samedi 22 mars 2014

DONNE-MOI A BOIRE.


TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2014

hermanoleon_samaritana02.jpg« Donne-moi à boire » ! Je ne peux entendre cette demande sans y reconnaître le cri déchirant de Jésus sur la croix : « J’ai soif ». Nous le verrons bientôt la soif de Jésus est bien différente du simple seau d’eau que pourrait lui proposer notre interlocutrice, Jésus a soif de libérer cette femme de ses esclavages.
 Jésus est épuisé par la route parcourue, le soleil brûle tout, on peut comprendre qu’Il ait terriblement soif Un puits sur la route, quelle aubaine ! Hélas ! Lui-même n’a rien pour puiser ! En apercevant cette femme, une Samaritaine qui vient puiser pour sa maisonnée, nous nous serions réjouis Mais, sans doute, aurions-nous hésité malgré la soif à demander le service d’un peu d’eau !

      Cette femme est une étrangère au sens profond du terme, quelqu’un avec qui nous n’avons absolument rien à voir, nous n’aurions peut-être pas couru le risque d’être rejeté par notre propre communauté, celui d’être perçu comme collaborateur ou pire !! Les apôtres, quand ils reviennent des courses, sont eux-mêmes étonnés de voir Jésus en conversation avec cette étrangère.
      De plus, cette femme est connue à la ronde pour sa vie dissolue, s’approcher d’elle c’est se compromettre, c’est risquer d’être jugé ….c'est contracter une impureté...

Jésus qui sonde les reins et les cœurs sait tout cela, son intention fait fie de tous les préjugés et dépasse la simple soif du moment ! En se reposant sur la margelle de ce puits Jésus attend bien plus que de l’eau pour aussi fraîche soit-elle ! Sa demande de service n’est rien d’autre qu’une entrée en matière pour initier la rencontre, pour rendre à sa liberté première cette femme dévoyée.
La Samaritaine est sur la défensive, elle s’étonne qu’un Juif puisse demander à boire à une Samaritaine :
« Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.)

Jésus n’est pas démonté par cette réplique Il plonge cette femme au cœur du mystère :

« Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. »

La femme répond du tac au tac, elle ne se laisse pas décontenancer, elle va même narguer Jésus : « tu n’as rien pour puiser, serais-tu plus fort que ...? »

Sans doute, piqués au vif, nous aurions cherché une porte de sortie peu louable, il n’y a aucun ressentiment chez Jésus, Il sait où Il veut la conduire, toujours aussi calme Il poursuit la conversation sans se laisser impressionner :

« Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. »

« A qui irions-nous dira Pierre, un jour, tu as les Paroles de la vie éternelle ! »

Notre Samaritaine rebondit immédiatement :

« Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser."

Pratique, la Samaritaine suit son idée quelle chance si elle et les siens n’avaient plus besoin de se déplacer pour puiser ! Quel temps gagné ! Que de fatigues épargnées !

Jésus aussi poursuit son idée, toujours aussi calme Il conduit cette femme plus loin qu’elle ne le pensait et sur un terrain où elle n’attendait pas ce voyageur :

« Va, appelle ton mari, et reviens. »

Ici tout bascule, nous passons de la soif physique à la soif autrement plus profonde qui change une vie ! La soif du sens, qui suis-je ? vers quoi,  je vais ? Où en suis-je ? Quels sont mes choix ?
Le ton change, de la déstabilisation, cette femme ne cherchait-elle pas en effet à déstabiliser le voyageur, on passe à la reconnaissance d’une vie dissolue et Jésus, sans le moindre reproche, l’aide à prendre conscience de la vacuité de sa vie.

Je dis bien « sans le moindre reproche » Jésus ne juge pas cette femme Il lui permet de reconnaître le désordre de sa vie, pour l’aider à entrer dans une autre perspective, celle de l’amour véritable :

« C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices ! « Mt 9,13

Quant au Pape François, il ne tient pas un autre langage : « Je vois, dit-il, l’Église comme un hôpital de campagne ….Il faut une Église qui n’ait pas peur d’entrer dans la nuit des hommes de notre temps ! Il faut une Église capable de les rencontrer sur leur chemin ! Il faut une Église capable de se mêler à leurs conversations. Il faut une Église qui sache dialoguer avec ses disciples…Une Église qui soigne les blessures et réchauffe le cœur…. »

En somme, le Christ et après Lui le Pape, font de nous des aides-soignants de l’amour blessé, le Pape François dit même les infirmiers !

Quel est notre langage quand nous découvrons les fragilités de nos frères et sœurs ? Apprenons de Jésus à tendre la main … à faire découvrir cette eau inépuisable qui coule de son cœur blessé par le péché de l’humanité, cette eau qui désaltère vraiment


Des centaines d’années après, Saint Paul a vu dans ce petit récit une image du Christ. Il dit dans sa première lettre aux Corinthiens que les hébreux « ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ » (1 Corinthiens 10,4)

Et nous, aujourd’hui, comment pouvons-nous boire cette eau vive que nous propose Jésus ? Je le disais déjà dimanche dernier nous avons à nous laisser enseigner par Jésus Lui-même en ne nous lassant pas  de le fréquenter dans l’Évangile, à nous laisser toucher par son amour dans les sacrements et notamment l’Eucharistie, baiser d’amour de Jésus à notre cœur, le sacrement du pardon où l’eau vive de sa blessure nous lave et nous renouvelle. Venons à la source et nous n’aurons plus jamais soif que de Lui !

» Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : « Il m'a dit tout ce que j'ai fait. » Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Cette rencontre a changé la vie de cette femme….prisonnière de ses servitudes elle est devenue, immédiatement missionnaire de l’amour vrai, au point que les samaritains du coin n’ont pas craint de recevoir Jésus chez eux. Leur regard a changé, leur cœur aussi ! Deux mondes qui s’ignoraient sont devenus frères, Voilà ce dont est capable l’Amour ! L’amour fait fondre la glace ! L’amour renverse les barrières !

"Quand j'aurais le don de prophétie, écrit St Paul, que je connaîtrais tous les mystères, et que je posséderais toute science; quand j'aurais même toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l’amour, je ne suis rien.  Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas l’amour, tout cela ne me sert de rien
 L’amour est patient, il est bon; l’amour n'est pas envieux, l’amour n'est point inconsidéré, il ne s'enfle point d'orgueil;  il ne fait rien d'inconvenant, il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne tient pas compte du mal;  il ne prend pas plaisir à l'injustice, mais il se réjouit de la vérité;  il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.

L’amour ne passera jamais.  (1Corinthiens  13)
                                      
Chers amis, soyons ces infirmiers dont l’Église a besoin aujourd’hui pour réchauffer les cœurs. Aimons !


L’ermite

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