jeudi 25 février 2016

"MISÉRICORDE" EST LE NOM DU PÈRE

TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2016

(Lc 13, 1-9)


Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire 
des Galiléens que Pilate avait fait massacrer,
mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
    Jésus leur répondit :
« Pensez-vous que ces Galiléens
étaient de plus grands pécheurs
que tous les autres Galiléens,
pour avoir subi un tel sort ?
    Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de même.

    Et ces dix-huit personnes
tuées par la chute de la tour de Siloé,
pensez-vous qu’elles étaient plus coupables
que tous les autres habitants de Jérusalem ?

J'emprunte, pour ces premiers versets, le commentaire qu'en fait Marie-Noëlle Thabut, cette personne que vous pouvez entendre chaque jour sur Radio Notre Dame : une passionnée de la Sainte Écriture.


« Voilà bien un texte étonnant ! Il rassemble deux « faits divers », un commentaire de Jésus et la parabole du figuier. A première vue, ce rapprochement nous surprend, mais si Luc nous le propose, c’est certainement intentionnel ! Et alors on peut penser que la parabole est là pour nous faire comprendre ce dont il est question dans le commentaire de Jésus sur les deux faits divers.

Premier fait divers, l’affaire des Galiléens : en soi, il n’a rien de surprenant, la cruauté de Pilate était connue ; l’hypothèse la plus vraisemblable, c’est que des Galiléens venus en pèlerinage à Jérusalem ont été accusés (à tort ou à raison ?) d’être des opposants au pouvoir politique romain ; on sait que l’occupation romaine était très mal tolérée par une grande partie du peuple juif, et c’est bien de Galilée qu’à l’époque de la naissance de Jésus était partie la révolte de Judas, le Galiléen. Ces pèlerins auraient donc été massacrés sur ordre de Pilate au moment où ils étaient rassemblés dans le Temple de Jérusalem pour offrir un sacrifice.

Quant à l’écroulement de la tour de Siloé, deuxième fait divers, c’était une catastrophe comme il en arrive tous les jours.
D’après la réponse de Jésus, on devine la question qui est sur les lèvres de ses disciples : elle devait ressembler à celle que nous formulons souvent dans des occasions semblables : « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour qu’il m’arrive ceci ou cela ? »

C’est l’éternelle question de l’origine de la souffrance, le problème jamais résolu ! Dans la Bible, c’est le livre de Job qui pose ce problème de la manière la plus aiguë et il énumère toutes les explications que les hommes inventent depuis que le monde est monde. Parmi les explications avancées par l’entourage de Job accablé par
toutes les souffrances possibles, la plus fréquente était que la souffrance serait la punition du péché. J’ai bien dit « serait » ! Car la conclusion du livre de Job est très claire : la souffrance n’est pas la punition du péché ! A la fin du livre, d’ailleurs, c’est Dieu lui-même qui parle : il ne nous donne aucune explication et déclare nulles toutes celles que les hommes ont inventées ; Dieu vient seulement demander à Job de reconnaître deux choses : premièrement, que la maîtrise des événements lui échappe et deuxièmement, qu’il lui faut les vivre sans jamais perdre confiance en son Créateur.

Devant l’horreur du massacre des Galiléens et de la catastrophe de la tour de Siloé, Jésus est sommé de répondre à son tour ; la question du mal se pose évidemment et les disciples n’échappent pas à la tentative d’explication : l’idée d’une relation avec le péché semble être venue spontanément à leur esprit. La réponse de Jésus est catégorique : il n’y a pas de lien direct entre la souffrance et le péché. Non, ces Galiléens n’étaient pas plus pécheurs que les autres… non, les dix-huit personnes écrasées par la tour de Siloé n’étaient pas plus coupables que les autres habitants de Jérusalem. Là Jésus reprend exactement la même position que la conclusion du Livre de Job. »

Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de même. »

