vendredi 9 juillet 2021

Malheur à moi si je n'annonce pas l’Évangile

XVe DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE


Année B

(Mc 6,7-13)




Voilà un certain temps que Jésus chemine avec les Douze. Ils participent à la vie quotidienne de Jésus, écoutent Ses enseignements, sont témoins de Sa compassion pour ceux qui souffrent, souvent de miracles, ils perçoivent aussi les tensions qui se font jour ici et là , les controverses ne leur échappent pas , tout cela contribue à leur formation ? Ils ont entendu des paraboles qui leur donnaient droit à un cours particulier parfois : Il ne leur disait rien sans employer de paraboles, mais en particulier, il expliquait tout à ses disciples. (Mc 4) Ont compris que Jésus donne Sa vie sans lésiner Il revint à la maison, et la foule s'y assembla de nouveau, de sorte qu'ils ne pouvaient pas même manger. Les siens, l'ayant appris, partirent pour se saisir de lui, car ils disaient : " Il est hors de sens. (Mc 3) « La Mission d'abord » pourrait être la devise de Jésus à leurs yeux, l'heure semble venue d'aller seuls – c'est-à-dire sans Jésus – sur le terrain, pour expérimenter ce qu'ils ont découvert auprès du Maître : Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux.

Pourquoi deux ? Pourquoi pas un, voire trois, nous demandons-nous ? Je pense qu'il y a là l'expression d'une grande sagesse. A deux, si l'un a une quelconque défaillance ( de santé, d'élocution, de mémoire ) le second pourra le secourir . Si l'un se blesse, le partenaire pourra aller chercher du secours. De plus, quand il faudra rendre compte de la mission l'un complétera l'autre ou rectifiera tout faire-valoir éventuel. Le choix de deux personnes, pour une même mission, authentifie les paroles et les actes de ces personnes. Jésus Lui-même ne s'est-Il pas appuyé sur le témoignage de Son Père pour donner force à Sa Parole :

Vous jugez selon la chair; moi je ne juge personne. Et si je juge, mon jugement est véridique, car je ne suis pas seul, mais moi, et le Père qui m'a envoyé. Il est écrit dans votre Loi, que le témoignage de deux hommes est digne de foi. Or, je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m'a envoyé rend aussi témoignage de moi." (Jn 8)

Nous trouvons la référence de Jésus à la Loi dans le Deutéronome : Un seul témoin ne sera pas admis contre un homme pour constater un crime ou un péché, quel que soit le péché commis. C'est sur la parole de deux témoins ou sur la parole de trois témoins que la chose sera établie. (Dt 19)

Sans doute en référence à la Loi, Jean le Baptiste est fidèle à cette manière de procéder : Les disciples de Jean rapportèrent tout cela à leur maître. Alors il appela deux d'entre eux, et les envoya demander au Seigneur : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Lc 7)

Et Jésus l'appliquera chaque fois qu'Il le jugera utile et nécessaire : Après cela, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. (Lc 10)

A l'approche de Bethphagé et de Béthanie, sur les pentes du mont des Oliviers, il envoya deux disciples : « Allez au village qui est en face. A l'entrée, vous trouverez un petit âne attaché : personne ne l'a encore monté. Détachez-le et amenez-le. (Lc19)

Jésus donne également les outils, dont certainement, le plus essentiel  Il leur
donnait autorité sur les esprits impurs, l’Évangile ne développe pas dans cet extrait, en quoi consiste cette autorité. Essayons de comprendre pour éviter certaines confusions toujours possibles . 

« L’autorité de Jésus vient de Celui qui en est la source «  Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre ( Mt 28,18). Jésus est réellement l’Envoyé de Dieu, le Messie « Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même: le Père qui demeure en moi fait lui-même ces œuvres. Croyez sur ma parole que je suis dans le Père, et que le Père est en moi. (Jn 14)

Son autorité réside dans la cohérence entre ce qu’il dit et ce qu’il fait, cette cohérence s’accomplira pleinement sur la Croix par le don de soi total et son amour poussé jusqu’au sacrifice : Car le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup. (Mc 10)

Son autorité n’est pas un pouvoir, ni une aliénation, elle est une puissance d’amour créatrice qui se manifestait dans Son enseignement et dans sa Parole qui guérissait et libérait : Et ils étaient stupéfaits de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme les scribes. (Mc 1)

Quand Jésus parle, il fait exister Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance. (Jn10) ( Église catholique e France)

Il n'y a pas de disciple au-dessus du maître, proclame Jésus Lui-même, ni de serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit au disciple d'être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S'ils ont appelé le maître de maison Béelzéboul, combien plus les gens de la maison! (Mt 10)

