vendredi 29 juin 2018

CROIS SEULEMENT !

13e DIMANCHE DU TEMPS

 ORDINAIRE // ANNÉE B
(Mc 5, 21-43)
JEUNE FILLE LEVE-TOI !


Dieu n’a pas fait la mort,il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ;ce qui naît dans le monde est porteur de vie :on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir.La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre,car la justice est immortelle.Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité,il a fait de lui une image de sa propre identité.C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ;ils en font l’expérience,ceux qui prennent parti pour lui. Sg 1

La première lecture de notre liturgie dominicale nous plonge d'emblée dans le vif du thème de ce jour : Dieu ne veut pas la mort, Dieu veut la Vie ! Une vie riche, débordante d'enthousiasme, une vie épanouie, pleine, confiante ! C'est l'ennemi qui nous entraîne vers le bas, Dieu, Lui, nous attire vers le haut, vers les cimes. C'est par le démon nous dit le livre de la sagesse que la mort est entrée dans le monde, et Jésus est victorieux de la mort, Il sort vivant de la nuit du tombeau. Au cours de sa vie apostolique nous le voyons sans cesse intervenir pour que ses frères en humanité aient plus de vie. La surdité inhibe, Jésus guérit le sourd qui le désire et le demande !

La paralysie empêche de se tenir debout et d'avancer, Jésus guérit toutes les formes de paralysies, celles du corps et celles de l'esprit !

La cécité replie sur soi, renferme, Jésus rend la vue et réintroduit dans la communauté humaine !

Jésus, et le Père en Lui et par lui , font de nous des vivants !

Mais ceux-ci ont été écrits, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom. (Jean 20)

En toi est la source de vie ; par ta lumière nous voyons la lumière. (Psaume 35)
 
Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. (Psaume 71)

Il réclame ta vie à la fosse et te couronne de fidélité et de tendresse. (Psaume 103)

Ici, nous voyons Jésus chercher un peu de répit dans la vie trépidante qu'Il mène, en barque, il se rend sur l'autre rive où Il devrait pouvoir e reposer un peu ! Mais la foule est insatiable, elle savoure Ses paroles, elle en a faim et soif ! Jésus rassure, éclaire, Il secoue parfois à bon escient pour propulser . Il s'est posé au bord de l'eau sans doute pour respirer
un peu d'air frais et jouir de la brise, mais voilà que surgit un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment :« Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité.Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »Jésus partit avec lui,et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait. Que demande cet homme ?« Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité.Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive ». Nous avons envie de dire : « l'impossible ! »Rendre la vie à quelqu'un qui est en route pour le grand passage est rare et suppose des dons divins ! C'est donc que notre homme reconnaît quelque chose de cet ordre dans le Seigneur Jésus ! Les termes sont d'ailleurs précis et le style de la demande est pour le moins direct ! C'est plus un ordre qu'une demande « Viens » Ceci révèle l'immense confiance que cet homme manifeste à Jésus ! « Viens » dans quel but ? « Viens lui imposer les mains » Jaïre a compris, à travers ce qu'il a entendu dire , que Jésus peut faire du bien avec Ses mains. Nous retrouverons cette expression au chapitre sept de Saint Marc à propos de l'homme muet : On lui amène un sourd qui, de plus, parlait difficilement et on le supplie de lui imposer la main. (Marc 7)

Quel est le but de cette imposition ?pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive » Sauver cette enfant de la maladie qui l'accable et si elle en est délivrée elle vivra ! N'est-ce pas le désir le plus profond d'un père, d'une mère de voir son enfant en pleine santé, débordant de dynamisme, de vitalité même s'il leur arrive parfois, souvent même de réclamer un peu de calme quand cette vie jaillit dans tous les sens ! Jaïre ne peut envisager la disparition de cette enfant qu'il aime, la chair de sa chair, ce qui lui est le plus cher au monde, il brave, lui le chef de synagogue tout le qu'en dira t-on, une seule chose compte à cette heure, la vie de son enfant bien aimée. Jésus de son côté ne tergiverse pas « Jésus partit avec lui ». Jésus est sans nul doute touché par la confiance de cette homme, par son extrême souffrance, de plus, Lui, Jésus, est venu pour la vie « Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance. (Jean 10) » Il est bien décidé à donner Sa propre vie pour que l'humanité vive pleinement , ici et pour l'éternité ! Il nous donne tous les outils pour que cette espérance soit effective ! Jésus, un instant, oublie la foule mais la foule ne L'oublie pas, Jésus répond à « l'ordre » de ce père éploré et la foule emboîte le pas au point de l'écraser «  la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait. » Jésus ne s'appartient pas, Jésus nous est donné et Jésus se donne ! 
 
