vendredi 28 juin 2019

DETERMINE(S) !?


TREIZIEME DIMANCHE

DU TEMPS ORDINAIRE

ANNEE C

(Lc 9, 51-62)


Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel,Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem.Il envoya, en avant de lui, des messagers ;
ceux-ci se mirent en route et
entrèrent dans un village de Samaritain pour préparer sa venue.Mais on refusa de le recevoir,parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
« Le visage déterminé » Jésus sais vers quoi Il avance, tout son être est tendu vers « cette heure » l'Heure de la croix, Jésus ne se dérobe pas, Il avance parce c'est la volonté du Père qu'Il donne sa vie pour le Salut de tous; Caïphe lui-même ne dira-t-il pas :"Vous n'y entendez rien; vous ne réfléchissez pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas." (Jean 11) Rien ne pourra arrêter Jésus sur le chemin de l'Amour total !
Le groupe passe par un village des Samaritains et voilà qu'on lui refuse l'entrée du village , ce n'est pas l'unique fois que Jésus se heurte à la résistance des Samaritains .

Qui sont -ils dons ces Samaritains hostiles ?

La ville de Samarie et la région autou,r a été envahie en 721 (avant notre ère) par l’empire assyrien. On y a alors fait venir des gens de différents recoins de l’empire pour habiter en ses terres. D’abord, le métissage des populations y a été difficile, les différences culturelles et l’incompréhension entre les gens d’origines diverses y étaient pour quelque chose. Les nouveaux arrivants sur ces terres ne connaissaient pas les coutumes de ceux qui y habitaient déjà. Les décideurs assyriens ont alors choisi de faire « revenir » des prêtres du Dieu d’Israël afin d’initier les personnes nouvellement arrivées aux us et cultes de l’endroit. Malgré leur succès, favorisant ainsi le rapprochement entre les peuples et le métissage, certaines formes de syncrétismes n’ont évidemment pas pu être évitées. Bien qu’attachée aux traditions hébraïques, la population de Samarie s’est transformée culturellement et religieusement.

Environ un siècle plus tard, lorsque les exilés juifs de Babylone sont retournés à Jérusalem, les Samaritains pensaient pouvoir s’allier à eux. Les juifs issus de l’exil ont dû lutter pendant des décennies pour préserver leur foi et leur culture et s’étaient recroquevillés sur eux mêmes. Les Samaritains n’étaient pas assez « purs » pour eux et les juifs revenus de Babylone ont refusé de se mêler aux Samaritains jusqu’au temps de Jésus.

Au temps de Jésus, soit plus de six cents ans après le retour d’exil, les tensions entre Samaritains et juifs se faisaient encore sentir. Pour ceux de religion juive « traditionnelle », les Samaritains étaient des syncrétistes et menaçaient la judaïcité. Jésus voyait bien que les Samaritains étaient exclus et qu’il fallait les réhabiliter parce que même s’ils s’étaient métissés et que leurs pratiques religieuses étaient hybrides, ils étaient fondamentalement des juifs. C’est ce à quoi Jésus s’applique dans la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 29-37) et dans le récit de la guérison des dix lépreux (Lc 17, 11-19) . Jésus réhabilite les Samaritains dans ces textes en parlant de leur pratique d’accueil de l’autre.

Dans le texte de la guérison des dix lépreux, le Samaritain y est mentionné, parce que c’est le seul à reconnaître Jésus comme celui l’ayant guéri. La reconnaissance de la part du Samaritain est une forme d’accueil, tout comme la guérison en est une. Le lieu où l’on reçoit les malades n’est-il pas l’hôpital, mot ayant les mêmes racines qu’« hospitalité »
Dans la parabole du bon Samaritain, plusieurs éléments étonnent et nous incitent à revisiter notre foi. Soulevons-en ici quelques-uns. En règle générale lorsque les chrétiens d’aujourd’hui s’invitent à aider leur « prochain », ils veulent dire d’aider le plus pauvre, l’exclu, l’immigrant, etc. Cependant, après avoir raconté la parabole, Jésus demande à l’homme de lois : « Lequel des trois, à ton avis, s’est montré le prochain de l’homme qui était tombé sur les bandits? » Le légiste répondit : « C’est celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Jésus lui dit : « Va et, toi aussi, fais de même. » 'Lc 10, 36 – 37 )

