tout un peuple » ! Et c'est « ce peuple en attente » qui a vu, parce qu'il était en éveil,« une grande lumière »

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et
sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort, la lumière a resplendi. Is 9 »

Ce peuple connaissait la Tradition, il connaissait l’Écriture Sainte, il savait que depuis des millénaires la libération d'Israël était attendue aussi, quand Jean le Baptiste se lève, quand il pose des actes concrets de renouvellement, le peuple est en état d'accueil et s'interroge : « qui est celui-ci ?»
Certes, aujourd'hui, la révélation est close :

« Moi, Jean, j'adresse ce solennel avertissement à quiconque entend les paroles prophétiques de ce livre : si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu ajoutera à son sort les fléaux décrits dans ce livre. Et si quelqu'un enlève quelque chose des paroles prophétiques de ce livre, Dieu lui enlèvera sa part des fruits de l'arbre de la vie et de la ville sainte décrits dans ce livre. AP, 22,17

mais la manifestation du Christ en notre vie est loin d'être acquise, il suffit de voir ce qui se passe dans notre monde. Sommes-nous en « attente active » de conversion ? Voulons-nous vraiment que Jésus prenne toute la place qui Lui revient dans notre cœur ? Avons-nous ce désir intense de Lui confier la direction de notre vie ? Prenons-nous les moyens de Le laisser agir en nous ? Sommes-nous en attente de conversion en cette année Jubilaire offerte ? La prenons-nous au sérieux ? Nos Églises diocésaines nous proposent un parcours de renouvellement, saisissons-nous cette « chance », je préfère « grâce » avec tout notre être ? Je « nous »laisse sur ce questionnement et demande au Seigneur d'ouvrir « la porte sainte » de nos cœurs, souvent terriblement verrouillée, grippée, pour nous permettre de vivre et célébrer cette démarche dans l'allégresse et alors « une grande lumière brillera sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort, la lumière a resplendi.(resplendira) »

et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ.
    Jean s’adressa alors à tous :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

Jean n'est pas un usurpateur, Jean est simple, vrai, humble,il est, le sait et le proclame haut et fort :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi.Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. »
« Je ne suis pas » Lui est et Il est au milieu de vous et vous ne le connaissez pas encore ! Qui peut prétendre connaître vraiment Jésus ? Même après des années de compagnonnage nous continuons de découvrir de nouvelles facettes et, je crois, du fond de mon être que nous restons au B-A Ba de cette connaissance. Dieu est si grand , si aimant, si merveilleux, si vrai, si simple, si petit dans sa grandeur, si proche cependant, que la Rencontre, l'ultime Rencontre nous laissera ébahis,les yeux du cœur grands ouverts , dans un émerveillement à nul autre pareil.
Jean le Baptiste en est à ce point conscient qu'il se dit et se sait indigne même, de s'agenouiller à Ses pieds pour dénouer la courroie de Ses sandales !
Bonne question à se poser : quand je m'agenouille au pied du tabernacle ou m'incline selon mes possibilités, qu'est-ce que je mets dans cet acte d'adoration ??? Est-ce une routine, une convention, ou un véritable et profond acte de foi, d'adoration, d'amour ? Est-ce que je pense vraiment l'acte que dessine mon corps ?

    Comme tout le peuple se faisait baptiser
et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait,

Tout le peuple reçoit le baptême des mains de Jean et Jésus se mêle à la foule.On comprend (un peu !) la réaction de Jean rapportée par St Matthieu :

 " C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par vous, et vous venez à moi"


Jésus, le Fils unique du Père, le tout autre, descend dans les eaux du Jourdain pour en remonter après y avoir été plongé par Jean le Baptiste. Ne peut-on voir dans ce mouvement de descente et de remontée une préfiguration de « la descente de Jésus aux Enfers et de Sa résurrection ? » Lors du baptême tout baptisé est plongé dans la mort du Christ pour remonter purifié, lavé dans la mort et la résurrection du Christ ?

" Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume des cieux " Jean 3, 1-8

 L'eau renvoie à la victoire du Christ sur le mal et la mort. L'eau, en effet, symbolise les forces du mal (la mer déchaînée, les eaux du déluge..) Jésus les aura traversées par sa résurrection, nouvelle et définitive libération. Dans son combat, il aura aussi vaincu celui que l’Église appelle « l'auteur du mal " et que la Bible nomme le tentateur, le diviseur .

