vendredi 12 juillet 2019

COMMENT LIS-TU ?





QUINZIEME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

ANNEE C

(Lc 10, 25-37)



« Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, »telle est l’ouverture de la première lecture de ce jour. Et que sommes-nous invités à écouter en ce début de Vacances ? Essentiellement la Parole du Seigneur pour la mettre en pratique et cette Parole dit encore le Deutéronome Elle est tout près de toi, cette Parole,elle est dans ta bouche et dans ton cœur,afin que tu la mettes en pratique.Nous sommes donc invités à rentrer en nous-mêmes pour entendre ce Dieu de Tendresse et d'amour, qui ne cesse de parler à nos cœurs.
S'il avait été attentif le Docteur de la Loi de l’Évangile n'aurait pas tenté de mettre Jésus à l'épreuve : un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve
Les 72, viennent de rentrer de mission, ils ont rendu compte au Maître de ce vécu et Jésus participe à leur joie
Au même moment, il tressaillit de joie par l'Esprit-Saint, et il dit: " Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples. Oui, Père, car tel fut votre bon plaisir. Toutes choses m'ont été remises pas mon Père; et personne ne sait ce qu'est le Fils, si ce n'est le Père, ni ce qu'est le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler. "
Et se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier: " Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous, vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu. (Luc 10)

Chaque fois que je rencontre cette volonté de sonder Jésus dans les Évangiles j'éprouve comme une blessure ! Quel orgueil démesuré s'exprime dans cette parole ! Une créature qui veut mettre Son Créateur à l'épreuve , Le sonder , tenter de Le faire trébucher, toutes proportions gardées c'est un peu comme un jeune enfant à l'aube de sa vie qui veut en remontrer à ses parents ! C'est insensé ! Et ce Docteur de la Loi manifeste ici son inconsistance, son absence absolue de foi, la démesure de son impertinence qui donnerait envie de l'ignorer ! Et quel est le contenu de son attente , de son questionnement ?

« Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »Jésus n'est pas dupe, Jésus n'est jamais dupe, à la question, Il n'hésite pas, comme cela lui arrive assez souvent à répondre, sans violence aucune, à la question par une autre question :Jésus lui demanda :« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ?Et comment lis-tu ?»
Jésus sait qu'en bon Juif et en tant que Docteur, Il connaît parfaitement la Loi toutefois Il invite son interlocuteur à aller plus loin que la simple connaissance du texte,Jésus lui demande de s'exprimer sur le contenu, sur le fond : comment lis-tu ce texte ? c'est le conduire à rentrer en lui-même pour analyser sa propre façon d'appliquer ce qu'il connaît. Jésus lui demande de s'exprimer sur le fond de cette loi !     
L’autre répondit :« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme,de toute ta force et de toute ton intelligence,et ton prochain comme toi-même. »Jésus lui dit :« Tu as répondu correctement.Fais ainsi et tu vivras. »Jésus trouve la réponse conforme et comme notre Docteur n'a rien dit sur le fond Jésus lui demande d'agir comme le demande la Loi ! C'est l'inviter non seulement à une connaissance livresque mais à une adéquation de sa vie à ce qu'il prône, connaît et enseigne , ! Comme cet homme est intelligent et subtil il ne voudrait pas perdre la face et renchérit  pour se justifier, dit le texte de ce jour, c'est bien qu'il se sent un peu déstabilisé :Mais lui, voulant se justifier,dit à Jésus :« Et qui est mon prochain ? » Il ne cède rien et espère encore embarrasser Jésus. Cet homme connaît la réponse, mais il est prisonnier du qu'en dira-t-on , de ses principes, de ceux de son peuple …Il ne vit pas, il vivote et joue un personnage de façon inconsciente certes, mais bien réelle. Il veut être conforme à ce que tout le monde pense, il réfléchit mais de façon superficielle, il utilise mal son intelligence et ses connaissances !
Une première remarque pour notre propre conduite s'impose : discutailler est non seulement malhonnête, mais c'est une perte de temps qui nous enfonce au lieu d'éclairer une situation précise.
Deuxième remarque : chercher à piéger son frère pour le mettre en difficulté est pure bassesse . Nos relations doivent être loyales et toujours en quête de vérité dans un dialogue franc et cordial !
Encore une fois Jésus ne rentre pas dans le jeu de cet homme, il va le conduire là où il ne l'attendait pas et il sera obligé de baisser la garde. Au lieu de polémiquer de façon stérile , Jésus, Sagesse éternelle du Père lui raconte une histoire :Jésus reprit la parole :« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,et il tomba sur des bandits ;ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,s’en allèrent, le laissant à moitié mort.Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ;il le vit et passa de l’autre côté.De même un lévite arriva à cet endroit ;il le vit et passa de l’autre
côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ;il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ;puis il le chargea sur sa propre monture,le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,et les donna à l’aubergiste, en lui disant :Prends soin de lui ;tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.’

