vendredi 12 juillet 2019

COMMENT LIS-TU ?





QUINZIEME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

ANNEE C

(Lc 10, 25-37)



« Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, »telle est l’ouverture de la première lecture de ce jour. Et que sommes-nous invités à écouter en ce début de Vacances ? Essentiellement la Parole du Seigneur pour la mettre en pratique et cette Parole dit encore le Deutéronome Elle est tout près de toi, cette Parole,elle est dans ta bouche et dans ton cœur,afin que tu la mettes en pratique.Nous sommes donc invités à rentrer en nous-mêmes pour entendre ce Dieu de Tendresse et d'amour, qui ne cesse de parler à nos cœurs.
S'il avait été attentif le Docteur de la Loi de l’Évangile n'aurait pas tenté de mettre Jésus à l'épreuve : un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve
Les 72, viennent de rentrer de mission, ils ont rendu compte au Maître de ce vécu et Jésus participe à leur joie
Au même moment, il tressaillit de joie par l'Esprit-Saint, et il dit: " Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples. Oui, Père, car tel fut votre bon plaisir. Toutes choses m'ont été remises pas mon Père; et personne ne sait ce qu'est le Fils, si ce n'est le Père, ni ce qu'est le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler. "
Et se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier: " Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous, vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu. (Luc 10)

Chaque fois que je rencontre cette volonté de sonder Jésus dans les Évangiles j'éprouve comme une blessure ! Quel orgueil démesuré s'exprime dans cette parole ! Une créature qui veut mettre Son Créateur à l'épreuve , Le sonder , tenter de Le faire trébucher, toutes proportions gardées c'est un peu comme un jeune enfant à l'aube de sa vie qui veut en remontrer à ses parents ! C'est insensé ! Et ce Docteur de la Loi manifeste ici son inconsistance, son absence absolue de foi, la démesure de son impertinence qui donnerait envie de l'ignorer ! Et quel est le contenu de son attente , de son questionnement ?

« Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »Jésus n'est pas dupe, Jésus n'est jamais dupe, à la question, Il n'hésite pas, comme cela lui arrive assez souvent à répondre, sans violence aucune, à la question par une autre question :Jésus lui demanda :« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ?Et comment lis-tu ?»
Jésus sait qu'en bon Juif et en tant que Docteur, Il connaît parfaitement la Loi toutefois Il invite son interlocuteur à aller plus loin que la simple connaissance du texte,Jésus lui demande de s'exprimer sur le contenu, sur le fond : comment lis-tu ce texte ? c'est le conduire à rentrer en lui-même pour analyser sa propre façon d'appliquer ce qu'il connaît. Jésus lui demande de s'exprimer sur le fond de cette loi !     
L’autre répondit :« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme,de toute ta force et de toute ton intelligence,et ton prochain comme toi-même. »Jésus lui dit :« Tu as répondu correctement.Fais ainsi et tu vivras. »Jésus trouve la réponse conforme et comme notre Docteur n'a rien dit sur le fond Jésus lui demande d'agir comme le demande la Loi ! C'est l'inviter non seulement à une connaissance livresque mais à une adéquation de sa vie à ce qu'il prône, connaît et enseigne , ! Comme cet homme est intelligent et subtil il ne voudrait pas perdre la face et renchérit  pour se justifier, dit le texte de ce jour, c'est bien qu'il se sent un peu déstabilisé :Mais lui, voulant se justifier,dit à Jésus :« Et qui est mon prochain ? » Il ne cède rien et espère encore embarrasser Jésus. Cet homme connaît la réponse, mais il est prisonnier du qu'en dira-t-on , de ses principes, de ceux de son peuple …Il ne vit pas, il vivote et joue un personnage de façon inconsciente certes, mais bien réelle. Il veut être conforme à ce que tout le monde pense, il réfléchit mais de façon superficielle, il utilise mal son intelligence et ses connaissances !
Une première remarque pour notre propre conduite s'impose : discutailler est non seulement malhonnête, mais c'est une perte de temps qui nous enfonce au lieu d'éclairer une situation précise.
Deuxième remarque : chercher à piéger son frère pour le mettre en difficulté est pure bassesse . Nos relations doivent être loyales et toujours en quête de vérité dans un dialogue franc et cordial !
Encore une fois Jésus ne rentre pas dans le jeu de cet homme, il va le conduire là où il ne l'attendait pas et il sera obligé de baisser la garde. Au lieu de polémiquer de façon stérile , Jésus, Sagesse éternelle du Père lui raconte une histoire :Jésus reprit la parole :« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,et il tomba sur des bandits ;ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,s’en allèrent, le laissant à moitié mort.Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ;il le vit et passa de l’autre côté.De même un lévite arriva à cet endroit ;il le vit et passa de l’autre
côté. Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ;il le vit et fut saisi de compassion. Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ;puis il le chargea sur sa propre monture,le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,et les donna à l’aubergiste, en lui disant :Prends soin de lui ;tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.’

