TRENTE ET UNIÈME DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
(Lc 19, 1-10)
...
DESCENDS VITE
Je
commence aujourd'hui, par trois points de suspensions, étonnant
non ? C'est tout simplement pour nous permettre d'inscrire notre
prénom ! Si nous n'avons pas toutes les caractéristiques qui
définissent l'ami Zachée, nous avons les nôtres, bien
personnelles ! Je ne sais sur quel piédestal nous sommes huchés
pour voir Jésus « sans être vus » tels que nous sommes,
c'est à chacun d'y réfléchir, pour le « nommer » et se
laisser interpeller par Jésus et L'entendre nous dire avec
affection, avec tendresse:
«
X » descends vite, « de ton sycomore à toi »
aujourd’hui il faut que j’aille
demeurer dans ta maison !
Si
nous entendons cet appel de Jésus, au plus profond de notre cœur ne
jouons pas à cache – cache en prétextant : «
mais Seigneur, je n'ai rien prévu , je préfère t'inviter au
restaurant ! Ou excuse-moi, j'ai une réunion importante,
parents d'élèves, syndicat, entreprise, conseil municipal, ou,
j'ai une migraine pas possible, ne pouvons-nous remettre à plus tard
etc, etc ! Non ! comme
Zachée , comme Jésus avant lui, qui a quitté le sein du Père pour
revêtir notre humanité, descendons de « notre
arbre » et risquons la
rencontre qui changera notre regard : la conversion ! C'est
un appel quotidien, et de tous les instants, nous aurons,- jusqu'à
LA RENCONTRE du FACE A FACE, celle de l'Illumination, - à nous
laisser « retourner »
par la Présence du Christ notre Sauveur qui tient à demeurer
chez nous !
Jésus,
juste avant, demande de ne pas faire obstacle aux enfants qui veulent
L'approcher, Il invite le jeune homme riche à se délester de tous
ses encombrements mondains, au passage Il rappelle, pour la troisième
fois, les circonstances de Sa Passion : outrages, crachats …
mais cela passe bien au-dessus des têtes, aux abords de Jéricho Il
rend la vue à un aveugle qui dérange, et à qui on veut imposer le
silence ! Jésus ne se laisse pas intimider, Jésus n'est pas
complice du mal, Il entend et Il agit, n'est-il pas venu pour les
pauvres, les pêcheurs ?
Ici,
il n'est plus à la périphérie de la ville, Il y est entré et il
y a là un petit « bonhomme » qui voudrait bien se faire
une idée de qui est ce Jésus dont on parle tant et qui attire à ce
point les foules ! « En
ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait.
Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef
des collecteurs d’impôts,et c’était quelqu’un de riche. Il
cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à
cause de la foule,car il était de petite taille. Il courut donc en
avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer
par là. »
Voilà,
rapidement campé, le portrait de Zachée :
- il était chef des collecteurs d'impôt, donc un publicain, assurément voleur, et au service de l'occupant romain . Comme tel, il n'a vraiment pas une bonne réputation, et le peuple le rejette !
- c'était quelqu'un de riche, une richesse acquise sur le dos de ses compatriotes en les volant !
- il était de petite taille, il est certain qu'il est préférable d'avoir une bonne taille au milieu de la foule si l'on veut voir ce qui se passe. Zachée ne manque pas d'astuce pour arriver à ses fins, il compense sa petite taille en grimpant sur un arbre, il aura une vue d'ensemble et pourra voir ce Jésus sans difficultés !
- il veut voir Jésus ! Le texte n'explicite pas les raisons de ce désir ! Peut-être est-il intrigué et veut-il se faire une opinion personnelle , peut-être veut-il tenter de comprendre l'engouement des foules à Son adresse ! Puisqu'il travaille pour les romains, peut-être a-t-il envie d'apporter son grain de sel à ce qui va suivre … Peut-être veut-il savoir si cela vaut la peine de tenter une approche . Ce qui est sûr : Zachée veut voir ce Jésus , mais il ne semble pas chercher davantage, sinon, il aurait agi comme la Cananéenne, ou la femme affligée par des pertes de sang depuis des années, ou comme l'aveugle de Jéricho qui en appelle à la pitié de Jésus. Zachée reste discret, il veut voir de haut, de loin , il ne semble pas avoir envie d'être remarqué, et ne s'attend pas du tout, mais du tout à ce qui lui arrive, il n'a rien fait pour cela :
Arrivé
à cet endroit,Jésus leva les yeux et lui dit :
« Zachée,
descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer
dans ta maison. »
Ce
n'était vraiment pas au programme ! (n'oublions pas de
changer le prénom !) Jésus lui demande : de descendre,
et de descendre vite ,
et pour quelle raison ?
