vendredi 10 février 2017

SI TU VEUX, TU PEUX !

SIXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Mt 5, 17-37)



Nous continuons d'approfondir ce chapitre des béatitudes. Dimanche dernier, sans détour, Jésus affirme vous êtes le sel de la terre, vous êtes la Lumière du monde et la lecture d'Isaïe nous fournit des éléments pour répondre à cette attente du Seigneur.
Aujourd'hui, avec Ben Sirac le Sage nous sommes placés devant notre responsabilité : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements,
il dépend de ton choix de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. »
Et, en fin de paragraphe il enfonce le clou : « Il n’a commandé à personne d’être impie,il n’a donné à personne la permission de pécher. » Ben Sirac le Sage signifie par-là que la responsabilité est personnelle, nous ne pouvons l'imputer à nul autre qu'à soi-même, que le bien-vivre, dépend des choix de chacun.
La Sagesse de Ben Sirac le Sage fut écrite vers 180 avant Jésus - Christ par un Juif de Jérusalem, fin connaisseur des Écritures. L'auteur se propose de
nous enseigner la Sagesse, c'est-à-dire l'art de diriger sa vie selon la loi de Dieu et donc, d'obtenir, dès ici-bas, le bonheur.Avec la loi, nous nous arrêtons sur le <mont Sinaï où Moïse la reçoit, mais nous n'y resterons pas, Jésus nous éclaire et nous annonce qu'Il est venu la parfaire !
Ce passage Ben Sirac, introduit parfaitement l’Évangile de notre Liturgie dominicale. En introduction Jésus précise : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » Jésus montre qu'Il s'inscrit parfaitement dans la loi et les prophètes, Il insiste même « Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. ». Jésus assume cette préparation, (loi et prophètes) car il s'agit de cela, mais Il vient parfaire cet acquis.  Non seulement, Il vient parfaire mais il demande avec force et conviction, que nous agissions de même : « Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera,celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. » La situation ainsi clarifiée Jésus peut décliner les exigences du Royaume qui ne sont rien d'autres que l'explicitation des Béatitudes.
Pour bien définir Son intention, il utilise une formule, par laquelle Il tient à donner non seulement de la solennité à sa déclaration, mais aussi un poids, une
importance qui ne peut échapper à personne : « Je vous le dis en effet ».Et que nous dit Jésus ?
Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens,vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Scribes et pharisiens en restent à œil pour œil, dent pour dent, Jésus nous demande d'aimer, de croire en l'homme, de lui laisser le temps de la conversion , Il nous invite à la patience, à laisser le temps au temps . Changer ses comportements, son regard relève d'une expérience spirituelle, d'une écoute profonde qui permettent au Verbe de Dieu de résonner dans le cœur, d'y prendre place et de le façonner, de le modeler, comme le potier travaille la terre pour que jaillisse un chef d’œuvre. Si Jésus en appelle à la patience, Il n'en est pas pour autant moins exigeant, bien au contraire, il suffit de poursuivre notre lecture et notre méditation pour se convaincre qu'Il est venu accomplir, parfaire la loi :
 « vous avez appris.. eh bien Moi, je vous dis :
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens :Tu ne commettras pas de meurtre,et si quelqu’un commet un meurtre,il devra passer en jugement.
Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement.Si quelqu’un insulte son frère,il devra passer devant le tribunal.
Si quelqu’un le traite de fou,il sera passible de la géhenne de feu »
Non seulement le meurtre est grave mais la colère, l'insulte dégradante le sont tout autant pour Jésus. Essuyer la colère déstabilise en effet et les insultes peuvent anéantir des personnes, des familles, Jésus nous demande instamment de maîtriser nos émotions , de les canaliser, ne dit-Il pas en St Mt 12, 37 « C'est en effet d'après tes paroles que tu seras déclaré juste, et d'après tes paroles que tu seras condamné. » Si nous y pensions plus souvent, nous mettrions un frein à notre langue comme le dit un psaume. Jésus nous y invite fermement aujourd'hui, saurons-nous L'entendre et en déduire une ligne de conduite ? Jésus, parce qu'Il sait ce qui est bon pour notre vie spirituelle, en déduit :
« Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel,si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,laisse ton offrande, là, devant l’autel,va d’abord te réconcilier avec ton frère,et ensuite viens présenter ton offrande.Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui,pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge,le juge au garde,et qu’on ne te jette en prison »
Jésus va bien plus loin que ce à quoi nous pouvions nous attendre, c'est presque contre nature. Qui de nous en effet inverserait de cette façon la situation ? Jésus ne demande pas à l'offenseur d'aller vers, notre orgueil trouverait cela parfaitement normal, non ! Jésus demande à l'offensé d'aller vers le frère lui offrir son pardon . N'est-ce pas l'exemple donné par Jésus Lui-même ? L'homme a péché, l'homme s'est rebellé, l'homme a insulté Dieu,
