vendredi 29 octobre 2021

COMMENÇONS


XXXI e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


(Mc 12, 28b-34)



Après la guérison de Bartimée, c'est l'entrée messianique à Jérusalem, Jésus est accueilli triomphalement parce la foule est en liesse et L'accueille ostensiblement certaine que cette fois, Celui qu'elle regarde comme son Roi, va mettre de l'ordre au plan politique . Jésus pose un acte de libération en rendant le Temple au seul culte de Dieu ce qui fait réagir les Sadducéens qui L'interrogent sur son autorité" Par quel pouvoir faites-vous cela, ou qui vous a donné ce pouvoir pour faire cela? (Mc11) Suit la Parabole des vignerons homicides, la question-piège de l'impôt dû à César , une autre sur la femme aux sept maris où les Sadducéens qui pensaient l'embarrasser sont gentiment renvoyés à eux-mêmes  par Jésus qui affirme :Il n'est pas Dieu de morts, mais de vivants. Vous êtes donc grandement dans l'erreur. (Mc 12) C'est dans ce contexte qu’un scribe s'avance pour poser une question :


Un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander :« Quel est le premier de tous les commandements ? »Ce scribe semble de bonne volonté, il a, comme beaucoup entendu un bon nombre d'enseignements de Jésus, il voudrait que Jésus s'engage sur ce qui, selon ce qui est enseigné dans l’Écriture Sainte , est le plus important. Jésus n'esquive pas la question comme Il le fait parfois, bien au contraire , Jésus va à l'essentiel en puisant dans les racines de Son Peuple .

Jésus lui fit cette réponse :« Voici le premier :Écoute,Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme,de tout ton esprit et de toute ta force.

Parole que nous trouvons dans la Deutéronome au Chapitre 6, « Shema Israël » soit :

Écoute, Israël: le Seigneur, notre Dieu, est seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. ( nous trouvons ces versets dans la Première lecture de ce jour) Et ces commandements que je te donne aujourd'hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe, et ils seront comme un frontal entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. (Dt 6) et que nous proclamons chaque samedi à l'Office divin de Complies

Toutefois, Jésus ne s'arrête pas à ce commandement de la loi de Moïse, Il le complète immédiatement :

Et voici le second :Tu aimeras ton prochain comme toi-même.Il n’y a pas decommandement plus grand que ceux-là. » Notons le singulier Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. Jésus en fait un seul et unique commandement. Même si Jésus évoque un second dans la hiérarchie des êtres, pour Lui, on n'aime pas Dieu si on n'aime pas ses frères ! Ce que St Jean exprime ainsi dans sa Première Lettre aux Premières communautés d'Asie Mineure : « Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu ", et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; comment celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas? Et nous avons reçu de lui ce commandement: "Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère." 1Jn 4, 20

En effet, l'homme est à l'image de Dieu : «Et Dieu créa l'homme à son image; il le créa à l'image de Dieu » (Gn 1) 

Que tes œuvres sont belles
Que tes œuvres sont grandes
Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie

C'est toi le Dieu qui nous as faits, qui nous as pétris de la terre
Tout homme est une histoire sacrée, l'homme est à l'image de Dieu
Ton amour nous a façonnés, tirés du ventre de la terre
Tout homme est une histoire sacrée, l'homme est à l'image de Dieu
Tu as mis en nous ton esprit, nous tenons debout sur la terre
Tout homme est une histoire sacrée, l'homme est à l'image de Dieu

et nous le chantons avec cœur dans nos liturgies. Si l'homme est à l'image de Dieu, si l'homme est une histoire sacrée ,si Dieu dès l'origine « bénit » l'humanité, si Dieu trouve cette dernière création «  homme et femme Il les fit » très bonne « Et Dieu les bénit, ... Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici cela était très bon. » (Gn 1) quelle n'est pas notre responsabilité ! Et pour reprendre les mots de Jésus et de Saint Jean par la suite, comment puis-je affirmer « aimer Dieu que je ne vois pas , si je n'aime pas mon frère que je vois » ?

N'oublions pas toutefois le « comme toi-même » Question pertinente à se poser sérieusement à tout âge ! Comment puis-je aimer Dieu, si je n'aime pas mon frère et comment puis-je aimer mon frère si je ne m'aime pas, si je traîne ma vie comme un boulet au lieu d'en faire une explosion de joie, d'action de grâce , de bénédiction ? Nous ne devons pas cependant, omettre un petit « mais » ! Encore une fois, il convient de découvrir, dans la prière et avec l'aide des sacrements pour un chrétien, le sens profond, réel , de s'aimer soi-même ! En effet, à s'aimer mal,( le terme aimer est alors impropre, il s'agit d’idolâtrie) nous risquons le narcissisme, un orgueil démesuré, un égoïsme éhonté etc !