En bon Juif et qui plus est, Docteur de la Loi, notre interlocuteur fait très bien la différence entre le prêtre, le Lévite et le Samaritain. Il connaît leur statut et leur rôle dans la société. Il sait aussi que les Samaritains que nous évoquions dimanche dernier, ne sont pas bien cotés .Et ce n'est pas nouveau! Le Peuple Juif détestait les Samaritains qu'ils considéraient comme des hérétiques et ces derniers ne pardonnaient pas aux Juifs d'avoir détruit leur sanctuaire sur le mont Garizim. Le mépris était ancestral. Ben Sirac cite parmi les peuples considérés comme détestables les samaritains « le peuple stupide qui demeure à Sichem ; Si 50,26 Jésus choisit donc, à dessein, ces personnages non pour renverser la situation et mettre notre Docteur à l'épreuve, mais pour lui permettre une réflexion profonde qui devrait changer son regard et son cœur. Lui permettre aussi, de prendre conscience que le Bien comme le Mal habitent tout humain, que chaque être est capable du meilleur comme du pire. Le Bien comme le Mal n'appartiennent ni à une classe, ni à une race ,ni à une religion, quelle que soit son origine,son inculturation, tout homme peut se transcender.Mais Jésus va encore plus loin en lui révélant qu'au-dessus des rites, il y a l'amour ! Jésus montre que ce Samaritain , mécréant aux yeux des Judéens est capable d'être à l'image de Dieu !
Au malheur physique et au préjudice moral de cet homme blessé s'ajoute celui de l'exclusion liée aux coutumes juives de l'époque.En effet, touché, par des impurs, ses attaquants , il devient impur lui-même.C'est sans doute la raison de l'indifférence que manifeste le Prêtre, puis le Lévite qui en tant que « religieux » ne tiennent pas à devenir impurs à leur tour, en touchant un impur! N’oublient-ils pas ce que déclarait le Prophète Osée de la part de Dieu ? « C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices ; et la connaissance de Dieu je la préfère aux holocaustes » Os 6,6 Le
Samaritain de son côté est parfaitement libre quant aux rites , il ne se pose pas de questions et agit selon son cœur sans qu'il en soit conscient, son cœur est habité par Dieu et c'est l'Esprit de Dieu qui va guider ses actes !Dans ce Samaritain Jésus nous montre un être débordant de compassion qui ne se contente pas de pallier à l'urgent à l'immédiat laissant à d'autres le soin de finaliser la prise en charge, non ! Ce Samaritain va accomplir la mission qui lui a été confiée, et, au retour, il s'arrêtera à l'auberge pour régler le supplément de facturation ! Jésus nous montre jusqu'où doit aller l'amour du frère et me vient à l'esprit cette citation de Saint Exupéry dans le Petit Prince «  tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé » l'amour n'a pas de limites, nous n'aurons jamais fini d'aimer ! Jésus peut à présent faire intervenir le Docteur de la Loi , il a en mains, si je puis dire les « outils » pour évaluer la situation et répondre lui-même à la question qu'il posait à Jésus !
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »Remarquons au passage que Jésus ne reprend pas exactement la question du Docteur de la Loi, Il ne dit pas « qui est mon prochain ? » mais à ton avis, sous entendu après ce que tu viens d'entendre, « qui a été le prochain » de l'homme tombé aux mains des brigands ,Cette nuance me semble importante il ne s'agit pas de trier parmi les hommes,celui ou ceux qui me sont proches, mais de SE FAIRE LE PROCHAIN de tous ceux qui ont besoin d'un quelconque secours !  Le docteur de la Loi répondit :« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Apparemment, le Docteur de la loi a écouté et compris le message, il ne fuit pas la question de Jésus et donne la réponse adaptée à la situation . Avoir compris est une chose Jésus lui montre qu'il convient d'aller plus loin encore ::Jésus lui dit :« Va, et toi aussi, fais de même. »N'y a-t-il pas ici un appel pressent, pour le Docteur et pour chacun de nous, à harmoniser nos vies avec ce que nous comprenons de l’Évangile ? Quand une femme s'exclame « heureux le sein qui t'a porté ! Jésus répond : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11) Et dans ce même évangile, alors qu'on lui annonce la visite de Sa Mère et des Ses frères (sa parenté) Jésus répond " Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. (Luc 8)Jésus invite le Docteur de la Loi et chacun de nous, non seulement à connaître mais à vivre et faire vivre Sa Parole de Vérité dans et par nos vies sachant que mon prochain c'est TOUTE PERSONNE qui réclame mon attention sans distinction .



Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur !
 (Ps 18b, 9ab)
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :
plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.



La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie" (Pape François).

Nous pouvons tous nous situer encore loin, très loin, trop loin de cette loi fondamentale qui devrait habiter nos cœur : porter un regard de miséricorde sur nos frères. Sur tous nos frères. Ces courtes prières nous aideront peut-être à demander à Dieu cette grâce de la miséricorde. À nous préparer à la rencontre – au nom du Christ – de l’autre, le différent, l’étranger, celui ou celle qui, croyant ou non croyant, croise votre route…



En ce début de journée, Seigneur, si je dois rencontrer l’autre, toute personne que tu mets sur ma route, aide-moi au préalable à me dépouiller de mes soucis, de mes angoisses et de mes craintes. Je te les confie, à Toi et à Marie, Ta Mère, le temps d’être pleinement présent et à l’écoute de cette personne, de ses propres soucis, de ses propres angoisses, de ses propres craintes comme de ses joies
Qu’il me soit donné, par ta protection, d’accueillir toute personne dans un esprit de véritable humilité, celle qui ouvre à l’amour de Dieu et de son prochain, sans orgueil ni rabaissement de soi. Rappelle-moi sans cesse que je ne suis ni au-dessus ni en-dessous mais à coté de celui ou celle que je rencontre. Donne-moi la grâce de savoir la regarder d’abord comme une personne, un frère ou une sœur.
Seigneur, toi qui connais mon péché et ma faiblesse, ne me laisse pas tomber dans la culpabilité, mais, au contraire, par ta miséricorde, rends moi humble de cœur et éclaire mon esprit pour que je sois ton meilleur avocat pendant ce temps de rencontre et de dialogue.
Seigneur, si cette personne souffre, donne-moi, par la grâce de l’Esprit Saint, de ne me croire ni un guérisseur de sa souffrance, ni totalement impuissant. Je sais que seule Ta parole panse les plaies de l’âme et du cœur, libère et guérit, c’est pourquoi je voudrais tant la lui faire connaître.
Seigneur, si je dois accueillir l’étranger, le croyant d’une autre religion, fais que je vois en lui ton image et non pas celle d’un ennemi ; fais tomber mes préjugés. Suscite en moi le désir de l’aimer et d’être, si les circonstances le permettent, un bon samaritain « spirituel ».
Seigneur, si je dois me taire, que mon silence soit un silence d’accueil, de respect, un silence qui permet à l’autre de s’écouter et d’espérer, non un silence d’indifférence ou de lassitude.
Seigneur, si je dois parler, que mes paroles soient des paroles de vérité qui ouvrent sur la vie et non un discours de pure convention qui laisse mon interlocuteur dans le vide du doute. Fais de moi un messager de Ta parole, celle qui éclaire et donne un sens à toute vie.
Seigneur, si je dois entendre l’angoisse, que je me souvienne que tu as dit : « Ne crains pas » et « Je vous laisse ma paix ». Que la force de cette paix, à travers moi, soit, pour cette personne, source de confiance et de sérénité.
Seigneur, si je dois entendre le doute et le désespoir, que ma foi, même fragile, soit perceptible et fasse germer une fleur d’espérance.
Seigneur, si je dois entendre la révolte ou la colère, apprends-moi à savoir l’accueillir, la laisser s’exprimer, sans la juger. Donne-moi, aussi, de savoir écouter la souffrance qu’elle cache. »
Seigneur, si je dois entendre la haine, fais parler mon cœur de chair et non pas mon cœur de pierre ; qu’il oppose à cette haine des silences qui apaisent et des mots qui invitent à un autre chemin, celui de l’amour et du pardon.
Seigneur, si je dois entendre l’insulte ou l’injure, ne laisse pas bafouer ton Nom ni ma dignité de chrétien. Si je ne peux empêcher qu’un sentiment de colère gronde en moi, écarte de moi tout désir mauvais de riposte et préserve-moi de toute parole blessante car « l’amour supporte tout, l’amour endure tout ». 
Seigneur, si je dois entendre le cri de la solitude, que mes paroles réchauffent ce cœur en mal d’amour. Mais pour briser cet isolement, Seigneur, j’ai besoin de ton aide : Éclaire, par le mystère de Ta présence invisible, la nuit dans laquelle cette personne est plongée. Donne-lui des signes de ton amour. Puisse-t-elle, ainsi, accéder à la conviction qu’elle n’est jamais seule.
Seigneur, si je suis démuni, sans force, sans réponse face à la soif de mieux vivre de cette personne qui, me dit-elle, croit en toi, peut-être est-ce le moment de te prier. Apprends-moi à discerner dans ses paroles et ses silences son désir, même non exprimé, de s’abandonner dans la prière. Rassemble-nous tous les deux, dans une même invocation, car tu as dit : « Si deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quelque chose,  ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux ».
Seigneur, si je dois entendre la joie, que je m’y associe pleinement et que mon cœur s’en réjouisse. Je t’en rendrai grâce dans le secret. Si je rencontre la tristesse, que mon regard compatissant l’atténue et que ma joie intérieure de chrétien transparaisse, afin de rendre apaisé(e), ou moins triste, celle ou celui que je rencontre.
 Seigneur, après ces rencontres, que je trouve le temps et le désir, jour après jour, de te confier dans mes prières toutes celles et tous ceux que tu as mis sur ma route. Anime mon cœur d’un sentiment d’amour pour eux, car, aurais-je rencontré des milliers de personnes, « s’il me manque l’amour, je ne suis rien ».
(diffusé par Aleteia)