Jésus voit le Samaritain comme pauvre évangélique, c’est-à-dire comme celui qui
prend parti en faveur de l’exclu, du laissé pour compte. L’action sociale que le Samaritain exécute en faveur de l’homme violenté qui est pour lui un étranger, est un acte d’hospitalité. En fait, le Samaritain n’offre pas l’hospitalité chez lui mais assume tous les frais des soins et de l’hébergement, même si l’accueil peut sembler froid, mais Jésus salue son geste. Le détachement du Samaritain montre aussi qu’il ne s’attend à rien en retour de la part de celui qu’il a aidé. Peut-être, veut-il aussi préserver son intimité et légitimement limité son hospitalité? Jésus reconnaît ce droit aux Samaritains, ceux qui ont toutes les raisons du monde de se méfier des juifs pour les raisons mentionnées précédemment.

Ce texte de l’évangile de Luc démontre que l’attitude compréhensive de Jésus frappe les esprits. Il ne réprimande personne et ne fait la morale à personne. Il connaît l’histoire des Samaritains et les comprend. Il sait que le fait qu’il se rende à Jérusalem suscite la méfiance, il n'en est pas de même pour Ses disciples qui réagissent avec violence :

Voyant cela,les disciples Jacques et Jean dirent :« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda.Il est bon de souligner deux graves erreurs chez les disciples :
  • le danger d'utiliser un supposé pouvoir à d'autres fins que celles de l'Amour auquel ils sont appelés
  • le danger de répondre à la violence par la violence ce qui les éloigne, ô combien, de l'esprit des béatitudes.
Jésus n'entre pas dans cet esprit polémique, ne leur a-t-Il pas dit précédemment  :Dans quelque maison que vous entriez, restez-y; et c'est de là que vous partirez.Et, si les gens ne vous reçoivent pas, sortez de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds, en témoignage contre eux. ils partirent, et ils allèrent de village en village, annonçant la bonne nouvelle et opérant partout des guérisons. Lc 9,5
La réprimande fait sans doute mention de cela.
Il n'est pas inutile de nous arrêter personnellement sur cet épisode en considérant notre facilité à nourrir des polémiques pour un rien, souvenons-nous alors, de Jésus et secouons la poussière de nos sandales sans mépris, sans colère, en toute bienveillance, laissant le temps à nos interlocuteurs de réfléchir ! Jésus nous montre le chemin ! N'est-Il pas le « Chemin, la Vérité et la Vie » ? Le croyons-nous vraiment ?
Puis ils partirent pour un autre village.En cours de route, un homme dit à Jésus :« Je te suivrai partout où tu iras. » Voilà un homme bien imprudent ! A-t-il conscience de l'engagement qu'il prend ? Jésus n'hésite pas à lui révéler les exigences qui s'en
suivront :Jésus lui déclara :« Les renards ont des terriers,les oiseaux du ciel ont des nids ;mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Suivre Jésus implique d'être prêt à tout, c'est ce que nous explique Saint Paul dans la deuxième Lettre aux Corinthiens ; Frères, puisque tant d’autres ont des motifs d’orgueil purement humains, je vais donner, moi aussi, mes motifs d’orgueil. Si les faux apôtres ont de l’audace – je suis insensé de dire cela – moi aussi j’aurai de l’audace. Ils sont Hébreux ? Moi aussi. Ils sont Israélites ? Moi aussi. Ils sont de la descendance d’Abraham ? Moi aussi. Ils sont ministres du Christ ? Je le suis plus qu’eux, même si j’ai l’air fou de dire cela.La fatigue, je l’ai connue plus qu’eux ; la prison, plus qu’eux ; les coups, bien davantage ; le danger de mort, très souvent. Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé ; trois fois, j’ai fait naufrage et je suis resté vingt-quatre heures perdu en mer.

