samedi 27 août 2016

DEVIENS ...!

XXIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE.

(Lc 14, 1.7-14)

« DEVIENS ….HUMBLE...PETIT ….PAUVRE ! »


Un jour de sabbat,
Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens
pour y prendre son repas,
et ces derniers l’observaient.

« Et ces derniers l’observaient ».Ailleurs, nous lisons « des pharisiens s'approchent de Jésus pour le mettre à l'épreuve » : mettre Jésus à l'épreuve, L'observer pour le prendre en défaut et pouvoir l'accuser, nous trouvons cela assez souvent dans l’Évangile. Jésus dérange, Jésus est un gêneur ! Des pharisiens, des scribes, des docteurs de la loi, épient Jésus, ils veulent trouver matière à accusation, ils cherchent à se débarrasser de « cet empêcheur de tourner en rond » et dans cette montée vers Jérusalem ils seraient soulagés de ficeler un bon dossier accusateur !

Ne crions pas trop vite au scandale, ne nous voilons pas la face, rappelons-nous plutôt, et de façon sérieuse, ces paroles du chapitre 25 de Saint Matthieu : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait. » Rentrons en nous-mêmes comme le fils du Père miséricordieux et essayons, seul à seul avec Jésus, de considérer toutes ces situations où nous avons observé nos frères pour les mettre en difficultés, pour les « faire plonger » , toutes ces situations où nous leur avons tendu un piège, où nous avons agi et pensé « ôte-toi de là que je m'y mette », où nous avons rivalisé jusqu'à obtenir le poste convoité ! C'est l'année de la Miséricorde, n'hésitons pas à rentrer en nous -mêmes, à reconnaître nos déloyautés, à les déposer dans le Cœur miséricordieux de Jésus pour repartir joyeux sur le chemin de l’Évangile !

Ici, Jésus n'est pas dupe, Lui aussi Il observe, mais dans un esprit de fraternité, d'humilité et ce qu'Il voit Le conduit à raconter une histoire qui devrait contribuer à éduquer les consciences. Dans Sa finesse de cœur, Jésus, n'accuse pas, Il veut simplement éveiller les consciences, les réveiller, pour permettre un chemin intérieur qui devrait changer les cœurs :


Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places,et il leur dit :

Jésus sait regarder, Il voit des hommes et des femmes avides de briller aux yeux de tous, avides d'être le mieux placés possible, proches des plus grands, ce ceux qu'ils croient, estiment grands en raison de leur classe sociale, de leur profession... N'est-il pas bon de se poser la question pour soi-même ? Quelle est mon attitude dans les repas de famille, de sociétés, dans les rassemblements ? Si les places ne sont pas attribuées qui est-ce que je recherche ? Le plus petit, le plus timide, celui qui n'a guère d'apparence ou bien celui qui brille, celui qui est connu pour son excellente situation , en apparence du moins ? Jésus raconte une histoire, pleine d'humanité pleine de cœur surtout, car Il souhaite nous éviter bien des déconvenues, Jésus connaît notre cœur, Il sait que nous cherchons spontanément la place qui pourrait nous valoriser... nous permettre de briller...


 « Quand quelqu’un t’invite à des noces,ne va pas t’installer à la première place,de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi.
Alors, celui qui vous a invités, toi et lui,viendra te dire : ‘Cède-lui ta place’ ;et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place.Au contraire, quand tu es invité,va te mettre à la dernière place.Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira :‘Mon ami, avance plus haut’,et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi.

En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Demandons à Jésus de sculpter en lettres d'or, au tréfonds de notre cœur que la meilleure, la plus noble des places c'est celle du serviteur qui, comme Lui, lave de mille et une manières les pieds de ses frères. A quoi sert de chercher à briller quand nous savons que la meilleure place est celle où nous veut le Père, et, qu'au terme de notre route nous serons jugés sur l'Amour ? Que de temps perdu en vaine recherche de soi ! Que de temps perdu à vouloir être le meilleur, le plus beau, le plus intelligent le plus … quand l'essentiel c'est d'aimer ! Quand l'essentiel c'est de cultiver tout ce qui nous rend bons, proches de nos frères et sœurs. Je recherche depuis des années une très belle prière qui nous aide à demander à Dieu le bonté , je ne la trouve même pas sur Internet. Elle commençait ainsi : « Mon Dieu, faites-moi bonne » même en ne disant que cela, Dieu Lui-même complétera ! » Demandons Lui cette grâce !
Jésus va encore plus loin , Il connaît le cœur de l'homme, Jésus nous appelle à un retournement complet de nos manières de penser et d'agir. Ici, Jésus s'adresse de façon précise à celui qui l'a invité au risque de lui déplaire , voire d'être un peu plus rejeté :

Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité :« Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner,n’invite pas tes amis, ni tes frères,ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour.Au contraire, quand tu donnes une réception,invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ;heureux seras-tu,parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour :cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

Humilité, dans une première démarche, simplicité, pauvreté maintenant ! Jésus, n'a-t-Il pas donné l'exemple ? «  Lui, de condition divine ne retint pas le rang qui l'égalait à Dieu mais Il s'est anéantit prenant la condition de serviteur » Ph 2 Oui, Jésus, le Fils de Dieu s'est habillé de notre nature, Il a renoncé à tous Ses privilèges pour s'approcher de nous et nous élever jusqu'en la gloire du Père. Aussi peut-Il nous demander de nous faire proches, comme Lui des gens simples et pauvres car eux peuvent nous attirer vers le haut. Si nous sous situons d'emblée en haut nous stagnerons, mais si, avec les pauvres, les petits, les sans voix, les sans noms nous partons d'en bas, alors nous pourrons gravir une à une les marches qui nous rapprocheront de l'Amour !

Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité,
et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur.
    Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser :
tu trouveras grâce devant le Seigneur.
    Grande est la puissance du Seigneur,
et les humbles lui rendent gloire.
« Ben Sirac le Sage »

Ben Sirac écrivait environ 180 ans avant la venue de Jésus, il comprenait où sont les vraies valeurs, il avait perçu qu'il faut être tout petit, petit, car la grandeur , la vraie, c'est celle d'un cœur humble, simple, pauvre ! Je l'ai dit et le redis encore, quand nous « rentrerons à la Maison » nous ne serons portés que par une seule richesse : celle du cœur, d'un amour vrai et sincère, d'un amour dépouillé de tout l'accessoire !


« Seigneur fais de nous des témoins de ton amour ! »

l'Ermite




vendredi 19 août 2016

AIME ! OUI, AIME ET AIME ENCORE !

XXIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE.

(Lc 13, 22)


tandis qu’il faisait route vers Jérusalem,
Jésus traversait villes et villages en enseignant.

Jésus, dirions-nous aujourd'hui, « ne lâche rien » ! Il sait qu'Il monte vers Sa Pâques . Il vit la dernière étape de son parcours terrestre, Il est tendu vers ce « Baptême de feu » Il accomplit sa mission jusqu'à l'extrême et continue de donner du sens à ces derniers moments en profitant de toutes les circonstances pour enseigner.

Jésus appelle à la conversion, explique la patience du vigneron , fait étape dans une synagogue où Il ne craint pas de guérir le jour du sabbat, Jésus pose des gestes forts qui provoquent l'admiration, Il parle du Royaume qu'Il compare à une graine de moutarde, à du levain qui fait monter la pâte... Son enseignement fait réfléchir et conduit certains à se poser des questions de fonds !

« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »
Jésus leur dit :
    « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite,
car, je vous le déclare,
beaucoup chercheront à entrer
et n’y parviendront pas.

Sans doute, l'enseignement de Jésus sur la route, a réveillé un questionnement latent chez les disciples. Jésus, comme Il le fait souvent, ne répond pas directement à la question posée, par contre Il entraîne Ses amis
sur le terrain de la réflexion personnelle , Il rappelle les conditions du Salut et conseille d'envisager une entrée par la porte étroite. Matthieu donne quelques précisions salutaires sur la pensée de Jésus :

« Il ne suffit pas de me dire: “Seigneur, Seigneur!” pour entrer dans le Royaume des cieux; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront: “Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles?” Alors je leur déclarerai: “Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal!” Mat 7,21

« Faire la volonté de mon Père » nous précise Jésus, or bien souvent, c'est notre volonté qui prime ! Et Jésus est clair, peut-être avons-nous l'impression d'avoir accompli de grandes et belles choses cela ne sert de rien si ces choses sont l'expression de notre volonté , si nous n'avons pas été à l'écoute du Père qui parle à notre cœur par l'Esprit Saint qui nous éclaire. Il n'est pas toujours facile, c'est vrai, de reconnaître cette volonté, il est donc opportun de se faire aider, éclairer par des personnes de foi qui peuvent accompagner notre cheminement. Rêver d'effectuer de grandes choses est un leurre si je suis à côté du dessein de Dieu sur ma vie ! C'est le meilleur moyen pour entendre la sentence :“Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !”

