vendredi 24 septembre 2021

QUI N'EST PAS CONTRE NOUS EST AVEC NOUS !


XXVI e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


(Mc 9, 38-48)


ils cheminèrent à travers la Galilée, et il ne voulait pas qu'on le sût, car il donnait cet enseignement à ses disciples : (Mc 9) Nous sommes toujours dans le cadre de l'Enseignement que Jésus donne à ses Apôtres. Souvenons-nous également que lors du choix des Douze, Jésus  : les appela près de lui , et commença à les envoyer deux à deux, et leur donna pouvoir sur les esprits impurs. Il leur recommanda de ne rien prendre pour la route, (Mc 6) Jean et sans doute les autres pensent que cette mission spécifique leur est réservée

Jean lui dit : " Maître, nous avons vu quelqu'un qui ne nous suit pas, qui chassait les démons en votre nom, et nous voulions l'en empêcher, parce qu'il ne nous suit pas. " Cette remarque de l'apôtre Jean nous habille parfaitement de la tête aux pieds ne trouvez-vous pas ? Sous d'autres formes, avec des mots bien à nous nous pouvons entendre : « Ces gens-là ne sont pas de notre bord ! » Ceux-là ? Ils ne mettent jamais les pieds à l'église, ils auraient trop peur que la voûte leur tombe dessus ! » « De quoi se mêlent-ils, non seulement ils nous prennent notre pain mais, de plus, ils s'octroient tous les droits, pour les devoirs, c'est autre chose ! »Ces récriminations ne sont pas nouvelles, elles disent simplement quelque chose de notre humanité blessée. Nous voyons déjà cela dans le Livre de l'Exode au temps de Moïse, environ 1250 avant le Christ , c'est la Première lecture de ce jour.

Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse,prit la parole :
« Moïse, mon maître, arrête-les ! »    Mais Moïse lui dit :« Serais-tu jaloux pour moi ?Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »

Comme Josué, comme Saint Jean, nous avons vite fait de déraper et Jésus , tout en douceur nous répond :

" Ne l'en empêchez pas, car il n'est personne qui fasse miracle en mon nom, qui puisse bientôt après parler mal de moi. Qui n'est pas contre nous est pour nous.

Voilà, en peu de mots, une bonne mise au point ! Nul en effet ne peut faire le bien sans la puissance de l'Esprit, sans Son assistance . «  Tu es le bien, tout le bien, le bien suprême, Seigneur Dieu, vivant et vrai. »  dit St François d'Assise en s'adressant au Seigneur notre Dieu. Si Dieu est TOUT le BIEN, nul autre ne peut l'être et/ou le faire, sans être habité de Sa Présence, puisque Jésus nous dit ailleurs « sans moi, vous ne pouvez rien faire »

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. (Jn 15)

De même, Ses compatriotes disent de Jésus :

Jamais encore on n'avait entendu dire qu'un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » (Jn 9)

Le Bien est effectivement le signe de la présence de Dieu. Et si c'est le cas, comment parler mal de Celui qui nous habite, nous fait exister, nous ouvre à l'amour universel :

Si Satan, lui aussi, est divisé, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites que c'est par Béelzéboul que j'expulse les démons. Et si c'est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. Mais si c'est par le doigt de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le règne de Dieu est survenu pour vous. (Lc 11)

Qui n'est pas contre nous est avec nous ! Et c'est vrai dans tous les domaines. Puisse le Seigneur nous ouvrir à l'intelligence des Écritures !

Celui en effet qui vous donnera à boire un verre d'eau en mon nom, parce que vous

 êtes au Christ, je vous le dis, en vérité, il ne perdra pas sa récompense.

Certains ne le feront pas nécessairement spécifiquement au Nom de Jésus, mais simplement par bonté, par compassion, par altruisme. La bonté étant un attribut de Dieu, la personne qui agit ainsi naturellement, est animée par Dieu Lui-même qu'elle le sache ou non.

Quand je rencontre ce verset je pense chaque fois à cette personne inconnue, que je n'ai jamais revue non plus et qui m'avait offert un verre d'eau fraîche un jour de chaleur torride. Je suivais un traitement lourd à l’hôpital voisin, ce jour-là nous étions deux dans l'ambulance, et nous nous étions arrêtés pour déposer l'autre personne . Un membre de sa famille m'avait offert ce verre d'eau jusque dans l'ambulance. Je demande à Jésus de la bénir chaque fois que j'ai l'occasion d'y penser et je prie pour elle depuis ce jour. Par contre, Jésus ne se montre pas tendre avec tous les fauteurs de scandales :

Et celui qui scandalisera un de ces petits qui croient (en moi), il serait mieux pour lui qu'on lui attache autour du cou une meule à âne et qu'on le jette dans la mer. Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la : mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie, que de t'en aller, ayant deux mains, dans la géhenne, dans le feu inextinguible. Et si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le : mieux vaut pour toi entrer boiteux dans la vie, que d'être jeté, ayant deux pieds, dans la géhenne. Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le : mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu, que d'être jeté, ayant deux yeux, dans la géhenne, là où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s'éteint point.

