samedi 30 juillet 2016

HEUREUX LES PAUVRES DE CŒUR !

XVIIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Lc 12, 13-21

HEUREUX LES PAUVRES DE CŒUR !

« Maître, dis à mon frère
de partager avec moi notre héritage. »



La tentation est grande de se comporter en enfant gâté et d'utiliser Jésus pour se déresponsabiliser ! Nous ne sommes pas loin du « je m'en lave les mains de Pilate » Voilà quinze jours, c'était Marthe qui interpellait Jésus Lui demandant, en des termes peu académiques de régler le problème des tâches de l'hospitalité entre sa sœur et elle ! Aujourd'hui, c'est un anonyme, du moins pour nous, qui demande l'arbitrage de Jésus dans un problème d'héritage ! La demande est directe, il y va sans détour, avec sans gêne même « dis à mon frère » ! N'êtes-vous pas troublé par cette façon cavalière de s'adresser à Jésus et par le contenu de l'attente ? Est-ce la mission de Jésus de s'interposer dans nos litiges familiaux ? Est-Il venu pour cela ? Si nous nous comportons de la sorte dans nos prières de demande, ne nous étonnons pas d'avoir l'impression de n'être pas écoutés !

La semaine dernière, avec le Notre Père, Jésus nous invitait à nous tourner vers Abba, pour des raisons sérieuses non pour des chamailleries de gosses ! Une fois encore Jésus renvoie son interlocuteur à lui-même et sa réponse est amplement justifiée ;

    Jésus lui répondit :
« Homme, qui donc m’a établi
pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? »

Jésus renvoie aussitôt cette personne à sa propre responsabilité ! Toutefois, il va partir de l'incongruité de cette demande pour donner un éclairage évangélique sur les biens, quels qu'ils soient.

    Puis, s’adressant à tous :
« Gardez-vous bien de toute avidité,
car la vie de quelqu’un,
même dans l’abondance,
ne dépend pas de ce qu’il possède. »

« Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ! » En accueillant l’Évangile de ce jour, ce verset s'est imposé à mon esprit, et Jésus le confirme par son propos. Trop souvent, le partage des biens entraîne d'amères disputes, suivies de dissensions qui peuvent perdurer la vie entière et même, se transmettre de génération en génération ! Qu'il s'agisse d'ailleurs de biens matériels ou de propos tenus à tel tournant de la vie ! Pensons-nous à cette remarque de l'ami Job dans nos tiraillements ? : « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j'y retournerai. Le Seigneur avait donné, le Seigneur a repris : Que le nom du Seigneur soit béni ! » (Job 1) 

Qui est parti dans l'au-delà avec ses soit-disant biens ? Avons-nous jamais vu un enterrement suivi de meubles auxquels la personne tenaient, de son coffre à bijoux, de ses billets de banque ? Nos disputes pour des biens qui peuvent être brûlés, saccagés, détruits, volés d'un instant à l'autre, ne tiennent pas debout, cet avoir, il faudra bien s'en détacher ! Et, dans la situation qui nous intéresse qui sera le plus malheureux si l'amour ne prend pas le dessus ? La personne lésée ou celle qui ramène tout à elle pour agrandir son patrimoine et briller aux yeux des autres ? Dans la Parabole qui suit, Jésus nous aide à prendre conscience de notre inconsistance !

    Et il leur dit cette parabole :
« Il y avait un homme riche,
dont le domaine avait bien rapporté.
    Il se demandait :
‘Que vais-je faire ?
Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.’
    Puis il se dit :
‘Voici ce que je vais faire :
je vais démolir mes greniers,
j’en construirai de plus grands
et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
    Alors je me dirai à moi-même :
Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition,
pour de nombreuses années.
Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’
    Mais Dieu lui dit :
‘Tu es fou :
cette nuit même, on va te redemander ta vie.
Et ce que tu auras accumulé,
qui l’aura ?’
    Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même,
au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

« Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; et celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera. Quel profit en effet aura l'homme, s'il gagne le monde entier, mais perd son âme ? Ou que donnera l'homme en échange de son âme? »

« Car le Fils de l'homme doit venir dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon ses œuvres. (Mat.16) » Nous dit ailleurs Jésus ! 

Quant à Qohéleth, dans la première lecture, il ne parle pas différemment : « Vanité des vanités, tout est vanité ! » Et St Paul, dans sa Lettre aux Colossiens, nous invite à rechercher « les réalités d’en haut non pas celles de la terre. ... Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre » . N'est-ce pas clair?