S'aimer soi-même c'est placer sa vie, avec la grâce de Dieu, sous le regard du Père qui est amour et recevoir qui Il veut que je sois, chaque instant de ma vie ! Ce qui signifie, mettre mes pas dans les pas de Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, pour apprendre de Lui, quel est mon chemin, ma vérité, ma vie ! Quoique pensent certains , cela s'apprend dès le berceau, mais rien n'est jamais acquis ni perdu, à cet instant ! Chacun de nous naît libre et responsable. Liberté et responsabilité qui peuvent être infirmes très tôt, mais la grâce accueillie, toutes les portes de mon être ouvertes, peut faire de l'enfant du marigot le plus reculé, le plus sale, le plus infesté, un saint resplendissant de lumière ! Tout est entre les mains, le cœur surtout, de chacun puisque, qui que je sois, je suis à l'image de Dieu ! Tu es, mon frère, à l'image de Dieu ! Si donc je me tourne vers ce Père plein de tendresse ma vie peut être une , devenir une, louange à Sa Gloire !

Le scribe après l'intervention de Jésus, « reprend la main » il qualifie même cette réponse de vraie, il ajoute aussi une petite note personnelle : Le scribe reprit :« Fort bien, Maître,tu as dit vrai :Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui.L’aimer de tout son cœur,de toute son intelligence, de toute sa force,et aimer son prochain comme soi-même,vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »

Personnelle peut-être, mais puisée dans le Livre de Samuel « L'obéissance vaut mieux que le sacrifice et la docilité que la graisse des béliers. (1S 15) En effet nous pouvons effectuer toutes les pénitences, les privations, les flagellations du monde, si ces actes ne sont pas le fruit de l'amour, ils n'ont aucune valeur, c'est du vent ! Saint Augustin le traduit ainsi :«Ainsi voilà une fois pour toutes le court précepte qu’on te dicte : « Aime et fais ce que tu veux ». Si tu te tais, tu te tais par amour ; si tu cries, tu cries par amour ; si tu corriges, tu corriges par amour ; si tu épargnes, tu épargnes par amour. Qu’au-dedans se trouve la racine de la charité. De cette racine rien ne peut sortir que de bon.»

C'est l'amour qui donne de la saveur à nos actes, à nos vies ! Encore faut-il savoir ce
que signifie AIMER ! Nous savons qu'un seul a aimé et aime vraiment, c'est le Christ Vivant et Vrai parce qu'Il est allé jusqu'à l'extrême amour, en donnant Sa Vie gratuitement, sans rien attendre en retour pour permettre à l’humanité esclave d'elle-même, de ses passions, de son non-amour, d'accéder à la Vie éternelle .Oui, nous devons REGARDER JESUS ! Apprendre de LUI et de LUI seul ce que signifie AIMER !

Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle ; or, ce sont elles qui me rendent témoignage,...d'ailleurs je vous connais : vous n'avez pas en vous l'amour de Dieu. (Jn 5)

Malheureux êtes-vous, pharisiens, parce que vous payez la dîme sur toutes les plantes du jardin, comme la menthe et la rue, et vous laissez de côté la justice et l'amour de Dieu. Voilà ce qu'il fallait pratiquer, sans abandonner le reste. (Lc 11)

Autrement dit scruter les Écritures, payer la dîme cela ne sert à rien, si nous laissons de côté l'amour du frère. Nous pouvons être en règle avec la loi, même divine, mais pas du tout avec l'amour, le soin que nous devons à nos frères ! Nous pouvons offrir tous les holocaustes possibles, s'ils sont dépourvus d'amour ils ne servent pas à grand chose ! Toutefois, rien n'est inutile, car ils peuvent creuser en nous la faim du vrai Dieu-Amour, ne méprisons rien, c'est cela aussi aimer !

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13)

Amour qui s'exprime, se manifeste, se prouve par des actes, tels ceux décrits par Saint Paul au chapitre 13 de la Première Lettre aux Corinthiens : Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie, que je connaîtrais tous les mystères, et que je posséderais toute science; quand j'aurais même toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien

La charité est patiente, elle est bonne; la charité n'est pas envieuse, la charité n'est point inconsidérée, elle ne s'enfle point d'orgueil; elle ne fait rien d'inconvenant, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne tient pas compte du mal; elle ne prend pas plaisir à l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.

La charité ne passera jamais. S'agit-il des prophéties, elles prendront fin; des langues, elles cesseront; de la science, elle aura son terme. Car nous ne connaissons qu'en partie, et nous ne prophétisons qu'en partie; or, quand sera venu ce qui est parfait, ce qui est partiel prendra fin. Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai laissé là ce qui était de l'enfant. Maintenant nous voyons dans un miroir, d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, la charité; mais la plus grande des trois c'est la charité. (1Co13)

Nous ne pouvons pas vivre dans l'AMOUR si nous ne sommes pas reliés au Cep-Jésus, si la SEVE-JESUS ne circule pas en nous par la grâce et, pour cela nous ne pouvons pas nous dispenser du soutien de l’Église, même pécheresse, même pauvre, car c'est le canal voulu par Jésus pour nous transmettre cette grâce : Sans moi vous ne pouvez rien faire !


Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements,( et nous savons quel est le premier de tous!) vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j'ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. (Jn 15)

Et l'amour pur, l'amour parfait, s'illustre en donnant sa vie ! Qui mieux que les saints, après Jésus, les pères et mères de familles nous révèlent ce que signifie aimer ? Regardons une mère de famille et nous comprendrons ! Ô elles ne sont pas nécessairement parfaites nos mamans, pas plus que ne le sont nos papas, mais ils savent, eux, aimer goutte à goutte, à tout instant !


Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. (Jn 15) Et Jésus nous commande quoi , Sinon d'AIMER ?

Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu'ils aient en eux l'amour dont tu m'as aimé, et que moi aussi, je sois en eux. » (Jn 17)

Et cela va jusqu'à l'amour des ennemis ! C'est dérangeant n'est-ce pas ? Et si j'ose dire que mon ennemi est, peut être mon meilleur ami, n'est-ce pas encore plus dérangeant ? Le seul dommage pour lui c'est qu'il agit sans amour puisqu'il déverse sa haine sur moi, mais sans le savoir, si je suis un vrai fils de Dieu, une véritable fille de Dieu , cet ennemi-là me rapproche de Dieu puisqu'il m'ouvre le chemin royal du dépassement de soi, le chemin emprunté par Jésus Lui-même, mon Premier de cordée !

aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, lui qui est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. (Lc 6)

Souvenons-nous de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus qui, par sa patience, sa bonté , sa prévenance , son amour ! a permis à une sœur âgée , acariâtre , insupportable

de s'apaiser

Ce qui prouve bien qu'elle n'aimait pas le prochain par des vues humaines, c'est qu'elle cherchait spécialement à faire du bien à ceux dont le caractère était moins attrayant. Ainsi, à la lin­gerie, elle demanda d'être l'aide d'une sœur d'un caractère tel qu'elle éloignait tout le monde. Cette sœur avait en effet des idées noires et ne faisait presque rien. De même elle se dévoua au service d'une pauvre sœur converse, sœur Saint Pierre, remarquable par son humeur acariâtre. Voilà l'amour ! Voilà la sainteté. 

«  si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt 5) nous demande Jésus et , Jésus dit cela aujourd'hui, et à chacun Il et Il ajoute : « peut mieux faire ! » alors vite , retroussons nos manches, et comme le disait St François d'Assise à la fin de sa vie : « frères, jusqu’ici nous n’avons rien fait, commençons ! »

« COMMENCONS ! »

Va plus loin

Va plus loin (va plus loin)
Va plus loin (va plus loin, va plus loin)
Même si tu te crois arrivé
Va plus loin (va plus loin)
Va plus loin (va plus loin, va plus loin)
Le voyage est à peine commencé (va plus loin)
Et la route est encore longue vers la fraternité
Et l'horizon de l'amitié


Viens, suis-moi mon ami n'aie pas peur

Même si l'obscurité nous aveugle
Je suis là et je marche avec toi
Ensemble nous irons, l'espoir au fond du cœur
Car au bout de nos peurs
Et au bout de nos peines il y a la lumière
Tout au bout du chemin

Je suis là mon ami près de toi
Même si tu redoutes d'être seul
Je suis là et je marche avec toi
Je te donne la main pour aller sans faiblir
Et la joie dans le cœur
Va, regarde plus loin
La lumière promise est au bout du chemin

Paroliers : Michel Prophette / John Littleton



L'Ermite

TOUS SAINTS

FÊTE DE LA TOUSSAINT


Il vient en chantant, le Peuple des sauvés

Immense fresque de joie

Amour aux cents visages

Qui forment ensemble

Dans la LUMIERE

La SEULE ICÔNE DE GLOIRE

JESUS CHRIST !



Très belle et bonne et sainte fête en Jésus Le VIVANT !




vendredi 22 octobre 2021

TA FOI T'A SAUVE


XXX e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


(Mc 10, 46b-52)



Tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, Jéricho vient du nom hébreu : lune (« jareah »). Jéricho est donc la ‘ville de la lune en hébreu. Or la lune croît et décroît, elle change sans cesse (par opposition au soleil) : elle est devenue dans le monde de Jésus le symbole de la disparition et du déclin. L’évangéliste Marc précise bien que Jésus sort de Jéricho avec ses disciples : symboliquement c’est l’invitation à sortir de nos déclins, à ne pas se résigner à la disparition.