Souvent à pied sur les routes, avec les dangers des fleuves, les dangers des bandits, les dangers venant des Juifs, les dangers venant des païens, les dangers de la ville, les dangers du désert, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. J’ai connu la fatigue et la peine, souvent les nuits sans sommeil, la faim et la soif, les journées sans manger, le froid et le manque de vêtements, sans compter tout le reste : ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Églises. Si quelqu’un faiblit, je partage sa faiblesse ; si quelqu’un vient à tomber, cela me brûle.Alors, s’il faut des motifs d’orgueil, c’est dans les signes de ma faiblesse que je mettrai mon orgueil.
Que nous dit Jésus quand Il parle de Lui-même à la troisième personne en évoquant cette expression « Fils de l'Homme » ? Dans l'Ancien Testament cette expression apparaît 93 fois ! Le Livre biblique qui évoque sans doute le mieux la Personne de Jésus est celui de Daniel chapitre 7, 13-14 Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur tes nuées vint comme un Fils d'homme; il s'avança jusqu'au vieillard, et on le fit approcher devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. Il ne s'agit évidemment pas d'une domination assujettissante mais d'un amour incomparable qui passe par le don absolu de soi et dont l'étendard n'est autre que la
croix glorieuse ! D'ailleurs la réponse de Jésus le montre clairement :« Les renards ont des terriers,les oiseaux du ciel ont des nids ;mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Qui est prêt à suivre Jésus jusque là ?


Changement de ton ensuite : un premier homme se propose pour la mission, ici c'est Jésus qui appelle :Il dit à un autre :« Suis-moi. »L’homme répondit:« Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Très humain, très enraciné dans sa famille, cet homme veut bien suivre Jésus mais il demande à accomplir son devoir filial : rester auprès de ses parents jusqu'à leur départ, après , il laisse envisager la possibilité de rejoindre Jésus , mais, pour Jésus l'urgence de l'Annonce demande l'absolu, l'immédiateté:  Mais Jésus répliqua :« Laisse les morts enterrer leurs morts.Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » Cela ne veut pas dire un délaissement, un abandon pur et simple, non, Jésus respecte ce qui est respectable mais Il appelle cet homme à la confiance absolue,.Jésus ne dit Il pas en Matthieu « Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. (Matthieu 6) » Quand Jésus appelle, Il se charge de tout, Il demande l'abandon entre Ses mains, Il sait, Lui, que le Père pourvoira, qu'Il donnera les grâces et les moyens. Qu'a-t-il fait avec Abraham, avec tant d'autres ? Suis-moi, c'est un ordre tout en étant un appel, l'homme ne peut, ne doit pas tergiverser, rappelons-nous le jeune homme riche « il repartit tout triste parce qu'il avait de grands biens ! » Derrière l'évocation des parents, il peut y avoir d'autres subtilités inavouées, or, Jésus , quand Il appelle, demande tout !
Un troisième, subjugué par ce Maître de vie, propose également ses services, mais avec un bémol :« Je te suivrai, Seigneur ;mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Or, pour Jésus, le Royaume n'attend pas, Ses apôtres, n'ont-ils pas tout quitté sur la champ :Simon, dit Pierre, et André son frère, qui jetaient le filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs. Et il leur dit: " Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. " Eux aussitôt, laissant leurs filets, le suivirent.S'avançant plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque, avec leur père Zébédée, réparant leurs filets, et il les appela. Eux, laissant à l'heure
même leur barque et leur père, le suivirent. (Matthieu 4) Jésus n'hésite pas à réveiller la première générosité de cet homme par un genre de maxime qui révèle sans doute, son propre choix :Jésus lui répondit :« Quiconque met la main à la charrue,puis regarde en arrière,n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » N'oublions pas que Jésus marche vers Jérusalem, Il sait, dans son cœur, qu'Il est tendu vers cette Heure, Il en connaît le dénouement, Il ne cherche pas à ralentir Sa marche en essayant d'aller prendre Sa Mère dans Ses bras. Jésus avance courageusement vers Son Heure, celle de l'Amour indéfectible qu'Il voue à Son Père, à l'humanité tout entière qu'Il est venu sauver ! Au début de cette péricope n'est-il pas dit :Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel,Jésus, le visage déterminé, Jésus ne reprend rien de ce qu'Il a donné, Il nous invite à faire de même ! Que Lui répondons-nous dans l'AUJOURD'HUI de notre vie ? Écoutons et suivons le conseil de Saint Paul dans la deuxième lecture du jour : 


Je vous le dis :marchez sous la conduite de l’Esprit Saint,
et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair.
    Car
les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,
et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair.