En bon Juif et qui plus est, Docteur de la Loi, notre interlocuteur fait très bien la différence entre le prêtre, le Lévite et le Samaritain. Il connaît leur statut et leur rôle dans la société. Il sait aussi que les Samaritains que nous évoquions dimanche dernier, ne sont pas bien cotés .Et ce n'est pas nouveau! Le Peuple Juif détestait les Samaritains qu'ils considéraient comme des hérétiques et ces derniers ne pardonnaient pas aux Juifs d'avoir détruit leur sanctuaire sur le mont Garizim. Le mépris était ancestral. Ben Sirac cite parmi les peuples considérés comme détestables les samaritains « le peuple stupide qui demeure à Sichem ; Si 50,26 Jésus choisit donc, à dessein, ces personnages non pour renverser la situation et mettre notre Docteur à l'épreuve, mais pour lui permettre une réflexion profonde qui devrait changer son regard et son cœur. Lui permettre aussi, de prendre conscience que le Bien comme le Mal habitent tout humain, que chaque être est capable du meilleur comme du pire. Le Bien comme le Mal n'appartiennent ni à une classe, ni à une race ,ni à une religion, quelle que soit son origine,son inculturation, tout homme peut se transcender.Mais Jésus va encore plus loin en lui révélant qu'au-dessus des rites, il y a l'amour ! Jésus montre que ce Samaritain , mécréant aux yeux des Judéens est capable d'être à l'image de Dieu !
Au malheur physique et au préjudice moral de cet homme blessé s'ajoute celui de l'exclusion liée aux coutumes juives de l'époque.En effet, touché, par des impurs, ses attaquants , il devient impur lui-même.C'est sans doute la raison de l'indifférence que manifeste le Prêtre, puis le Lévite qui en tant que « religieux » ne tiennent pas à devenir impurs à leur tour, en touchant un impur! N’oublient-ils pas ce que déclarait le Prophète Osée de la part de Dieu ? « C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices ; et la connaissance de Dieu je la préfère aux holocaustes » Os 6,6 Le
Samaritain de son côté est parfaitement libre quant aux rites , il ne se pose pas de questions et agit selon son cœur sans qu'il en soit conscient, son cœur est habité par Dieu et c'est l'Esprit de Dieu qui va guider ses actes !Dans ce Samaritain Jésus nous montre un être débordant de compassion qui ne se contente pas de pallier à l'urgent à l'immédiat laissant à d'autres le soin de finaliser la prise en charge, non ! Ce Samaritain va accomplir la mission qui lui a été confiée, et, au retour, il s'arrêtera à l'auberge pour régler le supplément de facturation ! Jésus nous montre jusqu'où doit aller l'amour du frère et me vient à l'esprit cette citation de Saint Exupéry dans le Petit Prince «  tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé » l'amour n'a pas de limites, nous n'aurons jamais fini d'aimer ! Jésus peut à présent faire intervenir le Docteur de la Loi , il a en mains, si je puis dire les « outils » pour évaluer la situation et répondre lui-même à la question qu'il posait à Jésus !
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »Remarquons au passage que Jésus ne reprend pas exactement la question du Docteur de la Loi, Il ne dit pas « qui est mon prochain ? » mais à ton avis, sous entendu après ce que tu viens d'entendre, « qui a été le prochain » de l'homme tombé aux mains des brigands ,Cette nuance me semble importante il ne s'agit pas de trier parmi les hommes,celui ou ceux qui me sont proches, mais de SE FAIRE LE PROCHAIN de tous ceux qui ont besoin d'un quelconque secours !  Le docteur de la Loi répondit :« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Apparemment, le Docteur de la loi a écouté et compris le message, il ne fuit pas la question de Jésus et donne la réponse adaptée à la situation . Avoir compris est une chose Jésus lui montre qu'il convient d'aller plus loin encore ::Jésus lui dit :« Va, et toi aussi, fais de même. »N'y a-t-il pas ici un appel pressent, pour le Docteur et pour chacun de nous, à harmoniser nos vies avec ce que nous comprenons de l’Évangile ? Quand une femme s'exclame « heureux le sein qui t'a porté ! Jésus répond : « Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » (Luc 11) Et dans ce même évangile, alors qu'on lui annonce la visite de Sa Mère et des Ses frères (sa parenté) Jésus répond " Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. (Luc 8)Jésus invite le Docteur de la Loi et chacun de nous, non seulement à connaître mais à vivre et faire vivre Sa Parole de Vérité dans et par nos vies sachant que mon prochain c'est TOUTE PERSONNE qui réclame mon attention sans distinction .



Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur !
 (Ps 18b, 9ab)
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :
plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.



La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie" (Pape François).

