XVII
e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année
B
(Jn
6, 1-15)
Souvenons-nous !
Dimanche dernier , les apôtres revenaient enthousiastes de leur
première mission. Jésus a tenté de les entraîner à l'écart,
loin des foules affamées et assoiffées d'entendre les enseignements
de Jésus ...une barque fut la bienvenue pour gagner une région plus
déserte, sur l'autre rive du lac, sauf que, la foule observatrice
est arrivée avant eux, toujours aussi demandeuse d'écouter Jésus !
Et Jésus, « saisi de compassion » n'a pas résisté, Il
a décidé « d'enseigner longuement ».
Matthieu,
Marc et Luc rapportent le même événement et le même déroulement ,
St Jean n'évoque pas cet envoi en mission, par contre, il fait
mention de cette traversée du lac et de la foule qui précède Jésus
sur l'autre rive. Jésus
passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de
Tibériade. Une
grande foule le suivait .
St
Jean, avec qui nous allons cheminé durant quelques dimanches, nous
permet d'être un peu plus lucides sur ce qui habite la foule. Elle
désire entendre Jésus, oui mais, comme nous disons souvent, son
intention n'est peut-être pas aussi pure que nous pourrions le
supposer . Si cette foule suit et précède Jésus c'est qu'il y a un
intérêt certain : elle
avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades.
Peut-être
pouvons-nous , comme nous le faisons parfois, nous arrêter quelques
instants, et nous demander personnellement, pourquoi nous suivons
Jésus ! Sommes-nous attirés par Ses bienfaits ( ce n'est pas
interdit d'ailleurs, c'est un chemin qui peut nous conduire plus
loin) ou bien, par ce qu'IL EST, pour ce qu'Il nous révèle du Père,
ce qu'Il nous dit sur nous-mêmes, de notre relation au Père, de
notre relation aux frères, du regard que nous portons sur eux. Il
n'est jamais trop tard pour redresser « la barre », faire
amende honorable et nous laisser purifier pour avancer dans la
gratuité comme Jésus nous le montre !
Voyant
la foule « farceuse » : Jésus
gravit la montagne, et là, il était assis avec ses
disciples.
Et,
nous dit Marc :
il en eut compassion, parce qu'ils
étaient comme des brebis sans pasteur,
et il
se mit à les enseigner longuement.
Quand
l'heure était déjà avancée, ses disciples s'approchèrent de lui
et dirent : " Le lieu est désert et déjà l'heure est
avancée;Et ils lui dirent : " Irons-nous donc acheter pour deux
cents deniers de pain afin de leur donner à manger? " Il leur
dit (Mc 6)
Jean
ne fait aucune allusion à cet enseignement mais il évoque ,
la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Peut-être
, Jean veut-il, par ce verset, expliquer pourquoi il y a une telle
foule . Les foules se déplaçaient volontiers pour faire mémoire
de la libération du peuple soumis à l'esclavage, elles attendent au
plus profond de leur être le Messie annoncé et Jésus, cet homme,
qui passe en faisant le bien, leur pose question l Elles L'écoutent
des heures durant, oublient faim et soif naturelles , saisies, à
leur tour par les Paroles et les actes de Jésus. St Marc dans son
récit nous dit : l'heure
était déjà avancée, ses disciples s'approchèrent de lui et
dirent : " Le lieu est désert et déjà l'heure est avancée;
renvoyez-les afin qu'ils aillent dans les hameaux et les bourgs des
environs s'acheter de quoi manger. " Il leur répondit : "
Donnez-leur vous-mêmes à manger. " (Mc 6) Chez
lui, ce sont les disciples qui sont inquiets de la situation, l'heure
est avancée, si nous tardons trop, tout sera fermé dans les
villages environnants.
Chez
Saint Jean, c'est Jésus qui a conscience de ce qui se passe et prend
l'initiative d'éveiller Ses disciples en interrogeant l'un d'eux.