Chers amis, nous sommes invités à nous tourner vers l'essentiel, à nous attacher aux valeurs qui demeurent non à celles qui passent , une seule est sûre : chercher d'abord les royaume de Dieu et sa justice et toutes choses nous seront données en plus ! De quoi vous inquiétez-vous, regardez les oiseaux du ciel qui ne sèment ni ne moissonnent, regardez les lys des champs … l’Écriture foisonne de suggestions pour nous aider à vivre à un autre niveau. Il ne s'agit pas d'attendre béatement que tout nous vienne du ciel bien sûr. Nous avons reçu des dons, nous devons les développer et permettre à notre famille de vivre décemment mais il est inutile de thésauriser et plus inutile encore de nous disputer pour des broutilles fussent des biens car « bien mal acquis ne profite jamais » dit un dicton. 

La vie se charge de rétablir la justice en principe et si ce n'est pas le cas, chacun rendra compte de ses actes lors du dernier voyage. Cultivons la paix



avec tous, recherchons la paix c'est la clef du bonheur, c'est la source de notre sérénité. Que le Seigneur Lui-même élargisse l'espace de notre cœur, qu'Il nous rende miséricordieux, débordants de mansuétude, qu'Il nous donne un cœur bon car « la bonté est ce qui ressemble le plus à Dieu et désarme le plus les hommes » écrivait Lacordaire. Souhaitons-nous les uns les autres d'être bons, comme du bon pain dans lequel il fait bon croquer et laissons à Dieu le soin, le moment venu, d'établir la justice, Lui seul connaît le fond des cœurs.

A cette heure dramatique pour l’Église, pour tout homme de bonne volonté, le départ brutal du P.Hamel devrait parler à notre cœur , ce Père est parti dans l'exercice de son ministère, avec, sur lui, ses seuls vêtements du Ministère ! Prions-le de nous apprendre le dépouillement, prions aussi pour ses agresseurs : ensemble ils se sont trouvés devant Abba !


Tu fais retourner l’homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une herbe changeante :
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.

Oui, Seigneur, rassasie-nous de Ton amour au matin !

l'Ermite

samedi 23 juillet 2016

ABBA ! PAPA !

XVIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 11, 1-13)


Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.

Ceci n'est pas nouveau, Jésus prie et, Jésus prie très souvent, Il est même dans un état permanent de prière.. Jésus, nous précise l’Évangile, ne fait rien qu'Il ne voie faire au Père. « je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné.Et celui qui m'a envoyé est avec moi, et il ne m'a pas laissé tout seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît." Jn 8,28 Tel est Jésus dans cette relation unique avec Son Père de qui Il reçoit tout, à chaque instant. Et nous ? Nous qui voulons être grands, qui voulons nous prouver et prouver aux autres nos capacités, avons-nous ce souci de « tout recevoir pour tout donner » comme le disait St François d'Assise ?

Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »

Souvent nous entendons dire autour de nous : « je ne sais pas prier », « je ne sais pas quoi dire à Dieu, comment Lui parler » … tout d'abord, soyons convaincus qu'il ne s'agit pas tant de « dire » que d'écouter. Nous devons nous rendre disponibles, nous établir dans le silence pour entendre et reconnaître Dieu qui parle à notre cœur. Souvenons-nous du Prophète Élie :

« Sors, et tiens-toi dans la montagne devant le Seigneur, car voici que le Seigneur va passer.» Et il y eut, devant le Seigneur, un vent fort et violent,...le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre: le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu: le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. Quand Élie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau et, étant sorti, il se tint à l'entrée de la caverne. Et voici qu'une voix se fit entendre à lui, en disant: «Que fais-tu ici, Élie?»

Et, si nous sommes dans une sécheresse absolue, tenons-nous simplement, devant le Seigneur, l'esprit en éveil, le cœur ouvert, un ardent désir dans le cœur, en attente active du don de Dieu. Peut-être n'éprouverons-nous rien à ce moment, mais la Paix de Dieu descendra en nous, nous serons plus sereins et souvent surpris des inspirations de l'Esprit Saint dans notre vie quotidienne, car Dieu nous parle dans et par les personnes rencontrées, les événements, les lectures. Notre Dieu est le Dieu des surprises ! Et le temps pris en sa Présence, même dans une apparente vacuité, ce temps est riche et nous comble à notre insu.