il voulait être son propre Dieu alors, Dieu, en Jésus est venu vers cet homme, toi, moi, Il s'est livré aux mains de cet homme Lui permettant de Le fixer à la croix d'où a jailli la lumière : « Le centurion qui était là en face de Jésus,voyant comment il avait expiré, s'écria : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » (Marc 15) C'est en prenant conscience de « jusqu'où  va l'amour » que le centurion reconnaît qui est Jésus. Seul l'amour sauvera le monde !
La démarche demandée par Jésus est un risque mais qui ne risque pas stagne et se délite ! Il convient bien sûr, d'avancer avec prudence, de trouver le geste , le mot, de demander l'aide de l'Esprit Saint, mais c'est le plus aimant qui est invité à prendre l'initiative. Peut-être serons-nous raillés, Jésus ne l'a-t-il pas été ? « Et les passants l'injuriaient en hochant la tête et disant: " Toi, qui détruis le sanctuaire et le rebâtis en trois jours sauve-toi, toi-même ! » (Matthieu 27)
Peut-être se gaussera-t-on de notre démarche ? Le plus à plaindre n'est-ce pas celui qui se durcit , se drape dans sa supposée dignité, s'enferme dans son entêtement ? Celui qui ose devient libre comme Jésus est libre ! A nous de choisir comme l'écrit Ben Sirac ! « Si vous demeurez dans ma Parole vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » Jean 8,31 Etre et demeurer dans la Parole de Jésus, voilà ce qui rend libre !
Jésus continue Son analyse de la loi :
Vous avez appris qu’il a été dit :Tu ne commettras pas d’adultère.
Eh bien ! moi, je vous dis :Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Ah le regard ! Autant le regard peut mettre en confiance, autant il peut dégrader, voire tuer ! Notre regard est une arme terrible , ne dit-on pas « il, elle, m'a fusillé du regard ? » Le regard déshabille aussi, comme il nous faut être vigilants ! Jésus le sait, Il nous invite à purifier notre regard, que l'on dit aussi, être le miroir de l'âme. Un regard suffit pour faire tomber un frère, une sœur ! « La lampe du corps c'est l’œil » dit ailleurs Jésus ! « Si ton œil est pur, tout ton corps est dans la lumière ! » Quand Jésus regarde, Il relève, Il aime : Il Lui suffit de regarder Pierre après la trahison pour que celui-ci, prenne conscience de la gravité de sa veulerie et se retire en larmes.
Souvenons-nous de la Samaritaine, « Et à ce moment (au moment où Jésus parle avec elle) arrivèrent ses disciples, et ils s'étonnèrent de ce qu'il parlait avec une femme; néanmoins, aucun ne dit: "Que demandez-vous?" ou: "Pourquoi parlez-vous avec elle?"..."Maintenant ce n'est plus à cause de ce que vous avez dit que nous croyons; car nous l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu'il est vraiment le Sauveur du monde." (Jean 4) Les apôtres s'étonnent, Jésus ouvre des horizons nouveaux !
de la femme adultère : « Alors les Scribes et les Pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère, et l'ayant fait avancer, ils dirent à Jésus: "Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère."Or Moïse, dans la Loi, nous a ordonné de lapider de telles personnes. .. "Femme, où sont ceux qui vous accusent? Est-ce que personne ne vous a condamnée? Elle répondit: "Personne, Seigneur"; Jésus lui dit "Je ne vous condamne pas non plus. Allez, et ne péchez plus." (Jean 8) Les uns accusent, Jésus relève !
Il n'est pas étonnant qu'ici , Jésus , dénonce un regard trop insistant comme étant péché en lui-même. Poser un acte condamnable est péché mais désirer au point de troubler le frère, la sœur, c'est déjà pécher , parce cette façon insistante d'agir, induit ce qui suivra à un moment ou un autre ! Dès lors la suite ne nous étonne plus :
« Si ton œil droit entraîne ta chute,arrache-le et jette-le loin de toi,car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.Et si ta main droite entraîne ta chute,coupe-la et jette-la loin de toi,car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la
géhenne » N'allons pas imaginer que Jésus nous suggère de nous amputer, Il nous invite avec fermeté à une immense vigilance, à trouver nous-mêmes les moyens de neutraliser ce qui nous porte au péché. Il le fait en des propos radicaux pour nous permettre de réfléchir sérieusement, de prendre conscience de nos tendances , de notre attrait au mal, pour engager un combat sans merci, à tout ce qui nous enchaîne. C'est la lettre aux Hébreux qui nous y invite clairement : «  vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang dans la lutte contre le péché ch.12.4 »La légende dit que Saint François d'Assise, assailli par les tentations, allait se rouler dans la neige pour apaiser et fuir ces tentations ! Vivre à la manière de Jésus, est un véritable combat contre les puissances du Mal qui nous assaillent intérieurement et extérieurement. Dans la 1ère à Tim nous lisons : «  Pour toi homme de Dieu, fuis le mal et recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur. Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle à laquelle tu as été appelé et pour laquelle tu as fait une belle profession en présence d'un grand nombre de témoins »