L'Ermite

vendredi 5 juillet 2019

LA MOISSON ATTEND DES OUVRIERS


QUATORZIEME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

ANNEE C


(Lc 10, 1-12.17-20)


Cette péricope suit immédiatement l’Évangile de dimanche dernier. Nous avons vu Jésus empêché de rentrer chez les samaritains , les Apôtres mécontents auraient bien appeler le feu du ciel sur leurs têtes, alors que Jésus choisit l'apaisement. Puis,nous avons été confrontés à trois types d'appels vocationnels et , aujourd'hui, Luc nous parle de l'envoi en mission de 72 disciples .
Disciples ? Apôtres ? Nous rencontrons assez souvent ces expressions sans nécessairement bien comprendre et nous restons sur notre questionnement.
Les Apôtres , nous savons qu'il y en a douze et nous connaissons leurs noms?Le terme « apôtre » signifie envoyé. Peu utilisé dans l'Ancien Testament on le trouve au moins 80 fois dans le Nouveau. Ce qui définit l'Apôtre, c'est qu'il est envoyé par la Seigneur pour annoncer l’Évangile aux Nations.Pendant des siècles , le terme fut utilisé pour désigner presque exclusivement les Douze ainsi que Saint Paul, appelés et envoyés par Jésus Lui-même.
Peu à peu, le terme évolue pour désigner, également, ceux qui, les premiers portèrent l’Évangile dans une ville ou dans un Pays. Tels Saint Boniface « apôtre des Germains » Saint José de Anchieta, « apôtre du Brésil », Saint François Xavier, « apôtres des Indes », Saint Patrick « Apôtre de l'Irlande ». Ces grands missionnaires, furent envoyés non par Jésus mais par l'Esprit Saint !
Le mot « disciple » désigne un élève ou un étudiant. Il désigne une personne qui se met à l'école d'un Maître parce qu'elle veut apprendre sa discipline.On trouve ce terme une trentaine de fois dans le Nouveau Testament.A l'origine, il s'agissait de ceux et celles qui suivaient Jésus et recevaient Son enseignement ; après Son départ, c'est ainsi qu'on appelait les Premiers chrétiens, d'ailleurs, aujourd'hui encore, les chrétiens pratiquants sont des « disciples du Christ ».
Et ces 72 disciples qui sont-ils ? D'eux on ne sait rien lisons-nous dans Prions en Église!et je cite : «  Ils ne sont pas anonymes pour autant. Le nombre renvoie à la liste des peuples descendants des fils de Noé (Gen 10) et évoque la totalité des hommes de la terre. Envoyés deux par deux (pour les Juifs deux témoins sont nécessaires pour régler un litige) (ceci est une mesure de sagesse, nous y reviendrons), ils sont pourvus d'un maigre viatique : ni bourse, ni sac , ni sandales. Pas de salutations : l'urgence de la mission est à ce prix ! »
Parmi les disciples,le Seigneur en désigna encore 72,et il les envoya deux par deux, en avant de lui,en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.
Jésus les envoie deux par deux, cela semble une mesure de sagesse disais-je plus haut ! En effet, en cas de danger ou de difficulté l'un peut secourir l'autre, par ailleurs, dans les décisions, il est bon de pouvoir échanger pour discerner ce qui semble le meilleur , le plus adapté à une situation précise.Jésus n'est-Il pas la Sagesse même ?
Il leur dit :« La moisson est abondante,mais les ouvriers sont peu nombreux.Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Moissonner c'est recueillir ce qui a été semé et qui a poussé, c'est rassembler, et engranger , quand Jésus parle d'une moisson abondante ne nous dit-Il pas , comme Il le fait ailleurs , que le Royaume est déjà là, que l'Esprit ne nous attend pas, qu'Il œuvre dans le Champ du Père et que nous devons apprendre à recueillir et accueillir les signes de la Présence divine dans la vie de nos frères et surtout en être les révélateurs ? Dieu Trinité habite la vie humaine, souvent, l'individu ne sait pas reconnaître cette Présence il est indispensable que d'autres frères et sœurs formés, plus expérimentés, leur permettent de reconnaître l'action de la Trinité Sainte dans leur vie quotidienne ! Tout récemment, un père de famille qui fait souvent appel à la prière de l'ermite me racontait : « je voyageais avec ma nièce qui passe le bac de français et l'épreuve d'Histoire Géographie, ses parents ne l'élèvent pas dans la foi et elle me partageait ses craintes . Je lui ai suggéré de confier cette inquiétude au Seigneur et