Qu'en est-il du don de nous-mêmes à Jésus, à Son Évangile, à l'attente de nos proches, de nos frères ?

Et voilà qu'interfère une autre situation, pas moins douloureuse celle-ci mais qui se manifeste de manière plus effacée, plus timide, plus pudique sans doute en raison de la gêne que suscite un tel handicap ! Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans…– elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins,et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ;au contraire, son état avait plutôt empiré –… cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus,vint par derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet :« Si je parviens à toucher seulement son vêtement,je serai sauvée. »À l’instant, l’hémorragie s’arrêta,et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal.Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui.Il se retourna dans la foule, et il demandait :« Qui a touché mes vêtements ? »Ses disciples lui répondirent :« Tu vois bien la foule qui t’écrase,et tu demandes : “Qui m’a touché ?”»Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela.Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante,sachant ce qui lui était arrivé,vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.Jésus lui dit alors :« Ma fille, ta foi t’a sauvée.Va en paix et sois guérie de ton mal. »
 
Cette femme, épuisée, discrète, honteuse aussi ( j'y reviendrai) ne cherche en rien à attirer l'attention, ni celle de Jésus, ni celle de l'entourage!Une seule chose compte pour elle : sa libération ! Sa guérison ! 
 
Honteuse oui, car les femmes atteintes de semblable maladie sont considérées par la Thora comme impures, elles sont privées de toute vie sociale . Il leur est interdit de se présenter en public ( ici, elle est donc en faute) interdit de se rendre au Temple ou à la Synagogue, elles sont considérées comme des pestiférées, rejetées par tous et d'abord par leur mari !
Elle ne veut surtout pas déranger Jésus, certains préfèrent considérer ce geste comme superstitieux, c'est possible, je préfère y voir un acte de foi, il suffit d'accueillir sa réflexion intime :« Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » sa foi est tellement grande qu'elle envisage seulement de toucher Son vêtement, elle a tellement confiance, qu'elle ne souhaite pas davantage ! Ce qu'elle a entendu dire de Jésus, lui laisse penser et croire, que tout ce qui Le touche, donc, Ses vêtements, est imprégné de Sa sainteté ! L’Église ne lui donne-t-elle pas raison Elle qui garde précieusement le Saint Suaire, le linge utilisé par Véronique pour rafraîchir son visage ? Pensons aussi aux reliques des saints que nous conservons et appliquons sur de grands malades qui s'en trouvent mieux et , parfois guéris ! Alors pourquoi ne serait-ce pas vrai pour cette femme affligée d'une telle infirmité ? 
 
D'ailleurs Jésus, n'approuve-t-il pas son geste quand Il se retourne dans la foule et demande :Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui.Il se retourna dans la foule, et il demandait :« Qui a touché mes vêtements ? » Les disciples sont réalistes quand ils répliquent:« Tu vois bien la foule qui t’écrase,et tu demandes : “Qui m’a touché ?”» Mais Jésus l'est tout autant, Il sait de quoi Il parle, Il sait où Il veut en venir et Il insiste :Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela.Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante,sachant ce qui lui était arrivé,vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Cette femme aurait pu fuir, elle n'en fait rien, bien au contraire, elle se jette aux pieds de Jésus et toute craintive Lui donne les raisons de son geste ! Et que dit Jésus ?« Ma fille, ta foi t’a sauvée.Va en paix et sois guérie de ton mal. » Jésus commence par la considérer, non comme une étrangère, mais comme quelqu'un de très proche, quelqu'un, sinon née de Lui, du moins qui va naître et faire partie de son entourage, « ma fille » Il souligne la confiance manifestée par cette femme, confiance dans laquelle s'origine son salut, c'est un peu comme si l'attitude de cette femme forçait le miracle « ta foi t'a sauvée » Jésus ne dit pas à ce stade « sois guérie, encore moins je le veux sois guérie, non ! C'est ta foi qui te vaut cette guérison ! C'est parce que tu crois que c'est possible que je peux faire œuvre de miséricorde à ton égard. « Ah disait St François d'assise après l'avoir reçu des évangiles, si nous avions la foi gros comme un grain de sénevé, nous déplacerions les montagnes ! 