Sortir de Jéricho est aussi l’invitation à quitter nos déclins intérieurs : lorsque décline notre soif de Dieu, notre soif de vivre ; lorsque baisse l’intensité de notre amour pour Dieu, l’intensité de notre amour pour les autres, sortons de ces Jérichos-là avec le Christ ! Quittons nos logiques dépressives...

D’autant plus que Jésus se met en route vers Jérusalem : autre nom symbolique.

Yerou-shalaïm : la ville de la paix (shalom) ou de la plénitude (shelemout). Jésus passe de Jéricho à Jérusalem : il nous fait passer avec lui du déclin à la paix, de la disparition à la plénitude… (notes)

le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.   Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier :« Fils de David, Jésus,prends pitié de moi ! » Deux autres noms ont toute leur importance dans ce texte : « Bar-timée »et « fils de David ».

C’est tellement important que Marc précise : « Bar-Timée » c’est le fils de Timée. Or

Timée vient d’une racine grecque qui signifie : « châtiment ». Bar-Timée est donc le fils du châtiment ; ce que traduit bien hélas sa condition d’aveugle, puisqu’à l’époque beaucoup croyaient que la cécité était un châtiment de Dieu (ce que Jésus ne cessera de dénoncer).

Le fils de Timée croise le « fils de David ». Et David veut dire : « Bien Aimé ». Voici donc que le fils du châtiment rencontre le fils Bien Aimé !

Choc terrible : qui va l’emporter : la peur du châtiment ou la foi en la puissance de l’amour ?

La peur ou la foi ? : dilemme terriblement actuel…

Lorsque des intégristes religieux de tous bords voudraient revenir à la peur comme moteur  de la conversion vers Dieu.

Lorsque les questions de violence sociale (dans nos écoles ou nos cités…) risquent d’être instrumentalisées dans les débats politiques.

Les Évêques français appellent depuis longtemps à revaloriser la famille comme lieu primordial  d’éducation à la confiance : « la famille est le premier lieu où les hommes et les femmes apprennent la confiance en eux-mêmes et la confiance dans les autres » (Message du 18/10/2006).(notes)

La scène est simple : Jésus sort de Jéricho entourée d'une foule nombreuse qui L'accompagne en route pour Jérusalem. Assis au bord du chemin, un aveugle, Bartimée, dont le nom signifie « fils de Timée » mendie pour survivre.

On ne prenait guère le nom de son père que lorsque celui-ci avait occupé un certain rang dans la société. Il semblerait que Bartimée était né dans une position bien différente de celle où il se trouvait à ce moment-là. C'est peut-être à cause de cela que Marc ne fait mention que de lui, bien qu'il y eût là, deux aveugles en même temps !

Cet épisode est raconté par les trois évangélistes, et c'est Matthieu qui évoque deux aveugles : « Comme ils sortaient de Jéricho, une foule nombreuse le suivit. Et voici que deux aveugles, assis sur le bord du chemin, entendant dire que Jésus passait, se mirent à crier » (Mt 20) l’apôtre Matthieu qui a été témoin de la guérison, n’a pu se tromper ; Marc et Luc, qui n’y ont pas assisté, parlent de celui dont il a été le plus question, qui paraît avoir porté la parole, et qui a le plus frappé : c’est Bartimée.

Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle :« Fils de David, prends pitié de moi ! »

Bartimée porte douloureusement son handicap, on le comprend ! Quand il entend que Jésus est là, il s'agite, veut Le rencontrer, mais la foule le trouve importun et tente de le faire taire, lui, crie plus fort encore , il résiste,il doit à tout prix attirer l'attention de Jésus !

Nous avons compassion de cet homme en détresse, là de loin, cette foule nous répugne et pourtant ,nous en faisons partie hélas ! Ne nous dédouanons pas trop vite , réfléchissons plutôt à nos comportements . N'avons-nous pas vite fait d'exclure tel et tel parce qu'il dérange, parce qu'il nous gêne, parce qu'il n'est pas du même bord que nous , parce que ...

 Jésus s’arrête voilà Jésus ! Quand Jésus entend cette souffrance, notre souffrance Il s'arrête , non pour ignorer, pour rabrouer, mais pour nous prendre sur Ses épaules , encore faut-il que nous sachions L'appeler au secours, que nous acceptions d'être aidés, que nous le désirions de tout notre cœur , que nous criions avec confiance « aie pitié de moi » « viens à mon aide » ! À mon secours ! Non pas comme une leçon apprise, mais du fond de notre cœur , avec « nos tripes » si vous me permettez cette expression familière. Parce que nous croyons vraiment du fond de notre être, avec toutes les fibres de notre être, que Jésus est notre seul Sauveur, n'est-ce pas le sens de son nom ?

Jésus s’arrête et dit : Jésus parle à Bartimée, Jésus parle tout au fond de notre cœur, est-ce que nous L'entendons dans le brouhaha de nos vies, est-ce que nous savons nous taire pour entendre une autre voix que la nôtre ? Sommes-nous capables de faire silence quelques instants pour entendre cette voix aimante qui ne veut que notre bien, ou continuons-nous de nous étourdir ?