Confortés par cet excellent commentaire essayons de recevoir le message de ce jour : Jésus est clair ! Nous ne devons pas, nous ne pouvons pas nous cacher derrière des idées toutes faites, excusant notre péché en le rejetant sur nos aïeux ou attribuant ses conséquences à une punition divine. Si nous sommes normalement constitués, nous sommes personnellement responsables des actes que nous posons et des paroles
que nous émettons.Rien de ce qui vient du dehors et qui pénètre dans l'homme ne peut le rendre impur. C'est, au contraire, ce qui sort de l'homme qui le rend impur!  Mt 7,15 dit Jésus . Le péché est bien nôtre et c'est pour cela que Jésus formule un sévère avertissement : « si vous ne vous convertissez pas vous périrez tous de même » Mais, attention ! Ne tombons pas dans cet autre piège qui serait de voir dans « vous périrez tous de même » une punition du ciel ! Puissions-nous chacune et chacun, être absolument persuadé, QUE DIEU NE PUNIT PAS ! Dieu bien au contraire, cherche et cherche sans cesse la brebis qui s'égare !

Car je ne prends point plaisir à la mort de celui qui meurt, oracle du Seigneur Yahweh; convertissez-vous donc et vivez." Ez 18,

Convertissez-vous donc, pécheurs, et pratiquez la justice devant Dieu, dans la confiance qu'il vous fera miséricorde ! Pour moi, je me réjouirai en lui de toute mon âme. Bénissez le Seigneur, vous tous qui êtes le peuple choisi ; célébrez des jours de joie et chantez ses louanges ! Tobie 13

Nous sommes appelés à la Vie, Dieu nous veut pleinement vivants !convertissez-vous donc et vivez." Ez 18. Nous l'avons bien souvent répété, ici même, Dieu nous aime à la folie, et cette folie d'amour conduit le Fils bien-aimé jusqu 'à la croix.« Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3 v 16)

« Il (Jésus) a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui » (Ésaïe 53 v 5)
« En ceci est l’amour…, en ce que lui (Dieu) nous aima et qu’il envoya son Fils (Jésus) pour être la propitiation (le sacrifice) pour nos péchés » (1 Jean 4 v 10)

Si le Père voulait nous punir de nos transgressions, aurait-Il donné Son Fils unique ? Nous avons , dans ce don incomparable, la preuve d'un amour qui ne cesse de nous espérer et si notre péché est suivi d'effets néfastes pour notre vie c'est en raison de nos actes, de nos choix « J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer le Seigneur ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t'attacher à lui » Dt 30,19. Dès lors nous comprenons que « se convertir » c'est se tourner vers le Seigneur, c'est Le regarder, c'est vivre comme Il nous invite à le faire dans l’Évangile, cette Parole de Vie et ainsi comme nous l'entendrons dans la Parabole qui suit, c'est porter du fruit et comme le précise Jésus ailleurs « et un fruit qui demeure en vie éternelle. »

Pour étayer cet appel pressant à la conversion, Jésus termine par cette Parabole :


 Jésus disait encore cette parabole :
« Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne.
Il vint chercher du fruit sur ce figuier,
et n’en trouva pas.
    Il dit alors à son vigneron :
‘Voilà trois ans que je viens
chercher du fruit sur ce figuier,
et je n’en trouve pas.
Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’
    Mais le vigneron lui répondit :
‘Maître, laisse-le encore cette année,
le temps que je bêche autour
pour y mettre du fumier.
    Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Sinon, tu le couperas.’ »

Le « vigneron » bien évidemment c'est Jésus, c'est Lui qui nous soutient, nous défend, nous protège, c'est Lui qui veut nous arracher aux griffes du Mal. C'est Lui qui en appelle à la patience et qui use de patience à notre égard, c'est Lui « qui n’éteint pas la mèche qui fume encore ». Jésus nous espère jusqu'au tout dernier instant… L'amour miséricordieux de Jésus est sans limite, Il ne supporte pas qu'une brebis s'égare et dans ce cas, Il va Lui-même la chercher et la ramène à la bergerie, faut-il encore que celle-ci veuille y rester ? Jésus, en effet respecte notre liberté, Il fait tout pour nous tirer de notre bourbier Il n'agit pas contre nous mais avec nous !