    Jésus leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
Père,

Avons-nous pris, au moins une fois, le temps de nous arrêter sur ce que représente cette expression ? Père ! Et sur le fait d'oser l'adresser à Celui qui régit les mondes, Celui qui est à l'origine de TOUT ? Moi, minuscule créature, sur le commandement de Jésus, je me permets de dire au Créateur : Abba, Papa ! Qui pourrait oser, si cela ne lui était soufflé ? C'est totalement disproportionné !

Je me souviens, de tout une période, où, on prétendait difficile, sinon impossible de présenter Dieu comme Père à des enfants privés des joies familiales et accueillis dans des structures à caractère social. Il était difficile de ramer à contre courant car les chargés de catéchèse emboîtaient allègrement le pas, sans une réelle réflexion. Cela me mettait profondément mal à l'aise. Peut-être aurions-nous pu nous en sortir en réfléchissant ensemble sur ce que représente, pour nous, un père, un vrai , nous n'aurions pas eu de difficulté, me semble-t-il, à prendre conscience qu'un seul est digne de ce nom, qu'un seul répond à ce que nous attendons, espérons, ce que nous entrevoyons dans cet extraordinaire et si profonde réalité. Nul ne se serait alors senti « orphelin » car chacun pouvait et peut se tourner vers Lui et L'appeler PAPA !

Sommes-nous conscients, réalisons-nous vraiment que DIEU, Celui qui nous donne l'être, Dieu, est notre Abba, Papa ! C'est vertigineux ! A chaque instant de ma vie, au cœur de mes occupations, je peux tourner mon esprit et mon cœur vers Lui et Lui dire Abba, je Te rends grâce, je T'aime, je me reçois de Toi, je T'espère, Tu es mon rocher, ma forteresse, mon bastion , ma source, ma fontaine, ma joie, mon bonheur, ma délectation, mon appui ...

Et imaginons du coup, à quel point nos indifférences, nos rejets, nos forteresses, nos tours d'ivoire, peuvent lui être douloureuses à Lui Le MISÉRICORDIEUX qui, malgré notre indignité, ne cesse de nous ouvrir les bras comme le Père de l'enfant prodigue, que nous sommes, sachant que, s'il en était autrement Il ne serait pas ce Dieu en qui je crois, j'adhère et que j'aime, ce Dieu à qui je dis, en toute confiance, ABBA ! Ce Dieu qui court vers moi, les bras ouverts pour m'accueillir telle que je suis. « Comme il était encore loin,( l'enfant prodigue) son père le vit; et, touché de compassion, il courut, se jeta à son cou, et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: " Mon père, j'ai péché contre le ciel et envers toi; je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. " Mais le père dit à ses serviteurs: " Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt
et des chaussures aux pieds; et amenez le veau gras, tuez-le; et mangeons, festoyons: car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il a été retrouvé. " Et ils se mirent à festoyer. » Luc 15,20

C'est le Abba, qui court, c'est Abba qui se jette à mon cou et me couvre de baisers et non le contraire, c'est Abba qui me revêt de la plus belle robe, me passe l'anneau au doigt, ordonne une fête parce que je suis là, dans Ses bras de Père ...et il en est ainsi, chaque fois que je tente une démarche de retour vers l'Amour ! Est-ce que nous sentons cela, est-ce que nous savons nous réjouir d'être ainsi attendus ?D'être aimés à ce point ? Aimés au point que Jésus, le Fils unique et bien-aimé du Père donne sa vie pour moi ! Et c'est Lui qui, alors qu'Il est en route vers sa Pâque, qui nous dit, aujourd'hui, quand vous priez dites : « Abba »

que ton nom soit sanctifié,

Comment, moi, puis-je sanctifier le Nom de Dieu qui est Saint en Lui-Même ? » « Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu de l'Univers » Je Le sanctifie en vivant de Lui, par Lui, en Lui ! Plus ma vie est en accord avec son Amour, plus elle chante Sa gloire ! Saint Irénée n'écrivait-il pas :« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » ? C'est en accordant ma Vie à ce qu'Il est que je lui rends gloire ! C'est en aimant comme Il aime !
que ton règne vienne.

