XVIII e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Année
B
(Jn
6, 24-35)
Jésus
savait qu'ils étaient sur le point de venir le prendre de force et
faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul,
dans la montagne. (Jn 6) Tel
était le dernier verset de l'Evangile dimanche dernier.
Tandis
que Jésus se protège et se repose, seul, dans la montagne,
« les apôtres montent en barque et se dirigent vers
Capharnaüm , le vent soufflait avec force Les
disciples avaient ramé pendant cinq mille mètres environ,
lorsqu'ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de
la barque. Alors, ils furent saisis de crainte. Mais il leur dit : «
C'est moi. Soyez sans crainte. »
Les disciples voulaient le prendre dans la barque, mais aussitôt,
la barque atteignit le rivage à l'endroit où ils se rendaient.
(Jean 6)

Que
Jésus aille à Capharnaüm, cela est doublement significatif pour
nous : c’est là qu’il commence Son annonce de la Bonne
Nouvelle, et c’est là qu’il choisit Ses premiers disciples. En
choisissant d’habiter Capharnaüm, Jésus accomplit ainsi la
prophétie d’Isaïe que nous entendons à Noël (1ère lecture
Noël) : «Toi,
Galilée, carrefour des païens, le peuple qui habitait dans les
ténèbres a vu se lever une grande lumière ».
Jésus accomplit ainsi la volonté du Père qui a parlé par les
prophètes. Et nous comprenons que le choix de Jésus est résolument
missionnaire. C’est pour cela qu’il est « sorti » : il accepte
de renoncer au calme de Nazareth pour s’installer là où on a le
plus besoin de lui : non pas d’abord à Jérusalem, la ville sainte
où Dieu habite dans son temple, mais dans une contrée ouverte aux
influences païennes, où se mélangent races et religions, au
milieu des brebis perdues de la maison d’Israël. Admirable
incarnation de Dieu au milieu des hommes !
Le
pape, dans la joie de l’Évangile, observe que : «
Dans la Parole de Dieu apparaît constamment ce dynamisme de la
‘sortie’ que Dieu veut provoquer chez les croyants. ( … )
Sortir de son confort et avoir le courage de rejoindre toutes les
périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile » (n°
20).
Il
n'est donc pas surprenant que la foule s'oriente vers Capharnaüm
pour retrouver Sa trace et celle de ses disciples .

Quand
la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses
disciples, les gens montèrent dans les barques et se
dirigèrent vers Capharnaüm à
la recherche de Jésus.
L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : «
Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » La
foule est avide, elle ne peut plus se passer de Jésus , de Sa
Parole, de Ses bienfaits , elle reconnaît en Jésus « le
Maître » dont elle a besoin (c'est le sens du terme Rabbi)
Jésus l' a compris puisqu'Il l'évoque en saint Marc « En
débarquant, il vit une foule nombreuse, et
il en eut compassion, parce qu'ils étaient comme des brebis sans
pasteur,
et il se mit à les enseigner longuement. » (Mc 6)
juste avant le multiplication des pains et, en Saint Matthieu, avant
d'envoyer ses Apôtres en mission « il
fut ému de compassion pour eux, parce qu'ils
étaient harassés et abattus, comme des brebis qui n'ont pas de
pasteur. »
(Mt 9) Mais
Jésus est loin d'être dupe sur les motivations qui animent les
foules , Il est conscient des ambiguités qui les habitent, s'Il
S'est isolé, c'est bien pour éviter d'être proclamé Roi et pour
essayer de les entraîner sur un autre chemin, Jésus s'empresse de
clarifier :

Jésus
leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me
cherchez, non parce quevous avez vu des signes, mais
parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été
rassasiés. Travaillez non pas
pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui
demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous
donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué
de son sceau. »
Le
problème n'est-il pas là ? Se laisser purifier par l'Amour de
Dieu pour laisser entrer en soi la lumière et apprendre
à reconnaître, dans une expérience matérielle,
le message divin qui est livré ! Les foules voient tous les
jours les actes de Jésus, et la multiplication des pains devrait
marquer un sommet, mais la plupart, sinon tous, s'arrêtent au
bienfait immédiat éprouvé . Ils avaient faim, Jésus l'a compris
et sans même être sollicité , parce qu'Il aime vraiment
l'humanité, a pris l'initiative de les secourir en prenant soin de
louer le Père premier Auteur de tout bien comme l'écrit si bien
Saint François d'Assise dans ses « louanges à Dieu » Tu
es trois et tu es un, Seigneur Dieu, tu
es le bien, tu es tout bien, tu es le souverain bien,
Seigneur Dieu vivant et vrai.
