HUITIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(Mt 6, 24-34)
Elle est vivante, énergique, la parole de Dieu ;
elle juge des
intentions et des pensées du cœur.
Le
verset évangélique de cette liturgie me touche beaucoup, je le mets
en exergue car il exprime la puissance de la Parole de Dieu qui, si
nous ouvrons notre cœur, non seulement y établit Sa demeure, mais
nous aide à discerner ce qui est bon ou non, pour notre vie, au
quotidien. Laissons-nous habiter et transformer par cette Parole de
vie, jour après jour, pour devenir ces « autres Christ »
que nous évoquions la semaine dernière.
Aujourd'hui,
Jésus poursuit Son enseignement, Il continue de dérouler devant
nous, le rouleau des exigences du Royaume, de ces choix que nous
sommes invités à effectuer pour vivre en Fils de Dieu :
Jésus
disait à ses disciples :« Nul ne peut servir deux
maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre,ou bien
il s’attachera à l’un et méprisera l’autre.Vous ne pouvez pas
servir à la fois Dieu et l’Argent. »
Certains
rapprochements dans la vie sont totalement incompatibles, c'est le
cas de Dieu et de l'argent ! L'argent est au service de l'homme
mais le contraire serait une erreur. L'argent est utile dans nos
sociétés pour subvenir à nos besoins, pour nos échanges,
toutefois, il ne sert à rien de le thésauriser, nous le disions
récemment Et Jésus précise : « Et
que servirait-il à un homme de gagner l'univers, s'il perdait son
âme? ou, que donnerait un homme en échange de son âme? » Mt
16
L'important,
n'est-ce pas la vie de l'esprit ? Jésus n'inaugure t-il pas sa
vie publique par un séjour de quarante jours et quarante nuits au
désert où Il eut faim et où Il fut tenté par le démon ? : « Le
diable, de nouveau, l'emmena sur une montagne très élevée, et lui
montrant tous les royaumes du monde, avec leur gloire, il lui dit: "
Je vous donnerai tout cela, si, tombant à mes pieds, vous vous
prosternez devant moi. Alors Jésus lui dit: " Retire-toi,
Satan; car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne
serviras que lui seul.(Mt
4) »
Jésus
nous apprend à choisir, à bien choisir, à considérer ce qui est
essentiel et ce qui n'est qu'accessoire, Jésus nous invite à la
confiance absolue, à l'abandon actif dans les mains de son Père et
notre Père : « C’est
pourquoi je vous dis : Ne vous souciez pas,pour votre vie, de ce
que vous mangerez,ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez.La
vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture,et le corps plus que les
vêtements ?Regardez les oiseaux du ciel :ils ne font ni
semailles ni moisson,ils n’amassent pas dans des greniers,et votre
Père céleste les nourrit.Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup
plus qu’eux ? » Jésus
nous invite à nous attarder sur la création qui nous environne, les
oiseaux, les fleurs … En effet qui peut prétendre être mieux
habillé qu'eux ? Même l'artiste, pour aussi doué qu'il soit,
ne peut prétendre habiller de la sorte les fleurs des champs ou les
oiseaux si divers que nous contemplons ? La dite « Haute
couture » n'aurait-elle pas intérêt à s'en inspirer ?
Qui peut reproduire de façon très exacte les nuances de plumage ou
de pétales que nous offre la nature environnante ? Alors
pourquoi nous inquiéter ? Dieu ne nous demande pas
l'impossible, Il compte sur nous pour aller au bout de nos
possibilités, et, lorsque nous pensons avoir atteint l'extrême de
nos capacités et compétences, alors, dans un acte d'amour, il
convient de s'en remettre à Son Amour infiniment plus juste, plus
inventif que le nôtre. Il nous étonne alors, car Il intervient bien
au-delà de notre attente, Dieu est Bon et Il n'abandonne pas ceux
qui s'en remettent à Sa Providence.
