TREIZIEME
DIMANCHE
DU
TEMPS ORDINAIRE
ANNEE
C
(Lc 9, 51-62)
Comme
s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel,Jésus,
le visage déterminé,
prit la route de Jérusalem.Il envoya, en avant de lui, des
messagers ;
ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritain pour préparer sa venue.Mais on refusa de le recevoir,parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritain pour préparer sa venue.Mais on refusa de le recevoir,parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
« Le
visage déterminé » Jésus
sais vers quoi Il avance, tout son être est tendu vers « cette
heure » l'Heure de la croix, Jésus ne se dérobe pas, Il avance
parce c'est la volonté du Père qu'Il donne sa vie pour le Salut de
tous; Caïphe lui-même ne dira-t-il pas :"Vous
n'y entendez rien; vous ne réfléchissez pas qu'il est de votre
intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et que toute la
nation ne périsse pas." (Jean 11) Rien
ne pourra arrêter Jésus sur le chemin de l'Amour total !
Le
groupe passe par un village des Samaritains et voilà qu'on lui
refuse l'entrée du village , ce n'est pas l'unique fois que Jésus
se heurte à la résistance des Samaritains .
Qui sont -ils dons ces Samaritains hostiles ?
La
ville de Samarie et la région autou,r a été envahie en 721 (avant
notre ère) par l’empire assyrien. On y a alors fait venir des gens
de différents recoins de l’empire pour habiter en ses terres.
D’abord, le métissage des populations y a été difficile, les
différences culturelles et l’incompréhension entre les gens
d’origines diverses y étaient pour quelque chose. Les nouveaux
arrivants sur ces terres ne connaissaient pas les coutumes de ceux
qui y habitaient déjà. Les décideurs assyriens ont alors choisi de
faire « revenir » des prêtres du Dieu d’Israël afin
d’initier les personnes nouvellement arrivées aux us et cultes de
l’endroit. Malgré leur succès, favorisant ainsi le rapprochement
entre les peuples et le métissage, certaines formes de syncrétismes
n’ont évidemment pas pu être évitées. Bien qu’attachée
aux traditions hébraïques, la population de Samarie s’est
transformée culturellement et religieusement.
Environ
un siècle plus tard, lorsque les exilés juifs de Babylone sont
retournés à Jérusalem, les Samaritains pensaient pouvoir s’allier
à eux. Les juifs issus de l’exil ont dû lutter pendant des
décennies pour préserver leur foi et leur culture et s’étaient
recroquevillés sur eux mêmes. Les Samaritains n’étaient pas
assez « purs » pour eux et les juifs revenus de Babylone
ont refusé de se mêler aux Samaritains jusqu’au temps de Jésus.
Au
temps de Jésus, soit
plus de six cents ans après le retour d’exil,
les
tensions entre Samaritains et juifs se faisaient encore sentir.
Pour ceux de religion juive « traditionnelle », les
Samaritains étaient des syncrétistes et menaçaient la judaïcité.
Jésus
voyait bien que les Samaritains étaient exclus et qu’il fallait
les réhabiliter parce que même s’ils s’étaient métissés et
que leurs pratiques religieuses étaient hybrides, ils étaient
fondamentalement des juifs. C’est ce à quoi Jésus s’applique
dans la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 29-37) et dans le récit
de la guérison des dix lépreux (Lc 17, 11-19) . Jésus réhabilite
les Samaritains dans ces textes en parlant de leur pratique d’accueil
de l’autre.
Dans
le texte de la guérison des dix lépreux, le Samaritain y est
mentionné, parce que c’est le seul à reconnaître Jésus comme
celui l’ayant guéri. La reconnaissance de la part du Samaritain
est une forme d’accueil, tout comme la guérison en est une. Le
lieu où l’on reçoit les malades n’est-il pas l’hôpital, mot
ayant les mêmes racines qu’« hospitalité »
Dans
la parabole du bon Samaritain, plusieurs éléments étonnent et nous
incitent à revisiter notre foi. Soulevons-en ici quelques-uns. En
règle générale lorsque les chrétiens d’aujourd’hui s’invitent
à aider leur « prochain », ils veulent dire d’aider le
plus pauvre, l’exclu, l’immigrant, etc. Cependant, après avoir
raconté la parabole, Jésus demande à l’homme de lois :
« Lequel
des trois, à ton avis, s’est montré le prochain de l’homme qui
était tombé sur les bandits? » Le légiste répondit :
« C’est celui qui a fait preuve de bonté envers lui. »
Jésus lui dit : « Va et, toi aussi, fais de même. »
'Lc 10, 36 – 37 )
Jésus
voit le Samaritain comme pauvre évangélique, c’est-à-dire comme
celui qui
prend parti en faveur de l’exclu, du laissé pour compte.
