samedi 29 mars 2014

POURQUOI ?

        
QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2014

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 9, 1-41)

-     « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? »


Pourquoi ? Face à la maladie, l’épreuve sous quelque forme que ce soit, l’humanité est tentée de s’interroger et surtout de demander des comptes au Seigneur de nos vies ! Certains, parmi nous, n’hésitent pas à rendre Dieu responsable de tous les maux et, pire encore, à douter de son amour, voire de son existence : 

« Si Dieu existe, entend-on parfois, il ne devrait pas y avoir de personnes handicapées ou malades, pas de guerres, pas de …. »

Nous oublions très facilement, trop facilement que Dieu nous crée libres et, si toutes nos épreuves ne trouvent pas une réponse rationnelle, certaines, nous le savons, mais nous fermons les yeux, ne sont-elles pas imputables au péché, à notre volonté de domination, de puissance et autres ? Au désordre dans et de nos vies ?

La cécité de cet homme entre dans la catégorie de l’irrationnel, le pourquoi ne trouve pas de réponse satisfaisante, si on s’en tient au seul regard humain  et Jésus ne le cache pas, mais comme toujours aussi, Jésus veut et va nous conduire plus loin que nos pauvres horizons limités :

-     « Ni lui, ni ses parents. Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui. Il nous faut réaliser l’action de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

Que pouvons-nous retenir de la réponse de Jésus ?

-     « Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui »
-     « Il nous faut réaliser l’action de Celui qui m’a envoyé pendant qu’il fait encore jour …déjà la nuit approche
-     « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde »

Cet homme va être rejoint dans sa nuit par l’amour de Dieu qui  se manifeste en et par Jésus ! Jésus pose cet acte des origines, l’acte de Création : Jésus remodèle l’Homme, Il va faire un être neuf, et le souffle qui libère en lui la vie, sera la Parole : « va te laver… » Et la merveille s’accomplit, il VOIT, il voit la beauté de la création et celle des créatures mais il est tout de suite confronté au mal qui habite cette humanité, il proclame sa foi même si on l’exclut de la synagogue, même si on le ridiculise ! Lumière et ténèbres s’affrontent et bien que guéri, cet homme doit faire face, il doit faire des choix !

C’est le lot de tout un chacun. Toutes nos épreuves ont du sens elles sont « Parole de Dieu dans nos vies » souvent nous ne comprenons pas   immédiatement, mais le moment vient où la route s’éclaire et où nous devenons capables de dire « ah ! voilà ce que tu voulais me faire comprendre ! » Et nous rendons grâce !
 Il est vrai aussi, que notre foi est, parfois, mise à rude épreuve c’est le moment de prouver notre amour à Celui de qui nous tenons l’être et la vie, à Celui qui est la Lumière qui brille dans les ténèbres. Savons-nous témoigner de cette lumière ardente qui brûle au fond de nos cœurs ou la cachons-nous sous le boisseau ? 

Souvenons-nous :

« Vous êtes la lumière du monde: dit Jésus, une ville, située au sommet d'une montagne, ne peut être cachée.  Et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. »  (Matthieu  5)

Au nom de Jésus soyons et devenons toujours plus lumière pour nos frères, qu’en voyant la lumière de Jésus sur nos visages, les hommes de notre temps qui marchent dans la nuit,aient envie de savoir, de connaître son auteur.

 « Déjà la nuit approche » faut-il voir ici une nouvelle et discrète annonce de la Passion de Jésus ? En tout cas c’est ce que je retiens, sinon de quelle nuit parlerait Jésus ? Tant qu’il fait jour dans la vie terrestre de Jésus, par ses paroles, par ses gestes, Jésus se doit de manifester au monde l’œuvre du Père qui est Salut pour le monde….mais la nuit vient….Alors Jésus leur dit:

" Je vous serai à tous, cette nuit-ci, une occasion de chute, car il est écrit: Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées.  (Matthieu 26)

 L’aveugle dont il est question ici, par l’intervention de Jésus passe de la nuit à la lumière comment ne rendrait il pas grâce lui qui peut désormais s’assumer, prendre sa vie en main et trouver sa place dans la société !