Un bien, accompli en dehors de la volonté du Père, malgré son apparence, est un mal concret, « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie, que je connaîtrais tous les mystères, et que je posséderais toute science; quand j'aurais même toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, tout cela ne me sert de rien.La charité est patiente, elle est bonne; la charité n'est pas envieuse, la charité n'est point inconsidérée, elle ne s'enfle point d'orgueil; elle ne fait rien d'inconvenant, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s'irrite point, elle ne tient pas compte du mal; elle ne prend pas plaisir à l'injustice, mais elle se réjouit de la vérité; elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne passera jamais. (1 Corinthiens 13)

C'est tout le sens de la Parabole qui suit, c'est cette « porte étroite » que conseille Jésus ! La porte où domine l'amour ! Cette porte est étroite parce que notre amour est trop souvent étroit, rabougri, et que peu de personnes la franchissent, peu de personnes osent tout donner, se livrent totalement. Dans ce domaine de l'amour nous apprenons bien plus facilement les soustractions que les additions : ne disons-nous pas – et si nous ne le disons pas nous le pensons, - je veux bien être bon, bonne mais pas bête ! Pourtant l'amour n'a pas de limites : « l'amour est tout qui est Dieu même » proclame le
chant d'Assise . Les saints font ce choix or nous sommes tous appelés à la sainteté mais, la sainteté appelle un engagement de tout l'être. Au terme de notre route, nous aurons beau crier :Seigneur, ouvre-nous’,si nous n'avons cherché qu'une réussite humaine, Jésus nous dira : « Je ne sais pas d’où vous venez » Il reconnaîtra comme siens ceux, qui, comme Lui auront accompli la volonté du Père, Lui, qui Il a tout donné et jusqu'à sa propre vie, accomplissant jusqu'à l'extrême la volonté du Père pour le salut de Ses frères.

Alors vous vous mettrez à dire :
‘Nous avons mangé et bu en ta présence,
et tu as enseigné sur nos places.’
    Il vous répondra :‘Je ne sais pas d’où vous êtes.
Éloignez-vous de moi,vous tous qui commettez l’injustice.’
    Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents,
quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob,
et tous les prophètes dans le royaume de Dieu,
et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors.
    Alors on viendra de l’orient et de l’occident,
du nord et du midi,prendre place au festin dans le royaume de Dieu

Ce qui demeure c'est l'amour ! Lors de la rencontre, c'est la seule question qui nous sera posée : « as-tu aimé ? »

Quand tu rapportais des médailles olympiques ; as-tu aimé ?

Quand tu labourais tes champs : as-tu aimé ou cherchais-tu à amasser
toujours plus d'argent ?

Quand tu t'es retiré dans la solitude pour accueillir ton Dieu, pour essayer de te laisser aimer pour mieux aimer tes frères, était-ce par amour ?

Quand tu accueillais des enfants dans ton foyer, que tu les éduquais, les aimais-tu vraiment ou cherchais-tu à briller aux yeux du monde ?

 Oui, il y a des derniers qui seront premiers,
et des premiers qui seront derniers. » 

Exactement comme dans la parabole du vigneron qui embauche à la première heure, puis à la neuvième et en fin de journée et qui donne à chacun un salaire identique parce qu'Il sait Lui, que tous ont besoin d'un salaire décent pour vivre, Lui, le Maître regarde la qualité et non la quantité. La justice de Dieu ne s'aligne pas sur celle des hommes, Dieu regarde le cœur ! Aujourd'hui, devant semblable décision, nous descendrions dans la rue, pancartes au vent et nous hurlerions à l'injustice en cassant au passage nos propres outils de travail ! Dieu, en Jésus nous dit :

Heureux les pauvres, heureux les doux, heureux les affamés de justice – la justice étant ici la sainteté,- heureux les persécutés ! 