La
foule a vu du pain, du poisson, un point c'est tout ! Elle est
rassasiée, satisfaite, Jésus soulage les corps blessés, affamés,
que demander de plus ? Que chercher d'autre ? Elle a trouvé
quelqu'un qui allège le poids du jour, elle ne veut surtout pas
perdre Sa trace d'où ses déplacements répétés pour Le chercher,
Le trouver, et Le suivre . Elle n'hésite même pas à l'interroger
sur Son emploi du temps « Quand
es-tu arrivé ici ? »
Demander
des comptes à Jésus ça nous connaît non ?Tirer la sonnette
d'alarme devant le Tabernacle nous savons faire, à grand renfort de
pourquoi Mon Dieu, comment est-ce possible ? Où es-tu ?
...Mais demander paisiblement, avec patience et persévérance :
que veux-Tu me dire par cet événement, cette épreuve? Se demander
sa propre part de responsabilité, c'est dérangeant … Prendre du
temps pour chercher à comprendre, pour reconnaître
« un passage du Seigneur »
dans ma vie, serait autrement plus responsable,curatif, engageant ,
dynamisant
La
foule a mangé à satiété, la foule n'a plus faim , que demander de
plus sinon que ça se renouvelle ! Jésus n'hésite pas à
pointer du doigt ce qu'elle ne perçoit pas :Travaillez
non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour
la nourriture qui demeure jusque
dans la vie éternelle, celle que vous donnera
le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son
sceau. »
Jésus
ne nous interdit pas, et à la foule non plus, de travailler pour la
nourriture quotidienne,
« tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » Gen
3,19 « donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien » Mt
6,9 mais
Il incite fortement à faire des choix et à bien choisir nos
priorités ! Pour choisir il convient de connaître et de
reconnaître : « Quel
profit en effet aura l'homme d'avoir gagné le monde entier et perdu
son âme? Car que donnera l'homme en échange de son âme? (Mc 8)
lisons-nous dans les conditions pour suivre Jésus . Alors quelle est
donc la
nourriture qui demeure jusque
dans la vie éternelle ? Avons-nous
remarqué la subtilité qui suit ? C'est celle
que vous
donnera
le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son
sceau. Donnera
est
un verbe au futur et nous savons que ce chapitre 6 de St Jean a pour
titre « discours sur le Pain de Vie » et le Pain de Vie
n'est-ce pas Jésus Lui-même, qui, avant de se livrer institue la
Sainte Eucharistie : « Et,
prenant une coupe, il rendit grâces et dit: " Prenez-la et
partagez entre vous. Car,
je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne,
jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu. "
Et
il prit du pain, et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le
leur donna, en disant: " Ceci est mon corps, donné pour vous.
Faites ceci en mémoire de moi. " Et
pareillement (pour) la coupe, après qu'ils eurent soupé, en disant:
" Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu
pour vous.
(Lc 22) C'est
bien Jésus qui donnera
et livrera
Son Corps pour nourrir la multitude des croyants et cela jusqu'à la
fin des temps. Voilà
la nourriture qui demeure ,
voilà la nourriture pour laquelle les foules, les apôtres et chacun
de nous sommes invités à travailler ! D'ailleurs les foules
semblent bien avoir compris un « petit quelque chose » ce
plus, indicible pour le moment , mais un plus qui les conduit à
poser une judicieuse question :
«
Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Cette foule perçoit que travailler pour la nourriture qui
demeure jusque dans la vie éternelle c'est travailler aux œuvres de
Dieu, mais comment ? Et elle ose interroger Jésus pour ouvrir
des chemins nouveaux, des perspectives nouvelles .

