XXV e DIMANCHE
DU TEMPS ORDINAIRE
Année B
(Mc 9, 30-37)
Ce dimanche encore, nous avons laissé quelques versets , dont la très belle péricope de la Transfiguration, sans doute parce que celle-ci fait l'objet d'une fête spécifique le 6 août.
Jésus traversait la Galilée avec ses disciples,et il ne voulait pas qu’on le sache, Il est tout-à-fait normal et souhaitable que Jésus prenne du temps avec Ses disciples seuls, pour les préparer à leur mission et, ici, à l'épreuve qu'ils vont affronter.
car il enseignait ses disciples en leur disant :« Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
Il s'agit, ici, de la seconde annonce de la Passion, pour aussi dramatique que soit cette annonce elle passe à mille milles de la pensée des disciples. Livré aux mains des hommes ? Tué ? Ressusciter le troisième jour ? Depuis l'appel, ils ont compris, sans doute avec des hauts et des bas avoir trouvé le Messie
Or, André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu la parole de Jean, et qui avaient suivi Jésus. Il rencontra d'abord son frère Simon, et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (Jn 1)
Et Pierre, dans sa Profession de Foi, dimanche dernier le proclame avec toute sa fougue" Tu es le Christ. " (Mc 8) et en Saint Luc :" Le Christ de Dieu. " (Lc 9) Celui que Dieu s'est choisi pour se révéler à l'humanité.
Un dicton ne dit-il pas « la peur est mauvaise conseillère » en effet la peur paralyse, limite nos engagements et, par ricochet notre propre développement. Les apôtres n'échappent pas à cette limite, ils préfèrent détourner la conversation et s'occuper de questions qui leur paraissent plus légères même si elles ne sont pas à leur honneur.
Nous sommes bien de la même veine et pourtant, la Vérité rend libres ,il est hautement important de faire la vérité, d'essayer de comprendre. Nous sommes invités à aller droit au but, à éviter les méandres, c'est vers celui, celle qui peut éclairer que nous devons nous tourner. Le boulet que nous traînons disparaîtra et nous repartirons légers et assurés.
:« De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, Et les disciples se taisent ! Il n'est pas facile d'avouer une telle conversation tout empreinte de rivalité, de faire valoir, de quête de supériorité, quand le sujet proposé par le Maître évoquait : « Livré aux mains des hommes ? Tué ? Ressusciter le troisième jour » On comprend que nos aînés dans la foi soient penauds et ne retrouvent plus leur verve d'il y a quelques minutes !
car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.St Jacques, auteur de notre seconde lecture du jour est l'un des Douze quand il écrit sa lettre il parle d'expérience, il se souvient de certains frottements la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes.....D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ?N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre.
Jésus égal à Lui-même,S’étant assis, appela les Douze et leur dit :« Si quelqu’un veut être le premier,qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Jésus prend le temps de se poser et, au lieu d'aborder des questions inutiles et dérangeantes, Il entre de Lui-même dans le vif du sujet et donne posément Sa réponse à la problématique qui divise, plus ou moins, les disciples . Réponse à la fois simple et exigeante , Jésus change en même temps l'ordre des choses ! Dans l'ordre évangélique ce n'est pas comme à l'école, ni même comme dans les grandes Écoles, où, être Premier de classe ou de promotion ouvre des portes et facilite l'avenir professionnel, en principe ! Dans l’évangile le premier , celui qui veut suivre pas à pas le Seigneur, est appelé à être le dernier, à devenir serviteur de tous ! Dans notre conception très humaine de voir les choses, le serviteur c'est celui qui accomplit les tâches subalternes c'est un exécutant qui accomplit de multiples tâches sur les ordres d'un maître : « Car moi qui n'ai rang que de subalterne, j'ai sous moi, des soldats : et je dis à l'un, va et il va ! Et à un autre viens ! Et il vient , et à mon serviteur : fais ceci et il le fait » Lc 7 souvent exigeant, parfois injuste et tyrannique. La conception évangélique, celle que propose Jésus, est bien différente . Avec Jésus, nous assistons à un renversement des valeurs. Là encore un chant de catéchèse disait, il y a quelques années en parlant de Jésus, « tu fais tout à l'envers » Celui que nous définirions comme le premier doit, devrait revêtir l'habit de celui qui sert comme le montre Jésus lors du lavement des pieds : Jésus Se leva de table, posa son manteau, et ayant pris un linge, il s'en ceignit.
