XIIIe
DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
ANNEE A
(Mt 10, 37-42)
Jésus
disait à ses Apôtres « Celui qui aime son père ou sa
mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime
son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ;
Jésus
ne nous demande pas de ne pas aimer nos parents, ce serait aller
contre la volonté de Son Père, ce qui est impensable ! ne nous
dit-Il pas ailleurs qu'Il
fait toujours ce qui plaît au Père ? Qu'Il est venu pour
accomplir la volonté de Son Père ? Que Le Père et Lui ne sont
qu 'Un ?
Non ! Alors qu'attend Jésus de chacun de nous ? Jésus
nous demande instamment de Le
préférer !
Le
Mal s'immisce partout, n'a-t-il pas osé tenter Jésus Lui-même ?
Nos parents, nos frères et sœurs, nos enfants, notre environnement
peuvent être sous son emprise et nous demander de poser des actes,
d'effectuer des choix contraires à notre conscience , ou
susceptibles de nous éloigner de notre projet de vie, et cela à
n'importe quel âge ! Notre devoir, en prenant conseil d'une , voire
trois personnes avisées et qui vivent sous la mouvance de l'Esprit
de Dieu, est de rester fidèle à ce que notre cœur nous dicte ?
En effet, qui d'autre que Jésus parle à notre cœur ? Il peut
y avoir nos passions : égoïsme, désir de gloire, etc d'où
l'importance de prendre conseil ! Il peut y avoir des erreurs
d'appréciation, de jugement, défaut de discernement, rébellion à
l'égard de ceux qui exercent l'autorité, nous pouvons nous
méconnaître, autant de raisons pour prendre conseil et éviter de
se croire seul maître de notre vie ! Et si tout concorde dans
le sens de ce que nous pressentons au fond de notre cœur, c'est bien
la Voix de Jésus qui se fait entendre et nous devons Le préférer
au miroir aux alouettes qui brille , qu'on fait briller à notre
regard. L’essentiel, n'est-il pas d'être heureux et de rendre les
autres heureux ? Or, nous le serons et nous le ferons, si nous
sommes là où Jésus nous demande d'être ! Ceci suppose des
renoncements qui nous inscrivent dans la voie étroite de la croix :
celui
qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de
moi.Ce
verset trouve bien sa place dans ce qui précède :
« préférer Jésus à »
évoque vraisemblablement, le déchirement de notre esprit quand nos
convictions intimes ne peuvent coïncider avec les désirs de ceux
qui nous aiment ou croient nous aimer ! Or
aimer,
c'est accompagner, c'est permettre de grandir, de réaliser sa
vocation au sens large, permettre à la personne de devenir ce
qu'elle est en puissance au plus profond de son être. C'est lui
donner les moyens d'accomplir ce qui l'habite . Nous sommes confiés
les uns aux autres et, à plus forte raison , les enfants à leurs
parents ! Ces derniers ont le devoir de promouvoir, non
d'utiliser ! Un enfant, un ami, peuvent être totalement
écrasés, par le mauvais vouloir de leur entourage , lutter est un
rude combat , c'est participer à la Croix de Jésus. Porter cette
croix avec Jésus suppose beaucoup d'abnégation, et réclame une
vraie et profonde charité il convient en effet, de veiller, tout en
suivant sa voie, à ne rien briser, à garder le lien, le respect,
l'attachement , nous ne sommes pas des électrons libres. Nous venons
de quelque part et allons vers le lieu par excellence de la
charité-amour ! Même dans l'opposition nous devons veiller à garder le contact avec ceux qui nous font souffrir!
Qui
a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de
moi la gardera. Ce
verset, me semble-t-il, s'inscrit parfaitement dans l'esprit de la
préférence donnée ou à donner à Jésus, dans nos vies de
croyants. Que peut signifier ; « perdre
sa vie pour ou à cause de Jésus »? Entre
quinze et vingt ans, nous sommes susceptibles d'envisager les rêves
les plus fous, nous sommes prêts à conquérir le monde, rêvons de
réussites les plus ambitieuses (on peut se poser la question :
que signifie réussir sa vie?) sommes sûrs de détenir les clefs
d'un monde meilleur etc... Saint François, lui, rêvait de
chevalerie ? Avant lui, Saint Paul rêvait d'éliminer les
chrétiens ? Et tant d'autres ! Et voilà que Jésus nous
rejoint là où ne l'attendions pas et nous sommes placés devant une
évidence qui nous surprend , comme Pérette et le pot au lait.