Une lecture rapide des propos de Jésus peut nous choquer cela ne lui ressemble pas, mais pas du tout ! N'est-Il pas venu pour la vie et pour que chacun l'ait en abondance , jeter à la mer, couper, arracher, tout cela est étrange si on l'accueille tel quel. J'avoue que ces versets m'ont souvent dérangée et tant mieux ! Ils m'ont permis de creuser pour mieux comprendre. Si Jésus se montre excessif, je vois deux raisons à cette attitude :

  • Jésus veut nous réveiller, nous tirer de notre torpeur, en utilisant un langage violent Il cherche à capter notre attention. A Sa place nous ajouterions : « Vont-ils enfin comprendre ! »

  • Par ailleurs, je vois dans ces termes, une nuance d'humour noir, nous connaissons cela.( Oui, Jésus a de l'humour et Il Lui arrive d'en user. Un ami,André de Péretti, il y a une vingtaine d'année , a écrit un livre sur l'humour de Jésus, aux éditions du Cerf me semble-t-il) Quand quelqu'un ne peut, ne veut rien entendre, alors, pour le, la, faire bouger, nous forçons les expressions qui devraient susciter une réaction . Nous appelons cela de la provocation ! « Je vais bien trouver un moyen de faire bouger les lignes » pensons-nous. C'est ce que Jésus recherche ici car nous sommes un Peuple à la nuque raide :

    Le Seigneur dit à Moïse "Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. Maintenant laisse-moi: que ma colère s'embrase contre eux (Ex32)

    Reconnais que ce n'est pas parce que tu es juste que le Seigneur ton Dieu te donne ce bon pays en possession, car tu es un peuple à la nuque raide. (Dt 9)

    Le Seigneur dit à Moïse: " Dis aux fils d'Israël: Vous êtes un peuple à la nuque raide. (Ex 33)

Hommes à la nuque raide, incirconcis de cœur et d'oreilles, toujours vous résistez à l'Esprit Saint; vous êtes bien comme vos pères. (Act 7)

« Vous résistez à l'Esprit Saint » c'est justement cette résistance à l'Esprit Saint que Jésus stigmatise .

Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu'ils l'aient en abondance. (Jn 10)

Saint Paul, dans sa lettre aux Éphésiens nous décrit l'équipement utile et nécessaire pour mener le bon combat de la foi qui nous permet de tenir face aux tentations de tous genres qui peuvent nous déstabiliser :

Revêtez l'équipement de Dieu pour le combat, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du démon. Car nous ne luttons pas contre des hommes, mais contre les forces invisibles, les puissances des ténèbres qui dominent le monde, les esprits du mal qui sont au-dessus de nous. Pour cela, prenez l'équipement de Dieu pour le combat ; ainsi, quand viendra le jour du malheur, vous pourrez tout mettre en œuvre pour résister et tenir debout. Tenez donc, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l'ardeur à annoncer l'Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d'arrêter toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et l'épée de l'Esprit, c'est-à-dire la parole de Dieu. En toute circonstance, que l'Esprit vous donne de prier et de supplier. Restez éveillés afin de persévérer dans la prière pour tous les fidèles. (Eph 6)

Voilà pourquoi Jésus est venu pour que les brebis que nous sommes, aient la vie et la
vie en abondance , nous voir aller droit dans le mur pour fracasser nos vies dans l'illicite , le péché sous toutes ses formes est insupportable à Celui qui donne Sa vie instant après instant, et, jusqu'à l'extrême :

Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. (Jn 10)

Jésus veut notre bonheur et le bonheur , le vrai,se trouve en Lui qui est : « le chemin, la vérité et la vie » Or nous n'arrêtons pas de n'en faire qu'à notre tête comme autrefois le Peuple Hébreux et nous tombons et retombons dans nos ornières au risque de nous y enfoncer à jamais !

En Saint Matthieu Jésus dit également : « Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous sous des vêtements de brebis, mais au dedans sont des loups rapaces. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez: cueille-t-on du raisin sur les épines, ou des figues sur les ronces? Ainsi tout arbre bon porte de bons fruits, et tout arbre mauvais porte de mauvais fruits. Un arbre bon ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre mauvais porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits, on le coupe et on le jette au feu. Donc, c'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. (Mt 7)

Le langage de Jacques, dans la deuxième lecture n'est pas plus tendre :

Vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent.    Vos richesses sont pourries,vos vêtements sont mangés des mites,    votre or et votre argent sont rouillés.Cette rouille sera un témoignage

contre vous,elle dévorera votre chair comme un feu.Vous avez amassé des richesses,alors que nous sommes dans les derniers jours !    Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs,le voici qui crie,et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers.    Vous avez mené sur terre une vie de luxe et de délices, et vous vous êtes rassasiés au jour du massacre.    Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué,sans qu’il vous oppose de résistance.

Jésus nous demande d'être intraitables envers nous-mêmes. Il ne dit pas de couper le main du voleur, d'arracher l’œil de celui dont la regard est mauvais ou malsain , Il nous demande d'extirper de notre cœur, de mon cœur, tout ce qui nous entraîne, m'entraîne, au péché et surtout à l'injustice à l'égard de nos frères en humanité ! Bien sûr il ne s'agit pas d'appliquer ces versets littéralement car il n'est jamais permis de se mutiler. Nous savons que le Mal vient du cœur, de notre convoitise, c'est contre nos mauvais penchants que nous devons lutter avec vigueur

Dans St Luc Jésus nous dit :

L'homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l'homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c'est ce qui déborde du cœur. (Luc 6)

Donc si ma bouche exprime des paroles de consolation , des paroles d'apaisement c'est le trop plein de mon cœur habité par l'Esprit Saint qui s'exprime, dans le cas contraire, mon propre cœur est malade, il a besoin du médecin-Jésus, pour le guérir et le transformer.