En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez.
    Mais
si vous vous laissez conduire par l’Esprit,
vous n’êtes pas soumis à la Loi.

Ainsi nous connaîtrons la Paix du cœur !
R/ Dieu, mon bonheur et ma joie ! (cf. Ps 15, 2.11)

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !



L'Ermite

vendredi 21 juin 2019

DONNEZ-LEUR VOUS-MEMES A MANGER !


FETE DU 

SAINT SACREMENT




Le pape Urbain IV en 1264 rendit la fête du Saint-Sacrement obligatoire pour l’Église universelle, mais cette fête a eu de la peine à s’imposer chez les évêques et les théologiens. Puis elle est devenue une fête très populaire, très célébrée en Espagne. Elle a été supprimée dans les pays protestants, mais cependant gardée par l’Église anglicane. Cette fête était appelée fête du Corps du Christ ou Fête du Saint-Sacrement. Le nom de Fête-Dieu n’existe qu’en français.


LA PROCESSION DE LA FÊTE - DIEU

Le pape Jean XXII en 1318 a ordonné de porter L'Eucharistie, le jour de la Fête du Saint-Sacrement (Fête-Dieu), en cortège solennel dans les rues et sur les chemins pour les sanctifier et les bénir. C’est à ce moment qu’apparaît l’ostensoir. Elle se répand dans tout l’occident aux XIV° et XV° siècles. Le Concilede Trente (1515-1563) approuve cette procession de la Fête-Dieu qui constitue une profession publique de foi en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Le défilé du Saint-Sacrementest encore très populaire en Italie et en Espagne. Mais en France, la procession de la Fête-Dieu se fait rarement, sauf dans de nombreux villages du Pays Basque.

DESCRIPTION DE LA PROCESSION DE LA FÊTE-DIEU

Pendant la procession de la Fête-Dieu, le prêtre portait l’Eucharistie au milieu des rues et des places richement pavoisées de draperies et de guirlandes. On abritait le Saint Sacrement sous un dais somptueux porté par quatre notables. On faisait aussi une station à un reposoir, sorte d’autel couvert de fleurs. L’officiant encensait l’eucharistie et bénissait le peuple. On marchait sur un tapis de pétales de rose que des enfants jetaient sur le chemin du Saint-Sacrement Cela constituait un vrai spectacle. ( lors de ces processions, les fillettes essentiellement, étaient vêtues de
blanc, elles portaient suspendues au cou, des corbillons préparés par les mamans et honoraient Jésus en Lui jetant des pétales de roses. Parents et enfants appréciaient cette démarche de foi. Personnellement, j'en garde un excellent souvenir qui a contribué à me donner un grand respect et le « goût » de l'Eucharistie.)

L'OSTENSOIR

Un prêtre portait l’Eucharistie dans l’ostensoir sous un dais souvent tenu par quatre personnes. Parfois l’ostensoir était sur un char tiré par deux chevaux. Au reposoir, l’officiant encensait l’Eucharistie et bénissait le peuple avec l’ostensoir. L’ostensoir est un objet liturgique destiné à contenir l’hostie consacrée, à l’exposer à l’adoration des fidèles et à les bénir.

LE REPOSOIR DE LA FÊTE-DIEU

Le reposoir de la procession de la Fête-Dieu est un temps fort de l’adoration du Saint-Sacrement. Le cortège de la Fête Dieu fait une station à un reposoir, sorte d’autel décoré ou couvert de fleurs. Au reposoir, l’officiant encense l'Eucharistie et bénit le peuple avec l’ostensoir. Le reposoir peut être situé en plein air ou dans une salle. Sur le trajet il y en a parfois plusieurs. Après une station à un reposoir, on se rendait à un autre reposoir.