Décidément les valeurs du Royaume sont à l'opposé de celles que nous véhiculons au quotidien, nous devons changer de regard, changer de cœur : « convertissez-vous » c'est à ce prix que nous franchirons le porte étroite. En réalité c'est nous qui la rendons étroite , si nous vivions l'amour nous en élargirions les limites car Jésus ne laissera jamais dehors celui qui Lui donne son cœur ! Son amour envers nous s’est montré le plus fort ! Psaume de la liturgie de ce dimanche. Le projet du Père n'est-il pas de rassembler tous les hommes ?je viens rassembler toutes les nations,de toute langue.
Entendions - nous dans la lecture d'Isaïe . C'est parce qu'Il nous veut Saints, comme Lui est Saint que Jésus nous révèle les exigences du Royaume : 

Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ;il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils Ce que vous endurez est une leçon.Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ?


En cette année où nous célébrons la divine miséricorde demandons cette grâce inestimable d'un retournement complet de notre cœur. Demandons à Jésus, le seul qui ait aimé parfaitement de nous apprendre à aimer comme Lui nous aime ! Amen !



L'Ermite

jeudi 11 août 2016

JUSQU'AU SANG !

XXe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 12, 49-53)

"Jésus disait à ses disciples :
    « Je suis venu apporter un feu sur la terre,
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !"

Feu de l'Esprit, feu de l'amour, l'Esprit Saint n'est il pas l'Amour au sein de la Trinité Sainte ? Et n'est-ce pas sous l'apparence de langues de feu qu'Il descend sur les apôtres ? Mais pour nous donner pleinement cet Esprit Saint, Jésus doit passer par la Passion, la mort et ressusciter le troisième jour. Le don de l'Esprit est à ce prix ! Jésus doit remonter vers le Père !

"Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: "Tout est consommé", et baissant la tête il rendit l'esprit." (Jean 19)

"Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui; car l'Esprit n'était pas encore donné, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié." (Jean 7)

Pour envoyer l'Esprit Saint, Jésus doit être auprès du Père, assis à Sa droite:

« Lorsque le Consolateur que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. (Jean 15)
Sa mission est de nous enseigner et de nous rappeler tout ce que Jésus a dit durant son cheminement sur la terre des hommes.

"Mais le Consolateur, l'Esprit-Saint, que mon Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit." (Jean 14)

Grâce à la Présence de l'Esprit que nous recevons dès notre baptême – d'où l'importance du baptême des tout petits – non seulement nous ne sommes pas orphelins mais Jésus demeure avec nous, en nous  !

"Je ne vous laisserai point orphelins; je viendrai à vous." (Jean 14)
Jésus veut voir ce « feu allumé » Il a hâte, parce qu'Il sait Lui, quelles souffrances L'attendent, Il ne veut pas reculer, cette Heure est redoutable, mais Jésus, marche délibérément vers Son Heure , celle du don sans retour pour notre salut. C'est de « ce baptême de feu » dont Il parle . Jésus le redoute et le désire !

  " Je dois recevoir un baptême,
et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !"

Jésus connaît le prix et le poids de l'Amour et Il ne veut pas que nous nous trompions d'Amour , car aimer c'est prendre des risques, c'est s'exposer , Jésus ne l'a-t-il pas expérimenté tout au long de la Passion ? Qui veut aimer vraiment, doit être prêt au combat :

   " Pensez-vous que je sois venu
mettre la paix sur la terre ?"

Pourtant, ailleurs Jésus nous dit :

"Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; je ne la donne pas comme la donne le monde. Que votre cœur ne se trouble point et ne s'effraye point." (Jean 14)

"Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous avez des tribulations dans le monde, mais prenez confiance, j'ai vaincu le
monde." (Jean 16)

Chaque fois que Jésus annonce la Paix Il fait justement allusion au combat qu'elle suppose. La Paix de Jésus a le goût d'une conquête, elle s'obtient en effectuant des choix, parfois, souvent même, douloureux. Choisir Dieu, c'est renoncer à la facilité , au laxisme sous toutes ses formes .

