vendredi 21 octobre 2016

MONTRE-TOI FAVORABLE

TRENTIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 18,9-14)


Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes.
Il ne défavorise pas le pauvre,il écoute la prière de l’opprimé.
Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin,ni la plainte répétée de la veuve.Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli,
sa supplication parviendra jusqu’au ciel.La prière du pauvre traverse les nuées ;tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable.Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui,ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice.

Cette première lecture est une excellente introduction, à mon point de vue, à l’Évangile de ce jour . Ce livre serait l’œuvre d'un Juif de Jérusalem , il fut écrit en hébreux en 180 avant Jésus. L'auteur se propose de nous enseigner la sagesse, c'est-à-dire l'art de diriger sa vie selon la loi de Dieu et donc d'obtenir, dès ici bas, le bonheur. Le Seigneur est impartial écrit-il, Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. La prière du pauvre traverse les nuées .

C'est tout à fait ce que décrit Jésus dans la Parabole proposée aujourd'hui à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres. Ne courrons - nous pas le risque de nous croire indemne de semblable comportement ? et pourtant ! Nous n'agissons sans doute pas aussi grossièrement, nous sommes, sans nul doute, bien plus subtils dans nos agissements et nos pensées mais comme nous le rappelions dimanche dernier,  rentrons, sans plus attendre, dans le secret de notre chambre, fermons la porte à toutes nos bonnes excuses, mettons-nous en Présence du Seigneur, cette Parabole sous les yeux, et, pourquoi pas, un crayon à la main, descendons au fond du puits de notre être , ouvrons les yeux de notre cœur avec toute l'honnêteté dont nous sommes capables, laissons Jésus, Parole éternelle du Père, éclairer tous les recoins de cette chambre intérieure et demandons « Miséricorde » à Celui qui est MISÉRICORDE !

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien,et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).

Le désir de ces deux personnes est louable, les deux éprouvent cette nécessité de faire une pose, en présence du Seigneur, dans un lieu recueilli. L'intention de départ semble excellente mais la mise en œuvre est surprenante :
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes– ils sont voleurs, injustes, adultères –,ou encore comme ce publicain.Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’

Le premier dérape très vite ! Cet homme, certes pratiquant, a une haute idée de lui-même, non seulement il expose au Seigneur ce qu'il croit être mais il ne tarde pas à se comparer à ses frères et au Publicain lui-même qu'il aperçoit près d'un pilier. On est tenté de se demander ce qu'il vient faire au Temple ! Il est content de lui, se trouve propre, en règle avec la loi de Moïse, non perfectible , puisqu'il s'estime parfait ! Si c'est le cas, on peut penser qu'il n'a pas besoin de Dieu, dès lors que fait-il là ? Que signifie prier pour lui ?

Prier n'est-ce pas regarder, écouter Dieu qui parle à notre cœur ? Or notre pharisien se regarde, il est entièrement tourné en lui-même, dans son esprit il n'y a de place ni pour la rencontre, ni pour s'interroger pour savoir si on est sur la bonne voie, encore moins pour regarder Celui à qui il parle. Il n'a jamais dû lire l'Ecclésiaste qui écrit au chapitre 6 : « aucun homme n'est assez juste sur terre pour faire le bien sans pécher ! »

En effet, tous nos actes, même les meilleurs sont plus ou moins entachés , il nous est difficile d'avoir une intention parfaitement pure, le publicain en a une certaine conscience, il se tient en effet à distance, il se reconnaît pécheur, il n'ose pas lever les yeux, il se frappe la poitrine, exprime une prière sincère : « montre-toi favorable » il attend son salut du Tout Autre, il se sait impuissant, pauvre, démuni quand Il contemple la sainteté de Dieu :

Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant :
‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’

Dieu lui répond en Isaïe :

Voici celui que je regarde: celui qui est humble, qui a le cœur brisé et qui tremble à ma parole. (Isaïe 66,2)
Le publicain ne se décourage pas, s'il parle à Dieu avec une telle confiance c'est qu'il a compris qu'il pouvait s'en remettre à son amour miséricordieux, à cet amour qui remet l'homme debout et lui permet d'avancer. La conclusion qui suit est éloquente :

Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison,c’est lui qui était devenu un homme juste,plutôt que l’autre.Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Pourquoi le publicain est-il devenu un homme juste ? Parce qu'il a eu l'humilité de déposer le fardeau de ses limites devant son Seigneur pour en recevoir la paix du cœur.

Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :
de toutes leurs angoisses, il les délivre.
 
Il est proche du cœur brisé,
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

L'orgueil ferme le cœur, l'humilité l'ouvre tout grand ! L'orgueil durcit le cœur, l'humilité le rend compatissant et miséricordieux ! Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » termine Jésus !

En cette année du Jubilé de la miséricorde, demandons au Seigneur d'avoir un regard lucide sur nous-mêmes et un cœur miséricordieux pour accueillir nos frères, surtout « les pharisiens » car nul n'a plus besoin d'amour et de miséricorde que celui qui se croit déjà arrivé !


Seigneur Jésus-Christ,
toi qui nous as appris à être miséricordieux 
comme le Père céleste,
et nous as dit que te voir, c’est Le voir,
Montre-nous ton visage, et nous serons sauvés.
Ton regard rempli d’amour a libéré Zachée et Matthieu 
de l’esclavage de l’argent,
la femme adultère et Madeleine de la quête du bonheur 
à travers les seules créatures ;
tu as fais pleurer Pierre après son reniement,
et promis le paradis au larron repenti.
Fais que chacun de nous écoute cette parole
 dite à la Samaritaine
comme s’adressant à nous :
Si tu savais le don de Dieu !
Tu es le visage visible du Père invisible,
du Dieu qui manifesta sa toute-puissance 
par le pardon et la miséricorde :
fais que l’Église soit, dans le monde, ton visage visible,
toi son Seigneur ressuscité dans la gloire.
Tu as voulu que tes serviteurs soient eux aussi
 habillés de faiblesse
pour ressentir une vraie compassion à l’égard de ceux
qui sont dans l’ignorance et l’erreur :
fais que quiconque s’adresse à l’un d’eux se sente
attendu, aimé, et pardonné par Dieu.
Envoie ton Esprit et consacre-nous tous de son onction
pour que le Jubilé de la Miséricorde
soit une année de grâce du Seigneur,
et qu’avec un enthousiasme renouvelé,
ton Église annonce aux pauvres la bonne nouvelle
aux prisonniers et aux opprimés la liberté,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue.
Nous te le demandons par Marie, Mère de la Miséricorde,
à toi qui vis et règnes avec le Père
et le Saint Esprit, pour les siècles des siècles.
Amen.
Pape François


l'Ermite

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