LE SENS DE LA FÊTE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST.


Depuis la réforme liturgique du Concile Vatican II, la Fête Dieu est appelée « Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ ». La Fête du Corps et du Sang du Christ commémore l’institution duSacrement de l'Eucharistie. Elle est un appel à approfondir le sens de l'Eucharistie et sa place dans notre vie. Cette fête est la célébration du Dieu d’amour qui se révèle en donnant son corps et son sang, en se donnant à nous comme nourriture de vie éternelle. Le sens de la fête du corps et du sang du Christ est un peu différent de celui de la Fête Dieu qui était plus centrée sur l’adoration de la présence réelle du Christ.

MESSE DE LA FÊTE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST

La messe de la Fête du Corps et du Sang du Christ (fête de Corpus Christi) est dite en ornement blanc. La procession a presque complètement disparu. Au cours de la messe on est habituellement invité à communier au corps et au sang comme leJeudi Saint. On fait souvent la première communion le jour de la Fête du Corps et du Sang du Christ.

DATE DE LA FÊTE DU CORPS ET DU SANG DU CHRIST

La date de la Fête du Corps et du Sang du Christ (fête de Corpus Christi), comme la date de la Fête du Saint-Sacrement ou la date de la Fête-Dieu, est en principe le jeudi qui suit la fête de la Sainte-Trinité, c’est-à-dire soixante jours après Pâques. Mais en France, depuis le concordat de 1801 et dans plusieurs pays, la Fête du Corps et du Sang du Christ est repoussée au dimanche qui suit la Sainte-Trinité en vertu d’un indult papal pour permettre la participation de tous les fidèles. En effet ce jeudi n’est pas un jour férié en France alors qu’il l’est dans certains pays comme la Belgique, la Suisse, certaines parties de l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, l’Espagne. ( source ; Église Catholique)

L'histoire de la solennité s'inscrit dans le sillage du débat théologique suscité par l'hérésie de Béranger de Tours, qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Dans la bulle Transiturus qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu'« il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement ». Les évolutions de la théologie sacramentelle et son développement dans les écoles du XIIe siècle et du XIIIe siècle ont été décisives. Le facteur déterminant qui a permis l'invention et la réception de la solennité de la Fête-Dieu a surtout été l'évolution de la religiosité populaire qui a accompagné ces évolutions théologiques grâce au développement de la prédication. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe : c'est à Paris, vers 1200, que l'existence du rite de « l'élévation », au moment de la consécration, est attestée pour la première fois. (LA CROIX)
Dieu s’est fait homme pour nous sauver. Il n’est pas seulement mort sur la Croix, Il a aussi fait en sorte de rester avec nous nuit et jour dans les tabernacles de nos églises. Et cela, pour recevoir notre adoration et pour se donner à nous en nourriture. Saint Thomas d’Aquin, le prédicateur par excellence du mystère eucharistique, a écrit que si, à Bethléem et au Calvaire, le Christ a occulté aux hommes sa divinité, dans l’hostie consacrée, il cache aujourd’hui son humanité.

Ce grand théologien, Père de l’Église, a aussi décrit les fruits salutaires que nous offre le Christ dans le Saint Sacrement :



1/   Nourriture de l’âme, le pain consacré soutient la vie spirituelle des chrétiens et la vivifie de façon surprenante.



2/   Nous sommes unis au Seigneur qui nous a tant aimés qu’Il s’est fait nourriture. Nous sommes alors en union physique et permanente avec Lui. Dans la communion, nous nous unissons à Sa personne de façon à pouvoir dire « il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. »



3/   L’Eucharistie nous communique la vie même de Dieu. De cette communion mystérieuse, il nous fait réellement participer à sa vie divine pour nous sanctifier. Car en se faisant homme, le Verbe du Père a communiqué aux hommes, à la sainte humanité, la vie divine.