Parce que, Lui, Jésus,
le Maître, veut demeurer dans sa
maison, celle d'un voleur, d'un
tricheur ! Jésus remarquons-le n'a peur de rien !
« Si
cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le
touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
pensait Simon qui l'avait invité, il n'en dirait pas moins
aujourd'hui pour Zachée ! S'Il savait qui est cet homme !
Mais voilà, Jésus sait, et c'est parce qu'Il sait qu'Il appelle,
Zachée, qu'Il nous appelle chacune et chacun par notre prénom et
nous dit : «
descends vite,je
veux demeurer chez toi « !
« Vite,
il descendit et reçut Jésus avec joie »
Pour
Zachée, cet homme méprisé en raison de sa fonction et de la
façon dont il l'exerce, c'est
totalement impensable, il est retourné, s'empresse de descendre et
se trouve en présence de la sainteté
même. C'est un peu comme lorsque le
soleil rentre dans une maison et nous fait voir la poussière sur nos
meubles que nous pensions parfaitement propres ! Ici, le Soleil,
c'est Jésus, la poussière c'est tout ce qui pèse dans le cœur de
Zachée. Du coup sa carapace tombe, cette présence le bouleverse, il
prend conscience de la distance qu'il y a entre sa façon de vivre et
celle de Jésus « qui n'a
même pas une pierre où reposer sa tête »
même pas un sou vaillant pour régler l'impôt à César, qui prend
ses repas chez qui l'invite, prêche les valeurs du Royaume et en
vit : Heureux les pauvres,
heureux les affamés et assoiffés de justice,
… Zachée, l'homme riche, le voleur, prend conscience de ses
limites, réalise qu'il y a une façon supérieure de vivre et de
partager … Jésus n'a pas besoin de lui faire la morale, sa seule
Présence l'illumine, le retourne !
Voyant
cela, tous récriminaient :« Il est allé loger chez un
homme qui est un pécheur. »
L'entourage est loin d'être satisfait ! Comment Lui, le Saint, s'approche-t-il des pécheurs ? Comment ose-t-il fréquenter « la racaille » de l'époque et de la notre ? Penser ainsi, c'est se croire au-dessus. Souvenons-nous du Pharisien de dimanche dernier ! Jésus nous demande de descendre, de comprendre que nous ne sommes pas meilleurs, comme Zachée, nous avons
Jésus
et Zachée n'ont pas eu le temps de s'asseoir. Zachée est debout,
devant Jésus, également debout, Zachée ne tient plus : tout
ce qu'il a entendu dire de ce « prophète » à nul autre
semblable lui revient à l'esprit, il se sent pauvre, limité,
pécheur :
Zachée,
debout, s’adressa au Seigneur :« Voici, Seigneur :je
fais don aux pauvres de la moitié de mes biens,et si j’ai fait du
tort à quelqu’un,je vais lui rendre quatre fois plus. »
Jésus
n'a rien demandé, Zachée a compris ! Et nous, sommes-nous
capables de semblable « confession » en cette année du
jubilé de la Miséricorde ? Avec Zachée entendrons-nous le don
de Dieu ? Ouvrirons-nous notre cœur pour accueillir la MISÉRICORDE du Dieu d'Amour ? Sans attendre, saurons-nous Lui
dire tout de go, « devant Toi, je reconnais mes pauvretés, je
les dépose dans ton cœur pour être plongé dans le bain de la
régénération ! »
Nous
entendrons alors Jésus nous dire comme à Zachée : :« Aujourd’hui,
le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils
d’Abraham. Zachée accueille, et nous avec Zachée, le
salut offert à tous ceux qui se laissent relever par le Christ. Avec
Zachée nous quittons le monde de la ténèbre pour entrer dans celui
de la lumière, pour entrer dans l'alliance conclue avec Abraham
notre Père dans la foi ! Car : « Le Fils de
l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »Il
est le Bon Berger qui donne Sa vie pour Ses brebis, qui laisse les
quatre vingt dix-neuf en bonne santé pour chercher celle qui se
perd, pour l'inviter à descendre de son arbre, à sortir de son
fourré, pour rejoindre la communauté des sauvés et pour chanter
avec elle :
Je
t’exalterai, mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et
à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom
toujours et à jamais.
Le
Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein
d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa
tendresse, pour toutes ses œuvres.
Que
tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te
bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils
parleront de tes exploits.
Le
Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il
fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse
tous les accablés.
Avec
Saint Paul nous
prions les
uns pour les autres
à tout moment
afin que notre Dieu nous
trouve dignes de l’appel qu’il nous
a adressé ;
par sa puissance,qu’il nous
donne d’accomplir tout le bien que nous
désirons, et
qu’il rende active notre
foi.
L'Ermite
BELLE
FETE DE LA TOUS SAINTS A CHACUNE
ET A CHACUN !