vendredi 22 juin 2018

DIEU FAIT GRACE

FÊTE DE SAINT JEAN BAPTISTE

SOLENNITÉ

« Son nom est Jean »

(Lc 1, 57-66.80)


Saint Jean Baptiste est le seul Saint, avec la Vierge Marie, dont on célèbre à la fois la naissance et la mort, la naissance le 24 juin, et la mort, le martyr, le 29 août. Pour la Vierge Marie, comme pour Saint Jean Baptiste, leur importance, leur grandeur, vient de ce qu'ils précèdent, de ce qu'ils annoncent Quelqu'un d'autre, de ce qu'ils montrent quelqu'un d'autre, Jésus, Dieu avec nous, l'Emmanuel. : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c'est de lui que j'ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. (Jean 1) »

DIEU FAIT MISÉRICORDE

Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter,elle mit au monde un fils.
Ses voisins et sa famille apprirent que
le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde,et ils se réjouissaient avec elle.
Élisabeth était stérile, et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge. (Luc 1) et le miracle annoncé par l'Ange s'est produit, l'enfant inespéré est arrivé , les voisins et la famille

apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde,et ils se réjouissaient avec elle.Nous sommes dans un climat de foi, tous reçoivent cet enfant de la main de Dieu , Dieu a fait Miséricorde, Dieu a manifesté Son Amour, et tous sont capables de se réjouir, de partager la joie de ce couple avancé en âge.
Savoir partager le bonheur de nos frères dilate le cœur et ouvre aux dons du Seigneur !
Tous reconnaissent que cet enfant est un don de Dieu, et tous participent à la joie qu'apporte cette nouvelle vie !

Deux questions :
  • savons-nous reconnaître les dons de Dieu dans nos vies ?

  • Savons-nous, nous réjouir de ce qui fait la joie de nos frères ? Avec nos esprits terre à terre, ne nous arrive-t-il pas d'égrener un chapelet de doléances qui ternissent le bonheur de nos frères et introduisent le doute dans des esprits fragiles ! Demandons au Seigneur, avec le psalmiste de mettre un frein , un bâillon sur nos lèvres : « Dans ma conduite je me garderai des écarts de langage; je garderai un bâillon à la bouche tant qu'un infidèle sera en ma présence. (Psaume 39) »

DIEU NOMME CET ENFANT

Nom qui porte en lui l'action de Dieu dans la vie de ce couple, mais aussi dans celle de l'humanité tout entière :
- En effet Dieu fait grâce, Dieu agit dans la gratuité, en donnant un enfant à un couple stérile et avancé en âge,
  • Dieu fait grâce à l'humanité tout entière car avec Jean Baptiste, l'humanité entre dans une ère nouvelle, Jean Baptiste annonce le Sauveur !
Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant.Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père.Mais sa mère prit la parole et déclara :« Non, il s’appellera
Jean. »
La parole de Dieu parle de deux circoncisions : la circoncision de tout fils d'Israël et la circoncision spirituelle du chrétien.
  1. La circoncision, intervention pratiquée chez tout enfant mâle en Israël, a été ordonnée par Dieu à Abraham. Elle devait être le signe de son alliance avec le patriarche : « C'est ici mon alliance... que tout mâle soit circoncis... ce sera un signe d'alliance entre moi et vous » (Gen. 17 : 10, 11). Il fallait donc être circoncis pour appartenir au peuple de Dieu. Quand la parole de Dieu parle des incirconcis, elle désigne les peuples autres que le peuple d'Israël. Il est vrai que, moralement, Israël aussi est dit incirconcis : « Toutes les nations sont incirconcises, déclare le prophète, et toute la maison d'Israël est incirconcise de cœur » (Jér. 9 : 26).

  2. La circoncision qui, en contraste avec la précédente,n'a pas été faite de main d'homme ; « En lui, Jésus, vous avez été circoncis d'une circoncision non faite de main d'homme, de la circoncision du Christ, par le dépouillement de ce corps de chair. Ensevelis avec lui dans le baptême, vous avez été dans le même baptême ressuscités avec lui par votre foi à l'action de Dieu, qui l'a ressuscité d'entre les morts. (Colossiens 2) signifie la mort du chrétien avec Christ. Elle est un fait accompli une fois pour toutes : Vous avez été circoncis dans le dépouillement du corps, des péchés de la chair ou : «  sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus les esclaves du péché; car celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons avec lui, (Romains 6) » C'est une réalité telle que l'apôtre peut dire : « Nous sommes la circoncision » et, comme tels,
    nous sommes caractérisés par trois attitudes : rendre culte par l'Esprit de Dieu, se glorifier dans le Christ Jésus, ne pas avoir confiance en la chair « Car c'est nous qui sommes les vrais circoncis, nous qui par l'esprit de Dieu lui rendons un culte, qui mettons notre gloire dans le Christ Jésus et ne nous confions point dans la chair. (Philippiens 3)