4/   Avec l’Eucharistie nous recevons le don de l’immortalité. En nous unissant au Christ par la communion, le Seigneur met en nous le germe de la vie éternelle, gage de la résurrection glorieuse qui conduit à l’éternité.

Lors de la dernière Cène, le Jeudi Saint, quand le Christ a lavé les pieds de ses disciples, il nous a aussi laissé un commandement nouveau « aimez-vous les uns les autres ;  comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13, 34) Mais ceci n’est possible que si nous restons unis à Lui. C’est pourquoi le Seigneur a décidé de rester avec nous dans l’Eucharistie pour que nous aussi nous puissions rester en Lui.
Ainsi, quand nous recevons son Corps et son Sang, Son amour nous est donné. Le Saint Sacrement nous rend alors capables de communiquer cet amour aux autres, afin de ne pas vivre seuls pour nous-mêmes. La rencontre avec le Seigneur dans l’Eucharistie est aussi la source qui renouvelle notre engagement à la charité. Parce qu’aimer Dieu et aimer son prochain sont deux choses inséparables.
La grande fête du Saint Sacrement n’est pas seulement une occasion pour L’adorer et Le recevoir. Cette fête est aussi l’occasion pour nous de penser à comment répondre à l’amour que Dieu nous porte. Nous pouvons tout d’abord réfléchir si oui ou non nous sommes des personnes justes, car la justice est inséparable de la charité, elle lui est intrinsèque. Aussi, nous pouvons penser jusqu’où nous allons dans la reconnaissance, la communion, le pardon.
La fête du Saint Sacrement est une belle occasion de rendre grâce au Seigneur pour tant de générosité dans les moments difficiles, pour les personnes qui vivent selon la Parole du Christ et nous font partager Son Amour. Prions donc pour que notre foi dans l’Eucharistie se convertisse en amour, en charité, soutenus et bénis par le Seigneur. (Ramon del Hoyo Lopez, évêque de Jaén en Espagne)


(Lc 9, 11b-17)



