samedi 9 juillet 2016

VA, ET TOI AUSSI FAIS DE MÊME !

XV e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(Lc 10, 25-37)



« Au même moment, il tressaillit de joie par l'Esprit-Saint, et il dit: " Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux simples. Oui, Père, car tel fut votre bon plaisir. Toutes choses m'ont été remises par mon Père; et personne ne sait ce qu'est le Fils, si ce n'est le Père, ni ce qu'est le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler. "

Et se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier: " Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car, je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous, vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu. (Luc 10)

Telle était la conclusion de l’Évangile de dimanche dernier (version longue). Les disciples ont vécu des moments très forts, Jésus en est bouleversé, Il éprouve une joie profonde qu'Il fait remonter vers le Père puis Il leur adresse une béatitude se réjouissant des grâces qui leur sont accordées ! 

Sans doute, lors de cette assemblée où les disciples s'émerveillent de ce que le Père a réalisé par leur entremise, y a-il des « badauds » , des personnes attirées par la joie, les exclamations, les émerveillements, les interventions des uns et des autres et surtout, celles de Jésus qui calme le jeu, en invitant Ses disciples au réalisme de la situation. Parmi « ces curieux » un homme, un Docteur de la Loi, fier de son savoir se lève – remarquons la solennité de la démarche – ce qui signifie qu'il compte se faire entendre et veut attirer l'attention. « un Docteur de la Loi se leva » Le plus subtil réside dans ce qui l'anime : « et mit Jésus à l’épreuve en disant ».
Son intention n'est pas de découvrir, mais de gêner Jésus, de Le mettre dans l'embarras. Nous rencontrons cela plusieurs fois dans les Évangiles, c'est dire la prétention de l'entourage de Jésus et nous ne devons pas hésiter à nous arrêter pour regarder au plus profond de notre être, les raisons qui nous font parler, agir … Il n'est pas inutile de se demander ce qui motive nos démarches, nos questions … Désirons-nous grandir dans l'Amour et faire grandir nos frères ou bien cherchons-nous à colporter
des nouvelles, à mettre dans l'embarras, à écraser nos semblables … Nous sommes seuls à pouvoir répondre et, en cette année de la Miséricorde, nous sommes invités à ajuster nos vies aux paroles vivifiantes et dynamisantes de l’Évangile. Acceptons de nous remettre en question, d'être vrais, profondément vrais et lucides, avec nous-mêmes et avec nos frères.


« Maître, que dois-je faire
pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
    Jésus lui demanda :
« Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ?
Et comment lis-tu ? »

Jésus ne se laisse pas enfermer. Comme souvent, Il ne répond pas à la question, mais renvoie son interlocuteur à la loi de Moïse, n'a t-il pas dit : « Je ne suis pas venu abroger la loi mais la parfaire ».Tout ce que dit la Loi est bon, mais Jésus va plus loin.

    L’autre répondit :
« 
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de toute ta force et de toute ton intelligence,
et ton prochain comme toi-même.
 »
    Jésus lui dit :
« Tu as répondu correctement.
Fais ainsi et tu vivras. »

Pour le moment Jésus s'arrête là, Il sait que cet homme cherche le conflit, aussi avance-t-Il à son pas.
Savons-nous régler notre marche au rythme de celui de nos frères ? Savons-nous attendre le « bon moment » pour poser la bonne question ? Pour permettre à l'autre de grandir.
Le P.Leclerc ancien Curé de Notre Dame de Paris, écrivait dans son livre « Sous le soleil de Dieu » (je cite de mémoire) « il ne sert à rien de tirer sur les pétales d'une fleur pour hâter son éclosion, agir ainsi c'est la faire faner avant de naître. »
L'éducation demande beaucoup de patience, beaucoup de délicatesse, de finesse, de respect. C'est ainsi qu'agit Jésus avec chacun de nous, ne craignons pas de faire de même ! Et nous vivrons !

    Mais lui, voulant se justifier,
dit à Jésus :
« Et qui est mon prochain ? »

Que de fois ne cherchons-nous pas à avoir le dernier mot ! C'est une attitude puérile, de domination aussi. Là encore, Jésus ne se laisse pas prendre au piège, Il répond par une histoire – notons Sa présence d'esprit – qui devrait retourner la situation et, s'il est honnête, notre homme, comme « une crêpe » !

