samedi 23 juillet 2016

ABBA ! PAPA !

XVIIe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 11, 1-13)


Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.

Ceci n'est pas nouveau, Jésus prie et, Jésus prie très souvent, Il est même dans un état permanent de prière.. Jésus, nous précise l’Évangile, ne fait rien qu'Il ne voie faire au Père. « je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné.Et celui qui m'a envoyé est avec moi, et il ne m'a pas laissé tout seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît." Jn 8,28 Tel est Jésus dans cette relation unique avec Son Père de qui Il reçoit tout, à chaque instant. Et nous ? Nous qui voulons être grands, qui voulons nous prouver et prouver aux autres nos capacités, avons-nous ce souci de « tout recevoir pour tout donner » comme le disait St François d'Assise ?

Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »

Souvent nous entendons dire autour de nous : « je ne sais pas prier », « je ne sais pas quoi dire à Dieu, comment Lui parler » … tout d'abord, soyons convaincus qu'il ne s'agit pas tant de « dire » que d'écouter. Nous devons nous rendre disponibles, nous établir dans le silence pour entendre et reconnaître Dieu qui parle à notre cœur. Souvenons-nous du Prophète Élie :

« Sors, et tiens-toi dans la montagne devant le Seigneur, car voici que le Seigneur va passer.» Et il y eut, devant le Seigneur, un vent fort et violent,...le Seigneur n'était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre: le Seigneur n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu: le Seigneur n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. Quand Élie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau et, étant sorti, il se tint à l'entrée de la caverne. Et voici qu'une voix se fit entendre à lui, en disant: «Que fais-tu ici, Élie?»

Et, si nous sommes dans une sécheresse absolue, tenons-nous simplement, devant le Seigneur, l'esprit en éveil, le cœur ouvert, un ardent désir dans le cœur, en attente active du don de Dieu. Peut-être n'éprouverons-nous rien à ce moment, mais la Paix de Dieu descendra en nous, nous serons plus sereins et souvent surpris des inspirations de l'Esprit Saint dans notre vie quotidienne, car Dieu nous parle dans et par les personnes rencontrées, les événements, les lectures. Notre Dieu est le Dieu des surprises ! Et le temps pris en sa Présence, même dans une apparente vacuité, ce temps est riche et nous comble à notre insu.

    Jésus leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
Père,

Avons-nous pris, au moins une fois, le temps de nous arrêter sur ce que représente cette expression ? Père ! Et sur le fait d'oser l'adresser à Celui qui régit les mondes, Celui qui est à l'origine de TOUT ? Moi, minuscule créature, sur le commandement de Jésus, je me permets de dire au Créateur : Abba, Papa ! Qui pourrait oser, si cela ne lui était soufflé ? C'est totalement disproportionné !

Je me souviens, de tout une période, où, on prétendait difficile, sinon impossible de présenter Dieu comme Père à des enfants privés des joies familiales et accueillis dans des structures à caractère social. Il était difficile de ramer à contre courant car les chargés de catéchèse emboîtaient allègrement le pas, sans une réelle réflexion. Cela me mettait profondément mal à l'aise. Peut-être aurions-nous pu nous en sortir en réfléchissant ensemble sur ce que représente, pour nous, un père, un vrai , nous n'aurions pas eu de difficulté, me semble-t-il, à prendre conscience qu'un seul est digne de ce nom, qu'un seul répond à ce que nous attendons, espérons, ce que nous entrevoyons dans cet extraordinaire et si profonde réalité. Nul ne se serait alors senti « orphelin » car chacun pouvait et peut se tourner vers Lui et L'appeler PAPA !

Sommes-nous conscients, réalisons-nous vraiment que DIEU, Celui qui nous donne l'être, Dieu, est notre Abba, Papa ! C'est vertigineux ! A chaque instant de ma vie, au cœur de mes occupations, je peux tourner mon esprit et mon cœur vers Lui et Lui dire Abba, je Te rends grâce, je T'aime, je me reçois de Toi, je T'espère, Tu es mon rocher, ma forteresse, mon bastion , ma source, ma fontaine, ma joie, mon bonheur, ma délectation, mon appui ...