Si j'avais été consultée il me semble que j'aurais choisi le récit de l'Institution de l'Eucharistie, le Jeudi Saint, pour la liturgie de ce dimanche ! Mais voilà, je n'ai pas été consultée  sans doute l’Église veut-elle nous permettre de découvrir quelque chose qui nous échappe dans une première lecture ! A nous de suivre St Luc, pas à pas, comme nous le faisons souvent !
Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,et guérissait ceux qui en avaient besoin.Nous retrouvons Jésus en présence d'une grande foule, des gens qui ne le lâchent pas comme c'est souvent le cas. Les apôtres rentrent de mission et Jésus les invite à se mettre à l'écart pour leur permettre de rendre compte de leur mission ! C'est sans compter avec cette foule avide qui désire entendre Jésus , une foule jamais rassasiée, parce qu'elle comprend que Jésus lui apporte du réconfort, qu'Il l' éclaire et va jusqu'à guérir les malades ! Certains ont une oreille qui traîne, un œil aussi, ils n'ont pas tardé à comprendre que Jésus cherchait un peu de tranquillité qu'ils ne lui accorderont pas ! Jésus ne se défend pas, pas d'impatience chez Lui, cette foule attend une Parole, Il la lui donne sans restriction au point que : Le jour commençait à baisser.Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :« Renvoie cette foule :qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ;ici nous sommes dans un endroit désert. » Réalistes, ancrés dans le concret de l'existence, les apôtres s'inquiètent devant la nuit qui approche. Ils font alors, discrètement, une judicieuse proposition . Jésus, Lui, veut les conduire plus loin :
il leur dit :« Donnez-leur vous-mêmes à manger. » En rase campagne, à l'entrée de la nuit, la remarque est plutôt incongrue ! Qu'aurions-nous dit ? Qu'aurions-nous fait ? Certains auraient vu là une provocation et auraient tourné les talons en pensant : « débrouille-toi si tu es si malin ! » D'autres n'auraient pas manquer de murmurer et de manifester leur mauvaise humeur ! Je laisse à chacun le soin de réfléchir ! Les apôtres n'expriment rien de tout cela, ils ont une trop grande amitié pour Jésus, et, s'ils ne savent pas où Il va les conduire, ils ne doutent pas de Sa capacité à les surprendre, aussi cherchent-ils une solution immédiate même si celle-ci leur paraît dérisoire devant semblable foule ! N'oublions jamais que Jésus ne nous demande pas l'impossible, Il attend seulement que nous fassions ce qui est en notre pouvoir et Lui se charge du reste. C'est ce qui se passe ici ! Observateurs, les apôtres ont vu et en toute simplicité, ils expriment ce qu'ils voient , ils proposent même, le cas échéant, de tenter d'aller se procurer la nourriture nécessaire, mais pas sans souligner avec réalisme , la difficulté de trouver de quoi nourrir une telle foule :Ils répondirent :« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons.À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. »Il
y avait environ cinq mille hommes.La réponse des apôtres montre qu'ils ont réfléchi, qu'ils respectent Jésus dans Ses exigences, ils Le lui disent bien simplement , sans le moindre commentaire, Jésus peut alors entrer en action mais , notons le, pas sans se faire aider, pas sans le soutien de Ses amis les apôtres !
Jésus dit à ses disciples :« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Que peut bien présager cette demande précise de Jésus ? Sans doute révèle-t-il aux apôtres qui seront chargés d'organiser l’Église naissante, que le Royaume de Dieu dont il est question dans le premier verset, n'est pas un conglomérat de personnes , il appelle de l'organisation pour ne laisser personne en chemin, ou à l'écart ! N'est-ce pas ce qui se passe dès le départ dans les Actes des apôtres ? Ces derniers, inspirés par l'Esprit Saint, vont très vite jusqu'à envisager la diaconie afin de ne pas délaisser le service des de la prière et de la Parole  : En ces jours-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes élevèrent des plaintes contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans le service de chaque jour. Mais les Douze, ayant convoqué l'assemblée des disciples, dirent: " Il ne convient pas que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez donc parmi vous, frères, sept hommes de bon renom, remplis d'Esprit et de sagesse, que nous établirons dans cet office. Quant à nous, nous serons assidus à la prière et au ministère de la parole. " Ce discours plut à toute l'assemblée, et ils choisirent Etienne, homme plein de foi et d'Esprit-Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménias et Nicolas, prosélyte d'Antioche, qu'ils présentèrent aux apôtres; et (ceux-ci), après avoir prié, leur imposèrent les mains. La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples s'augmentait considérablement à Jérusalem, et une multitude de prêtres obéissaient à la foi. (Actes 6) N'est-ce pas ainsi que peu à peu , l’Église s'organisera en communautés de paroisses et ces dernières en communautés de services pour répondre aux besoins des uns et des autres ? Dès la demande de Jésus les apôtres qui apprennent « leur métier » exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde.Rassemblés en groupes accessibles Jésus peut suivre Son idée.