Puis il versa de l'eau dans le bassin et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vint donc à Simon-Pierre; et Pierre lui dit: "Quoi, vous Seigneur, vous me lavez les pieds!" Jésus lui répondit: "Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt." Pierre lui dit: "Non, jamais vous ne me laverez les pieds." Jésus lui répondit: "Si je ne te lave, tu n'auras point de part avec moi." (Jn 13)
Le Saint Père qui se trouve au sommet de l’Église universelle n'est-il pas défini comme le Serviteur des serviteurs de Dieu ? Et dans une communauté, le ou la Supérieur(e) obéit bien plus que chaque membre ! Si il, ou elle cherche le bien de chacun(e) il, elle écoute beaucoup pour obtenir l'adhésion de tous, toutes aux décisions, et doit beaucoup composer. Nous n'en finirions pas de développer les multiples facettes du serviteur. En somme, si nous comprenons bien le « vivre ensemble » , chacun de nous est au service de quelqu'un, car tout ce que nous sommes appelés à réaliser n'est-ce pas pour le mieux être de tout un chacun ? Hélas, trop souvent, nous accomplissons nos responsabilités comme une domination , une supériorité . Il y a certes une hiérarchie dans le service, et chez les serviteurs , mais nous sommes chacun serviteur d'une cause et c'est à cela que Jésus nous invite et nous appelle. Celui qui veut être le premier qu'il soit le serviteur de tous ! Qu'il reste dans l'humilité car «Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. (Jn 15)
Et pour bien se faire comprendre Jésus, « Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et : Jésus commence par accueillir un enfant , Il l'embrasse ce qui n'était pas fréquent à cette époque, Il le place au milieu du cercle des Douze, tous, des adultes, des gens qui se veulent sérieux, un enfant n'est guère pris au sérieux. Puis, à partir d'un être, plutôt insignifiant dans ce contexte leur dit :« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé.
« Celui qui accueille en mon nom cet enfant, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille accueille aussi celui qui m'a envoyé. Et celui d'entre vous tous qui est le plus petit, c'est celui-là qui est grand. » (Lc 9)
Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. (Mc 9)
Par contre, et il est bon de le rappeler :
Celui qui entraînera la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu'on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on l'engloutisse en pleine mer. (Mt 18)
Jésus n'hésite pas à se mettre au niveau le plus bas, celui d' un enfant ! Un enfant c'est gentil, mais cela reste un enfant qui a besoin d'attention, de présence, quelqu'un, malgré tout qui est plus dans le besoin, dans la dépendance, que dans le don. Quelqu'un sur qui on ne peut pas s'appuyer, qui est plutôt dans l'attente, dans la demande. Accueillir un enfant non seulement pour lui-même, mais au nom de Jésus , de la part de Jésus, c'est accueillir Jésus Lui-même. Cette expression, en mon nom nous la trouvons quatorze fois dans les évangiles Sept fois chez Jean, une fois chez Luc, quatre fois chez Marc, et deux chez Matthieu: demander au nom de Jésus ! Recevoir du Père, au Nom de Jésus, accepter, que des inconnus agissent au Nom de Jésus même s'ils ne sont pas des nôtres, donner, au Nom de Jésus, agir, au Nom de Jésus, se réunir au Nom de Jésus ! Et Saint Paul nous dit dans sa Lettre aux Colossiens Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. (Col 3)
Un chrétien n'est rien par lui même, il n'est que dans et par le Christ ! ( nous ne sommes, par nous-mêmes que des serviteurs inutiles, inconsistants. Jésus Fils de Dieu n'a pas eu peur de s'abaisser, Il n'a pas cherché la première place cf Philippiens « Ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus: bien qu'il fût dans la condition de Dieu, il n'a pas retenu avidement son égalité avec Dieu; mais il s'est anéanti lui-même, en prenant la condition d'esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui; il s'est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. » (Phil 2)
Et Jésus complète « Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » Jésus s'efface devant le Père de toute Miséricorde ! En L'accueillant, nous accueillons le Père, Le Père et le Fils ne sont-Ils pas une seule et même personne : Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn10)Et Jésus tient à nous faire entrer dans cette unité, nous ne sommes pas exclus du « cercle » divin :
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. (Jn 17)
Et nous éprouvons sans cesse cette tentation de chercher à être les meilleurs, les plus performants , les premiers, les plus grands, les plus malins...et cela, jusque dans nos petits avoirs : notre chien par exemple ? C'est le meilleur, « comme lui, il n'y en a pas, il est trop » !
Notre fils, notre fille, c'est un, une géni(e) c'est le , la meilleur(e) de sa promotion etc...
Ma voiture c'est la plus performante, etc …
Frère, sœur, je suis ce que je suis, tu es ce que tu es, ce que nous devenons par la grâce de Dieu. Demandons cette grâce, de la petitesse, demandons l'humilité les uns pour les autres ! Être disciple c'est s'appliquer à marcher dans les pas de Jésus, c'est, peu à peu, un pas après l'autre, essayer de Lui ressembler, de devenir Christ !
Nul n'est disciple hormis le serviteur
Nul n'est Lumière sans l'amour indicible
Qui dans le frère découvre le Seigneur !
Nul ne console à moins d'avoir souffert,
Nul ne témoigne s'il ne vit la Parole
Où l'homme gagne sa joie quand il se perd !
Nul n'est semence à moins d'être semeur :
Point de récolte sans le temps du silence,
Car tout apôtre devient le grain qui meurt.
De la Liturgie des heures
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