Jésus s’arrête et dit :« Appelez-le. » Comme il est intéressant ce constater lapédagogie de Jésus : Jésus demande à ceux qui veulent éloigner cet homme dérangeant de participer à sa guérison. Jésus aurait pu fendre la foule avec détermination pour s'approcher de cet homme. Non ! Jésus , sans faire de morale à qui que ce soit, transforme les opposants en collaborateurs de Son œuvre de Salut ! Ceux qui excluaient, sont invités à transmettre la merveilleuse nouvelle ce qu'ils font sans sourciller :On appelle donc l’aveugle, et on lui dit :« Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » 

Non seulement la foule appelle l'aveugle, mais du rejet, elle en vient à l'inviter à la confiance puisque le voilà appelé donc invité ! Quel retournement ! En appelant Bartimée Jésus appelle sans en avoir l'air, tous ceux qui sont présents, à changer de regard. Aucun discours de la part de Jésus, et pourtant, une invitation pour chacun à se laisser rencontrer. Cette invitation nous rejoint également,  sommes-nous suffisamment attentifs pour percevoir les appels ténus et pourtant bien réels du Seigneur dans nos vies ? Quand Jésus nous appelle personnellement, si nous obtempérons c'est tout une foule qui peut être mise en mouvement aujourd'hui et dans la suite des temps !

L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.Trois verbes d'action en réponse à cet appel : jeta ! Bondit ! Courut !

Jeta : Bartimée, sans plus attendre , se libère de ce qui l'encombre : ce manteau qui entrave son élan physiquement et spirituellement et socialement ! Physiquement ce manteau entrave ses mouvements et ralentit son élan.

Spirituellement, ce manteau l'enferme dans son statut de personne handicapée et réduit son activité

Socialement ce manteau est un peu son identité , c'est ainsi qu'il est connu et reconnu par les passants : « celui-qui-porte-un-grand-manteau-assis-sur- le -chemin- et-qui-demande-l'aumône » ! Puissions-nous, nous délester de tout ce qui encombre et ralentit notre marche avec Jésus!

Bondit : c'est un peu comme s'il a déjà recouvré la vue. Jésus s'intéresse à lui, il bondit comme un cabri. A ceux qui voient de s'écarter, sa joie explose, Bartimée fonce vers une voix pour rencontrer ce Fils de David dont il entend dire tant de bien ! Est-ce que je bondis quand le Seigneur m'appelle par l'intermédiaire d'une soeur, d'un frère, d'une motion intérieure ?

Courut il ne marche pas en tâtonnant comme habituellement, le voilà qui court dans la direction d'où vient la voix ! Ordinairement il lui faut du temps pour aller d'un point à un autre : peur de tomber, peur de bousculer quelqu'un, peur de se tromper de chemin ! Sa démarche est hésitante ! En cet instant, tout est oublié Bartimée court,( est-ce que je cours lorsque j'entends la voix du Seigneur ?)  s'élance vers cette Rencontre qui va changer sa vie, rien ne peut l'arrêter, sinon la voix de Jésus qui reprend la parole :

   Prenant la parole, Jésus lui dit :« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Jésus, quant à Lui, n'impose rien ! Il veut entendre de la bouche de Bartimée son attente précise .Jésus ne se substitue pas à nous Il souhaite que Bartimée, chacun de nous , expose son besoin. Jésus connaît toutes nos attentes , cependant Il nous permet d'exercer notre discernement, en nous laissant choisir ! Bartimée nourrit bien des attentes : un toit, des subsides pour vivre dignement, mais le plus important pour lui, n'est-ce pas de trouver son autonomie, d'être utile à la société et de se rendre utile. S'il reçoit la guérison de sa cécité, il ne sera plus au bord d'un chemin à attendre que des passants lui accordent une piécette. Il pourra gagner sa vie, soutenir les autres, se prendre en charge décemment. Jaillit alors sa demande, directe , sans discours inutile :

« Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Bartimée n'a jamais vu Jésus puisqu'il est

aveugle, mais il écoute, il entend ce que disent les gens autour de lui, même en marge de cette société qui le laisse sur le bord de la route, il s'est forgé une idée de la personne. Certains l'appellent « Maître » Rabbi ! Bartimée, avec certains autres, introduit cette nuance affective qui révèle dés cet instant la tendresse qu'il éprouve pour l'homme Jésus : Rabbouni ! Il établit immédiatement une nuance de tendresse et demande, non d'être assisté, mais de pouvoir se prendre en charge en recouvrant la vue. En retrouvant la vue, sa vie sera renouvelée, il pourra nourrir des projets, s'organiser, travailler, intégrer la société, s'y faire une place. Non plus celle d'un aveugle assis au bord d'un chemin mais celle d'un homme libre, autonome, il rêve à cet  « a-venir », de cet « à-venir » tout se bouscule dans son esprit, seule , la voix du Rabbouni peut le rappeler à la réalité :