"La main de notre Dieu fut sur nous, et nous sauva des mains de l'ennemi et des embûches pendant la route. (Esdras 8)"

"Passez, passez par les portes; aplanissez le chemin du peuple. Frayez, frayez la route, ôtez-en les pierres; élevez un étendard sur les peuples". (Isaïe 62)

"Ton Dieu, t'a porté, ainsi qu'un homme porte son fils, sur toute la route que vous avez parcourue jusqu'à votre arrivée en ce lieu.» (Dt 1)

"Dresse-toi tes signaux, pose-toi des jalons; Fais attention à la route, Au chemin par lequel tu as marché. Reviens, vierge d'Israël, Reviens dans tes villes. Jusques à quand seras-tu errante, Fille rebelle? Car Jéhovah a créé une chose nouvelle"  (Jr.31)

La paix est un fruit de l'Esprit. Nous avons besoin de l'Esprit Saint pour devenir et être des femmes et des hommes de paix.

"Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance.  "(Galates 5)

Et ce fruit, comme tous les autres d'ailleurs, réclame un combat acharné contre toutes les formes de mal en nous.

"Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises."  (Galates 5)

C'est crucifiant, nous devons nous battre contre nos penchants mauvais et ceux des autres parfois. Je me souviens de ce prêtre que j'appréciais vraiment beaucoup, une émule et un successeur du Saint Curé d'Ars , il avait une organiste au caractère épouvantable, qui dérangeait pas mal son ministère. Pour ne pas sortir de ses gonds, bien des fois il serrait son poing dans sa poche, jusqu'à éprouver de terribles migraines qui se terminaient en crise de foie ! Quels combats ! Jeune religieuse j'ai beaucoup reçu en le regardant vivre. Jamais une parole blessante ne franchissait ses lèvres, jamais un mouvement d'humeur, une impatience !

Jésus parle souvent de la paix, Jésus offre la paix, donne la paix, rassure avec des paroles de paix
" Ta foi t'a sauvée, va en paix. (Luc 7)

Après la résurrection lorsqu'Il se manifeste aux apôtres Jésus offre cette paix qui vient de son être profond, qui vient du Père :

"Il leur dit une seconde fois: "Paix avec vous!" Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie." (Jn 20)

" Paix à vous ! " Saisis de stupeur et d'effroi, ils croyaient voir un esprit. » (Lc 24)

Il demande à ses disciples et, par conséquent à chacun de nous, de répandre la paix, d'annoncer la paix, de faire la paix :

"Et s'il y a là un fils de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra sur vous. Demeurez dans cette maison, mangeant et buvant de ce qu'il y aura chez eux, car l'ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison."  (Lc 10)

Jésus serait-Il en contradiction avec Lui-même quand Il précise :

"Non, je vous le dis,
mais bien plutôt la division.
    Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées :
trois contre deux et deux contre trois ;
    ils se diviseront :le père contre le fils et le fils contre le père,
la mère contre la fille et la fille contre la mère,la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

Non, bien sûr, Jésus n'est pas en contradiction, mais Il sait, qu'au sein – même des familles Sa Parole entraînera des divisions, Elle ne sera pas partagée par tous les membres. Certains respecteront les engagements des
uns, d'autres s'y opposeront et nourriront des tensions qui pourront devenir haineuses. Je me souviens de cet adolescent qui envisageait le sacerdoce et qui est d'ailleurs allé au bout de son désir. Sa maman, le soutenait discrètement, mais son papa partageait les oppositions de cousins très proches qui, pour le provoquer, venaient souvent le vendredi en apportant une partie du repas . Pendant le Carême, ils apportaient de la charcuterie et bien sûr de la viande, lui, malgré les sarcasmes prenaient seulement des légumes ce jour-là ! Suivre Jésus, je le disais plus haut suppose des choix radicaux qui, malgré notre bonne volonté nous opposent et peuvent, parfois nous marginaliser ! Ailleurs, Jésus nous avertit :

« Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir. Mc 13,12

« Quand on vous mènera devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz; Lc 12, 11 »


« Mais, avant tout cela, on mettra la main sur vous, et l'on vous persécutera; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous mènera devant des rois et devant des gouverneurs, à cause de mon nom." Lc 21,12

Et la Lettre aux Hébreux de ce jour nous dit quelque chose de très profond :

courons avec endurance
l’épreuve qui nous est proposée,
    les yeux fixés sur Jésus,
qui est à l’origine et au terme de la foi.