Dans Matthieu Jésus est plus précis encore :

« Ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c'est ce qui souille l'homme. Car c'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l'homme ! Mat 15

Dans ce même passage, Marc a retenu d'autres ingrédients qui encombrent le cœur :

C'est du dedans du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie Mc 21

Avant d'arriver à la pointe de nos doigts , ou de nos orteils, le Mal sous toutes ses

formes est au cœur de notre cœur. C'est là que nous élucubrons tout ce qui nous détruit et détruit nos frères en faisant scandale. C'est cela que nous devons détruire avec force prière, et pénitence. Ce n'est pas pour rien que Jésus , quand Il nous apprend à prier nous fait supplier le Père : PARDONNE NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS A CEUX QUI NOUS ONT OFFENSES, NE NOUS LAISSE PAS ENTRER EN TENTATION, MAIS DELIVRE NOUS DU MAL, AMEN

Oui AMEN Seigneur

Vos richesses sont pourries, écrit Saint Jacques,vos vêtements sont mangés des mites,    votre or et votre argent sont rouillés.Cette rouille sera un témoignage contre vous,elle dévorera votre chair comme un feu.Vous avez amassé des richesses,alors que nous sommes dans les derniers jours !    Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs,le voici qui crie,et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers.  

Tout ce que nous gardons pour nous et seulement pour nous par peur, de manquer, ou pour augmenter notre avoir, tout ce qui stagne dans nos placards et se mite , tout l'argent cumulé que des héritiers lapideront, tout cela appartient à mon frère que j'ai spolié d'un juste salaire, au pauvre qui désespère dans un coin de rue, ...

Et réjouissons-nous, rendons grâce pour le « bien, tout le bien » qui se fait autour de nous car tout acteur du bien est habité par le Seigneur,même s'il n'est pas, pour le moment, en mesure de le reconnaître ! Il nous incombe de le lui révéler si Jésus nous en fait la grâce !




Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur.
 

(Ps 18, 9ab)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m’échappent.

Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.




L'Ermite

vendredi 17 septembre 2021

LE PLUS PETIT, VOILA LE PLUS GRAND !


XXV e DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE


Année B


(Mc 9, 30-37)




Ce dimanche encore, nous avons laissé quelques versets , dont la très belle péricope de la Transfiguration, sans doute parce que celle-ci fait l'objet d'une fête spécifique le 6 août.


Jésus traversait la Galilée avec ses disciples,et il ne voulait pas qu’on le sache, Il est tout-à-fait normal et souhaitable que Jésus prenne du temps avec Ses disciples seuls, pour les préparer à leur mission et, ici, à l'épreuve qu'ils vont affronter.

car il enseignait ses disciples en leur disant :« Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »

Il s'agit, ici, de la seconde annonce de la Passion, pour aussi dramatique que soit cette annonce elle passe à mille milles de la pensée des disciples. Livré aux mains des hommes ? Tué ? Ressusciter le troisième jour ? Depuis l'appel, ils ont compris, sans doute avec des hauts et des bas avoir trouvé le Messie

Or, André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu la parole de Jean, et qui avaient suivi Jésus. Il rencontra d'abord son frère Simon, et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (Jn 1)

Et Pierre, dans sa Profession de Foi, dimanche dernier le proclame avec toute sa fougue" Tu es le Christ. " (Mc 8) et en Saint Luc :" Le Christ de Dieu. " (Lc 9) Celui que Dieu s'est choisi pour se révéler à l'humanité.

Mais, encore une fois pas un Messie souffrant, pas un Messie apparemment vaincu un Messie vainqueur, triomphant , couvert de gloire , loin de la gloire divine, mais cette gloire du paraître, du triomphe, de la domination, de la force des muscles et des armes ! Ils sont à mille milles de Celui qu'annonce Jésus pour les préparer aux jours difficiles de la Passion , au dépouillement indispensable du Serviteur de Dieu, à cette pauvreté absolue qui laisse les hommes Le ridiculiser, Le bafouer, Le placer au ban des condamnés à une mort abjecte. Jésus a pourtant précisé à Pierre, celui qu'Il choisit pour détenir les clefs du Royaume «  arrière Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » cela est au-dessus de leur entendement .    Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interrogerPourquoi ont-ils peur ? De quoi ont-ils peur? Ils commencent à connaître Jésus, ils commencent à savoir que Jésus ne leur veut que du bien, qu'Il leur fait confiance. Ils sont heureux avec Jésus ! Pierre ne répondait-il pas à une question de Jésus : « A qui irions-nous, tu as les Paroles de la vie éternelle ! Nous croyons, nous, et nous savons que Tu es le saint de Dieu» Jn 6 68 Les disciples comprennent, comme nous, un certain nombre de choses mais l'essentiel leur échappe et « ils ont peur de L'interroger » ! Au fond ils ont peur de savoir, de connaître l'essentiel ! Ils ont peur de la vérité ! Peur de voir se lever le voile sur un Jésus différent de Celui qu'ils imaginent, peur d'être mis en présence d'un avenir où il faudra s'engager vraiment, assumer ses propres responsabilités . Ils percent une part de Son identité profonde mais il y a un hic, ils Le ressentent Saint, ils Le ressentent Autre, mais , en même temps, un des leur donc guerrier, combatif, mais qui donc est-Il vraiment ? Quelle est Sa différence ?Où est Sa différence ? Un chant de catéchèse, permettait, il y a quelques années, de poser cette question : Mais qui es-Tu Jésus ? Jésus est le Tout Autre et Il est le Tout proche ! Jésus est infiniment petit, Il est également tellement grand ! Et nous pourrions continuer !

Un dicton ne dit-il pas « la peur est mauvaise conseillère » en effet la peur paralyse, limite nos engagements et, par ricochet notre propre développement. Les apôtres n'échappent pas à cette limite, ils préfèrent détourner la conversation et s'occuper de questions qui leur paraissent plus légères même si elles ne sont pas à leur honneur.