L'eau sert aussi à laver. Avant Jésus, Jean, le prophète, plongeait les gens dans les eaux du fleuve Jourdain pour qu'ils soient comme lavés de leurs péchés. On le surnommait " le Baptiste ".
Par ce geste d'une humilité insondable, je pense que Jésus, le Premier de cordée nous entraîne dans ce mouvement de mort et de résurrection. En s'incarnant, Jésus ne fait pas semblant, Il épouse vraiment tout de notre vie. Cet acte de Jésus, ne l'oublions pas, inaugure sa vie publique c'est après cela qu'Il sera conduit au désert, appellera ses premiers disciples et commencera à enseigner après être passé par la synagogue où ses propos surprendront, émerveilleront aussi :

" Aujourd'hui cette Écriture est accomplie devant vous. »

Et que fait Jésus immédiatement après son baptême ? Lui, le Saint de Dieu, le Fils unique en tout égal au Père ? « Il priait » Cela nous dépasse bien sûr, non pas qu'Il prie, mais que Jésus, le tout-autre, demande le baptême ! Peut-être prie-t-il pour tous ceux qui accueilleront ce don et essaieront d'en vivre chaque jour ! Peut-être voit-Il ceux qui l'ayant accueilli, se détourneront pour de multiples raisons ! En tout cas, je vois là une invitation pour nous à rendre grâce pour ce don et à prier pour tous nos frères, les baptisés pour qu'ils soient fidèles, les autres pour qu'ils rencontrent le témoin qui fera naître en eux ce désir irrésistible ! Que se passe-t-il tandis que Jésus est en prière ?

le ciel s’ouvrit.
    L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle,
comme une colombe,
descendit sur Jésus,
et il y eut une voix venant du ciel :
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »


C'est « au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit » que nous sommes baptisés, or Ils sont là présents, tous les trois, lors du Baptême de Jésus ! L'Esprit se manifeste et le Père désigne Jésus comme son Fils Bien-Aimé !


« Aujourd’hui, en effet, écrit Saint PROCLUS (412),la terre et la mer se sont partagé la grâce du Sauveur, et le monde entier a été comblé de joie ; et la fête d’aujourd’hui montre un surcroît de merveilles par rapport à la fête précédente.

Car dans celle-ci la terre se réjouissait de la naissance du Sauveur, parce qu’elle tenait couché dans la crèche le Seigneur de l’univers ; mais aujourd’hui, avec la fête des Théophanies, c’est la mer qui se réjouit hautement ; elle se réjouit de ce que, par l’intermédiaire du Jourdain, elle a reçu la bénédiction qui la sanctifie.

La fête précédente nous montrait un pauvre nourrisson qui manifestait notre pauvreté. La fête d’aujourd’hui nous le fait voir dans sa perfection, elle nous suggère qu’il est l’Être parfait, issu de l’Être parfait. ~ Alors, pour les Mages, le Roi était revêtu de la pourpre de son corps. Aujourd’hui, au baptême, celui qui est la Source, est enveloppé par l’eau du fleuve.

Allons, regardez ces merveilles incroyables : le Soleil de justice qui se baigne dans le Jourdain, le Feu qui se plonge dans l’eau, Dieu qui est sanctifié par un homme !

Aujourd’hui, toute la création éclate en louanges et s’écrie : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur  ! Béni soit celui qui vient en tout temps, car ce n’est pas aujourd’hui son premier avènement. ~

Et qui est-il ? Dis-le-nous clairement, bienheureux David : Dieu, le Seigneur,  nous illumine. Le prophète David n’est pas le seul à nous le dire ; l’Apôtre Paul y ajoute son témoignage lorsqu’il proclame : La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous instruit. Elle ne s’est pas manifestée pour le salut de certains hommes, mais pour le salut de tous. Car c’est à tous, Juifs aussi bien que non-Juifs, qu’elle accorde le salut par le baptême, qu’elle offre le baptême comme un bienfait universel. »


Que puis-je oser ajouter après une si belle méditation?Sinon les paroles de Saint Paul à Tite dans la deuxième lecture de ce jour : 

« la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde,et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable,avec justice et piété,attendant que se réalise la bienheureuse espérance :la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes,et de nous purifier pour faire de nous son peuple,un peuple ardent à faire le bien. »


Prions, vraiment, les uns pour les autres pour devenir chaque jour davantage, ce peuple ardent à faire le bien !

L'Ermite

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