Voilà du grain à moudre comme le dit une émission de France Culture ! Et Jésus nous en donne encore  :
« Si quelqu’un renvoie sa femme,qu’il lui donne un acte de répudiation.
Eh bien ! moi, je vous dis :Tout homme qui renvoie sa femme,
sauf en cas d’union illégitime,la pousse à l’adultère ;et si quelqu’un épouse une femme renvoyée,il est adultère. » C'est vrai dans ce cas mais dans combien de circonstances de la vie ne sommes-nous pas capables de pousser nos semblables au péché ! Étaler des signes de richesses devant celui qui manque de tout, l'exciter par des attitudes lascives, faire miroiter d'impossibles possibles, autant de situations qui peuvent éveiller des convoitises et conduire au mal ! Certes, nous avons en nous le moyen de résister, mais St Paul nous invite à ne pas tenter nos frères : 
« Tel croit pouvoir manger de tout : tel autre qui est faible ne mange que des légumes. Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas, et celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l'a accueilli » Rom.«  Dieu en Jésus nous accueille tels que nous sommes et nous entraîne toujours plus loin dans l'amour, Il sait, Lui, où conduit l'amour! Il sait , Lui, que l'Amour est crucifiant !
Et dans Corinthiens : « Qui est faible sans que je sois faible moi-même , qui est scandalisé sans que je brûle ? » Voilà ce à quoi nous sommes conviés ! Il s'agit de marcher au pas du frère pour l'entraîner plus loin !« Mais celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu'on lui suspende une meule à âne autour de cou et qu'on le précipite au fond de la mer. Malheur au monde à cause des scandales! C'est une nécessité qu'il arrive des scandales; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive! (Matthieu 18) Jésus est clair en tout, pour tout, partout !
Tu ne manqueras pas à tes serments,mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout,ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,ni par la terre, car elle est son marchepied,ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.Et ne jure pas non plus sur ta tête,parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Je pense qu'ici, Jésus attire notre attention sur nos prétentions, Il nous invite à nous en remettre à son jugement Lui, le juge des vivants et des morts. Jurer ne serait-ce pas présumer de nos forces , or,sans Dieu, nous ne pouvons rien faire de bon, nous avons besoin de sa grâce pour tenir . Le chemin est difficile mais nous ne sommes pas seuls, Jésus est avec nous et
c'est Lui qui mène notre combat ! « C'est quand je suis faible que je suis fort » s'écrie St Paul , oui, parce qu'il s'abandonne entièrement dans le cœur de Jésus, c'est Jésus le vainqueur de toutes les formes de mal, de toutes nos fragilités ! Alors avançons dans la confiance en nous livrant à son amour ! Et :
Que notre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’,non’, si c’est ‘non’.Ce qui est en plus vient du Mauvais. »
Heureux ceux qui marchent
suivant la loi du Seigneur !
 
Heureux les hommes intègres dans leurs voies
qui marchent suivant la loi du Seigneur !
Heureux ceux qui gardent ses exigences,
ils le cherchent de tout cœur !
Toi, tu promulgues des préceptes
à observer entièrement.
Puissent mes voies s’affermir
à observer tes commandements !

Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ;
à les garder, j’aurai ma récompense.
Montre-moi comment garder ta loi,
que je l’observe de tout cœur.

L'Ermite

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