Jésus
leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il
dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour
qu’ils aient à manger ? »
Remarquons
tout d'abord que
« Jésus leva les yeux »
a quoi, à qui pensons-nous immédiatement ?
Personnellement, je pense aux nombreuses situations où Jésus « lève
les yeux » non pas sur une foulemais vers son Père, et chaque
fois c'est pour rendre grâce, donc remercier , de ce que le Père va
réaliser en et par Lui, Jésus :
Alors
Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends
grâce parce que tu m'as exaucé. (Jn 11)
Puis
il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l'heure est
venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. (Jn 17)
Jésus
prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au
ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples
pour qu'ils distribuent à tout le monde. (Lc 9)
Après
avoir fait asseoir les foules sur l'herbe, il prit les cinq pains et
les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça
la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples,
et les disciples les donnèrent à la foule. (Mt 14)
Je
pense aussi et surtout à l'Eucharistie : « la veille
de Sa Passion, Il prit le pain dans Ses mains très saintes et « les
yeux levés au ciel » , vers Toi, Dieu Son Père
Tout-Puissant , en Te rendant grâce Il le bénit, le rompit, et le
donna à ses disciples en disant : « Prenez et mangez -en
tous : ceci est mon Corps livré pour vous. ». De même,
après le repas ...
Ici
, levant les yeux
Jésus voit une foule nombreuse et compte tenu de l'heure « Déjà
l'heure était avancée
; écrit Saint Marc »,
Jésus, toujours très humain, pense à l'urgent, à ce qui peut
tenailler ces hommes et ces femmes en quête de sens, mais aussi de
mieux-être. Jésus sait bien ce qui les motive , ce sont Ses
Paroles, mais aussi les guérisons qu'Il opère permettant aux
malades, aux infirmes de retrouver une vie normale, une juste
intégration dans la société.
Cette
foule a marché jusqu'en ce lieu pour écouter, elle n'a pas bronché,
le soir est venu, va-t-elle rentrer à la maison l'estomac criant
famine ? Pour Jésus, toujours prêt à soulager, sait où Il
veut en venir, mais pour l'heure, Il tient à associer Ses disciples
, Il veut les rendre attentifs à leurs frères, attentifs à l'homme
tout entier !
Il veut leur permettre de comprendre que leur mission ne concerne pas
seulement l'esprit, mais aussi le corps. N'éveille t-Il pas ici tous
ces services qui naîtront dans l’Église , pour secourir les
affamés, les dépourvus de tout bien , tels que le Secours
Catholique, ATD quart monde, le CCFD, les ONG, tous les services,
dont les Ordre religieux, qui viennent au secours de l'humanité
blessée … Jésus veut des apôtres inventifs pour le bien-être
de leurs frères . Les Apôtres se forment et sont formés
auprès de Jésus, sur le terrain, d'où la question posée à
Philippe :
«
Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger
? » Et
Saint Jean nous laisse entrevoir que Jésus a déjà la réponse à
cette question et la solution qui en émane , quand il écrit :
Il
disait cela
pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce
qu’il allait faire !
Jésus
les met à l'épreuve
pour sonder leur capacité à s'investir au service de « tout
l'homme ». Philippe réfléchit certes, mais avec « sa
tête » pour le moment, il tente d'effectuer des calculs
réalistes mais très, très humains, Philippe, dans son réalisme
tout humain, tout matériel, juge impossible une quelconque
solution :
Philippe
lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne
suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »
Pour
Philippe, une telle foule doit elle-même se prendre en charge!
Pourtant, il y a quelqu'un, André, qui, bien que démuni, avance une
remarque dérisoire, mais il ose, il prend le risque d'être raillé
et exprime sur ce qu'il a su voir en ouvrant un regard d'amour .
Peut-être est-il un peu osé en disposant, il ne sait comment, de
l'avoir de ce jeune garçon , cependant il se risque à exprimer tout
haut ce qu'il constate !