    Il résulte un enseignement pratique du fait que Dieu nous voit comme étant morts avec Christ. Il correspond à ce que la loi et les prophètes prescrivaient déjà :
    « Circoncisez donc votre cœur et ne raidissez plus votre cou. (Deut 10,16 ou : « Circoncisez-vous pour le Seigneur, Et enlevez les prépuces de votre cœur, (Jr 4, 4) Le chrétien, mort avec Christ, possède en même temps la puissance de vie qui est en Christ pour se tenir mort à tout ce qui est mal : « « Ainsi vous-mêmes regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ (Romains 6) » C'est ainsi que nous réaliserons pratiquement ce qu'est notre circoncision.
UN NOM NOUVEAU ! UN NOM QUI ANNONCE UNE MISSION SPÉCIFIQUE

Dans les premiers temps de l’histoire biblique, les enfants recevaient un nom à leur naissance. Toutefois, par la suite, les garçons hébreux ne furent nommés qu’au moment de leur circoncision, le huitième jour « Or, le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils le nommaient Zacharie d'après le nom de son père. (Luc 1) C’était habituellement le père ou la mère qui donnait un nom à l’enfant «Adam connut encore sa femme; elle enfanta un fils et l'appela Seth, car, dit-elle, " Dieu m'a donné une postérité à la place d'Abel, que Caïn a tué. (Genèse 4)  5:29 ; 16:15 ; 19:37, 38 ; 29:32).
Dans certains cas, des parents furent guidés par Dieu dans le choix du nom de leurs enfants. Parmi ceux qui reçurent leur nom de cette façon, il y eut Yishmaël (Dieu entend [écoute]) (Gn 16:11), Isaac (Rire) (Gn 17:19), Salomon (d’une racine qui signifie " paix ") (1Ch 22:9) et Jean (équivalent français de Yehohanân, qui signifie " Dieu a témoigné de la faveur, Dieu a été compatissant , Dieu a fait grâce") (Lc 1:13).


Les noms attribués sous la direction divine avaient souvent une signification prophétique. Le nom du fils d’Isaïe, Maher-Shalal-Hash-Baz (c’est-à-dire " Dépêche-toi, ô Butin ! Il s’est hâté au Pillage " ou " Se dépêchant vers le Butin, Il s’est hâté au Pillage ") montrait que le roi d’Assyrie soumettrait Damas et Samarie (Is 8:3, 4). Le nom du fils d’Hoshéa, Yizréel (Dieu sèmera), mettait l’accent sur le fait qu’on demanderait des comptes à la maison de Yéhou

Le nom d’un enfant avait souvent un rapport avec les circonstances de sa naissance ou les sentiments qui animaient son père ou sa mère (Gn 29:32–30:13, 30:17-20, 22-24 ; 35:18 ...). Ève appela son premier-né Caïn (Chose produite), car, dit-elle, " j’ai produit un homme avec l’aide du Seigneur" (Gn 4:1.)
Parfois, c’était l’apparence du bébé à sa naissance qui lui valait son nom. Ainsi, le premier-né d’Isaac fut appelé Ésaü (Velu) parce qu’il vint au monde extraordinairement velu (Gn 25:25).
Ainsi que l’indique la répétition de certains noms dans les listes généalogiques, il était apparemment devenu courant de donner à un enfant le nom d’un parent (voir 1Ch 6:9-14, 34-36).
Voilà pourquoi les parents et les connaissances d’Élisabeth élevèrent des objections lorsqu’elle voulut appeler son bébé Jean (Lc 1:57-61).« Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » Pour les proches c'est la stupéfaction ! Ce nom ne leur est pas familier, ils ne comprennent pas un tel choix, ils n'en connaissent pas le sens et restent dubitatifs.



Élisabeth ne fait qu'obéir à l'ordre divin que Zacharie n'a pas manqué de lui partager :" Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée: ta femme Élisabeth t'enfantera un fils que tu appelleras Jean. (Luc 1) Choix éclairé par la première lecture où Isaïe déclare : « j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. »


Dans leur ahurissement les proches vont s'assurer, auprès de Zacharie qu'il s'agit bien d'un choix concerté « On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler.Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit :« Jean est son nom. » l'étonnement est alors encore plus grand ! Vient le signe qui les saisit tous : Et tout le monde en fut étonné.À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia :il parlait et il bénissait Dieu. » Zacharie et Élisabeth ayant obéi Dieu les comble eux aussi de Sa grâce, non seulement ils partagent la joie d'une naissance mais Zacharie qui, neuf mois durant ne pouvait s'exprimer que sur des tablettes retrouve en cet instant l'usage de la Parole et nous livre cette action de grâce spontanée que l’Église reprend chaque matin en célébrant la prière de Laudes 
 


Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël
qui visite et rachète son peuple.
Il a fait surgir la force qui nous sauve
dans la maison de David, son serviteur,
comme il l’avait dit par la bouche de Saints,
par ses prophètes, depuis les temps anciens :
salut qui nous arrache à l’ennemi,
à la main de tous nos oppresseurs,
amour qu’il montre envers nos pères,
mémoire de son alliance sainte,
serment juré à notre père Abraham,
de nous rendre sans crainte,
afin que délivrés de la main des ennemis
nous le servions, dans la justice et la sainteté
en sa présence, tout au long de nos jours.
Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut :
tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins
pour donner à son peuple de connaître le salut
par la rémission de ses péchés,
grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu,
quand nous visite l’astre d’en haut,
pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort,
pour conduire nos pas au chemin de la paix.