Mais il y a lumière et lumière : « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » Jésus est cette LUMIERE, Jésus est LUMIERE par essence et Il est venu pour que les hommes aient la Vie et qu’ils l’ait en abondance ! Aveugle, cet homme était comme mort, il avait besoin des autres à chaque instant pour survivre, maintenant, il vit. Quand Jésus entre dans nos vies il fait de nous des vivants selon le cœur de Dieu. Jésus, quand Il entre dans nos vies leur donne du sens, du goût, de l’élan !

Plus loin nous lisons :

« On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle.  Or c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux »

Et plus loin encore :

« Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » 

Et ils le jetèrent dehors … 

Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit :  
« Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : 

« Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? 
Jésus lui dit : 

« Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit :

« Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui.

Jésus ne méprise pas le Sabbat mais Jésus place l’homme au-dessus de toutes les contraintes qui l’empêcheraient d’être libre. Jésus nous veut pleinement libres, tout ce qui nous ligote, nous asservit  vient du malin ! Écoutons ce passage de St Matthieu, il s’agit d’un esprit impur qui, sorti d’un homme ne sait où aller alors il se dit :

" Je retournerai dans ma maison, d'où je suis sorti. " Et revenu, il la trouve libre, nettoyée et ornée. Alors il s'en va prendre avec lui sept autres esprits plus mauvais que lui, et, étant entrés, ils y fixent leur demeure, et le dernier état de cet homme devient pire que le premier. »

Le combat n’est jamais terminé, mais attention, ne nous trompons pas de combat, il s’agit ici, d’un combat pour la vraie liberté, et c’est la vérité qui rend nos vies libres, c’est st Paul qui le dit et, avant lui, Jésus bien sûr. Dieu est cette liberté et c’est vers Lui que nous tendons .

Jésus ne nous laisse pas dans la détresse, si les Pharisiens déroutés , parce qu’ils
le veulent bien, par ce qui vient de se passer rejettent cet homme libéré de sa cécité, Jésus, Lui continue de l’accueillir et lui ouvre de nouveaux horizons :

« Crois-tu au Fils de l’homme ? »

« Je crois Seigneur, et il se prosterna ! »
Jésus nous pose cette même question : dans ce qui fait ta vie aujourd’hui, quelles qu’en soient les difficultés, les épreuves, crois-tu au Fils de l’homme ? 

C’est à chacun de nous de répondre et, s’il adhère, à se prosterner en disant de tout son cœur, comme Thomas après la Résurrection : 


Mon Seigneur et mon Dieu !

L'Ermite

samedi 22 mars 2014

DONNE-MOI A BOIRE.


TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2014

hermanoleon_samaritana02.jpg« Donne-moi à boire » ! Je ne peux entendre cette demande sans y reconnaître le cri déchirant de Jésus sur la croix : « J’ai soif ». Nous le verrons bientôt la soif de Jésus est bien différente du simple seau d’eau que pourrait lui proposer notre interlocutrice, Jésus a soif de libérer cette femme de ses esclavages.
 Jésus est épuisé par la route parcourue, le soleil brûle tout, on peut comprendre qu’Il ait terriblement soif Un puits sur la route, quelle aubaine ! Hélas ! Lui-même n’a rien pour puiser ! En apercevant cette femme, une Samaritaine qui vient puiser pour sa maisonnée, nous nous serions réjouis Mais, sans doute, aurions-nous hésité malgré la soif à demander le service d’un peu d’eau !