Oui, c'est la confiance, l'abandon absolu, la remise totale de soi dans la mains de notre Père qui forcent, si j'ose dire, le don de Dieu. Demandons fermement cette grâce pour nos frères et pour nous ! Et Jésus poursuit, il y a comme un crescendo dans cette rencontre « Va en paix » Jésus lui offre le don des dons : la paix ! C'est un peu lui dire je ne t'ai pas appelée pour te fustiger, mais pour confirmer la grandeur de ta démarche, sois tranquille, je n'ai rien contre toi, bien au contraire et vient alors la parole de libération, « sois guérie de ton mal ». C'est dans ce but que cette femme a pris des risques , risque d'être rejetée, risque d'être insultée, risque d'être dévoilée aux yeux de tous … et Jésus prononce la Parole qui confirme ce quelle a ressenti en effleurant simplement les franges de son vêtement ! Osons, n'ayons pas peur, osons nous approcher de Jésus Il nous guérit, dit l’Écriture de toutes nos maladies Il arrache nos vies à la tombe !

Par ailleurs, ne reconnaissons-nous pas dans cet épisode les étapes du sacrement de la Réconciliation ? Cette femme reconnaît son mal, elle se jette aux pieds de Jésus qui loue sa foi puis Il lui offre la paix et l'envoie (va) guérie !

Et voilà Jésus est interrompu dans cette belle et grande rencontre par des gens qui arrivent de chez Jaïre : Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de




synagogue, pour dire à celui-ci :« Ta fille vient de mourir.À quoi bon déranger encore le Maître ? »Jésus, surprenant ces mots,dit au chef de synagogue :« Ne crains pas, crois seulement. »

La nouvelle est abrupte et dure, mais Jésus rassure immédiatement ce papa éploré :« Ne crains pas, crois seulement. » Jésus l'invite, à l'abandon, à la confiance !

Il ne laissa personne l’accompagner,sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques.Ils arrivent à la maison du chef de synagogue.Jésus voit l’agitation,et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.Il entre et leur dit :« Pourquoi cette agitation et ces pleurs ?L’enfant n’est pas morte : elle dort. »Mais on se moquait de lui.Alors il met tout le monde dehors,prend avec lui le père et la mère de l’enfant,et ceux qui étaient avec lui ;puis il pénètre là où reposait l’enfant.Il saisit la main de l’enfant, et lui dit :« Talitha koum »,ce qui signifie :« Jeune fille, je te le dis, lève-toi! »Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher– elle avait en effet douze ans.Ils furent frappés d’une grande stupeur.Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ;puis il leur dit de la faire manger.

Comme Il le fera lors de la Transfiguration, ou au Jardin des Oliviers Jésus prend avec Lui les trois disciples les plus proches. Sans doute pour fortifier leur foi comme ce sera le cas lors de la Transfiguration, pour qu'ils puissent témoigner aussi, le moment venu de ce qu'ils ont vu et entendu : « Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l'annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Et nous, nous sommes en communion avec le Père et avec son Fils, Jésus Christ. (1Jean 1)

Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé. (Luc 2)

Puis il répondit aux envoyés : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. (Luc 7)

Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu. » (Actes 4)

Quand Jésus et Ses apôtres arrivent à la maison de Jaïre, c'est la désolation et, l'agitation précise l’Évangile : on crie, on pleure, on s'affaire et, au fond, on ne sait que faire , et, quand Jésus interroge en donnant Son avis, on Lui répond par des moqueries. Jésus éloigne alors tous les voyeurs de circonstance et s'enferme dans la chambre de l'enfant avec les principaux intéressés ; les parents et les trois apôtres ! Jésus ne recherche pas les actions d'éclat, , Il n'est pas venu s'offrir en spectacle, en remontrer à ceux dont la foi est inexistante ou faible ! Jésus s'est déplacé pour répondre à une attente , pour fortifier Ses apôtres, et, essentiellement, pour donner la vie à une enfant qui s'est endormie dans le sommeil de la mort!