Acceptons-nous
de prendre des risques en faisant fie du ridicule , des moqueries
toujours possibles? Osons-nous ?
Un
de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :
« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et
deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
La
réponse est encore plus dérisoire que celle de Philippe si l'on
considère la quantité, mais elle a ceci
de dynamique :
quelqu'un, André, n'est pas resté au niveau cérébral, il a
« regardé » ses frères avec intérêt, il a vu ce
« petit quelque chose » un
jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons,
il ne voit pas plus loin, il est même gêné de le dire, mais il
ose, on ne sait jamais, avec Jésus, il s'attend à tout et il n'a
pas tort. Le peu qu'il sait, le peu qu'il voit , il le livre.
Sachons
bien que Jésus n'attend pas autre chose de chacun de nous !
Nous donnons, nous offrons « tout
le peu que nous sommes, que nous avons »
et Jésus complète, et c'est vrai aujourd'hui encore , l'essentiel,
l'important c'est de donner notre « petit peu » et Dieu
fait des miracles ! Ce que je garde pour moi pourrit ce que je
donne Dieu le démultiplie ! Nous entendons parfois, « je
ne sais pas faire », « je n'ai rien à donner »
etc, donnons, donnons-nous, Jésus avec rien fait de grandes choses ,
n'ayons pas peur d'apporter notre minuscule caillou, notre grain de
sable, un autre, au nom de Jésus , élargira le champ et à partir
de rien , une communauté d'amour grandira ! Essayons !
Que
se passe-t-il ici ? Jésus saisit « le tout petit
dérisoire », Il met en marche Ses apôtres, qui ne discutent
pas. Jésus parle, les apôtres obéissent ! Aïe, aïe,aïe !
Et nous quand l’Église propose, quelles sont nos réactions ?
Nous épluchons, jusqu'à l'os, au risque de décourager des
frères !
Jésus
dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait
beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au
nombre d’environ cinq mille hommes.
« Faites »
Jésus, qui sait où il veut en venir, invite
Ses apôtres à participer . Savons-nous inviter nos frères à
participer selon leurs possibilités ? Participer valorise une
personne et lui permet de se découvrir, de mettre ses dons au
service de la Communauté.
Le
Seigneur est mon Berger; je ne manque de rien.
Sur
des prés d'herbe fraîche, Il me fait poser
,
il me mène près des eaux rafraîchissantes;
il
restaure mon âme. Il me conduit dans les droits sentiers,
à
cause de son nom. (Ps 23)
La
foule installée,
Jésus prit les pains et, après avoir
rendu grâce, il
les distribua aux convives
; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en
voulaient. A
quoi pensons-nous à l'écoute de ces Paroles ? Ne
reconnaissons-nous pas, partiellement , les paroles consécratoires
de la Sainte Eucharistie ? RENDRE GRÄCE n'est-ce pas la
traduction du terme EUCHARISTIE ?
La
veille de Sa Passion, Il prit le pain dans Ses mains très
saintes et, les yeux levés au ciel, vers Toi Dieu, Son Père
Tout-Puissant , en rendant grâce il le bénit, le rompit et
le donna à Ses disciples en disant : Prenez et mangez en
tous : ceci est mon corps livré pour vous » A
la fin de la Consécration le célébrant ajoute, comme Jésus l'a
demandé, « faites ceci en mémoire de moi » ce
qui signifie la pérennité du sacrement et donc l'abondance que nous
trouvons aussi dans la multiplication puisque la foule a été
rassasiée et qu'il en reste et que le croyant se nourrit depuis des
siècles et jusqu'à la fin des temps du Pain Eucharistique.