de Lui demander de l'aider. Ce qu'elle a fait lui confiait-elle le lendemain où elle s'étonnait d'avoir été entendue ! »Voilà une manière d'éveiller à la foi, à l'approfondissement, à la recherche de Dieu. Ce monsieur s'est conduit en évangélisateur, en disciple, en révélant à sa nièce qu'elle n'est pas seule, qu'elle peut s'adresser à cet Être supérieur qui l'aime et prend soin des détails de sa vie .Ce sera peut-être, pour elle, le début d'un chemin de foi !
L'envoyé de Dieu est un révélateur de l'action de Dieu dans la vie des hommes. Évangéliser c'est donc permettre à nos frères de voir Dieu à l’œuvre dans leur vie, c'est, comme le dit Saint Paul récolter, là où nous n'avons pas semé !
Même si le terrain est ensemencé par le Seigneur Lui-même, Jésus ne cache pas les difficultés qui se dresseront sur la route :
Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Jésus, par ce
terme d'agneau, précise quelle devra être l'attitude fondamentale de l'envoyé . au milieu des loups. Les loups sont toutes les embûches qui se dresseront pour barrer la route des disciples , c'est-à-dire les rejets, les controverses, les attaques de toutes sortes,.Jésus ne l'a-t-il pas expérimenté Lui-même ? Dimanche dernier les Samaritains lui refusent l'entrée du village, une autre fois, ses interlocuteurs lui diront, « ça va nous t'écouteront une autre fois » quand Il vient à Nazareth on ne le prend pas au sérieux parce que Sa famille est connue , tout l’Évangile est émaillé d'exemples du genre, aussi Jésus les avertit pour qu'ils ne se troublent pas et se conduisent avec douceur et humilité quelles que soient les attaques , les rejets, leses rejets, les violences, eux, dirions-nous doivent rester «  zen » ,sans le moindre signe extérieur de richesse qui , si c'était le cas, fausserait les raisons de l'accueil. 
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales,et ne saluez personne en chemin. L'envoyé doit être accueilli pour ce qu'il est, et non pour ce qu'il a  ou pour ce qu'il pourrait donner ! L'envoyé doit être et doit rester libre, sa mission est de montrer une direction, de permettre aux personnes de découvrir l’œuvre de Dieu dans leur vie quotidienne et il n'y a pas de meilleur moyen que de vivre avec :
Mais dans toute maison où vous entrerez,dites d’abord :Paix à cette maison.’S’il y a là un ami de la paix,votre paix ira reposer sur lui ;sinon, elle reviendra sur vous.Restez dans cette maison,mangeant et buvant ce que l’on vous sert ;car l’ouvrier mérite son salaire.Ne passez pas de maison en maison.Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis,mangez ce qui vous est présenté.Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur :‘Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ 
En véritable agneau Jésus les engage à annoncer la paix, à offrir la paix ce don si précieux , ce fruit de l'Esprit par excellence « Mais voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, (Galates 5) à se conduire pacifiquement , n'est-ce pas Sa propre attitude dans toutes les rencontres qui furent les siennes ? Jésus est en route pour Jérusalem, Il sait ce qui L'attend et nous savons aujourd'hui comment Il affronte la trahison, les accusations, le jugement «  comme un agneau ! « Moi, j'étais comme un agneau docile qu'on emmène à l'abattoir, et je ne savais pas ce qu'ils préparaient contre moi. Ils disaient : 'Coupons l'arbre à la racine, retranchons-le de la terre des vivants, afin qu'on oublie jusqu'à son nom.' (Jérémie 11)