Nous sommes bien de la même veine et pourtant, la Vérité rend libres ,il est hautement important de faire la vérité, d'essayer de comprendre. Nous sommes invités à aller droit au but, à éviter les méandres, c'est vers celui, celle qui peut éclairer que nous devons nous tourner. Le boulet que nous traînons disparaîtra et nous repartirons légers et assurés.

Jésus est clairvoyant, Il se rend compte que Ses amis ont l'esprit occupé ailleurs, Il leslaisse bavarder entre eux puisque leur cœur est fermé à l'essentiel. J'ai envie de dire « ils ne perdent rien pour attendre » mais ce n'est pas du tout ce genre de sentiment qui anime Jésus . Jésus donne le temps au temps , Il marche avec eux et Ils arrivèrent à Capharnaüm,et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « La Maison » c'est celle de Pierre qui reçoit largement ses frères de destin et où Jésus aime se reposer. En fin pédagogue, Jésus les a laissé « discutailler », l'heure est venue de parler vraiment, d'exposer ce qui les éloignait du thème que Lui-même abordait pour les aider à grandir . Jésus leur demande de Lui partager leurs conversations d'où, apparemment , Il s'est trouvé exclu même s'Il ne L'était pas totalement, car Jésus a bien compris qu'il y avait anguille sous roche , sans doute même a t Il deviné à partir de quelques éclats de voix, le contenu de ces conversations :

 :« De quoi discutiez-vous en chemin ? »    Ils se taisaient, Et les disciples se taisent ! Il n'est pas facile d'avouer une telle conversation tout empreinte de rivalité, de faire valoir, de quête de supériorité, quand le sujet proposé par le Maître évoquait : «  Livré aux mains des hommes ? Tué ? Ressusciter le troisième jour » On comprend que nos aînés dans la foi soient penauds et ne retrouvent plus leur verve d'il y a quelques minutes !

car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.St Jacques, auteur de notre seconde lecture du jour est l'un des Douze quand il écrit sa lettre il parle d'expérience, il se souvient de certains frottements la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes.....D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ?N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes     Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre.

Jésus égal à Lui-même,S’étant assis, appela les Douze et leur dit :« Si quelqu’un veut être le premier,qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Jésus prend le temps de se poser et, au lieu d'aborder des questions inutiles et dérangeantes, Il entre de Lui-même dans le vif du sujet et donne posément Sa réponse à la problématique qui divise, plus ou moins, les disciples . Réponse à la fois simple et exigeante , Jésus change en même temps l'ordre des choses ! Dans l'ordre évangélique ce n'est pas comme à l'école, ni même comme dans les grandes Écoles, où, être Premier de classe ou de promotion ouvre des portes et facilite l'avenir professionnel, en principe ! Dans l’évangile le premier , celui qui veut suivre pas à pas le Seigneur, est appelé à être le dernier, à devenir serviteur de tous ! Dans notre conception très humaine de voir les choses, le serviteur c'est celui qui accomplit les tâches subalternes c'est un exécutant qui accomplit de multiples tâches sur les ordres d'un maître : « Car moi qui n'ai rang que de subalterne, j'ai sous moi, des soldats : et je dis à l'un, va et il va ! Et à un autre viens ! Et il vient , et à mon serviteur : fais ceci et il le fait » Lc 7 souvent exigeant, parfois injuste et tyrannique. La conception évangélique, celle que propose Jésus, est bien différente . Avec Jésus, nous assistons à un renversement des valeurs. Là encore un chant de catéchèse disait, il y a quelques années en parlant de Jésus, « tu fais tout à l'envers » Celui que nous définirions comme le premier doit, devrait revêtir l'habit de celui qui sert comme le montre Jésus lors du lavement des pieds :

Jésus Se leva de table, posa son manteau, et ayant pris un linge, il s'en ceignit.
Puis il versa de l'eau dans le bassin et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.
Il vint donc à Simon-Pierre; et Pierre lui dit: "Quoi, vous Seigneur, vous me lavez les pieds!" Jésus lui répondit: "Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt." Pierre lui dit: "Non, jamais vous ne me laverez les pieds." Jésus lui répondit: "Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi." (Jn 13)

Le Saint Père qui se trouve au sommet de l’Église universelle n'est-il pas défini comme le Serviteur des serviteurs de Dieu ? Et dans une communauté, le ou la Supérieur(e) obéit bien plus que chaque membre ! Si il, ou elle cherche le bien de chacun(e) il, elle écoute beaucoup pour obtenir l'adhésion de tous, toutes aux décisions, et doit beaucoup composer. Nous n'en finirions pas de développer les multiples facettes du serviteur. En somme, si nous comprenons bien le « vivre ensemble » , chacun de nous est au service de quelqu'un, car tout ce que nous sommes appelés à réaliser n'est-ce pas pour le mieux être de tout un chacun ? Hélas, trop souvent, nous accomplissons nos responsabilités comme une domination , une supériorité . Il y a certes une hiérarchie dans le service, et chez les serviteurs , mais nous sommes chacun serviteur d'une cause et c'est à cela que Jésus nous invite et nous appelle. Celui qui veut être le premier qu'il soit le serviteur de tous ! Qu'il reste dans l'humilité car «Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. (Jn 15) 

Et pour bien se faire comprendre Jésus, « Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et : Jésus commence par accueillir un enfant , Il l'embrasse ce qui n'était pas fréquent à cette époque, Il le place au milieu du cercle des Douze, tous, des adultes, des gens qui se veulent sérieux, un enfant n'est guère pris au sérieux. Puis, à partir d'un être, plutôt insignifiant dans ce contexte leur dit :« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. 