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,et, levant les yeux au ciel,il prononça la bénédiction sur eux, Souvenons-nous, avant toute action importante, Jésus lève les yeux au ciel, parce que c'est de Son Père qu'Il Se reçoit et par Lui qu'Il Se donne . Même si la relation n'est jamais interrompue, cet instant renforce l'union du Père et du Fils et c'est sous le Regard bienveillant et aimant du Père qui L'inspire, que Jésus agit. La connexion renforcée, Jésus peut continuer : Il prononce la Bénédiction . Qu'est-ce à dire ? Jésus reconnaît ici que tout don vient de Dieu et, à plus forte raison le pain qui est une nourriture de base, celle-là même qui est retenue pour nos célébrations eucharistiques et que l’Église présente à l'Offertoire, au Père, qui nous le donne, c'est Sa façon à Elle de lever les yeux vers le Père. Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons : il deviendra le pain de la vie.(c'est à dire , le Corps du Christ)
Le peuple : Béni soit Dieu, maintenant et toujours !
Le prêtre, (présentant le vin) : Tu es béni, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes ; nous te le présentons : il deviendra le vin du Royaume éternel. (le Sang du Christ)
Le peuple : Béni soit Dieu, maintenant et toujours !
C'est sans doute une façon de nous rappeler que nous recevons tout du Père, rien, absolument rien ne nous « appartient en propre » comme disait St François d'Assise,hormis notre péché ! malgré les apparences nous ne sommes propriétaires de rien , même pas de notre personne, elle nous est confiée pour le service des frères : notre corps, notre intelligence, nos charismes ...tout nous est confié pour faire advenir un monde meilleur ! C'est peut-être la clef de cet évangile , Jésus, en demandant à Ses apôtres et à nous tous, « donnez-leur vous-mêmes à manger » semblerait leur faire, nous faire comprendre qu'ils ont en eux, que nous avons en nous, les dons utiles et nécessaires pour le service de l'humanité vers qui Il les enverra le moment venu  et vers qui Il nous envoie !
Cette bénédiction sur le pain, peut aussi nous permettre de réfléchir à la façon dont nous recevons les dons que nous partageons à table, au quotidien, avec notre famille, nos amis . L’Église (communautés religieuses, rassemblements divers ) ne se met jamais à table sans bénir les mets qui seront partagés et nous ? Et je pense à un rite qui semble avoir en grande partie disparu, c'est celui de la bénédiction de la miche de pain avant de l'entamer ! Maman traçait toujours un signe de croix sur la nouvelle miche pour remercier le Seigneur qui nous la donnait ? Est-ce impossible de retrouver notre enracinement chrétien ?
Que fait en effet Jésus après la bénédiction ? Il les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule.Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :cela faisait douze
paniers. Que fait le prêtre après la Présentation des dons ? Il rompt le Pain qu'il consacre , qui sera offert en nourriture spirituelle et dont le surplus sera conservé au Tabernacle, une petite lumière rouge indiquant que Jésus est là offert à notre adoration jusqu'à la fin des temps ! Alors oui, l’Église a bien fait de nous proposer l’Évangile de Saint Luc en cette fête du Corps et du Sang du Christ .
Relisons ce qu;écrivait Saint Jean Paul II dans sa lettre de présentation de l'année de l'Eucharistie en 2005 :
« Nous pouvons relire à ce sujet, ce qu’écrivait le pape Jean-Paul 2, dans sa lettre de présentation de l’année de l’Eucharistie en 2005 : « L’Eucharistie n’est pas seulement une expression de communion dans la vie de l’Église ; elle est aussi un projet de solidarité pour l’humanité tout entière. […]. Chaque Messe porte toujours le signe de l’universalité. Le chrétien qui participe à l’Eucharistie apprend par elle à se faire artisan de communion, de paix, de solidarité, dans toutes les circonstances de la vie. L’image de notre monde déchiré, qui a inauguré le nouveau millénaire avec le spectre du terrorisme et la tragédie de la guerre, appelle plus que jamais les chrétiens à vivre l’Eucharistie comme une grande école de paix, où se forment des hommes et des femmes qui, à différents niveaux de responsabilité dans la vie sociale, culturelle, politique, deviennent des artisans de dialogue et de communion. »

Dans l’Évangile du jour, Luc ne nous fait-il pas comprendre en effet la dimension universelle de l'Eucharistie, c'est à tout le monde qu'elle est destinée, et la mission des disciples est de l'apporter et de la distribuer ! Qu'il en soit ainsi !





Bénédiction du Saint Sacrement.


Dieu soit béni.

Béni soit son Saint Nom.
Béni soit Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.
Béni soit le Nom de Jésus.
Béni soit son Sacré Cœur.
Béni soit son précieux Sang.
Béni soit Jésus dans le très Saint Sacrement de l’autel.
Béni soit l’Esprit Saint Consolateur.
Bénie soit l’auguste Mère de Dieu, la très Sainte Vierge Marie.
Bénie soit sa Sainte et Immaculée Conception.
Bénie soit sa glorieuse Assomption.
Béni soit le nom de Marie, Vierge et Mère.
Béni soit Saint Joseph, son très chaste époux.
Béni soit Dieu dans ses anges et dans ses saints.


L'Ermite