vendredi 15 octobre 2021

NON PAS ÊTRE SERVI MAIS SERVIR !

XXIX e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


 (Mc 10, 35-45)



 « Sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions,et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » Ainsi se terminait l’Évangile de dimanche dernier.Or, ils étaient en chemin pour monter à Jérusalem, et Jésus marchait devant eux, et ils étaient saisis de stupeur, et ceux qui le suivaient avaient peur. Et, prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui devait lui arriver : " Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux Gentils; on le bafouera, on crachera sur lui, on le flagellera et on le fera mourir, et, trois jours après, il ressuscitera. (Mc 10) Le groupe des Douze, qu'on pourrait dire effrayé par les Paroles du Maître, continue sa marche vers Jérusalem, Jésus en tête. Les apôtres sont dans la stupeur , « des persécutions , les premiers seront les derniers !» voilà des paroles terriblement déstabilisantes , bouleversantes, au point qu'ils étaient saisis de stupeur et avaient peur dit le texte.Sans doute étaient-ils accompagnés par d'autres personnes puisque nous voyons Jésus rassembler Ses amis pour leur parler de manière plus confidentielle, leur partageant des perspectives encore plus difficiles à envisager : le Fils de l'homme sera livré, condamné à mort, bafoué, on crachera sur Lui, Il sera flagellé , mis à mort, pour ressusciter trois jours après ! Quel avenir ! Nous pouvons penser que les voilà sans voix , anéantis ! Pourtant :

Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent :« Maître, ce que nous allons te demander,nous voudrions que tu le fasses pour nous. »    Il leur dit :« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent :« Donne-nous de siéger,l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,dans ta gloire. »

Jacques et Jean, approchent Jésus à pas feutrés, ils sentent bien que la demande qui va suivre n'est pas à la hauteur de leur engagement à la suite de Jésus , ils ne sont pas très sûrs d'eux-mêmes, cependant, ils ne renoncent pas :« Maître, ce que nous allons te demander,nous voudrions que tu le fasses pour nous. » C'est un peu comme s'ils préparaient Jésus sans lui laisser la liberté de la réponse. Jésus ne se démonte pas et leur demande d'exposer leur désir. Ce comportement est plutôt puéril ou cache quelques passions cachées !

Il n'est pas difficile de reconnaître dans ce procédé certains de nos comportements quand nous désirons arriver à nos fins en prenant des chemins détournés, c'est à chacun de s'interroger !

« Donne-nous de siéger,l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jacques et Jean faisaient partie du trio convié par Jésus Lui-même , comme témoins de Sa Transfiguration : «  Et tels qu'aucun foulon sur la terre ne saurait blanchir ainsi. » (Mc 9) ils ont une petite idée, même s'ils n'ont pas tout compris, de la métamorphose possible, de cette vie éternelle dont nous parlions dimanche dernier . De là, à vouloir siéger l'un à la droite, l'autre à la gauche du Maître, c'est plutôt ambitieux, voire téméraire . Jésus vient, pour la troisième fois d'évoquer Sa Passion prochaine, les deux frères, centrés sur eux-mêmes, veulent s'assurer l'héritage final évoqué par Pierre la semaine dernière : " Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre. » (Mc10) et la réponse de Jésus leur promettant le centuple, ils préfèrent faire l'impasse sur les « persécutions » également annoncées par Jésus , ce qu'ils visent, c'est le but final ! Or Jésus au chapitre 11 de St Matthieu nous explique que le Royaume est une conquête, non avec des armes en ferraille, mais avec les armes de la foi : Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s'en emparent. (Mt11) Il s'agit évidemment de la violence du combat spirituel que nous sommes invités à mener contre nos passions, avec les armes de la foi décrites par St Paul : » Revêtez-vous de l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches du diable. Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l'air. C'est pourquoi prenez l'armure de Dieu, afin de pouvoir résister au jour mauvais, et après avoir tout surmonté, rester debout. Soyez donc fermes, les reins ceints de la vérité, revêtus de la cuirasse de justice, et les sandales aux pieds, prêts à annoncer l’Évangile de paix. Et surtout, prenez le bouclier de la foi, par lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin. Prenez aussi le casque du salut, et le glaive de l'Esprit, qui est la parole de Dieu ». (Eph 6)

Jésus ne les gourmande pas, Il tente seulement de leur faire prendre conscience de

l'incongruité de leur demande. Entrer dans la gloire de Jésus, laisse entrevoir que nos amis n'ont compris ni la Transfiguration , ce que l'on peut admettre, ni les trois annonces de la Passion de Jésus. Peut-être transposent-ils la Gloire humaine, dans le cadre divin et voudraient-ils occuper des places de choix ce qui ne manquera pas de faire réagir les autres apôtres. Nous y reviendrons en temps opportun !

« Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire,être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Voilà la question ? Cette remarque devrait leur permettre de se reprendre, de réfléchir, de discerner que quelque chose ne va pas , qu'ils sont loin de l'esprit de Jésus , de Ses enseignements :

" Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. (Mc 10)

Le fils de l'homme va être livré entre les mains des hommes, et ils le mettront à mort, et mis à mort, (Mc 9)

Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix et me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. (Mc 8)

Je ne cite, bien sûr, que quelques paroles percutantes qui , avec la remarque de Jésus , devraient les bousculer intérieurement et leur permettre de rétrograder mais il n'en est rien ! Ils osent affirmer, sans sourciller :« Nous le pouvons. » Nos amis fondateurs sont franchement inconscients, comme nous le sommes souvent, dans nos réponses, dans nos choix, quand nous ne prenons pas le temps de la réflexion, quand nous permettons à notre impulsivité de parler pour nous, quitte, comme le dit un expression familière , à nous en mordre les doigts : si j'avais su !

Jésus leur dit :« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.    Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche,ce n’est pas à moi de l’accorder ;il y a ceux pour qui cela est préparé. » Jésus reste dans la confiance, Il leur fait confiance Il ne leur cache pas la vérité . D'ailleurs, la semaine dernière ne laissait-Il pas entrevoir qu'ils recevraient le centuple mais avec aussi, des persécutions ! Jacques est le premier apôtre à mourir en martyr, décapité à Jérusalem. Jean est le seul à être mort de vieillesse.Il a pourtant connu le martyre par immersion dans un bain d’huile bouillante à Rome,Condamné aux mines à Patmos, où il rédigea l’Apocalypse Il est mort de vieillesse dans l’actuelle Turquie.Comme Jésus, les deux apôtres sont confrontés à la violence dans leur vie comme dans leur mort !

Peut-être Jésus évoque-t-Il aussi la coupe Eucharistique qu'ils partageront le soir de l'Institution de la Sainte Cène. Quoiqu'il en soit, Jésus leur laisse entrevoir qu'ils partageront la coupe avec Lui et qu'ils seront baptisés, plongés, comme Lui , dans un bain de souffrance. Quant à siéger l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche , Jésus leur rappelle qu'Il ne peut rien engager sans son Père de qui vient tout don, toute grâce : 

« s'il m'arrive de juger, mon jugement est vrai parce que je ne suis pas seul : j'ai avec moi le Père, qui m'a envoyé. » (Jn 8)

«  je ne fais rien par moi-même, mais tout ce que je dis, c'est le Père qui me l'a enseigné ». (Jn 8)

Sans l'exprimer directement, Jésus les aide à comprendre que l'amour n'est amour que dans la gratuité absolue, dans le don total et l'abandon à la volonté du Père. Sans que ce soit explicité par des mots en cet instant, les disciples expérimentent : «  Il n'y a pas de disciple au-dessus du maître, ni de serviteur au-dessus de son Seigneur. Il suffit au disciple d'être comme son maître, et au serviteur comme son Seigneur. S'ils ont appelé le maître de maison Béelzéboul, combien plus les gens de la maison! (Mt 10) Les proches amis de Jésus doivent emprunter le même chemin que Celui-ci, sans quoi ils ne sont pas vraiment des amis, formés à Son École !