Peut-être alors que la conversion consiste à croire vraiment en cet amour miséricordieux, à faire une confiance sans limites à Jésus en mettant nos pas dans Ses pas, en acceptant d'être ramener à la bergerie si nous nous égarons, en reconnaissant nos limites, notre péché. Le Carême est ce moment favorable dans ce but et plus encore en cette année du Jubilé de la Miséricorde où l’Église nous offre des moyens spécifique de retour, de conversion !

LA MISÉRICORDE DU SEIGNEUR , A JAMAIS JE LA CHANTERAI !

« MISÉRICORDE » est le Nom de notre Père !




Le Seigneur est tendresse et pitié.
(Ps 102, 8a)


Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
 
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.
 
Le Seigneur fait œuvre de justice,
il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse,
aux enfants d’Israël ses hauts faits.
 
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint.



L'Ermite

vendredi 19 février 2016

ECOUTEZ-LE

DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2016

(Lc 9, 28 b-36)



Entre le séjour au désert et la Transfiguration, Jésus a bien entamé sa vie publique au service de la Mission confiée par Son Père : le choix des Douze, des miracles, la tempête apaisée, l'envoi des Douze en mission, la Profession de Foi de Pierre, une première annonce de la Passion, les conditions pour Le suivre … Le moment semble venu de fortifier la foi des apôtres, donc la nôtre, mais aussi, et peut-être surtout, en avançant vers la Pâque, de nous permettre d'entrevoir à quelle « Transfiguration » nous sommes promis, si nous emboîtons le pas, au terme du carême, durant cette année Jubilaire, et, plus encore, au terme de notre chemin terrestre. « nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme Sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, » écrit St Paul dans la seconde lecture.

En ce temps-là,
    Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques,
et il gravit la montagne pour prier.

Jésus se retire souvent pour s'entretenir avec Son Père ! Et moi, et chacun de nous, savons-nous nous retirer pour nous entretenir avec le Père, pour accueillir Ses lumières, la force de son Esprit ?Souvenons-nous de Moïse :

« Moïse ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante pendant qu'il priait avec Yahweh. EX 34,29 »
La prière transforme, elle transcende aussi ! Quand nous nous recueillons dans le silence, indépendamment de notre volonté, notre être se transforme nous n'avons plus le même regard sur les êtres, les choses, les situations, Dieu Trinité opère en nous. Et cela devient visible !

    Pendant qu’il priait,
l’aspect de son visage devint autre,
et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante.

C'est bien le Jésus de Nazareth, de Cana et de tout ce qui a suivi, mais Il apparaît ici transfiguré , son visage est autre et son vêtement éblouissant ! Les apôtres invités, sont « retournés » dans tous les sens du terme. De plus, Jésus qui était seul avec eux, ne l'est plus, il y a là deux figures de l'Ancien Testament : Moïse et Élie qui représentent la loi et les prophètes. Et de quoi parlent-ils ? Du départ de Jésus qui s'accomplira à Jérusalem, c'est une allusion à la Passion de Jésus, elle a déjà été évoquée avec les apôtres " Il faut, que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, par les grands prêtres et par les scribes, qu'il soit mis à mort et qu'il ressuscite le troisième jour. » C'est cette annonce-là qui, chez Matthieu, vaudra à Pierre la rude rebuffade de Jésus : « Arrière de moi, Satan ! tu m'es scandale »

C'est un moment – la Transfiguration – hors du commun pour les apôtres mais on peut deviner que bien des pensées se bousculent dans leur esprit. Ce qu'ils voient est grandiose, ce qu'ils entendent peut les troubler : dans quelle aventure sont-ils engagés. Pourtant,  bien que « accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, » N'est-ce pas bouleversant ? N'est-ce pas une expérience unique ? On comprend dès lors la tentation de Pierre et l'impasse qu'il fait sur la Passion :

quand Pierre dit à Jésus :
« Maître, il est bon que nous soyons ici !
Faisons trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il ne savait pas ce qu’il disait.

