vendredi 5 février 2016

JÉSUS A BORD

CINQUIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

 (Lc 5, 1-11)


    En ce temps-là,
    la foule se pressait autour de Jésus
pour écouter la parole de Dieu,

Je suis toujours émerveillée par l'empressement des foules pour se tenir en présence de Jésus et « dévorer » Ses paroles. Je m'interroge sur ma propre faim et sur l'intensité de mon désir d'être et de rester, en Sa compagnie ! Jésus comble nos vies, « pas un cheveu ne tombe de notre tête sans son bon vouloir » à quel point désirons-nous nous « perdre » en Lui ? «  ne gardez de vous rien de vous, écrit St François d'Assise, afin que vous reçoive tout entier Celui qui se donne à vous tout entier » !

Donne-nous, Seigneur, de nous perdre en Toi !


tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
    Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ;
les pêcheurs en étaient descendus
et lavaient leurs filets.
    Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon,
et lui demanda de s’écarter un peu du rivage.
Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.

Jésus met à profit tous les moyens, toutes les circonstances pour dispenser Ses enseignements, Il sait prendre la distance qui convient pour être entendu. Et nous ? Savons-nous être ce que nous sommes, c'est-à-dire « croyants jusqu'au bout des ongles » et saisir les moindres « ouvertures » pour exprimer quelque chose de notre attachement à « Celui de qui nous tenons tout », ou bien nous évitons, soi-disant par discrétion, pour ne pas gêner, par respect de l'autre ? Certes il ne s'agit pas de  « matraquer », n'importe comment nos convictions, mais de témoigner par un mot, une attitude … Il est bon d'appeler l'Esprit Saint, avant toute rencontre afin d'en faire des lieux, des temps, où Dieu peut se manifester.

    Quand il eut fini de parler,
il dit à Simon :
« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. »
    Simon lui répondit :
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;
mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »

Pensons-nous que Jésus ignore cette pêche infructueuse ? Non, je ne le crois pas, il me semble qu'Il veut permettre ici une expérience spirituelle qui marquera Ses compagnons, et les compagnons de Ses compagnons
jusqu'à la fin des temps. Quand Jésus parle et agit, Il voit bien au-delà que l'immédiat, Il nous voit nous, et chacun d'entre nous, et c'est à nous que Jésus dit aujourd'hui, et qu'Il redira demain, et jusqu'à la fin des temps :« Avance au large,et jetez vos filets pour la pêche. » Oui, qui que tu sois, où que tu sois, avance au large, fais-moi confiance, tu ne verras pas nécessairement le fruit de ton travail (prière, annonce, visites,) mais sème largement, des graines lèveront, elles porteront du fruit et un fruit qui demeure. Il arrivera même, que la graine germera au dernier instant, qu'importe, l'essentiel c'est la germination, que tu la vois ou non. D'ailleurs, il est presque meilleur de ne pas le voir, cela nous maintient dans l'esprit « du serviteur et du serviteur inutile » de l’Évangile.

    Et l’ayant fait,
ils capturèrent une telle quantité de poissons
que leurs filets allaient se déchirer.

Qu'est-ce qui a changé entre une nuit à ne rien prendre et cette pêche incomparable à faire rompre les filets ? Dites-moi, qu'est-ce qui a changé ? Que s'est-il passé ? Deux choses essentielles :

- puisque tu le dis, je le fais ! sur ta parole, je vais jeter les filets

- et, sans doute le plus important, les apôtres ont pris Jésus avec eux, Jésus est à bord et quand Jésus est là, je ne crains rien !