En
effet : « Une
femme peut-elle oublier son nourrisson,ne plus avoir de tendresse
pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait,moi,
je ne t’oublierai pas,– dit le Seigneur. » Alors
pourquoi craindre ? Nous devons apprendre à grandir dans la
foi ! Seigneur, augmente en nous la foi ! Qui
d’entre vous, en se faisant du souci,peut ajouter une coudée à la
longueur de sa vie ? Et au sujet des vêtements, pourquoi se
faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des
champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas.Or je vous
dis que Salomon lui même, dans toute sa gloire, n’était pas
habillé comme l’un d’entre eux. Si Dieu donne un tel vêtement à
l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera
jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de
peu de foi ? Ne vous faites donc pas tant de souci ;ne
dites pas : ‘Qu’allons-nous manger ?’ou bien :
‘Qu’allons-nous boire ?’ou encore : ‘Avec quoi nous
habiller ?’Tout cela, les païens le recherchent. Mais
votre Père céleste sait que vous en avez besoin. »
Ne
devrions-nous pas écrire ce dernier verset en lettres d'or et
l'afficher dans nos maisons ? Dieu
sait ce dont nous avons besoin,
si à un moment, quelque chose, qui nous semble important, voire
indispensable vient à nous manquer , asseyons-nous, mettons-nous en
prière, demandons au Seigneur de nous éclairer, ce manque est un
appel, Dieu veut nous faire comprendre quelque chose, Dieu nous
visite, le Seigneur passe dans notre vie, Il nous parle, écoutons,
et la lumière viendra. Faites cette expérience et vous verrez !
Peut-être comprendrons-nous que l'essentiel est ailleurs !
Peut-être ouvrirons-nous notre vie à l'entraide et au partage !
Peut-être découvrirons-nous que nous pouvons vivre autrement, et
que ce manque n'est au fond pas aussi indispensable que nous le
pensions ! Nous serons désormais capables d'accueillir ce
dernier verset : « Cherchez
d’abord le royaume de Dieu et sa justice,et tout cela vous sera
donné par surcroît.Ne vous faites pas de souci pour demain :
demain aura souci de lui-même ;à chaque jour suffit sa
peine. » Nous
expérimenterons ce que signifie devenir libres ! Nous
comprendrons vraiment que l'argent n'est qu'un moyen, que l'important
est d'avoir le nécessaire non du superflu. Tout ce qui n'est pas
donné, partagé, est perdu ! Nous pensons que beaucoup d'argent
nous permet de ne manquer de rien alors que cet argent peut nous
renfermer sur nous-mêmes, nous rendre suffisants, imbuvables pour
les autres ! Qu'il engendre des rivalités, y compris au sein de
la famille, qu'il nourrit les guerres et surtout qu'il nous manque
l'essentiel l'amour ! Car l'argent peut rendre dur, égoïste.
Ce qui fait la valeur d'une vie ce n'est pas le compte en banque,
c'est le service, c'est l'amour ! Les saints n'avaient pas un
sou vaillant, mais ils avaient un cœur débordant d'amour pour Dieu
et pour leurs frères en humanité !
Je
n’ai de repos qu’en Dieu seul,
mon salut vient de lui.
Lui seul est mon rocher, mon salut,
ma citadelle : je suis inébranlable.
mon salut vient de lui.
Lui seul est mon rocher, mon salut,
ma citadelle : je suis inébranlable.
Mon
salut et ma gloire
se trouvent près de Dieu.
Chez Dieu, mon refuge,
mon rocher imprenable !
se trouvent près de Dieu.
Chez Dieu, mon refuge,
mon rocher imprenable !
Comptez
sur lui en tous temps,
vous, le peuple.
Devant lui épanchez votre cœur :
Dieu est pour nous un refuge.
vous, le peuple.
Devant lui épanchez votre cœur :
Dieu est pour nous un refuge.
Les
Saints nous apprennent à faire des choix radicaux ! Certes nous
ne sommes pas tous appelés à prendre les mêmes options, mais nous
sommes tous invités à marcher dans les pas du Maître selon la
grâce qui nous est offerte. Il n'est pas inutile de relire ici la
mise en route de François d'Assise, époux
de Dame Pauvreté.
François, par la grâce de Dieu est devenu un homme libre face à
l'argent, face aux affections même légitimes, face à ses peurs,
ses émotions, réentendons, le cœur ouvert , sa rencontre de
l'Amour qui est Dieu :
François
se décide à rejoindre le Comte Gauthier qui, avec quelques
chevaliers français, avait mis son épée au service du Pape. Mais
en cours de route, à Spolète, Saint François tombe malade. Il est
au lit quand une voix lui dit:
"Où
vas-tu?"