Le plus simplement du monde, Jésus prend la main de l'enfant et lui ordonne de se lever ! Aucun artifice, aucune recherche d'une quelconque gloire, ce qui compte c'est de rendre la vie, de donner la vie et de rendre l'enfant à ses parents désormais heureux « car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il a été retrouvé. Et ils se mirent à festoyer. (Luc 15) » 
 
« Ils furent frappés d’une grande stupeur » On le serait à moins!Ce qui vient de se passer est totalement inhabituel, seul Dieu est Maître de la vie et de la mort ! Et Jésus pousse sa logique de la vie jusqu'à «  ordonner fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger. » on pourrait accuser Jésus de naïveté, ne pas dire quand cela crève les yeux c'est impossible et c'est souvent que Jésus réclame fermement la discrétion. Je l'ai déjà dit Jésus ne fait pas du spectacle, Il accompli la mission que son Père Lui a confiée, rien de plus, mais cela pleinement ; Le verbiage est inutile, ce qui compte, c'est l'acte sauveur et cela seulement ! Tous les commentaires sont inutiles, l'important et de reconnaître l’œuvre de Dieu, l'important c'est de rendre grâce pour les plus infimes interventions de Dieu dans nos vies.Je pense que Jésus nous invite ici à nous conduire en toute simplicité, à agir, à faire le bien non pour être vu des hommes mais pour répandre du bonheur, de la joie, de la paix autour de nous, tout tapage, tout tambourinage est inutile ce qui compte c'est le Bien, le Beau ! De plus, Jésus est réaliste, l'enfant est fatiguée, elle relève d'une grave maladie, or la vie s'entretient, c'est un cadeau de Dieu, il ne s'agit pas ici de se répandre en remerciements, l'important est de nourrir cette vie, c'est ce qu'Il demande à ses parents , c'est ce qu'Il nous demande de faire auprès de ceux qui sont en manque de l'essentiel ! Alors retroussons nos manches et donnons à manger à ceux qui ont faim : faim de pain, faim d'une terre, faim d'une habitation, faim d'amour, faim de reconnaissance, faim d'écoute, faim , et encore faim !

Marie, donne-nous
la faim de l'Essentiel

 M. T. de Lescure

Mère admirable,
trésor de calme et de sérénité,
nous t'aimons pour la lumière
de tes yeux baissés,
pour la paix de ton visage,
pour l'attitude révélatrice
de ta plénitude intérieure.

Tu es la Vierge de l'invisible et de l'essentiel.
Nous te supplions de nous détacher,
de nous déprendre de tout ce qui se voit
pour nous ramener et nous fixer
sur l'invisible que tes yeux regardent:
l'invisible présence, l'invisible vie,
l'invisible action, l'invisible amour.
Dans nos journées occupées, surchargées,
garde-nous dans la lumière des choses
qui ne se voient pas.

À travers l'accessoire qui nous sollicite
et nous séduit souvent,
donne-nous aussi
le sens et la faim de l'essentiel.


Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé,
tu m’épargnes les rires de l’ennemi.
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.

Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie.
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie.

Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !
Ps 29
l'Ermite

vendredi 22 juin 2018

DIEU FAIT GRACE

FÊTE DE SAINT JEAN BAPTISTE

SOLENNITÉ

« Son nom est Jean »

(Lc 1, 57-66.80)


Saint Jean Baptiste est le seul Saint, avec la Vierge Marie, dont on célèbre à la fois la naissance et la mort, la naissance le 24 juin, et la mort, le martyr, le 29 août. Pour la Vierge Marie, comme pour Saint Jean Baptiste, leur importance, leur grandeur, vient de ce qu'ils précèdent, de ce qu'ils annoncent Quelqu'un d'autre, de ce qu'ils montrent quelqu'un d'autre, Jésus, Dieu avec nous, l'Emmanuel. : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c'est de lui que j'ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. (Jean 1) »

DIEU FAIT MISÉRICORDE

Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter,elle mit au monde un fils.
Ses voisins et sa famille apprirent que
le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde,et ils se réjouissaient avec elle.
Élisabeth était stérile, et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge. (Luc 1) et le miracle annoncé par l'Ange s'est produit, l'enfant inespéré est arrivé , les voisins et la famille

apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde,et ils se réjouissaient avec elle.Nous sommes dans un climat de foi, tous reçoivent cet enfant de la main de Dieu , Dieu a fait Miséricorde, Dieu a manifesté Son Amour, et tous sont capables de se réjouir, de partager la joie de ce couple avancé en âge.
Savoir partager le bonheur de nos frères dilate le cœur et ouvre aux dons du Seigneur !
Tous reconnaissent que cet enfant est un don de Dieu, et tous participent à la joie qu'apporte cette nouvelle vie !