« Celui qui accueille en mon nom cet enfant, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille accueille aussi celui qui m'a envoyé. Et celui d'entre vous tous qui est le plus petit, c'est celui-là qui est grand. » (Lc 9)

Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. (Mc 9)

Par contre, et il est bon de le rappeler :

Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu'on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on l'engloutisse en pleine mer. (Mt 18)

Jésus n'hésite pas à se mettre au niveau le plus bas, celui d' un enfant ! Un enfant c'est gentil, mais cela reste un enfant qui a besoin d'attention, de présence, quelqu'un, malgré tout qui est plus dans le besoin, dans la dépendance, que dans le don. Quelqu'un sur qui on ne peut pas s'appuyer, qui est plutôt dans l'attente, dans la demande. Accueillir un enfant non seulement pour lui-même, mais au nom de Jésus , de la part de Jésus, c'est accueillir Jésus Lui-même. Cette expression, en mon nom nous la trouvons quatorze fois dans les évangiles Sept fois chez Jean, une fois chez Luc, quatre fois chez Marc, et deux chez Matthieu: demander au nom de Jésus ! Recevoir du Père, au Nom de Jésus, accepter, que des inconnus agissent au Nom de Jésus même s'ils ne sont pas des nôtres, donner, au Nom de Jésus, agir, au Nom de Jésus, se réunir au Nom de Jésus ! Et Saint Paul nous dit dans sa Lettre aux Colossiens Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. (Col 3)

Un chrétien n'est rien par lui même, il n'est que dans et par le Christ ! ( nous ne sommes, par nous-mêmes que des serviteurs inutiles, inconsistants. Jésus Fils de Dieu n'a pas eu peur de s'abaisser, Il n'a pas cherché la première place cf Philippiens « Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus: bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. » (Phil 2)

Et Jésus complète « Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » Jésus s'efface devant le Père de toute Miséricorde ! En L'accueillant, nous accueillons le Père, Le Père et le Fils ne sont-Ils pas une seule et même personne : Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn10)

Et Jésus tient à nous faire entrer dans cette unité, nous ne sommes pas exclus du « cercle » divin :

Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. (Jn 17)

Et nous éprouvons sans cesse cette tentation de chercher à être les meilleurs, les plus performants , les premiers, les plus grands, les plus malins...et cela, jusque dans nos petits avoirs : notre chien par exemple ? C'est le meilleur, « comme lui, il n'y en a pas, il est trop » !

Notre fils, notre fille, c'est un, une géni(e) c'est le , la meilleur(e) de sa promotion etc...

Ma voiture c'est la plus performante, etc …

Frère, sœur, je suis ce que je suis, tu es ce que tu es, ce que nous devenons par la grâce de Dieu. Demandons cette grâce, de la petitesse, demandons l'humilité les uns pour les autres ! Être disciple c'est s'appliquer à marcher dans les pas de Jésus, c'est, peu à peu, un pas après l'autre, essayer de Lui ressembler, de devenir Christ !


Nul n'est disciple hormis le serviteur

Nul n'est Lumière sans l'amour indicible

Qui dans le frère découvre le Seigneur !


Nul ne console à moins d'avoir souffert,

Nul ne témoigne s'il ne vit la Parole

Où l'homme gagne sa joie quand il se perd !


Nul n'est semence à moins d'être semeur :

Point de récolte sans le temps du silence,

Car tout apôtre devient le grain qui meurt.

De la Liturgie des heures

L'Ermite

vendredi 10 septembre 2021

TU ES LE CHRIST


XXIV e DIMANCHE


DU TEMPS ORDINAIRE



(Mc 8, 27-35) 7,31/37

Ce dimanche , nous laissons encore quelques séquences telles que la seconde multiplication des pains, une nouvelle confrontation avec les Pharisiens qui demandent un signe et Jésus est formel :

Poussant un profond soupir, Jésus dit: " Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? En vérité, je vous le déclare, il ne sera pas donné de signe à cette génération. " (Marc (TOB) 8)

suivie d'une recommandation aux disciples : « Jésus leur faisait cette recommandation: " Attention! prenez garde au levain des Pharisiens et à celui d'Hérode. »

qui se mirent à discuter d'un tout autre sujet et Jésus les replaça dans la vie concrète qui est la leur, à Ses côtés Ils se mirent à discuter entre eux parce qu'ils n'avaient pas de pain. Jésus s'en aperçoit et leur dit: " Pourquoi discutez-vous parce que vous n'avez pas de pains ? Vous ne saisissez pas encore et vous ne Vous avez le cœur aveuglé ? Vous avez des yeux et vous ne regardez pas, vous avez des oreilles et vous n'écoutez pas ? Vous ne vous rappelez pas ? Quand j'ai rompu les cinq pains pour cinq mille hommes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze. Et quand j'en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant (Mc 8)

l'aveugle de Bethsaïde.

Après cette rencontre

Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de

Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? »     Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ;  pour d’autres, un des prophètes »

Et que disent, que pensent les non croyants aujourd'hui ? C'est très , très divers . Pour les uns, Jésus est un fondateur de religion, une parmi les autres ! pour d'autres, un mythe, pour d'autres un doux rêveur, quelqu'un de bon mais sans plus, un révolutionnaire, quelqu'un d'attachant mais seulement cela etc...    

Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Jésus devient plus précis, les autres c'est intéressant, mais pour vous, qui suis-je ? Jésus demande à Ses proches d'engager une parole personnelle, qui devrait leur permettre de mieux prendre conscience des raisons qui les entraînent à mettre leurs pas dans Ses pas depuis ce premier appel, cette première rencontre, qui a bouleversé leur vie .

Cette question, Jésus me la pose à moi, personnellement, aujourd'hui, en cet instant où j'écoute Sa Parole de vérité !. A moi, prêtre, religieux, religieuse, à moi laïc, laïque, jeune, enfant : qui est Jésus pour moi ? Pour toi ? L'heure est peut-être venue , en cette rentrée pastorale , de s'asseoir, de faire silence, un vrai silence sans musique de fond, ou alors la douce musique de l'Esprit Saint qui murmure dans mon cœur et m'aide à entendre les raisons qui se bousculent au fond de mon être . Je ne peux me permettre de répondre, mais je peux tenter de donner quelques raisons qui me permettront de faire le point dans ma vie , de tenter de savoir où j'en suis, de réveiller en moi le premier frémissement éprouvé lorsque nous nous sommes rencontrés, Jésus et moi, et où je Lui ai promis fidélité, où je me suis confondu(e) en action de grâce parce qu'Il a posé Son Regard, Sa Main sur moi , et si une larme glisse sur ma joue, c'est bon signe, et c'est le moment de redire merci, de repartir avec un nouvel élan, peut-être de demander pardon et de danser devant Dieu dans mon coeur, comme David devant l'Arche de l'Alliance, dans le secret de ma chambre !

Alors, qui EST JESUS POUR MOI AU-JOUR- D'HUI ? Quelqu'un qui me fait signe chaque dimanche mais que j'oublie vite quand je suis aux prises avec les tracas de la vie ?

Quelqu'un que je tire par le vêtement pour capter Son attention quand je me sens en danger et que je relègue dans les oubliettes quand je suis avec des copains (nes) qui « n'en ont rien à faire » ?

Quelqu'un qui m'attire, mais aussi me révulse par Ses exigences qui sont d'un autre âge, selon le monde dans lequel j'évolue ?

Ou Quelqu'un que je suis, sans trop savoir pourquoi, parce j'ai appris à suivre mes parents et que je ne veux pas les décevoir ?

Est-Il resté le premier et le plus merveilleux cadeau trouvé dans mon berceau suspendu de telle sorte que Son image attire et occupe mon regard ? Est-Il resté ce doux Nom que mes parents m'apprenaient à dire après ceux de Papa, Maman ? Celui que j'ai appris à connaître en regardant vivre mes parents et que j'ai eu envie de connaître en allant plus loin ?

Ou bien ce personnage qu'on appelait à l'aide en situation de danger et qui était vite remisé dans un placard quand tout allait bien ?

Ou bien est-Il devenu un bijou que je porte sur moi parce que ça fait bien et que je cache selon les lieux où je me trouve et les personnes que je rencontre ?....

A la question que JESUS ME POSE AU-JOUR-D'HUI , EN CET INSTANT , que puis-je répondre ? Est-ce que, en me glissant dans la peau de Pierre je suis capable de m'écrier et de crier :« Tu es le Christ. » l’Élu du Père, Celui que le Père a choisi pour révéler de quel Amour je suis aimé. Est-ce que je fais route avec LE VIVANT, ou avec Quelqu'un du passé , qui a vécu il y a plus de 2000 ans ? Est-ce que je m'adresse à Lui, Jésus, comme étant LE VIVANT qui m'informe , m'inspire, m'éclaire, me pose des limites à ne pas franchir par les événements, les portes, les routes qui se ferment parce qu'elles ne sont pas pour moi ? Est-ce que je Le reconnais dans celles qui s'ouvrent ou j'appelle cela un heureux hasard, une chance, une opportunité ? Est-Il vraiment Celui avec qui je parle simplement, dans la journée, tout au fond de mon cœur : merci Seigneur Tu m'as conduit(e), Tu m'as évité telle erreur …

Jésus n'est vraiment pas rancunier, Il continue Son œuvre d'Amour et de Salut sans tenir compte de nos indifférences quand ce n'est pas de nos appropriations avec notre propension à dire JE , J'ai fait ceci, j'ai réussi cela etc Non ! C'est Jésus en moi qui agit, qui m'agit ! Gloire à Jésus qui me sauve à chaque instant et m'anime que je le reconnaisse ou pas ! Si je Lui laisse la place, si je Le laisse habiter chez moi je deviens cette humanité de surcroît comme le Lui demande Sœur Élisabeth de la Trinité : « O Feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi afin qu’il se fasse

en moi afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe; que je Lui sois une humanité de surcroît, en laquelle il renouvelle tout son mystère. C'est ce qu'est sensé vivre tout consacré(e) et plus spécifiquement le prêtre quand il célèbre la Sainte Eucharistie ! Il offre alors son verbe, au Verbe de Vie en reprenant les Paroles divines : Ceci est mon Corps, Ceci est mon Sang, le Ministre ordonné, permet à Jésus de « s'incarner à chaque Eucharistie, de s'habiller comme au jour de l'Incarnation , de notre humanité » Ô oui qu'il est grand le mystère de la foi ! Et Jésus ne tient pas compte de la qualité humaine du Ministre, il est ordonné , il devient cet habit qui habille Jésus ! Que c'est grand !