Ici, nous sommes plus vite en phase . Nous souhaitons du fond de notre être que Dieu règne sur tous les cœurs, dans tous les cœurs, sur l'univers entier ! Dieu reconnu, Dieu, aimé, Dieu béni, Dieu glorifié par toutes Ses créatures.
Viennent ensuite ces demandes qui concernent l'essentiel de notre vie et c'est Jésus Lui-même qui en donne le contenu et l'ordre. Pour servir Dieu, un corps sain et fort est nécessaire :

Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour

d'où cette demande du pain quotidien. Remarquons la nuance, il ne s'agit pas de thésauriser mais d'avoir ce qui convient à chaque jour, ni plus, ni moins : ce dont nous avons besoin . Jésus revient plusieurs fois sur ce point dans l'évangile :  « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme » Mt 16,26

Un corps sain est une chose, mais à quoi cela sert-il si je l'utilise pour nuire à mes frères ? S'il enveloppe un esprit tordu qui passe son temps à élucubrer des stratégies mortifères ?

Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.

Jésus nous invite ici, à connaître et reconnaître nos limites nos fragilités, notre péché , Il s' appuie sur l'expérience que nous sommes sensés avoir, du pardon que nous offrons à ceux qui nous ont causé du tort.Dans sa générosité, Jésus ne peut envisager que nous puissions demander le pardon de Abba si nous sommes incapables de pardonner au préalable à nos débiteurs. Là encore c'est la Parabole du débiteur impitoyable en Mt 18 «  Ce serviteur, à peine sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers. L'ayant saisi à la gorge, il l'étouffait, disant: " Paie ce que tu dois. " Son compagnon de service, tombé à ses pieds, le suppliait, disant: " Aie patience envers moi, et je te paierai. " Mai lui ne voulait pas, et il s'en alla le faire mettre en prison jusqu'à ce qu'il eût payé sa dette.  » Et nous comment agissons-nous habituellement ??

Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Jésus qui connaît le cœur de l'homme sait jusqu'où le péché de l'humanité va Le conduire, cette dernière demande est davantage un appel qui veut nous éveiller au risque de l'endurcissement de notre cœur. Nous en aurons une dramatique illustration dans les comportements de Pierre et de Judas. Pierre,
quand Il prend conscience de sa trahison pleure amèrement et accepte de rencontrer le regard de Jésus, Judas, jette l'argent de son péché, il s'éloigne et se donne la mort. »Que nul, lorsqu'il est tenté, ne dise: " C'est Dieu qui me tente "; car Dieu ne saurait être tenté de mal, et lui-même ne tente personne. Mais chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l'amorce et l'entraîne. Ensuite la convoitise, lorsqu'elle a conçu, enfante le péché, et le péché, lorsqu'il est consommé, engendre la mort.Ne vous abusez pas, mes frères bien-aimés. Tout don excellent, toute grâce parfaite, descend d'en haut, du Père des lumières, en qui n'existe aucune vicissitude, ni ombre de changement. De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. (Jacques 1) »


Et pour étayer comme une preuve de l'amour inconditionnel que nous porte Abba Jésus propose cette merveilleuse parabole

 Jésus leur dit encore :« Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :‘Mon ami, prête-moi trois pains,  car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,et je n’ai rien à lui offrir.Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :‘Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés.Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.Eh bien ! je vous le dis :même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,et il lui donnera tout ce qu’il lui faut Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,lui donnera un serpent au lieu du poisson  ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants,combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Faut-il encore que nous Le Lui demandions ! Abba, ne s'impose pas, par Jésus, Il nous apprend comment vivre, comment nous comporter, Il ne nous impose pas Ses dons, Il ne cesse de nous dire et redire « si tu veux » A nous de savoir ce que nous voulons et de nous comporter comme des enfants aimants avec Abba ! Ne craignons pas de Lui demander une bonne « ration » d'Esprit Saint, c'est Lui qui nous « guidera à la Vérité tout entière ! »

N'est-elle pas belle la prière d'Abraham dans la première lecture de ce jour ?Abraham s’approcha et dit :« Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville.Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable,traiter le juste de la même manière que le coupable,loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? »
Le Seigneur déclara :« Si je trouve cinquante justes dans Sodome,à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. » Abraham répondit :« J’ose encore parler à mon Seigneur,moi qui suis poussière et cendre.Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? »
Il déclara :« Non, je ne la détruirai pas,si j’en trouve quarante-cinq. » Abraham insista :« Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? »
Le Seigneur déclara :« Pour quarante,je ne le ferai pas. » Abraham dit :« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère,si j’ose parler encore.Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? »Il déclara« Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. »
Abraham dit alors :« J’ose encore parler à mon Seigneur.Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? »Il déclara :« Pour vingt,je ne détruirai pas. »Il dit :« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère :je ne parlerai plus qu’une fois.Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? »Et le Seigneur déclara :
« Pour dix, je ne détruirai pas. 