-
En Pouille pour devenir chevalier.
"Dis-moi,
François, du maître ou du serviteur, qui des deux est le plus
capable d'être généreux à ton égard?"
-
Le Maître! répond François.
Alors
reprend la voix, "Pourquoi abandonnes tu le maître pour le
serviteur et le prince pour le vassal? "
-
Que veux tu que je fasse Seigneur ?
"Retourne
dans ton pays".
Cette
voix venait de Dieu. Il n'en comprit pas bien le message, et songeur
retourna à Assise.
Mais
sa vie prit un autre cours en retournant chez lui. Il sentait que sa
vie était superficielle et vide.
Ses
parents songèrent à le marier. Saint François le jeune homme qui
faisait avec joie l'aumône, comprit que le Maître qu'il fallait
servir c'était le Christ et que sa
fiancée était "Dame Pauvreté".
C'était en 1205. Il avait 23 ans. Désormais tout
son argent passerait pour l’Église et les aumônes.
Mais il se rendit compte qu'il fallait faire plus.
Il
fit un pèlerinage à Rome et rencontra un pauvre. Il échangea ses
habits avec lui et se mit à mendier à la porte d'une église,
faisant ainsi l'expérience de Dame Pauvreté. A la fin du jour,
il donna le fruit de sa quête au pauvre, reprit ses habits et rentra
tout joyeux à Assise. Il savait que la grande pauvreté ne lui
ferait pas peur.
Un
jour, François était à cheval près d'Assise, un lépreux vint à
sa rencontre. François avait horreur des lépreux: il refusait de
les voir ou de s'approcher de leur habitation. Si il devait croiser
un lépreux il tournait la tête et se bouchait le nez avec les
doigts. Ce jour la, il se fit violence, descendit de cheval, donna
une pièce d'argent au lépreux en lui embrassant la main. Il remonta
à cheval et continua son chemin. A partir de la, il commença à se
mépriser de plus en plus. Quelques jours plus tard, muni de beaucoup
de pièces il alla rendre visite aux lépreux de l'hospice. Les ayant
tous réunis, il donna une aumône et embrassa la main de chacun
d'eux. Il s'était vaincu lui même, et à partir de cette époque il
séjourna parmi les lépreux et les servait humblement.
Pas
très loin de chez lui, il y avait la vieille chapelle San Damiano,
en ruine. Il n'y restait qu'un seul ornement: un grand crucifix peint
sur bois. Le crucifix s'anima et Saint François entendit ces mots:
"François,
ma maison tombe en ruines et s'écroule. Va et reconstruis-là."
François
répondit: "Volontiers, Seigneur"
Pour
trouver de l'argent afin de rénover la petite chapelle, Saint
François partit vendre des draps au marché de Foligno, à côté
d'Assise. Peu de temps après, François se mit à vivre en ermite.
François devint vite la risée publique. On le prenait pour un fou.
Le père de François eut vent de ce que l'on pensait sur son fils.
Il devint fou furieux et alla chercher François, le ramena chez eux,
l'enferma dans sa cave, le battit et le laissa au régime pain sec
pendant plusieurs jours. Mais sa mère, Dame Pica le délivra. Le
père déshérita son fils et voulut le chasser de la ville. Le père
alla voir les consuls, mais ils s'en lavèrent les mains... ensuite,
il alla voir l’Évêque en traînant son fils avec lui... François
se déshabilla entièrement et devant toute une foule s'écria "
En toute liberté désormais, je pourrai dire: Notre Père, qui êtes
aux cieux! Pierre
Bernardone que voici n'est plus mon père, et je lui rends non
seulement son argent que voici, mais encore tous mes
vêtements. J'irai
nu à la rencontre du Seigneur.
"
Elle
est vivante, la parole de Dieu,
énergique
et plus coupante qu'une épée à deux tranchants ;
elle
pénètre au plus profond de l'âme,
jusqu'aux
jointures et jusqu'aux moelles ;
elle
juge des intentions et des pensées du cœur.
Pas
une créature n'échappe à ses yeux,
tout
est nu devant elle,
dominé par
son regard ;
nous aurons à
lui rendre des comptes.
(Hébreux
4)
L'Ermite