TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME 2014
Jésus
est épuisé par la route parcourue, le soleil brûle tout, on peut comprendre
qu’Il ait terriblement soif Un puits sur la route, quelle aubaine !
Hélas ! Lui-même n’a rien pour puiser ! En apercevant cette femme, une Samaritaine
qui vient puiser pour sa maisonnée, nous nous serions réjouis Mais, sans doute,
aurions-nous hésité malgré la soif à demander le service d’un peu d’eau !
Cette
femme est une étrangère au sens profond du terme, quelqu’un avec qui nous
n’avons absolument rien à voir, nous n’aurions peut-être pas couru le risque
d’être rejeté par notre propre communauté, celui d’être perçu comme collaborateur
ou pire !! Les apôtres, quand ils reviennent des courses, sont eux-mêmes
étonnés de voir Jésus en conversation avec cette étrangère.
De plus,
cette femme est connue à la ronde pour sa vie dissolue, s’approcher d’elle c’est
se compromettre, c’est risquer d’être jugé ….c'est contracter une impureté...
Jésus qui sonde les reins et les cœurs
sait tout cela, son intention fait fie de tous les préjugés et dépasse la
simple soif du moment ! En se reposant sur la margelle de ce puits Jésus
attend bien plus que de l’eau pour aussi fraîche soit-elle ! Sa demande de
service n’est rien d’autre qu’une entrée en matière pour initier la rencontre,
pour rendre à sa liberté première cette femme dévoyée.
La Samaritaine est sur la défensive,
elle s’étonne qu’un Juif puisse demander à boire à une Samaritaine :
« Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire, à moi, une
Samaritaine ? » (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les
Samaritains.)
Jésus n’est pas démonté par cette réplique Il plonge cette femme
au cœur du mystère :

La femme répond du tac au tac, elle ne se laisse pas
décontenancer, elle va même narguer Jésus : « tu n’as rien pour
puiser, serais-tu plus fort que ...? »
Sans doute, piqués au vif, nous aurions
cherché une porte de sortie peu louable, il n’y a aucun ressentiment chez
Jésus, Il sait où Il veut la conduire, toujours aussi calme Il poursuit la
conversation sans se laisser impressionner :
« Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui
qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau
que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle.
»
« A qui irions-nous dira Pierre, un jour, tu as les Paroles
de la vie éternelle ! »
Notre Samaritaine rebondit immédiatement :
« Seigneur, donne-la-moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et
que je n'aie plus à venir ici pour puiser."
Pratique, la Samaritaine suit son idée quelle chance si elle et
les siens n’avaient plus besoin de se déplacer pour puiser ! Quel temps
gagné ! Que de fatigues épargnées !
Jésus aussi poursuit son idée, toujours aussi calme Il conduit
cette femme plus loin qu’elle ne le pensait et sur un terrain où elle
n’attendait pas ce voyageur :
Ici tout bascule, nous passons de la soif physique à la soif
autrement plus profonde qui change une vie ! La soif du sens, qui
suis-je ? vers quoi, je vais ?
Où en suis-je ? Quels sont mes choix ?
Le ton change, de la déstabilisation, cette femme ne
cherchait-elle pas en effet à déstabiliser le voyageur, on passe à la
reconnaissance d’une vie dissolue et Jésus, sans le moindre reproche, l’aide à
prendre conscience de la vacuité de sa vie.
Je dis bien « sans le moindre reproche » Jésus ne juge
pas cette femme Il lui permet de reconnaître le désordre de sa vie, pour
l’aider à entrer dans une autre perspective, celle de l’amour véritable :
« C’est la miséricorde que je veux et non les
sacrifices ! « Mt 9,13
Quant au Pape François, il ne tient pas un autre langage : « Je
vois, dit-il, l’Église comme un hôpital de campagne ….Il faut une Église qui
n’ait pas peur d’entrer dans la nuit des hommes de notre temps ! Il faut
une Église capable de les rencontrer sur leur chemin ! Il faut une Église
capable de se mêler à leurs conversations. Il faut une Église qui sache
dialoguer avec ses disciples…Une Église qui soigne les blessures et réchauffe
le cœur…. »
En somme, le Christ et après Lui le Pape, font de nous des
aides-soignants de l’amour blessé, le Pape François dit même les infirmiers !
Quel est notre langage quand nous découvrons les fragilités de nos
frères et sœurs ? Apprenons de Jésus à tendre la main … à faire découvrir
cette eau inépuisable qui coule de son cœur blessé par le péché de l’humanité,
cette eau qui désaltère vraiment
Des centaines d’années après, Saint Paul a vu dans ce petit récit
une image du Christ. Il dit dans sa première lettre aux Corinthiens que les
hébreux « ont tous bu le même breuvage spirituel,
car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ » (1 Corinthiens 10,4)
Et nous, aujourd’hui, comment pouvons-nous boire cette eau vive
que nous propose Jésus ? Je le disais déjà dimanche dernier nous avons à
nous laisser enseigner par Jésus Lui-même en ne nous lassant pas de le fréquenter dans l’Évangile, à nous
laisser toucher par son amour dans les sacrements et notamment l’Eucharistie,
baiser d’amour de Jésus à notre cœur, le sacrement du pardon où l’eau vive de
sa blessure nous lave et nous renouvelle. Venons à la source et nous n’aurons plus
jamais soif que de Lui !

Cette rencontre a changé la vie de cette
femme….prisonnière de ses servitudes elle est devenue, immédiatement
missionnaire de l’amour vrai, au point que les samaritains du coin n’ont pas
craint de recevoir Jésus chez eux. Leur regard a changé, leur cœur aussi !
Deux mondes qui s’ignoraient sont devenus frères, Voilà ce dont est capable
l’Amour ! L’amour fait fondre la glace ! L’amour renverse les
barrières !
"Quand
j'aurais le don de prophétie, écrit St Paul, que je connaîtrais tous les
mystères, et que je posséderais toute science; quand j'aurais même toute la
foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l’amour, je ne suis
rien. Quand je distribuerais tous mes
biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes,
si je n'ai pas l’amour, tout cela ne me sert de rien
L’amour est patient, il est bon; l’amour n'est
pas envieux, l’amour n'est point inconsidéré, il ne s'enfle point
d'orgueil; il ne fait rien
d'inconvenant, il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne
tient pas compte du mal; il ne prend pas
plaisir à l'injustice, mais il se réjouit de la vérité; il excuse tout, il croit tout, il espère
tout, il supporte tout.
L’amour ne passera
jamais. (1Corinthiens 13)
Chers amis, soyons ces infirmiers dont l’Église a besoin
aujourd’hui pour réchauffer les cœurs. Aimons !
L’ermite
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