Et imaginons du coup, à quel point nos indifférences, nos rejets, nos forteresses, nos tours d'ivoire, peuvent lui être douloureuses à Lui Le MISÉRICORDIEUX qui, malgré notre indignité, ne cesse de nous ouvrir les bras comme le Père de l'enfant prodigue, que nous sommes, sachant que, s'il en était autrement Il ne serait pas ce Dieu en qui je crois, j'adhère et que j'aime, ce Dieu à qui je dis, en toute confiance, ABBA ! Ce Dieu qui court vers moi, les bras ouverts pour m'accueillir telle que je suis. « Comme il était encore loin,( l'enfant prodigue) son père le vit; et, touché de compassion, il courut, se jeta à son cou, et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: " Mon père, j'ai péché contre le ciel et envers toi; je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. " Mais le père dit à ses serviteurs: " Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt
et des chaussures aux pieds; et amenez le veau gras, tuez-le; et mangeons, festoyons: car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il a été retrouvé. " Et ils se mirent à festoyer. » Luc 15,20

C'est le Abba, qui court, c'est Abba qui se jette à mon cou et me couvre de baisers et non le contraire, c'est Abba qui me revêt de la plus belle robe, me passe l'anneau au doigt, ordonne une fête parce que je suis là, dans Ses bras de Père ...et il en est ainsi, chaque fois que je tente une démarche de retour vers l'Amour ! Est-ce que nous sentons cela, est-ce que nous savons nous réjouir d'être ainsi attendus ?D'être aimés à ce point ? Aimés au point que Jésus, le Fils unique et bien-aimé du Père donne sa vie pour moi ! Et c'est Lui qui, alors qu'Il est en route vers sa Pâque, qui nous dit, aujourd'hui, quand vous priez dites : « Abba »

que ton nom soit sanctifié,

Comment, moi, puis-je sanctifier le Nom de Dieu qui est Saint en Lui-Même ? » « Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu de l'Univers » Je Le sanctifie en vivant de Lui, par Lui, en Lui ! Plus ma vie est en accord avec son Amour, plus elle chante Sa gloire ! Saint Irénée n'écrivait-il pas :« La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu » ? C'est en accordant ma Vie à ce qu'Il est que je lui rends gloire ! C'est en aimant comme Il aime !
que ton règne vienne.

Ici, nous sommes plus vite en phase . Nous souhaitons du fond de notre être que Dieu règne sur tous les cœurs, dans tous les cœurs, sur l'univers entier ! Dieu reconnu, Dieu, aimé, Dieu béni, Dieu glorifié par toutes Ses créatures.
Viennent ensuite ces demandes qui concernent l'essentiel de notre vie et c'est Jésus Lui-même qui en donne le contenu et l'ordre. Pour servir Dieu, un corps sain et fort est nécessaire :

Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour

d'où cette demande du pain quotidien. Remarquons la nuance, il ne s'agit pas de thésauriser mais d'avoir ce qui convient à chaque jour, ni plus, ni moins : ce dont nous avons besoin . Jésus revient plusieurs fois sur ce point dans l'évangile :  « Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme » Mt 16,26

Un corps sain est une chose, mais à quoi cela sert-il si je l'utilise pour nuire à mes frères ? S'il enveloppe un esprit tordu qui passe son temps à élucubrer des stratégies mortifères ?

Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.

Jésus nous invite ici, à connaître et reconnaître nos limites nos fragilités, notre péché , Il s' appuie sur l'expérience que nous sommes sensés avoir, du pardon que nous offrons à ceux qui nous ont causé du tort.Dans sa générosité, Jésus ne peut envisager que nous puissions demander le pardon de Abba si nous sommes incapables de pardonner au préalable à nos débiteurs. Là encore c'est la Parabole du débiteur impitoyable en Mt 18 «  Ce serviteur, à peine sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers. L'ayant saisi à la gorge, il l'étouffait, disant: " Paie ce que tu dois. " Son compagnon de service, tombé à ses pieds, le suppliait, disant: " Aie patience envers moi, et je te paierai. " Mai lui ne voulait pas, et il s'en alla le faire mettre en prison jusqu'à ce qu'il eût payé sa dette.  » Et nous comment agissons-nous habituellement ??

Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Jésus qui connaît le cœur de l'homme sait jusqu'où le péché de l'humanité va Le conduire, cette dernière demande est davantage un appel qui veut nous éveiller au risque de l'endurcissement de notre cœur. Nous en aurons une dramatique illustration dans les comportements de Pierre et de Judas. Pierre,
quand Il prend conscience de sa trahison pleure amèrement et accepte de rencontrer le regard de Jésus, Judas, jette l'argent de son péché, il s'éloigne et se donne la mort. »Que nul, lorsqu'il est tenté, ne dise: " C'est Dieu qui me tente "; car Dieu ne saurait être tenté de mal, et lui-même ne tente personne. Mais chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l'amorce et l'entraîne. Ensuite la convoitise, lorsqu'elle a conçu, enfante le péché, et le péché, lorsqu'il est consommé, engendre la mort.Ne vous abusez pas, mes frères bien-aimés. Tout don excellent, toute grâce parfaite, descend d'en haut, du Père des lumières, en qui n'existe aucune vicissitude, ni ombre de changement. De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, afin que nous soyons comme les prémices de ses créatures. (Jacques 1) »


Et pour étayer comme une preuve de l'amour inconditionnel que nous porte Abba Jésus propose cette merveilleuse parabole

 Jésus leur dit encore :« Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :‘Mon ami, prête-moi trois pains,  car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,et je n’ai rien à lui offrir.Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :‘Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés.Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.Eh bien ! je vous le dis :même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,et il lui donnera tout ce qu’il lui faut Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,lui donnera un serpent au lieu du poisson  ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants,combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Faut-il encore que nous Le Lui demandions ! Abba, ne s'impose pas, par Jésus, Il nous apprend comment vivre, comment nous comporter, Il ne nous impose pas Ses dons, Il ne cesse de nous dire et redire « si tu veux » A nous de savoir ce que nous voulons et de nous comporter comme des enfants aimants avec Abba ! Ne craignons pas de Lui demander une bonne « ration » d'Esprit Saint, c'est Lui qui nous « guidera à la Vérité tout entière ! »

N'est-elle pas belle la prière d'Abraham dans la première lecture de ce jour ?Abraham s’approcha et dit :« Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville.Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable,traiter le juste de la même manière que le coupable,loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? »
Le Seigneur déclara :« Si je trouve cinquante justes dans Sodome,à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. » Abraham répondit :« J’ose encore parler à mon Seigneur,moi qui suis poussière et cendre.Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? »
Il déclara :« Non, je ne la détruirai pas,si j’en trouve quarante-cinq. » Abraham insista :« Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? »
Le Seigneur déclara :« Pour quarante,je ne le ferai pas. » Abraham dit :« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère,si j’ose parler encore.Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? »Il déclara« Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. »
Abraham dit alors :« J’ose encore parler à mon Seigneur.Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? »Il déclara :« Pour vingt,je ne détruirai pas. »Il dit :« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère :je ne parlerai plus qu’une fois.Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? »Et le Seigneur déclara :
« Pour dix, je ne détruirai pas. 


Et nous redouterions d'adresser nos demandes à notre Abba ? Soyons sérieux, si un père terrestre ne donne pas un scorpion à son fils qui lui demande du poisson à plus forte raison notre Père, plein de tendresse et d'amour nous donnera-t-Il ce qui convient pour conduire notre vie selon Son dessein d'amour . « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que lui dit son Seigneur ! »

Le jour où je t’appelle,
réponds-moi, Seigneur.
(cf. Ps 137, 3)

De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.

Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.





l'Ermite

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