      Cette femme est une étrangère au sens profond du terme, quelqu’un avec qui nous n’avons absolument rien à voir, nous n’aurions peut-être pas couru le risque d’être rejeté par notre propre communauté, celui d’être perçu comme collaborateur ou pire !! Les apôtres, quand ils reviennent des courses, sont eux-mêmes étonnés de voir Jésus en conversation avec cette étrangère.
      De plus, cette femme est connue à la ronde pour sa vie dissolue, s’approcher d’elle c’est se compromettre, c’est risquer d’être jugé ….c'est contracter une impureté...

Jésus qui sonde les reins et les cœurs sait tout cela, son intention fait fie de tous les préjugés et dépasse la simple soif du moment ! En se reposant sur la margelle de ce puits Jésus attend bien plus que de l’eau pour aussi fraîche soit-elle ! Sa demande de service n’est rien d’autre qu’une entrée en matière pour initier la rencontre, pour rendre à sa liberté première cette femme dévoyée.
La Samaritaine est sur la défensive, elle s’étonne qu’un Juif puisse demander à boire à une Samaritaine :
« Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.)

Jésus n’est pas démonté par cette réplique Il plonge cette femme au cœur du mystère :

« Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. »

La femme répond du tac au tac, elle ne se laisse pas décontenancer, elle va même narguer Jésus : « tu n’as rien pour puiser, serais-tu plus fort que ...? »

Sans doute, piqués au vif, nous aurions cherché une porte de sortie peu louable, il n’y a aucun ressentiment chez Jésus, Il sait où Il veut la conduire, toujours aussi calme Il poursuit la conversation sans se laisser impressionner :

« Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »

« A qui irions-nous dira Pierre, un jour, tu as les Paroles de la vie éternelle ! »

Notre Samaritaine rebondit immédiatement :

« Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser."

Pratique, la Samaritaine suit son idée quelle chance si elle et les siens n’avaient plus besoin de se déplacer pour puiser ! Quel temps gagné ! Que de fatigues épargnées !

Jésus aussi poursuit son idée, toujours aussi calme Il conduit cette femme plus loin qu’elle ne le pensait et sur un terrain où elle n’attendait pas ce voyageur :

« Va, appelle ton mari, et reviens. »

Ici tout bascule, nous passons de la soif physique à la soif autrement plus profonde qui change une vie ! La soif du sens, qui suis-je ? vers quoi,  je vais ? Où en suis-je ? Quels sont mes choix ?
Le ton change, de la déstabilisation, cette femme ne cherchait-elle pas en effet à déstabiliser le voyageur, on passe à la reconnaissance d’une vie dissolue et Jésus, sans le moindre reproche, l’aide à prendre conscience de la vacuité de sa vie.

Je dis bien « sans le moindre reproche » Jésus ne juge pas cette femme Il lui permet de reconnaître le désordre de sa vie, pour l’aider à entrer dans une autre perspective, celle de l’amour véritable :

« C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices ! « Mt 9,13

Quant au Pape François, il ne tient pas un autre langage : « Je vois, dit-il, l’Église comme un hôpital de campagne ….Il faut une Église qui n’ait pas peur d’entrer dans la nuit des hommes de notre temps ! Il faut une Église capable de les rencontrer sur leur chemin ! Il faut une Église capable de se mêler à leurs conversations. Il faut une Église qui sache dialoguer avec ses disciples…Une Église qui soigne les blessures et réchauffe le cœur…. »

En somme, le Christ et après Lui le Pape, font de nous des aides-soignants de l’amour blessé, le Pape François dit même les infirmiers !