Nous pouvons tous nous situer encore loin, très loin, trop loin de cette loi fondamentale qui devrait habiter nos cœur : porter un regard de miséricorde sur nos frères. Sur tous nos frères. Ces courtes prières nous aideront peut-être à demander à Dieu cette grâce de la miséricorde. À nous préparer à la rencontre – au nom du Christ – de l’autre, le différent, l’étranger, celui ou celle qui, croyant ou non croyant, croise votre route…



En ce début de journée, Seigneur, si je dois rencontrer l’autre, toute personne que tu mets sur ma route, aide-moi au préalable à me dépouiller de mes soucis, de mes angoisses et de mes craintes. Je te les confie, à Toi et à Marie, Ta Mère, le temps d’être pleinement présent et à l’écoute de cette personne, de ses propres soucis, de ses propres angoisses, de ses propres craintes comme de ses joies
Qu’il me soit donné, par ta protection, d’accueillir toute personne dans un esprit de véritable humilité, celle qui ouvre à l’amour de Dieu et de son prochain, sans orgueil ni rabaissement de soi. Rappelle-moi sans cesse que je ne suis ni au-dessus ni en-dessous mais à coté de celui ou celle que je rencontre. Donne-moi la grâce de savoir la regarder d’abord comme une personne, un frère ou une sœur.
Seigneur, toi qui connais mon péché et ma faiblesse, ne me laisse pas tomber dans la culpabilité, mais, au contraire, par ta miséricorde, rends moi humble de cœur et éclaire mon esprit pour que je sois ton meilleur avocat pendant ce temps de rencontre et de dialogue.
Seigneur, si cette personne souffre, donne-moi, par la grâce de l’Esprit Saint, de ne me croire ni un guérisseur de sa souffrance, ni totalement impuissant. Je sais que seule Ta parole panse les plaies de l’âme et du cœur, libère et guérit, c’est pourquoi je voudrais tant la lui faire connaître.
Seigneur, si je dois accueillir l’étranger, le croyant d’une autre religion, fais que je vois en lui ton image et non pas celle d’un ennemi ; fais tomber mes préjugés. Suscite en moi le désir de l’aimer et d’être, si les circonstances le permettent, un bon samaritain « spirituel ».
Seigneur, si je dois me taire, que mon silence soit un silence d’accueil, de respect, un silence qui permet à l’autre de s’écouter et d’espérer, non un silence d’indifférence ou de lassitude.
Seigneur, si je dois parler, que mes paroles soient des paroles de vérité qui ouvrent sur la vie et non un discours de pure convention qui laisse mon interlocuteur dans le vide du doute. Fais de moi un messager de Ta parole, celle qui éclaire et donne un sens à toute vie.
Seigneur, si je dois entendre l’angoisse, que je me souvienne que tu as dit : « Ne crains pas » et « Je vous laisse ma paix ». Que la force de cette paix, à travers moi, soit, pour cette personne, source de confiance et de sérénité.
Seigneur, si je dois entendre le doute et le désespoir, que ma foi, même fragile, soit perceptible et fasse germer une fleur d’espérance.
Seigneur, si je dois entendre la révolte ou la colère, apprends-moi à savoir l’accueillir, la laisser s’exprimer, sans la juger. Donne-moi, aussi, de savoir écouter la souffrance qu’elle cache. »
Seigneur, si je dois entendre la haine, fais parler mon cœur de chair et non pas mon cœur de pierre ; qu’il oppose à cette haine des silences qui apaisent et des mots qui invitent à un autre chemin, celui de l’amour et du pardon.
Seigneur, si je dois entendre l’insulte ou l’injure, ne laisse pas bafouer ton Nom ni ma dignité de chrétien. Si je ne peux empêcher qu’un sentiment de colère gronde en moi, écarte de moi tout désir mauvais de riposte et préserve-moi de toute parole blessante car « l’amour supporte tout, l’amour endure tout ». 
Seigneur, si je dois entendre le cri de la solitude, que mes paroles réchauffent ce cœur en mal d’amour. Mais pour briser cet isolement, Seigneur, j’ai besoin de ton aide : Éclaire, par le mystère de Ta présence invisible, la nuit dans laquelle cette personne est plongée. Donne-lui des signes de ton amour. Puisse-t-elle, ainsi, accéder à la conviction qu’elle n’est jamais seule.
Seigneur, si je suis démuni, sans force, sans réponse face à la soif de mieux vivre de cette personne qui, me dit-elle, croit en toi, peut-être est-ce le moment de te prier. Apprends-moi à discerner dans ses paroles et ses silences son désir, même non exprimé, de s’abandonner dans la prière. Rassemble-nous tous les deux, dans une même invocation, car tu as dit : « Si deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quelque chose,  ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux ».
Seigneur, si je dois entendre la joie, que je m’y associe pleinement et que mon cœur s’en réjouisse. Je t’en rendrai grâce dans le secret. Si je rencontre la tristesse, que mon regard compatissant l’atténue et que ma joie intérieure de chrétien transparaisse, afin de rendre apaisé(e), ou moins triste, celle ou celui que je rencontre.
 Seigneur, après ces rencontres, que je trouve le temps et le désir, jour après jour, de te confier dans mes prières toutes celles et tous ceux que tu as mis sur ma route. Anime mon cœur d’un sentiment d’amour pour eux, car, aurais-je rencontré des milliers de personnes, « s’il me manque l’amour, je ne suis rien ».
(diffusé par Aleteia)

L'Ermite

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