Méditez l’exemple
de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité,
et vous ne serez pas accablés par le découragement.
    Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang
dans votre lutte contre le péché.



Ce dernier verset s'impose souvent à ma prière, à mon esprit. Qui d'entre nous peut affirmer avoir, ne serait-ce qu'une fois, lutter jusqu'au sang contre le péché ? Alors, chers amis, retroussons les manches de notre cœur et jetons-nous sérieusement dans ce combat pour répandre autour de nous, la paix de Jésus !

(Ps 39, 14b)
D’un grand espoir,
j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi

pour entendre mon cri.

Il m’a tiré de l’horreur du gouffre,
de la vase et de la boue ;
il m’a fait reprendre pied sur le roc,
il a raffermi mes pas.

Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Beaucoup d’hommes verront, ils craindront,
ils auront foi dans le Seigneur.

Je suis pauvre et malheureux,
mais le Seigneur pense à moi.
Tu es mon secours, mon libérateur :
mon Dieu, ne tarde pas !

L'Ermite

P.S Peut-être trouverez-vous qu'il y a beaucoup de références bibliques dans cette réflexion ! L’Écriture Sainte ne doit-elle pas être notre référence constante, notre nourriture de base, notre Pain quotidien ? Donne-nous, s'Il te plaît Seigneur, notre Pain quotidien, fais-nous vivre de et par ce Pain ! Amen !

vendredi 5 août 2016

VEILLEZ !

XIXe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

 (Lc 12, 32-48)


Veillez !
Cet Évangile est plutôt long mais il forme un tout, je choisis donc de le méditer en trois séquences :
Jésus disait à ses disciples :« Sois sans crainte, petit troupeau :votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône.Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas,un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas,
où la mite ne détruit pas.
Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.

Dans cette première péricope nous retrouvons des thèmes rencontrés les dimanches précédents . « Sois sans crainte petit troupeau » Jésus veut nous établir dans la confiance et Il en donne la raison : « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » Une chose est sûre : le Royaume nous est donné, c'est un acquis inestimable ! Toutefois, Jésus précise les conditions, en reprenant un thème récent : faire le bon choix ! Bien discerner !
Il nous rappelle cette liberté majeure à l'égard des biens de la terre qui passent, comme nous d'ailleurs, un seul bien demeure pour l'éternité : les valeurs du Royaume ! Pour conclure : « là où est votre trésor,là aussi sera votre cœur. » C'est nous qui décidons de la place que nous accordons au trésor qu'est la Parole de Dieu en Jésus le Christ !

Restez en tenue de service,votre ceinture autour des reins,et vos lampes allumées.Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis :c’est lui qui, la ceinture autour des reins,les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait,il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »

Cette deuxième péricope nous donne, la méthode pour vivre dans l'esprit du Royaume :

    « Restez en tenue de service,votre ceinture autour des reins,et vos lampes allumées » Jésus nous demande de rester en éveil, affairés aux valeurs du Royaume, avec nos lampes allumées pour ne pas nous tromper de chemin.

    Il en a toujours été ainsi, mais, notre époque est peut-être plus riche que tout autre, en tentations de toutes sortes, susceptibles de nous détourner des engagements de notre baptême ! Pour résister, les fondations doivent être particulièrement solides et, si ce n'est pas le cas ne craignons pas d'appeler à l'aide. Si les tentations foisonnent, les propositions d'ordre spirituel ne manquent pas ! Cependant, là aussi, nous devons nous faire aider pour effectuer les bons choix, pour discerner ce qui est de Dieu ou de modes passagères qui proposent un pseudo bien-être physique et ou psychologique alors que le Royaume est d'un ordre bien différent. Si nous prions vraiment, Dieu ne permettra pas que nous
    nous trompions de chemin.