« Va, ta foi t’a sauvé. » il y a de quoi être renversé comme l'ont été les trois apôtres lors de la Transfiguration ! Bartimée a simplement exposé son attente et le voilà non seulement guéri, (nous trouvons cela dans la suite du verset) mais sauvé, le salut promis est entré dans la maison de son cœur parce qu'il a sincèrement reconnu en Jésus, son Sauveur, Celui qui pouvait le tirer de son marasme , de sa vie improductive, et le propulser vers une vie de service, de don de soi !

Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin. Bartimée ne cherche pas à récupérer son vieux manteau, son escarcelle, sa canne d'aveugle, Bartimée guéri entre dans le peuple de l'Alliance il se met en marche à la suite de Jésus ! Alors, oui Bartimée peut changer sa ritournelle, de « Fils de David, aie pitié de moi, il peut reprendre à son compte la première lecture du jour :


 Poussez des cris de joie pour Jacob,

acclamez la première des nations !
Faites résonner vos louanges et criez tous :
« Seigneur, sauve ton peuple,
le reste d’Israël ! »
    Voici que je les fais revenir du pays du nord,
que je les rassemble des confins de la terre ;
parmi eux, tous ensemble, l’aveugle et le boiteux,

la femme enceinte et la jeune accouchée :

c’est une grande assemblée qui revient.
    Ils avancent dans les pleurs et les supplications,
je les mène, je les conduis vers les cours d’eau
par un droit chemin où ils ne trébucheront pas.
Car je suis un père pour Israël,
Éphraïm est mon fils aîné

L'Ermite

vendredi 15 octobre 2021

NON PAS ÊTRE SERVI MAIS SERVIR !

XXIX e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


 (Mc 10, 35-45)



 « Sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions,et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » Ainsi se terminait l’Évangile de dimanche dernier.Or, ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem, et Jésus marchait devant eux, et ils étaient saisis de stupeur, et ceux qui le suivaient avaient peur. Et, prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui devait lui arriver : " Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux Gentils; on le bafouera, on crachera sur lui, on le flagellera et on le fera mourir, et, trois jours après, il ressuscitera. (Mc 10) Le groupe des Douze, qu'on pourrait dire effrayé par les Paroles du Maître, continue sa marche vers Jérusalem, Jésus en tête. Les apôtres sont dans la stupeur , « des persécutions , les premiers seront les derniers !» voilà des paroles terriblement déstabilisantes , bouleversantes, au point qu'ils étaient saisis de stupeur et avaient peur dit le texte.Sans doute étaient-ils accompagnés par d'autres personnes puisque nous voyons Jésus rassembler Ses amis pour leur parler de manière plus confidentielle, leur partageant des perspectives encore plus difficiles à envisager : le Fils de l'homme sera livré, condamné à mort, bafoué, on crachera sur Lui, Il sera flagellé , mis à mort, pour ressusciter trois jours après ! Quel avenir ! Nous pouvons penser que les voilà sans voix , anéantis ! Pourtant :

Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent :« Maître, ce que nous allons te demander,nous voudrions que tu le fasses pour nous. »    Il leur dit :« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent :« Donne-nous de siéger,l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,dans ta gloire. »

Jacques et Jean, approchent Jésus à pas feutrés, ils sentent bien que la demande qui va suivre n'est pas à la hauteur de leur engagement à la suite de Jésus , ils ne sont pas très sûrs d'eux-mêmes, cependant, ils ne renoncent pas :« Maître, ce que nous allons te demander,nous voudrions que tu le fasses pour nous. » C'est un peu comme s'ils préparaient Jésus sans lui laisser la liberté de la réponse. Jésus ne se démonte pas et leur demande d'exposer leur désir. Ce comportement est plutôt puéril ou cache quelques passions cachées !

Il n'est pas difficile de reconnaître dans ce procédé certains de nos comportements quand nous désirons arriver à nos fins en prenant des chemins détournés, c'est à chacun de s'interroger !