Si quelqu'un veut être mon serviteur, qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera

mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. (Jn 12)

Les dix autres semblent s'être effacés jusque là pourtant l'orage gronde dans leur cœur et ils l'expriment : « Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. »Cette attitude n'est pas à leur honneur et nous renvoie à cette autre remarque de Jésus :  Et moi, je vous dis: Quiconque se met en colère contre son frère [à la légère] sera justiciable du tribunal; et qui dira à son frère: Raca ! sera justiciable du Sanhédrin; et qui lui dira: Fou ! sera justiciable pour la géhenne du feu.(Mt 5) Le péché d'un frère doit nous attrister et non pas susciter colère et autres passions ! « Ainsi, qui que tu sois, ô homme, toi qui juges, tu es inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque tu fais les mêmes choses, toi qui juges. Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité contre ceux qui commettent de telles choses.  » (Ro 2) En me mettant en colère, je pèche à mon tour et c'est l'engrenage ! Jésus, qui est l'Amour, est bien conscient de cela aussi les appelle-t-Il

 Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez :ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.    Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.    Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :    car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Encore une fois, Jésus, calmement, invite Ses disciples à l'humilité dans le service.

Les conditions de vie des responsables politiques, des chefs d'entreprise, des sportifs de haut niveau et tant d'autres, peuvent attirer nos regards et créer des envies chez les apôtres, chez chacun de nous également ! Ils brassent beaucoup d'argent, sont parfois enveloppés d'une gloire souvent éphémère, semblent briller aux yeux du monde, occupent comme le dit Jésus « les premières places « Malheur à vous, Pharisiens, parce que vous aimez le premier siège dans les synagogues et les saluts sur les places publiques! Malheur à vous, parce que vous êtes comme les tombeaux qu'on ne voit pas, et sur lesquels on passe sans le savoir! (Luc 11) sont placés au pinacle, portent des titres ronflants, mais que reste-t-il de tout cela au moment de quitter ce monde ?

Alors que, apparemment, les grands de ce monde se construisent « des trônes » pour exercer leur pouvoir, Dieu, en Jésus, choisit le trône de la croix sur laquelle, dans un apparent échec IL REGNE EN NOUS DONNANT LA VIE ! Il rappelle ici que le Fils de l'homme n'est pas venu Lui, pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour le

rachat de l'humanité embourbée dans le péché ! Suivre Jésus c'est, dans Son sillage, devenir serviteur, servante de l'amour ! Nous ne pouvons pas être témoins, si nous ne développons pas en nous l'esprit du serviteur , de celui, qui, comme Jésus, se fait petit pour que les frères et sœurs, surtout les plus blessés, les plus fragiles, osent L'approcher ! Nous sommes sans cesse ramenés au grand mystère de l'Incarnation où Dieu, le Maître du monde, le Créateur de l'Univers, s'habille de notre humanité blessée, limitée, en épouse tous les contours à l'exception du péché, pour nous révéler Son insondable amour ! Bien sûr, en raison de nos fragilités, nous restons en deçà de notre Maître et Seigneur, mais c'est vers cela que nous devons tendre et à quoi Jésus nous invite. Quand Jésus rappelle les exigences du Royaume aux apôtres, IL VOIT CHACUN DE NOUS, aussi surprenant que cela nous semble !

Frères,
    en Jésus, le Fils de Dieu,
nous avons le grand prêtre par excellence,
celui qui a traversé les cieux ;
tenons donc ferme l’affirmation de notre foi.
    En effet, nous n’avons pas un grand prêtre
incapable de compatir à nos faiblesses,
mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses,
à notre ressemblance, excepté le péché.

    Avançons-nous donc avec assurance
vers le Trône de la grâce,
pour obtenir miséricorde
et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. He, 4


 COMMENT ES-TU FOYER DE FEU

Syméon le Nv. Théo

(adapt. J.F Frié) — Levain

Comment es-tu foyer de feu
   et fraîcheur de la fontaine,
une brûlure, une douceur
   qui rend saines nos souillures ?

Comment fais-tu de l'homme un dieu,
   de la nuit une lumière,
et des abîmes de la mort
   tires-tu la vie nouvelle?


Comment la nuit vient-elle au jour ?
   Peux-tu vaincre les ténèbres,
porter ta flamme jusqu'au cœur
   et changer le fond de l'être ?



Comment n'es-tu qu'un avec nous,
   nous rends-tu fils de Dieu même ?
Comment nous brûles-tu d'amour
   et nous blesses-tu sans glaive ?

Comment peux-tu nous supporter,
   rester lent à la colère,
et de l'ailleurs où tu te tiens
   voir ici nos moindres gestes ?

Comment de si haut et de si loin
   ton regard suit-il nos actes ?
Ton serviteur attend la paix,
   le courage dans les larmes !



Dieu, ne serait pas Dieu, s'il en était autrement !

L'ermite







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