Ce moment de grâce est inouï ! Comment ne pas désirer le prolonger, on est si bien loin des tracas de la vie courante, des pressions de la foule, des controverses des Pharisiens ? Ceux, parmi nous, qui ont eu la grâce d'effectuer une retraite spirituelle, n'ont-ils pas éprouvé ce genre de désir de prolonger, de demeurer même ? Mais les responsabilités de la vie ,de la famille, dans la cité, le travail ne le permettent pas … Ces moments de grâce sont des tremplins pour mieux aimer, mieux servir, mieux donner et se donner. Le repos « dans l'Esprit » c'est pour le terme, et ce n'est même pas si sûr, car ceux qui cheminent dans la vallée terrestre ne manquent pas de donner du travail à ceux qui sont « rentrés à la Maison d’Éternité » en sollicitant leur intercession !

    Pierre n’avait pas fini de parler,
qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ;
ils furent saisis de frayeur
lorsqu’ils y pénétrèrent.
    Et, de la nuée, une voix se fit entendre :
« Celui-ci est mon Fils,
celui que j’ai choisi :
écoutez-le ! »

Pierre n'avait pas fini d'exprimer son projet de bien-être qu'eux-mêmes furent enveloppés dans une nuée et entendirent une voix, celle du Père comprenons-nous , qui identifie clairement Jésus comme Son Fils, donc comme Dieu et donne l'ordre, il s'agit d'un impératif, de L’ÉCOUTER ! Ce terme est utilisé 204 fais dans 35 documents de l'Ancien et du Nouveau Testament, c'est dire l'importance de l'écoute !

Écoute, Israël : le Seigneur, notre Dieu, est seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force Dt 6,4 » Ce Shema Israël, ( écoute Israël) confession de foi du peuple d'Israël, sous-tend toute la vie et l'enseignement de Jésus, qui l'accomplit par sa résurrection. Avec Jésus, nous sommes appelés à accomplir le Shema Israël dans notre vie, dans notre mort et notre résurrection. Il n'est pas étonnant dès lors qu'en ce très grand moment de la Transfiguration, prélude de la Résurrection de Jésus, le Père demande aux apôtres et donc à nous tous, d'écouter ! Dans quel but ?


Observe et écoute toutes ces choses que je t'ordonne, afin que tu sois heureux, Dt 12,2
Afin que tu sois heureux , Dieu le Père, et Jésus son Enfant Bien-Aimé assisté de l'Esprit d'amour ne cherchent rien d'autre que notre bonheur ! Ils balisent notre route .

Voici que j'envoie un ange devant toi, pour te garder dans le chemin et pour te faire arriver au lieu que j'ai préparé. Sois sur tes gardes en sa présence et écoute sa voix; ne lui résiste pas, car il ne pardonnerait pas votre transgression, parce que mon nom est en lui. Ex 23,21
Nous sommes accompagnés sur notre route, faut-il encore que nous soyons à l'écoute et que nous suivions les inspirations de notre guide intérieur ! Pour cela, il convient d'apprendre à s'arrêter pour écouter et entendre ce que « l'esprit dit à notre esprit ». Le Carême devient cette Montagne où nous pouvons mieux écouter et mieux entendre pour grandir dans la foi, nous laisser transfigurer, renouveler, transcender !

Et maintenant, écoute, Jacob, mon serviteur, et toi, Israël, que j'ai choisi. Ainsi parle Yahweh, qui t'a fait: qui t'a formé dès le sein de ta mère, et secouru: Ne crains point, Jacob, mon serviteur, mon Israël, que j'ai choisi ! Es 44,1
Oui, nous sommes, de par notre baptême, « les choisis du Seigneur », Ses appelés. Ceux qui écoutent l’Église, écoutent Jésus et en écoutant Jésus, nous accueillons le Père et l'Esprit : « Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé. Lc 10,16 » Jésus nous entraîne sur un chemin de confiance, en accomplissant ce qu'Il nous propose, nous trouvons la paix, la joie, le vrai bonheur. Sachons accueillir ces moments de grâce avec grande ferveur ils nous soutiennent quand nous retombons dans la grisaille ! La Transfiguration fut un moment intense mais ponctuel, voulue pour fortifier les apôtres dans l'épreuve à venir :

    Et pendant que la voix se faisait entendre,
il n’y avait plus que Jésus, seul.