Deux questions :
  • savons-nous reconnaître les dons de Dieu dans nos vies ?

  • Savons-nous, nous réjouir de ce qui fait la joie de nos frères ? Avec nos esprits terre à terre, ne nous arrive-t-il pas d'égrener un chapelet de doléances qui ternissent le bonheur de nos frères et introduisent le doute dans des esprits fragiles ! Demandons au Seigneur, avec le psalmiste de mettre un frein , un bâillon sur nos lèvres : « Dans ma conduite je me garderai des écarts de langage; je garderai un bâillon à la bouche tant qu'un infidèle sera en ma présence. (Psaume 39) »

DIEU NOMME CET ENFANT

Nom qui porte en lui l'action de Dieu dans la vie de ce couple, mais aussi dans celle de l'humanité tout entière :
- En effet Dieu fait grâce, Dieu agit dans la gratuité, en donnant un enfant à un couple stérile et avancé en âge,
  • Dieu fait grâce à l'humanité tout entière car avec Jean Baptiste, l'humanité entre dans une ère nouvelle, Jean Baptiste annonce le Sauveur !
Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant.Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père.Mais sa mère prit la parole et déclara :« Non, il s’appellera
Jean. »
La parole de Dieu parle de deux circoncisions : la circoncision de tout fils d'Israël et la circoncision spirituelle du chrétien.
  1. La circoncision, intervention pratiquée chez tout enfant mâle en Israël, a été ordonnée par Dieu à Abraham. Elle devait être le signe de son alliance avec le patriarche : « C'est ici mon alliance... que tout mâle soit circoncis... ce sera un signe d'alliance entre moi et vous » (Gen. 17 : 10, 11). Il fallait donc être circoncis pour appartenir au peuple de Dieu. Quand la parole de Dieu parle des incirconcis, elle désigne les peuples autres que le peuple d'Israël. Il est vrai que, moralement, Israël aussi est dit incirconcis : « Toutes les nations sont incirconcises, déclare le prophète, et toute la maison d'Israël est incirconcise de cœur » (Jér. 9 : 26).

  2. La circoncision qui, en contraste avec la précédente,n'a pas été faite de main d'homme ; « En lui, Jésus, vous avez été circoncis d'une circoncision non faite de main d'homme, de la circoncision du Christ, par le dépouillement de ce corps de chair. Ensevelis avec lui dans le baptême, vous avez été dans le même baptême ressuscités avec lui par votre foi à l'action de Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts. (Colossiens 2) signifie la mort du chrétien avec Christ. Elle est un fait accompli une fois pour toutes : Vous avez été circoncis dans le dépouillement du corps, des péchés de la chair ou : «  sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché; car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, (Romains 6) » C'est une réalité telle que l'apôtre peut dire : « Nous sommes la circoncision » et, comme tels,
    nous sommes caractérisés par trois attitudes : rendre culte par l'Esprit de Dieu, se glorifier dans le Christ Jésus, ne pas avoir confiance en la chair « Car c'est nous qui sommes les vrais circoncis, nous qui par l'esprit de Dieu lui rendons un culte, qui mettons notre gloire dans le Christ Jésus et ne nous confions point dans la chair. (Philippiens 3)

    Il résulte un enseignement pratique du fait que Dieu nous voit comme étant morts avec Christ. Il correspond à ce que la loi et les prophètes prescrivaient déjà :
    « Circoncisez donc votre cœur et ne raidissez plus votre cou. (Deut 10,16 ou : « Circoncisez-vous pour le Seigneur, Et enlevez les prépuces de votre cœur, (Jr 4, 4) Le chrétien, mort avec Christ, possède en même temps la puissance de vie qui est en Christ pour se tenir mort à tout ce qui est mal : « « Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ (Romains 6) » C'est ainsi que nous réaliserons pratiquement ce qu'est notre circoncision.
UN NOM NOUVEAU ! UN NOM QUI ANNONCE UNE MISSION SPÉCIFIQUE