Et nous redouterions d'adresser nos demandes à notre Abba ? Soyons sérieux, si un père terrestre ne donne pas un scorpion à son fils qui lui demande du poisson à plus forte raison notre Père, plein de tendresse et d'amour nous donnera-t-Il ce qui convient pour conduire notre vie selon Son dessein d'amour . « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que lui dit son Seigneur ! »

Le jour où je t’appelle,
réponds-moi, Seigneur.
(cf. Ps 137, 3)

De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.

Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.





l'Ermite

jeudi 14 juillet 2016

UNE SEULE CHOSE EST NECESSAIRE

XVIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Luc 10 38-42



  En ce temps-là,
    Jésus entra dans un village.
Une femme nommée Marthe le reçut.
    Elle avait une sœur appelée Marie
qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Cette péricope éveille chez moi, quelques remarques :

C'est Marthe qui reçoit : cela signifie qu'elle est la maîtresse de Maison et Marie semble être de passage ou tient une place secondaire. Cependant, la question qui suit évoque une certaine intimité entre les deux sœurs, une proximité.

Marie, immédiatement, s'installe au pied du Maître, elle semble Le connaître et, d'entrée de jeu, ne veut rien perdre de Ses Paroles, Lui la Parole incarnée.

Marthe ne semble pas prendre le temps de l'accueil pourtant très important en Orient, vite elle rentre en action et s'affaire pour préparer le repas de ses hôtes. (N'oublions pas que Jésus est en route pour Jérusalem avec Ses disciples et que, chemin faisant Il profite de toutes les circonstances pour les enseigner.)

Nous sommes en présence de deux attitudes différentes mais qu'il serait maladroit, me semble-t-il, d'opposer, comme cela a souvent été le cas : Marie la contemplative, Marthe l'hyper active ! La vie ne nous montre-t-elle pas que les deux sont indispensables ?

S'il n'y avait que des « Marie » à l'état pur, celles-ci dépériraient vite, quant aux « Marthe » le risque serait de s'agiter au maximum sans la moindre réflexion au point de tout bousculer sur son passage et de faire plus de mal que de bien ! Alors quel est la clef de ce message ? Poursuivons sereinement notre lecture :

    Quant à Marthe, elle était accaparée
par les multiples occupations du service.
Elle intervint et dit :
« Seigneur, cela ne te fait rien
que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ?
Dis-lui donc de m’aider. »



Que Marthe soit accaparée par les exigences de cette visite, me semble tout-à-fait normal, voire louable, elle se met vite à l’œuvre pour honorer son hôte et Ses accompagnateurs. Qui agirait différemment ?

Son intervention, par contre, affiche un certain agacement :« Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ?Dis-lui donc de m’aider. » N'y a-t-il pas là matière à une première remise en question de Marthe, de chacun de nous aussi ?

Dans ce contexte, que Marthe fasse appel à sa sœur cela semble légitime, elle porte seule le poids de cette réception. Mais, si nous décortiquons le contenu, nous nous rendons vite compte qu'il s'agit plus d'une revendication habitée par une certaine animosité , voire une pointe de jalousie .

Marthe ne s'adresse pas à sa sœur, pourquoi ? De plus, elle souligne la négligence de Marie et demande à Jésus d'intervenir. Toutes deux sont adultes, donc en mesure de régler entre elles leurs différents. Pourquoi appeler Jésus au secours et en quels termes d'ailleurs ! : « cela ne te fait rien ? Dis-lui donc de m’aider. » Ne reconnaissons-nous pas une colère sourde dans de tels propos ? Un sans gêne autoritaire dans sa réclamation ? Ne pouvait-elle discrètement s'approcher de sa sœur pour lui demander de la soulager ? S'excuser, le cas échéant, d'interrompre leur conversation et demander de l'aide ?

Notons au passage, que Marthe semble avoir légèrement exagérer dans la préparation de ce repas, Jésus fait une pause pour se reposer Il ne vient pas festoyer, l'important, pour Lui, n'est-il pas dans la Rencontre ? Jésus monte vers Sa Pâques, Il veut revoir Ses amis, lesquels ignorent bien sûr qu'il s'agit sans doute d'une ultime visite. Marthe en bonne Maîtresse de Maison cherche à faire plaisir, peut-être aussi à plaire, Marie est entièrement tournée vers le Maître, on peut dire qu'elle boit Ses Paroles, ne veut rien perdre de cette extraordinaire Présence.