En conséquence, les « choisis », les ouvriers de la moisson, ne peuvent avoir d'autre ambition que celle d'appliquer ce que le « Saint de Dieu » Jésus, l'Envoyé du Père , leur révèle par Sa vie donnée. Comme Jésus leur vie personnelle doit être en cohérence avec la Parole de Vie qu'ils annoncent c'est ce qui leur permettra d'être écouté , entendu et cru , c'est cela qui fondera leur autorité ! Avant de dire, le témoin doit être, il convient qu'il vive au maximum de ses possibilités ce qu'il annonce ! Tout apôtre est appelé à devenir et être un autre Christ. Notre monde a besoin de saints qui l' entraînent sur le chemin de la sainteté. L'autorité ne s'exprime pas en pouvoir mais en service, l'apôtre de tous les temps est au service de ses frères, il est un indicateur qui montre le chemin par excellence : CELUI DE L'EVANGILE.

Jésus donne les outils et exige une grande liberté , liberté à l'égard des biens pour parvenir à une absolue liberté de l'esprit.

 et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.     « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »

Jésus, nous ne le dirons jamais assez, est venu accomplir et non abolir « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. (Mt 5) Jésus enracine la mission évangélique dans la longue marche du Peuple hébreux lors de la Pâque :Vous le mangerez ainsi: les reins ceints, les sandales aux pieds, et le bâton à la main, et vous le mangerez à la hâte. C'est la Pâque du Seigneur. (Ex 12)

Comme les hébreux qui s'apprêtent pour la longue marche à travers le désert à la conquête de la terre promise, l'évangélisateur doit être et devenir parfaitement libre, tout superflu est à bannir . Jésus, en Saint Matthieu , demande à ceux qui veulent s'engager dans cette nouvelle voie de l'amour, de s'abandonner entièrement à la Providence : N'ayez donc point de souci du lendemain, car le lendemain aura souci de lui-même: à chaque jour suffit sa peine. (Mt 6) A plus forte raison Le demande t-il à ceux qui ont accepté de mettre leurs pas dans les siens « Lui qui n'a pas de pierre où reposer Sa tête" : Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des abris, mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer la tête. » (Mt 8) Aujourd'hui encore, la plupart des religieux sont libres (ou devraient être) de tout bien pour se consacrer à la mission . Je connais des religieuses qui, lorsqu'elles sont appelées par la Supérieure Générale, à rejoindre une autre communauté, n'ont pour tout bagage qu'un minuscule sac à dos !

St Paul , fidèle à Jésus, n'agit pas autrement :

Alors quel est mon mérite ? C'est d'annoncer l'Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l'Évangile.

Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible.

Et avec les Juifs, j’ai été comme un Juif, pour gagner les Juifs. Avec ceux qui sont sujets de la Loi, j’ai été comme un sujet de la Loi, moi qui ne le suis pas, pour gagner les sujets de la Loi.

Avec les sans-loi, j’ai été comme un sans-loi, moi qui ne suis pas sans loi de Dieu, mais sous la loi du Christ, pour gagner les sans-loi.

Avec les faibles, j’ai été faible, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns.

Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour y avoir part, moi aussi.

Tout évangélisateur se doit de cultiver une liberté sinon absolue, en raison de son statut social ( célibataire ou marié) du moins, la plus grande possible pour se faire proche des hommes de son époque. Jésus n'en donne t-Il pas l'exemple quand Il épouse notre humanité avec toutes ses limites ?

Comportez-vous ainsi entre vous, comme on le fait en Jésus Christ : lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, il s’est abaissé,devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. Ph 2

 Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Jésus leur demande ici de ne pas s'imposer, de ne rien exiger , d'être et de rester des témoins de la paix. C'était vrai au temps de Jésus, c'est vrai aujourd'hui ! La foi, le don de Dieu, ne s'imposent pas,( comme on gaverait un canard) ils se proposent ! Si notre Père respecte nos libertés individuelles jusqu'à l'extrême, nous devons agir de même. Si mon frère veut aller à sa perte, je peux en souffrir, mais je ne peux l'obliger , le seul recours c'est la prière, c'est de demander à Dieu de l'aider par une rencontre, un événement, à ouvrir son cœur, mais Dieu Lui-même, en Jésus, accepte Son impuissance face à l'homme pécheur ! C'est le sens de la mort de Jésus sur la croix. Ne le dit-Il pas Lui-même ? Alors Jésus lui dit: " Remets ton glaive à sa place; car toux ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Ou penses-tu que je ne puisse pas recourir à mon Père, qui me fournirait sur l'heure plus de douze légions d'anges? Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi? " (Mt 26)

secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. Nous sommes en présence de paroles peut-être un peu difficiles à comprendre, pourtant elles nous ramènent encore et toujours au respect de la liberté. Agir comme Jésus le recommande ici, n'est-ce pas dire : nous respectons vos choix et le fait de respecter leurs choix devient un témoignage de respect de la diversité des pensées, tout en gardant au cœur l'ardent désir de les voir se tourner à un moment, vers Celui qui est la Vie et qui la donne en abondance. C'est ainsi que se conduiront Paul et Barnabé : Mais les Juifs excitèrent les femmes adoratrices de rang élevé et les principaux de la ville; ils poussèrent à la persécution contre Paul et Barnabé, et ils les chassèrent de leur territoire. Ceux-ci, ayant secoué contre eux la poussière de (leurs) pieds, allèrent à Iconium. Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et d'Esprit-Saint. (Act 13)


Ainsi préparés par Jésus Lui-même les Douze partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir . Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient

« Je n’étais pas prophète, ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, 

et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ » (1ere lecture) Jésus nous prend comme nous sommes, là où nous en sommes , AUJOURD'HUI Jésus nous envoie, nous n'avons rien à craindre , si nous Lui sommes unis comme Il est uni au Père, ce n'est pas nous qui parlons, agissons c'est Christ qui vit en nous !

Si j'annonce l'Evangile, ce n'est pas pour moi une gloire, c'est une obligation qui m'incombe, et malheur à moi si je n'annonce pas l’Évangile ! Si je le faisais de mon propre gré, je mériterais une récompense; mais je le fais par ordre, alors c'est une charge qui m'est confiée. Quelle est donc ma récompense? C'est que prêchant l’évangile je l'offre gratuitement, sans user de mon droit de prédicateur de l’Évangile. (1Co 9)

Voici ce qu'écrivait le Cardinal Henri de LUBAC retourné à la Maison d’Éternité en 1991:Chacun de nous, à sa place modeste , « est » l’Église. Par chacun de nous, l’Église doit annoncer l’Évangile ; Elle doit l'annoncer à à toute créature. Elle en doit faire briller la lumière aux yeux de tout homme venant en ce monde : tel un candélabre qui n'est qu'un porte-flambeau. En chacun de nous, elle doit s'effacer devant son Seigneur , n'être qu'un doigt qui Le montre, qu'une voix qui transmet Sa voix. Chacun de nous doit être à sa manière et à son rang , un « serviteur » de la Parole.

«  Que le Seigneur soit en mon cœur et sur mes lèvres, pour que j'annonce avec compétence et dignité son Évangile » Ce vœu que tout prêtre énonce au moment de lire l’Évangile de la messe, ne doit pas rester formule rituelle. S'il n'est pas le vœu qui inspire notre prédication et nos tâches d’Église en toutes circonstances, nous méritons le jugement que prononçaient à tort les Israélites blâmés par Jérémie 5,13 : « Quant aux Prophètes ils ne sont que vanité, et la Parole n'est point en eux ! »

Et pour annoncer l’Évangile dignement et avec compétence, la chose qu'il importe de nous rappeler par-dessus tout, c'est que nous en sommes indignes et que nous ne le comprenons pas ! » 

( entendons ici que la plupart du temps la fine pointe de ce que dit le Christ nous échappe l’AMOUR JUSQU'A LA CROIX, VOILA UNE PAROLE DE VERITE !)

    Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur Jésus Christ !
Il nous a bénis et comblés
des bénédictions de l’Esprit,
au ciel, dans le Christ.

    Il nous a choisis, dans le Christ,
avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints, immaculés 
devant lui, dans l’amour.

    Il nous a prédestinés
à être, pour lui, des fils adoptifs
par Jésus, le Christ.

Ainsi l’a voulu sa bonté,
    à la louange de gloire de sa grâce,
la grâce qu’il nous donne
dans le Fils bien-aimé.


    En lui, par son sang,
nous avons la rédemption,
le pardon de nos fautes.

C’est la richesse de la grâce
que Dieu a fait déborder jusqu’à nous
en toute sagesse et intelligence. 

    Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté,
selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ :
    pour mener les temps à leur plénitude,
récapituler toutes choses dans le Christ,
celles du ciel et celles de la terre.

    En lui, nous sommes devenus
le domaine particulier de Dieu,
nous y avons été prédestinés 
selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé :
il a voulu  que nous vivions 
à la louange de sa gloire,
nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.


    En lui, vous aussi,
après avoir écouté la parole de vérité,
l’Évangile de votre salut,
et après y avoir cru,
vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint.
Et l’Esprit promis par Dieu
    est une première avance sur notre héritage,
en vue de la rédemption que nous obtiendrons,
à la louange de sa gloire.

L'Ermite

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