Dans les premiers temps de l’histoire biblique, les enfants recevaient un nom à leur naissance. Toutefois, par la suite, les garçons hébreux ne furent nommés qu’au moment de leur circoncision, le huitième jour « Or, le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils le nommaient Zacharie d'après le nom de son père. (Luc 1) C’était habituellement le père ou la mère qui donnait un nom à l’enfant «Adam connut encore sa femme; elle enfanta un fils et l'appela Seth, car, dit-elle, " Dieu m'a donné une postérité à la place d'Abel, que Caïn a tué. (Genèse 4)  5:29 ; 16:15 ; 19:37, 38 ; 29:32).
Dans certains cas, des parents furent guidés par Dieu dans le choix du nom de leurs enfants. Parmi ceux qui reçurent leur nom de cette façon, il y eut Yishmaël (Dieu entend [écoute]) (Gn 16:11), Isaac (Rire) (Gn 17:19), Salomon (d’une racine qui signifie " paix ") (1Ch 22:9) et Jean (équivalent français de Yehohanân, qui signifie " Dieu a témoigné de la faveur, Dieu a été compatissant , Dieu a fait grâce") (Lc 1:13).


Les noms attribués sous la direction divine avaient souvent une signification prophétique. Le nom du fils d’Isaïe, Maher-Shalal-Hash-Baz (c’est-à-dire " Dépêche-toi, ô Butin ! Il s’est hâté au Pillage " ou " Se dépêchant vers le Butin, Il s’est hâté au Pillage ") montrait que le roi d’Assyrie soumettrait Damas et Samarie (Is 8:3, 4). Le nom du fils d’Hoshéa, Yizréel (Dieu sèmera), mettait l’accent sur le fait qu’on demanderait des comptes à la maison de Yéhou

Le nom d’un enfant avait souvent un rapport avec les circonstances de sa naissance ou les sentiments qui animaient son père ou sa mère (Gn 29:32–30:13, 30:17-20, 22-24 ; 35:18 ...). Ève appela son premier-né Caïn (Chose produite), car, dit-elle, " j’ai produit un homme avec l’aide du Seigneur" (Gn 4:1.)
Parfois, c’était l’apparence du bébé à sa naissance qui lui valait son nom. Ainsi, le premier-né d’Isaac fut appelé Ésaü (Velu) parce qu’il vint au monde extraordinairement velu (Gn 25:25).
Ainsi que l’indique la répétition de certains noms dans les listes généalogiques, il était apparemment devenu courant de donner à un enfant le nom d’un parent (voir 1Ch 6:9-14, 34-36).
Voilà pourquoi les parents et les connaissances d’Élisabeth élevèrent des objections lorsqu’elle voulut appeler son bébé Jean (Lc 1:57-61).« Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » Pour les proches c'est la stupéfaction ! Ce nom ne leur est pas familier, ils ne comprennent pas un tel choix, ils n'en connaissent pas le sens et restent dubitatifs.



Élisabeth ne fait qu'obéir à l'ordre divin que Zacharie n'a pas manqué de lui partager :" Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée: ta femme Élisabeth t'enfantera un fils que tu appelleras Jean. (Luc 1) Choix éclairé par la première lecture où Isaïe déclare : « j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. »


Dans leur ahurissement les proches vont s'assurer, auprès de Zacharie qu'il s'agit bien d'un choix concerté « On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler.Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit :« Jean est son nom. » l'étonnement est alors encore plus grand ! Vient le signe qui les saisit tous : Et tout le monde en fut étonné.À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia :il parlait et il bénissait Dieu. » Zacharie et Élisabeth ayant obéi Dieu les comble eux aussi de Sa grâce, non seulement ils partagent la joie d'une naissance mais Zacharie qui, neuf mois durant ne pouvait s'exprimer que sur des tablettes retrouve en cet instant l'usage de la Parole et nous livre cette action de grâce spontanée que l’Église reprend chaque matin en célébrant la prière de Laudes 
 


Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël
qui visite et rachète son peuple.
Il a fait surgir la force qui nous sauve
dans la maison de David, son serviteur,
comme il l’avait dit par la bouche de Saints,
par ses prophètes, depuis les temps anciens :
salut qui nous arrache à l’ennemi,
à la main de tous nos oppresseurs,
amour qu’il montre envers nos pères,
mémoire de son alliance sainte,
serment juré à notre père Abraham,
de nous rendre sans crainte,
afin que délivrés de la main des ennemis
nous le servions, dans la justice et la sainteté
en sa présence, tout au long de nos jours.
Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut :
tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins
pour donner à son peuple de connaître le salut
par la rémission de ses péchés,
grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu,
quand nous visite l’astre d’en haut,
pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort,
pour conduire nos pas au chemin de la paix.