Il n'est pas négligeable de nous arrêter personnellement sur ce comportement pour prendre la mesure de nos peurs, de notre sans gêne de nos immaturités relationnelles, de nos jalousies, rivalités...des motivations de nos interventions ! à chacun de trouver où le bât blesse dans sa propre vie.

Jésus est loin d'être dupe, mais là encore ne déformons pas ses propos. Essayons d'accueillir le message :

    Le Seigneur lui répondit :
« Marthe, Marthe, tu te donnes du souci
et tu t’agites pour bien des choses.
    Une seule est nécessaire.
Marie a choisi la meilleure part,
elle ne lui sera pas enlevée. »



Que nous dit Jésus ? Jésus ne méconnaît pas les règles de l'hospitalité, Il sait aussi, que la préparation d'un repas, même simple, demande du temps, Jésus sait surtout qu'Il est en route pour Jérusalem et, que bientôt, Il disparaîtra des yeux de Ses amis, Il désire profiter de tous les instants de rencontre pour développer Son message d'Amour et révéler Son Père.

Marthe, si elle ne brasse pas du vent, semble s'intéresser au repas et à son service, elle souhaite que tout soit accompli au mieux , peut-être même trouve-t-elle une certaine satisfaction dans ce rôle de Maîtresse de Maison, ce n'est pas mauvais en soi, mais tout dépend de ce qui anime son cœur. Or les propos qu'elle a tenus sont loin d'être pacifiques et pacifiant !

Certains, pourraient être tentés, de voir dans l'attitude de Marie, un repli sur soi, une certaine paresse, un manque de réalisme, pourtant Jésus fait l'éloge de son attitude alors que veut-Il nous dire ?

Je pense que Jésus nous invite ici à aller à l'essentiel, à bien discerner les situations pour effectuer les bons choix, au bon moment. Souvenons-nous de ce passage de l’Écriture :

« Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux:
un temps pour naître, et un temps pour mourir;
un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;
un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir;
un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser;
un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements;
un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter;
un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler;
un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
Quel avantage celui qui travaille retire-t-il de sa peine? » Ec 3

Je dois apprendre à maîtriser mes pensées, mes aspirations, mes projets, mes désirs. Tout choix suppose un renoncement, à moi de bien peser pour discerner l'important de l'accessoire, je pense que c'est le sens de la réponse de Jésus. Certes Jésus est content de se restaurer chez ses amis mais être écouté, est supérieur et Il nous invite à ce qui est supérieur. «  viendront des jours où l'époux leur sera enlevé, et alors ils observeront le jeûne en ces jours-là. » Luc 5

Quelles sont nos priorités dans nos vies ? Est-ce que je sais prendre du temps pour écouter Jésus qui parle à mon cœur ? Est-ce que je sais m'asseoir à Ses pieds (aujourd'hui, devant le Tabernacle,) ou me retirer dans ma chambre et faire silence pour me laisser enseigner ?

Le Seigneur éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, pour que j'écoute en disciple. Le Seigneur m'a ouvert l'oreille! et moi, je n'ai pas résisté, je ne me suis pas retiré en arrière. Is 50

Comme les oiseaux, comme les lis des champs est-ce que je Lui fais confiance :
« Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Observez les corbeaux : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cellier ni grenier ; et Dieu les nourrit. Combien plus valez-vous que les oiseaux ! Et qui d’entre vous peut par son inquiétude prolonger tant soit peu son existence ? Si donc vous êtes sans pouvoir même pour si peu, pourquoi vous inquiéter pour tout le reste ? Observez les lis : ils ne filent ni ne tissent et, je vous le dis : Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu habille ainsi en pleins champ l’herbe qui est là aujourd’hui et qui demain sera jetée au feu, combien plus le fera-t-il pour vous, gens de peu de foi. Et vous, ne cherchez pas ce que vous mangerez ni ce que vous boirez, ne vous tourmentez pas. Tout cela, les païens de ce monde le recherchent sans répit, mais vous, votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » (Lc 12, 22-32)

Les Paroles de Jésus sont à prendre au sérieux, qui que je sois, quelles que soient mes obligations, une maison à tenir, à faire tourner, est-ce que je sais me ressourcer auprès du Maître pour être plus fort, plus éclairé ?