L’action sociale que le Samaritain exécute en faveur de l’homme
violenté qui est pour lui un étranger, est un acte d’hospitalité.
En fait, le Samaritain n’offre pas l’hospitalité chez lui mais
assume tous les frais des soins et de l’hébergement, même si
l’accueil peut sembler froid, mais Jésus salue son geste. Le
détachement du Samaritain montre aussi qu’il ne s’attend à rien
en retour de la part de celui qu’il a aidé. Peut-être, veut-il
aussi préserver son intimité et légitimement limité son
hospitalité? Jésus reconnaît ce droit aux Samaritains, ceux qui
ont toutes les raisons du monde de se méfier des juifs pour les
raisons mentionnées précédemment.
Ce
texte de l’évangile de Luc démontre que l’attitude
compréhensive de Jésus frappe les esprits. Il ne réprimande
personne et ne fait la morale à personne. Il connaît l’histoire
des Samaritains et les comprend. Il sait que le fait qu’il se rende
à Jérusalem suscite la méfiance, il n'en est pas de même pour Ses
disciples qui réagissent avec violence :
Voyant cela,les disciples Jacques et Jean dirent :« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda.Il est bon de souligner deux graves erreurs chez les disciples :
- le danger d'utiliser un supposé pouvoir à d'autres fins que celles de l'Amour auquel ils sont appelés
- le danger de répondre à la violence par la violence ce qui les éloigne, ô combien, de l'esprit des béatitudes.
Jésus
n'entre pas dans cet esprit polémique, ne leur a-t-Il pas dit
précédemment :Dans
quelque maison que vous entriez, restez-y; et c'est de là que vous
partirez.Et,
si les gens ne vous reçoivent pas, sortez de cette ville, et secouez
la poussière de vos pieds, en témoignage contre eux. ils
partirent, et ils allèrent de village en village, annonçant la
bonne nouvelle et opérant partout des guérisons. Lc 9,5
La
réprimande fait sans doute mention de cela.
Il
n'est pas inutile de nous arrêter personnellement sur cet épisode
en considérant notre facilité à nourrir des polémiques pour un
rien, souvenons-nous alors, de Jésus et secouons la poussière de nos
sandales sans mépris, sans colère, en toute bienveillance, laissant
le temps à nos interlocuteurs de réfléchir ! Jésus nous
montre le chemin ! N'est-Il pas le « Chemin, la Vérité
et la Vie » ? Le croyons-nous vraiment ?
Puis
ils partirent pour un autre village.En cours de route, un homme dit à
Jésus :« Je te suivrai partout où tu iras. » Voilà
un homme bien imprudent ! A-t-il conscience de l'engagement
qu'il prend ? Jésus n'hésite pas à lui révéler les
exigences qui s'en
suivront :Jésus
lui déclara :« Les renards ont des terriers,les oiseaux
du ciel ont des nids ;mais
le Fils de l’homme n’a
pas d’endroit où reposer la tête. » Suivre
Jésus implique d'être prêt à tout, c'est ce que nous explique
Saint Paul dans la deuxième Lettre aux Corinthiens ; Frères,
puisque tant d’autres ont des motifs d’orgueil purement humains,
je vais donner, moi aussi, mes motifs d’orgueil. Si les faux
apôtres ont de l’audace – je suis insensé de dire cela – moi
aussi j’aurai de l’audace. Ils sont Hébreux ? Moi aussi. Ils
sont Israélites ? Moi aussi. Ils sont de la descendance d’Abraham
? Moi aussi. Ils sont ministres du Christ ? Je le suis plus qu’eux,
même si j’ai l’air fou de dire cela.La
fatigue, je l’ai connue plus qu’eux ; la prison, plus qu’eux ;
les coups, bien davantage ; le danger de mort, très souvent. Cinq
fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois
fois, j’ai subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé ;
trois fois, j’ai fait naufrage et je suis resté vingt-quatre
heures perdu en mer.
Souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant des Juifs, les dangers venant des païens, les dangers de la ville, les dangers du désert, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. J’ai connu la fatigue et la peine, souvent les nuits sans sommeil, la faim et la soif, les journées sans manger, le froid et le manque de vêtements, sans compter tout le reste : ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Églises. Si quelqu’un faiblit, je partage sa faiblesse ; si quelqu’un vient à tomber, cela me brûle.Alors, s’il faut des motifs d’orgueil, c’est dans les signes de ma faiblesse que je mettrai mon orgueil.
Que
nous dit Jésus quand Il parle de Lui-même à la troisième personne
en évoquant cette expression « Fils de l'Homme » ?