DIEU, A TRAVERS CES EVENEMENTS SUSCITE LA CRAINTE (LE RESPECT), L' INTERIORITE
La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée,on racontait tous ces événements.Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient :
Un respect qui force l'admiration, on en parle autour de soi, mais, en même temps, on n'est pas à même d'expliquer. Tous ceux qui apprenaient la nouvelle comprennent qu'il se passe quelque chose de grand qui les dépasse et ils ont la sagesse de faire silence, et « conservent ces choses dans leur cœur » jusqu'au jour où jaillira la lumière ! Marie
n'agira pas pas différemment : « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur. (Luc 2)

Quand nous ne comprenons pas, savons-nous attendre « le temps de Dieu » ou perdons-nous notre temps en de vains bavardages , en des suppositions inopportunes qui alourdissent notre cœur ? Savons-nous attendre l'heure de Dieu, cette heure où Dieu apporte la lumière parce que nous avons laissé le mystère descendre en nous dans une absolue confiance, une totale remise de soi entre les mains du Père, certains qu'Il nous conduit sûrement, qu'Il veut notre vrai bonheur !


ATTENTE SEREINE DU JOUR DE DIEU
« Que sera donc cet enfant ? »En effet, la main du Seigneur était avec lui.L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait.Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.
Tout, dans cette naissance, laisse supposer qu'il y a là plus que dans d'autres situations, la main de Dieu ! Ou, plus justement, un appel spécifique ce qui conduit à cette question :« Que sera donc cet enfant ? » 
 
Une femme stérile, un couple ayant dépassé l'âge de procréer, un père devenu muet, un prénom inhabituel dans la lignée, un acte d'obéissance qui rend la parole, cette succession d'événements induit forcément des questions légitimes sur l'avenir de ce nouveau-né !
En grandissant « son esprit se fortifie » il va jusqu'à se retirer dans le désert où il attend, lui aussi, l'heure où Dieu lui permettra de se manifester.Au désert, dans le silence, il se prépare à sa mission entrevue dès le sein maternel. N'a-t-il pas tressailli dans le sein maternel lorsque le fils de Dieu, Lui aussi dans le sein maternel, s'est approché « d'où m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi? Car votre voix, lorsque vous m'avez saluée, n'a pas plus tôt frappé mes oreilles, que l'enfant a tressailli de joie dans mon sein. (Luc 1) »

Au désert, Jean peut reprendre à son compte les paroles du Prophète Isaïe : « Il a fait de ma bouche une épée tranchante,il m’a protégé par l’ombre de sa main ;il a fait de moi une flèche acérée,il m’a caché dans son carquois. » L’Évangile nous apprendra en effet à quel point Jean s'engage par une parole qui « décape » n'est-ce pas sa franchise qui lui vaudra d'être incarcéré, puis condamné à mort ? Jésus ne manquera pas de reconnaître la valeur de ce prophète hors du commun quand Il dira :«Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent des vêtements magnifiques et mènent une vie de plaisir sont dans les palais des rois. Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis ; et bien plus qu'un prophète ! C'est de lui qu'il est écrit : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi, pour qu'il prépare le chemin devant toi. Je vous le dis : Parmi les hommes, aucun n'est plus grand que Jean ; et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. (Luc 7)  »  

En cette fête où nous nous souvenons du grand Prophète Jean Baptiste, demandons lui de nous apprendre à reconnaître les passages du Seigneur dans nos vies, d'avoir une parole qui soit oui, quand c'est oui, et non quand c'est non, dans le respect de chacun, l'humilité « des plus grands » - qui veut être grand se fera le serviteur de tous » nous dit Jésus, - une oreille attentive pour reconnaître Dieu quand Il parle à notre cœur, une âme de silence qui sait attendre l'heure du Père, l'intelligence de la foi pour entraîner nos frères vers Jésus comme il savait le faire « voici l'Agneau de Dieu, voici Celui qui enlève le péché du monde » Jn, 1, 36

Ce que vous pensez que je suis,je ne le suis pas. mais le voici qui vient après moi,
et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds.”
Lc 3,16

Jean est à la charnière de l'Ancien et du Nouveau Testament, il clôt une ère et prépare la route de Celui, Jésus, qui vient instaurer la Royaume de l'Amour ! Demandons la grâce, les uns pour les autres de devenir chaque jour davantage, ceux qui « montrent » simplement parce qu'ils le rayonnent !


QU'IL EN SOIT AINSI !
L'Ermite

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