Le message livré :« Celui-ci est mon Fils, Celui que j’ai choisi :écoutez-Le ! » il n'y avait plus que Jésus seul ! Les tentes ne sont plus nécessaires, il faut revenir au quotidien , à l'ordinaire ! N'oublions jamais les moments « de ciel » de notre vie ils nous fortifient et nous soutiennent dans l'épreuve.

Seigneur, aujourd'hui je Te redis « Tu es ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? Tu es le rempart de ma vie devant qui tremblerais-je »
C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère : tu restes mon secours.
Psaume de la Liturgie du Jour


L'Ermite

vendredi 12 février 2016

MERVEILLE, MERVEILLE, QUE FIT POUR NOUS LE SEIGNEUR !

PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 2016

(Lc 4, 1-13)



Merveille, merveille que fit pour nous le Seigneur !
Merveille, merveille que fit pour nous le Seigneur !


Puissions-nous aborder ce Carême dans l'action de grâce, car il s'agit, vraiment d'un temps de grâce offert par l’Église pour descendre sérieusement en soi, au plus profond de soi, pour prendre le temps de se recueillir, c'est-à-dire de rassembler toutes ses énergies, pour vivre cette étape liturgique le regard fixé sur Jésus . Je demande cette grâce à votre intention, merci de la demander pour votre servante.


Ce Carême 2016 devrait être différent de tous ceux vécus jusqu'à ce jour parce qu'il se situe au cœur de l'année de la Miséricorde, cet autre temps offert par l’Église.


REGARDONS Jésus, ne Le quittons pas des yeux, marchons avec Lui là où Il nous entraîne, allons avec Lui, cette semaine, au désert de notre monde pour témoigner que Dieu est amour, pour inviter nos frères à se réjouir d'être à l'école d'un Dieu dont le Nom est MISÉRICORDE. Laissons-nous remplir d'Esprit Saint, conduire par Lui, soyons attentifs à Ses motions ; ce que nous comprenons, mettons-le immédiatement en pratique, les saints agissent ainsi !

En ce temps-là,
après son baptême,
    Jésus, rempli d’Esprit Saint,
quitta les bords du Jourdain ;

Jésus, qui n'en a pas besoin, demande et accueille le baptême des mains de Jean le Baptiste, Il prie, le ciel s'ouvre, l'Esprit descend sur Lui sous forme corporelle et du ciel, il y eut une voix : « Tu es mon Fils bien-aimé en Toi, j'ai mis tout mon amour ».

Et c'est ce même Esprit qui conduit Jésus à travers le désert :

dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
    où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable.
Essayons de réaliser ce qui se passe . Lui, Jésus, le Saint de Dieu, La Parole éternelle du Père, le Fils bien-aimé, avant toute manifestation de vie publique, est entraîné, par L'Esprit d'Amour, dans le désert où Il est confronté aux puissances du Mal ! « Tenté par le diable » dit le texte. Il faut être le diable pour oser affronter le Fils de Dieu ! Il faut être aveugle, étouffé par l'orgueil pour oser semblable provocation et les « tours de magie » proposés transpirent le mensonge ! Il y a, dans ces incitations, de la subtilité et de la grossièreté ! Écoutons :

Il ne mangea rien durant ces jours-là,
et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.

Jésus est affaibli, durant quarante jours, Il s'est privé pour se préparer à Sa mission. Lui, le Fils de Dieu, ne néglige pas la préparation, et, tout au long de Sa vie, nous le verrons très souvent se retirer dans la montagne pour « consulter » Son Père et notre Père.