Si leur salutation de paix est accueillie c'est un signe qu'ils le sont aussi et il n'est pas utile d'aller de maison en maison, leur présence sera attractive et, comme un aimant, elle attirera les foules ! Jésus, là encore, par Sa vie l'a prouvé, les foules se bousculaient pour le voir, pour L'approcher , Le toucher et se laisser toucher . Jésus les invite également à se comporter avec simplicité en acceptant ce qui leur est servi .Ici pas de régime spécial, on ne demande pas , on évite le particularisme, on se fait tout accueil même si cela peut entraîner des soubresauts comme Il en a connu Lui même :: " Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les pécheurs? (Marc 2) et  « À qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres : “Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons entonné des chants de deuil, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.” Jean Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “C’est un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” « Mais la sagesse de Dieu se révèle juste à travers ce qu’elle fait. » Mt 11,16
L'accueil qui leur sera accordé sera un signe de la Présence de Dieu, en eux et parmi eux ! Par contre dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis,allez sur les places et dites :Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds,nous l’enlevons pour vous la laisser.Toutefois, sachez-le :le règne de Dieu s’est approché.’Je vous le déclare : au dernier jour,Sodome sera mieux traitée que cette ville. » Il ne s'agit pas de déclarer la guerre, d'entrer dans des discussions interminables, de prouver quoique ce soit à quiconque, Jésus propose et Sepropose, Il ne s'impose jamais« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai
chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi ». (Apocalypse 3) le disciple doit agir comme le Maître ! « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son maître, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. Si vous savez ces choses vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. Je ne dis pas cela de vous tous; je connais ceux que j'ai élus; mais il faut que l'Écriture s'accomplisse: "Celui qui mange le pain avec moi, a levé le talon contre moi." Je vous le dis dès maintenant, avant que la chose arrive, afin que, lorsqu'elle sera arrivée, vous reconnaissiez qui je suis. (Jean 13) Comme Jésus ne fait rien qu'Il ne voie faire par le Père, le disciple doit regarder Jésus, écouter Jésus et agir comme Jésus ! C'est vrai pour les disciples de tous les temps ! Nous sommes invités, nous, les disciples d'aujourd'hui, à regarder Jésus pour vivre et agir comme lui l'a fait ! C'est la devise épiscopale de notre évêque : « Comme eux, débarrassons-nous de tout ce qui nous alourdit, et d'abord du péché qui nous entrave si bien ; alors nous courrons avec endurance l'épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l'origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré, sans avoir de honte, l'humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui. » (Hébreux 12)


La mission accomplie, le moment est venu de retrouver le Maître pour Lui rendre compte de la mission :
Les 72 disciples revinrent tout joyeux,en disant :« Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »Jésus leur dit : Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions,et sur toute la puissance de l’Ennemi :absolument rien ne pourra vous nuire.Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ;mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
Ce « toutefois » est le bienvenu , en effet, le risque est toujours latent de se croire auteur et non acteur d'une mission qui nous dépasse , qui dépasse les disciples de l'époque et ceux d'aujourd'hui ! « Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et, si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu ? » 1 Co 4 . Nous recevons tout de Notre Père des cieux , comme Jésus recevait tout Lui-même, la Source c'est le Père,il nous suffit d'être accueil et de transmettre, nous sommes des « passeurs » non des accapareurs ni des créateurs ! Il n'y a qu'un seul Créateur : Dieu , Père, et Fils et Saint Esprit !



Terre entière, acclame Dieu,
chante le Seigneur !
 (cf. Ps 65, 1)
Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »
Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.
Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.
Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !
Tout vient de toi, ô Père très bon :
Nous t'offrons les merveilles de ton amour.


L'Ermite