DIEU, A TRAVERS CES EVENEMENTS SUSCITE LA CRAINTE (LE RESPECT), L' INTERIORITE
La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée,on racontait tous ces événements.Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient :
Un respect qui force l'admiration, on en parle autour de soi, mais, en même temps, on n'est pas à même d'expliquer. Tous ceux qui apprenaient la nouvelle comprennent qu'il se passe quelque chose de grand qui les dépasse et ils ont la sagesse de faire silence, et « conservent ces choses dans leur cœur » jusqu'au jour où jaillira la lumière ! Marie
n'agira pas pas différemment : « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur. (Luc 2)

Quand nous ne comprenons pas, savons-nous attendre « le temps de Dieu » ou perdons-nous notre temps en de vains bavardages , en des suppositions inopportunes qui alourdissent notre cœur ? Savons-nous attendre l'heure de Dieu, cette heure où Dieu apporte la lumière parce que nous avons laissé le mystère descendre en nous dans une absolue confiance, une totale remise de soi entre les mains du Père, certains qu'Il nous conduit sûrement, qu'Il veut notre vrai bonheur !


ATTENTE SEREINE DU JOUR DE DIEU
« Que sera donc cet enfant ? »En effet, la main du Seigneur était avec lui.L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait.Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.
Tout, dans cette naissance, laisse supposer qu'il y a là plus que dans d'autres situations, la main de Dieu ! Ou, plus justement, un appel spécifique ce qui conduit à cette question :« Que sera donc cet enfant ? » 
 
Une femme stérile, un couple ayant dépassé l'âge de procréer, un père devenu muet, un prénom inhabituel dans la lignée, un acte d'obéissance qui rend la parole, cette succession d'événements induit forcément des questions légitimes sur l'avenir de ce nouveau-né !
En grandissant « son esprit se fortifie » il va jusqu'à se retirer dans le désert où il attend, lui aussi, l'heure où Dieu lui permettra de se manifester.Au désert, dans le silence, il se prépare à sa mission entrevue dès le sein maternel. N'a-t-il pas tressailli dans le sein maternel lorsque le fils de Dieu, Lui aussi dans le sein maternel, s'est approché « d'où m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi? Car votre voix, lorsque vous m'avez saluée, n'a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l'enfant a tressailli de joie dans mon sein. (Luc 1) »

Au désert, Jean peut reprendre à son compte les paroles du Prophète Isaïe : « Il a fait de ma bouche une épée tranchante,il m’a protégé par l’ombre de sa main ;il a fait de moi une flèche acérée,il m’a caché dans son carquois. » L’Évangile nous apprendra en effet à quel point Jean s'engage par une parole qui « décape » n'est-ce pas sa franchise qui lui vaudra d'être incarcéré, puis condamné à mort ? Jésus ne manquera pas de reconnaître la valeur de ce prophète hors du commun quand Il dira :«Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent des vêtements magnifiques et mènent une vie de plaisir sont dans les palais des rois. Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis ; et bien plus qu'un prophète ! C'est de lui qu'il est écrit : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi. Je vous le dis : Parmi les hommes, aucun n'est plus grand que Jean ; et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. (Luc 7)  »  

En cette fête où nous nous souvenons du grand Prophète Jean Baptiste, demandons lui de nous apprendre à reconnaître les passages du Seigneur dans nos vies, d'avoir une parole qui soit oui, quand c'est oui, et non quand c'est non, dans le respect de chacun, l'humilité « des plus grands » - qui veut être grand se fera le serviteur de tous » nous dit Jésus, - une oreille attentive pour reconnaître Dieu quand Il parle à notre cœur, une âme de silence qui sait attendre l'heure du Père, l'intelligence de la foi pour entraîner nos frères vers Jésus comme il savait le faire « voici l'Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève le péché du monde » Jn, 1, 36

Ce que vous pensez que je suis,je ne le suis pas. mais le voici qui vient après moi,
et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds.”
Lc 3,16

Jean est à la charnière de l'Ancien et du Nouveau Testament, il clôt une ère et prépare la route de Celui, Jésus, qui vient instaurer la Royaume de l'Amour ! Demandons la grâce, les uns pour les autres de devenir chaque jour davantage, ceux qui « montrent » simplement parce qu'ils le rayonnent !


QU'IL EN SOIT AINSI !
L'Ermite