Pérette rêve l'avenir, elle n'est plus présente à l'instant, la
chute intervient et évapore tous ses châteaux en Espagne.
Avec
Jésus, c'est différent bien sûr, Il nous met en présence des deux
voies, des deux portes, l'une étroite, l'autre large Il nous laisse
prendre notre décision. Jésus ne nous trompe pas, loin de faire
miroiter la facilité Il nous montre, dans l’Évangile, les
aspérités du chemin, mais Il nous rassure aussi :
je suis avec vous jusqu'à la fin des temps ! Je ne vous
laisserai pas seuls, je vous enverrai l'Esprit de Vérité qui vous
conduira à la Vérité tout entière... prenez sur vous mon joug il
est facile à porter
…
Perdre sa vie, c'est, avec la grâce qui nous est offerte, renoncer à
nos projets, pour entrer dans celui de Jésus, pour nous laisser
conduire par Son immense amour. Alors il est certain que de cette
façon, non seulement en nous perdant, nous nous gardons, mais nous
sommes sûrs de marcher avec Jésus et de ne manquer de rien comme
les oiseaux du ciel et les fleurs des champs !
Nous sommes dans
Sa main et Sa main est sûre ! Jésus peut alors, nous éclairer
sur notre identité réelle, profonde, cette union souhaitée pour
nous et qui nous identifie à sa propre personne, qui fait de nous
des christs parce que choisis et chéris par Dieu . Devenus
christs avec le Christ - Jésus, nous lui sommes assimilés et donnons
toute leur véracité au versets qui suivent :
Qui
vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille
Celui qui m’a envoyé.Qui accueille un prophète en sa qualité de
prophète recevra une récompense de prophète ;qui accueille un
homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de
juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre
d’eau fraîche,à l’un de ces petits en sa qualité de
disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa
récompense. » Paragraphe
qui s'inscrit lui-même dans ce qui est décrit au chapitre du
Jugement dernier , toujours en St Matthieu ;
J'ai
eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous
m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli;
nu, et vous m'avez vêtu; j'ai été malade, et vous m'avez visité;
j'étais en prison, et vous êtes venus à moi. " Alors les
justes lui répondront: ... " En vérité, je vous le dis,
chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes
frères, c'est à moi que vous l'avez fait. " (Matthieu 25).
Quelles
que soient nos limites, le Verbe incarné s'identifie à chacune de
Ses créatures et notamment aux plus pauvres, aux plus humbles, aux plus humiliés, aux plus petits d'entre nous ! Jésus ne
craint pas d'être défiguré, de se cacher sous les traits d'un
mendiant, parce que Jésus est ce Pauvre qui mendie l'amour, notre
amour, qui demande à être préféré pour qu'advienne, un jour, Son
jour, ce Royaume de l'Amour qu'Il est venu instauré !
Aussi
pouvons-nous reprendre en choeur et de tout cœur, le psaume que nous
propose la Liturgie :
L’amour
du Seigneur, sans fin je le chante ;
ta fidélité, je
l’annonce d’âge en âge.
Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ;
ta fidélité est plus stable que les cieux.
Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ;
ta fidélité est plus stable que les cieux.
Heureux
le peuple qui connaît l’ovation !
Seigneur, il marche à la lumière de ta face ;
tout le jour, à ton nom il danse de joie,
fier de ton juste pouvoir.
Seigneur, il marche à la lumière de ta face ;
tout le jour, à ton nom il danse de joie,
fier de ton juste pouvoir.
Tu
es sa force éclatante ;
ta grâce accroît notre vigueur.
Oui, notre roi est au Seigneur ;
notre bouclier, au Dieu saint d’Israël.
ta grâce accroît notre vigueur.
Oui, notre roi est au Seigneur ;
notre bouclier, au Dieu saint d’Israël.
Qu'il
en soit ainsi !
L'Ermite