Nous pouvons, ici, nous interroger personnellement, sur notre manière de préparer les événements de notre vie, les changements, les prises de responsabilités, tous ces moments forts où nous devons prendre une décision, une orientation nouvelle … Le Fils de Dieu, Lui, s'est longuement retiré, et continuera de consulter son Père pour être en totale adéquation avec Sa volonté. Puissions-nous agir de même !

Subtilité du malin, c'est quand Jésus est affaibli, qu'il vient rôder … De plus, il sait lui, qui est Jésus, il fait donc allusion à Son identité, en
insinuant un doute (si tu es ...) pour donner de la force à sa provocation, pour pousser Jésus, dans un éventuel soubresaut d'orgueil, à succomber afin de prouver qui Il est, et comme il sait que Jésus a faim, il L'invite à démontrer Sa divinité, en transformant des pierres en pain.

N'est-ce pas là un piège dans lequel nous tombons facilement ? Vouloir relever des défis absurdes et illustrer, au risque de notre vie parfois, que nous sommes capables. Ce « t'es pas cap » est familier chez les jeunes mais cette expression n'est pas absente chez les aînés !

Dans nos vies comme pour Jésus, le démon use et abuse de subtilités et de grossièretés pour nous prendre dans son filet et nous y enfermer. Si nous manquons de vigilance, nous sautons à pieds joints et nous voilà ligotés, enserrés, enfermés, entraînés sur une pente enduite de savon où nous glissons imperceptiblement à notre perte ! Et vient le moment où aveuglés, nous appelons bien, ce qui est mal, ou nous ne savons plus où nous en sommes et comment retrouver notre dignité de fils ! La proposition faite à Charles de Foucault qui cherchait à discuter, voire « discutailler » fut de se mettre à genoux et d'accueillir le Pardon, il se releva renouvelé il n'avait plus rien à dire sinon, à rendre grâce !

Ne faut-il pas être un grossier personnage pour oser une telle proposition à l'adresse du Fils de Dieu ? Ne faut-il pas être aveuglé soi-même pour tenter de Le détourner de Sa mission ? Quelle audace ! Mais, sachons-le, le démon a toutes les audaces et, de nos jours, dans nos vies, dans nos familles, dans nos rues, dans nos villes et campagnes, (et je ne donne pas toute ma pensée) nous lui offrons de magnifiques boulevards où il peut régner en maître absolu ! Il n'a rien à craindre presque toutes les portes lui sont ouvertes : celle de la division, de l'argent facile, de la sexualité débridée, du soi disant bien-être, de fausses amours ...

    Le diable lui dit alors :
« Si tu es Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
    Jésus répondit :
« Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain. »

Jésus, calmement, sans la moindre polémique ce qui ouvrirait une brèche où s'engouffrerait l'adversaire, (on ne discute surtout pas avec le Mal) le renvoie à l'essentiel, Jésus lui montre la supériorité indiscutable de la vie selon l'Esprit. Les Martyrs, les Saints ont compris cela, « c'est l'Esprit qui vivifie ! » « C'est l'Esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. » Jn 6, 63

Quand je stigmatise la grossièreté du démon, je ne crois pas me tromper.  Même devant Jésus, notre Maître et Seigneur, il ose récidiver. L’Évangile ne dit-il pas  : « Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos. N'en trouvant point, il dit: " Je retournerai dans ma maison, d'où je suis sorti. " et revenu, il la trouve nettoyée et ornée. Alors il s'en va prendre sept autres esprits plus mauvais que lui et, étant entrés, ils y fixent leur demeure, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. Lc 11,26 

A Celui qui tient les mondes dans Sa main, au Créateur, il tente de faire miroiter le pouvoir et la gloire. Comme il se trompe ! Le Fils unique et bien-aimé ne cherche rien d'autre que la volonté du Père, Sa Royauté n'est pas de ce monde, Lui, Jésus, vient en Serviteur. Sa royauté, s'exprime dans le lavement des pieds. Et moi ? Et nous ? Je ne peux m'empêcher de penser à cette famille, où frères et sœurs s'entendaient à merveille et, pour des maladresses, des paroles non maîtrisées, les voilà séparés, chacun attend que l'autre s'abaisse !! Ce n'est pas cela l'amour !
« L'Amour est patient, il est bonté ; l'amour n'est pas envieux, l'amour n'est point inconsidéré, il ne s'enfle point d'orgueil; il ne fait rien d'inconvenant, il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne tient pas compte du mal; il ne prend pas plaisir à l'injustice, mais il se réjouit de la vérité; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.L'amour de charité ne passera jamais. 1 Cor 4

Que le plus aimant fasse le premier pas !