Ou bien je trouve belles les Paroles de Jésus dans l’Écriture mais je les reçois comme des Paroles d'un passé révolu, comme de belles histoires sans accepter qu'elles s'adressent à moi, AUJOURD'HUI, dans mon contexte de vie, dans les soucis de la vie. Est-ce que je prends le temps et les moyens de les accueillir pour me laisser aimer, inspirer, éclairer, consoler parfois, pardonner souvent ?

Heureux ceux qui ont entendu la Parole
dans un cœur bon et généreux,
qui la retiennent et portent du fruit
par leur persévérance.
Lc 8, 15


 l'Ermite

samedi 9 juillet 2016

VA, ET TOI AUSSI FAIS DE MÊME !

XV e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 10, 25-37)



« Au même moment, il tressaillit de joie par l'Esprit-Saint, et il dit: " Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples. Oui, Père, car tel fut votre bon plaisir. Toutes choses m'ont été remises par mon Père; et personne ne sait ce qu'est le Fils, si ce n'est le Père, ni ce qu'est le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler. "

Et se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier: " Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous, vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu. (Luc 10)

Telle était la conclusion de l’Évangile de dimanche dernier (version longue). Les disciples ont vécu des moments très forts, Jésus en est bouleversé, Il éprouve une joie profonde qu'Il fait remonter vers le Père puis Il leur adresse une béatitude se réjouissant des grâces qui leur sont accordées ! 

Sans doute, lors de cette assemblée où les disciples s'émerveillent de ce que le Père a réalisé par leur entremise, y a-il des « badauds » , des personnes attirées par la joie, les exclamations, les émerveillements, les interventions des uns et des autres et surtout, celles de Jésus qui calme le jeu, en invitant Ses disciples au réalisme de la situation. Parmi « ces curieux » un homme, un Docteur de la Loi, fier de son savoir se lève – remarquons la solennité de la démarche – ce qui signifie qu'il compte se faire entendre et veut attirer l'attention. « un Docteur de la Loi se leva » Le plus subtil réside dans ce qui l'anime : « et mit Jésus à l’épreuve en disant ».
Son intention n'est pas de découvrir, mais de gêner Jésus, de Le mettre dans l'embarras. Nous rencontrons cela plusieurs fois dans les Évangiles, c'est dire la prétention de l'entourage de Jésus et nous ne devons pas hésiter à nous arrêter pour regarder au plus profond de notre être, les raisons qui nous font parler, agir … Il n'est pas inutile de se demander ce qui motive nos démarches, nos questions … Désirons-nous grandir dans l'Amour et faire grandir nos frères ou bien cherchons-nous à colporter
des nouvelles, à mettre dans l'embarras, à écraser nos semblables … Nous sommes seuls à pouvoir répondre et, en cette année de la Miséricorde, nous sommes invités à ajuster nos vies aux paroles vivifiantes et dynamisantes de l’Évangile. Acceptons de nous remettre en question, d'être vrais, profondément vrais et lucides, avec nous-mêmes et avec nos frères.


« Maître, que dois-je faire
pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
    Jésus lui demanda :
« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ?
Et comment lis-tu ? »

Jésus ne se laisse pas enfermer. Comme souvent, Il ne répond pas à la question, mais renvoie son interlocuteur à la loi de Moïse, n'a t-il pas dit : « Je ne suis pas venu abroger la loi mais la parfaire ».Tout ce que dit la Loi est bon, mais Jésus va plus loin.

    L’autre répondit :
« 
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de toute ta force et de toute ton intelligence,
et ton prochain comme toi-même.
 »
    Jésus lui dit :
« Tu as répondu correctement.
Fais ainsi et tu vivras. »

Pour le moment Jésus s'arrête là, Il sait que cet homme cherche le conflit, aussi avance-t-Il à son pas.
Savons-nous régler notre marche au rythme de celui de nos frères ? Savons-nous attendre le « bon moment » pour poser la bonne question ? Pour permettre à l'autre de grandir.
Le P.Leclerc ancien Curé de Notre Dame de Paris, écrivait dans son livre « Sous le soleil de Dieu » (je cite de mémoire) « il ne sert à rien de tirer sur les pétales d'une fleur pour hâter son éclosion, agir ainsi c'est la faire faner avant de naître. »
L'éducation demande beaucoup de patience, beaucoup de délicatesse, de finesse, de respect. C'est ainsi qu'agit Jésus avec chacun de nous, ne craignons pas de faire de même ! Et nous vivrons !