    "Restez en tenue de service ! Nous sommes loin de l'esprit de domination, loin du petit chef qui cherche a tout régenté ! Le Serviteur par excellence n'est-ce pas Jésus, à genoux aux pieds de ses disciples pour leur laver les pieds ? Voilà comment Jésus nous demande d'attendre, là où nous sommes, en famille, dans notre milieu professionnel ou ailleurs ! Comme Jésus nous sommes invités à devenir des serviteurs de l'amour, c'est à ce Signe que tous nous reconnaîtrons comme disciples de l'Unique et vrai Serviteur du seul et unique Amour !

    « Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. » Être comme des gens qui attendent ! « L'attente, aiguise tous les sens : elle nous met aux aguets, à l'affût . » écrit Paul Baudiquey. En effet, attendre suppose que nous tendions l'oreille pour capter le moindre bruissement annonciateur d'une présence tant espérée !
    Attendre provoque un émoi qui saisit le corps lui-même, provoque une moiteur, un frémissement, quelqu'un d'aimé approche, bientôt on se parlera !
    Attendre fixe le regard sur un espace limité pour ne rien perdre des signes avant-coureurs de la présence guettée !
    Attendre rassemble toutes les facultés pour ne rien manquer de cette venue ! ...
    Attendre c'est se réjouir, garder la porte ouverte, partager un bonheur , s'ouvrir à l'autre, lui permettre d'entrer, de s'installer, de se sentir chez lui ! Voilà comment Jésus conçoit notre attente du Royaume ; un bonheur insondable, inimaginable car, le Royaume c'est Jésus, c'est cette rencontre que nous pouvons parfois redouter tout en l'espérant ! Rencontrer Jésus en vrai, quel merveilleux cadeau mais pour cela, Jésus nous dit :
    « tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » En effet nous ne connaissons ni l'heure ni le jour ! Jésus nous dit « Veillez donc, car vous ne savez quand viendra le maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin;… Se tenir prêt c'est n'avoir rien à changer de notre comportement le moment venu. Un éducateur, demandait un jour, à des enfants en récréation : « que feriez-vous si on vous annoncez que le Seigneur vient vous chercher dans cinq minutes ? » l'un répondit : « j'irai vite me confesser ! » un autre : « je me rendrai à la chapelle pour me recueillir » Calmement, le futur Saint Louis de Gonzague répondit : « je continuerai ce que je suis en train de faire » Louis de Gonzague était en tenue de service, Jésus pouvait l'appeler ! Et nous ?
Pierre dit alors :« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole,ou bien pour tous ? « Le Seigneur répondit :« Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : Mon maître tarde à venir’,et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes,à manger, à boire et à s’enivrer,alors quand le maître viendra,le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas,il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles.Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître,n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté,recevra un grand nombre de coups.Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre.
À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié,on réclamera davantage. »

Le but de la Parabole c'est toujours de nous conduire plus loin, de nous permettre à partir d'un exemple concret, d'approfondir et de mieux comprendre ce que le Seigneur attend de nous. Le Père a remis la création entre nos mains, Il nous fait confiance, une confiance totale pour la gérer au mieux. Le Père compte vraiment sur nous pour ordonner toutes choses pour le bonheur de l'humanité, pour que chacun trouve sa place et se développe harmonieusement . Chaque génération bénéficie des avancées de la précédente, la grande question à se poser est de savoir quel monde je veux laisser à ceux qui suivront , quel monde mais aussi quel esprit . S'agit-il d'un esprit de compétition, de domination, d'assujettissement ou d'un esprit de partage, de fraternité, de service...

À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié,on réclamera davantage. » N'oublions pas ce verset conclusif : si j'ai beaucoup reçu, intellectuellement, spirituellement, physiquement … c'est pour servir, pour travailler à l'avènement d'un monde meilleur . Souvenons-nous de la Parabole des talents : Le Seigneur attend que je fasse fructifier ce qu'Il met en moi pour que l'humanité soit heureuse et que ce bonheur Lui rende gloire car « la Gloire de Dieu c'est l'homme debout »

« tu nous appelais à la gloire. » nous dit le Livre de la Sagesse, mais cette participation à la gloire appelle un esprit et cet esprit suppose la reconnaissance de la Seigneurie de Dieu sur nos vies. Cette Seigneurie - là n'est pas un carcan mais, nous dit Jésus : « mon joug est facile à porter et mon fardeau léger. (Mat 11) Alors « Sois sans crainte, petit troupeau »

Et :
Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine !



Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi ! 

l'Ermite