Alors le diable l’emmena plus haut
et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
    Il lui dit :
« Je te donnerai tout ce pouvoir
et la gloire de ces royaumes,
car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
    Toi donc, si tu te prosternes devant moi,
tu auras tout cela. »

Comme c'est déplacé ! Il ne se rend même pas compte qu'il usurpe un bien qui appartient à Celui à qui il le propose !

Cette fois encore Jésus oppose à cette vaine gloire « l'adoration en Esprit et Vérité  « Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité."Jn 4,24  « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras,à lui seul tu rendras un culte. »
Sommes-nous conscients que tout nous est prêté, que rien ne nous appartient même quand nous défendons nos avoirs becs et ongles sortis !Que personne donc ne mette sa gloire dans les hommes; car tout est «  à vous, et Paul, et Apollos, et Céphas, et le monde, et la vie, et la mort, et les choses présentes, et les choses à venir. Tout est à vous, mais vous vous êtes au Christ, et Christ est à Dieu. » 1 Cor 3,23

Tout nous est prêté, nous sommes, comme l'écrit le Pape François, les
administrateurs des biens de ce monde, non les propriétaires ! C'est tellement vrai, que lors de l'ultime passage nous repartons comme nous sommes venus : nus ! «Nu je suis sorti du sein de ma mère, et nu j'y retournerai. » ma mère la terre ! Pourquoi nous crisper sur des biens éphémères ? Pourquoi nous battre comme des chiffonniers, pourquoi ces procès qui n'en finissent pas, ces réserves qui semblent nous donner pignon sur rue, pourquoi ???

Éconduit, le démon ne reconnaît pas sa défaite, il s'accroche, il se cramponne, il jette sa dernière carte « montre donc que Tu es dans de bonnes mains ! Que ces mains-là te garderont quoique tu fasses ! « Il donnera, pour toi, ordre à ses anges » La raillerie entre dans la danse, Il oublie simplement que Celui qu'il attaque outrageusement est Dieu Lui-même ! Qu'Il peut le déstabiliser d'un instant à l'autre !

    Puis le diable le conduisit à Jérusalem,
il le plaça au sommet du Temple
et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
    car il est écrit :
Il donnera pour toi, à ses anges,
l’ordre de te garder ;
    et encore :
Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre.
 »

Sans paroles superflues, Jésus lui fait remarquer effectivement, qu'il perd son temps car Celui qu'il tourmente est Lui-même: «  le Seigneur ton Dieu. »

    Jésus lui fit cette réponse :
« Il est dit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
    Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations,
le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

Le voilà réduit à lâcher prise, vaincu, il abandonne la partie mais « Soyez sobres, veillez; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rode autour de vous, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, fermes dans la foi. Recommande Pierre dans sa première lettre au chapitre 5. S'il a perdu la partie auprès du « chef de file » il continue sa course folle auprès des frères de Jésus, que nous sommes. Serons-nous à ce point déraisonnables, absurdes pour continuer à en prendre et en laisser, pour trier ce que nous demande l’Évangile, comme l'animal trie ce qui lui convient dans son plat et laisse le reste ?

« Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères.
Il a entendu notre voix,


il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression.
    Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte »
Première lecture

Quels que soient notre misère, notre enfermement, notre souffrance, Dieu nous accueille les bras ouverts, et dépose (comme le disait notre Curé à l'homélie du mercredi des cendres) un bisou de Père sur notre tête de lépreux.Et ce bisou, c'est Son pardon ! Qu'il en soit ainsi !


L'Ermite