« Donne-nous de siéger,l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jacques et Jean faisaient partie du trio convié par Jésus Lui-même , comme témoins de Sa Transfiguration : «  Et tels qu'aucun foulon sur la terre ne saurait blanchir ainsi. » (Mc 9) ils ont une petite idée, même s'ils n'ont pas tout compris, de la métamorphose possible, de cette vie éternelle dont nous parlions dimanche dernier . De là, à vouloir siéger l'un à la droite, l'autre à la gauche du Maître, c'est plutôt ambitieux, voire téméraire . Jésus vient, pour la troisième fois d'évoquer Sa Passion prochaine, les deux frères, centrés sur eux-mêmes, veulent s'assurer l'héritage final évoqué par Pierre la semaine dernière : " Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre. » (Mc10) et la réponse de Jésus leur promettant le centuple, ils préfèrent faire l'impasse sur les « persécutions » également annoncées par Jésus , ce qu'ils visent, c'est le but final ! Or Jésus au chapitre 11 de St Matthieu nous explique que le Royaume est une conquête, non avec des armes en ferraille, mais avec les armes de la foi : Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s'en emparent. (Mt11) Il s'agit évidemment de la violence du combat spirituel que nous sommes invités à mener contre nos passions, avec les armes de la foi décrites par St Paul : » Revêtez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches du diable. Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l'air. C'est pourquoi prenez l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister au jour mauvais, et après avoir tout surmonté, rester debout. Soyez donc fermes, les reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de justice, et les sandales aux pieds, prêts à annoncer l’Évangile de paix. Et surtout, prenez le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin. Prenez aussi le casque du salut, et le glaive de l'Esprit, qui est la parole de Dieu ». (Eph 6)

Jésus ne les gourmande pas, Il tente seulement de leur faire prendre conscience de

l'incongruité de leur demande. Entrer dans la gloire de Jésus, laisse entrevoir que nos amis n'ont compris ni la Transfiguration , ce que l'on peut admettre, ni les trois annonces de la Passion de Jésus. Peut-être transposent-ils la Gloire humaine, dans le cadre divin et voudraient-ils occuper des places de choix ce qui ne manquera pas de faire réagir les autres apôtres. Nous y reviendrons en temps opportun !

« Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire,être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Voilà la question ? Cette remarque devrait leur permettre de se reprendre, de réfléchir, de discerner que quelque chose ne va pas , qu'ils sont loin de l'esprit de Jésus , de Ses enseignements :

" Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. (Mc 10)

Le fils de l'homme va être livré entre les mains des hommes, et ils le mettront à mort, et mis à mort, (Mc 9)

Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix et me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. (Mc 8)

Je ne cite, bien sûr, que quelques paroles percutantes qui , avec la remarque de Jésus , devraient les bousculer intérieurement et leur permettre de rétrograder mais il n'en est rien ! Ils osent affirmer, sans sourciller :« Nous le pouvons. » Nos amis fondateurs sont franchement inconscients, comme nous le sommes souvent, dans nos réponses, dans nos choix, quand nous ne prenons pas le temps de la réflexion, quand nous permettons à notre impulsivité de parler pour nous, quitte, comme le dit un expression familière , à nous en mordre les doigts : si j'avais su !

Jésus leur dit :« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.    Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche,ce n’est pas à moi de l’accorder ;il y a ceux pour qui cela est préparé. » Jésus reste dans la confiance, Il leur fait confiance Il ne leur cache pas la vérité . D'ailleurs, la semaine dernière ne laissait-Il pas entrevoir qu'ils recevraient le centuple mais avec aussi, des persécutions ! Jacques est le premier apôtre à mourir en martyr, décapité à Jérusalem. Jean est le seul à être mort de vieillesse.Il a pourtant connu le martyre par immersion dans un bain d’huile bouillante à Rome,Condamné aux mines à Patmos, où il rédigea l’Apocalypse Il est mort de vieillesse dans l’actuelle Turquie.Comme Jésus, les deux apôtres sont confrontés à la violence dans leur vie comme dans leur mort !

Peut-être Jésus évoque-t-Il aussi la coupe Eucharistique qu'ils partageront le soir de l'Institution de la Sainte Cène. Quoiqu'il en soit, Jésus leur laisse entrevoir qu'ils partageront la coupe avec Lui et qu'ils seront baptisés, plongés, comme Lui , dans un bain de souffrance. Quant à siéger l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche , Jésus leur rappelle qu'Il ne peut rien engager sans son Père de qui vient tout don, toute grâce : 

« s'il m'arrive de juger, mon jugement est vrai parce que je ne suis pas seul : j'ai avec moi le Père, qui m'a envoyé. » (Jn 8)

«  je ne fais rien par moi-même, mais tout ce que je dis, c'est le Père qui me l'a enseigné ». (Jn 8)

Sans l'exprimer directement, Jésus les aide à comprendre que l'amour n'est amour que dans la gratuité absolue, dans le don total et l'abandon à la volonté du Père. Sans que ce soit explicité par des mots en cet instant, les disciples expérimentent : «  Il n'y a pas de disciple au-dessus du maître, ni de serviteur au-dessus de son Seigneur. Il suffit au disciple d'être comme son maître, et au serviteur comme son Seigneur. S'ils ont appelé le maître de maison Béelzéboul, combien plus les gens de la maison! (Mt 10) Les proches amis de Jésus doivent emprunter le même chemin que Celui-ci, sans quoi ils ne sont pas vraiment des amis, formés à Son École !