Quel est notre langage quand nous découvrons les fragilités de nos frères et sœurs ? Apprenons de Jésus à tendre la main … à faire découvrir cette eau inépuisable qui coule de son cœur blessé par le péché de l’humanité, cette eau qui désaltère vraiment


Des centaines d’années après, Saint Paul a vu dans ce petit récit une image du Christ. Il dit dans sa première lettre aux Corinthiens que les hébreux « ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ » (1 Corinthiens 10,4)

Et nous, aujourd’hui, comment pouvons-nous boire cette eau vive que nous propose Jésus ? Je le disais déjà dimanche dernier nous avons à nous laisser enseigner par Jésus Lui-même en ne nous lassant pas  de le fréquenter dans l’Évangile, à nous laisser toucher par son amour dans les sacrements et notamment l’Eucharistie, baiser d’amour de Jésus à notre cœur, le sacrement du pardon où l’eau vive de sa blessure nous lave et nous renouvelle. Venons à la source et nous n’aurons plus jamais soif que de Lui !

» Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. » Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Cette rencontre a changé la vie de cette femme….prisonnière de ses servitudes elle est devenue, immédiatement missionnaire de l’amour vrai, au point que les samaritains du coin n’ont pas craint de recevoir Jésus chez eux. Leur regard a changé, leur cœur aussi ! Deux mondes qui s’ignoraient sont devenus frères, Voilà ce dont est capable l’Amour ! L’amour fait fondre la glace ! L’amour renverse les barrières !

"Quand j'aurais le don de prophétie, écrit St Paul, que je connaîtrais tous les mystères, et que je posséderais toute science; quand j'aurais même toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l’amour, je ne suis rien.  Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas l’amour, tout cela ne me sert de rien
 L’amour est patient, il est bon; l’amour n'est pas envieux, l’amour n'est point inconsidéré, il ne s'enfle point d'orgueil;  il ne fait rien d'inconvenant, il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne tient pas compte du mal;  il ne prend pas plaisir à l'injustice, mais il se réjouit de la vérité;  il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.

L’amour ne passera jamais.  (1Corinthiens  13)
                                      
Chers amis, soyons ces infirmiers dont l’Église a besoin aujourd’hui pour réchauffer les cœurs. Aimons !


L’ermite

ECOUTEZ-LE !

transfiguracion13.jpgDeuxième dimanche de Carême 2014.

Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmène à l'écart, sur une haute montagne.

Pour la Galilée, le mont Thabor (c’est de lui qu’il est ici question) est une haute montagne. Jésus, nous le savons, quand Il désire vivre un moment fort seul ou avec ses disciples se retire à l’écart et, le plus souvent sur une montagne lieu de silence et de solitude par excellence. Là, Il peut se recueillir plus facilement pour parler à son Père, là aussi, il peut enseigner ses disciples quand la foule avide de l’entendre ne le rejoint pas ! Si Jésus entraîne ses apôtres, les trois qu’Il a choisis, à l’écart, sur une montagne c’est qu’Il a quelque chose d’important à leur dire, ou à leur permettre d’expérimenter. Souvenons-nous du Mont Sinaï où Moïse rencontrait le Seigneur son Dieu, où il s’entretenait avec Lui, où il reçut les Tables de la loi …

Moïse descendit de la montagne de Sinaï; Moïse avait dans sa main les deux tables du témoignage, en descendant de la montagne; et Moïse ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante   (Exode 34)
  •      Disciples de Jésus, savons-nous, avant de prendre une décision importante nous recueillir pour recevoir du Seigneur les lumières dont nous avons besoin ?
Rencontrer Dieu n’est pas anodin ! Rencontrer Dieu transforme ! Rencontrer Dieu transfigure ! Faut-il encore se laisser vider de soi, de ses prétentions, pour revêtir le Christ ressuscité ! C’est toute la démarche du baptême où le Christ nous habille de Lui –même. Et c’est un des aspects du passage d’évangile proposé à notre méditation aujourd’hui. L’Évangéliste poursuit :

Il (Jésus) fut transfiguré devant eux ;
son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.