« Nous
savons, par ailleurs que le « poisson » est l'un des
symboles majeurs qu'utilisaient les premiers
chrétiens
en signe de reconnaissance. Il représente le Sauveur durant les
débuts de l’Église primitive.En grec, c'est un acronyme pour « Jésus
Christ, le Fils de Dieu sauveur ».Ichthus
ou Ichtys (du grec ancien ἰχθύς / ichthús, « poisson ») »
(Wikipédia)
Sans
doute pouvons-nous voir dans la multiplication des pains une
préfiguration de l'Institution de la Sainte Eucharistie, le soir du
Jeudi Saint, après le Lavement des pieds et avant de s'enfoncer dans
la Nuit de la Passion.
Matthieu,
Marc et Luc notent que les pains et le poisson sont distribués par
les Apôtres chargés par Jésus de ce service, chez Saint Jean c'est
Jésus qui donne : « ma vie nul ne la prend mais
c'est moi qui la donne » peut-être
pouvons nous voir un lien avec ce qui se passe dans notre Église où
nul ne se sert de lui-même, mais RECOIT la Sainte Eucharistie des
mains du Ministre sacré qui tient, à ce moment, la place du
Christ ! Peut-être , Jésus nous apprend-Il, comme Il le
montrera aux apôtres, comme Il le fera au dernier repas en leur
lavant les pieds , l'importance du service ! Aimer vraiment c'est
être et devenir « SERVITEURS DE SES FRERES » !
Quand
ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : «
Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde.
» Ils les rassemblèrent, et ils remplirent
douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés
en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture .
En
ces jours-là,
un homme vint de
Baal-Shalisha
et, prenant sur la récolte nouvelle,
il
apporta à Élisée, l’homme de Dieu,
vingt pains d’orge
et du grain frais dans un sac.
Élisée dit alors :
«
Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. »
Son serviteur répondit :
« Comment donner cela à
cent personnes ? »
Élisée reprit :
«
Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent,
car ainsi
parle le Seigneur :
‘On mangera, et il en restera.’
»
Alors, il le leur donna, ils
mangèrent, et il en resta,
selon la parole du Seigneur.
1ère
lecture
Faut-il
voir dans les douze corbeilles la préfiguration des douze apôtres
envoyés, après la
résurrectionjusqu'aux confins de la terre ?
Je ne sais, mais l'idée me convient bien. Par contre, ce qui semble
certain c'est qu'avec le « petit peu », que je donne, (
ici le jeune garçon qui n 'hésite pas à se défaire de son
maigre avoir) Jésus fait des miracles ! Alors donnerai-je le
petit peu que j'ai, que je suis, pour alimenter la multitude ?
Je suis assuré qu'il en restera jusqu'à la fin des temps pour
alimenter le cœur de mes frères.
À
la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : «
C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans
le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient
l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se
retira dans la montagne, lui seul.
Jésus
n'aime rien, autant que le silence de la montagne, où Il peut
s'entretenir seul à seul avec Son Père. Être fait roi, ne
l'intéresse pas , Jésus ne cherche en rien la gloriole, ni la
reconnaissance des hommes, Jésus vient accomplir la volonté de Son
Père qui est de révéler aux hommes qu'ils sont aimés, que ce Père
ne veut que leur bien, leur bonheur. Quand Il comprend qu'on veut le
faire Roi, Jésus se dérobe pour se retirer dans la solitude. Quand
Jésus nous fait prier :
que Ton règne vienne, suivi immédiatement de que Ta volonté soit
faite,
il s'agit du règne de l'AMOUR répandu dans les cœurs, nous
trouvons cela dans la lettre aux Romains :.
Or,
l'espérance ne trompe point, parce
que l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint
qui nous a été donné.
(Ro 5) C'est
sur la croix que s'exprime véritablement la Royauté de Jésus ,
c'est en effet le signe le plus convaincant de Son Amour et de celui
de Son Père pour l'humanité : ILS NOUS AIMENT JUSQUE-LA !
Tu
ouvres la main, Seigneur :
nous voici rassasiés. (Ps
144, 16)
Que
tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te
bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront
de tes exploits.
Les
yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture
au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté
tout ce qui vit.
Le
Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il
fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous
ceux qui l’invoquent en vérité
l'Ermite