    Mais lui, voulant se justifier,
dit à Jésus :
« Et qui est mon prochain ? »

Que de fois ne cherchons-nous pas à avoir le dernier mot ! C'est une attitude puérile, de domination aussi. Là encore, Jésus ne se laisse pas prendre au piège, Il répond par une histoire – notons Sa présence d'esprit – qui devrait retourner la situation et, s'il est honnête, notre homme, comme « une crêpe » !

    Jésus reprit la parole :
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,
et il tomba sur des bandits ;
ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,
s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
    Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ;
il le vit et passa de l’autre côté.
    De même un lévite arriva à cet endroit ;
il le vit et passa de l’autre côté.
    Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ;
il le vit et fut saisi de compassion.
    Il s’approcha, et pansa ses blessures
en y versant de l’huile et du vin ;
puis il le chargea sur sa propre monture,
le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.
    Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,
et les donna à l’aubergiste, en lui disant :
‘Prends soin de lui ;
tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.’
    Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain
de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
    Le docteur de la Loi répondit :
« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »
Jésus lui dit :
« Va, et toi aussi, fais de même. »

Jésus avance finement, Il met en scène, un prêtre sensé donner l'exemple, un Lévite lequel dans le service synagogal est appelé à la lecture de la Loi immédiatement après un cohen, le prêtre par excellence, dont le lévite est le desservant. Vient enfin le Samaritain un étranger, quelqu'un qui, comme tel, est regardé de travers, quelqu'un de qui on n'attend rien et que l'on évite. Et c'est celui-là que Jésus choisit pour donner une discrète leçon à notre Docteur de la Loi ! Le prêtre, le Lévite sont passés sans prêter attention à cet homme en difficultés, le Samaritain non seulement panse ses plaies mais il prend en charge l'ensemble des soins. Il le met en sécurité dans une hôtellerie et se chargera de la note !

Jésus peut maintenant interroger le Docteur, lui demander d'exercer son discernement et, de cette façon, retourner la situation. « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »

Celui qui voulait piéger Jésus n'a pas d'échappatoire, il ne peut nier l'évidence et sa réponse tombe , sans équivoque :« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »

Celle de Jésus ne tarde pas et met son interlocuteur face à lui-même :« Va, et toi aussi, fais de même. » L'incident est clos, notre homme n'a plus rien à dire !

Car Dieu a jugé bon
qu’habite en lui (Jésus)toute plénitude
    et que tout, par le Christ,
lui soit enfin réconcilié,
faisant la paix par le sang de sa Croix,
la paix pour tous les êtres
sur la terre et dans le ciel.

Mais que veut nous dire Jésus à nous, les chrétiens de tous les temps à travers cette Parabole ? Jésus, comme toujours, ne parle pas au seul Docteur de la Loi en question, Jésus nous rejoint chacun là où nous sommes et dans notre cheminement tel qu'il est et là où nous en sommes. Je pense que Jésus nous invite à ne pas faire de différences entre les hommes, comme l'écrit Saint Paul dans sa lettre aux Galates : 

«Il n'y a ni hommes ni femmes, ni Juifs ni Grecs, ni hommes libres ni esclaves, vous êtes tous un en Jésus-Christ»

Dieu n'établit aucune différence entre les hommes, chaque personne est unique, chaque personne est précieuse, elle a du prix à Ses yeux : «  Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t'aime" (Isaïe 43)
A nous d'entendre le message, de le faire vivre en notre chair« Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 10-14). e terroriste lui-même a du prix , nous avons le devoir de le prendre en charge dans la prière pour qu'il se convertisse et qu'il vive ! Jésus a versé son sang pour lui, pour moi, pour chacun de nous .

« Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme certains le pensent; au contraire, il fait preuve de patience envers nous, voulant qu'aucun ne périsse mais que tous parviennent à la repentance. » P 2,9

 Il ne serait pas le Sauveur s'Il laissait de côté une seule de Ses brebis, Jésus n'exclut personne ! Ce Docteur de la Loi, Jésus ne le rejette pas bien au contraire, Il lui propose une Parabole pour qu'il avance et Lui conseille d'imiter le Samaritain qui, bien que rejeté, vient au secours de l'homme blessé ! Rien absolument rien ne doit nous arrêter sur le chemin de la sainteté. 
«  Dans toutes ces épreuves nous sommes plus que vainqueurs, par celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre-Seigneur. (Romains 8)

N'oublions pas la recommandation de Jésus :

« Va, et toi aussi, fais de même. »

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

AMEN !

L'Ermite