Dans l'Ancien Testament cette expression apparaît 93 fois ! Le
Livre biblique qui évoque sans doute le mieux la Personne de Jésus
est celui de Daniel chapitre 7, 13-14 Je
regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur tes nuées
vint comme un Fils d'homme; il s'avança jusqu'au vieillard, et on le
fit approcher devant lui. Et
il lui fut donné domination, gloire et règne, et tous les peuples,
nations et langues le servirent. Sa domination est une domination
éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais
détruit. Il
ne s'agit évidemment pas d'une domination assujettissante mais d'un
amour incomparable qui passe par le don absolu de soi et dont
l'étendard n'est autre que la
croix glorieuse ! D'ailleurs la
réponse de Jésus le montre clairement :« Les
renards ont des terriers,les oiseaux du ciel ont des nids ;mais
le Fils de l’homme n’a
pas d’endroit où reposer la tête. » Qui
est prêt à suivre Jésus jusque là ?
Changement
de ton ensuite : un premier homme se propose pour la mission,
ici c'est Jésus qui appelle :Il
dit à un autre :« Suis-moi. »L’homme
répondit:« Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer
mon père. » Très
humain, très enraciné dans sa famille, cet homme veut bien suivre
Jésus mais il demande à accomplir son devoir filial : rester
auprès de ses parents jusqu'à leur départ, après , il laisse
envisager la possibilité de rejoindre Jésus , mais, pour Jésus
l'urgence de l'Annonce demande l'absolu, l'immédiateté: Mais
Jésus répliqua :« Laisse les morts enterrer leurs
morts.Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » Cela
ne veut pas dire un délaissement, un abandon pur et simple, non,
Jésus respecte ce qui est respectable mais Il appelle cet homme à
la confiance absolue,.Jésus ne dit Il pas en Matthieu « Ne
vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de
lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. (Matthieu 6) » Quand
Jésus appelle, Il se charge de tout, Il demande l'abandon entre Ses
mains, Il sait, Lui, que le Père pourvoira, qu'Il donnera les grâces
et les moyens. Qu'a-t-il fait avec Abraham, avec tant d'autres ?
Suis-moi, c'est un ordre tout en étant un appel, l'homme ne peut, ne
doit pas tergiverser, rappelons-nous le jeune homme riche « il
repartit tout triste parce qu'il avait de grands biens ! »
Derrière l'évocation des parents, il peut y avoir d'autres
subtilités inavouées, or, Jésus , quand Il appelle, demande tout !
Un
troisième, subjugué par ce Maître de vie, propose également ses
services, mais avec un bémol :« Je
te suivrai, Seigneur ;mais laisse-moi d’abord faire mes adieux
aux gens de ma maison. » Or,
pour Jésus, le Royaume n'attend pas, Ses apôtres, n'ont-ils pas
tout quitté sur la champ :Simon,
dit Pierre, et André son frère, qui jetaient le filet dans la mer;
car ils étaient pêcheurs. Et il leur dit: " Suivez-moi, et je
vous ferai pêcheurs d'hommes. " Eux
aussitôt, laissant leurs filets, le suivirent.S'avançant
plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée,
et Jean son frère, dans une barque, avec leur père Zébédée,
réparant leurs filets, et
il les appela. Eux, laissant
à l'heure
même leur barque et leur père,
le suivirent. (Matthieu 4) Jésus
n'hésite pas à réveiller la première générosité de cet homme
par un genre de maxime qui révèle sans doute, son propre
choix :Jésus
lui répondit :« Quiconque met la main à la charrue,puis
regarde en arrière,n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
N'oublions
pas que Jésus marche vers Jérusalem, Il sait, dans son cœur, qu'Il
est tendu vers cette Heure, Il en connaît le dénouement, Il ne
cherche pas à ralentir Sa marche en essayant d'aller prendre Sa Mère
dans Ses bras. Jésus avance courageusement vers Son Heure, celle de
l'Amour indéfectible qu'Il voue à Son Père, à l'humanité tout
entière qu'Il est venu sauver ! Au début de cette péricope
n'est-il pas dit :Comme
s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel,Jésus,
le
visage déterminé, Jésus
ne reprend rien de ce qu'Il a donné, Il nous invite à faire de
même ! Que Lui répondons-nous dans l'AUJOURD'HUI de notre
vie ? Écoutons et suivons le conseil de Saint Paul dans la
deuxième lecture du jour :
Je
vous le dis :marchez
sous la conduite de l’Esprit Saint,
et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair.
Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,
et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair.
En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez.
Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit,
vous n’êtes pas soumis à la Loi.
et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair.
Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,
et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair.
En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez.
Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit,
vous n’êtes pas soumis à la Loi.
Ainsi
nous connaîtrons la Paix du cœur !
R/
Dieu, mon bonheur et ma joie ! (cf.
Ps 15, 2.11)
Garde-moi,
mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je
bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon
cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Je
n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
L'Ermite