Jésus ne se congratule nullement dans l'extraordinaire profession de foi de Pierre , bien au contraire, Il en appelle à la discrétion du groupe : 

Alors, il leur défendit vivement de parler de lui (en ces termes) à personne.Et pour quelle raison demandons-nous spontanément ? Sans nul doute , parce qu'il est trop tôt pour lever totalement le voile sur l'identité réelle de Jésus, ce serait faire obstacle à Sa Mission rédemptrice , c'est d'ailleurs ce qu'Il déclare vivement à Pierre qui, lui non plus, n'est pas prêt à affronter cette rude montée salvatrice, nous y revendons. C'est ce qu'Il tente d'expliquer à Ses apôtres en des termes qui les dépassent forcément .

Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens,les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.  Jésus disait cette parole ouvertement.

Nous nous sommes déjà arrêtés sur l'expression «  Fils de l'Homme » mais un petit rappel ne sera pas inutile , je l'emprunte à la revue « croire aujourd'hui » :

Dans les Évangiles, Jésus se désigne habituellement d'un titre énigmatique : "Fils de l'homme". Curieuse expression... Que signifie-t-elle ?

Cette expression est souvent associée à la précarité l'homme, sa fragilité, sa petitesse devant Dieu. Mais elle est aussi mise en lien avec le projet de Dieu: ce petit homme, ce "terreux", Dieu en fait le maître de la création et le comble de ses dons. Le

psalmiste peut alors s'écrier, ébahi: "Qu'est-ce que l'homme pour que tu te souviennes de lui, le fils d'homme pour que tu en aies souci ?" (Psaume 8, 5).

Le fils d'homme des Apocalypses

L'appellation "fils de l'homme" apparaît dans le livre de Daniel :

Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur tes nuées vint comme un Fils d'homme; il s'avança jusqu'au vieillard, et on le fit approcher devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. (Daniel 7)

Elle désigne le vainqueur des puissances du monde, représentées par autant de bêtes féroces. Le Fils de l'homme est le vainqueur du combat et la royauté universelle lui est remise.

Dans les paraboles du livre d'Hénoch, le fils d'homme est un être mystérieux, séjournant auprès de Dieu, possédant la justice. Il doit venir à la fin des temps où il siégera sur son trône de gloire, juge universel, sauveur et vengeur des justes qui viendront auprès de lui après la résurrection.

Quand Jésus se présente

Dans les Évangiles, l'expression "Fils de l'homme" apparaît plus de 70 fois. Et exclusivement sur les lèvres de Jésus ! On peut donc penser que les évangélistes ont retenu là une de ses expressions typiques. Pourquoi Jésus se présente-t-il ainsi ?

Peut-être à cause de l'ambiguïté du titre. Car il peut être compris dans un sens banal : Jésus est "fils de l'homme", au sens où il est pleinement homme, enraciné dans une descendance, rattaché à une famille, des amis, un métier, un village... Il vit discrètement, sans revendiquer sa filiation divine. Mais l'expression renferme aussi une allusion nette à l'apocalyptique que tout juif est susceptible d'entendre. Elle laisse

entrevoir l'autre face, plus mystérieuse, de son identité. Cet homme a un rapport particulier à Dieu qui "a mis en lui tout son amour". Il est le Fils de Dieu.

L'expression laisse donc ses interlocuteurs libres. Libres d'ignorer qui est Jésus, de le questionner sur son identité ou de se mettre à sa suite. Finalement : celui qui a des oreilles qu'il entende ! (Croire Aujourd'hui)

La Prophétie du prophète Daniel ne fait nullement allusion à une quelconque souffrance, d'où, sans doute la méprise du Peuple , qui attend un Messie Roi, un Messie triomphant, voire, dominateur, qui mettra à Ses pieds tous les peuples rebelles. Les apôtres n’échappent pas à cette façon de voir, à cette attente ! Dès lors, quand Jésus, dans son propos, parle de souffrance, de rejet, de mort violente (tué) et de résurrection trois jours plus tard, ils ne comprennent pas, d'où la réaction particulièrement vive de Pierre qui est attaché à Son Maître et qui, peut-être, ayant été appelé , envisageait un plan de carrière avec un tel chef ! Notons que Pierre, sans doute par respect des uns et de Jésus, l'attire en dehors du cercle pour Lui livrer sans ménagement sa pensée : Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches

Pierre montre bien à cet instant son attachement tout humain à Jésus. Le Maître et le disciple ne sont pas du tout sur le même plan.

Le Fils de l'homme vient révéler l'amour du Père à l'humanité empêtrée dans le péché d'orgueil, de domination, de triomphalisme en adoptant la tenue de serviteur, l'autre, Pierre, espère avec le Peuple, un chef à la main de fer qui mènera le Peuple « à la baguette » ! Pierre vient de proclamer son adhésion : « Tu es le Christ » oui mais un Christ fort ! Un Christ combatif ! Un Christ guerrier ! Un Christ victorieux ! Et Jésus Le présente, Se présente, faible, rejeté, mort de mort violente puisque tué ! Il est bien question de résurrection, mais à ce stade qu'est-ce que ça peut vouloir dire ? De plus, Jésus ne ménage pas ses disciples et plus particulièrement Pierre qui prétend empêcher Jésus de suivre Sa vocation de Fils Premier né  !

Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Contrairement à Pierre qui a adressé discrètement ses reproches à Jésus en Le tirant à l'écart, Jésus, Lui, n'hésite pas à l'admonester rudement devant ses frères et dans des termes plus que désobligeants !

Étymologiquement, Satan signifie « l’adversaire » ou « l’accusateur  ». Il devient le Diable en grec ( le contradicteur, le diviseur), et en latin (diabolus, le calomniateur). Le Diable incarne, depuis la mythologie classique, l’esprit du mal, le mauvais génie.