    Jésus reprit la parole :
« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,
et il tomba sur des bandits ;
ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups,
s’en allèrent, le laissant à moitié mort.
    Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ;
il le vit et passa de l’autre côté.
    De même un lévite arriva à cet endroit ;
il le vit et passa de l’autre côté.
    Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ;
il le vit et fut saisi de compassion.
    Il s’approcha, et pansa ses blessures
en y versant de l’huile et du vin ;
puis il le chargea sur sa propre monture,
le conduisit dans une auberge
et prit soin de lui.
    Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent,
et les donna à l’aubergiste, en lui disant :
‘Prends soin de lui ;
tout ce que tu auras dépensé en plus,
je te le rendrai quand je repasserai.’
    Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain
de l’homme tombé aux mains des bandits ? »
    Le docteur de la Loi répondit :
« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »
Jésus lui dit :
« Va, et toi aussi, fais de même. »

Jésus avance finement, Il met en scène, un prêtre sensé donner l'exemple, un Lévite lequel dans le service synagogal est appelé à la lecture de la Loi immédiatement après un cohen, le prêtre par excellence, dont le lévite est le desservant. Vient enfin le Samaritain un étranger, quelqu'un qui, comme tel, est regardé de travers, quelqu'un de qui on n'attend rien et que l'on évite. Et c'est celui-là que Jésus choisit pour donner une discrète leçon à notre Docteur de la Loi ! Le prêtre, le Lévite sont passés sans prêter attention à cet homme en difficultés, le Samaritain non seulement panse ses plaies mais il prend en charge l'ensemble des soins. Il le met en sécurité dans une hôtellerie et se chargera de la note !

Jésus peut maintenant interroger le Docteur, lui demander d'exercer son discernement et, de cette façon, retourner la situation. « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »

Celui qui voulait piéger Jésus n'a pas d'échappatoire, il ne peut nier l'évidence et sa réponse tombe , sans équivoque :« Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »

Celle de Jésus ne tarde pas et met son interlocuteur face à lui-même :« Va, et toi aussi, fais de même. » L'incident est clos, notre homme n'a plus rien à dire !

Car Dieu a jugé bon
qu’habite en lui (Jésus)toute plénitude
    et que tout, par le Christ,
lui soit enfin réconcilié,
faisant la paix par le sang de sa Croix,
la paix pour tous les êtres
sur la terre et dans le ciel.

Mais que veut nous dire Jésus à nous, les chrétiens de tous les temps à travers cette Parabole ? Jésus, comme toujours, ne parle pas au seul Docteur de la Loi en question, Jésus nous rejoint chacun là où nous sommes et dans notre cheminement tel qu'il est et là où nous en sommes. Je pense que Jésus nous invite à ne pas faire de différences entre les hommes, comme l'écrit Saint Paul dans sa lettre aux Galates : 

«Il n'y a ni hommes ni femmes, ni Juifs ni Grecs, ni hommes libres ni esclaves, vous êtes tous un en Jésus-Christ»

Dieu n'établit aucune différence entre les hommes, chaque personne est unique, chaque personne est précieuse, elle a du prix à Ses yeux : «  Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t'aime" (Isaïe 43)
A nous d'entendre le message, de le faire vivre en notre chair« Elle est tout près de toi, cette Parole, afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 10-14). e terroriste lui-même a du prix , nous avons le devoir de le prendre en charge dans la prière pour qu'il se convertisse et qu'il vive ! Jésus a versé son sang pour lui, pour moi, pour chacun de nous .

« Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme certains le pensent; au contraire, il fait preuve de patience envers nous, voulant qu'aucun ne périsse mais que tous parviennent à la repentance. » P 2,9

 Il ne serait pas le Sauveur s'Il laissait de côté une seule de Ses brebis, Jésus n'exclut personne ! Ce Docteur de la Loi, Jésus ne le rejette pas bien au contraire, Il lui propose une Parabole pour qu'il avance et Lui conseille d'imiter le Samaritain qui, bien que rejeté, vient au secours de l'homme blessé ! Rien absolument rien ne doit nous arrêter sur le chemin de la sainteté. 
«  Dans toutes ces épreuves nous sommes plus que vainqueurs, par celui qui nous a aimés. Car j'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu dans le Christ Jésus Notre-Seigneur. (Romains 8)

N'oublions pas la recommandation de Jésus :

« Va, et toi aussi, fais de même. »

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

AMEN !

L'Ermite

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