De Jésus, les apôtres ne connaissent que l’enveloppe humaine, cette chair qu’Il emprunte à notre humanité pour se faire proche de nous. Certes ils reconnaissent en Jésus un Maître qui les éclaire par ses enseignements et sa manière de vivre, ils voient bien les actes qu’il pose : guérisons, pain multiplié… mais comme nous disons en langage familier : ça glisse un peu ! Ils s’émerveillent, puis la vie continue ….Plusieurs fois Jésus évoque sa fin douloureuse, mais comme nous le faisons souvent, c’est tellement difficile à entendre qu’ils préfèrent parler de ce qui les préoccupe dans l’immédiat, par exemple : qui est le plus grand dans le Royaume de Dieu, qui siégera à Sa droite ?
  •      Disciples de Jésus, sommes-nous conscients de la merveille qu’est le sacrement du Baptême, savons-nous remercier le Seigneur pour ce don merveilleux et l’entretenir par la prière et les sacrements ?
Ici, loin du bruit, loin de l’agitation des foules, dans le silence de la montagne, Jésus peut être totalement ce qu’Il est : à savoir Lumière née de la Lumière ! Ici, Jésus peut laisser entrevoir qui il est vraiment et, si les apôtres ne comprennent pas tout, s’ils sont dépassés par ce qui se passe, ils ne pourront pas l’oublier ; et, le moment venu, ils se souviendront de ce moment extraordinaire où ils ont approché non seulement l’homme Jésus mais le Dieu d’amour, le Fils bien-aimé du Père !!

Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s'entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est heureux que nous soyons ici !
Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »

L’intensité de ce qu’ils vivent à cette heure les dépasse, c’est trop fort, ils se sentent très bien, ils sont heureux, revenir au quotidien, c’est envisager de descendre de la montagne, alors Pierre, qui n’a guère envie de retrouver ce train-train quotidien, fait une proposition toute terre à terre : dresser trois tentes pour que perdure la merveille :
  •      Disciples de Jésus, quand il nous arrive de vivre une expérience forte dans notre vie spirituelle (après une retraite, un sacrement …) ne nous est-il pas arrivé de souhaiter demeurer sur la montagne pour jouir de la gourmandise spirituelle ? N’oublions jamais que ces moments forts sont des lumières sur notre route pour nous propulser plus loin, pour nous soutenir dans les moments de fragilité…
Ici, c’est la voix du Père qui va les tirer de leur rêverie :

Il parlait encore, lorsqu'une nuée lumineuse les couvrit de son ombre ;
et, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour ;
écoutez-le ! »
Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre
et furent saisis d'une grande frayeur.

Ce que le Christ manifestait ainsi à ses disciples au sommet de la montagne, ce que Dieu ratifiait de sa Parole, n’était pas un simple spectacle nouveau, mais la manifestation éclatante de la divinisation en Lui de toute la nature humaine, y compris le corps, et de son union avec la splendeur divine. "La divinité de celui qui a prit notre humanité"
Voilà ce que dit la prière de l’offertoire de ce jour !
  •      Disciples de Jésus, comment pouvons-nous écouter le Verbe de Dieu, la Lumière née de la Lumière, comment, nous, aujourd’hui, pouvons-nous reconnaître sa voix ? Nous avons de nombreux moyens mis à notre disposition par l’Église : l’Écriture sainte, les sacrements, les enseignements, la prière, les frères...A nous de  saisir les possibilités qui nous sont offertes pour vivre toujours plus de Lui (Jésus) par Lui et en Lui.
L’iconographie chrétienne traduit les versets qui suivent d’une façon très réaliste. Les apôtres sont tellement bouleversés d’entendre la voix du Père qu’ils se retrouvent à terre, nous dirions familièrement les quatre fers en l’air et n’osant plus regarder !
Jésus s'approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et n'ayez pas peur ! »
Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul.

Nous l’avons remarqué, quand Jésus guérit, Il touche la personne,  il lui impose les mains,il prononce une Parole , c’est aussi le propre des sacrements…Jésus n’agit pas autrement ici, Il touche les apôtres pour les rassurer, les apaiser , Il leur demande de se relever …Rencontrer Jésus, se laisser approcher peut faire peur parfois : où cela va-t-il nous conduire nous demandons-nous ?