Les apôtres ne discutent pas, « nos efforts ont été vains, mais sur TA PAROLE nous avançons, nous avons confiance en Toi, ce que Tu nous demandes nous l'accomplissons quelles que soient nos réticences, et les bonnes raisons de ces réticences ! » Voilà une conduite à imiter, à faire nôtre ...nous ne comprenons pas ce qui nous est proposé, demandé, mais après avoir prié, nous avançons au large, Jésus est avec nous ! Là est la clef : Jésus avec nous, Jésus en nous ! La pêche devient fructueuse quand Jésus est bord, et cela, d'une façon ou d'un autre ! Nous ne voyons pas nécessairement le fruit, mais il y en a toujours un, c'est le temps des longs mûrissements ! Souvent, des années après une rencontre, la personne (le poisson) touchée témoigne, elle fait même des prouesses pour rejoindre la personne qui, au nom de Jésus, a marqué sa vie ! Prenons Jésus dans l'embarcation de notre vie, et avançons avec Lui, notre vie portera de fruit et un fruit qui demeure. Il faudra même parfois appeler à l'aide :

    Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque
de venir les aider.
Ceux-ci vinrent,
et ils remplirent les deux barques,
à tel point qu’elles enfonçaient.

« on aimerait bien, pensez-vous,voir cela aujourd'hui ! » Où serait la foi, si tout était donné sur un plateau doré ? N'oublions jamais que nous avançons dans la foi, ce que nous semons d'autres le récolteront comme nous héritons de ce que d'autres ont semé avant nous. Croyons-nous que l’Évangile serait encore vivant, si jour après jour, année après année, siècle après siècle, millénaire après millénaire, nos aînés n'avaient continué à faire confiance à cette Parole du Maître :« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. ».
Oui, bien sûr, il le serait, Jésus n'a pas vraiment besoin de nous, Il nous honore quand Il nous appelle à participer à l’Évangélisation de l'humanité, mais Jésus trouvera toujours la manière d'annoncer l' Amour du Père,toutefois, Il ne veut pas le faire sans nous !

    à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus,
en disant :
« Éloigne-toi de moi, Seigneur,
car je suis un homme pécheur. »
    En effet, un grand effroi l’avait saisi,
lui et tous ceux qui étaient avec lui,
devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
    et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée,
les associés de Simon.

Quand Jésus est VRAIMENT à bord, Sa sainteté, Sa générosité, deviennent le révélateur de notre indigence, nous prenons conscience (comme Pierre ici) de nos manques et nous tombons à ses pieds, comme Pierre, comme Isaïe :« Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, » Et c'est quand je me crois sincèrement perdu, que je suis réellement sauvé parce que Jésus a toute la place, et peut travailler, ciseler, façonner Son œuvre, la Sienne, je ne suis plus, c'est Lui, Jésus, qui vit, pense, agit, aime en moi ! « si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi ». Écrit St Paul aux Galates ch 2 v 20.

Demandons cette grâce , les uns pour les autres. Et ne croyons pas qu'elle soit réservée aux seuls consacrés, prêtres, religieux, religieuses, cette grâce c'est celle de notre baptême à faire fructifier .

Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte,
désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
    Alors ils ramenèrent les barques au rivage
et, laissant tout, ils le suivirent.

Jésus, nous le verrons bien des fois dans l’Évangile, a l'art de retourner les situations : Matthieu, Zachée, Marie Madeleine, la Samaritaine...
Lorsque Pierre reconnaît la vacuité des efforts d'une nuit de travail, Jésus transforme ce vide en abondance spirituelle et transforme un pécheur de pleine mer, en pécheur d'hommes ! Paul le persécuteur, quand Jésus monte à bord, devient l' apôtre de feu dont les écrits nous nourrissent encore ! Augustin, le fêtard, devient le Saint Augustin que nous admirons, François le gai luron, Jésus fait le Frère universel,et nous pourrions continuer longtemps la liste de ceux et celles qui ont pris Jésus dans leur embarcation est infinie, elle constitue le trésor spirituel de Son Église, de notre Église !

Avec Pierre, Paul, Augustin, François, Charles de Foucault, Thérèse d'Avila, et tant d'autres, réjouissons-nous de prendre Jésus à bord, Il fera de grandes choses en nous, avec nous pour la gloire du Père, car c'est cela l'important : la gloire du Père !



L'Ermite

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