La réplique de Jésus est violente, mais attention, elle ne désigne pas la personne de Pierre, mais ses pensées « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » son raisonnement immédiat, nourri par l'affection qu'il porte à Jésus. Pierre, je le disais plus haut, est dans l'affectif ( nous le verrons bientôt dans la Transfiguration : on est bien ici , dressons trois tentes, et Jésus le rappelle à la réalité ) il va devoir grandir en esprit et en vérité. Il a le droit d'aimer Jésus, mais il n'a pas le droit de se tromper d'amour ! Aimer c'est permettre à l'autre d'accomplir la mission qui est la sienne, c'est l'accompagner dans et pour cette mission, coûte que coûte, même si mon cœur saigne, c'est lui permettre de réaliser sa vocation. La vocation de Jésus, c'est de révéler l'amour du Père pour l'humanité dusse-t-Il y trouver la mort, comme Il le laisse entendre, pour préparer ceux qui Lui succéderont ! Jésus ne va pas tarder à le préciser.

Avant d'aller plus loin, demandons-nous, pourquoi Jésus a dit cela devant le groupe de ceux qu'Il a choisis . Si nous prenons cette séquence dans l’Évangile de Saint Matthieu nous découvrons qu'immédiatement après cette magnifique Profession de Foi, « Tu es le Christ » Pierre est établi, par Jésus, comme chef de l’Église naissante, donc, chef des apôtres « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Mt 16) si le chef se laisse dominer

par son affectivité ou tout autre passion d'ailleurs , il conduit ses frères dans l'abîme. Jésus, en agissant ainsi apprend à Pierre et à ses frères, ce qu'est le véritable amour et jusqu'où il peut conduire. Jésus lui révèle, mais il faudra encore bien des épreuves et des larmes pour qu'il le comprenne vraiment ,( témoins sa propre trahison, son reniement, ses larmes de repentir, ) qu'être disciple de Jésus , c'est ouvrir son oreille, mais c'est aussi ne pas se dérober , ne pas se révolter quand la souffrance, sous quelque forme que ce soit , frappe à la porte de nos vies ! C'est ce que nous dit Isaïe dans la première lecture Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,et moi, je ne me suis pas révolté,je ne me suis pas dérobé.    J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient,et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.     Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ;c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre :je sais que je ne serai pas confondu.

Et c'est ce que précise Jésus, non plus seulement aux disciples qu'Il a choisis et qui L'accompagnent dans tous Ses déplacements mais également à la foule et nous sommes dans cette foule, membres de cette foule.

    Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.     Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »

On ne peut pas être plus clair ni plus précis ! Suivre Le Maître, c'est épouser le même chemin ! Le disciple n'est pas plus grand que le Maître :

 « Il n'y a pas de disciple au-dessus du maître, ni de serviteur au-dessus de son Seigneur. Il suffit au disciple d'être comme son maître, et au serviteur comme son Seigneur. S'ils ont appelé le maître de maison Béelzéboul, combien plus les gens de la maison! » (Mt 10)

Nous devons emprunter le même chemin que le Maître. Or, notre Maître et Seigneur :

«bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix ». (Ph 2)

Comme Jésus, et Il ne le cache pas, en acceptant de marcher à Sa suite, nous devenons des serviteurs de la Parole et être serviteur c'est se mettre à genoux aux pieds de nos frères pour en sauver quelques uns :

Jésus leva de table, posa son manteau, et ayant pris un linge, il s'en ceignit. Puis il versa de l'eau dans le bassin et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.

Il vint donc à Simon-Pierre; et Pierre lui dit: "Quoi, vous Seigneur, vous me lavez les
pieds!" Jésus lui répondit: "Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt." (Jn 13)

Je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous afin de les sauver tous. Je fais tout à cause de l'Évangile, afin d'y avoir part. (1Co 9)

Notons toutefois que Jésus n'impose rien : « Si Quelqu'un veut marcher à ma suite » Jésus nous laisse décider en toute connaissance de ce qui nous attend  . Au Chapitre 10 de St Marc Jésus, non sans une pointe d'humour, précise la difficulté du chemin

" Voici que nous avons tout quitté pour vous suivre. " Jésus répondit : " Je vous le dis en vérité, nul n'aura quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou enfants, ou champs, à cause de moi et à cause de l’Évangile, qui ne reçoive le centuple maintenant, en ce temps-ci : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. Et beaucoup de premiers seront derniers, et beaucoup de derniers premiers. (Mc 10)

Suivre Jésus suppose une gratuité absolue , la gratuité même de Dieu ! Nous sommes aimés non pour nos dons ( ils ne nous appartiennent pas nous les recevons d'en-haut ) nous sommes aimés parce que Dieu ne sait pas faire autre chose qu'AIMER et comme Il nous dit « Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant? 48 Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Mt 5)  si nous voulons dire en vérité « je t'aime » nous n'avons pas d'autre chemin que celui de l'AMOUR A L'IMAGE DE DIEU , puisque, à l'image de Dieu nous sommes créés !! « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Gn1)

Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.
 (Ps 114, 9)

J’aime le Seigneur :
il entend le cri de ma prière ;
il incline vers moi son oreille :
toute ma vie, je l’invoquerai.

J’étais pris dans les filets de la mort,
     retenu dans les liens de l’abîme,
j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ;
j’ai invoqué le nom du Seigneur :
« Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »

Le Seigneur est justice et pitié,
notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits :
j’étais faible, il m’a sauvé.


   Il a sauvé mon âme de la mort, 

gardé mes yeux des larmes
      et mes pieds du faux pas.
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.

L'Ermite