  • *     Disciples de Jésus n’ayons pas peur, Jésus connaît notre cœur, Jésus connaît nos limites, Il ne demandera pas plus que ce qui nous est possible de porter, vivons dans la confiance et l’abandon.

En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. »

 la vision a disparu. Les apôtres retrouvent le paysage de la Galilée. Ils ne peuvent vivre aujourd’hui dans l’éternité de la vision divine. Jésus est au milieu d’eux et redevient le charpentier de Nazareth, l’ami quotidien, fascinant,mystérieux,attachant.

Ils viennent de vivre en un instant ce qui est plus qu’une lumière d’
espérance puisqu’ils ont découvert une autre réalité dont ils mesureront la richesse au travers du temps et de la mesure de leur pauvreté et de leur faiblesse.

Mais aujourd’hui et dans les jours à venir, c’est à travers l’humiliation et la souffrance qui viennent pour Jésus, comme pour nous, que désormais la lumière doit briller. "C’est toi mon fils bien-aimé" a dit le Seigneur au moment du 
baptême de Jésus au Jourdain. "Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le" leur a-t-il dit au Thabor.
  •    Disciples de Jésus, marchons avec Lui, vers sa Pâque, vers notre Pâque aussi ne perdons pas de vue que nous sommes pèlerins et que notre vraie demeure est en Dieu, avec Jésus.

Notre route terrestre n’est pas éternelle elle nous prépare à la rencontre du Dieu vivant et vrai.

L'ermite

PRIÈRE ! CONVERSION ! PARTAGE !

Paix à chacun de vous !
Je n’avais pas l’intention de reprendre aussi vite nos rencontres hebdomadaires. Je tenais à laisser le temps à Monsieur mon cœur, de se remettre des maltraitances de la potion magique, (la perfusion) et, à l’ensemble, de bien se refaire !

Si je comprends bien le message, il semble que le Seigneur en ait décidé autrement ! Notre jeune Père aumônier de 92 ans a chuté et se retrouve en rééducation après une intervention chirurgicale. Quand nous n’avons pas de prêtre

la Communauté me demande d’assurer la méditation qui suit l’Évangile de la Liturgie dominicale sans prêtre. Nous sommes informées de la présence d’un prêtre, ou non, seulement le vendredi, je préfère prévoir. Le public de nos célébrations vient du village et des alentours,  je ne me livre pas à deux styles, je vous adresse donc mes réflexions et vous en souhaite bonne utilisation. J’ai, en effet, mauvaise conscience de ne pas partager….

Je vais beaucoup mieux mais je me repose encore un peu, je saurai si tout est rentré dans l’ordre lors du premier contrôle fin mai. Je semble en bonne voie et quoiqu’il en soit je (nous) suis dans la main du Seigneur. Donc TOUT VA BIEN


PREMIER DIMANCHE DE CARÊME 2014

Il n’est sans doute pas superflu de nous mettre en présence de la signification du temps de Carême….nous savons certes, en gros, de quoi il s’agit mais peut-être avons-nous oublié certains éléments importants.

Le mot CARÊME vient du mot latin « quadragésima » qui signifie quarantième jour, lequel désigne le JOUR de Pâques.

Quarante, ici, nous rappelle les quarante années du Peuple de Dieu au désert, en quête de la terre Promise et, plus près de nous les quarante jours de Jésus au désert pour se préparer à sa mission.
Cette période qui précède la Grande fête de Pâques est, pour le chrétien, un appel au renouvellement en mettant l’accent :


  •       Sur la prière
  •       La conversion
  •       Le partage
Elle s’ouvre par le MERCREDI dit des Cendres, où le prêtre, au cours de la Liturgie Eucharistique, trace une croix sur le front du chrétien avec de la cendre bénite qui indique notre fragilité, en disant : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle »  et l’Évangile de ce jour, nous incite  à prier et agir, non pas de manière orgueilleuse et ostentatoire, mais dans le secret du cœur : je parle de l’Évangile du mercredi des Cendres

- "Quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que te donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais en secret (...) 

- Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret (...)


-      Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement du Père qui est présent dans le secret".
Souvent, trop souvent, nous  associons Carême et pénitence avec tout son cortège d’efforts, c’est à la fois vrai et faux, ayons en mémoire les passages d’Écriture du Mercredi des Cendres : discrétion, parfum… je préfère cette façon positive, dynamique de l’envisager.

St Augustin parle d’un temps de « Transfiguration » le Père Scholtes un Jésuite, de « Re création « et un prêtre de paroisse, le Père Jacques Fournier évoque un temps de « résurrection » ! Si l’Église nous demande deux jours de jeûne (mercredi des Cendres et Vendredi Saint) si Elle nous demande de nous priver de viande les vendredis de Carême c’est pour nous réveiller et nous laisser « transfigurer » par le Christ qui ne cesse de nous inviter à plus de Vie ! Pour nous laisser re-créer, re-façonner par l’amour, pour faire le point, voir où nous en sommes et repartir avec plus d’élan sur le chemin de la vie. Et l’Église nous indique les moyens :

-      Prière
-      Partage
-      Conversion

Prière : savoir nous recueillir quelques instants remerciant Jésus du don de sa vie

Partage : le jeûne, l’abstinence, sont prévus non pour faire des économies mais pour soutenir des frères nécessiteux

Conversion : c’est Dieu qui nous convertit, c’est Lui qui nous offre les moyens de nous relever, de faire sauter les verrous des tombeaux de nos péchés….et n’allons pas croire que le Sacrement de la confession, du pardon, de la Réconciliation n’existe plus comme me l’affirmait une personne, en toute bonne foi d’ailleurs, voilà quelques mois. L’Église nous demande de nous approcher de ce sacrement au moins, une fois l’an, au temps de Pâques pour nous laisser transfigurer dans le sang de Jésus qui donne sa Vie pour notre salut. Alors, notre visage rayonnera de la grâce de Dieu comme rayonnait le visage de Moïse en descendant du Sinaï où il s’était entretenu avec Dieu.

Et voici ce que dit notre Pape François à propos de ce sacrement « Le sacrement de Réconciliation n’est pas un lieu de torture mais le lieu de la miséricorde dans lequel le Seigneur nous stimule à faire du mieux que nous pouvons. »

Quant à Jésus, Il ne révèle pas autre chose dans l’Évangile de ce jour :
Le diabolos, c’est-à-dire, le diviseur, le Satan, veut l’amadouer en lui proposant : avoir,  pouvoir et  gloire

L’avoir : tout cela je te le donnerai

Le pouvoir : ordonne que  ces pierres  deviennent du pain !

La gloire : si tu es le Fils de Dieu jette-toi en bas …

Et, vous l’avez remarqué, chaque fois, Jésus répond par une parole de l’Écriture
Alors, le démon vaincu, et sans doute penaud quitte Jésus !

L’avoir que nous pouvons placer en face du partage, le pouvoir en face, en face de la conversion, ce retournement du cœur, la gloire en face de la prière qui nous maintient en présence du Père.

Jésus ne fait pas semblant, Jésus en s’incarnant devient vraiment homme et assume entièrement notre condition humaine, Il s’en remet au Père plutôt que de se laisser dominer par le Satan et ces passions que peuvent devenir la peur du manque, l’attrait pour l’extraordinaire, la fascination du pouvoir.

Donne-nous Seigneur d’entrer et d’avancer joyeux dans ce temps de renouvellement, de transfiguration, de re-création, de Résurrection, pour nous lever joyeux, avec Jésus, en cette nuit de Pâques. Amen

L'ermite