Si quelqu'un veut être mon serviteur, qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera

mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. (Jn 12)

Les dix autres semblent s'être effacés jusque là pourtant l'orage gronde dans leur cœur et ils l'expriment : « Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. »Cette attitude n'est pas à leur honneur et nous renvoie à cette autre remarque de Jésus :  Et moi, je vous dis: Quiconque se met en colère contre son frère [à la légère] sera justiciable du tribunal; et qui dira à son frère: Raca ! sera justiciable du Sanhédrin; et qui lui dira: Fou ! sera justiciable pour la géhenne du feu.(Mt 5) Le péché d'un frère doit nous attrister et non pas susciter colère et autres passions ! « Ainsi, qui que tu sois, ô homme, toi qui juges, tu es inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque tu fais les mêmes choses, toi qui juges. Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité contre ceux qui commettent de telles choses.  » (Ro 2) En me mettant en colère, je pèche à mon tour et c'est l'engrenage ! Jésus, qui est l'Amour, est bien conscient de cela aussi les appelle-t-Il

 Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez :ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.    Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.    Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :    car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Encore une fois, Jésus, calmement, invite Ses disciples à l'humilité dans le service.

Les conditions de vie des responsables politiques, des chefs d'entreprise, des sportifs de haut niveau et tant d'autres, peuvent attirer nos regards et créer des envies chez les apôtres, chez chacun de nous également ! Ils brassent beaucoup d'argent, sont parfois enveloppés d'une gloire souvent éphémère, semblent briller aux yeux du monde, occupent comme le dit Jésus « les premières places « Malheur à vous, Pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synagogues et les saluts sur les places publiques! Malheur à vous, parce que vous êtes comme les tombeaux qu'on ne voit pas, et sur lesquels on passe sans le savoir! (Luc 11) sont placés au pinacle, portent des titres ronflants, mais que reste-t-il de tout cela au moment de quitter ce monde ?

Alors que, apparemment, les grands de ce monde se construisent « des trônes » pour exercer leur pouvoir, Dieu, en Jésus, choisit le trône de la croix sur laquelle, dans un apparent échec IL REGNE EN NOUS DONNANT LA VIE ! Il rappelle ici que le Fils de l'homme n'est pas venu Lui, pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour le

rachat de l'humanité embourbée dans le péché ! Suivre Jésus c'est, dans Son sillage, devenir serviteur, servante de l'amour ! Nous ne pouvons pas être témoins, si nous ne développons pas en nous l'esprit du serviteur , de celui, qui, comme Jésus, se fait petit pour que les frères et sœurs, surtout les plus blessés, les plus fragiles, osent L'approcher ! Nous sommes sans cesse ramenés au grand mystère de l'Incarnation où Dieu, le Maître du monde, le Créateur de l'Univers, s'habille de notre humanité blessée, limitée, en épouse tous les contours à l'exception du péché, pour nous révéler Son insondable amour ! Bien sûr, en raison de nos fragilités, nous restons en deçà de notre Maître et Seigneur, mais c'est vers cela que nous devons tendre et à quoi Jésus nous invite. Quand Jésus rappelle les exigences du Royaume aux apôtres, IL VOIT CHACUN DE NOUS, aussi surprenant que cela nous semble !

Frères,
    en Jésus, le Fils de Dieu,
nous avons le grand prêtre par excellence,
celui qui a traversé les cieux ;
tenons donc ferme l’affirmation de notre foi.
    En effet, nous n’avons pas un grand prêtre
incapable de compatir à nos faiblesses,
mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses,
à notre ressemblance, excepté le péché.

    Avançons-nous donc avec assurance
vers le Trône de la grâce,
pour obtenir miséricorde
et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. He, 4


 COMMENT ES-TU FOYER DE FEU

Syméon le Nv. Théo

(adapt. J.F Frié) — Levain

Comment es-tu foyer de feu
   et fraîcheur de la fontaine,
une brûlure, une douceur
   qui rend saines nos souillures ?

Comment fais-tu de l'homme un dieu,
   de la nuit une lumière,
et des abîmes de la mort
   tires-tu la vie nouvelle?


Comment la nuit vient-elle au jour ?
   Peux-tu vaincre les ténèbres,
porter ta flamme jusqu'au cœur
   et changer le fond de l'être ?



Comment n'es-tu qu'un avec nous,
   nous rends-tu fils de Dieu même ?
Comment nous brûles-tu d'amour
   et nous blesses-tu sans glaive ?

Comment peux-tu nous supporter,
   rester lent à la colère,
et de l'ailleurs où tu te tiens
   voir ici nos moindres gestes ?

Comment de si haut et de si loin
   ton regard suit-il nos actes ?
Ton serviteur attend la paix,
   le courage dans les larmes !



Dieu, ne serait pas Dieu, s'il en était autrement !

L'ermite