Jésus
leur répondit : « L’œuvre
de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
La réponse est claire, mais est-elle aussi simple à mettre en
pratique ? La foule est dans un clair - obscur incontestable.
Elle reconnaît que cet homme Jésus est différent de tous les
prophètes , Il pose des actes qui la fait courir pour Le retrouver
quand Il leur échappe, Il est capable de nourrir une multitude, de
guérir, de consoler, de lire dans les consciences, la Samaritaine
le dit sans ambage : "Venez
voir un homme qui m'a dit ce que j'ai fait; ne serait-ce point le
Christ?" (Jn 4) de
ressusciter même :
" Jeune homme, je te le dis, lève-toi! " 1Et
le mort se dressa sur son séant et se mit à parler; et il le rendit
à sa mère. (Lc 7) mais
après tout, Il est comme le commun des mortels et cependant il y a
un quelque chose qui attire, qui aimante , « un plus »
mais quel est ce plus ? Alors un peu comme Abraham « Abraham
dit alors :
« Oserai-je parler encore à mon Seigneur ? Peut-être en
trouvera-t-on seulement vingt ? » Il répondit : « Pour vingt, je
ne détruirai pas. » (Gen 18) comme
Moïse :Moïse
implora le Seigneur,
son Dieu,
et dit: "Pourquoi, Seigneur, votre colère s'embraserait-elle
contre votre peuple, que vous avez fait sortir du pays d'Égypte par
une grande puissance et par une main forte? Pourquoi les Égyptiens
diraient-ils: C'est pour leur malheur qu'il les a fait sortir, c'est
pour les faire périr dans les montagnes et pour les anéantir de
dessus la terre?
Revenez de l'ardeur de votre colère, et repentez-vous du mal que
vous voulez faire à votre peuple.
Souvenez-vous d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, vos serviteurs,
auxquels vous avez dit, en jurant par vous-même: Je multiplierai
votre postérité comme les étoiles du ciel, et leur ce pays dont
j'ai parlé, je le donnerai à vos descendants, et ils le posséderont
à jamais."
Et le Seigneur se repentit du mal qu'il avait parlé de faire à son
peuple.
(Ex 32)
, cette foule ose
encore demander
« ce plus » qui devrait , croit-elle, la convaincre :
Ils
lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que
nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu
faire ? Au désert, nos pères ont mangé la
manne ; comme dit l’Écriture : Il
leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Ca leur crève les yeux, ils viennent d'expérimenter quasi le même
miracle, et ils ne voient pas , des signes, ils en ont à foison,
mais ils en demandent d'autres, ce qui fera dire à Jésus
«Cette
génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais en fait de
signe, il ne lui sera donné que celui de Jonas. » Alors il les
abandonna et partit. (Mt 16) »
et
nous pensons au prologue «
Il ( le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été
fait, et le monde ne l'a pas connu.
Il vint chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. (Jn 1)
leurs yeux sont empêches ce que Jérémie en son temps exprimait
en ces termes « Ecoutez
ceci, peuple insensé et sans coeur; Ils ont
des yeux et ne voient point; des oreilles et ils n'entendent point.
(Jér 5)
.et nous ne sommes pas différents ! La création tout entière
chante et crie la gloire de Dieu, Dieu nous visite sans cesse et nous
ne savons ni Le voir, ni L'entendre ! Pourtant si nous tenons
debout c'est par la grâce de Dieu, Dieu nous est omniprésent ,
immanent, mais nous crions à qui veut l'entendre : j'ai eu de
la chance ! Je suis né(e) sous une bonne étoile ! Je sais
trouver les bonnes ficelles moi ! Etc … Nous ramenons tout à
notre perspicacité, notre intuition, notre savoir faire, nous ne
savons pas et surtout ne voulons pas donner une place à
l'inspiration, à cette présence de l'Esprit Saint qui conduit nos
vies et les guide, les éclaire à chaque instant !
Laissez-vous
renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée.
Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu,
dans la justice et la sainteté conformes à la vérité.Eph 4
Pour cela, il convient de choisir de vivre en Lui, par Lui , pour Lui
! Jésus ne se laisse pas vaincre, si c'était le cas, Il ne serait
pas ce Dieu-Amour que nous connaissons : Jésus
leur répondit : « Amen,amen, je vous le dis : ce n’est
pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est
mon Père qui vous donne le vrai pain
venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est
celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de
ce pain-là. » Ils
sont de bonne volonté, mais
ils n'arrivent pas à percevoir , à reconnaître que Celui qui est
là, devant eux,est Ce « Je Suis » qui est descendu ,
c'est vraiment Lui L'envoyé du Père qui, en Son Père donne la Vie
au monde ! Nous dirions aujourd'hui « ils ne connectent
pas » la connexion est impossible , ils ne parviennent pas à
faire le lien ! Alors
Jésus leur répondit : « Moi,
je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura
jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
Jésus
leur explique, et nous explique, que le vrai pain c'est Lui , Il nous
invite à dépasser l'apparence pour voir et comprendre l'essentiel
pour cela il convient de faire confiance,
de croire vraiment,
en un mot : d'aimer. Ce
que Paul Baudiquey exprime ainsi : aimer c'est toujours aller
plus loin... plus
loin que les apparences
( Paul Baudiquey)
Jésus les conduit, et nous conduit , pas à pas à la plus
merveilleuse des révélations où l'apparence du pain cache le plus
grand et beau des mystères que nous appelons la transsubstantiation,
où, sous
l'apparence du Pain,
Jésus se donne en nourriture :
«
Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura
jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
Nous
ne tarderons pas à constater l'aveuglement des uns et des autres qui
n'arrivent
pas à dépasser

cette apparence
...C'est
là le pain qui est descendu du ciel: il n'en est point comme de vos
pères qui ont mangé la manne et qui sont morts; celui
qui mange de ce pain vivra éternellement."
Jésus dit ces choses, enseignant dans la synagogue à Capharnaüm.
Beaucoup de ses disciples l'ayant entendu dirent: "Cette
parole est dure, et qui peut l'écouter?"
Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce
sujet, leur dit: "Cela vous scandalise? Et quand vous verrez le
Fils de l'Homme monter où il était auparavant?… C'est l'Esprit
qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les
paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Mais
il y en a parmi vous quelques-uns
qui ne croient point."
Car Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne
croyaient point, et qui était celui qui le trahirait. Et il ajouta:
"C'est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi si
cela ne lui a été donné par mon Père."
Dès ce moment, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils
n'allaient plus avec lui.
(Jn 6)
Demandons
à Jésus Lui-même de nous guérir de la maladie de l'apparence,
pour
soi – même, pour nos
frères et sœurs.
Pour
soi-même: guéris-moi Jésus du superficiel, de la recherche
démesurée de ce qui se voit, de tout ce qui est trompeur, qui veut
impressionner, du désir de briller , du lissage, de
l'insignifiant....
Pour
nos frères et sœurs : donne-moi Jésus de renoncer à tout
jamais aux préjugés qui s'arrêtent à ce qui se voit ou que je
crois voir : fragilités, pauvreté ou richesse appuyés sur les
seuls indices extérieurs, délivre-moi de toute partialité, des
oeillères, de toute forme d'aveuglement...
Ô
Jésus permets-nous de vivre dans la justice et la vérité , sous
Ton regard, pour reconnaître en tout autre un frère
potentiel avec qui je dois apprendre à marcher la main dans la main
le regard fixé sur Toi, le seul VRAI...
R/
Le Seigneur donne le pain du ciel ! (cf.
77, 24b)
Nous
avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté
:
et nous le redirons à l’âge qui vient,
les titres de
gloire du Seigneur.
Il
commande aux nuées là-haut,
il ouvre les écluses du ciel :
pour
les nourrir il fait pleuvoir la manne,
il leur donne le froment du
ciel.
Chacun
se nourrit du pain des Forts,
il les pourvoit de vivres à
satiété.
Tel
un berger, il conduit son peuple.
Il le fait entrer dans son
domaine sacré.
L'Ermite
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